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Sources[modifier | modifier le code]

Un appel à la lucidité des Québécois[modifier | modifier le code]

Mise à jour le mercredi 19 octobre 2005 à 23 h 46

Le groupe se défend de vouloir imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. Il veut plutôt lancer des débats.

Si rien n'est fait, les signataires estiment que les 7 millions de Québécois seront éventuellement entourés de 1,2 milliard de Nord-Américains, plus nombreux et plus prospères.

Interrogé sur l'absence de représentants des syndicats au point de presse, Lucien Bouchard a invité les leaders syndicaux québécois à s'associer à leur démarche.

M. Bouchard a rappelé le rôle joué par les leaders syndicaux dans l'atteinte du déficit zéro à Québec, après 40 ans de déficit budgétaire.

Les auteurs du manifeste n'en écrivent pas moins que les groupes de pression, dont les grands syndicats, ont monopolisé le label « progressiste pour s'opposer plus efficacement aux changements.

« L'action syndicale telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui par certains leaders syndicaux, particulièrement dans le secteur public, se limite trop souvent à une protection à courte vue des intérêts de ses membres », peut-on lire dans le manifeste.

Manifeste pour un Québec lucide[modifier | modifier le code]

Le jeudi 20 octobre 2005

Manifeste pour un Québec lucide

Hugo Meunier

La Presse

Inquiètes devant le recul démographique et la concurrence mondiale qui menacent le Québec de demain, 12 personnalités de divers horizons, Lucien Bouchard en tête, exhortent les Québécois à faire preuve de lucidité, en évitant de plonger la province vers une «république du statu quo».

Les 12, qui se présentent humblement comme un groupe de citoyens, ont présenté hier un manifeste de 10 pages intitulé Pour un Québec lucide. Encore chaud, celui-ci a été balayé d'un revers de main par des syndicats et des étudiants.

Les signataires du manifeste espèrent justement le contraire, que le document créera une «étincelle» susceptible d'éveiller les Québécois aux défis de demain. «Notre gouvernement est à bout de souffle, nos finances publiques à sec (...) L'opinion publique doit se mobiliser et aider nos politiciens à se sortir du trou», a indiqué l'ancien premier ministre péquiste, Lucien Bouchard, hier lors d'un point de presse.

En clair, les signataires enjoignent aux citoyens de cesser d'envoyer la balle dans la cour des gouvernements et de se prendre en main.

Le groupe se présente comme non partisan et, par conséquent, a choisi d'éluder toute forme de direction politique de son manifeste. Le groupe est pourtant formé de personnes issues de diverses allégeances politiques. «Peu importe le choix des Québécois sur l'enjeu constitutionnel, toutes les questions du manifeste se posent», a expliqué M. Bouchard.

Ceux-ci désirent mettre la population en garde contre la santé économique fragile du Québec.

À un sombre bilan de santé financier, le groupe ajoute la décroissance démographique de la province - une des plus rapides de tous les pays industrialisés - et la concurrence féroce de pays comme l'Inde et la Chine sur l'échiquier mondial. «Vieillir va coûter cher, le gouvernement devra dépenser des milliards pour les aînés et aucun scénario de souveraineté ne pourra résoudre ce problème», a indiqué Pierre Fortin.

«Trop de nos concitoyens se réfugient dans le statu quo, la pensée magique. Il faut retrouver cette capacité à discuter sur la place publique», croit pour sa part Joseph Facal.

Le manifeste déplore que « le moindre projet audacieux, le moindre appel à la responsabilité, la moindre modification à nos confortables habitudes de vie soient accueillis par une levée de boucliers ».

Les signataires évaluent qu'à l'heure actuelle, le discours social québécois est «dominé par des groupes de pression de toutes sortes, dont les grands syndicats, qui ont monopolisé le label progressiste pour mieux s'opposer aux changements».

Aucun représentant syndical n'a signé le manifeste, mais Lucien Bouchard assure que celui-ci n'a pas pour objectif de nuire aux syndicats. «Les syndicats sont un groupe clé, puissant, je ne les vois pas comme un obstacle, mais comme un atout.»

Les signataires assurent ne rien vouloir imposer par cette sortie inattendue, sinon un grand débat parmi la population québécoise. «Je pense que tous nos dirigeants politiques ont intérêt à lire ce manifeste», a toutefois suggéré Lucien Bouchard.

Le manifeste met aussi de l'avant quelques pistes de solution, telles qu'une hausse des tarifs d'électricité, un dégel des droits de scolarité, une plus grande place au secteur privé, une hausse de la taxe à la consommation, en plus d'envisager la création d'un régime de revenu minimum garanti.

Les signataires souhaitent que la population se défasse de la méfiance spontanée à l'égard du secteur privé. Même chose pour le sacro-saint gel des droits de scolarité. «C'est un débat qu'on a toujours refusé de tenir, mais ultimement, ce sont les étudiants qui en souffrent», a souligné l'ancien recteur Robert Lacroix. Selon lui, les universités québécoises pourraient compter sur 400 millions de dollars de plus par année si les droits de scolarité avaient augmenté au même rythme qu'ailleurs au pays.

La productrice Denise Robert a aussi apposé son nom au bas du manifeste, de même que Sylvie Lalande, Jean-Claude Robert, Denise Verreault et Claude Montmarquette.

À peine dévoilé, le manifeste s'est attiré les foudres de certains leaders syndicaux. Le chef de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent, a qualifié de «prétentieuse» et de «tendancieuse» l'attitude des signataires. «Ils ne sont pas propriétaires de la lucidité, nous n'avons pas de leçons à recevoir de ces gens-là!», a tonné M. Parent, ajoutant qu'il faut être aveugle pour ne pas voir les progrès au Québec depuis 40 ans.

Plus modéré, le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Henri Massé, a déplorésur les ondes de Radio-Canada que le manifeste écorche les citoyens des milieux plus à gauche et épargne ceux des milieux d'affaires et de la finance.

Pour le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), le manifeste est « néoconservateur et paternaliste» et les solutions proposées «vont à l'encontre des acquis sociaux du Québec». «Il n'y a aucun jeune dans ce groupe-là», a aussi dénoncé François Vincent. À ses yeux, c'est du côté du gouvernement fédéral qu'il faut regarder pour financer les universités.

Lucien Bouchard tire la sonnette d'alarme[modifier | modifier le code]

Le mercredi 19 octobre 2005

Lucien Bouchard tire la sonnette d'alarme

Michel Munger

Cyberpresse

L'ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard a lancé aujourd'hui un manifeste intitulé Pour un Québec lucide, appuyé de plusieurs personnalités qui partagent ses inquiétudes devant les défis qui attendent le Québec.

M. Bouchard présente ses observations sur la situation politique québécoise et il invite les citoyens à «regarder certaines réalités en face», notamment la concurrence économique en provenance de l'Asie. Il craint que le déclin démographique qui se profile et la résistance au changement ne fassent très mal aux générations futures. Il note que l'État québécois croule sous l'endettement et prédit que sans un changement de cap, il ne pourra laisser un héritage viable à la jeunesse de demain.

M. Bouchard demande donc aux Québécois de faire des sacrifices afin d'assurer leur avenir. «Notre démarche poursuit un seul objectif, celui de susciter un vaste débat au sein de la société québécoise au cours duquel toutes les pistes de solutions, sans exception, pourront désormais être franchement et ouvertement discutées.»

