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Livre V : Les événements des années 509 à 498[modifier | modifier le code]

Consulat de Lucius Junius Brutus et Lucius Tarquinius Collatinus (Automne 509) [V, 1-12][modifier | modifier le code]

1. Donc, la monarchie romaine, ayant existé durant deux cent quarante-quatre ans depuis la fondation de Rome, et du fait d’être devenue une tyrannie sous le dernier roi, fut renversée pour les raisons évoquées et par les hommes cités précédemment, au début de la soixante-huitième olympiade (celle durant laquelle Ischomachus de Croton remporta la course à pied), Isagoras étant l’archonte annuel à Athènes. Une aristocratie étant maintenant établie, alors qu’il restait environ quatre mois pour terminer l’année, Lucius Junius Brutus et Lucius Tarquinius Collatinus furent les premiers consuls investis du pouvoir royal ; les Romains, comme je l’avais dit, les appellent dans leur propre langue consules ou « conseillers ». Ces hommes, se réunissant avec nombre d’autres, maintenant que les soldats du camp étaient revenus à la ville après la trêve faite avec les Ardéates, convoquèrent une assemblée du peuple quelques jours après l’expulsion du tyran, et, ayant longuement discourus des avantages de l’harmonie, les firent à nouveau voter, certifiant tout ce que ceux de la cité avaient auparavant votés en condamnant les Tarquins à un bannissement perpétuel. Après cela, ils accomplirent des rites de purification pour la ville et prirent un engagement solennel ; et eux-mêmes, debout sur les biens des victimes, jurèrent d’abord, et exigèrent ensuite des autres citoyens de jurer également, qu’ils ne rétabliraient jamais le roi Tarquin depuis son exil, lui, ses fils ou leurs descendances et qu’ils ne feraient plus jamais quelqu’un roi de Rome à nouveau, ni ne permettraient que d’autres puissent désirer le faire ; et ce serment, ils le prirent non seulement pour eux, mais aussi pour leurs enfants et leurs descendances. Pourtant, puisqu’il semblait que les rois furent les auteurs de nombreux grands avantages pour le bien commun, ils désirèrent préserver le nom de cette fonction tant que la cité devrait perdurer et, en conséquence, ils ordonnèrent aux pontifes et aux augures de choisir parmi eux le plus vieil homme le plus convenable pour cette fonction, qui devrait avoir la surintendance des rites religieuses et rien d’autre, étant exempt de tous les devoirs militaires et civils, et devrait être dénommé le roi des rites sacrés. La première personne nommée pour cette fonction fut Manius Papirius, un patricien, qui était un amateur de paix et de calme.

2. Après que les consuls eurent réglés ces affaires, de peur que, comme je le soupçonne, les masses pourraient avoir une mauvaise impression de leur nouvelle forme de gouvernement et imaginer que deux rois étaient devenus maîtres de l’état au lieu d’un, depuis que chacun des deux consuls avait les douze faisceaux comme les rois, ils résolurent silencieusement les craintes des citoyens en diminuant l’appréhension de leur pouvoir, en ordonnant qu’un des consuls devrait être précédé par les douze faisceaux et l’autre par douze licteurs avec seulement des baguettes, ou, comme certains le relatent, avec aussi des clubsa, et qu’ils devraient recevoir les faisceaux par roulement, chaque consul les possédant à son tour un mois. Par cela et quelques autres mesures de même nature, ils firent des plébéiens, et de la classe la plus basse, des fervents soutiens d’une continuation de l’ordre nouvellement existant. Car ils restituèrent les lois présentées par Tullius concernant les contrats, qui semblaient être humaines et démocratiques, mais qui avaient toutes été supprimées par Tarquin, et ils restituèrent aux gens le droit de tenir des assemblées concernant les grandes affaires du moment, de voter et de faire toutes les autres choses qu’ils avaient eues coutume de faire selon l’ancienne tradition. Ces mesures des consuls plurent aux masses, qui étaient passées de l’esclavage à une liberté inattendue ; quand même, on trouva parmi eux certains, qui de simplicité ou d’avarice, étaient envieux des maux existant sous la tyrannie, et ceux-ci formèrent une conspiration pour trahir la ville, se mettant d’accord, non seulement pour restaurer Tarquin, mais aussi pour tuer les consuls. Qui des têtes de cette conspiration, qui par chance, furent découverts, bien qu’ils aient imaginés qu’ils avaient échappés à l’attention de tout le monde, sera maintenant relaté, après que je sois d’abord revenu en arrière et mentionné des faits arrivés auparavant.

3. Tarquin, après qu’il fut éconduit du trône, resta quelques temps dans la ville de Gabies, pour recueillir ceux, qui comme lui, fuyaient Rome, à qui la tyrannie était une chose plus désirable que la liberté, et attendait de voir si les espoirs placés chez les Latins, d’être restitué au pouvoir grâce à leur aide, seraient accomplis. Mais leurs villes ne prêtèrent pas attention à lui et n’étaient pas disposés à faire la guerre à l’état romain pour son compte, il désespéra alors d’avoir la moindre aide de leur part et se réfugia à Tarquinies, une ville tyrrhénienne, d’où sa famille maternelle est originaire. Et ayant acheté les magistrats des Tarquiniens avec des présents et étant amené devant l’assemblée du peuple, il renouvela les liens de parenté qui existaient entre lui et leur ville, leur raconta les faveurs que son grand-père avait accordées à toutes les villes tyrrhéniennes, et leur rappela les traités qu’ils avaient ratifiés avec lui. Enfin, après cela, il se lamenta sur les malheurs qui l’avaient dépassés, montrant comment, après être tombé en un jour de la hauteur de félicité, il avait été contraint, comme un clochard qui souhaite le minimum vital pour vivre, de fuir pour un refuge, avec ses trois fils, ceux qui avaient été une fois ses sujets. Ayant ainsi raconté ses malheurs avec nombre de gémissements et de déchirures, il exigea tout d’abord du peuple d’envoyer des ambassadeurs à Rome pour décider des modalités d’arrangement en son nom, leurs assurant que les hommes au pouvoir de Tarquinies travaillaient dans son intérêt et aideraient à sa restauration. Les ambassadeurs, qu’il choisit lui-même, ayant été désignés, il leurs enseigna tout ce qu’ils devaient dire et faire ; et leurs donnant des lettres des exilés qui étaient avec lui, contenant des instances pour leurs relations et amis, il leur donna aussi un peu d’or et les envoya sur le chemin.

4. Quand ces hommes arrivèrent à Rome, ils dirent au sénat que Tarquin désirait venir ici avec un sauf-conduit, avec une petite escorte et dans le but de s’adresser, d’abord au sénat, ce qui était naturel, et après cela, s’il recevait la permission du sénat, à l’assemblée du peuple aussi ; et, là, donner des explications de toutes ses actions à partir du moment où il eut le pouvoir, et si quelqu’un l’accuse, il se soumettrait au jugement de tous les Romains. Et après qu’il eut fait sa défense et les ai tous convaincu qu’il n’avait rien fait qui mérite le bannissement, il règnerait alors, s’ils lui redonnaient le pouvoir, avec les conditions que les citoyens devraient déterminer ; ou, s’ils préféraient ne plus vivre sous une monarchie, comme autrefois, mais établir une autre forme de gouvernement, il resterait à Rome, qui était sa ville natale, et il profiterait de sa propriété privée, vivrait en égalité avec tout les autres et s’accommoderait ainsi de l’exil et d’une vie d’errance. Ayant exposé leur cas, les ambassadeurs mendièrent au sénat qu’ils voudraient de préférence, sur le principe du droit, reconnu par tous les hommes, que personne ne devrait être privé de l’opportunité de se défendre soi-même, et cela étant avéré, de lui accorder la permission de faire sa défense, dont les Romains eux-mêmes seraient les juges ; mais si on ne disposait pas de lui accorder cette faveur, alors ils leur demandèrent d’agir avec modération à l’égard de la ville qui intercéda en son nom, en lui accordant une faveur, dont ils ne subiraient aucun mal et cependant serait considérée comme conférer un grand honneur à la ville qui le reçut. Et ils leur demandèrent, comme étant des hommes, de ne pas penser des raisons trop imposantes pour la nature humaine ou d’entretenir des ressentiments éternels dans des corps mortels, mais de consentir à exécuter un acte de clémence, même contraire à leur inclination, juste pour ceux qui les imploraient ; de penser que c’est le fait des hommes sages de déroger à leurs inimitiés dans l’intérêt de leurs amitiés, et que c’est le fait des hommes stupides et barbares de détruire ensemble leurs amis avec leurs ennemis.

5. Après qu’ils eurent parler, Brutus monta sur la tribune et dit : "Concernant un retour de Tarquin dans cette ville, Tyrrhéniens, ne le réclamez plus. Car un vote fut déjà fait, les condamnant au bannissement perpétuel, et nous jurâmes tous par les Dieux pour : ni restituer les tyrans nous-mêmes, ni autoriser d’autres à les restituer. Si vous désirez quelque chose d’autre de nous qui soit raisonnable, et qui ne s’oppose pas à nos lois ou nos serments, déclarez-le." En conséquence, les ambassadeurs se concertèrent et dirent : "Nos premières propositions ne se concluent pas comme nous nous y attendions. Car bien que nous sommes venus comme des ambassadeurs au nom d’un suppliant qui désire vous donner un compte-rendu de ses actions, et bien que nous demandions comme un service privé le droit qui est commun à tous les hommes, nous n’avons pas été capables de l’obtenir. C’est votre décision, nous ne plaidons plus pour le retour de Tarquin, mais nous vous demandons d’exécuter un acte de justice d’une autre sorte, concernant lequel notre pays nous donne des instructions — et il n’y a ni loi, ni serment, pour vous entraver de le faire — à savoir, de restituer au roi la propriété autrefois possédée par son grand-père, qu’il ne reçut pas de vos biens de quelque manière par la force ou par la fraude, mais il hérita sa richesse de son père et vous l’apporta. Car c’est assez pour lui de récupérer ce qui lui appartient et de vivre avec bonheur dans un autre endroit, sans provoquer de votre part le moindre courroux."

Une fois que les ambassadeurs eurent parlé, ils se retirèrent. Des deux consuls, Brutus conseilla de retenir la fortune des tyrans, comme une peine pour les maux qu’ils avaient fait à la République, qui étaient importants, et du désavantage que proviendrait le fait de se priver de ces ressources pour la guerre ; car il montra que Tarquin ne se contentera pas de la récupération de ses biens, ni ne se soumettrait à la conduite d’une vie privée, mais apporterait une guerre étrangère contre les Romains et essaierait par la force de revenir au pouvoir. Mais Collatin conseilla le contraire, disant que ce n’était pas les possessions des tyrans, mais les tyrans eux-mêmes, qui avaient blessés la République, et il leur demanda de faire attention à deux choses : d’abord, pour ne pas avoir mauvaise réputation dans le monde pour avoir éconduit Tarquin du pouvoir juste pour ses richesses, deuxièmement, pour ne pas donner aux tyrans eux-mêmes une juste cause pour provoquer la guerre en les privant de leurs biens privés. Car c’était incertain, dit-il, que s’ils renvoyaient leurs biens, ils essaieraient davantage de faire la guerre contre eux pour protéger leur retour d’exil, mais c’était tout à fait clair, d’autre part, qu’ils ne consentiraient pas à garder la paix s’ils étaient privés de leurs biens.

6. Comme les consuls exprimaient leurs opinions et que beaucoup parlaient en faveur de chacun, le sénat ne savait que faire et passa de nombreux jours pour considérer la question ; car alors que l’opinion de Brutus semblait plus expédient, l’idée préconisée par Collatin était plus juste. Finalement, ils résolurent de faire du peuple les juges entre la convenance et la justice. Après que nombre de choses furent dites par chacun des consuls, les curies, qui étaient au nombre de trente, furent appelées pour donner leurs votes, qui pencha d’un côté par une marge si petite que la curie en faveur de la restitution des possessions l’emporta seulement d’une voix sur ceux qui étaient pour les retenir. Les Tyrrhéniens, ayant reçus leur réponse des consuls, et faisant de grandes louanges à la République pour avoir préférée la justice à la convenance, écrivirent à Tarquin pour qu’il envoie certaines personnes pour qu’elles puissent récupérer leurs biens, tandis qu’eux-mêmes restaient en ville, faisant semblant d’être employés dans la récupération de ces meubles et dans la vente des effets qui ne pouvaient pas être conduits ou emportés, alors qu’en réalité, ils incitaient des complots dans la ville et perpétuaient des intrigues, conformément aux instructions que le tyran leur avait envoyées. Car ils s’employaient à délivrer des lettres des exilés à leurs amis dans la ville et à recevoir des lettres de ces derniers pour les exilés ; et faisant la conversation avec nombre de citoyens, et exaltant leurs sentiments, s’ils trouvaient quelqu’un qui pouvait être facilement pris au piège par la faiblesse de sa conviction, le manque de moyens, ou qui était envieux des avantages qu’il avait bénéficiés sous la tyrannie, ils firent tout leur possible pour le corrompre en lui faisant miroiter des espoirs justes et en lui donnant de l’argent. Et dans une ville grande et populeuse, ils furent sûrs de trouver, comme nous pouvons le supposer, certains qui préféraient une des plus mauvaises à une des meilleures formes de gouvernement, et cela pas seulement parmi le bas peuple, mais aussi parmi les hommes de distinction. De ce nombre étaient deux Iunii, Titus et Tiberius, les fils du consul Brutus, qui venaient juste d’atteindre l’âge viril, et avec eux deux Vitellii, Marcus et Manius, les frères de la femme de Brutus, des hommes capables d’administrer des affaires publiques, et aussi les Aquilii, Lucius et Marcus, les fils de la sœur de Collatin, l’autre consul, du même âge que les fils de Brutus. C’était dans la maison des Aquilii, où le père ne vivait plus, que les conspirateurs tenaient généralement leurs réunions et mirent au point leurs plans pour le retour des tyrans.

7. Non seulement qu’il y ait beaucoup d’autres circonstances qui m’ont semblées être une raison de la providence des Dieux, que les affaires des Romains devinrent à un tel point prospérant, mais particulièrement par cette occasion due au hasard ; car la folie si grande et l’assurance que possédaient ces jeunes gens malheureux les firent consentir à écrire des lettres au tyran de leurs propres mains, l’informant non seulement du nombre de leurs complices, mais aussi du moment où ils proposaient de faire l’attaque contre les consuls. Ils furent persuadés de faire cela par des lettres du tyran, dans lesquelles il désirait connaître au préalable les noms des Romains qu’il devrait récompenser quand il aurait récupéré la souveraineté. Les consuls reçurent la possession de ces lettres par la chance suivante : les principaux conspirateurs eurent l’habitude de tenir des séances nocturnes à la maison des Aquilii, les fils de la sœur de Collatin, étant officiellement invités là pour quelques rites religieux et un sacrifice. Après le banquet, ils ordonnèrent d’abord aux domestiques de sortir de la pièce et de se retirer jusqu’à la porte de l’appartement des hommes, puis discutèrent ensemble des moyens de restituer les tyrans, et écrivirent des lettres de leurs propres écritures des décisions prises ; ces lettres des Aquilii devaient être livrées aux ambassadeurs tyrrhéniens, et eux, à leur tour, à Tarquin. Pendant ce temps, un des domestiques, qui était leur échanson et un captif pris à Caenina, Vindicius de nom, les soupçonnant, à cause de l’ordre donné aux domestiques de se retirer, de comploter une trahison, resta seul près de la porte et entendit non seulement leurs conversations, mais, mettant son œil dans une crevasse de la porte lui permettant de voir fugitivement à l’intérieur, vit les lettres qu’ils écrivaient tous. Et sortant de la maison alors que c’était toujours la nuit, comme s’il avait été envoyé par ses maîtres sur quelques affaires, il hésita à se rendre chez les consuls, de peur que, dans leur désir de garder l’affaire secrète pour protéger leurs parents, ils enferment celui qui donna des renseignements sur la conspiration, il alla plutôt chez Publius Valerius, un des quatre qui avait pris l’initiative de renverser la tyrannie ; et quand cet homme lui donna l’assurance de sa sécurité en offrant sa main et en prêtant serments, il l’informa de tout ce qu’il avait tant entendu et vu. Valerius, sur le témoignage de cette histoire, ne prit aucun retard, et alla à la maison des Aquilii dès l’aurore, assisté par un grand nombre de clients et d’amis ; et pénétrant à l’intérieur de la maison sans obstacle, comme étant venu pour d’autres affaires, alors que les conspirateurs étaient toujours là, il prit possession des lettres, et fit saisir les jeunes gens, les prenant avant les consuls.

8. J’ai peur que le comportement subséquent, noble et stupéfiant, de Brutus, un des consuls, que je dois maintenant relater et dont les Romains sont fiers, puisse sembler cruel et incroyable aux Grecs, comme c’est naturel pour tous les hommes de juger par leur propre expérience de ce que l’on dit des autres, et de déterminer ce qui est crédible et incroyable en ce qui les concerne. Quand bien même, je le relate : bientôt, alors, que c’était le jour, Brutus se plaça sur le tribunal et examina les lettres des conspirateurs ; et quand il trouva que celles-ci étaient écrites par ses fils, dont il reconnut les sceaux de chacun et, après qu’il eut cassé les sceaux, l’écriture, il ordonna d’abord que les deux lettres soient lues par le secrétaire de l’audition qui était présent, et commanda ensuite à ses fils de parler s’ils avaient quelque chose à dire. Mais comme aucun d’eux n’osa recourir à la dénégation honteuse, mais que tous deux pleurèrent, s’étant depuis longtemps condamnés, Brutus, après une courte pause, monta sur la tribune et commanda le silence ; alors que chacun attendait de savoir quel châtiment il prononcerait, il déclara qu’il condamnait ses fils à mort. Après quoi, tous poussèrent des cris, indignés qu’un tel homme devrait être puni par la mort de ses fils, et ils voulurent épargner les vies des jeunes hommes comme une faveur à leur père. Mais lui, ne faisant pas attention à leurs cris ou à leurs lamentations, ordonna aux licteurs d’emmener les jeunes hommes, bien qu’ils aient pleurés, mendiés et faits appel à lui dans les termes les plus tendres. Même ce qui sembla stupéfiant pour tout le monde est qu’il n’est pas écouté du tout les prières des citoyens ou pris en compte le fait que ses fils aient pleurer ; mais ce qui était beaucoup plus étonnant encore était le fait qu’il était toujours impitoyable en ce qui concerne la sentence. Car, ni il n’autorisa à ses fils d’être emmenés dans un autre lieu et d’être exécutés hors de la vue du peuple, ni le fit lui-même, pour éviter le spectacle épouvantable, de se retirer du Forum jusqu’à ce qu’ils aient été punis ; il ne leur permit pas non plus de subir la mort prononcée contre eux sans ignominie, mais il fit observé chaque détails de la punition établie selon les lois et la tradition contre les criminels, et seulement après qu’ils furent accablés au Forum à la vue de tous les citoyens, il fut présent quand tout cela fut effectué, et permit alors la décapitation avec les haches. Mais le plus extraordinaire et la partie la plus étonnante de son comportement fut qu’il ne détourna pas une fois les yeux, ni répandit une larme, et alors que tous les autres qui furent présents à ce triste spectacle pleurèrent, il était la seule personne que l’on remarqua qui ne pleura pas le destin de ses fils, ni eut de pitié pour lui de la désolation qui trouvait par hasard sa maison, ni trahit d’autres signes de faiblesse, mais sans une larme, sans un gémissement, sans une fois détourner son regard, il supporta son malheur plein d’amertume. Si fort de volonté qu’il était, si dévoué à la réalisation de la sentence, il était ainsi complètement maître de toutes les passions qui dérangent la raison.

9. Après qu’il eut fait exécuter ses fils, il convoqua immédiatement les neveux de son collègue, les Aquilii, dans la maison desquels les réunions des conspirateurs contre l’État avaient été tenues ; et ordonnant au secrétaire de lire leurs lettres à voix haute, que tout ceux présent puissent les entendre, il leur dit qu’ils pourraient faire leur défense. Quand les jeunes gens vinrent devant le tribunal, prenant l’idée d’un de leurs amis ou ayant convenu cela eux-mêmes, ils se jetèrent aux pieds de leur oncle dans l’espoir d’être sauvé par celui-ci. Et quand Brutus ordonna aux licteurs de les emmener par la force et de les condamner à mort, à moins qu’ils n’aient voulu faire une défense, Collatin, ordonnant aux licteurs de s’abstenir quelques instants le temps qu’il eut parlé à son collègue, le prit à part et l’implora sérieusement d’épargner ces jeunes hommes, les excusant maintenant en raison de leur ignorance, de leur jeunesse, et des odieuses associations qui les avaient fait tombées dans cette folie, et à nouveau, le supplia de lui accorder comme un service les vies de ses parents, le seul service qu’il lui demanda et le seul problème qu’il devrait à jamais lui procurer, et lui dit qu’il y avait du danger à ce que la ville entière soit lancée dans une confusion s’ils essayaient de punir de mort tous ceux que l’on croyait de mèche avec les exilés pour leur retour, parce qu’il y en avait beaucoup parmi eux qui avaient des apparentés obscurs. Mais étant incapable de le persuader, il lui demanda finalement de ne pas les condamner à mort, mais de leur imposer une punition modérée, déclarant que c’était absurde, après le fait d’avoir condamné les tyrans seulement au bannissement, de punir les amis des tyrans de mort. Et quand Brutus s’opposa même à la punition équitable qu’il lui suggéra, et ne disposait même pas de remettre le procès des accusés à plus tard (cela était la dernière demande que fit son collègue), mais menaça et jura qu’il les mettrait tous à mort ce jour-là, Collatin, bouleversé de la non tolérance zéro qu’il demandait, s’écria : "Bien alors, comme vous êtes bruts et durs, moi, qui possède la même autorité que vous, je libère ces hommes." Et Brutus, exaspéré, répondit : "Pas tant que je serais vivant, Collatin, vous ne pourrez libérer ceux qui sont des traîtres à leur pays. Et même, vous vous acquitterez aussi de la peine adéquate, et ce droit bientôt."

