Aller au contenu

Utilisateur:Heddryin/Temporaire

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Fondateur de l'Encyclopædia Universalis, passionné de philosophie chinoise et de bouddhisme, Claude Grégory s'est éteint, à l'âge de 89 ans, le 24 avril, à l'hôpital de Banon (Alpes-de-Haute-Provence).

Né Claude Zalta le 8 janvier 1921, il était le fils d'un médecin. La seconde guerre mondiale le surprit au moment où il menait de front des études en pharmacie, en mathématiques, en philosophie et en lettres. Pour échapper au Service du travail obligatoire, il s'engage dans la Résistance et prend le nom de Grégory. Arrêté par Vichy, condamné à mort, il s'évade et continue la lutte jusqu'à la Libération. Il se cache grâce à l'aide de l'acteur Francis Blanche, qui était son camarade de lycée. Les deux hommes deviendront beaux-frères après-guerre, en épousant deux soeurs.

Au sortir du conflit, Claude Grégory est proche intellectuellement des communistes. Il entre en 1944 au quotidien Ce soir, au côté de Louis Aragon, comme critique littéraire et théâtral. Il se lie à cette époque avec le sociologue Edgar Morin, qui est resté toute sa vie un de ses proches. Mais, en 1949, il rompt avec le Parti communiste français. Il fait alors de la radio avant de rejoindre, en 1952, le Club français du livre. Il en devient directeur littéraire, puis directeur général. Il y a publié les oeuvres complètes de Diderot, Victor Hugo, Shakespeare, mais aussi Les Gommes, le premier livre d'Alain Robbe-Grillet.

Grands auteurs

A partir de 1964, Claude Grégory devient le maître d'oeuvre de l'Encyclopædia Universalis, un projet qui voit le jour au Club français du livre, grâce au soutien financier de l'Encyclopædia Britannica. Salué pour sa modernité, ce projet, dont le premier volume paraît en 1968, est très original dans sa conception et son architecture. Claude Grégory expliquait ainsi sa démarche : "Nous ne cherchons pas à être exhaustifs, mais sélectifs. Nous ne prétendons pas établir un bilan des connaissances acquises, mais repérer les points à partir desquels aujourd'hui le savoir progresse."

Plusieurs principes ont animé l'oeuvre de Claude Grégory. Au premier chef, "revenir à l'esprit des Lumières, à l'Encyclopédie voulue par Diderot et d'Alembert, après un siècle de positivisme", souligne Jacques Bersani, qui a succédé à Grégory à la tête de l'Encyclopædia Universalis.

Les 9 000 articles du Corpus (16 volumes dans la première édition) étaient confiés à de grands auteurs comme Etiemble, Duby, Leroy-Ladurie, le professeur Montagné, Pierre-Gilles de Gennes... Il était demandé aux auteurs de s'engager dans l'exposé de leurs sujets. Dans certains cas, un sigle typographique indiquait qu'il y avait débat. Deux autres principes régissaient l'entreprise : la rédaction d'articles pluridisciplinaires, et les corrélats placés à la fin de chaque article qui rendaient possibles des prolongements.

A côté du Corpus, Claude Grégory avait conçu un Thésaurus (3 volumes), servant aussi d'index, et un Organum (1 volume), dans lequel il avait réalisé des tableaux visant à relier les concepts du savoir par des schémas. "C'était l'invention des liens hypertextes avant l'informatique", résume Louis Leconte, qui travaille aujourd'hui à l'Encyclopædia Universalis. Cette nouvelle cathédrale du savoir a mobilisé l'énergie de Claude Grégory pendant plus de dix ans, à la tête d'une large équipe : près de 4 000 auteurs et de 400 conseillers scientifiques.

Le succès commercial a été au rendez-vous. Avec 500 000 exemplaires vendus depuis son lancement, l'Encyclopædia Universalis constitue un exemple type de long-seller, qui a dû, depuis, s'adapter à Internet. L'Universalis a été lancée en plein foisonnement des sciences humaines. Elle a marqué son époque, car il s'agit de la première encyclopédie qui n'ait pas été empreinte d'européocentrisme et qui ait fait le choix de s'ouvrir largement aux civilisations de l'Orient, et notamment à la Chine.

Claude Grégory est d'ailleurs l'auteur des deux articles consacrés à la "pensée chinoise" et au "zen" qui figurent toujours dans l'édition actuelle.

Alain Beuve-Méry

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/05/10/claude-gregory-fondateur-de-l-encyclopadia-universalis_1349160_3382.html#EHX9MuwEsKZEGPvw.99