Les auteurs du manifeste invitent le Québec à progresser de façon radicale, notamment en faisant évoluer le fonctionnement de l'État et en arrêtant d'opposer un refus global à tout changement proposé à leurs habitudes de vie.

Pour appuyer ces demandes, l'économiste Pierre Fortin a souligné les prévisions selon lesquelles la population du Québec ne gagnera que 300 000 personnes d'ici à 2050, et que dès 2012, la population en âge de travailler déclinera. Pendant ce temps, ailleurs en Amérique, la croissance démographique sera forte. «Ce ralentissement démographique se produit au pire moment qui soit, alors que les pays occidentaux sont appelés à faire face à la concurrence inédite des géants chinois et indien» a averti M. Fortin.

Guy Saint-Pierre, ingénieur et ministre du gouvernement de Robert Bourassa de 1970 à 1976, réclame des mesures pour affronter les économies asiatiques. «La concurrence asiatique ne se fait pas sentir seulement sur les emplois à petit salaire; l'impartition en Inde fait la vie dure à nos emplois hautement spécialisés dans des créneaux comme les services informatiques. Dans 10, 20 ans, que fabriquerons-nous mieux que les Chinois et les Indiens ? Quels seront nos avantages comparatifs ? Nos niches d'excellence ?»

Les signataires du manifeste disent partager la certitude que peu importe les choix qu'effectueront les Québécois, les défis qui confrontent le Québec resteront entiers.

Le premier ministre Jean Charest, a applaudi la publication du manifeste. «Ils font des constats que nous répétons depuis plusieurs années (...) Ils veulent changer la situation comme je veux le faire depuis 1997.»

M. Charest ajoute que la notion de mettre fin au statu quo rime avec ses propres idées. «S'il y a deux mots que j'ai utilisé depuis des années, ce sont ceux-là. Il faut se débarrasser du statu quo. Les orientations vont exactement dans le sens de ce que nous proposons. Et le gouvernement ne peut tout faire seul.»

Le premier ministre nie toutefois que M. Bouchard endosse nécessairement le programme du gouvernement libéral. «C'est un appui dans beaucoup d'orientations. Mais je ne prête aucune intention politique à ces gens-là. Ils se sont prononcés comme citoyens.»

Réplique au Manifeste pour un Québec Lucide[modifier | modifier le code]

Réplique au Manifeste pour un Québec Lucide

samedi 22 octobre 2005, par L’UFP-Campus Montréal

En appeler à une deuxième « Révolution tranquille », mais cette fois au nom d’un projet néolibéral, montre bien le genre d’avenir que les puissants du Québec nous préparent. Faut-il vraiment s’en étonner quand la lourde majorité des signataires viennent du monde de la finance ou du milieu des affaires ou encore de partis à tendances néolibérales ?

Nous sommes toutefois, nous aussi, préoccupés par notre avenir, puisque c’est du nôtre dont il s’agit justement. Même si nous partageons les appréhensions, nous n’endossons certainement pas les pistes de solutions : des taxes à la consommation régressives favorisant les plus riches et pénalisant encore les plus pauvres et des hausses de frais d’électricité, des hausses des frais de scolarité et la dépendance au marché mondial... Pourquoi se cantonner dans cette vieille mentalité alors qu’elle n’a jamais servit le Québec ?

Proposons autre chose. Réorganisons le travail pour favoriser la conciliation travail-famille, ou travail-étude. Instaurons de plus nombreux taux d’imposition sur le revenu, appliquons des mesures de contrôle fiscal plus strictes favorisant réellement les plus démunis, encourageons une énergie verte, favorisons la mise en marché de la voiture électrique, la promotion du transport en commun et du vélo. Pourquoi ne pas utiliser ce savoir-faire québécois pour nous suffire autant que possible, réduisant du même coup la pollution et notre dépendance au marché mondial et donc notre taux de chômage. En fait, tout cela n’est question que de choix de société et donc conséquemment, de choix politiques. Citoyens, citoyennes, responsabilisons-nous, réinvestissons nos sphères politiques !

L’UFP-Campus aimerait aussi rappeler que le piètre état actuel du système de santé est dû en grande partie aux fameuses idées de Bouchard et de son « déficit zéro ». « Il est temps de relever réellement le défi de l’imagination en proposant de nouvelles alternatives et non en clamant, comme monsieur Bouchard le fait, des slogans néolibéraux directement sortis d’un rapport de l’OCDE », lance Gautier Langevin, responsable aux communications de l’UFP Campus Montréal.

Nous refusons que ce projet néolibéral soit mis sur table en notre nom. Nous exigeons radicalement autre chose pour notre avenir et nous sommes en droit de le faire considérant la banqueroute totale de l’approche proposée. Soyons lucides.

L’opinion publique partagée[modifier | modifier le code]

L’opinion publique partagée


Le Journal de Montréal Vendredi 21 octobre 2005

L’opinion publique partagée

PC

PC | un sondage TVA-Léger Marketing dévoilé hier fournit un premier indice de l’opinion de la population concernant les propositions formulées dans le manifeste «Pour un Québec lucide», signé par l’ancien premier ministre Lucien Bouchard et 11 personnalités.

Quelque 34 pour cent des répondants sont d’accord pour que les tarifs d’Hydro-Québec soient augmentés pour ensuite consacrer une partie des profits à diminuer la dette du Québec, tandis que 54 pour cent s’y opposent.

Dégel des frais de scolarité : 46 pour cent pour, 47 pour cent contre.

Soixante-huit pour cent, trouve qu’il serait préférable de privilégier les taxes sur la consommation plutôt que l’impôt sur le revenu.

Enfin, 88 pour cent des répondants appuient l’idée qu’il faut investir massivement en éducation et en formation.

Les représentants des étudiants outrés[modifier | modifier le code]

Les représentants des étudiants outrés


Le Journal de Montréal Vendredi 21 octobre 2005

Lemay, Éric Yvan

Les représentants des étudiants outrés

La proposition de dégeler les frais de scolarité a fait bondir les représentants étudiants qui promettent de s'y opposer bec et ongles.

Dans le Manifeste pour un Québec lucide, on propose de dégeler les frais qui sont restés au niveau de 1994. «Ce qui me scandalise, c'est qu'ils (auteurs du manifeste) osent parler au nom de la jeunesse, alors qu'ils veulent mettre des barrières à ceux qui vont confronter le choc démographique», dénonce le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, François Vincent.

Pour une étudiante moyenne comme Sabrina Simard, de l'UQAM, un dégel serait catastrophique. «J'ai 15 000 $ de dettes et je dois travailler à temps partiel pour arriver. Ça pourrait carrément m'amener à laisser mes études», dit la jeune femme de 27 ans qui est au baccalauréat.

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSEE) promet d'exprimer son opposition. Une manifestation est d'ailleurs prévue le 26 octobre à Québec.

«On a de l'argent qui va arriver pour l'éducation. Je ne vois pas pourquoi les étudiants devraient payer plus», dit Francis Hamel du Cégep de Sherbrooke.

L'association, qui s'était fait particulièrement visible durant la grève de l'an dernier, n'exclut pas des gestes de désobéissance civile.

L'endettement moyen pour un étudiant au baccalauréat est de 13 000 $.

eylemay@journalmtl.com

Le constat fait consensus mais les solutions divisent[modifier | modifier le code]

Pour un Québec lucide Le constat fait consensus mais les solutions divisent


Le Devoir Vendredi 21 octobre 2005

Pour un Québec lucide Le constat fait consensus mais les solutions divisent

Lévesque, Kathleen

Le manifeste Pour un Québec lucide semble recueillir une large adhésion pour l'analyse qu'il propose mais suscite beaucoup d'opposition quant aux solutions proposées.

