Utilisateur:Geuten/TraductionElOroDeMoscú05

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.


Utilisation du dépôt[modifier | modifier le code]

Dans les archives historiques de la Banque d'Espagne sont conservés des documents dénommés "Dossier Negrín". Parmi eux se trouvent les registres comptables et des informations sur les comptes de l'opération et qui furent remis par son fils, Rómulo Negrín[1], au gouvernement de Franco le 18 décembre 1956. Cette documentation a permis aux enquêteurs de reconstruire ce qui s'est passé après la réception des réserves espagnoles à Moscou[2]; quand les soviétiques fondirent les monnaies, les transformant en barres d'or faiblement allié (encaissant un prix exorbitant pour cette opération) et approvisionnant, en échange, les comptes bancaires du Trésor de la République à l'étranger.

Loin d'ordonner l'arrêt de la fonte et du raffinage des monnaies, dont la valeur était meilleure en pièces qu'en barres[3], Negrín signa 19 ordres de vente consécutifs entre le 19 février 1937 et le 28 avril 1938, dans lesquels la valeur de l'once troy, au cours du jour de l'ordre de vente au marché de Londres, était converti en livres sterling, dollars US ou francs français, à la Bourse de Londres. Une partie des fonds resta en URSS pour solder les achats (et frais associés) de matériels envoyés par le Commissaire du Peuple pour le Commerce extérieur tandis que la majeure partie de ces montants furent employés pour créditer les comptes espagnols ouverts à la Banque Commerciale pour L'Europe du Nord, ou Eurobank, de París, l'organisation financière soviétique en France, propriété de la Gosbank, la Banque nationale de l'Union soviétique[4]. Depuis Paris,les agents du Trésor et les diplomates paieront les achats d'armes et de matériels acquis à Bruxelles, Prague, Varsovie, New-York, Mexico entre autres lieux.

Avec l'or espagnol déposé à Moscou, les soviétiques changèrent le caractère de leur aide et réclamèrent immédiatement au Gouvernement républicain le prix des premiers envois, qui apparemment auraient été envoyés comme cadeau pour combattre le fascisme international [5].

Stashevski réclama a Negrín 51 millions de dollars US de dettes accumulées et les frais de transport de l'or de Carthagène à Moscou. Dans la zone insurgée, les aides allemandes et italiennes ne furent pas plus désintéressées et durent être payées, mais les allemands et italiens, eux, permirent à Franco puisse satisfaire la dette une fois la guerre terminée. des auteurs comme (es) Guillermo Cabanellas,[6] (es) Francisco Olaya Morales[7] ou (es) Ángel Viñas[8] critiquent la conduite et le comportement des soviétiques :

« L'Union soviétique offre son aide aux républicains, mais exige que le paiement soit fait. S'effondre ainsi tout idéalisme. La Russie a posé son œuil de vautour sur les réserves accumulées dans les caves de la Banque d'Espagne (...) La Russie a réalisé un contrat d'affaire dans lequel une des parties fixait à l'autre des conditions léonines. L'Union soviétique envoyait, s'en débarrassant pour un prix élevé, des matériels qui, en définitive, servirait les Russes à prouver son efficacité[9]. »

Les historiens qui ont eu accès au "dossier Negrín" pensent qu'on peut affirmer que les Soviétiques n'abusèrent pas de leur position ni n'ont escroqué les Espagnols dans les transactions financières, mais ils ne firent aucune concession. Suivant les termes de María Ángeles Pons[10] : "la République n'a rien obtenu gratuitement de ses amis russes" car on retrouve enregistrés toutes sortes de frais et de services facturés au Gouvernement[11]. Cependant, des auteurs comme Gerald Howson soutiennent l'existence d'une escroquerie soviétique dans la gestion du dépôt à Moscou, avec l'idée que Staline aurait gonflé le prix du matériel de guerre vendu en manipulant les cours de change de la rouble vers le dollar US, puis du dollar US vers la péséta, modifiant le taux de change de 30% à 40%.[12]. En tout cas, Negrín n'a pas examiné ni conservé les pièces justificatives des achats de matériels militaires pour s'assurer que ces matériels étaient vraiment nécessaires - au lieu d'être considérés opportuns par les conseillers soviétiques -, pour s'assurer de leur équitable distribution sur le front et pour s'assurer de leur qualité et prix.