10. Ayant dit ceci et posté une garde sur les jeunes hommes, il convoqua l’assemblée du peuple, et quand le Forum fut rempli d’une foule (le destin de ses fils avait été connu de tous côtés à travers la ville entière), il vint devant le peuple en ayant placé les membres les plus distingués du sénat près de lui, et il parla comme suit : "Je pourrais vouloir, citoyens, que Collatin, mon collègue, tienne les mêmes sentiments que ceux que j’ai montré en toute chose, et qu’il montre sa haine et son inimitié envers les tyrans, non seulement par ses mots, mais aussi par ses actes. Mais depuis cela m’est devenu clair que ses sentiments sont à l’opposé des miens, et comme il est rattaché aux Tarquins, non seulement par le sang, mais aussi par l’inclination, tant en travaillant pour une réconciliation avec eux qu’en considérant son bien-être privé au lieu du bien public, j’ai non seulement fait mes propres préparatifs pour le prévenir de la réalisation de ses projets malicieux qu’il a en vue, mais je vous ai aussi convoqués dans ce même but. Je vous informerai, d’abord, des dangers auxquels la République a été exposée et ensuite de quelle manière chacun d’entre nous s’est occupé de ces dangers. Certains citoyens, se réunissant dans la maison des Aquilii, qui sont les fils de la sœur de Collatin, et avec eux mes deux fils et les frères de ma femme, et quelques autres, dont aucun homme obscur, se sont mis d’accord pour une conspiration cherchant à me tuer et à restituer Tarquin à la souveraineté. Et ayant écrit des lettres concernant cette affaire de leur propre écriture et cacheté avec leurs propres sceaux, ils avaient l’intention de les envoyer aux exilés. Ces faits, par la grâce de quelques Dieux, nous sont devenus connus par les renseignements donnés par cet homme — il est un esclave appartenant aux Aquilii, à la maison desquels ils ont tenu une séance la nuit dernière et ont écrit les lettres — et les lettres elles-mêmes sont entrées en notre possession. Quant à Titus et Tiberius, mes propres fils, je les ai punis, et ni la loi, ni notre serment n’ont été, à n’importe quel moment, violés par la clémence sur ma famille. Mais Collatin essaie de prendre les Aquilii de mes mains et déclare que, même s’ils ont pris part aux mêmes réunions que mes fils, il ne permettra pas qu’ils aient la même sentence. Mais si ceux-ci ne doivent pas subir de peine, ce sera donc impossible pour moi de punir les frères de ma femme ou les autres traîtres à leur pays. Quelles charges justes serai-je capable d’apporter contre eux si je laisse partir ceux-ci ? De quoi, alors, croyez-vous que ses actions sont des indications ? De la loyauté à la République, ou d’une réconciliation avec les tyrans ? D’une confirmation des serments que vous tous, suite à nous, avaient pris, ou d’une violation de ces serments, oui, du parjure ? Et s’ils avaient échappé à notre découverte, ils auraient été soumis aux sacrilèges que nous aurions alors invoqués et ils auraient payés la peine des Dieux par qui ils avaient juré faussement ; mais comme cela a été découvert, ils doivent donc être puni par nous — cet homme, vous a persuadé il y a quelques jours de restituer leurs possessions aux tyrans, que la République ne pourrait pas en profiter dans la guerre contre nos ennemis, mais que nos ennemis pourraient les utiliser contre la République. Et maintenant, il croit que ceux qui ont conspirés à restituer les tyrans doivent être épargnés, voyant sans doute là qu’épargner leurs vies serait un service aux tyrans, pour qui, si ceux-ci devaient, après tout, revenir suite à la traîtrise ou à la guerre, leur rappelant ces services, il puisse obtenir d’eux, comme étant un ami, tout ce qu’il veut. Après cela, qu’irais-je faire moi, qui n’ai pas épargné mes propres fils, épargnerez-vous, Collatin, vous qui êtes effectivement avec nous physiquement, mais avec nos ennemis dans l’esprit, et essaierez-vous de sauver ceux qui trahirent leur pays et voulurent me tuer, que j’ai combattu dans sa défense ? Loin de là ! Au contraire, pour vous empêcher de faire n’importe quoi de la sorte dans l’avenir, je vous prive maintenant de votre magistrature et vous commande de prendre votre retraite dans une autre ville. Et quant à vous, citoyens, je vous rassemblerai immédiatement en centuries et prendrai vos votes, afin que vous puissiez décider si mon action doit être ratifiée. Soyez assurés, pourtant, que vous n’aurez seulement qu’un d’entre nous deux pour consul, Collatin ou Brutus."

11. Tandis que Brutus parlait ainsi, Collatin s’empêcha de crier, et protesta fortement à chaque mot le déclarant en conspirateur et en traître de ses amis, faisant maintenant tout son possible pour se dégager de ses accusations contre lui, suppliant maintenant pour ses neveux, et refusant de permettre à l’affaire d’être mise aux votes des citoyens, il rendit le peuple toujours plus furieux et provoqua une terrible clameur à tout ce qu’il dit. Les citoyens étant maintenant exaspérés contre lui et refusant d’entendre sa défense ou d’écouter ses prières, mais demandant que leurs votes soient pris ; Spurius Lucretius, son beau-père, un homme estimé par le peuple, sentant la situation alarmante, de peur que Collatin ne puisse être ignominieusement éconduit de son mandat et de son pays, demanda et obtint des deux consuls le droit de parler. Il était la première personne qui obtenait ce privilège, comme les historiens romains s’accordent, alors que ce n’était pas encore habituel en ces temps-là pour un citoyen privé de parler à l’assemblée du peuple. Et adressant ses prières aux deux consuls conjointement, il conseilla à Collatin de ne pas persister si obstinément dans son opposition, ni de retenir contre la volonté des citoyens la magistrature qu’il avait reçue par leur consentement ; mais, si ceux qui lui avaient donné, ils leur semblaient utiles de reprendre la magistrature, qu’il devait abdiquer volontairement et essayer de se dégager des accusations contre lui, pas par ses paroles, mais par ses actes, et qu’il devait partir avec tous ses biens dans une autre région jusqu’à ce que la République soit dans un état de sécurité, puisque que le bien du peuple semble l’exiger. Car il devrait tenir compte que, alors qu’en cas d’autres crimes, tous les hommes ont coutume de montrer leur ressentiment après que l’acte a été commis, en cas de trahison, ils font de même alors qu’il n’est seulement soupçonné, considérant cela comme plus prudent, bien que leurs peurs puissent être vaines, de faire attention à la trahison qui, cédant au mépris, pouvait être défaites. Concernant Brutus, Lucretius fit tout son possible pour le persuader de ne pas expulser de son pays, avec honte et réprobations, son collègue, avec qui il avait décidé les meilleures mesures pour la République ; mais si Collatin lui-même était disposé d’abdiquer de sa magistrature et de quitter son pays volontairement, alors non seulement on devrait le laisser s’en aller disposant de ses biens selon son vouloir, mais en plus on lui offrirait quelques dons de la trésorerie publique, afin que cette faveur conférée par le peuple puisse lui être une aide dans sa tristesse.

12. Quand Lucretius conseilla ainsi les deux consuls et que les citoyens aient exprimé leur approbation, Collatin, déplorant beaucoup son infortune d’être obligé, à cause de la compassion qu’il avait montrée envers ses parents, de quitter son pays, bien qu’il ne soit coupable d’aucun crime, abdiqua de sa magistrature. Brutus, le louant pour avoir pris la meilleure et la plus avantageuse résolution tant pour lui-même que pour la République, l’exhorta de n’avoir aucun ressentiment contre lui ou contre son pays, mais après qu’il eut pris sa résidence ailleurs, de considérer comme son pays la maison qu’il quittait maintenant, et de ne jamais joindre ses ennemis dans n’importe quelle action ou discours dirigé contre elle ; enfin, de considérer son changement de résidence comme un séjour à l’étranger, et non pas comme une expulsion ou un bannissement, et en vivant physiquement avec ceux qui le recevront, mais en habitant dans l’esprit avec ceux qui l’ont envoyé maintenant sur sa voie. Après cette exhortation à Collatin, il exigea du peuple de faire un présent de vingt talents, et il en ajouta lui-même cinq de ses propres moyens. Ainsi Tarquin Collatin, ayant rencontré son destin, prit sa retraite à Lavinium, la ville mère de la nation latine, où il mourut à un âge avancé.

Consulat de Lucius Junius Brutus et Publius Valerius Publicola I (Hiver 509) [V, 12-18][modifier | modifier le code]

Et Brutus, croyant qu’il ne devait pas continuer seul dans sa magistrature ou donner l’occasion aux citoyens de penser que c’était à cause d’un désir de diriger seul qu’il avait exclu son collègue du pays, convoqua le peuple au champ, où c’était leur habitude pour élire leurs rois et autres magistrats, et choisit pour collègue Publius Valerius, un descendant, comme je l’ai exposé plus tôt, de Valerius de Sabine, un homme noble tant en louange qu’en admiration pour nombre d’autres qualités, mais particulièrement pour sa manière économe de vie. Il y avait une sorte de philosophie enseignée de soi en lui, qu’il affichait en beaucoup d’occasions, dont je parlerai un peu plus tard.

13. Après cela, Brutus et son collègue, agissant en tout avec un esprit simple, exécutèrent immédiatement tous ceux qui avaient conspirés à restituer les exilés, et honorèrent aussi l’esclave qui avait donné des renseignements sur la conspiration, non seulement en lui donnant la liberté, mais aussi par l’octroi de la citoyenneté et d’une grande somme d’argent. Alors ils présentèrent trois mesures, toutes excellentes et avantageuses pour l’état, par lesquelles ils provoquèrent l’harmonie parmi tous les citoyens et affaiblirent les fractions minoritaires de leurs ennemis. Leurs mesures étaient les suivantes : en premier lieu, choisissant les meilleurs hommes parmi les plébéiens, ils les firent patriciens et complétèrent ainsi le nombre de membres du sénat à trois cents. Ensuite, ils révélèrent et exposèrent en public les biens des tyrans à l’intention de tous les citoyens, autorisant à chacun de prélever une portion aussi grande qu’il pourrait saisir ; et les terrains que les tyrans avaient possédés furent divisés parmi ceux qui n’avaient aucune parcelle de terre, se réservant seulement un champ, situé entre la ville et le fleuve. Ce champ avait, selon leurs ancêtres, par un décret public, été consacré à Mars, comme une prairie pour les chevaux et le champ d’entraînement le plus convenable pour les jeunes, pour exécuter leurs exercices dans les armes. La plus forte preuve, je pense, celle-ci même avant que le champ ne soit consacré à ce Dieu, alors que Tarquin se l’était approprié pour sa propre utilisation et l’avait cultivé, étaient les mesures alors prises par les consuls en ce qui concerne ce grain. Car bien qu’ils aient donné le droit au peuple de prendre et emporter tout ce qui appartenaient aux tyrans, ils n’autorisèrent personne à emporter le grain qui avait poussé dans ce champ, et qui était toujours sur les batteuses, dans la paille, ou battu, mais on le considéra comme damné et tout à fait impropre à être porté dans leurs maisons, et ils firent un vote qui fut validé comme quoi ils devaient le jeter dans le fleuve. Et il y a même aujourd’hui un édifice notable de ce qui arriva en cette occasion, de la forme d’une île de bonne taille consacrée à Esculape, bordée de tous côtés par le fleuve, une île qui se forma, ils disent, du tas de paille gâtée et fut davantage élargie par le limon que le fleuve continua à ajouter. Les consuls accordèrent aussi à tous les Romains qui avaient fui suite au bannissement du tyran de revenir dans la ville en toute impunité et sous une amnistie générale, mettant une date limite de vingt jours ; et s’ils ne sont pas revenus durant cette période fixée, les peines furent, dans leurs cas, le bannissement perpétuel et la confiscation de leurs biens. Ces mesures des consuls firent que ceux qui avaient bénéficiés du moindre bien ayant appartenu aux tyrans revinrent quelque soit le risque plutôt que d’être dépossédés de nouveau des avantages qu’ils avaient obtenus ; et, d’autre part, libérant de leurs craintes ceux qui, par la terreur du fait de devoir passer en jugement pour les crimes qu’ils avaient commis sous la tyrannie, s’étaient condamnés au bannissement, on les amena à préférer le côté de la République plutôt que celui des tyrans.

14. Après qu’ils aient institué ces mesures et fait les préparations nécessaires pour la guerre, ils gardèrent pour quelque temps leurs forces rassemblées dans les plaines sous les murs de la ville, disposées sous leurs différents étendards et commandants, et exécutant leurs exercices militaires. Car ils avaient appris que les exilés levaient une armée contre eux dans toutes les villes tyrrhéniennes, et que deux de ces villes, Tarquinies et Véies, les aidaient ouvertement vers leurs restaurations, toutes deux avec des armées considérables, et que des volontaires des autres villes vinrent à leur aide, certains d’entre eux étant envoyé par leurs amis et quelque uns étant des mercenaires. Quand les Romains entendirent que leurs ennemis avaient déjà commencé les manœuvres, ils résolurent de sortir et de les rencontrer, et avant que les autres puissent traverser le fleuve, ils menèrent leurs propres forces sur l’autre rive, et marchant en avant, ils établirent leur camp près des Tyrrhéniens dans la Prairie Naevian, comme on l’appelle, près d’un bosquet consacré au héros Horatius. Les deux armées, quand elles se rencontrèrent, étaient presque égales en nombre et avancèrent au combat avec le même enthousiasme. Le premier engagement fut une brève altercation de cavalerie, aussitôt qu’ils se virent l’un et l’autre, avant même que l’infanterie ait établi les camps, dans lesquels ils évaluèrent les forces de l’autre et ensuite, sans gagner ni perdre, firent une retraite dans leurs camps respectifs. Ensuite les troupes d’infanterie lourde et la cavalerie des deux armées s’engagèrent, des deux côtés ayant établis leurs lignes de la même manière, plaçant les rangs solides de l’infanterie au centre et postant la cavalerie sur les deux ailes. L’aile droite des Romains était commandée par Valerius, le consul nouvellement élu, qui était posté face aux Véiens, et la gauche par Brutus, dans le secteur où étaient les forces des Tarquiniens, sous le commandement des fils du Roi Tarquin.

15. Lorsque les deux armées furent prêtes à s’engager, un des fils de Tarquin, nommé Arruns, le plus remarquable des frères tant par la force de son corps que par l’éclat de son esprit, s’avança devant les rangs des Tyrrhéniens, et chevauchant à proximité de tous les Romains qui reconnurent à la fois sa personne et sa voix, lança des insinuations abusives contre Brutus, leur commandant, l’accusant d’être une bête sauvage, entachée du sang de ses fils, et lui reprochant sa lâcheté et sa peur et, enfin, le défiant de décider du général qui lutterait contre lui dans un combat singulier. Alors Brutus, incapable de supporter ces reproches et aussi sourd aux protestations de ses amis, poussé devant les rangs, se précipite à la mort qui lui fut décrété par le destin. Pour les deux hommes, poussés par la colère et prenant comme pensée, non pas ce qu’ils auront à subir, mais seulement de ce qu’ils désiraient faire, cavalèrent à pleine vitesse l’un contre l’autre, et se heurtant, se délivrant d’infaillibles coups l’un contre l’autre avec leurs piques, perçant le bouclier et le corset, de sorte que la pointe entrait dans le flanc de l’un et dans la chair de l’autre ; et leurs chevaux, s’écrasant ainsi buste contre buste, passèrent sur leurs pattes arrière à cause de la violence de la charge, secouant et jetant à terre leurs cavaliers. Ces champions ayant chutés par conséquence, étaient étendus ici dans leurs agonies mortelles, tandis que des ruisseaux de sang coulaient de leurs blessures. Mais les deux armées, quand ils virent que leurs chefs étaient tombés, se pressèrent en avant avec cris et fracas des armes, et la plus violente de toutes les batailles s’ensuivit de la part des deux infanteries et cavaleries, dont la fortune fut la même pour les deux parties. Ceux des Romains qui étaient sur l’aile droite, commandés par Valerius, l’autre consul, furent victorieux sur les Véiens, et les poursuivirent à leur camp dans la plaine couverte de cadavres ; tandis que ceux des Tyrrhéniens, qui étaient postés face à l’aile droite de l’ennemi et commandés par Titus et Sextus, les fils du Roi Tarquin, mirent l’aile gauche des Romains à la fuite, et progressant à proximité de leur camp, ne manquèrent pas d’essayer de le prendre d’assaut ; mais ayant reçu de nombreuses blessures, puisque ceux à l’intérieur étaient posté sur leur terrain, ils se désistèrent. Ces gardiens sont les triarii, comme on les appelle ; ce sont des troupes de vétérans, expérimentées dans de nombreuses guerres, et qui sont toujours les derniers employés dans les combats les plus critiques, quand tout autre espoir est perdu.

16. Le soleil étant maintenant presque couché, les deux armées prirent leurs retraites dans leurs camps, moins satisfaits de leurs victoires qu’affligés du nombres de pertes, et croyant que, si cela devait leur être nécessaire qu’il y ait une autre bataille, ceux d’entre eux qui restaient maintenant seraient insuffisants pour continuer la lutte, car la partie la importante d’entre eux étant blessée. Mais il y avait plus grand découragement et désespoir de leur cause du côté des Romains à cause de la mort de leur chef ; et nombre d’entre eux pensèrent que ce serait mieux pour eux de quitter leur camp avant l’aube. Alors qu’ils considéraient ces choses et les discutaient entre eux, au moment de la première garde, on entendit une voix provenant du bosquet près duquel ils avaient établis le camp, appelant à haute voix les deux armées de telle manière d’être entendus par tous ; cela aurait pu être la voix du héros à qui la circonscription était consacrée, ou cela aurait pu être ce Faunus, comme on l’appelle. Les Romains attribuent les paniques à cette divinité ; et quelques apparitions vinrent à la vue des hommes, maintenant sous une forme et maintenant sous une autre, inspirant la terreur, ou quelques voix surnaturelles vinrent à leurs oreilles pour les effrayer, on dit, de ce Dieu. La voix de la divinité exhorta les Romains d’avoir du courage, comme ayant gagné la victoire, et déclara que les morts de l’ennemi excédèrent les leurs d’un homme. On dit que Valerius, encouragé par cette voix, persévéra jusqu’aux retranchements des Tyrrhéniens alors que c’était toujours la nuit et, ayant tué nombre d’entre eux et chassé le reste hors du camp, ils se rendirent maîtres de celui-ci.

17. Tel fut le résultat de la bataille. Le jour suivant, les Romains, ayant enlevés les corps des ennemis et enterrés les leurs, revinrent chez eux. Les plus braves des chevaliers prirent le corps de Brutus et, avec nombre de louanges et de larmes, le ramenèrent à Rome, paré d’une couronne rappelant sa bravoure supérieure. Ils rencontrèrent le sénat, qui avait décrété un triomphe en l’honneur de leur chef, et aussi pour tout le peuple, qui reçut l’armée avec des jarres de vin et des tables pleines de viandes. Quand ils entrèrent dans la ville, le consul triompha, selon la tradition suivie par les rois quand ils conduisaient les processions portant des trophées et les sacrifices, et ayant consacré le butin aux Dieux, il déclara ce jour-là comme sacré et donna un banquet aux plus distingués des citoyens. Mais le jour suivant, il apparut dans des vêtements sombres, et plaçant le corps de Brutus, convenablement paré, sur une magnifique civière dans le Forum, il appela le peuple en assemblée, et avançant au tribunal, déclara le discours solennel de funérailles en son honneur. Si Valerius était le premier qui présenta cette habitude parmi les Romains, ou s’il l’a trouva déjà établie par les rois et l’adopta, je ne peux le dire à coup sûr ; mais je sais de ma connaissance de l’histoire universelle, comme transmise par les poètes les plus anciens et les historiens les plus célèbres, que c’était une habitude ancienne instituée par les Romains pour célébrer les vertus des hommes illustres lors de leurs funérailles, et que les Grecs n’en étaient pas les auteurs. Car bien que ces auteurs aient donné des comptes-rendus des jeux de funérailles, tant gymnastiques qu’équestres, tenus en l’honneur d’hommes réputés par leurs amis, comme par Achille pour Patrocle et, avant cela, par Héraclès pour Pélops, cependant aucun d’entre eux ne fit aucune mention d’éloges sur le défunt sauf les poètes tragiques à Athènes, qui, de la flatterie pour leur ville, inventèrent aussi cette légende pour ceux qui furent enterrés par Thésée. Car c’était seulement ces derniers temps que les Athéniens ajoutèrent à leur habitude le discours solennel de funérailles, l’ayant institué en l’honneur de ceux qui sont morts en défendant leur pays à Artemisium, Salamis et Platées, ou à cause des performances à Marathon. Mais même l’affaire à Marathon — si, effectivement, les panégyriques livrés en l’honneur d’un défunt commencèrent vraiment à cette occasion — était postérieure aux funérailles de Brutus de seize ans. Pourtant, si quelqu’un, sans s’arrêter d’enquêter pour savoir qui furent les premiers à déclarer ces discours solennels de funérailles, désire considérer l’habitude en soi, et apprendre dans laquelle des deux nations on peut le voir au mieux, il constatera que cela est observé plus sagement parmi les Romains que parmi les Athéniens. Car, alors que les Athéniens semblent avoir décrété que ces discours solennels devraient être prononcés aux funérailles seulement pour ceux qui sont morts à la guerre, croyant qu’il faut déterminer les illustres hommes uniquement sur la base de la bravoure qu’ils montrèrent à leur mort, même si dans d’autres aspects ils sont sans mérite, les Romains, d’autre part, décrétèrent que cet honneur doit être donné à tous leurs hommes illustres, aussi bien les commandants à la guerre que les chefs de l’administration civile, ceux donnèrent des conseils sages et exécutèrent des actes nobles, et cela non seulement pour ceux qui sont morts à la guerre, mais aussi ceux qui rencontrèrent leur mort dans n’importe quelle circonstance, croyant que d’illustres hommes méritent les louanges pour chaque vertu qu’ils montrèrent durant leurs vies, et pas uniquement pour la simple gloire de leur mort.

18. Tel fut la mort de Junius Brutus, qui renversa la monarchie et fut nommé consul le premier. Bien qu’il ait atteint tardivement une place de distinction et y ait prospéré, mais pour un bref temps, il est cependant encore considéré comme le plus grand de tous les Romains. Il n’a laissé aucune descendance, ni fils ni filles, selon les auteurs qui ont enquêtés sur l’histoire des Romains plus précisément ; de cela, ils offrent nombre de preuves, et celle-ci en particulier, qui n’est pas facilement réfutable, qu’il était d’une famille patricienne, alors que ceux qui prétendent descendre de cette famille, comme les Junii et les Brutii, sont tous des plébéiens et des candidats aux magistratures uniquement ouvertes, conformément à la loi, aux plébéiens, à savoir, l’édilité et le tribunat, mais aucun d’eux n’a atteint le consulat, auquel seuls les patriciens avaient droit. Pourtant à une période tardive, ils obtinrent aussi cette magistrature, quand on permit aux plébéiens d’y accéder. Mais je laisse la considération de ces questions à ceux dont ces affaires les intéressent pour découvrir les faits précis.