L'ex-chef du Parti québécois, Bernard Landry, qui dit avoir horreur de la pensée unique, a salué le fait qu'aucun sujet n'est tabou dans la démarche des 12 signataires, dont son prédécesseur à la tête du PQ, Lucien Bouchard. Toutefois, M. Landry a fait remarquer que le manifeste penche à droite. «Moi, j'ai mes convictions social-démocrates, je vais le rester, mais j'aime cela qu'il y ait des gens de droite de temps en temps qui amènent des idées. Cela me permet de faire ressortir la valeur des nôtres», a-t-il dit.

À gauche de l'échiquier politique, l'Union des forces progressistes a dénoncé les solutions mises en avant, par exemple la hausse des droits de scolarité et des tarifs d'électricité. D'ores et déjà, il prévient qu'il y aura de la «résistance».

«Les recommandations de M. Bouchard sont extrêmement lucides pour le Québec des possédants. C'est exactement ce qu'il faut au Québec des entreprises pour rejoindre le peloton des pays où les classes dirigeantes ont beaucoup profité des programmes de la doctrine néolibérale», a expliqué le Dr Amir Khadir, porte-parole de l'UFP.

Pour un Québec lucide estime que le Québec fait face à une concurrence mondiale et à un déclin démographique tels qu'il est en péril. Pour y remédier, le groupe mené par Lucien Bouchard souhaite un débat sur des enjeux précis comme une plus grande ouverture au privé, un réinvestissement majeur en éducation et une bataille acharnée contre la dette. Les 12 signataires dénoncent également le refus du changement dont font preuve notamment les syndicats.

«Est-ce que ça s'appelle une politique de droite, de centre-droite? Je ne le sais pas. Moi, je refuse les étiquettes», a commenté Lucien Bouchard, qui dit vouloir que le Québec sorte de sa torpeur dans le consensus. «J'en appelle au consensus. Il faut en être tous. J'ai salué la déclaration d'Henri Massé [de la FTQ], qui a dit que tout le monde doit faire sa part. Je le pense aussi», a-t-il ajouté.

Ce qui importe dans une première étape, a-t-il précisé, c'est que la société ait une lecture commune de la réalité. «Si on accepte le diagnostic, j'imagine qu'on accepte qu'il va y avoir des remèdes. Peut-être qu'il y a d'autres remèdes que ceux qu'on propose, qu'on évoque. Il y a un débat à faire», a-t-il affirmé.

Candidate à la direction du PQ, Pauline Marois s'est montrée critique. Elle qui faisait campagne à Québec a souligné son malaise devant certaines solutions présentées dans le manifeste, dont la hausse des droits de scolarité. «Il y a beaucoup d'éléments avec lesquels je ne suis pas d'accord. Des mesures vont à l'encontre de ce que je propose», a-t-elle indiqué.

Lucien Bouchard et consorts font preuve d'un manque de lucidité en présentant des solutions superficielles à un problème de fond qui nécessite d'abord de faire du Québec un pays, estime pour sa part Louis Bernard, lui aussi candidat à la direction du Parti québécois. «Le diagnostic est bon mais les solutions manquent précisément de ce qu'on recommande, c'est-à-dire la lucidité et le courage. Dans ce document-là, on ne retrouve que des solutions très superficielles», a commenté l'aspirant chef.

Il demeure que la sortie du manifeste a été un événement qui a soulevé beaucoup d'intérêt. M. Bouchard a précisé hier que le site Internet a été visité par 20 000 personnes dès la première journée.

Avec la collaboration de Clairandrée Cauchy et de la Presse canadienne

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Le manifeste de Bouchard réjouit Charest[modifier | modifier le code]

Le manifeste de Bouchard réjouit Charest

Antoine Robitaille Le Devoir jeudi 20 octobre 2005

Québec - Le premier ministre Jean Charest s'est trouvé ragaillardi par le manifeste Pour un Québec lucide, signé entre autres par deux personnalités péquistes, Lucien Bouchard et Joseph Facal. Mais dans le monde syndical, on y a vu le constat d'un «fan club de droite autour de La Presse et de Paul Desmarais».

«Ça vient nous donner un élan», s'est réjoui Jean Charest hier après la publication du manifeste. Il rivalisait de formules pour qualifier son sentiment à l'endroit du document, allant jusqu'à affirmer que «cette contribution très importante au débat public» était de la «musique à [ses] oreilles». Selon lui, les signataires du texte font des constats qu'il répète «depuis plusieurs années», et ils ont compris «qu'il faut se libérer du statu quo».

Selon M. Charest, ce document est «une claque» pour le Parti québécois. «Ça ne peut pas être autrement», estime-t-il, compte tenu du fait que le PQ se situe à l'autre bout du spectre politique; à preuve, des candidats à la chefferie organisent «des rencontres secrètes avec des syndicats», a-t-il dit en évoquant les informations selon lesquelles Pauline Marois courtiserait la gauche syndicale du PQ.

Du côté syndical, justement, on fulminait hier. D'abord, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, invite à regarder qui sont les signataires de ce document «terriblement alarmiste», estimant que toute cette opération provient d'un «fan club autour du journal La Presse, de Paul Desmarais, autour des gens qui ont soutenu le projet du CHUM». Tout en saluant le fait que ces citoyens se préoccupent du Québec, elle trouve que des mesures proposées transpire un «manque total» d'imagination: elle y voit du pur «copier-coller» du rapport de Jacques Ménard sur les soins de santé.

Mme Carbonneau en a aussi contre l'usage que le groupe a fait du mot «lucidité», qui serait «insultant pour les gens ordinaires et pour le peuple québécois». «Ils ne sont pas plus propriétaires de la lucidité que d'autres!», a renchéri Réjean Parent, président de la CSQ.

Pour revenir à Jean Charest, l'événement d'hier était d'autant plus jouissif pour lui qu'il prenait des airs de revanche. «En 1998, au moment où je défendais ces idées-là, Lucien Bouchard prenait l'avis contraire», a-t-il rappelé. «Et Mario Dumont m'accusait, moi, de vouloir démanteler le modèle québécois en 1998!»

Pour ce qui est des moyens proposés dans le manifeste pour faire face aux problèmes du Québec, M. Charest les trouve intéressants, mais il a refusé de se prononcer clairement pour ou contre les uns ou les autres, sauf en ce qui concerne les partenariats public-privé, qu'il privilégie. Il s'est contenté de se déclarer impatient de tenir les débats que ces «durs constats» imposent. À propos d'une éventuelle hausse des droits de scolarité universitaires, M. Charest a répété sa promesse de 2003 selon laquelle il maintiendrait le gel jusqu'à la fin du mandat. Mais après une prochaine victoire électorale, il faudrait aborder la question. «Ayons un débat là-dessus», a-t-il affirmé. Au sujet de la hausse des tarifs d'électricité, proposée dans le manifeste, le premier ministre s'est montré vague: «Le gouvernement précédent les avait gelés, ce qui n'avait pas de sens. Et on a permis à la Régie de l'énergie de faire son travail.» Il n'a pas fermé la porte à des hausses supplémentaires.