On a parlé aussi de la toute-puissance qu'exercèrent alors les communistes, grâce à la pression que pouvait exercer l'Union soviétique avec le contrôle de l'or. Selon José Giral, malgré le fait de détenir le monopole des achats d'armements, payés, l'Union soviétique n'envoyait aucun matériel si le Gouvernement de la République "n'acceptait pas auparavant que soient consentis aux communistes d'importants postes militaires et politiques"[13].

Ángel Viñas arriva à la conclusion suivant laquelle le dépôt d'or fut épuisé moins d'un an avant la fin de la Guerre civile, dépensé intégralement en paiement d'armements (y compris les frais des opérations). Des auteurs comme Martín Aceña ou Olaya Morales critiquent les modèles hypothétiques de Viñas, qui manquerait de preuves valables à cent pour cent pour valider son opinion, et qu'il en résulte qu'il est impossible pour le moment d'affirmer s'il en fut ainsi effectivement[14]. Reste en plus sans réponse la question de savoir si on a dépensé en armes et approvisionnements toutes les devises générées par la vente d'or et transférées à la Banque Commerciale de l'Europe du Nord de París, étant donné qu'aucun document n'a encore été retrouvé,soviétique ou espagnol, à propos de telles opérations.


Test Références[modifier | modifier le code]

  1. Rómulo Negrín Fidelman - Né à Madrid le 8/5/1917, décédé le 30/7/2004 - Affilié aux Jeunesses socialistes - Lieutenant, pilote de chasse durant toute la guerre civile - Etudiait la médecine en Allemagne.
  2. (Pons 2006: 368)
  3. Toutefois, cette moindre valeur aurait été très relative pour les ventes importantes d'or en pièces qui auraient été réalisées. Le marché numismatique aurait été inondé et la valeur des pièces aurait rejoint à peu près la valeur de l'or contenu (NdT).
  4. (Pons 2006: 368), (Sardá 1970: 435).
  5. Voir (es) Le Fascisme en Espagne (NdT)
    D'après Luis Araquistáin :

    « C'est moi qui fus le premier qui en 1937 a commis l'indiscrétion de dire publiquement dans une conférence donnée à Barcelone, que le matériel envoyé par la Russie se payait largement avec l'or espagnol déposé dans ce pays-là. Quelques communistes exigèrent alors qu'on me fasse un procès pour cela, que pour eux c'était un délit de haute trahison et choses similaires. »

    — «La intervención rusa en la guerra civil española»/«L'intervention russe dans la guerre civile espagnole», in : Revue Cuadernos, mars-avril 1958, Paris.

  6. (Cabanellas 1978: 765)
  7. (Olaya Morales 2004a: 298-309).
  8. (Viñas 1976: 180).
  9. (Cabanellas 1978: 765)
  10. María Angeles Pons Brias, Universitat de València, Historia e Institutiones Economicas
  11. (Pons 2006:369)
  12. (Howson 2000), exposé dans le chapitre «Oro y armas» de (es) La España republicana y la Unión Soviética: política e intervención extranjera en la Guerra Civil española, 1936-39 [PDF] , communication de Ann Talbot au Congrès international sur la Guerre d'Espagne, organisée par la "Sociedad Española de Conmemoraciones Culturales".
  13. (Olaya Morales 2004a: 308); Claudio Sánchez Albornoz, De mi anecdotario político, Buenos Aires, 1972, p. 150.
  14. (Martín Aceña 2001: 77) et (Olaya Morales 2004a: 300)