Consulat de Publius Valerius Publicola I et Spurius Lucretius Tricipitinus (Hiver 509) [V, 19][modifier | modifier le code]

19. Après la mort de Brutus, son collègue Valerius commence à être soupçonné par le peuple de vouloir se faire roi. La première raison de leurs soupçons était le fait qu’il continuait seul dans la magistrature, alors qu’il aurait du immédiatement se choisir un collègue comme Brutus l’avait fait après qu’il ait expulsé Collatin. Une autre raison était qu’il avait fait construire sa maison dans un endroit insidieux, ayant choisi pour cela une colline assez haute et raide, appelée Velia par les Romains, qui surplombe le Forum. Mais le consul, étant informé par ses amis que ces dispositions déplaisaient au peuple, prit un jour pour l’élection et choisit pour collègue Spurius Lucretius, qui mourut ayant occupé la magistrature seulement quelques jours.

Consulat de Publius Valerius Publicola I et Marcus Horatius Pulvillus I (Hiver 509) [V, 19][modifier | modifier le code]

À sa place, il choisit alors Marcus Horatius, et fit déplacer sa maison du haut au bas de la colline, afin que les Romains, comme il leur dit lui-même dans un de ses discours au peuple, puissent lui jeter des pierres depuis la colline s’ils le pensent coupable de quelques méfaits. Et désirant donner aux plébéiens une preuve définitive de leur liberté, il prit les faisceaux des baguettes, et établit, ce qui un précédent pour ses successeurs au consulat — un précédent qui continua d’être suivi jusqu’à aujourd’hui — que, quand ils étaient à l’extérieur de la ville, ils devraient se caractériser par les faisceaux, mais à l’intérieur de la ville, ils ne devraient seulement se caractériser par les baguettes. Il présenta aussi des lois des plus bienveillantes qui apaisèrent les plébéiens. Par une d’entre elles, il interdit expressément que quelqu’un puisse être magistrat des Romains s’il n’a pas reçu le poste par le peuple ; et il fixa la mort comme peine pour celui qui transgresse la loi et accorda l’impunité à celui qui tuerait un tel transgresseur. Dans une deuxième loi, il est écrit : "Si un magistrat condamne un Romain à être exécuté, accablé, ou mis à l’amende pécuniairement, le citoyen privé peut convoquer le magistrat devant le peuple pour le jugement, et il ne pourra pendant cette période être condamné à aucune punition de la part du magistrat tant que le peuple n’a pas donné son vote le concernant." Ces mesures lui gagnèrent l’estime des plébéiens, qui lui donnèrent le surnom de Publicola, ce qui signifie dans la langue grecque dêmokêdês ou « l’Ami du Peuple ». Ceci furent les réalisations des consuls cette année.

Consulat de Publius Valerius Publicola II et Titus Lucretius Tricipitinus I (508) [V, 20][modifier | modifier le code]

20. L’année suivante, Valerius fut nommé consul pour la deuxième fois, et avec lui Lucretius. Durant leur consulat, rien de notable ne se produisit, sauf qu’un recensement fut effectué et que des taxes de guerre furent prélevées selon le plan présenté par le Roi Tullius, qui avait été abandonné durant tout le règne de Tarquin, et fut alors renouvelé pour la première fois par ces consuls. Par ce recensement, il apparut que le nombre de citoyens romains qui avaient atteint l’âge viril avait augmenté. Après cela, une armée de Romains fut envoyée à un endroit appelé Signurium pour la garnison de la citadelle, qui se levait comme un poste avancé contre les villes des Latins et des Herniques, d’où ils s’attendaient à la guerre.

Consulat de Publius Valerius Publicola III et Marcus Horatius Pulvillus II (507) [V, 21-35][modifier | modifier le code]

21. Après que Publius Valerius, surnommé Publicola, fut nommé à la même magistrature pour la troisième fois, avec Marcus Horatius Pulvillus pour la deuxième fois, le roi de Clusium sur la Tyrrhénienne, appelé Lars et surnommé Porsenna, déclara la guerre aux Romains. Il avait promis à Tarquin, qui avait fui chez lui, soit qu’il effectuerait une réconciliation entre lui et les Romains, avec pour accord qu’ils lui rendent ses possessions et reviennent à la monarchie, soit qu’il récupérerait et lui restituerait ses possessions dont il avait été dépossédé ; mais concernant la mission des ambassadeurs, l’année précédente à Rome, avec les requêtes mêlés de menaces, il n’avait pas seulement manqué d’obtenir une réconciliation et le retour des exilés, le sénat ayant basé son refus sur les malédictions et serments selon lesquels ils s’étaient imposés de ne pas les recevoir, mais il avait aussi manqué de récupérer les possessions, car les personnes à qui elles avaient été distribuées et allouées refusaient de les restituer. Et déclarant qu’il fut insulté par les Romains et traité outrageusement par le fait qu’il n’avait pu obtenir gain de cause pour aucune de ses requêtes, cet homme arrogant, dont l’esprit fut corrompu tant par sa richesse et ses possessions que par la grandeur de son pouvoir, crut qu’il avait maintenant d’excellentes raisons pour renverser le pouvoir des Romains, une chose qu’il avait depuis longtemps souhaitée faire, et il leurs déclara par conséquences la guerre. Il fut aidé en cela par Octavius Mamilius, le gendre de Tarquin, qui était désireux d’afficher tout le zèle possible et qui marcha depuis Tusculum à la tête de ceux de Camerini et d’Antemnates, qui appartenaient à la nation latine, et s’étaient déjà ouvertement révoltés contre les Romains ; et parmi les autres peuples latins qui n’étaient pas disposés à faire la guerre ouverte contre un état allié et puissant, sauf pour des raisons irrésistibles, il attira de nombreux volontaires par son influence personnelle.

22. Les consuls romains, étant informés de ces faits, ordonnèrent en premier lieu à tous les fermiers de déplacer leurs effets, bétails et esclaves des champs aux montagnes avoisinantes, à la vitesse à laquelle ils construisirent des forts suffisamment puissants pour protéger ceux qui fuyaient par là. Après cela, ils les renforcèrent avec plus de fortifications efficaces, et gardèrent la colline appelée Janicule, qui est un haut mont près de Rome sur l’autre rive du fleuve Tibre, faisant attention avant toute chose qu’une telle position avantageuse ne doive pas servir à l’ennemi comme un poste avancé contre la ville ; et ils y conservèrent leurs provisions pour cette guerre. Ils conduisirent les affaires internes à la ville de manière plus démocratique, introduisant nombre de mesures généreuses pour les pauvres, de peur que ceux-ci, incités par les bénéfices privés de trahir l’intérêt public, ne rejoignent les tyrans. Ainsi, ils firent passer le vote d’une mesure qui les rendaient exempts de toutes taxes publiques qu’ils avaient eus à payer à l’époque où la ville était dirigée par les rois, et aussi de toutes contributions pour le militaire et la guerres, considérant qu’ils étaient un grand avantage pour l’état, simplement en profitant de leurs personnes pour défendre le pays. Et avec leur armée depuis longtemps disciplinée et prête pour l’action, ils établirent le camp dans le champ qui est devant la ville.

Mais le Roi Porsena, avançant avec ses forces, prit le Janicule par un assaut, ayant terrifié ceux qui le gardaient, et y plaça une garnison de Tyrrhéniens. Après cela, il voulut prendre la cité sans aucun trouble ; mais quand il s’approcha près du pont et vit les Romains établis devant le fleuve, il se prépara à la bataille, pensant les submerger par le nombre, et mena son armée avec grand mépris de l’ennemi. Son aile gauche était commandée par les fils de Tarquin, Sextus et Titus, qui menaient les exilés romains et les meilleures troupes de la ville de Gabies, et quelques petites troupes d’étrangers et de mercenaires ; la droite était menée par Mamilius, le gendre de Tarquin, et il conduisait les Latins qui s’étaient révoltés contre les Romains ; le Roi Porsena avait pris le centre de la ligne de bataille. Du côté des Romains, l’aile droite était commandée par Spurius Larcius et Titus Herminius, qui était opposé aux Tarquins ; la gauche par Marcus Valerius, le frère de Publicola, un des consuls et Titus Lucretius, le consul de l’année précédente, qui devaient engager Mamilius et les Latins ; le centre de la ligne entre les ailes était commandé par les deux consuls.

23. Quand les armées engagèrent le combat, elles luttèrent toutes deux bravement et soutinrent le choc durant un temps considérable, les Romains ayant l’avantage sur l’ennemi tant en expérience qu’en endurance, et les Tyrrhéniens et les Latins étant largement supérieurs en nombre. Mais lorsque beaucoup tombèrent des deux côtés, la peur s’empara des Romains, d’abord de ceux qui occupaient l’aile gauche, quand ils virent que leurs deux commandants, Valerius et Lucretius, quittèrent blessés le champ de bataille ; et ensuite ceux qui étaient postés sur l’aile droite, bien qu’ils étaient déjà victorieux des forces commandées par les Tarquins, furent saisis par la même terreur en voyant les autres fuir. Alors que tous fuyaient à la ville et faisaient tout leurs possibles pour forcer le chemin de leurs corps sur un simple pont, l’ennemi lança une forte attaque contre eux ; et la ville fut très près d’être prise par cet assaut, et serait sûrement tombée si les poursuivants y étaient entrés en même temps que ceux qui y fuyaient. Ceux qui bloquèrent l’attaque des ennemis et sauvèrent l’armée entière étaient au nombre de trois, deux d’entre eux étaient des hommes âgés, Spurius Larcius et Titus Herminius, qui commandaient l’aile droite et un homme plus jeune, Publius Horatius, que l’on appelait Coclès, à cause d’une blessure à sa vue, et d’un de ses yeux ayant été perdu lors d’une bataille, et il était le plus loyal des hommes dans l’apparence philosophique et le plus brave dans l’esprit. Cet homme était le neveu de Marcus Horatius, un des consuls, et on le faisait descendre de Marcus Horatius, un des triplés qui combattit le triplés Albans lorsque les deux villes, étant entrées en guerre pour la prépondérance, ne prirent pas le risque de faire combattre toutes leurs forces, mais seulement trois hommes de chaque côté, comme je l’ai relaté dans un des premiers livres. Ces trois hommes, alors, tout seuls, étant sur le pont, barrèrent le passage de l’ennemi pendant un temps considérable et tirent bons, bien que bombardés par nombre d’ennemis avec toutes sortes de projectiles, et ils frappèrent de leurs épées les ennemis au corps à corps, jusqu’à ce que l’armée entière ait traversé le fleuve.

24. Quand ils jugèrent que leurs propres hommes étaient sauvés, deux d’entre eux, Herminius et Larcius, leurs armes défensives étant maintenant rendues inutiles par les coups continuels qu’ils avaient reçu, commencèrent à se retirer progressivement. Mais Horatius seul, bien que non seulement les consuls mais aussi le reste des citoyens, soucieux avant toutes choses qu’un tel homme devrait être sauvé pour son pays et ses parents, l’appelèrent de la ville pour qu’il se retire, sans pouvoir le persuader, resta où il avait d’abord pris sa position, et enjoignit Herminius et Larcius de dire aux consuls, de sa part, de détruire le pont en toute la hâte à l’extrémité proche de la ville (il n’y avait qu’un pont à cette époque, qui fut construit en bois et tenu seulement par des poutres, sans fer, que les Romains préservent même aujourd’hui dans le même état), et leurs commanda, quand la majeure partie du pont aura été détruite et que peu de celui-ci restait, de lui donner un préavis par quelques signaux ou en lui criant d’une voix plus forte qu’ordinaire ; le reste, dit-il, serait son affaire. Ayant donné ces instructions aux deux hommes, il se maintint sur le pont, et quand l’ennemi s’avança vers lui, il en frappa certains avec son épée et en enfonça d’autres avec son bouclier, repoussant tous ceux qui essayèrent de se ruer sur le pont. Les poursuivants, qui le considéraient comme un fou qui courtisait la mort, n’osèrent plus venir aux prises avec lui. En même temps, ce n’était pas facile pour eux de l’approcher, depuis qu’il avait le fleuve comme défense à droite et à gauche, et devant lui un tas d’armes et de cadavres. Mais se regroupant en masse à distance, ils lui lancèrent des lances, des javelots et de grandes pierres, et ceux qui n’avaient pas de tels projectiles, lui lancèrent les épées et les boucliers des morts. Mais il lutta, profitant de leurs propres armes contre eux, et les lançant dans la multitude, il était sûr, comme on peut le supposer, de trouver quelques cibles chaque fois. Finalement, quand il fut submergé par les projectiles et avait un grand nombre de blessures dans nombre de parties de son corps, et une en particulier infligée par une lance qui, passant directement par une de ses fesses au-dessus de l’articulation de la hanche, l’affaiblit par la douleur et entrava ses pas, il entendit ceux derrière lui qui criait à haute voix que la plus majeure partie du pont était détruite. Là-dessus, il bondit avec ses armes dans le fleuve et nagea contre le torrent avec de grandes difficultés (le courant, étant divisé par les piliers, coulait vite et formait de grands tourbillons), il émergea sur le rivage sans avoir perdu n’importe lesquels de ses armes lors de la traversée à la nage.

25. Cet acte lui gagna la gloire immortelle. Car les Romains le couronnèrent immédiatement et le conduisirent en ville avec chants, comme un héros ; et tous les habitants sortirent de leurs maisons, désirant l’apercevoir pendant qu’il était encore vivant, depuis qu’ils supposaient qu’il succomberait bientôt à ses blessures. Et quand il échappa à la mort, les gens érigèrent une statue de bronze de lui complètement armée dans la principale partie du Forum, et lui donnèrent autant du terrain public qu’il pourrait lui-même en faire le tour en un jour avec un attelage de bœufs. En plus de ces choses qui lui furent accordées par le peuple, chaque personne, tant les hommes que les femmes, lors d’une période où ils étaient tous très fortement soumis par la rareté épouvantable de provisions, lui donnèrent l’équivalent d’un jour de nourriture ; et la population s’élevait à plus de trois cent mille en tout. Ainsi Horatius, qui avait montré ainsi une grande bravoure à cette occasion, occupait une position plus enviable que n’importe quel autre Romain ne vivrait jamais, mais cela fut rendu inutile à cause son boitement pour les charges supérieures de l’état ; et à cause de cette malchance, il n’obtint ni consulat, ni le moindre commandement militaire. C’était un homme, donc, qui pour le magnifique acte qu’il exécuta pour les Romains durant cet engagement, mérite les plus grands éloges que n’importe lequel de ceux qui gagnèrent la notoriété pour leurs bravoures. Et en plus de lui, il y avait aussi Gaius Mucius, surnommé Cordus, un homme d’ascendance distinguée, qui s’engagea aussi à exécuter un grand acte ; mais je parlerai de lui un peu plus tard, ayant d’abord narré en quelles affreuses circonstances l’état se trouvait en ce temps-là.

26. Après la bataille que j’ai décrite, le roi des Tyrrhéniens, établissant son camp sur la colline avoisinante, d’où il avait rejeté la garnison de Rome, était le maître de tout le pays sur cette rive du fleuve Tibre. Les fils de Tarquin et son gendre, Mamilius, ayant transportés leurs forces dans des radeaux et des bateaux de l’autre côté du fleuve, établirent leurs camps dans une position forte. Et faisant des excursions de là, ils firent des ravages sur le territoire des Romains, détruisirent leurs fermes, et attaquèrent leurs troupeaux de bétails quand ils sortaient des citadelles au pâturage. Tout le pays étant aux mains de l’ennemi et vu qu’aucunes ressources alimentaires étaient apportées à la ville par la campagne et uniquement de faibles quantités par le fleuve, une rareté de provisions toucha rapidement les dizaines de milliers de personnes qui consommèrent les provisions auparavant stockées, qui étaient insignifiantes. En conséquence les esclaves, quittant leurs maîtres, désertèrent en grand nombre chaque jour, et les pires éléments du peuple rejoignirent les tyrans. Les consuls, voyant cela, se résolurent de demander aux Latins qui respectaient toujours les liens de parenté et semblaient rester leurs amis d’envoyer promptement des troupes en assistance ; et ils se résolurent aussi à envoyer des ambassadeurs tant à Cumes en Campanie qu’aux villes de la plaine Pomptine pour demander de leurs envoyer du grain. Les Latins, pour leur part, refusèrent d’envoyer l’assistance désirée, en raison du fait que ce n’était pas juste pour eux de faire la guerre contre les Tarquins ou contre les Romains, alors qu’ils avaient signés des traités d’amitié avec les deux conjointement. Mais Larcius et Herminius, les ambassadeurs qui furent envoyés pour conduire le grain depuis la plaine Pomptine, remplirent un grand nombre de bateaux de toutes sortes de provisions, et les apportèrent depuis la mer jusqu’au fleuve par une nuit sans lune, échappant à la vigilance de l’ennemi. Bientôt, quand ces provisions furent aussi consommées et que le peuple fut de nouveau opprimé par la même disette, le Tyrrhénien, apprenant des déserteurs que les habitants subissaient de la famine, leur envoya un héraut leurs ordonnant de recevoir Tarquin s’ils désiraient être débarrassés tant de la guerre que de la famine.

27. Alors que les Romains n’écoutèrent pas cet ordre, mais choisir plutôt de supporter n’importe quelles calamités, Mucius, prévoyant qu’une de ces deux choses leurs arriverait, soit qu’ils n’adhéreraient pas longtemps à leur résolution de se restreindre au minimum vital, ou, s’ils tinrent fermement à leur décision, qu’ils périraient tous dans la plus misérable des morts, demanda aux consuls de rassembler le sénat pour lui, car il avait quelque chose d’important et d’urgent à lui présenter ; et quand il les rencontra, il parla comme suit :

"Pères, ayant dans mon esprit de risquer une opération par laquelle la ville serait libérée des maux présents, j’ai une grande confiance dans le succès du plan et je crois que je le réaliserai facilement ; mais quant à ma propre vie, j’ai peu d’espoir de survivre en accomplissant cette action, ou, pour dire la vérité, aucun. Comme je suis sur le point de m’exposer, alors, à un si grand danger, je ne pense pas cela soit décent que le monde reste dans l’ignorance des hauts enjeux pour lesquels j’ai joué — au cas où cela devrait être mon destin d’échouer après tout dans l’opération — mais je désire, en échange de ces actes nobles, gagner les grands éloges, par lesquels j’échangerai ce corps mortel pour la gloire immortelle. Ce n’est pas sûr, évidemment, de communiquer mon plan au peuple, de peur que quelqu’un, pour son propre bénéfice, n’informe l’ennemi d’un fait qui doit être dissimulé avec le même soin qu’un mystère inviolable. Mais vous, qui, je suis persuadé, garderez le secret inviolable, sont les premières et les seules personnes à qui je le révèle ; et le reste des citoyens l’apprendra de vous quand ce sera la saison nécessaire. Mon entreprise est la suivante : je propose d’aller au camp des Tyrrhéniens sous l’aspect d’un déserteur. S’ils refusent de me croire et qu’ils m’exécutent, le nombre de citoyens qui restera ne sera diminué que d’un. Mais si je peux entrer dans le camp de l’ennemi, je vous promets de tuer leur roi ; et quand Porsena sera mort, la guerre prendra fin. Quant à moi, je serai prêt à souffrir n’importe quoi que les Cieux pensent utile. Dans l’assurance que vous êtes renseignés de mon but, et que vous en témoignerez au peuple, je vais sur ma voie, faisant de la meilleure fortune de mon pays le guide de mon parcours."

28. Après qu’il eut reçu les louanges des sénateurs et obtenu des présages favorables pour son entreprise, il traversa le fleuve. Et arrivant au camp du Tyrrhénien, il y entra, ayant trompé la garde aux portes, qui le prit pour un de leurs propres compatriotes puisqu’il ne portait visiblement aucune arme et parlait la langue Tyrrhénienne, qu’on lui avait enseigné quand il était enfant par son précepteur, qui était un Tyrrhénien. Quand il vint au forum, à la tente du général, il aperçut un homme remarquable tant par sa stature que par sa force physique, habillé d’une robe pourpre et assit sur le siège du général avec nombre d’hommes armés debout autour de lui. Et concluant de façon erronée, car il n’avait jamais vu le roi des Tyrrhéniens, il prit cet homme pour Porsena. Mais il semble qu’il était le secrétaire du roi, qui s’était assis sur le siège pour dénombrer les soldats et faire un rapport sur la paie qui leur était dû. Avançant, donc, vers cet homme parmi la foule qui l’entourait et montant vers le siège (comme il semblait désarmé, personne ne l’entrava), il tira la dague qu’il avait dissimulée sous son vêtement et frappa l’homme à la tête. Et le secrétaire fut tué sur le coup, Mucius fut rapidement saisi par ceux qui étaient autour du siège et l’amenèrent devant le roi, qui avait déjà été informé par d’autres de la mort de son secrétaire. Porsena, à sa vue, dit : "Le plus damné de tous les hommes est destiné à subir la punition qu’il mérite, dîtes qui vous êtes et d’où vous venez, et avec quelle aide avez vous comptée quand vous avez osé commettre un tel acte ? Avez-vous seulement voulu tuer mon secrétaire, ou moi aussi ? Et qui sont vos complices dans cet attentat, ou qui vous a instruit ? Ne dissimulez aucune partie de la vérité, ou vous serez forcés de le déclarer sous la torture."

29. Mucius, sans montrer aucun signe de peur, par un changement de couleur ou par une mine anxieuse, ou d’autres faiblesses communes aux hommes qui sont sur le point de mourir, lui dit : "Je suis un Romain et pas un homme quelconque en ce qui concerne la naissance ; et ayant conçu le désir de libérer mon pays de la guerre, je suis entré dans votre camp comme déserteur avec pour but de vous tuer. Je savais bien que, que je réussisse ou échoue dans la tentative, la mort serait mon sort ; cependant, je me suis résolu de donner ma vie pour mon pays qui me l’a offerte, et changer mon corps mortel pour la gloire immortelle. Mais étant trompé par mon aspiration, j’ai fait périr, à votre place, votre secrétaire, pour lequel je n’avais aucune raison de le tuer, induit en erreur par le pourpre, le siège d’état et des autres insignes du pouvoir. Quant à la mort, donc, à laquelle je me suis condamné quand je projetais mon opération, je ne demande pas d’y échapper ; mais si vous rejetiez les tortures et autres indignités et vous me donneriez des assurances par les Dieux, je promets de vous révéler une affaire importante qui concerne votre propre sécurité." Ceci, il le dit pour duper l’autre ; et le roi, étant un homme d’esprit mais concevant aussi des périls imaginaires comme la menace qui plane sur lui de la part de nombre de personnes, lui donna par serment la promesse qu’il désirait. En conséquence, Mucius, ayant pensé de la sorte à la plus originale des tromperies qui ne pouvait être mise à une épreuve ouverte, lui dit : "Ô roi, trois cents d’entre nous les Romains, tous du même âge et tous de naissance patricienne, nous nous sommes rencontrés et avons formés un complot pour vous tuer ; et nous avons pris les uns et les autres un serment. Et quand nous avons discutez de la forme que devrait prendre notre complot, nous nous sommes résolus de ne pas entreprendre nos tentatives tous ensemble, mais alternativement, ni encore de communiquer les uns aux autres quand, comment, où, ou par quels expédients, chacun d’entre nous essaierait de vous attaquer, afin que cela puisse être plus facile pour nous de ne pas être découverts. Après que nous avons décidés de ces affaires, nous avons tiré au sort et ce fut moi que le sort désigna pour le premier essai. Vous savez donc maintenant à l’avance que nombre de braves hommes auront le même but que moi, incités par la soif de gloire, et qu’un d’entre eux aura probablement plus de chance que moi, à vous de considérez comment vous pouvez suffisamment vous garder d’eux tous."