Proche du PQ

Insistant pour dire que le Parti québécois est une coalition de plusieurs courants, la chef intérimaire du Parti québécois, Louise Harel, a souligné que l'ex-chef Bernard Landry, dans un récent document, avait posé le même type de diagnostic que celui du fameux manifeste, notamment sur la démographie et les économies émergentes. À Ottawa, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est montré plus enthousiaste que sa collègue Harel, y voyant un texte «intéressant» et une saine invitation à un débat public tout en déplorant le fait que le manifeste soit muet sur les questions de l'environnement ou du développement régional.

En entretien au Devoir, le candidat à la direction André Boisclair a affirmé que le texte propose un «constat lucide» qui se rapproche de celui qui a conduit les militants du PQ à prôner un réinvestissement massif en éducation.

Dumont veut des candidatures

À Québec hier, on se bousculait littéralement au portillon pour commenter le manifeste. Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, et le premier ministre Charest avaient réservé la même salle de presse à la même heure. M. Dumont a finalement parlé en premier, affirmant qu'il est «facile» de rédiger des manifestes mais difficile de faire en sorte que des principes l'emportent sur la scène politique. Il a par conséquent invité ses signataires - dont certains qu'il avait déjà approchés - à plonger dans la mêlée et à se présenter sous les couleurs de l'ADQ aux prochaines élections.

Avec Alec Castonguay

Des nouveaux propriétaires de la lucidité ?[modifier | modifier le code]

Des nouveaux propriétaires de la lucidité ?

Montréal, le 21 octobre 2005 – Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, n’a pu que constater, à la lecture du manifeste intitulé Pour un Québec lucide, que ses signataires se sont déclarés comme les nouveaux propriétaires de la lucidité. Et qu’en est-il de celles et de ceux qui ne partagent pas l’énoncé proposé par cet opuscule et qui ne veulent pas céder au dictat du néolibéralisme ?

Le manifeste dit prendre ses assises sur des valeurs de lucidité, de responsabilité et de liberté en occultant des valeurs qui sont fondamentales au développement intelligent, prospère et harmonieux de notre société. L’égalité des chances, la justice sociale et la solidarité sont des principes au coeur des avancées du Québec des quarante dernières années. L’État a depuis pensé et planifié ses actions sur ces bases.

« En misant sur la lucidité de certains, la responsabilité individuelle et la liberté de faire des affaires, la table est mise pour le désengagement de l’État, pour la réduction des services publics, pour l’apport additionnel du privé et, en prime, l’augmentation de tarifs. Est-ce vraiment ce que nous voulons pour le Québec de demain ? » a commenté M. Parent.

On ne peut nier le fait que le fléchissement de la courbe démographique et la concurrence mondiale constituent des défis de taille pour le Québec et pour la majorité des sociétés occidentales. Ce sont des défis auxquels il faut s’attaquer vigoureusement. Par contre, les signataires du manifeste utilisent ces défis bien réels pour proposer leur modèle de développement comme inévitable, un remède à saveur néolibéral.

À titre d’exemple, il est évident que nous souhaitons un réinvestissement massif en éducation, mais voulons-nous d’un programme de remboursement proportionnel au revenu (RPR) ? Les expériences étrangères ont démontré les limites de cette mesure, particulièrement sur l’accessibilité aux études. En Angleterre et en Australie, les demandes d’admission des étudiantes et des étudiants à faible revenu ont diminué de près de 10 % depuis l’introduction du RPR. Est-ce l’effet que nous recherchons ?

Le dégel des frais de scolarité, sujet de débats au Québec s’il en est un, produirait le même effet sur l’accessibilité des études postsecondaires, plus spécifiquement chez les étudiantes et les étudiants issus de familles à faible revenu. En 2003, une étude de la Fédération canadienne des étudiants et des étudiantes et de l’Association canadienne des professeures et des professeurs d’université démontrait les effets désastreux de la hausse des frais de scolarité sur la fréquentation des études postsecondaires en Ontario. Ces résultats sont la démonstration de l’effet pervers d’une telle mesure. Augmenter les frais de scolarité, c’est fermer la porte de l’éducation postsecondaire à tout un pan de la société.

Aussi, les signataires du manifeste prennent un ton alarmiste et défaitiste pour parler de la dette du Québec. Soit, le problème est sérieux. Mais ces derniers négligent de souligner que la dette est demeurée plutôt stable depuis 1997 et que son poids relatif diminue d’année en année en raison de la productivité de l’économie québécoise. Il est possible d’inventorier des moyens pour faire mieux en matière de contrôle de l’endettement, mais on pourrait espérer un éclairage plus objectif sur le phénomène.

Pour le président de la CSQ, il ne fait aucun doute que toute société a besoin de discussions et de débats publics pour poursuivre son évolution et marquer des progrès. Le Québec ne fait pas exception à cette règle. Mais quand, et c’est le cas dans ce manifeste, on présente, sans nuances, la contribution des dernières années des organisations syndicales au développement du Québec comme se limitant à la « protection à courte vue des intérêts de [leurs] membres », c’est faire preuve de démagogie et d’aveuglement volontaire pour servir des idées de droite.

« Les signataires du manifeste taxent les organisations syndicales de s’opposer systématiquement à tous changements. Ils les taxent même d’être des artisans d’une « république du statu quo ». Il faut vraiment vouloir réécrire l’histoire. Les forces syndicales au Québec ont été et sont toujours des agents de changements, des changements souhaités et souhaitables pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois, attachés à des principes d’égalité des chances, de justice sociale, de solidarité et de respect de l’environnement », a souligné M. Parent.

« Ce manifeste est un cadeau du ciel inespéré pour Jean Charest. Il vient à la rescousse de son gouvernement déjà essoufflé, impopulaire et dont le message ne passe pas auprès de la population. C’est un coup de pouce qui s’inscrit parfaitement dans son dogme néolibéral du « moins d’État, mieux d’État » qui met de l’avant le désengagement de l’État et la réduction des services publics », a conclu le président de la CSQ.

Profil de la Centrale des syndicats du Québec

La Centrale des syndicats du Québec représente 172 000 membres, dont près de 125 000 dans le secteur public, la grande majorité travaillant dans le domaine de l’éducation. Elle est présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.

Lucides et divergents[modifier | modifier le code]

Lucides et divergents

M. Charest a mis de côté ses lectures du stratège militaire chinois Sun Tzu pour se consacrer à la lecture du manifeste Pour un Québec lucide, rendu public par quelques citoyens inquiets. J'aimerais lui suggérer la lecture d'un autre manifeste rendu public en décembre 2002 et signé par plus de 200 personnes intitulé : Appel pour un changement lucide et éclairé. Si le mot progressiste n'a pas à être monopolisé par les syndicats, le mot lucide n'est pas non plus le monopole de personne. Nous aussi voyons clair.

Cet Appel pour un changement lucide et éclairé donna lieu à un colloque à l'hiver 2003, où l’on fit le constat qu’il y a des façons de voir les défis qui se présentent à nous de façon moins apocalyptique. Des balises pour un nouveau modèle québécois y ont été tracées. Pour un aperçu des débats qui ont eu cours, on peut lire l’ouvrage publié sous la direction de Michel Venne, «Justice, démocratie et prospérité. L’avenir du modèle québécois». M. Charest et ses amis citoyens inquiets pourront y lire que le modèle québécois, puisqu'il s'agit bien de cela, ne se résume pas qu'au rôle joué par l'État dans l'économie. C'est plutôt un ensemble de pratiques sociales, d'initiatives économiques et d'interventions gouvernementales qui contribuent à créer la richesse pour ensuite la redistribuer équitablement, rendre les services publics avec efficacité, protéger les droits des individus et défendre le bien commun.

Bien sûr, le Québec fait face à de nouveaux défis mais ce que nous voulons entendre ce n'est pas une fois de plus des appels à la discipline et au serrage de ceintures pour atteindre des déficits zéro. Nous voulons entendre des solutions pour que s'articule le dynamisme de la société civile, le rôle régulateur de l'État et les réalités du marché. Nous ne voulons pas limiter le débat actuel sur le modèle québécois aux questions budgétaires ou aux taux d'imposition des particuliers. Nous voulons que l'État québécois continue de poursuivre des objectifs de solidarité, de justice sociale et de démocratie. Il en résultera peut-être un modèle moins performant, d’un strict point de vue économique, qu'un modèle exclusivement régulé par les forces du marché mais aussi moins producteur d'inégalités. Nous avons déjà connu ce monde proposé par ces citoyens inquiets, où le développement économique était laissé à la loi du libre marché. Il a conduit à la marginalisation économique des Québécois avant les années 1960. Et aujourd’hui, nous connaissons déjà largement les effets du retour de ce modèle importé des États-Unis basé sur la loi du plus fort.

Nos citoyens inquiets brandissent deux épouvantails : le déclin démographique et la concurrence mondiale pour mieux faire passer leur modèle du tout au marché. Nous ne sommes pas dupes. D’abord, le phénomène du déclin démographique est causé par deux facteurs conjoncturels, le baby-boom et la dénatalité. S’ils provoqueront à court terme une pression sur les finances de l’État, nous devons prendre en compte certains facteurs atténuants. D’abord, comme le font remarquer plusieurs experts, ces retraités disposent de fonds de pension et d’autre part, demeureront plus longtemps sur le marché du travail que ceux qui les ont précédés. De plus, rappelons-nous que le régime des rentes du Québec a assuré l’équilibre du régime jusqu’en 2050 en augmentant les cotisations au cours des années 1990. Par ailleurs, toujours selon certains experts, si ces personnes âgées auront besoin de beaucoup de services, elles seront suivies par des cohortes plus petites qui auront des demandes moindres. Il suffira donc d’éviter de tout mettre dans les infrastructures et d’établir des structures administratives rigides. Enfin, parmi les solutions envisagées pour faire face à la demande accrue en soins de santé, au cours des prochaines années, des débats restent à faire sur les différentes options périodiquement proposées.

Quant à la dette publique, sans vouloir se lancer dans un débat d’experts, un fait demeure, son poids relatif diminue depuis les dernières années. Depuis 1997, la diminution des intérêts a permis au gouvernement de dégager une marge de manœuvre de 2,7 milliards. Il est vrai que la dette a grossi, mais pendant que nous avons consacré 7 milliards par année à son remboursement, les recettes augmentaient de leur côté de 11 milliards.

Concernant le phénomène de la concurrence accrue en provenance des pays asiatiques, nous sommes d’accord qu’il faudra poursuivre les investissements dans la recherche et le développement et dans la formation de la main-d’œuvre, raison de plus pour affirmer que c’est justement le mauvais moment pour prôner le désengagement de l’État. D’autre part, nous sommes parfaitement conscients de la nécessité d’en venir à une mondialisation plus humaine. Il faudra bien qu’un jour les conditions de travail s’améliorent dans des pays comme l’Inde et la Chine car, si à court terme, nous bénéficions de leurs piètres conditions de travail en tant que consommateur, à plus long terme, nous en souffrons en tant que travailleur et citoyen. Le Syndicat de la fonction publique du Québec fait déjà partie de l’Internationale des Services Publics (ISP) parce que justement nous sommes conscients de la nécessité d’agir globalement. Bref, nous croyons donc davantage en un modèle québécois, capable de s’adapter à ces nouvelles réalités et où l’État joue encore un rôle, qu’à la résignation devant le modèle anglo-américain qui nous entoure.

Je veux également m’inscrire en faux contre l’affirmation que l’action syndicale dans le secteur public se limiterait à une protection à courte vue des intérêts de nos membres. Depuis l’élection de l’actuel gouvernement, les attaques que nous subissons sont telles que nos batailles passent obligatoirement par la défense des services publics. Si nous nous opposons à la tarification des services publics, ce n’est tout de même pas pour nos membres, mais bien pour le public! Nous sommes toujours disposés à la concertation, comme nous l’avons démontré à maintes reprises, mais c’est l’intransigeance du gouvernement actuel qui nous accule au pied du mur.

Enfin, nos citoyens inquiets nous reprochent «une méfiance malsaine à l’égard du secteur privé». Si nous exprimons des réserves par rapport aux partenariats public-privé, c’est bien parce qu’on ne nous a pas fait la démonstration que l’entreprise privée peut faire mieux pour rendre des services publics abordables, équitables et de qualité. Le modèle pouvait peut-être paraître attirant à l’origine, mais il y a maintenant trop d’exemples de dérapages en Grande-Bretagne, au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

En ce qui nous concerne, l’invitation des signataires du manifeste Pour un Québec lucide à participer au débat tombe à plat, car nous croyons qu’il était déjà engagé avant même les élections d’avril 2003. Si les Québécois ont cloué au pilori les représentants de ce point de vue, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas pris le temps de l’étudier, mais bien plutôt parce qu’ils refusent cette approche déshumanisante de la vie en société.

Michel Sawyer Président général Syndicat de la fonction publique du Québec

Réaction de la CSN : Un manifeste qui résonne comme une douce musique aux oreilles de Jean Charest[modifier | modifier le code]

Réaction de la CSN : Un manifeste qui résonne comme une douce musique aux oreilles de Jean Charest

« Il est malheureux que 12 personnalités québécoises deviennent les faire-valoir des politiques néolibérales du gouvernement Charest ». Réagissant au dévoilement du manifeste Pour un Québec lucide, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau a estimé que cette opération orchestrée, entre autres par Lucien Bouchard, donne un nouveau souffle à l'entreprise de « réingénierie » menée par le gouvernement Charest, alors qu'on tient les syndicats responsables d'un statu quo intenable.

Suite logique au rapport Ménard sur les soins de santé, le manifeste dresse un portrait alarmiste de la situation économique et démographique du Québec et met en avant plusieurs propositions, déjà formulées sur diverses tribunes par la droite au cours des dernières années, comme la privatisation des services publics et l'augmentation des taxes à la consommation et des tarifs, pour réduire la dette publique. En fait, leurs solutions auraient pour effet de faire payer les pauvres et la classe moyenne.

« S'appuyant sur les défis de la mondialisation, le groupe, composé principalement de représentants des gens d'affaires, montre du doigt les syndicats qui refuseraient tout changement. Mais leur manifeste ne fait appel à aucune contribution de la part du secteur industriel et des milieux financiers pour solutionner les problèmes qu'ils identifient. Comme si la responsabilité d'effectuer des changements sociaux ne reposait que sur les épaules des organisations syndicales », a dénoncé Claudette Carbonneau. « Ils auraient pu reconnaître que l'attitude de Jean Charest à l'égard des syndicats depuis son élection et sa volonté affichée de leur tenir tête coûte que coûte, ne laissent pas beaucoup de place à la discussion. »

« Visiblement, ce manifeste vise à relancer les idées émises par le rapport Ménard sur l'avenir des soins de santé. Rejeté par les syndicats, même par les centrales qui avaient participé aux travaux du comité, ce rapport faisait la promotion des partenariats public-privé (PPP) dans le réseau de la santé et des services sociaux et plaidait pour l'augmentation des taxes et des tarifs afin de préparer le « choc démographique et de réduire l'endettement de façon accélérée », a tenu à rappeler Madame Carbonneau.