30. Quand le roi l’eut entendu, il commanda à ses gardes du corps de mener Mucius loin et de l’attacher, le gardant avec vigilance. Lui-même, il rassembla les plus fidèles de ses amis, et fit faire asseoir son fils Arruns près de lui, discutant avec eux de ce qu’il devrait faire pour échapper aux complots de ces hommes. Tous proposèrent telles ou telles mesures préventives primaires qu’elles ne semblaient n’être pas du tout nécessaires ; mais son fils, qui exprima son opinion en dernier, montra un bon sens supérieur à son âge. Car il conseilla à son père de ne pas considérer les précautions qu’il devrait prendre pour éviter l’infortune, mais qu’il devrait faire ce qui ne nécessite aucune précaution. Quand tous furent étonnés par son conseil et voulurent savoir comment cela pourrait être faisable, il dit : "si vous faîtes de ces hommes des amis au lieu d’ennemis et mettiez une plus grande valeur à votre propre vie qu’à la restauration des exilés avec Tarquin." Le roi déclara que son conseil était le meilleur, mais que c’était une affaire demandant de la délibération pour avoir une paix honorable avec eux ; car, dit-il, que ce serait un grand déshonneur si, après qu’il les ait vaincus dans la bataille et les ait gardés assiégés, il devait alors se retirer sans avoir accompli la moindre des promesses faîtes à Tarquin, comme s’il avait été dominé par ceux dont il avait triomphé et avait fui ceux qui n’osaient plus sortir hors de leurs portes ; et il déclara qu’il n’y aurait qu’une et seulement une façon honorable de mettre fin à cette guerre, à savoir, que quelques personnes devraient lui venir de l’ennemi pour traiter d’amitié.

31. C’est ce que déclara donc le roi à son fils et aux autres personnes présentes. Mais quelques jours plus tard, il fut obligé de prendre l’initiative lui-même en proposant les termes d’un accord, pour la raison suivante : alors que ses soldats s’étaient dispersés dans la région et pillaient les provisions qui étaient transmises à la ville, et le faisaient continuellement, les consuls romains se mirent en embuscade pour les attendre dans un lieu favorable, ils en anéantirent un bon nombre et firent même plus de prisonniers qu’ils n’en tuèrent. Sur ce, les Tyrrhéniens furent irrités et discutèrent des événements entre eux alors qu’ils se regroupaient, blâmant autant le roi que les autres commandants sur le prolongement de la guerre et souhaitant être démobilisés pour rentrer chez eux. Le roi, par conséquent, croyant qu’un accord serait bénéfique pour tous, envoya les plus proches de ses amis personnels comme ambassadeurs. À vrai dire, certains disent même que Mucius fut envoyé avec eux, ayant fait le serment au roi qu’il reviendrait ; mais d’autres disent qu’il fut gardé au camp comme otage en attendant que la paix soit conclue, et c’est peut-être plus proche de la vérité. Les instructions données par le roi aux ambassadeurs étaient les suivantes : ne pas faire la moindre mention de la restauration de Tarquin, mais demander la restitution de ses biens, de préférence tout ce que Tarquin l’Ancien avait amené, et ce qu’eux-mêmes avaient acquis et possédés à juste titre, ou, si cela n’est pas possible, de demander autant que possible la valeur de leurs terrains, maisons et bétails, et du produit pris du terrain, laissant les Romains déterminer s’il fallait que cela soit payé par ceux qui en avaient pris possession et profitaient des terres, ou soit remboursé par la trésorerie publique. Jusque là, leurs instructions étaient rattachées aux Tarquins. Alors, pour lui, ils devaient demander, pour qu’il mette fin à la guerre, le dénommé Sept Districts (ce territoire qui avait autrefois appartenu aux Tyrrhéniens, mais que les Romains avaient pris dans la guerre et avaient occupé) et, afin que les Romains restent des amis assurés du Tyrrhénien, ils devaient leurs demander d’envoyer les fils de leurs familles les plus illustres pour servir d’otages pour l’état.

32. Quand l’ambassade vint à Rome, le Sénat, sur le conseil de Publicola, un des consuls, vota pour accorder tout ce que le Tyrrhénien demandait, croyant que la foule des plébéiens et des pauvres gens, opprimés par la rareté des provisions, accepterait joyeusement la résiliation de la guerre quelques soient les termes. Mais le peuple, bien qu’il ait ratifié chaque autre article du décret du sénat, n’entendait pas restituer les biens. Au contraire, il vota qu’aucune résolution ne devrait être prise pour les tyrans que ce soit de sources privées ou de fonds publics, et que l’on devrait envoyer des ambassadeurs au Roi Porsena concernant ces affaires, pour lui demander d’accepter les otages et le territoire qu’il demandait, mais de considérer les biens, que lui-même, agissant comme juge entre les Tarquins et les Romains, devraient déterminer, ayant entendu les deux partis, ce qui était juste, étant ni sous l’influence de l’amitié ni de l’inimitié. Les Tyrrhéniens revinrent au roi avec cette réponse, et avec eux les ambassadeurs nommés par le peuple, prenant avec eux vingt enfants des principales familles pour servir d’otages pour leur pays ; les consuls furent les premiers à agir en ce sens, Marcus Horatius leurs livrant son fils et Publius Valerius sa fille à leurs enfants, qui avaient atteint l’âge de se marier. Quand ceux-ci arrivèrent au camp, le roi était satisfait et ayant une confiance sincère pour les Romains, fit une trêve avec eux pour un nombre indiqué de jours, et s’engagea à agir comme juge dans la controverse lui-même. Mais les Tarquins furent affligés par cet accord et déçus des espoirs les plus grands qu’ils avaient placés dans le roi, s’attendant à être restitués à la souveraineté par ce dernier ; pourtant, ils furent obligés d’être satisfaits du présent état de la situation et d’accepter les termes qui furent offerts. Et quand les hommes qui furent envoyés pour défendre la cause de la République, [...] et les plus vieux des sénateurs vinrent de la ville au moment prescrit, le roi se plaça sur le tribunal avec ses amis, et commanda à son fils de s’asseoir comme juge avec lui, il leurs donna le droit de parler.

33. Alors que la cause était toujours plaidée, un messager apporta un mot sur la fuite des jeunes filles qui servaient comme otages. Il semble qu’elles aient demandées le droit à leurs gardes d’aller se baigner dans le fleuve, et après l’avoir obtenu, elles aient demandé aux hommes de réserver une petite portion du fleuve pour qu’elles puissent se baigner et se rhabiller, sans qu’ils ne puissent les voir nues ; et les hommes leurs ayant aussi accordés cela, suivant le conseil et l’exemple de Clélia, elles traversèrent le fleuve à la nage et retournèrent à la ville. Alors qu’à ce moment Tarquin était véhément pour accuser les Romains d’une violation de leurs serments et de perfidie, aiguillonnant le roi, maintenant qu’il avait été trompé par ces personnes perfides, de ne pas faire attention à eux. Mais lorsque le consul défendit les Romains, déclarant que les jeunes filles avaient agi entre elles sans l’ordres de leurs pères et qu’il offrirait bientôt la preuve convaincante que les consuls ne furent coupables d’aucune traîtrise, le roi fut persuadé et lui donna le droit d’aller à Rome et de ramener les jeunes filles, comme il l’avait promis. Valerius, en conséquence, partit pour les leurs ramener au camp. Mais Tarquin et son gendre, méprisant tout ce qui était juste, formèrent un odieux complot, envoyant secrètement un corps de cavalerie s’embusquer sur la route, pour saisir non seulement les jeunes filles alors qu’elles étaient ramenées, mais aussi le consul et les autres qui revenaient au camp. Leur but était de retenir ces personnes comme les gages des biens que les Romains avaient pris aux Tarquins, et de ne pas attendre davantage le résultat de l’audition. Mais les Cieux ne permirent pas à leur complot de se faire selon leurs désirs. Alors que les cavaliers qui avaient l’intention de les attaquer sur leur retour sortaient du camp des Latins, le consul arrivait avec les jeunes filles à temps pour les devancer, et il était déjà aux portes du camp Tyrrhénien quand il fut dépassé par les cavaliers de l’autre camp qui l’avaient poursuivi. Quand la rencontre entre eux se produisit à cet endroit, le Tyrrhénien s’en aperçut vite ; et le fils du roi vint en toute hâte avec un escadron de cavalerie à leur aide et ceux de l’infanterie qui étaient postés devant le camp se ruèrent aussi.

34. Porsena, étant indigné par cette tentative, rassembla les Tyrrhéniens et les informa qu’après que les Romains l’ont nommé juge des accusations apportées contre eux par Tarquin, mais qu’avant que la cause fut jugée, les exilés expulsés à juste titre par les Romains s’étaient rendus coupable durant une trêve d’une tentative hors-la-loi sur des personnes inviolables tels les ambassadeurs et les otages ; pour cette raison, il déclara que les Tyrrhéniens acquittaient maintenant les Romains de ces accusations et renonçaient en même temps à toutes relations amicales avec les Tarquins et Mamilius ; et il leur ordonna de partir ce jour-là même du camp. Ainsi les Tarquins, qui avaient d’abord caressés d’excellents espoirs soit d’exercer leur tyrannie de nouveau dans la ville avec l’aide des Tyrrhéniens soit de récupérer leurs biens, furent déçus à cet égard autant en raison de leur échec hors-la-loi contre les ambassadeurs et les otages, et partirent du camp avec la honte et la haine de tous. Alors le roi des Tyrrhéniens, ordonnant aux otages romains d’être amenés devant le tribunal, les rendit au consul, disant qu’il considérait la bonne foi de la République comme meilleure valeur que n’importe quels otages. Et louant une jeune fille parmi eux, qui avait persuadé les autres de traverser le fleuve à la nage, car elle possédait un esprit supérieur tant à son sexe qu’à son âge, et félicitant la République pour produire non seulement de braves hommes mais aussi des jeunes filles égales aux hommes, il lui fit le présent d’un cheval de guerre embelli avec des ornements magnifiques. Après l’assemblée, il fit un traité de paix et d’amitié avec les ambassadeurs romains, et les ayant reçus, il leur rendit sans rançon tous les prisonniers, qui étaient très nombreux, comme un présent à la République. Il leur donna aussi la place où il avait établi son camp, qui n’était pas disposé, comme un camp, pour un court séjour dans un pays étranger, mais comme une ville, adéquatement équipée avec des bâtiments tant privés que publics, — bien que ce ne soit pas l’habitude des Tyrrhéniens, quand ils quittent le camp et le pays de l’ennemi, de laisser ces bâtiments, mais de les brûler. Ainsi il fit un présent à la République d’aucune petite valeur pécuniaire, comme il apparut de la vente faite par les questeurs après le départ du roi. Tel, donc, fut le résultat de la guerre des Romains contre les Tarquins et Lars Porsena, le roi des Clusiens, une guerre qui amena la République dans de grands dangers.

35. Après le départ des Tyrrhéniens, le sénat romain vota pour envoyer à Porsena un trône d’ivoire, un sceptre, une couronne d’or et une robe triomphale, qui avaient été les insignes des rois. Et à Mucius, qui s’était résolu de mourir pour son pays et était considéré comme la principale cause de la fin à la guerre, ils votèrent qu’une portion des terres du bien public près du Tibre devrait lui être octroyée (comme auparavant pour Horatius, qui avait lutté sur le pont), autant, à savoir, qu’il pourrait en faire le tour en charrue en un jour ; et cet endroit est appelé même aujourd’hui les Prairies Muciennes. Ceux-ci furent les récompenses qu’ils donnèrent aux hommes. En l’honneur de Clélia, la jeune fille, ils ordonnèrent la construction d’une statue de bronze, qui fut érigée donc par les pères des jeunes filles sur la Voie Sacrée, qui longe le Forum. De cette statue, je n’ai pas trouvé de restes ; on dit qu’elle fut détruite lorsqu’un feu éclata dans les maisons adjacentes.

Durant cette année fut achevé le temple de Jupiter Capitolin, dont j’ai donné une description détaillée dans le Livre précédent. Ce temple fut dédié par Marcus Horatius, un des consuls, et il y inscrivit son nom avant l’arrivée de son collègue ; en ce temps-là, il arrivait que Valerius se mette en route avec une armée à l’aide des districts du pays. Car aussitôt que le peuple avait quitté les forteresses et était revenu aux champs, Mamilius avait envoyé des bandes de brigands faisant de grands dommages aux fermiers. Cela fut les réalisations du troisième consulat.

Consulat de Spurius Larcius Flavius I et Titus Herminius Aquilinus (506) [V, 36][modifier | modifier le code]

36. Les consuls pour la quatrième année, Spurius Larcius et Titus Herminius, firent un mandat sans guerre. Sous leur consulat, Arruns, le fils de Porsena, le roi des Tyrrhéniens, est mort en assiégeant la ville d’Aricie pour la deuxième année. Car aussitôt que la paix fut faite avec les Romains, il reçut de son père la moitié de son armée et mena une expédition contre les Ariciens, avec pour vue d’établir un domaine qui lui appartiendrait. Alors qu’il avait presque pris la ville, l’aide vint aux Ariciens depuis Antium, Tusculum et Cumes en Campanie ; néanmoins, déployant sa petite armée contre une force supérieure, il poussa la plupart d’entre eux à la fuite et les repoussa dans la ville. Mais il fut vaincu par les Cuméens sous l’ordre d’Aristodème, surnommé l’Éfféminé, et perdit sa vie ; l’armée tyrrhénienne, n’en menant plus large après sa mort, prit la fuite. Nombre d’entre eux furent tués dans la poursuite par les Cuméens, mais beaucoup plus, se dispersant dans la région, fuirent dans les campagnes des Romains, qui n’étaient pas très lointaines, ayant perdus leurs armes et étant incapables, en raison de leurs blessures, d’aller plus loin. Là, certains d’entre eux étant à demi mort, les Romains les emmenèrent des champs à la ville sur des chariots, des charrettes tirées par des mules, et aussi sur des bêtes de somme, et les portant dans leurs propres maisons, ils leurs redonnèrent la santé en les nourrissant et les soignant avec toute sorte de bienveillance qu’une grande compassion peut développer ; ainsi nombre d’entre eux, incités par ces bienfaits, ne ressentirent plus aucun désir de revenir chez eux, mais voulurent rester avec leurs bienfaiteurs. À ceux-ci le sénat donna, comme une place dans la ville pour construire des habitats, la vallée qui s’étend entre le Palatin et la colline Capitoline sur une distance d’environ quatre stades ; en conséquences, même aujourd’hui, les Romains donnent dans leur propre langue le nom de Vicus Tuscus, ou « l’habitation des Tyrrhéniens », à la voie qui mène du Forum au Cirque Maxime. En considération de ces services, les Romains reçurent du roi Tyrrhénien un cadeau de peu de valeur, mais celui-ci leur donna la plus grande satisfaction. C’était le territoire au-delà du fleuve qu’ils avaient cédé quand ils mirent fin à la guerre. Et ils exécutèrent alors des sacrifices aux Dieux à grands frais qu’ils avaient jurés d’offrir chaque fois qu’ils devaient de nouveau être les maîtres des Sept Districts.

Consulat de Publius Postumius Tubertus I et Marcus Valerius Volusus (505) [V, 37-39][modifier | modifier le code]

37. La cinquième année après l’expulsion du roi eut lieu la soixante-neuvième Olympiade, à laquelle Ischomachus de Croton gagna la course à pied pour la deuxième fois, Acestorides étant archonte d’Athènes, et Marcus Valerius, frère de Valerius Publicola, et Publius Postumius, surnommé Tubertus, consuls à Rome. Sous leur consulat, une autre guerre attendit les Romains, celle-ci provoquée par leurs voisins les plus proches. Elle commença par des actes de brigandage et se développa en nombre d’engagements importants ; pourtant, elle finit par une paix honorable trois consulats après celui-ci, ayant été poursuivie sans trêve pendant cet intervalle. Certains des Sabins, décidant que la République était affaiblie par la défaite infligée par les Tyrrhéniens et ne serait jamais capable de récupérer son ancien prestige, attaquèrent ceux qui descendaient dans les champs de bois depuis les citadelles en organisant des bandes de brigands, et ils provoquèrent nombre de dommages aux fermiers. Pour ces actes, les Romains, envoyant une ambassade avant de recourir aux armes, cherchèrent réparation et demandèrent qu’à l’avenir ils ne devaient plus commettre aucun acte sans loi contre ceux qui cultivaient leurs terres ; et ayant reçu une réponse arrogante, ils leurs déclarèrent la guerre. D’abord une expédition fut conduite par un des consuls, qui avec la cavalerie et l’élite de l’infanterie légère, tomba subitement sur ceux qui pillaient la région ; et il y eut un grand massacre des nombreux hommes qui furent surpris dans leurs pillages pour la plupart, comme l’on peut bien l’imaginer, alors qu’ils n’y avaient aucune discipline et qu’ils n’avaient reçus aucun avertissement de l’attaque. Ensuite, quand les Sabins envoyèrent une grande armée contre eux commandée par un général expérimenté dans la guerre, les Romains envoyèrent une autre expédition contre eux avec toutes leurs forces, menée par les deux consuls. Postumius établit son camp sur les hauteurs près de Rome, de peur qu’une tentative soudaine puisse être faite sur la ville par les exilés ; et Valerius se posta non loin de l’ennemi, sur les rives de la rivière Anio, qui ayant traversée la ville de Tibur, jaillit en un vaste torrent d’une haute roche, et parcourt la plaine appartenant tant aux Sabins qu’aux Romains, sert de frontières aux deux territoires, après que cette rivière, qui est juste à considérer et douce à boire, mêle son ruisseau au Tibre.

38. Sur l’autre rive de la rivière était placé le camp des Sabins, celui-ci à aussi petite distance du ruisseau, sur une colline légèrement inclinée qui n’était pas une place forte. Au début, les deux armées s’observèrent chacune avec prudence et n’étaient pas disposer à traverser la rivière et à engager un combat. Mais plus tard, ils ne furent plus guidés par la raison et une prudente attention pour leur avantage, mais commencèrent à être enflammés par la colère et la rivalité, ils engagèrent la bataille. Car, allant à la rivière pour l’eau et conduisant leurs chevaux pour y boire, ils avancèrent d’un bon chemin dans le ruisseau, qui était alors bas, n’étant pas encore gonflé par les pluies d’hiver, car ils le traversèrent sans avoir beaucoup d’eau au-dessus de leurs genoux. Et d’abord, quand une escarmouche se produisit entre de petits groupes, quelque uns coururent depuis chaque camp pour aider leurs camarades, alors que d’autres, d’un camp ou d’un autre, aidèrent ceux qui étaient vaincus. Et par moments les Romains forcèrent les Sabins à reculer de la rivière, par moments les Sabins repoussèrent les Romains. Puis, après que nombre furent tués et blessés et qu’un esprit de rivalité les possédait tous, comme cela est apte à arriver quand les disputes se produisent par les mots, les généraux des deux armées sentirent la même avidité pour traverser le fleuve. Mais le consul romain attaqua l’ennemi avant, et ayant fait traversé son armée, était déjà proche des Sabins alors qu’ils s’armaient toujours et prenaient leurs positions. Pourtant, ils n’étaient pas non plus contre l’engagement, mais, enchantés par un mépris de leurs ennemis, puisqu’ils n’allaient pas lutter contre les deux consuls ni contre l’armée romaine entière, ils rejoignirent la bataille avec toute l’audace et l’avidité imaginable.

39. Une vigoureuse action qui s’ensuivit et l’aile droite des Romains, commandée par le consul, attaquait l’ennemi et lui gagnait du terrain, alors que la gauche était déjà en difficultés et était forcée vers la rivière par l’ennemi ; le consul, qui commandait l’autre camp, étant informé de ce qui passait, ramena son armée. Et pendant que lui-même avançait avec les rangs solides de l’infanterie qui le suivait d’un pas normal, il envoya en avant en toute hâte son légat, Spurius Larcius, qui avait été consul l’année précédente, avec toute la cavalerie. Larcius, poussant la cavalerie en avant à pleine vitesse, traversa le fleuve avec aisance, puisque personne ne s’opposa à lui, et chevauchant au-delà de la droite de l’ennemi, chargea en fait la cavalerie des Sabins ; et il y eut lieu directement un combat sévère entre les cavaleries des deux côtés, qui luttèrent au corps à corps longtemps. Pendant ce temps, Postumius s’approcha aussi des combattants avec l’infanterie, et attaqua ceux de l’ennemi, et en tua beaucoup dans le combat et jeta le reste dans la confusion. Et si la nuit n’était pas intervenue, l’armée entière des Sabins, étant entourée par les Romains, qui étaient maintenant devenus supérieurs en cavalerie, aurait été complètement détruite. Mais puisque c’était [la nuit], l’obscurité sauva le peu de ceux désarmés qui fuyaient la bataille et revinrent chez eux en sécurité. Les consuls, sans rencontrer la moindre résistance, se firent maîtres de leurs camps, qui avait été abandonné par les troupes en garnison dès qu’ils virent la déroute de leur propre armée ; et, saisissant beaucoup de butins, qu’ils permirent aux soldats de conduire ou d’emporter, ils revinrent chez eux avec leurs armées. Alors, pour la première fois, la République, se rétablissant de la défaite infligée par les Tyrrhéniens, récupéra son ancien esprit et osa comme auparavant viser la suprématie sur ses voisins. Les Romains décrétèrent un triomphe conjointement aux deux consuls, et, comme un spécial présent pour l’un d’eux, Valerius, ordonnèrent qu’un site devrait lui être offert pour sa demeure sur la meilleure partie de la colline du Palatin, et que le prix du bâtiment devrait être remboursé par la trésorerie publique. Les portes de cette maison, près de laquelle se tient le taureau d’airain, sont les seules portes à Rome, tant des bâtiments publics que privés, qui s’ouvrent vers l’extérieur.