« Partout où ils ont été appliqués, les PPP ont résulté en une dégradation des conditions de travail ainsi que de la qualité et de l'accessibilité des services. À ce jour, personne n'a pu faire la preuve d'une diminution des coûts. C'est plutôt le contraire qu'on observe. En fait, les contrats en PPP font porter le poids des investissements aux générations futures », observe Claudette Carbonneau.

La présidente de la CSN estime que « c'est bien que l'on réfléchisse publiquement à l'avenir du Québec, mais qu'on le fasse, sans nuance, en caricaturant les problèmes et en employant des termes aussi catastrophistes, ça manque de crédibilité ! ». Y voyant une énième tentative de mettre le train des privatisations sur les rails, la présidente de la CSN croit que « ce manifeste donne la respiration artificielle au rapport Ménard sur la santé, qui recommandait les PPP. C'est du copier-coller. »

Pour la CSN, ces analyses catastrophistes ne contribuent pas positivement au débat démocratique. Il est vrai que le Québec sera confronté à des enjeux démographiques mais il faut prendre en compte de nombreux autres facteurs que ne reflète pas du tout le manifeste publié hier. Par exemple, il est indéniable que les futurs retraités auront de meilleurs revenus que les générations précédentes et ils continueront à payer des impôts. À ce jour, il n'y aucune étude qui démontre que le vieillissement de la population est un facteur principal de l'augmentation des coûts du système de santé. Par contre, les impacts de la hausse vertigineuse du coût des médicaments ainsi que les coûts des nouvelles technologies sur le système de santé sont abondamment documentés.

Le manifeste propose quelques pistes susceptibles de permettre à une minorité de Québécois de s'enrichir davantage mais on ne souffle pas un mot sur la répartition de la richesse.

Quant au poids de la dette du Québec, il n'y a pas lieu d'agiter les épouvantails. Par rapport à la richesse collective, le niveau d'endettement (dette sur produit intérieur brut), est passé de 52,2 % en 1996-1997 à 43,7 % en 2004-2005. « Faire ce constat ne veut pas dire que nous n'avons pas de défis collectifs à relever, mais ne pas le faire du tout relève de la malhonnêteté intellectuelle. La dette, c'est aussi des infrastructures collectives précieuses et, en ce sens, un héritage positif pour les générations futures », de conclure la présidente de la CSN.

Source : CSN - 20 octobre 2005

Léo-Paul Lauzon traite les auteurs de «têtes enflées»[modifier | modifier le code]

Léo-Paul Lauzon traite les auteurs de «têtes enflées» Jean Maurice Duddin Le Journal de Montréal 21/10/2005 08h17

«Faut-tu être une crisse de gang de têtes enflées pour intituler son manifeste Pour un Québec lucide !»

L'économiste Léo-Paul Lauzon, de l'UQAM, réagit comme un taureau qui voit rouge au manifeste de douze leaders du Québec qui remet en cause le fonctionnement de la société québécoise.

Ces derniers, avec à leur tête l'ancien premier ministre Lucien Bouchard, plusieurs économistes et gens d'affaires, craignent le statu quo et le déclin économique du Québec. Ils proposent notamment de revoir le fonctionnement de l'État en se servant des tarifs d'Hydro-Québec pour éponger la dette, de mettre fin au gel des frais de scolarité et de remplacer l'impôt sur le revenu par les taxes à la consommation.

«Juste le titre de leur manifeste, c'est tu assez intimidant !»

Vieille cassette

L'économiste ajoute que l'impôt sur le revenu est plus équitable pour les moins nantis - qui payent peu d'impôts - et plus coûteux pour les mieux nantis. Les taxes à la consommation sont régressives et pénalisent les pauvres. C'est encore plus vrai pour la tarification des services publics. «

Sans compter que nulle part il n'est question des grandes entreprises qui ne paient pas d'impôts. «S'ils font ça pour les générations futures, pourquoi ne dénoncent-ils pas que même si le Québec a connu sa meilleure croissance économique au cours des 20 dernières années, pour la même période, le salaire des travailleurs a stagné, celui des jeunes a baissé de 15 % et il y a maintenant 30 % de travailleurs atypiques.»

L'ex-ministre des Finances du Québec et collaborateur au Journal, Yves Séguin, trouve qu'avant de penser à augmenter les tarifs d'Hydro, il serait bon de reporter de grands projets (comme le nouveau casino ou le déménagement de l'autoroute Bonaventure), qui auront un impact important sur les finances publiques. Il n'aime pas non plus la proposition d'augmenter les taxes à la consommation. «C'est une idée qui m'a toujours déplu. Les taxes à la consommation sont régressives car on paye les mêmes taxes, peu importe nos revenus, alors que l'impôt sur le revenu permet de mieux moduler les contributions, de protéger les moins nantis et de faire payer les plus riches.»

L'avenir passe par des hausses de tarifs d'électricité[modifier | modifier le code]

L'avenir passe par des hausses de tarifs d'électricité Jean Maurice Duddin Le Journal de Montréal 20/10/2005 08h07

L'avenir du Québec passe par son or bleu : il faut hausser les tarifs d'électricité pour s'attaquer à la dette publique et redonner une marge de manoeuvre au gouvernement.

Voilà la solution la plus spectaculaire qu'ont proposée hier douze leaders du Québec, dont l'ancien premier ministre Lucien Bouchard, l'économiste Pierre Fortin, l'ex-recteur de l'Université de Montréal, Robert Lacroix, l'ex-président de SNC-Lavalin, Guy Saint-Pierre, et l'ancien président du Conseil du Trésor du gouvernement du Québec et chroniqueur au Journal, Joseph Facal, dans un manifeste intitulé «Pour un Québec lucide».

L'ennemi public

Ils y invitent les Québécois et leurs institutions à revoir leur façon de faire : pour eux, le Québec est à l'heure d'une seconde révolution tranquille.

L'ennemi public numéro un est le statu quo.

Ils dénoncent les levées de boucliers à toutes les propositions d'évolution dans le fonctionnement de l'État, comme sur le système de santé à deux vitesses ou les partenariats publics-privés. Ce refus global du changement fait mal au Québec et risque de le transformer en fossile du 20e siècle.

Et le temps presse, même si «le danger ne se présente pas sous forme de précipice mais de longue pente descendante».

«Les défis des années 1960 exigeaient une révolution tranquille non seulement de nos institutions, mais aussi de notre façon de voir les choses, de notre culture. Il en est de même aujourd'hui», écrivent-ils dans leur document de réflexion de dix pages.

Allégeances diverses

Certains d'entre eux sont d'allégeances constitutionnelles opposées. Ils n'en ont rien à faire : le défi du Québec transcende la question de la souveraineté.

«Nous avons refusé d'en discuter. Que le Québec soit souverain ou qu'il demeure au sein du Canada, il devra faire face à ces problèmes», a expliqué M. Bouchard.

En gros, les signataires du manifeste estiment que si rien n'est fait, la décroissance démographique du Québec et l'importance de sa dette couplés à la concurrence mondiale, en particulier celle de la Chine et l'Inde, risquent de précipiter le déclin économique du Québec.