Consulat de Publius Valerius Publicola IV et Titus Lucretius Tricipitinus (504) [V, 40-43][modifier | modifier le code]

40. Ces hommes furent suivis au consulat par Publius Valerius, surnommé Publicola, choisi pour détenir cette magistrature pour la quatrième fois, et Titus Lucretius, désormais collègue de Valerius pour la deuxième fois. Sous leur consulat, tous les Sabins, par la tenue d’assemblées générales dans leurs villes, se résolurent à lancer une guerre contre les Romains, alléguant que le traité qu’ils avaient ratifié avec eux était dissous, puisque Tarquin, à qui ils avaient prêté serments, avait été chassé du pouvoir. Ils furent amenés à suivre cette démarche par Sextus, l’un des fils de Tarquin, qui les courtisait à titre privé et pressait les hommes influents dans chaque cité en les suscitant tous pour qu’ils unissent hostilement contre les Romains, et il convainquit deux villes, Fidènes et Cameria, de se détacher des Romains et les persuada de devenir des alliés des Sabins. En contrepartie de ces services, ils le nommèrent général avec pouvoir absolu, et lui donnèrent le droit de mobiliser des forces dans chaque ville, voyant la défaite qu’ils avaient reçue lors du dernier engagement comme étant due à la faiblesse de leur armée et à la stupidité de leur général. Alors qu’ils s’employaient à leurs préparatifs, quelque bonne fortune, projetant d’équilibrer les défections chez les Romains par des avantages correspondants, leur donna, en remplacement des alliés qui avaient désertés, une adhésion de poids inattendue provenant de leurs ennemis, de la nature suivante : Un certain homme de la nation Sabine qui vivait dans une ville appelée Régille, un homme de bonne famille et influent par ses richesses, Titus Claudius de son nom, déserta sa patrie, apportant avec lui de nombreux parents et amis et un grand nombre de clients, qui se retirèrent avec leurs familles entières, et pas moins de cinq cents hommes en tout qui étaient capables de porter les armes. La raison qui les contraignit à se retirer à Rome aurait été la suivante : les hommes au pouvoir dans les principales villes, lui étant hostiles en raison de leurs rivalités politiques, le firent traduire en justice relativement à une accusation de trahison, parce qu’il n’était pas désireux de faire la guerre aux Romains et fut le seul dans l’assemblée générale à s’opposer à ceux qui soutinrent que le traité fut dissout, et il ne permettrait pas aux citoyens de sa ville de considérer comme valables les décrets qui furent adoptées par le reste de la nation. Redoutant ce procès (car il devait être conduit par les autres villes), il prit alors ses biens et ses amis, ils allèrent chez les Romains ; et en ajoutant ce poids non négligeable à leurs causes, il fut considéré comme le principal instrument dans le succès de cette guerre. En considérant cela, le sénat et le peuple l’inscrivirent parmi les patriciens et lui donnèrent aussi le droit de prendre une grande partie de la ville, comme il l’avait souhaité, pour la construction de maisons ; ils lui cédèrent aussi des terres publiques de la région qui est située entre Fidènes et Picetia, afin qu’il puisse allouer des portions à l’ensemble de ses partisans. De ces Sabins se forma au fil du temps une tribu appelée la tribu Claudia, un nom qui continua d’être préserver jusqu’à mon temps.

41. Après que tous les préparatifs nécessaires sont faits des deux côtés, les Sabins sortirent en premier leurs forces et formèrent deux camps, dont l’un était établi non loin de Fidènes, et l’autre dans Fidènes même, pour servir à la fois de garde pour les citoyens et comme un refuge pour ceux qui campent hors de la cité, au cas où un désastre leurs arriverait. Ensuite, lorsque les consuls romains apprirent l’expédition sabine contre eux, ils conduisirent aussi l’ensemble de leurs hommes d’âge militaire et établirent leurs camps à part de l’autre côté, Valerius près du camp des Sabins qui étaient dehors, et Lucretius non loin, sur une colline d’où l’autre camp était clairement en vue. C’était l’opinion des Romains que le sort de la guerre devrait être rapidement déterminé par un combat en ligne, mais le général des Sabins, redoutant de se livrer ouvertement contre l’hardiesse et la constance d’hommes préparés à faire face à tout danger, décida de les attaquer de nuit, et prépara tout ce qui serait utile pour combler le fossé et escalader le mur ; il avait l’intention, maintenant que tout était prêt pour l’attaque, de réveiller l’élite de son armée après la première patrouille et de les mener contre les retranchements des Romains. Il prévint également les troupes campant dans Fidènes que, dès qu’ils percevraient que leurs camarades sont sortis du camp, ils devraient aussi sortir de la ville, avec du matériel léger ; et alors, après s’être mis en embuscades dans des endroits appropriés, si des renforts venaient à Valerius depuis l’autre armée, ils devaient se tenir derrière eux et les attaquer avec des cris et un grand vacarme. C’était le plan de Sextus, qu’il communiqua à ses centurions ; et quand ils l’approuvèrent aussi, il attendit le moment approprié. Mais un déserteur vint au camp du Romain et informa le consul du plan, et un peu plus tard, une partie de la cavalerie rapporta quelques Sabins prisonniers qui furent capturés alors qu’ils se trouvaient dehors pour chercher du bois. Ceux-ci, étant interrogés séparément sur ce que leur général se préparait à faire, dirent qu’il avait ordonné de construire des échelles et des planches ; mais où et quand il pensait les utiliser, ils professèrent de ne pas le savoir. Ayant appris cela, Valerius envoya son légat Larcius à l’autre camp informer Lucretius, qui en avait le commandement, du dessein de l’ennemi et lui faire savoir de quelle façon ils devraient attaquer l’ennemi. Lui-même convoqua les tribuns et les centurions, et les informa de ce qu’il avait appris tant par le déserteur que par les prisonniers, les exhorta de se comporter en hommes braves, convaincu qu’ils avaient obtenus la meilleure chance qu’il pourrait souhaiter pour prendre une glorieuse revanche sur leurs ennemis ; et après les avoir enjoints de ce que chacun d’eux devait faire et donnant le mot d’ordre, il les renvoya à leurs commandements.

42. Il n’était pas encore minuit quand le général Sabin réveilla l’élite de son armée et les mena au camp ennemi, après leurs avoir ordonné de garder le silence et de ne pas faire de bruit avec leurs armes, pour que l’ennemi ne soit pas au courant de leur approche jusqu’à leur arrivée aux retranchements. Lorsque ceux qui avançaient s’approchèrent du camp et ne virent pas les lumières des postes de garde ni n’entendirent les voix des sentinelles, ils pensèrent les Romains coupables d’une grande folie en laissant leurs postes de sentinelles sans surveillance et dormant dans leur camp ; et ils comblèrent les fossés en nombres d’endroits avec des broussailles et le franchir sans opposition. Mais les Romains étaient par groupes en embuscade entre le fossé et la palissade, étant imperceptibles en raison de l’obscurité ; et ils ne cessèrent pas de tuer ceux de l’ennemi qui passaient par-dessus le fossé, dès qu’ils venaient à leurs portées. Pendant un certain temps, le massacre de ceux qui ouvraient la voie ne fut pas perçu par leurs compagnons à l’arrière ; mais quand il devinrent peu nombreux, et qu’à la montée de la lune, ceux qui s’approchèrent du fossé virent non seulement un tas de leurs propres hommes couchés morts mais aussi les ennemis bien vivants avançant pour les attaquer, ils jetèrent leurs armes et s’enfuirent. Ensuite, les Romains, faisant un grand vacarme, ce qui était le signal pour ceux de l’autre camp, se précipitèrent hors de leur camp. Lucretius, entendant le vacarme, envoya la cavalerie en reconnaissance, peut-être de peur d’une embuscade de l’ennemi, et il la suivit lui-même avec l’élite de l’infanterie. Dans le même temps, la cavalerie, rencontrant ceux de Fidènes qui étaient en embuscade, les mit en fuite ; et l’infanterie poursuivit et tua ceux qui avaient fuis du camp sans avoir gardés ni leurs armes ni leurs rangs. Durant ces événements, des Sabins et leurs alliés furent tués et faits prisonniers ; et leur camp fut pris le jour même.

43. Fidènes fut prise après quelques jours de siège durant ces mêmes événements, car l’ennemi pensait qu’elle était la plus difficile à prendre et, pour cette raison, ne fut gardée que par quelques hommes. Néanmoins, les habitants ne furent pas réduits en esclaves, ni la ville fut détruite ; nombre de gens ne furent pas mis à mort non plus après que la ville est prise. Les consuls pensaient que la saisie de leurs biens et de leurs esclaves, ainsi que la perte de leurs hommes qui avaient péri dans la bataille, étaient une punition suffisante pour une ville qui s’était égarée, et qui appartenait au même peuple ; et pour prévenir le fait que les prisonniers puissent recourir à nouveau aux armes à la légère, une précaution modérée et d’usage chez les Romains fut de punir les auteurs de la révolte. Ayant donc réunis tous les Fidénates prisonniers au forum et médisant fortement leur folie, ils déclarèrent que tous, des jeunes aux hommes âgés, méritaient d’être mis à mort, car ils ne montraient ni gratitude pour les faveurs reçues ni sur le fait de ne pas être châtiés pour leurs malheurs ; ils ordonnèrent que les plus éminents d’entre eux soient fouettés avec des verges et mis à mort sous les yeux de tous ; mais ils permirent au reste de vivre dans la ville comme avant, laissant une garnison, aussi grande que le Sénat le décidait, vivre au milieu d’eux ; et prenant une partie de leurs terres, ils la donnèrent à cette garnison. Après qu’ils eurent réglés ces questions, ils rentrèrent chez eux avec l’armée depuis le pays ennemi et célébrèrent le triomphe que le Sénat leurs vota. Tels furent les événements de leur consulat.

Consulat de Publius Postumius Tubertus II et Agrippa Menenius Lanatus (503) [V, 44-48][modifier | modifier le code]

44. Quand Publius Postumius, qui est surnommé Tubertus, fut choisi consul pour la deuxième fois, et avec lui Agrippa Menenius, surnommé Lanatus, les Sabins firent une troisième incursion sur le territoire romain avec une plus grande armée ; et avant que les Romains se rendirent compte de leur dessein, ils avancèrent jusqu’aux murs de Rome. Lors de cette incursion, il y eut de grandes pertes du côté des Romains, non seulement parmi les fermiers, sur qui la calamité tomba soudainement et inopinément, avant qu’ils ne puissent se réfugier dans les forteresses les plus proches, mais également sur ceux qui vivaient dans la ville en ces temps-là. Postumius, un des consuls, considérant cette insolence de l’ennemi comme intolérable, prit à la hâte les premiers hommes qui vinrent sur le moment et marcha hors des murs à la rescousse avec une plus grande ardeur que prudence. Les Sabins, voyant l’avancée des Romains très méprisants contre eux, sans ordre et séparés les uns des autres, et souhaitant augmenter leur hardiesse, partirent en arrière dans un mouvement rapide, comme s’ils fuyaient, jusqu’à ce qu’ils aient atteint des bois épais où le reste de leur armée était en attente. Puis, faisant face, alors, ils s’engagèrent contre leurs poursuivants, en même temps que les autres sortirent du bois avec un grand vacarme et leurs tombèrent sur eux. Les Sabins, qui étaient très nombreux et avançaient en bon ordre contre des hommes qui ne gardaient pas leurs rangs, étaient désordonnés et essoufflés de courir, les tuèrent comme ils venaient sans faire de quartiers ; et quand le reste se tourna vers la fuite, ils barrèrent les routes menant à la ville et les cernèrent sur une arête non fortifiée d’une colline. Puis, établissant leur camp près d’eux (pour la nuit qui était maintenant arrivée), ils firent des gardes tout au long de la nuit pour les empêcher de fuir sans être découverts. Quand les nouvelles de ce malheur furent apportées à Rome, il y eut un grand tumulte et des courses précipitées aux murs, et la peur de la part de tous que l’ennemi, exalté par son succès, essaierait d’entrer dans la ville de nuit. Il y eut des lamentations pour le massacre et de la compassion pour les survivants, qui, on le croyait, seraient promptement capturés par manque de provisions à moins que de l’aide les atteigne rapidement. Cette nuit, donc, ils la passèrent dans un état d’esprit anéanti et sans sommeil ; mais le jour suivant, l’autre consul, Menenius, ayant armé tous les hommes d’âge militaire, marcha hors des murs en bon ordre et avec discipline pour aider ceux de colline. Quand les Sabins les virent s’approcher, ils ne restèrent pas, mais réveillèrent leurs armée et se retirèrent de la colline, estimant que leur bonne fortune actuelle était suffisante ; et sans attendre plus longtemps, ils retournèrent chez eux dans une grande exaltation, prenant avec eux un riche butin en bétail, esclaves et argent.

45. Les Romains, étant indignés par cette défaite, dont ils blâmèrent Postumius, un des consuls, se résolurent de faire rapidement une expédition sur le territoire des Sabins avec toutes leurs forces ; ils étaient non seulement désireux de venger la défaite honteuse et inattendue qu’ils avaient reçue, mais furent également irrités contre l’ambassade très insolente et hautaine qui leur était récemment venue de l’ennemi. Comme s’ils étaient déjà victorieux et ayant le pouvoir de prendre Rome sans aucune difficulté si les Romains refusaient de faire ce qu’ils commandaient, ils leurs ordonnèrent d’accéder au retour des Tarquins, de céder la suprématie de la région aux Sabins, et d’établir une telle forme de gouvernement et de telles lois que les conquérants devraient prescrire. Répondant aux ambassadeurs, ils leurs offrirent de rapporter à leur conseil général que les Romains commandaient aux Sabins de déposer leurs armes, de leurs livrer leurs villes, et d’être leurs sujets une fois de plus comme ils l’avaient été auparavant ; et après qu’ils se soient conformés à ces demandes, alors de venir et de passer en jugement pour les blessures et les dommages qu’ils les avaient faits lors leurs précédentes incursions, s’ils désiraient obtenir la paix et l’amitié : et au cas où ils refusaient d’obéir à ces ordres, ils pourraient s’attendre à voir la guerre venir chez eux dans leurs villes. De telles demandes ayant été données et reçues, les deux côtés s’équipèrent de tout le nécessaire pour la guerre et menèrent leurs forces hors des murs. Les Sabins menèrent l’élite de leur jeunesse hors de chaque ville armée avec des armes splendides ; et les Romains sortirent toutes leurs forces non seulement de la ville mais également des forteresses, considérant que ceux qui sont au-dessus de l’âge militaire et la multitude de domestiques comme étant une garde suffisante pour la ville et les forteresses dans la région. Et les deux armées, s’approchant l’une de l’autre, placèrent leurs camps à une petite distance de part et d’autre de la ville d’Eretum, qui appartient à la nation Sabine.

46. Quand chacun observa les conditions de l’ennemi, qu’ils jugèrent par la taille des camps et les informations fournies par des prisonniers, les Sabins devinrent confiants et eurent du mépris pour le peu d’ennemis, alors que les Romains étaient saisis par la peur en raison de la multitude de leurs adversaires. Mais ils reprirent courage et entretinrent un petit espoir de victoire car divers présages leurs furent envoyés par les Dieux, et en particulier d’un dernier présage que tous virent quand ils se rangèrent pour la bataille. Ils se déployèrent comme suit : des javelots furent plantés dans la terre près de leurs tentes (ces javelots sont des armes romaines qu’ils lancent et ayant une des pointes en fer, de pas moins de trois pieds de longueur, se projetant parfaitement droit depuis une pointe, et avec le fer ils sont aussi longs que des lances de longueur modérée) — des flammes apparurent autour des pointes en fer de ces javelots, et la lueur s’étendit à travers le camp entier comme un incendie, et dura une grande partie de la nuit. Ils conclurent de ce présage, comme les interprètes des prodiges les en informèrent et comme il n’était pas difficile pour n’importe qui de conjecturer, que les Cieux leurs présageaient une victoire prompte et brillante ; car, comme nous le savons, tout se rapporte au feu et il n’est rien qui ne puisse être consommé. Et puisque ce feu fut issu d’armes défensives, ils sortirent avec une grande hardiesse de leur camp, et engageant les Sabins, combattirent, peu nombreux, contre des ennemis bien des fois supérieurs, plaçant leur confiance dans leur propre bravoure. En outre, leur longue expérience jointe à leur volonté de subir la peine les encouragea à dédaigner chaque danger. D’abord, Postumius, qui commandait l’aile gauche, désirant faire oublier sa précédente défaite, repoussa la droite de l’ennemi, ne pensant nullement à sa propre vie mais uniquement à la victoire ; mais, comme ceux qui sont fous et vont au devant de la mort, il se jeta au milieu de ses ennemis. Puis ceux qui étaient avec Menenius sur l’autre aile, bien qu’ils furent déjà en détresse et étaient forcés de céder du terrain, quand ils constatèrent que les forces de Postumius étaient victorieuses de ceux qui leurs étaient opposés, reprirent courage et avancèrent contre l’ennemi. Et maintenant, alors que leurs deux ailes cédaient, les Sabins furent totalement mis en déroute. Ceux qui étaient postés au centre de la ligne, une fois que leurs flancs furent volatilisés, tinrent le terrain quelques temps, mais étant fortement pressés par la cavalerie romaine qui les chargeaient en troupes séparées, ils prirent la fuite. Et quand ils se sauvèrent tous vers leurs retranchements, les Romains les poursuivirent, et entrant avec eux, capturèrent les deux camps. Tout ce qui sauva l’armée de l’ennemi d’être totalement détruite fut que la nuit avançait et que leur défaite se produisit sur leur propre terre. Ceux qui se sauvèrent revinrent plus facilement chez eux sans risque en raison de leur connaissance de la région.

47. Le jour suivant, les consuls, après la crémation de leurs propres morts, se réunirent sur la colline (là même où furent trouvés quelques armes appartenant aux fuyards, qu’ils avaient lâchée dans leur fuite) et emmenèrent au loin les captifs, qu’ils avaient pris en nombres considérables, et le butin, en plus des pillages effectués et pris par les soldats. Ce butin ayant été vendu en enchère publique, tous les citoyens en reçurent en retour de la quantité de contribution qu’ils avaient solidairement faits pour l’équipement de l’expédition. Ainsi les consuls, ayant gagné une victoire des plus glorieuses, retournèrent chez eux. Ils furent tous deux honorés du triomphe par le sénat, Menenius de la sorte la plus grande et la plus honorable, entrant en ville dans un char royal, et Postumius avec un triomphe moindre et inférieur qu’ils appellent des ouastês ou « ovation » pervertissant le nom, qui est grec, en une forme inintelligible. Il était à l’origine appelé les euastês, de ce qui avait lieu réellement, selon tant ma propre conjecture et tant ce que je trouve indiqué dans nombre d’histoires indigènes, le sénat, comme Licinius le relate, ayant d’abord présenté cette sorte de triomphe. Il diffère de l’autre, tout d’abord, en cela, que le général qui triomphe de la façon appelée l’ovation entre dans la ville à pied, suivi de l’armée, et non dans un char comme l’autre ; et, ensuite, parce qu’il ne met pas la robe brodée décorée d’or, avec laquelle l’autre est orné, ni il n’a la couronne d’or, mais il est habillé d’une toge blanche encadrée de pourpre, la robe indigène des consuls et des préteurs, et porte une couronne de laurier ; il est également inférieur à l’autre en ne tenant pas de sceptre, mais tout le reste est identique. La raison pour laquelle cet honneur inférieur fut décrété à Postumius, bien qu’il se distingua davantage que n’importe quel homme dans le dernier combat, était la défaite grave et honteuse qu’il avait subi plus tôt, dans la sortie qu’il a faite contre l’ennemi, dans laquelle il a non seulement perdu nombre de ses hommes, mais aussi car il l’échappa belle étant prisonnier lui-même ainsi que les troupes qui avaient survécu à cette déroute.

48. Sous le consulat de ces hommes, Publius Valerius, surnommé Publicola, tomba malade et mourut ; un homme jugé supérieur à tout les Romains de son temps dans chaque vertu. Je n’ai pas besoin de relater toutes les réalisations de cet homme qui méritent d’être admirées et rappelées, parce que la plupart d’entre elles furent déjà relatées au début de ce Livre ; mais je pense que je ne devrais pas omettre un fait qui mérite le plus l’admiration de tout ce qui peut être dit dans son éloge et ne fut pas encore mentionné. Je considère que le plus grand devoir de l’historien est non seulement d’exposer les accomplissements militaires des illustres généraux et de toutes les mesures excellentes et salutaires qu’ils conçurent et mirent en pratique au profit de leurs États, mais aussi de relater leurs vies privées, s’ils vécurent avec modération et sang-froid et en adéquation stricte par rapport traditions de leur pays. Cet homme, bien qu’il fut l’un des quatre premiers patriciens qui expulsèrent les rois et confisquèrent leurs fortunes, bien qu’il fut investi quatre fois de la puissance consulaire, qu’il fut victorieux dans deux guerres avec les meilleurs conséquences, et qu’il célébra le triomphe pour les deux — la première fois pour sa victoire sur la nation Tyrrhénienne et la deuxième fois pour celle sur les Sabins — et bien qu’il eut de telles occasions pour accumuler des richesses, que personne ne pourrait calomnier comme honteux et faux, il ne fut pas vaincu par l’avarice, le vice qui asservit tous les hommes et les force à agir bassement ; mais il continua à vivre sur le petit domaine qu’il avait hérité de ses ancêtres, menant une vie supérieure de sang-froid et de sobriété pour chaque désir, et avec ses petits moyens il éleva ses enfants d’une manière digne de leur naissance, rendant évident pour tous les hommes qu’il est riche, non pas qu’il possède nombre de biens, mais qu’il n’a besoin que de peu. Une preuve sûre et incontestable de la sobriété qu’il avait montrée pendant sa vie entière était la pauvreté qui fut révélée après sa mort. Dans son domaine entier, il ne laissa pas assez pour pourvoir aux besoins de ses funérailles et de son enterrement pour ce qui est nécessaire à l’homme qu’il est devenu par sa dignité, mais ses amis prévoyaient de porter son corps hors de la ville d’une façon pitoyable, et comme on faisait pour un homme ordinaire, de le brûler et de l’enterrer. Le sénat, cependant, apprenant à quel point il était appauvri, décréta que les dépenses de son enterrement devraient être effectués par le trésor public, et désigna un lieu dans la ville près du Forum, au pied de la Velia, où son corps fut brûlé et enterré, un honneur qu’on fit à lui seul de tous hommes illustres jusqu’à mon époque. Ce lieu est, comme il le fut, sacré et dédicacé à sa postérité comme un lieu d’enterrement, un plus grand privilège que la moindre richesse ou redevance, si on en mesure le bonheur, non par des plaisirs honteux, mais par l’étalon de l’honneur. Ainsi Valerius Publicola, qui avait visé à l’acquisition de rien de plus que ce qui est nécessaire pour s’approvisionner, fut honoré par son pays d’un enterrement splendide, comme un des rois les plus riches. Et toutes les matrones romaines d’un assentiment, portèrent le deuil pour lui pendant toute une année, comme elles l’avaient fait pour Junius Brutus, en laissant de côté leur or et le pourpre ; ainsi est la coutume pour elles de porter le deuil après les rites funéraires de leurs relations proches.

Consulat de Spurius Cassius Vecellinus et Opiter Verginius Tricostus (502) [V, 49][modifier | modifier le code]

49. L’année suivante, Spurius Cassius, surnommé Vecellinus, et Opiter Verginius Tricostus furent nommés consuls. Sous leur consulat, la guerre contre les Sabins fut terminée par l’un d’entre eux, Spurius, après une dure bataille ayant eue lieu près de la ville de Cures ; dans cette bataille, les Sabins furent tués et faits prisonniers. Accablé par ce malheur final, les Sabins envoyèrent des ambassadeurs au consul pour traiter de la paix. Puis, étant envoyé au sénat par Cassius, ils vinrent à Rome, et après nombre de supplications, obtinrent avec difficulté une réconciliation et un arrêt de la guerre en donnant, non seulement autant de grain à l’armée que Cassius commanderait, mais également une certaine somme d’argent par homme et dix mille arpents de terre en culture. Spurius Cassius célébra un triomphe pour sa victoire dans cette guerre ; mais l’autre consul, Verginius, mena une expédition contre la ville de Cameria, qui s’était retiré de l’alliance avec les Romains pendant cette guerre. Il prit la moitié de l’autre armée avec lui, ne disant à personne qu’il était en marche, et couvrit la distance pendant la nuit, pour qu’il puisse tomber sur les habitants alors qu’ils étaient non préparés et surpris de son approche ; et ainsi il tomba sur eux. Il était déjà près de leurs murs, sans avoir été découvert par quiconque, juste au moment où le jour se levait ; et avant d’établir le camp, il monta des béliers et des échelles, et utilisa chaque dispositif employé dans les sièges. Les Cameriniens furent stupéfiés de son arrivée soudaine et certains d’entre eux pensèrent qu’ils devaient ouvrir les portes et recevoir le consul, alors que d’autres exigeaient de se défendre avec toute leur puissance et de ne pas permettre à l’ennemi d’entrer dans la ville ; et tandis que cette confusions et ces dissensions régnaient, le consul, ayant défoncé les portes et escaladé les parties les plus inférieures des remparts au moyen d’échelles, prit la ville par l’assaut. Ce jour et la nuit suivante, il permit à ses hommes de piller la ville ; mais le jour suivant il commanda aux prisonniers d’être rassemblés sur une place, et faisant mettre à mort tous les auteurs de la révolte, il vendit le reste du peuple et rasa la ville.

Consulat de Titus Larcius Flavius I et Postumius Cominius Auruncus (501) [V, 50-51][modifier | modifier le code]

50. Dans la soixante-dixième olympiade (celle durant laquelle Niceas d’Opus de Locris gagna la course à pied), Smyrus étant l’archonte d’Athènes, Postumus Cominius et Titus Larcius devinrent consuls. Sous leur mandat, les villes des Latins se retirèrent de l’amitié avec les Romains, Octavius Mamilius, gendre de Tarquin, ayant persuadé les hommes les plus important de chaque ville, en partie par des promesses de présents et en partie par des prières, d’aider les exilés à rentrer. Et une Assemblée générale de toutes les villes qui avaient l’habitude de se réunir fut tenue à Ferentinum, excepté Rome (c’était la seule ville qu’ils n’avaient pas avertis comme d’habitude pour qu’elle soit présente), à laquelle les villes donnèrent leurs votes concernant la guerre, choisirent des généraux, et firent d’autres préparatifs. Il arriva à ce moment Marcus Valerius, un homme de rang consulaire, qui avait été envoyé comme ambassadeur par les Romains aux villes voisines pour leurs demander de ne pas entreprendre la moindre révolte ; certains de leurs peuples envoyés par les hommes au pouvoir pillaient les champs voisins et faisaient de grands dommages aux fermiers romains. Cet homme, lorsque qu’il apprit que l’Assemblée générale des villes était tenue de telle manière que toute pourrait donner leurs voix au sujet de la guerre, vint à l’assemblée ; et demandant aux présidents de parler, il dit qu’il avait été envoyé comme ambassadeur par la République aux villes qui envoyaient les bandes de voleurs, pour leurs demander qu’ils cherchent les hommes qui étaient coupables de ces maux et de les remettre pour qu’ils soient punis selon les dispositions qu’ils avaient fixé dans le traité quand ils avaient ratifiés leur ligue d’amitié, et pour exiger également qu’ils prennent soin à l’avenir qu’aucune nouvelle offense ne soit effectuée pour troubler leur amitié et parenté. Mais, observant que toutes les villes s’étaient réunies afin de déclarer la guerre contre les Romains — un but qu’il identifia, non seulement grâce à nombre d’autres évidences, mais en particulier parce que les Romains étaient les seules personnes qui n’avaient pas été prévenus pour être présents à l’assemblée, bien qu’on stipulait dans le traité que toutes villes de la Ligue Latine devaient être représentées aux Assemblées générales une fois convoquées par les présidents — il dit qu’il se demandait quelle provocation ou quelle cause de grief contre la République avait fait omettre les députés de convoquer Rome parmi les villes qu’ils avaient invitées à l’assemblée, alors qu’elle doit être la première de toutes à être représentée et la première à donner son avis, puisqu’elle tient la direction de la nation, qu’elle leur avait reçue avec leurs propres consentements en échange pour nombre de grands avantages qu’elle leurs avait conféré.

51. Suivant ce dernier, les Aricians, ayant demandés le droit de parler, accusèrent les Romains de leurs avoir, bien que parents, apportés la guerre Tyrrhénienne qui causa des dommages dans toutes les villes latines, aussi loin que s’étendent leur puissance, d’être ainsi privés de leurs libertés par les Tyrrhéniens. Et le Roi Tarquin, renouvelant le traité d’amitié et d’alliance qu’il avait fait avec le conseil général de leurs villes, demanda à ces villes d’accomplir leurs serments et de l’aider à retrouver la souveraineté. Les exilés de Fidènes et Cameria aussi, les premiers déplorant la prise de leur ville et leurs propres exils, et les suivants l’asservissement de leurs compatriotes et la destruction de leur ville, les exhortèrent de déclarer la guerre. Dernier de tous, le gendre de Tarquin, Mamilius, l’homme le plus puissant à ce moment-là parmi les Latins, se leva et maudit les Romains dans un long discours. Et, Valerius répondant à toutes ses accusations et semblant avoir l’avantage dans la justice de sa cause, les députés passèrent ce jour en écoutant les accusations et les défenses sans tirer la moindre conclusion de leurs discussions. Mais le jour suivant, les présidents n’admettèrent plus les ambassadeurs romains à l’assemblée, mais donnèrent une audition à Tarquin, à Mamilius, à l’Arician, et à tous les autres qui souhaitèrent faire des accusations contre les Romains ; et après leurs auditions, ils votèrent que le traité avait été dissous par les Romains, et donnèrent cette réponse à l’ambassade de Valerius : puisque les Romains ont par leurs actes d’injustice dissous les liens de parenté avec les cités latines, elles considèrent à loisir la manière par laquelle elles doivent les châtier.

Tandis que cette assemblée se poursuivait, une conspiration fut formée contre l’état ; nombre d’esclaves acceptèrent de s’emparer ensemble des hauteurs et de mettre le feu à la ville en nombre d’endroits. Mais, l’information étant donnée par leurs complices, les portes furent immédiatement fermées par les consuls et toutes les places fortes de la ville furent occupés par les chevaliers. Et immédiatement tout ceux que les informateurs déclarèrent qu’ils étaient concernés par la conspiration furent saisis dans leurs maisons ou ramenés du pays, et ayant été châtiés et torturés, ils furent tous crucifiés. Voilà les événements de ce consulat.

Consulat de Manius Tullius Longus et Servius Sulpicius Camerinus (500) [V, 52-57][modifier | modifier le code]

52. Servius Sulpicius Camerinus et Manius Tullius Longus furent élus au consulat ; certains Fidénates, ayant fait venir des soldats des Tarquins, prirent possession de la citadelle de Fidènes, et mirent à mort certains de ceux qui n’avaient pas les mêmes idées qu’eux et en bannirent d’autres, poussèrent encore la ville à la révolte contre les Romains. Et quand une ambassade romaine arriva, ils étaient prêts à traiter ces hommes comme des ennemis, mais les aînés les empêchèrent d’agir ainsi, ils les éconduirent hors de la ville, refusant de les écouter. Le sénat romain, étant informé de ceci, ne désirait cependant pas faire la guerre contre toute la nation des Latins, parce qu’ils comprirent que tous n’avaient pas approuvés les résolutions prises par les députés dans l’assemblée, mais que les gens ordinaires de chaque ville refusaient la guerre, et que le nombre de ceux qui exigeaient que le traité devait demeurer en vigueur dépassait le nombre de ceux qui déclaraient qu’il avait été dissous. Mais ils votèrent pour envoyer un des consuls, Manius Tullius, contre les Fidénates avec une grande armée ; et lui, ayant dévasté entièrement leur pays sans opposition, comme personne ne le défendit, établit le camp près des murs et plaça des gardes pour empêcher les habitants de recevoir des provisions, des armes, ou toute autre aide. Les Fidénates, étant ainsi enfermés dans leurs murs, envoyèrent des ambassadeurs aux villes des Latins pour demander une aide prompte ; sur ce, les présidents des Latins, tenant une d’assemblée d’état des affaires des villes, et donnant encore le droit aux Tarquins et aux ambassadeurs des assiégés de parler, invitèrent les députés, commençant par le plus vieux et le plus distingué, à donner leurs avis concernant la meilleure manière de faire la guerre aux Romains. Et beaucoup de discours ayant été effectués, d’abord, concernant la guerre elle-même, les plus turbulents des députés étaient pour restituer le roi au pouvoir et conseilla d’aider les Fidénates, étant désireux de monter en grade dans le commandement des armées et de s’engager dans de grandes entreprises ; et c’était le cas en particulier de ceux qui aspiraient à la domination et à la puissance despotique dans leurs propres villes, en espérant profiter de l’aide attendue des Tarquins quand ceux-ci auront récupérés la souveraineté sur les Romains. D’autre part, les hommes les plus distingués et étant les plus raisonnables maintinrent que les villes devaient adhérer au traité et ne pas se hâter de prendre les armes ; et c’étaient les plus influents parmi les gens ordinaires. Ceux qui encouragèrent la guerre, étant ainsi défaits par les conseillers de la paix, persuadèrent au moins l’assemblée de faire beaucoup — d’envoyer des ambassadeurs à Rome pour inviter et en même temps conseiller la République de recevoir les Tarquins et les autres exilés en accordant l’impunité et l’amnistie générale, et ayant fait un engagement au sujet de ces affaires, de restaurer leur traditionnelle forme de gouvernement et de retirer leur armée de Fidènes, puisque les Latins ne permettraient pas leurs parents et amis d’être dépouiller de leur pays ; et au cas où les Romains ne consentiraient pas à faire l’une ou l’autre de ces demandes, elles délibéreraient alors au sujet de la guerre. Ils n’ignoraient pas que les Romains ne consentiraient ni à l’une ni l’autre de ces demandes, mais ils désiraient avoir un prétexte trompeur pour leur hostilité, et, en attendant, ils comptaient convaincre leurs adversaires en les sollicitant et en leurs faisant des faveurs. Les députés, ayant passés ce vote et laissés un an aux Romains pour délibérer et pour qu’ils puissent eux-mêmes faire leurs préparatifs de guerre, et ayant nommés les ambassadeurs que Tarquin souhaitait, l’assemblée prit fin.

53. Quand les Latins se dispersèrent dans plusieurs de leurs villes, Mamilius et Tarquin, observant que l’enthousiasme de la majeure partie du peuple diminuait, commencèrent à abandonner leurs espoirs d’aide étrangère puisque cela était loin d’être certains, et changeant d’avis, ils préparèrent des plans pour exciter à Rome même une guerre civile, contre laquelle leurs ennemis ne seraient pas sur leur garde, en fomentant une sédition des pauvres contre les riches. Déjà la plupart des gens ordinaires étaient inquiets et mécontents, particulièrement les pauvres, et ceux qui étaient contraints par leurs dettes de ne pas avoir les meilleurs intérêts de la République au coeur. Les créanciers ne montraient aucune modération dans l’utilisation de leur pouvoir, mais contraignaient leurs débiteurs à la prison, les traitant comme des esclaves qu’ils auraient achetés. Tarquin, entendant parler de cela, envoya quelques personnes exempts de soupçons à Rome avec de l’argent, en compagnie des ambassadeurs des Latins ; ces hommes, engageant la conversation avec les nécessiteux et avec ceux qui étaient les plus audacieux, et leur donnant une certaine somme d’argent et promettant plus si Tarquin revenait, corrompait un grand nombre de citoyens. Et ainsi une conspiration fut formée contre l’aristocratie, non seulement par les nécessiteux libres, mais également par les esclaves peu scrupuleux qui furent séduits par des espoirs de liberté. Ceux-ci, en raison de la punition de leurs camarades esclaves l’an passé, étaient hostiles envers leurs maîtres et avaient envies de comploter contre eux, puisqu’ils se méfiaient d’eux et étaient eux-mêmes suspectés d’être également prêts à les attaquer à un moment donné si l’occasion se présentait ; et donc ils écoutèrent volontiers ceux qui les sollicitaient de faire la rébellion. Le plan de leur conspiration était comme suit : Les chefs de l’opération devaient attendre une nuit sans lune et puis s’emparer des hauteurs et des autres places fortes de la ville ; et les esclaves, quand ils percevraient que les autres étaient en possession de ces places avantageuses (qui devaient se faire connaître d’eux par un cri), devaient tuer leurs maîtres tandis qu’ils dormaient, et ayant fait cela, de piller les maisons des riches et d’ouvrir les portes aux tyrans.

54. Mais la providence divine, qui persévéra à chaque occasion dans cette ville et qui continue de la surveiller jusqu’à ma propre époque, mit leurs plans en évidence ; l’information fut donnée à Sulpicius, un des consuls, par deux frères, Publius et Marcus Tarquinius de Laurentum, qui étaient parmi les têtes de la conspiration, et qui furent forcés par la contrainte des Cieux de les révéler. Des visions épouvantables hantant leurs rêves chaque fois qu’ils dormaient, les menaçant de punitions extrêmes s’ils ne renonçaient pas et n’abandonnaient pas leur tentative ; et enfin ils pensèrent qu’ils étaient poursuivis et battus par quelques démons, que leurs yeux étaient crevés, et qu’ils souffraient de nombre d’autres supplices cruels. En conséquence, ils se réveillaient avec peur et frémissement, et ils ne pouvaient plus même dormir en raison de ces terreurs. Au début ils essayèrent, au moyen de certains sacrifices appropriés et expiatoires, d’écarter la colère des démons qui les hantaient ; mais n’accomplissant rien, ils eurent recours à la divination, gardant secret le but de leur entreprise et demandant seulement à savoir s’il était cependant l’heure d’exécuter leur plan ou non ; et quand le devin répondit qu’ils voyageaient sur une route mauvaise et mortelle, et que s’ils ne changeaient pas leurs plans, ils périraient de la façon la plus honteuse ; de peur que d’autres les précéderaient en révélant le secret, ils fournirent eux-mêmes l’information de la conspiration au consul qui était alors à Rome. Celui-ci, leurs ayant recommandés et promis de grandes récompenses s’ils faisaient leurs actions conformément à leurs dires, les garda dans sa maison sans le dire à personne ; et introduisant au sénat les ambassadeurs des Latins, qu’il avait jusqu’ici continué à reporter, retardant sa réponse, il leur donna maintenant la réponse que les sénateurs avaient décidée. "Amis et parents," dit-il, "retournent et rapportent à la nation latine que le peuple romain n’a pas en premier lieu consenti à la demande des Tarquiniens de restaurer les tyrans ou par la suite cédé aux Tyrrhéniens, menés par le Roi Porsenna, quand ils intercédèrent au nom de ces mêmes exilés et amenèrent à la République la plus grave de toutes les guerres, mais préférèrent voir leurs terres ravagées, leurs fermes incendiées, et eux-mêmes enfermés dans leurs murs pour la liberté, et ne voulant pas agir autrement au commandement d’un autre. Et ils vous demandent, Latins, de bien vous rendre compte des ces faits ; vous êtes néanmoins venus avec des ordres pour qu’ils restaurent les tyrans et qu’ils soulèvent le siège de Fidènes, et, s’ils refusent de vous obéir, vous les menacez de guerre. Cessez, alors, d’avancer ces excuses stupides et improbables de l’inimité ; et si pour ces raisons vous êtes déterminés à dissoudre vos liens de parenté, et à déclarer la guerre, ne la reportez plus."

55. Ayant donné cette réponse aux ambassadeurs et ordonnant qu’on les conduise hors de la ville, il dit alors au Sénat tout ce qui concernait la conspiration secrète et ce qu’il avait appris des informateurs. Et recevant du Sénat la pleine autorité de chercher les membres de la conspiration et de punir ceux qui seraient découverts, il ne suivit pas une conduite arbitraire et tyrannique que n’importe qui aurait pu suivre avec une même nécessité autrement, mais recourut à une conduite raisonnable et sûre qui était conforme à la forme de gouvernement établi. Ainsi il était peu disposé, en premier lieu, à ce que des citoyens soient saisis dans leurs propres maisons et tirés de là jusqu’à la mort, déchirés par les étreintes de leurs épouses, enfants et parents ; mais il prit en considération la compassion que les relations des divers coupables sentiraient à être violemment saisis loin de ceux qui étaient les plus proches d’eux ; et il craignit également qu’une partie des coupables, s’ils étaient conduits au désespoir, se précipitent à recourir aux armes, et ceux qui étaient forcés de se tourner vers des méthodes illégales pourraient s’engager dans un carnage civil. Non plus, encore, il pensa qu’il devait nommer des tribunaux pour les juger, puisqu’il savait qu’ils nieraient tous d’être coupables et qu’aucune preuve certaine et incontestable, sans compter l’information qu’il avait juste reçue, pourrait être présentées aux juges auxquels elles donneraient du crédit et condamneraient les citoyens à mort. Mais il conçut une nouvelle méthode pour déjouer ceux qui incitaient à la sédition, une méthode par laquelle, en premier lieu, les chefs de la conspiration eux-mêmes, sans la moindre contrainte, se rassembleraient en un lieu, et puis seraient condamnés par des preuves incontestables, de sorte qu’ils soient laissées sans la moindre défense quelle qu’elle soit ; en outre, comme ils ne se seraient pas alors rassemblés dans un endroit non fréquenté ni condamnés devant seulement quelques témoins, mais que leur culpabilité serait rendu manifeste dans le Forum aux yeux de tous, ils subiraient la punition qu’ils méritaient, et il n’y aurait aucun trouble dans la ville ni insurrection de la part d’autres, comme cela se produit souvent quand les séditieux sont punis, en particulier dans des périodes dangereuses.

56. Un autre historien, maintenant, pourrait penser énoncer simplement l’essentiel de cette affaire, à savoir que le consul appréhenda ceux qui avaient participés à la conspiration et les mena à la mort, comme si les faits avaient besoin d’une petite explication. Mais, puisque j’ai aussi considéré la manière de leur arrestation comme étant digne de l’histoire, j’ai décidé de ne pas l’omettre, considérant que les lecteurs des histoires ne souhaitent pas seulement connaître les résultats nus des événements, mais que chacun exige que les causes des événements soient également relatés, aussi bien que les chemins par lesquelles les choses furent faites, les motifs de ceux qui les ont faites, les exemples de l’intervention divine, et qu’ils ne soient pas laissés ignorants de la moindre circonstance qui accompagne naturellement ces événements. Et pour des hommes d’État, je perçois que la connaissance de ces choses est absolument nécessaire, afin qu’ils aient des précédents de leur utilisation dans les diverses situations qui surviennent. Maintenant la manière d’appréhender les conspirateurs conçue par le consul fut celle-ci : parmi les sénateurs il choisit ceux qui étaient dans la vigueur de l’âge et commanda que, dès que le signal serait donné, eux, ainsi que leurs amis et relations de confiance, devraient s’emparer des places fortes de la ville où chacun d’eux devrait y demeurer ; et aux chevaliers, il leurs ordonna d’attendre, équipés de leurs épées, dans les maisons les plus commodes autour du Forum, et de faire ce qu’il leurs commanderait. Et afin que, lorsqu’il appréhenderait les citoyens, ni leurs relations ni l’un des autres citoyens ne devaient engendrer une émeute, et qu’il ne devrait pas y avoir de carnage civil en raison de cette agitation, il envoya une lettre au consul qui avait été nommé à la conduite du siège de Fidènes, lui commandant de venir à la ville au début de la nuit avec l’élite de son armée et d’établir le camp sur une hauteur près des murs.

57. Ayant fait ces préparations, il ordonna à ceux qui avaient fournis l’information du complot d’envoyer le mot aux têtes de la conspiration de venir au Forum autour de minuit emmenant avec eux leurs amis de confiance, de leur apprendre le lieu désigné et de poster et le mot d’ordre et ce que chacun d’eux devrait faire. Ceci fut fait. Et quand tous les chefs parmi les conspirateurs s’étaient réunis au Forum, des signaux, non perçus d’eux, furent donnés, et immédiatement les hauteurs se remplirent d’hommes qui prirent les armes pour la défense de l’état et toutes les parties autour du Forum furent sous la garde des chevaliers, pas une seule sortie restait pour qui voudrait quitter le Forum. Et au même moment, Manius, l’autre consul, ayant levé le camp à Fidènes, arriva dans les champs avec son armée. Dès que le jour apparut, les consuls, entourés par des hommes armés, avancèrent au tribunal et ordonnèrent aux hérauts de passer par toutes les rues pour appeler le peuple à une assemblée ; et quand la population entière de la ville s’assembla ça et là, ils les mirent au courant de la conspiration formée pour restaurer le tyran, et firent témoigner les informateurs. Ensuite ils donnèrent aux accusés une occasion de faire leur défense si l’un d’entre eux avait la moindre objection à offrir pour l’information. Alors qu’aucun n’essaya de recourir au démenti, ils se retirèrent du Forum à la Curie pour demander l’opinion des sénateurs à leurs sujets ; et cela ayant entraîné que leur décision devait être écrite, ils revinrent à l’assemblée et lurent le décret, qui était comme suit : "Aux Tarquins qui avaient donnés l’information de la tentative, on doit leurs accorder la citoyenneté et dix milles drachmes d’argent à chacun ainsi que vingt arpents des terres publiques ; et les conspirateurs doivent être saisis et mis à la mort, si le peuple y consent." La foule rassemblée ayant confirmée le décret du sénat, les consuls ordonnèrent à tous ceux qui étaient venus pour l’assemblée de se retirer du Forum ; alors ils rassemblèrent les licteurs, qui étaient équipés de leurs épées, et ceux-ci, entourant les hommes coupables dans l’endroit où ils furent cernés, les mirent tous à mort. Après que les consuls ont ordonnés que ces hommes soient exécutés, ils ne reçurent pas plus d’informations contre ceux qui avaient participés au complot, mais les acquittèrent des charges qui pesaient sur chacun de ceux qui avait échappé à la punition sommaire, afin que toute cause de troubles puissent être supprimée de la ville. Dans une telle vogue, il y avait ceux qui avaient formé la conspiration mise à mort. Le sénat ordonna alors à tous les citoyens de se purifier parce qu’il avait été nécessaire qu’ils donnent leurs votes concernant le versement de sang des citoyens, car cela n’était pas légal pour eux d’être présents aux rites sacrés et de prendre part aux sacrifices tant qu’ils n’auront pas expiés la pollution et la calamité par des purifications usuelles. Après que tout ce qui est requis par loi divine ait été exécuté par les interprètes des affaires religieuses selon la coutume du pays, le sénat vota pour offrir des sacrifices de grâce et célébrer des jeux, et déclarer trois jours comme sacrés dans ce but. Et quand Manius Tullius, un des consuls, tomba du char sacré dans le Cirque lui-même pendant la procession des jeux sacrés appelée ensuite du nom de la ville, et mourut trois jours après, Sulpicius continua seul dans la magistrature pendant le temps restant, qui n’était pas long.