Ils proposent des pistes de solutions qui font mal.

Niveau de vie menacé

«Les gens ne veulent pas trop écouter parce que ce n'est pas de bonnes nouvelles», précise M. Bouchard.

La menace vise le niveau de vie des Québécois. Ils sont encore parmi les citoyens les moins riches d'Amérique du Nord, et leur dette publique par habitant est la plus élevée du continent. Le statu quo n'est pas une option.

Pour eux, il y a quatre défis à relever : (1) combler le retard économique du Québec sur le reste du continent, (2) assainir les finances publiques, (3) gérer le ralentissement démographique et (4) affronter le défi asiatique.

Ce qu'ils en pensent ...

«Pour le Parti québécois, ce document, c'est une claque. Ce ne peut pas être autrement.»

«C'est de la musique à mes oreilles et ça doit être de la musique aux oreilles de plusieurs Québécois qui souhaitent ardemment que ce débat puisse se faire.»

«Sur le fond des choses, je me suis retrouvé beaucoup dans le texte qu'ils ont livré.»

- Jean Charest, premier ministre du Québec

«S'ils ont choisi de parler haut et fort, c'est qu'ils ont la conviction que le leadership du gouvernement du Québec et de son premier ministre sont affaiblis et qu'ils n'ont pas la capacité de faire face à tous ces défis.»

«C'est un manifeste qui nous interpelle et nous allons y jeter un regard très ouvert mais tout de suite je me garde de penser qu'il y a des solutions miracles.»

- Louise Harel, chef intérimaire du Parti québécois

«Tous les signataires du manifeste qui veulent être candidats de l'ADQ à la prochaine élection, ils auront un siège.»

«C'est bien de faire un manifeste, mais, moi, ce sont des thèmes pour lesquels je quitte mes enfants trois, quatre jours par semaine pour faire une action politique, faire changer les choses. Il faut aussi que ces gens s'engagent.»

- Mario Dumont, chef de l'Action démocratique du Québec

«Ce manifeste donne la respiration artificielle au rapport Ménard sur la santé qui recommandait les PPP. C'est du copier-coller.»

«Ce sont des constats éculés, extrêmement alarmistes. Ça manque grossièrement de nuances.»

- Claudette Charbonneau, présidente de la CSN

«Il faut s'assurer que ça se fasse dans le cadre d'un débat, d'une politique de développement énergétique.»

«Quand on mène des campagnes de peur, des fois c'est pour mieux couper les bénéfices qu'ont les gens ordinaires.»

- Henri Massé, président de la FTQ

La «lucidité» ne fait pas l'unanimité[modifier | modifier le code]

La «lucidité» ne fait pas l'unanimité Mise à jour le jeudi 20 octobre 2005 à 21 h 06 .

Au lendemain de la publication par une douzaine de personnalités d'un manifeste appelant les Québécois à changer de modèle de société, les réactions sont partagées.


. Pauline Marois . La candidate à la direction du Parti québécois, Pauline Marois, a sévèrement critiqué le document.

Elle s'oppose notamment à la hausse des frais de scolarité dans les universités, estimant que cela nuirait ainsi à la démocratisation de l'enseignement.

Mme Marois croit que la souveraineté est une des voies de solution pour régler les problèmes qui se posent au Québec.


Extrait vidéo Pierre Duchesne rapporte les réactions au manifeste. Matin Express: Joseph Facal, ancien ministre péquiste, explique la portée de ce manifeste. Matin Express: Les réactions de François Vincent, président de la FEUQ. Alexandra Szacka résume les idées proposées dans le manifeste et Sophie Langlois présente les réactions. Extrait audio Radiojournal: Louiselle Lévesque exprime les réticences face aux changements proposés.

Elle a tout de même rendu hommage à l'un des signataires du manifeste, Joseph Facal, un « homme de réflexion et de profondeur ». Il faut dire que l'ancien ministre est l'un des principaux assistants de Mme Marois dans le cadre de sa campagne.

Landry salue une « contribution au débat »

Bernard Landry a accueilli favorablement le manifeste, bien qu'il n'approuve pas l'ensemble de ses prémisses. L'ex-premier ministre, qui se définit encore comme un social-démocrate, estime que certaines des idées du texte sont plus à droite que les siennes.


. Bernard Landry . Toutefois, il note un certain équilibre et applaudit cette contribution au débat. Il s'est aussi moqué de l'enthousiasme de son successeur, le premier ministre Jean Charest, selon lequel le manifeste est une gifle au PQ.

M. Charest estime que le document prône exactement les mêmes choses que son gouvernement. M. Landry se demande alors pourquoi le premier ministre ne les a toujours pas appliquées après deux années de pouvoir.

De son côté, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, a lui aussi applaudi l'initiative, se disant même prêt à accueillir les signataires du manifeste dans son parti en vue des prochaines élections.

Étudiants et syndicats restent froids

En entrevue à RDI, le président de la FTQ, Henri Massé a dit ne pas aimer ce qu'il lit entre les lignes du manifeste. Pour lui, on interpelle les citoyens, les milieux de gauche, mais on ne fait aucune allusion au milieu d'affaires et de la finance. « Je veux bien qu'on se responsabilise, mais ça va être tout le monde » a-t-il conclu.


. Claudette Carbonneau, présidente de la CSN . La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, reconnaît la nécessité d'agir face à de nouvelles réalités comme le vieillissement de la population et la mondialisation, mais elle s'oppose elle aussi aux conclusions du manifeste.

Elle rejette le scénario catastrophe dépeint dans le document et dénonce la pauvreté des solutions proposées par ses auteurs pour remédier à la situation, soit des augmentations de taxes tous azimuts.


. Même son de cloche dans le milieu étudiant, où le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, François Vincent, note certains constats justes, mais des solutions qui constitueraient une régression pour l'éducation au Québec.

Ce n'est pas en augmentant les frais de scolarité, plaide-t-il, qu'on rendra les études supérieures plus accessibles aux jeunes Québécois.


. Lucien Bouchard . Dans ce manifeste intitulé Pour un Québec lucide, les signataires, dont l'ancien premier ministre Lucien Bouchard, proposent une série de virages importants, notamment pour faire face aux problèmes démographiques du Québec, à l'impact de la mondialisation et au financement des services publics.

Ils prônent des idées comme le dégel des frais de scolarité pour financer adéquatement l'éducation, la hausse des tarifs d'électricité pour rembourser la dette du Québec, la participation accrue du secteur privé et l'incitation à maîtriser plusieurs langues pour les Québécois.


Pauline Marois n'est pas d'accord[modifier | modifier le code]

Le vendredi 21 octobre 2005

Pauline Marois n'est pas d'accord

Michel Corbeil Le Soleil Québec

La candidate à la direction du Parti québécois Pauline Marois a réitéré qu'elle n'aime pas les conclusions du manifeste Pour un Québec lucide, même si un de ses rédacteurs, Joseph Facal, est son lieutenant politique dans la course à la direction.

La politicienne a fourni cette explication, hier, après avoir prononcé une conférence devant une salle à moitié vide, à l'Université Laval. André Boisclair avait rempli à pleine capacité le même amphithéâtre, il y a deux semaines.

"Il y a beaucoup de ces éléments avec lesquels je ne suis pas d'accord, a-t-elle reconnu. Un certain nombre de mesures vont complètement à l'encontre de ce que je propose."