Consulat de Titus Aebutius Helva et Publius Veturius Geminus (499) [V, 58][modifier | modifier le code]

58. Publius Veturius Geminus et Publius Aebutius Helva furent nommés consuls l’année suivante. Durant celle-ci, Aebutius prit en charge les affaires civiles, qui semblaient n’exiger aucune petite attention, de peur d’un nouveau soulèvement certain des pauvres. Et Veturius, marchant hors des murs avec la moitié de l’armée, dévasta les terres des Fidénates sans opposition, et se posant devant la ville, lança des attaques sans cesser ; mais ne pouvant pas prendre les murailles par un siège, il fit entourer la ville avec des palissades et un fossé, entendant réduire les habitants par la famine. Les Fidénates étaient déjà dans une grande détresse quand l’assistance des Latins arriva, envoyée par Sextus Tarquin, ainsi que du grain, des armes et d’autres approvisionnements pour la guerre. Encouragé par cela, ils devinrent assez audacieux pour sortir de la ville non pas avec une armée de petite taille, et campèrent dans les portes. La ligne de contrevallation ne pouvait maintenant être utilisée avantageusement par les Romains, mais une bataille semblait nécessaire ; et un enclenchement eut lieu près de la ville, le résultat resta un certain temps indécis. Puis, forcé de reculer par la résistance acharnée du Romains, dans laquelle ils excellent en raison de leur longue formation, les Fidénates, bien que plus nombreux, furent mis en fuite par l’armée en sous nombre. Ils n’ont pas subi de grandes pertes cependant, puisque leur retraite dans la ville était d’une courte distance et les hommes qui étaient sur les murs repoussèrent les poursuivants. Après cette action les troupes auxiliaires se dispersèrent et revinrent chez eux, sans avoir rendu service au moindre habitant ; et la ville se trouva une fois de plus dans la même détresse et étant désavantagé par le manque de provisions. Au même moment, Sextus Tarquin marcha avec une armée des Latins à Signia, puis à l’intérieur du territoire des Romains, dans l’espoir de prendre le lieu par l’assaut. Quand la garnison fit une brave résistance, il se prépara de les forcer par la famine de quitter les lieux, et il resta là un temps considérable sans accomplir le moindre fait intéressant à mentionner ; mais étant également contrarié par cet essai, quand les provisions et l’assistance des consuls atteignirent la garnison, il abandonna le siège et partit avec son armée.

Consulat de Titus Larcius Flavius II et Quintus Cloelius Siculus (498) [V, 59-72][modifier | modifier le code]

59. L’année suivante, les Romains élirent Titus Larcius Flavus et Quintus Cloelius Siculus consuls. De ces derniers, Cloelius fut nommé par le Sénat pour conduire l’administration civile et, avec la moitié de l’armée, de se méfier de quiconque pourrait être incliné à la sédition ; pour cela, il fut considéré comme impartial et démocratique. Larcius, pour sa part, eut la guerre contre les Fidénates, avec une armée bien équipée, et ayant obtenu tout ce qui est nécessaire pour un siège. Et pour les Fidénates, qui étaient dans une extrême pénurie due à la longueur de la guerre et qui voulaient tout ce qui est nécessaire à la vie, il prouva une douloureuse affliction en minant les bases des murailles, en soulevant des monticules, en amenant ses engins de guerre, et en continuant les attaques nuit et jour, dans l’espoir de prendre la ville en peu de temps par assaut. Ni dans les villes latines, sur lesquelles seules les Fidénates avaient comptés en entreprenant la guerre, capables en peu de temps de les sauver ; ni une de leurs villes avait la force suffisante par elle-même pour soulever le siège, et jusqu’ici aucune armée n’avait été mobilisée conjointement par toute la nation. Mais aux ambassadeurs qui vinrent fréquemment à Fidènes, les chefs des diverses villes continuèrent à donner la même réponse, cette aide viendrait bientôt à eux ; aucune action, cependant, ne suivit coïncidant aux promesses, mais les espoirs d’aide qu’ils donnaient n’allaient pas plus loin que des paroles. Malgré cela, les Fidénates n’étaient pas tout à fait désespérés de l’assistance des Latins, mais se soutenaient eux-mêmes avec persévérance dans toutes leurs redoutables expériences par leur confiance en ces espoirs. Surtout qu’autrement, ils ne pourraient faire face à la famine et celle-ci causa la mort de nombreux habitants. Quand enfin ils cédèrent à leurs calamités, ils envoyèrent des ambassadeurs au consul pour demander une trêve pour un nombre défini de jours, afin de délibérer, durant ce temps, au sujet des conditions sur lesquelles ils devraient entamer une ligue d’amitié avec les Romains. Mais ce temps ne fut pas utilisé par eux pour délibérer, mais pour se procurer des renforts, comme cela fut indiqué par certains des déserteurs qui étaient récemment venus aux Romains. La précédente nuit, ils envoyèrent les plus importants de leurs citoyens, ayant la plus grande influence dans les villes des Latins, à leur conseil général pour soutenir la cause des suppliants.

60. Larcius, se rendant compte de cela à l’avance, ordonna à ceux qui demandaient une trêve de déposer leurs armes et d’ouvrir leurs portes d’abord, et puis de traiter avec lui. Autrement, il leur dit qu’ils n’obtiendraient ni la paix ni une trêve ni le moindre autre traitement humanitaire ou modéré de Rome. En postant des gardes plus assidus le long de toutes les routes menant à la ville, il fit également attention que les ambassadeurs envoyés à la nation latine ne pourraient pas revenir à l’intérieur des murs. Par conséquence les assiégés, désespérant de voir l’aide de leurs alliés, furent obligés d’avoir recours à l’imploration de leurs ennemis. Et se réunissant en assemblée, ils décidèrent de se soumettre aux telles conditions de paix que le conquérant avait prescrites. Mais les commandants à ce moment-là, il semble, possédaient un comportement si obéissant à la puissance civile et avaient jusqu’ici renvoyé toute présomption tyrannique (que seul peu de commandants en nos jours, exaltés par la grandeur de leur pouvoir, purent éviter), que le consul, ayant pris le pouvoir de la ville, ne fit rien de sa propre responsabilité, mais ordonna aux habitants de déposer leurs armes et de congédier la garnison de la citadelle ; il alla lui-même à Rome, et rassembla le sénat, lui laissant réfléchir du sort de ceux qui s’étaient rendus, comment ils devaient être traités. Sur quoi les sénateurs, l’admirant pour l’honneur dont il avait fait preuve, décidèrent que les plus importants des Fidénates et ceux qui furent les auteurs de la révolte — ceux nommés par le consul — devaient être affligés avec les baguettes et être décapités ; mais concernant le reste, ils lui donnèrent l’autorité pour faire tout qu’il pensait juste. Larcius, ayant ainsi reçu les pleins pouvoirs dans toutes les affaires, ordonna que quelques Fidénates, qui furent accusés par ceux du parti opposé, d’être mis à la mort aux yeux de tous et confisqua leurs fortunes ; mais il permit à tous les autres de rester dans leur ville avec leurs biens. Néanmoins, il leurs prit la moitié de leur territoire, qui fut divisé par lots pour les Romains qui furent laissés dans la ville comme garnison pour la citadelle. Ayant réglé ces affaires, il retourna chez lui avec son armée.

61. Quand les Latins entendirent parler de la capture de Fidènes, chaque ville fut dans un état de très grandes excitation et crainte, et tous les citoyens furent furieux contre ceux qui étaient à la tête des affaires fédérales, les accusant d’avoir trahis leurs alliés. Et une Assemblée générale fut tenue à Ferentinum ; ceux qui préconisèrent de recourir aux armes, en particulier Tarquin et son gendre Mamilius, ainsi que les chefs de l’état d’Aricie, fulminèrent amèrement contre ceux qui s’opposaient à la guerre ; et par leurs harangues, tous les députés de la nation latine furent persuadés de déclarer conjointement la guerre aux Romains. Et afin qu’aucune ville ne puisse trahir la cause commune ou se réconcilier avec les Romains sans le consentement de tous, ils prêtèrent des serments à un des autres et votèrent que ceux qui violeront cet accord devront être exclus de leur alliance, être maudits et considérés en tant qu’ennemis de tous. Les députés qui souscrirent au traité et jurèrent de l’honorer furent les villes suivantes : Ardée, Aricie, Bovillae, Bubentum, Cora, Carventum, Circeii, Corioles, Corbio, Cabum, Fortinea, Gabies, Laurentum, Lanuvium, Lavinium, Labicum, Nomentum, Norba, Préneste, Pedum, Querquetula, Satricum, Scaptia, Setia, Tibur, Tusculum, Tolerium, Tellenae et Velitrae. Ils votèrent aussi que les hommes d’âge militaire de toutes ces villes devraient participer à la campagne comme leurs commandants, Octavius Mamilius et Sextus Tarquin, devraient l’exiger ; Ils nommèrent ces derniers pour être leurs généraux avec les pouvoirs absolus. Et afin que les raisons qu’ils présentent pour la guerre puissent sembler plausibles, ils envoyèrent les hommes les plus importants de chaque ville à Rome comme ambassadeurs. Ceux-ci, étant introduits au sénat, dirent que l’état d’Aricie retenait les charges suivantes contre l’état romain : Quand les Tyrrhéniens firent la guerre contre les Ariciens, les Romains leurs avaient non seulement accordé un passage sûr sur leur territoire, mais les avaient également aidés sur tout ce qu’ils avaient exigé pour la guerre ; et ayant reçus les Tyrrhéniens qui avaient fuis la défaite, ils les avaient sauvées quand ils étaient tous blessés et sans arme, bien qu’ils ne pouvaient pas ignorés qu’ils faisaient la guerre contre toute la nation en commun, et que si à ce moment ils s’étaient faits maîtres de la ville d’Aricie, rien n’aurait pu les gênés d’asservir toutes les autres villes de la même manière. Si, donc, les Romains consentaient à venir devant le tribunal général des Latins et à répondre des accusations apportées contre eux par les Ariciens, et respectaient la décision de tous les membres, ils déclarèrent qu’il n’y aurait pas de déclaration de guerre contre les Romains ; mais s’ils persistaient dans leur arrogance habituelle et refusaient de faire des concessions justes et raisonnables à leurs parents, ils les menacèrent que tous les Latins leurs feraient la guerre de toutes leurs forces.

62. Ce fut la proposition faite par les ambassadeurs ; mais le sénat n’était pas disposé à plaider leur cause avec les Ariciens dans une controverse dans laquelle leurs accusateurs seraient les juges, et ils n’imaginaient pas que leurs ennemis feraient même leur jugement sur ces seules charges, mais ajouteraient toujours d’autres demandes plus graves que celles-ci ; et en conséquence ils votèrent pour accepter la guerre. Jusqu’ici, en effet, seuls le courage et l’expérience dans la guerre étaient nécessaires, ils n’avaient pas supposé que le moindre malheur arriverait à la République, mais la multitude de leurs ennemis les alarma ; et envoyant des ambassadeurs dans nombre de directions, ils invitèrent les villes voisines dans une alliance, alors que les Latins à leur tour envoyèrent des contre-ambassades aux mêmes villes et attaquèrent amèrement Rome. Les Herniques, se réunissant, donnèrent des réponses suspectes et peu sincères aux deux ambassades, disant qu’ils n’entreraient pas pour le moment dans une alliance avec l’un ou l’autre, mais considéraient au choix laquelle des deux nations fit les réclamations les plus justes, et ils se donnaient un an pour cette réflexion. Les Rutuliens promirent ouvertement aux Latins qu’ils leurs enverraient de l’aide, et assurèrent les Romains que, s’ils consentaient à abandonner leur inimité, par leur influence, ils feraient en sorte que les Latins modèrent leurs demandes, et négocieraient une paix entre eux. Les Volsques indiquèrent qu’ils s’étonnaient même du manque de scrupule du Romans, qui, cependant conscients des nombreux dommages qu’ils leurs avaient faits, et en particulier les derniers, leurs prenant la meilleure partie de leur territoire et la retenant, eurent néanmoins l’effronterie de les inviter, eux qui étaient leurs ennemis, dans une alliance ; et ils leurs conseillèrent d’abord de restituer leurs terres et puis de leurs demander l’acquittement comme à des amis. Les Tyrrhéniens mirent des obstacles sur le chemin des deux côtés en alléguant qu’ils avaient récemment fait un traité avec les Romains et qu’ils avaient des liens de parenté et d’amitié avec les Tarquins. Malgré ces réponses, le Romans ne perdirent nullement espoir, ce qui aurait été une chose normale pour ceux qui commencent une guerre dangereuse et qui avaient abandonné tout espoir de la moindre aide de leurs alliés ; mais faisant confiance uniquement dans leurs propres forces, ils devinrent encore plus acharnés dans la lutte, ayant confiance qu’en cas de nécessité ils se comporteraient comme des hommes braves face au danger, et que si ils réussissaient selon leur souhait et gagnaient la guerre par leur propre bravoure, la gloire ne sera pas partagée avec quiconque. Ils avaient acquis un tel esprit et une telle audace de leurs nombreuses luttes dans le passé.

63. Tandis qu’ils préparaient tout qui était nécessaire pour la guerre et commencèrent à enrôler leurs troupes, ils tombèrent dans une grande perplexité quand ils constatèrent que tous les citoyens ne montrèrent pas la même ardeur pour le service. Pour les nécessiteux, et en particulier ceux qui ne pouvaient pas s’acquitter de leurs dettes envers leurs créanciers — et ils étaient nombreux dans ce cas — une fois appelés aux armes, ils refusèrent d’obéir et étaient peu disposés à se joindre aux patriciens dans la moindre entreprise à moins qu’ils passent un vote sur la remise de leurs dettes. Au contraire, certains d’entre eux menacèrent même de quitter la ville et exhortèrent d’autres de renoncer à leur penchant pour la vie dans une ville qui ne leurs permettait aucune participation dans la moindre chose qui était bonne. Au début les patriciens essayèrent par des prières de les persuader de changer leur intention, mais trouvant qu’en réponse à leurs prières ils ne montrèrent aucune grande modération, ils se réunirent alors à la Curie pour débattre de ce qui serait la méthode la plus décente pour mettre un terme à l’agitation qui préoccupait l’état. Ces sénateurs, donc, qui étaient impartiales et possédaient des fortunes modérées, leurs conseillèrent de remettre les dettes des pauvres et d’acheter pour un petit prix la bonne volonté de leurs camarades citoyens, dont ils étaient sûrs d’obtenir de grands avantages tant privés que publics.

64. L’auteur de ce conseil fut Marcus Valerius, le fils de Publius Valerius, un de ceux qui avaient renversé la tyrannie et dont sa bonne volonté envers les gens ordinaires l’avait fait surnommé Publicola. Il leur prouva que ceux qui combattent pour des récompenses égales sont aptes d’être inspirés à l’action avec un esprit égal de rivalité, tandis que cela ne se produit jamais de la part de ceux qui ne récoltent aucun avantage pour envisager quelques envies de bravoure. Il dit que toutes les personnes pauvres étaient exaspérées et marchèrent sur le Forum en disant : "Quel avantage gagnons-nous en vainquant nos ennemis étrangers si nous sommes passibles d’être jetés en prison pour dettes par les prêteurs d’argent, ou en gagnant la suprématie de la région pour la République, si nous ne pouvons nous-mêmes maintenir la liberté de nos propres personnes ?" Il leur prouva alors que ce n’était pas le seul danger qui leurs arriverait si ces gens devenaient hostiles au sénat, à savoir, qu’ils abandonneraient la ville au milieu de ses périls — une possibilité à laquelle tout ceux qui désiraient la préservations de République devaient frissonner — mais qu’il y avait un danger supplémentaire, encore plus formidable que celui-ci, que, séduit par les faveurs des tyrans, ils pourraient prendre les armes contre les patriciens et aideraient à restituer Tarquin au pouvoir. En conséquence, alors que ce n’était encore qu’une question de mots et de menaces, et qu’aucune action malfaisante n’avait été commise jusqu’ici par le peuple, il leurs conseilla d’agir à temps et de réconcilier le peuple à la situation en leurs offrant cet apaisement ; ils n’étaient ni les premiers à adopter une telle mesure, ni encourraient la moindre grande disgrâce à cause d’elle, mais cela pourrait signaler nombre d’autres réclamations qui avaient été soumises, non seulement celle-ci, mais d’autres réclamations beaucoup plus pénibles, alors qu’ils n’auraient aucune alternative. La nécessité est, dit-il, plus forte que la nature humaine, et les gens insistent pour considérer seulement les aspects quand ils gagnèrent déjà la sûreté.

65. Après qu’il ait énuméré nombre d’exemples pris de nombre de villes, il offrit enfin l’exemple de la ville d’Athènes, ayant en ce temps-là la plus grande réputation pour la sagesse, ce qui ne datait pas de très longtemps auparavant, mais provenait de la période de leurs pères, et qui vota sous les conseils de Solon une remise des dettes des pauvres ; et personne, dit-il, ne blâma la ville pour cette mesure ou traita son auteur de démagogue ou de vaurien, mais tous se firent témoins de la grande prudence de ceux qui furent persuadés de décréter cette remise et de la grande sagesse de l’homme qui les persuada d’agir ainsi. Quant aux Romains, dont la situation périlleuse était due quasiment aux mêmes faits, mais étant en danger d’être encore livrés à un tyran cruel plus féroce qu’une bête sauvage, quel homme de bon sens pourrait les blâmer, si par cette mesure d’humanité, ils faisaient des pauvres des défenseurs, au lieu d’ennemis, de la République ? Ayant énumérer ces exemples de l’étranger, il finit par une référence à leurs propres actions, leurs rappelant les détroits dans lesquels ils furent récemment réduits quand, leur région étant au pouvoir des Tyrrhéniens, qu’ils étaient enfermés dans leurs murs et qu’ils avaient un grand besoin de provisions, ils ne prirent pas des résolutions imprudentes d’un fou allant à la mort ; mais s’accommodant de l’urgence qui pesait sur eux et acceptant que la nécessité leur montre leur intérêt, ils consentirent à livrer leurs enfants les plus importants au Roi Porsena comme otages, une chose à laquelle ils ne furent jamais soumis auparavant, de se priver d’une partie de leur territoire en cédant les Sept Districts aux Tyrrhéniens, d’accepter l’ennemi en tant que juge des accusations apportées contre eux par le tyran, et de fournir des provisions, des armes, et tout ce que les Tyrrhéniens avaient besoin comme conditions pour mettre un terme à la guerre. S’étant servi de ces exemples, il continua de prouver que ce n’était pas le fait de la même prudence, d’abord de refuser toutes propositions exigées par leurs ennemis et puis de faire la guerre pour une différence insignifiante à leurs propres citoyens qui avaient combattus dans nombre de batailles glorieuses pour la suprématie de Rome tandis que les rois détenaient la suzeraineté, et avaient montré une grande ardeur en aidant les patriciens à libérer l’état des tyrans, et montreraient encore un plus grand zèle dans ce qui restait à faire, s’ils étaient invités à le faire ainsi ; bien qu’ils manquaient de moyens pour vivre, ils exposeraient librement leurs personnes et leurs vies, qui étaient tout ce qu’ils leurs restaient, à tous les dangers dans l’intérêt de la République. Pour conclure, il dit que, même si ces hommes, ayant hontes, s’abstenaient de déclarer ou d’exiger la moindre chose de la sorte, les patriciens devaient tenir compte d’eux comme il se doit ; et ils devraient leurs céder volontiers ceux dont ils savaient qu’ils avaient besoin, si en tant que classe ou individuellement, ils ne devaient ne pas oublier qu’eux, les patriciens, agissaient avec arrogance en leurs demandant leurs vies tout en leurs refusant de l’argent, et en disant à tous qu’ils faisaient la guerre pour préserver la liberté commune, tandis qu’ils privaient de cette même liberté ceux qui les avaient aidés en l’établissant, bien qu’ils pourraient leur reprocher sans injustice ; mais seulement qu’avec la pauvreté, ils méritaient la compassion plutôt que la haine.

66. Après que Valerius a parlé à cet effet et que nombre ait approuvé son conseil, Appius Claudius Sabinus, étant appelé le moment venu, conseilla la voie opposée, déclarant que l’esprit séditieux ne serait pas supprimé de l’état s’ils décrétaient une abolition des dettes, mais deviendrait plus dangereux en étant transféré des pauvres aux riches. C’était assez clair pour tous que ceux qui devaient être privés de leur argent seraient indignés, car c’était non seulement des citoyens en possession de tous les droits civiques, mais qui avaient également servi leur pays dans toutes les campagnes qui tombèrent à leur sort, et qui considéreraient comme injuste que l’argent que leurs laissa leurs pères, ainsi que ce qu’ils avaient eux-mêmes acquis par leur industrie et sobriété, devraient être confisqués au profit des moins scrupuleux et des plus paresseux des citoyens. Ce serait le fait d’une grande folie de leur part, dans leur désir de satisfaire la partie la plus mauvaise des citoyens, de ne tenir aucun compte des meilleurs éléments, et en confisquant les fortunes d’autres au profit des plus injustes des citoyens, de les prendre de ceux qui les avaient légitiment acquises. Il leur demanda également de considérer que des états n’étaient pas renversés par ceux qui sont pauvres et sans pouvoir, quand ils sont contraints de rendre justice, mais par les riches et par les plus capables d’administrer les affaires publiques, quand ils sont insultés par leurs subordonnés et échouent à tenir la justice. Et même si ceux qui devaient être privés des bénéfices de leurs contrats n’éprouvaient pas le moindre ressentiment mais se soumettraient avec un certain degré d’humilité et d’indifférence à leurs pertes, pourtant même dans leurs cas, dit-il, ce ne serait ni honorable ni sans risque pour eux de concéder aux pauvres un tel cadeau, par lequel la vie de la communauté serait exempte de tous rapports, plein de haine mutuelle, et faisant défaut des emplois nécessaires sans lesquels les villes ne peuvent être habitées, puisque ni les fermiers ne voudraient semer et planter leurs terres, ni les négociants naviguer en mer et commercer sur les marchés étrangers, ni les pauvres s’employer dans le moindre autre métier juste. Aucun riche ne jetterait son argent pour aider ceux qui ont besoin de moyens pour continuer n’importe lequel de ces métiers ; et en conséquence la richesse serait détestée et l’industrie détruite, et le prodigue serait en meilleure condition que l’économe, l’injuste que le juste, et ceux qui se sont appropriés pour eux-mêmes les fortunes des autres auraient l’avantage sur ceux qui ont gardé leurs propres fortunes. C’étaient les événements qui créaient des séditions dans les états, massacre réciproque sans fin, et chaque autre sorte de mal, par lequel les plus prospère d’entre eux avaient perdu leur liberté et ceux, qui avaient eu moins de chance, avaient été totalement détruits.