C'est notamment le cas pour la position défendue par les signataires du pamphlet, dont l'ex-premier ministre péquiste Lucien Bouchard, sur les frais de scolarité. "Vous connaissez ma position, a commenté la députée de Taillon. On doit les laisser gelés au niveau où ils sont."

Elle a refusé de voir un problème de cohérence par rapport au fait que Joseph Facal signe le document tout en étant son représentant officiel auprès du Parti québécois, à l'occasion de la course à la direction. "C'est un libre penseur. Je suis contente. C'est un homme de profondeur. Je parle de coalition (pour la souveraineté). Je pratique la chose."

Elle a refusé de s'offusquer que le manifeste classe au rayon des rêves en couleurs l'indépendance du Québec. "Vous allez me permettre de croire que la souveraineté est un moyen puissant de régler un certain nombre de problèmes, (...) en particulier pour le développement des régions."

Sur place, même s'il appuie à titre personnel Richard Legendre comme successeur à Bernard Landry, le président du Comité des jeunes du PQ a lui aussi affiché ses réticences par rapport au pamphlet. Claude Villeneuve s'objecte au dégel des frais de scolarité et aux hausses des tarifs d'électricité.

"Il y a aussi le fait que ce manifeste ne pose pas la question du cadre politique et constitutionnel dans lequel on doit agir. Au sein du Canada ou au sein du Québec ? C'est la base. On ne peut avoir une réflexion lucide si on ne se pose pas la question."

Boisclair

Par ailleurs, la candidate Marois affirme qu'elle ne faisait pas allusion aux rumeurs de vie dissolue courant sur André Boisclair lorsqu'elle a lancé aux militants du PQ qu'ils devaient se donner un chef "inattaquable".

Aux journalistes qui l'attendaient à la fin de sa conférence, Pauline Marois a insisté : lors du débat organisé par le PQ, mercredi soir, sa stratégie consistait à ne pas s'en prendre à ses adversaires. Cela valait pour M. Boisclair, que les sondages donnent nettement en avance, comme pour les sept autres aspirants à la direction du Parti.

Elle a choisi volontairement de ne pas attaquer son principal rival. "Je n'avais absolument pas l'intention d'attaquer l'un ou l'autre des candidats. Je voulais présenter ma vision, ce que je ferai concrètement."

Elle a été appelée à commenter la phrase qu'elle a lancée, mercredi, alors qu'André Boisclair ne pouvait plus répliquer. "Pour réaliser la souveraineté, il faut être inattaquable."

"Je voulais dire par là qu'il faut une feuille de route exceptionnelle, a-t-elle expliqué hier.

"J'ai cette capacité de rassembler, d'aller convaincre. (Mais M. Boisclair) a une belle et bonne feuille de route." © 2005 Le Soleil

Charest blâme les péquistes[modifier | modifier le code]

Le mercredi 19 octobre 2005

Charest blâme les péquistes

Jocelyne Richer

Presse Canadienne

Québec

Le premier ministre Jean Charest refuse de prendre le blâme et accuse plutôt l'ancien gouvernement du Parti québécois d'être responsable de l'immobilisme dénoncé par un groupe de citoyens, dans un manifeste rendu public mercredi.

«Pour le Parti québécois, ce document-là, c'est une claque», a estimé le premier ministre, lors d'un point de presse, en rappelant que parmi les signataires du manifeste on trouvait les noms de l'ex-premier ministre péquiste Lucien Bouchard et de l'ex-président du Conseil du trésor, Joseph Facal.

Il a fait valoir que les auteurs du manifeste Pour un Québec lucide ont privilégié «des orientations qui vont exactement dans le sens que nous proposons». M. Charest n'a cependant pas voulu admettre que son gouvernement manquait de leadership pour mettre en application les changements jugés nécessaires par son équipe.

«Il y a des gens qui pensent que du jour au lendemain on peut changer les choses, mais c'est pas vrai», a-t-il plaidé, lorsque les journalistes lui ont rappelé qu'il était au pouvoir depuis deux ans et demi.

Pour expliquer un certain immobilisme de la société québécoise, il pointe du doigt l'ancien gouvernement.

«Je vous rappelle qu'en 1998, au moment où moi je défendais ces idées-là, Lucien Bouchard prenait l'avis contraire. Mario Dumont disait le contraire», a-t-il expliqué.

Chose certaine, le ton du manifeste est de «la musique» aux oreilles du premier ministre, qui y voit un appui à son programme politique de la deuxième moitié du présent mandat. «Il tombe pile. Il ne pouvait pas tomber à un meilleur moment», a-t-il convenu.

L'allégement du fardeau de la dette publique, un investissement massif en éducation et en formation, l'abandon du gel des droits de scolarité, font partie des orientations retenues par les signataires.

De son côté, le chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, a estimé que le manifeste semblait tout droit sorti du programme de son parti.

Il a exhorté les membres du groupe de discussion à joindre les rangs de l'ADQ et à se porter candidats sous cette bannière.

«On est, nous, à monter notre équipe», a-t-il dit, lors d'un point de presse, en insistant sur le fait que l'ADQ avait «des postes de candidats ouverts».

Selon lui, le Parti libéral a été élu «sous une fausse représentation» et a renoncé à faire les changements qu'il s'était engagé à effectuer.

Le ministre des Finances, Michel Audet, a dit que la publication de ce document était «une excellente nouvelle» et qu'elle tombait «à point nommé».

La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, a réagi au manifeste avec modération, en disant que les changements requis exigeaient un sens élevé des responsabilités, «ce qui n'est pas l'apanage du gouvernement actuel».

Dans leur document, les 12 auteurs déplorent notamment le fait que toute initiative est court-circuitée par des forces d'inertie qui nuisent au progrès de la société québécoise. Ils plaident en faveur d'un changement d'attitude et d'une ouverture d'esprit, rendus nécessaires, selon eux, par le monde moderne et le défi démographique.

Henri Massé accueille plutôt mal le manifeste dévoilé mercredi[modifier | modifier le code]

Le mercredi 19 octobre 2005

Henri Massé accueille plutôt mal le manifeste dévoilé mercredi

Presse Canadienne

Montréal

Le président de la FTQ, Henri Massé, accueille plutôt mal le manifeste dévoilé mercredi par diverses personnalités québécoises, dont l'ex-premier ministre Lucien Bouchard.

M. Massé n'a pas aimé «ce qui est écrit entre les lignes» de ce manifeste : les syndicats et les groupes communautaires en demandent trop au gouvernement et ne sont que les défenseurs du statu quo.

Pourtant, a-t-il déclaré dans une interview à RDI, son organisation avait appuyé le principe du déficit zéro proposé à l'époque par le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard.

Selon lui, dans ce manifeste lancé mercredi, on interpelle uniquement les citoyens et les milieux de gauche, mais on ne fait aucune allusion au milieu des affaires ou au gouvernement. «Je veux bien qu'on se responsabilise, mais ça va être tout le monde», a-t-il déclaré.

Au sujet de la hausse des tarifs d'Hydro-Québec, suggérée dans le document, M. Massé a souligné qu'il était aussi important de trouver des moyens pour aider les citoyens à faibles revenus à faire face à la situation. «Il faut s'assurer que ça se fasse dans le cadre d'un débat, d'une véritable politique de développement énergétique au Québec», a-t-il précisé.

«Quand on mène des campagnes de peur, des fois c'est pour mieux couper les bénéfices qu'ont les gens ordinaires», a conclu M. Massé.