67. Mais, surtout, il leurs conseilla, qu’en instituant une nouvelle forme de gouvernement, de faire attention qu’aucune mauvaise coutume ne devrait être autorisée. Il déclara que tout ce qui est de nature des principes publics des états étaient, telle la nécessité d’être les vies des différents citoyens. Et il n’y avait pas pire pratique, dit-il, pour des états ou pour des familles, que chacun vive toujours selon son bon plaisir et que tout soit concédé aux subordonnés par leurs supérieurs, que ce soit par faveur ou par nécessité. Les désirs des ineptes ne sont pas satisfaits quand ils obtiennent ce qu’ils exigent, mais ils convoitent alors immédiatement une autre et plus grande chose, et ainsi sans fin ; et c’est la particularité des masses. Pour les actions sans loi que chacun a honte ou peur de commettre, étant retenu par le plus puissant, ils sont plus prêts de les effectuer quand ils sont unis et gagnés par la force de leurs propres penchants avec ceux qui sont du même esprit. Et puisque les désirs de la foule inepte sont insatiables et illimités, il est nécessaire, dit-il, de les contrôler dès le début, alors qu’ils sont faibles, au lieu d’essayer de les détruire lorsqu’ils sont devenus grands et puissants. Tous les hommes sentent une colère plus violente une fois qu’ils sont privés de ce qui leur a été une fois déjà accordé que lorsqu’ils sont déçus de ce qu’ils espèrent simplement. Il cita nombre d’exemples pour prouver cela, relatant les expériences des diverses villes grecques qui, s’étant affaiblies en raison de certaines situations critiques et ayant alors autorisées des pratiques mauvaises, n’eurent plus le pouvoir de mettre un terme à ces pratiques et de les supprimer ; en conséquence, elles furent obligées de continuer dans ces malheurs honteux et irréparables. Il dit que la République ressemble à chaque homme individuel, le sénat étant l’âme d’un homme et le peuple son corps. Si, donc, ils permettent à la foule inepte de gouverner le sénat, ils feraient la même chose que ceux qui soumettent l’âme au corps et vivent sous l’influence, non pas de leur raison, mais de leurs passions ; considérant que, s’ils habituaient la foule d’être régie et menée par le sénat, ils feraient la même chose que ceux qui soumettent le corps à l’âme, et mènent des vies orientées sur ce qui est le meilleur, le plus plaisant. Il leur prouva qu’aucun grand malheur n’arriverait à l’état si les pauvres, insatisfaits de ne pas se voir accorder une abolition des dettes, refusent de prendre les armes pour sa défense, déclarant qu’il y en avait peu en effet qui n’avait plus rien autre que leurs personnes, et ceux-ci n’offriraient pas le moindre remarquable avantage à l’état dans ses combats, ni, par leur absence, de faire le moindre grand mal. Ceux qui étaient dans les plus basses classes du recensement, il leurs rappela, étaient postées à l’arrière de la bataille et ne comptaient que comme seule réserve aux forces qui étaient rangées sur la ligne de bataille, étant présents uniquement pour frapper l’ennemi dans sa fuite, puisqu’ils n’ont aucune autre arme que le javelot, qui sont de peu d’utilité dans l’action.

68. Il dit que ceux qui pensaient avoir pitié de la pauvreté des citoyens et qui conseillaient de soulager ceux qui ne pouvaient payer leurs dettes doivent s’enquérir que c’était du fait des pauvres, quand ils avaient hérité des terres que leurs pères leurs avaient laissées et avaient gagné beaucoup de butin de leurs campagnes, et, en dernier lieu, quand chacun d’eux avait reçu sa part de la propriété confisquée des tyrans ; et après cela, ils doivent considérer que la plupart d’entre eux avaient vécu de leurs ventres et des plaisirs les plus honteux, et par de tels faits avaient perdu leurs fortunes, comme un déshonneur et une injure à la ville, et de considérer cela comme un grand bénéfice au bien commun s’ils allaient volontairement au diable hors de la ville. Mais que certains d’entre eux avaient perdu leurs fortunes par un destin dur, il leurs conseilla de soulager ces derniers avec leurs moyens privés. Leurs créanciers, dit-il, non seulement comprirent ce meilleur, mais s’occuperaient de ce meilleur, et eux-mêmes soulageraient leurs malheurs, pas sous la contrainte d’autres, mais volontairement, afin que la gratitude, au lieu de leur argent, pourrait être une noble dette. Mais étendre ce soulagement à tous, quand ceux qui sont sans valeurs le partageraient également avec ceux qui le méritent, et conférer ces avantages à certaines personnes, non à leurs propres frais, mais à celui des autres, et de ne pas laisser à ceux dont l’argent qu’ils emportèrent même la gratitude obtenues pour leurs services, étaient nullement conformes à la vertu des Romains. Mais surtout tout cela et les autres considérations, c’était une chose grave et intolérable pour les Romains, qui réclamaient de la suprématie — une suprématie que leurs ancêtres avaient acquise par nombre de difficultés et laissaient à leur postérité — s’ils ne pouvaient pas faire ce qui était mieux et le plus avantageux pour la République également, de leur propre choix, ou une fois convaincu par ces arguments, ou le moment venu, mais, juste comme si la ville fut capturée ou s’attendait souffrir ce destin, devaient faire des choses contraires à leur propre jugement duquel ils recevraient de très petits avantages, le cas échéant, mais courraient le risque de souffrir la plus mauvaise des maladies. C’était bien mieux qu’ils se soumettent à la suprématie des Latins, comme étant plus modéré, et ne pas même essayer la fortune de la guerre, en étant accomodant aux réclamations de ceux qui étaient inutiles à la moindre occasion, de supprimer du sud la foi publique, que leurs ancêtres avaient appelé pour être honoré par la construction d’un temple et par des sacrifices exécutés durant toute l’année — et ceci quand ils allaient simplement ajouter un corps de javelots à leurs forces pour la guerre. Le résumé et la substance de son conseil étaient ceci : prendre les affaires des citoyens en main telles qu’ils étaient disposés à partager la fortune de la guerre sur les mêmes conditions que chaque autres romains, et laisser ceux qui exigeaient toutes conditions spéciales pour prendre les armes pour son pays, puisqu’il seraient inutiles même s’ils armaient. S’ils savaient cela dit-il, ils céderaient et se montreraient promptement obéissaient à ceux qui prirent de sages conseils pour la République ; puisque tout inepte est généralement habitué, une fois flatté, d’être arrogant, et une fois terrifié, de se montrer sobre.

69. Ce fut les avis extrêmes donnés sur cette occasion, mais il y en eut nombre qui prit une position de compromis entre les deux. Quelques sénateurs étaient favorables d’abolir les dettes seulement de ceux qui n’avaient rien, permettant aux prêteurs d’argent de saisir les marchandises des débiteurs, mais non leurs personnes. D’autres conseillèrent que le trésor public devrait s’acquitter des engagements des insolvables, pour que la bienveillance des pauvres puisse être préservée par cette faveur publique et pour que leurs créanciers ne puissent souffrir aucune injustice. Quelques autres pensèrent qu’ils devaient racheter les personnes de ceux qui déjà étaient tenus pour dette ou allaient être privés de leur liberté, en substituant les captifs à leurs places et en assignant ces derniers à leurs créanciers. Après que de diverses opinions de ce type sont exprimées, l’opinion qui régnait fut qu’ils ne devaient voter aucun décret pour l’instant concernant ces sujets, mais de le faire après que la guerre est terminée de la façon la plus satisfaisante, les consuls devront alors les remémorer à la discussion et prendre les votes des sénateurs ; et qu’en attendant ne pourrait être exigé aucun argent en vertu du moindre contrat ou du moindre jugement, que toutes les autres poursuites devraient être abandonnées, et que ni que les cours de justice ne devraient siéger ni les magistrats ne devraient prendre connaissance de quoique ce soit qui ne soit pas connexe à la guerre. Quand ce décret fut apporté au peuple, il apaisa dans une certaine mesure l’agitation civile, pourtant il n’enleva pas entièrement l’esprit de la sédition de l’état. Une partie de la classe travaillante ne considérait pas l’espoir donné par le sénat, qui ne contenait rien d’expresse ou de certain, comme un soulagement suffisant ; mais ils exigèrent que le sénat devrait faire une de ces deux choses, soit la remise des dettes immédiatement, s’ils voulaient qu’ils les rejoignent dans les dangers de la guerre, soit de ne pas les duper en la reportant à une autre occasion. Les sentiments des hommes, dirent-ils, étaient très différents quand ils faisaient des demandes qu’après que leurs demandes sont satisfaites.

70. Tandis que les affaires publiques étaient en cet état, le sénat, cherchant par quels moyens il pourrait le plus efficacement empêcher les plébéiens de créer tout nouveaux troubles, se résolut à supprimer la puissance consulaire pour l’instant et de créer une autre magistrature ayant pleine autorité sur la guerre et la paix, et sur chaque autre affaire, possédant la puissance absolue et n’ayant pas à rendre de comptes pour ses conseils ou ses actions. La limite de cette nouvelle magistrature était limitée à six mois, après l’expiration de ce temps les consuls auraient à nouveau les pouvoirs. Les raisons qui contraignirent le sénat à se soumettre à une tyrannie volontaire afin de mettre un terme à la guerre menée contre eux par leur tyran étaient nombreuses et diverses, mais la principale était une la loi présentée par le consul Publius Valerius, surnommé Publicola (concernant ce que j’ai énoncé au début qu’il a rendu nulles les décisions des consuls), faisant qu’aucun romain ne devrait être puni avant qu’il soit jugé, et garantissait à tous ceux étaient menés à la punition par leurs ordres de droit de faire appel de leur décision au peuple, et jusqu’à ce que le peuple ait donné leur voix à leurs sujets, le droit de goûter à la sécurité de leurs personnes et fortunes ; et il ordonna qui si une personne quelconque essayait de faire la moindre chose contraire à ces dispositions il pourrait être mise à la mort avec impunité. Le sénat pensa à cette mesure alors que cette loi demeurait en vigueur et que les pauvres ne pouvaient pas être obligés d’obéir aux magistrats, parce que, il était raisonnable de le supposer, ils dédaigneraient les punitions qu’ils devaient subir, non immédiatement, mais seulement après qu’ils aient été condamnés par le peuple, alors que, quand cette loi serait abrogée, tous devraient nécessairement obéir aux ordres. Et afin que les pauvres ne puissent offrir aucune opposition, au cas où on tenterait ouvertement de faire abroger la loi elle-même, le sénat se résolut à présenter dans le gouvernement une magistrature de puissance égale à une tyrannie, qui devrait être supérieure à toutes les lois. Et ils passèrent un décret par lequel ils dupèrent les pauvres et, sans qu’ils s’en aperçoivent, abrogea la loi qui déterminait leur liberté. Le décret était en vigueur ; Larcius et Cloelius, qui étaient alors les consuls, devaient abdiquer de leur pouvoir, et ainsi toute autre personne qui détenait une magistrature ou ayant en charge la moindre affaire publique ; et une unique personne, choisie par le sénat et approuvée par le peuple, devait être investie de l’autorité entière de la République et l’exercer pendant une période maximale de six mois, ayant un pouvoir supérieur à celui des consuls. Les plébéiens, ignorant les vraies implications de cette proposition, ratifièrent les résolutions du sénat, bien que, en fait, une magistrature qui était supérieure à une magistrature légale fut une tyrannie ; et ils donnèrent aux sénateurs la permission de délibérer et de choisir la personne qui devait l’occuper.

71. Après cela, les principaux hommes du sénat consacrèrent nombre de pensées sérieuses à rechercher l’homme qui devrait commander. Ils estimèrent que la situation exigeait un homme vigoureux dans l’action et ayant une expérience importante de la guerre, un homme, d’ailleurs, possédant la prudence et le sang-froid, qui ne serait pas menés dans la folie par la grandeur de son pouvoir ; mais, surtout qu’il ait ces qualités et ce qui est autrement essentiel aux bons généraux, un homme requis pour savoir gouverner avec fermeté et ne montrant aucune clémence vers le désobéissant, une qualité dont ils avaient particulièrement besoin. Et bien qu’ils aient observé que toutes ces qualités qu’ils exigeaient se trouvaient en Titus Larcius, un des consuls (Cloelius, qui excellait pour toutes les vertus administratives, n’était ni un homme d’action ni un fanatique de la guerre, ni avait la capacité d’en commander d’autres et d’inspirer la crainte, mais était un punisseur strict du désobéissant), ils avaient honte néanmoins de priver un des consuls de sa magistrature qu’il possédait légalement et de conférer à l’autre la puissance des deux consuls, un pouvoir qui était plus grand que celui de l’autorité royale. En outre, ils avaient quelques appréhensions secrètes que Cloelius, prenant à coeur l’abdication de sa magistrature et considérant cela comme un déshonneur du sénat, pourrait changer ses sentiments et, devenant un maître du peuple, renverser le gouvernement entier. Et alors que tous avaient honte de transmettre leurs pensées au sénat, et que cette situation continuait durant un temps considérable, finalement le plus vieux et le plus honoré des hommes de rang consulaire exprima un avis par lequel il préserva une part égale d’honneur aux deux consuls mais découvrit cependant que de ces hommes un était plus approprié à diriger. Il dit que, puisque le sénat avait décrété et le peuple confirmé ce qui fut voté, la puissance de cette magistrature devait être confiée à une unique personne, et puisqu’il restait deux affaires nécessitant délibérations et pensées, à savoir : qui devait être celui qui recevrait cette magistrature de puissance égale à une tyrannie, et par quelle autorité légale il devait être nommé ; son avis était qu’un des consuls actuels, avec accord de son collègue ou en ayant recours au sort, devrait choisir parmi tous les Romains la personne qu’il pensait qu’il gouvernerait la République de la meilleure et la plus avantageuse façon. Ils n’avaient nul besoin en cette occasion, dit-il, des interrois, à qui il était usuel sous la monarchie d’octroyer le pouvoir unique et de nommer ceux qui devaient régner, puisque la République était déjà pourvue de magistratures légales.

72. Cette opinion étant applaudie par tous, un autre sénateur se leva et dit : "Je pense, sénateurs, cela doit aussi être ajouté à la motion, à savoir, qui des deux personnes de plus grande valeur ayant actuellement l’administration des affaires publiques, des hommes dont vous ne pourrez trouver de supérieurs, l’un d’entre eux devrait être autorisé à faire la nomination et l’autre devrait être nommé par son collègue, après qu’ils aient considéré ensemble qui d’eux est la personne plus appropriée, afin que, comme l’honneur est égal entre eux, la satisfaction puisse ainsi être égale aussi, à celle, en ayant déclaré que son collègue est le meilleur homme, de l’autre, en ayant été déclaré le meilleur par son collègue ; chacune de ces choses est agréable et honorable. Je sais, en étant sûr, que même si cet amendement n’était pas ajouté à la motion, ils pensaient eux-mêmes agir convenablement de cette manière ; mais ce serait mieux que vous montriez que vous approuvez de même sans une autre manière." Cette proposition sembla également rencontrer l’approbation de tous, et la motion fut alors voté sans d’autres amendements. Quand les consuls reçurent l’autorité de décider lequel d’entre eux était le plus approprié pour gouverner, ils firent une chose excellente en soi et devançant toute croyance humaine. Chacun d’entre eux déclara, comme digne de gouverner, non lui-même, mais l’autre ; et ils continuèrent tout ce jour à énumérer les vertus de l’autre et à prier qu’il ne pouvait pas recevoir eux-mêmes la gouvernance, de sorte que tous ceux qui étaient présents au sénat furent dans une grande perplexité. Quand le sénat fut renvoyé, les parents de chacun et le plus honoré parmi tous les sénateurs vinrent voir Larcius et continuèrent de le supplier jusque loin dans la nuit, l’informant que le sénat avait placé tous ses espoirs en lui et déclarant que son indifférence envers la gouvernance était préjudicielle à la République. Mais Larcius était indifférent, et à son tour continua d’adresser nombre de prières et supplications à chacun d’eux. Le jour suivant, quand le sénat se réunit encore, et il résista toujours et, malgré le conseil de tous les sénateurs, ne changeait pas d’avis ; Cloelius se leva et le nomma, selon la pratique des interrois, et puis abdiqua du consulat lui-même.

Dictature de Titus Larcius Flavius (498) [V, 73-77][modifier | modifier le code]

73. Larcius fut le premier homme à être nommé souverain unique à Rome avec l’autorité absolue dans la guerre, la paix, et dans toutes les autres affaires. Ils appellent ce magistrat un dictateur, soit de son pouvoir de donner autant d’ordres qu’il souhaite et de prescrire pour les autres des règles de justice et de droit qu’il pense approprié (les Romains appellent le commandement et le respect d’ordonnances, ce qui est droit et faux, edicta ou « édits » ), ainsi, comme quelques uns l’écrivent, la forme de nomination qui fut alors introduite, puisqu’il devait recevoir la magistrature, non du peuple, selon l’usage ancestral, mais était nommé par un seul homme. Ils ne pensaient pas qu’ils devaient donner un titre désobligeant et déplaisant à la moindre magistrature qui eut la surveillance d’un peuple libre, aussi bien que dans l’intérêt de gouverner, de peur qu’ils soient alarmés par les conditions odieuses du titre, comme d’un respect pour les hommes qui assumaient les magistratures, de peur que soit ils souffrent inconsciemment de quelques maux d’autres soit qu’ils commettent contre d’autres des actes d’injustice de la sorte que les positions d’une telle autorité apportent dans sa suite. L’ampleur du pouvoir que le dictateur possède est nullement indiqué par le titre ; la dictature est en réalité une tyrannie élective. Il me semble que les Romains prennent également cette institution des Grecs. Les magistrats antiques appelés parmi les Grecs aisymnêtai ou « régulateurs, » comme Theophrastus l’écrit dans son traité Sur la Royauté, étaient une sorte de tyrans élus. Ils furent choisis par les villes, ni pour un temps défini, ni sans interruption, mais pour des urgences, aussi souvent et aussi longtemps que cela semblait utile ; juste comme les Mytiléniens, par exemple, choisirent par le passé Pittacus pour s’opposer aux exilés dirigés par Alcaeus, le poète.

74. Les premiers hommes qui avaient recours à cette institution avaient appris son avantage par expérience. Au début, toutes les villes grecques étaient régies par des rois, bien que non despotique, à l’opposé des nations barbares, mais selon certaines lois et coutumes consacrées, et il fut le meilleur roi qui fut le plus juste, le plus observateur des lois, et ne s’éloigna pas en toute sagesse des coutumes établies. Cela apparaît dans Homère, qui appelle les rois dikaspoloi ou « ministres de justice », et themispoloi ou « ministres des lois. » Et des royautés continuèrent d’être exercés pendant longtemps selon certaines conditions indiquées, comme pour les Lacédémoniens. Mais comme certains rois commencèrent à abuser de leurs pouvoirs et firent peu d’utilisation des lois, mais réglèrent la plupart des affaires selon leur propre jugement, les gens devinrent en général mécontents avec l’institution entière et supprimèrent les gouvernements royaux ; et décrétant des lois et choisissant les magistrats, ils utilisèrent ces derniers comme sauvegardes de leurs villes. Mais quand ni les lois qu’ils avaient établies furent suffisantes pour assurer la justice ni les magistrats qui s’étaient chargés de leurs surveillances furent capables de maintenir les lois, en périodes de crise, introduisant nombre d’innovations, les contraignirent à choisir, non pas les meilleurs institutions, mais celles qui étaient le plus adaptés aux situations dans lesquelles ils se trouvaient, non seulement dans des malheurs inopportuns, mais également dans la prospérité excessive, et quand leurs formes de gouvernement devenaient corrompues par ces conditions et requérant une prompte et arbitraire correction, elles furent obligées de restaurer les puissances royales et tyranniques, bien qu’elles les aient cachées sous des titres plus attrayants. Ainsi, les Théssaliens appelèrent ces officiels archoi ou « commandants », et les Lacédémoniens harmosati ou les « harmonisateurs », craignant de les appeler tyrans ou rois, car ce n’était pas juste pour eux de confirmer encore ces pouvoirs qu’ils avaient supprimées avec des serments et des imprécations, sous l’approbation des dieux. Mon avis est, donc, comme je l’ai dit, que les Romains prirent cet exemple des Grecs ; mais Licinius croit qu’ils prirent la dictature aux Albains, ceux-ci étant, comme il dit, les premiers qui, quand la famille royale s’éteignit à la mort d’Amulius et de Numitor, créèrent des magistrats annuels avec le même pouvoir que les rois avaient joui et appelèrent ces magistrats des dictateurs. Pour ma part, je n’ai pas cru intéressant de s’enquérir d’où les Romains prirent le nom mais d’où ils prirent l’exemple du pouvoir compris sous ce nom. Mais peut-être n’est-il pas intéressant de discuter de l’affaire d’avantage.

75. J’essaierai maintenant de rapporter d’une manière résumée comment Larcius traita les affaires quand il fut nommé dictateur le premier, et montrerai avec quelle dignité il investit sa magistrature, je considère ces affaires comme étant plus utile à mes lecteurs, puisqu’ils auront une grande abondance d’exemples nobles et profitables, non seulement aux législateurs et aux chefs du peuple, mais également à tous les autres qui aspirent de participer à la vie publique et de régir l’état. Ce n’est pas un état moyen et humble dont je vais relater les institutions et les manières, ni ne sont des hommes inconnus réprouvés dont j’enregistrerai les conseils et les actions, de sorte que mon zèle pour les petits détails insignifiants pourrait sembler pénible et futile à certains sembler ; mais j’écris l’histoire de l’état qui prescrit des règles de droit et de justice pour toute l’humanité, et de chefs qui l’élevèrent à cette dignité, des affaires concernant le moindre philosophe ou homme d’État qui tâcheraient sincèrement de ne pas être ignorants. Aussitôt que Larcius assuma ce pouvoir, il nomma en tant que maître de cavalerie Spurius Cassius, qui fut consul pendant la soixante-dixième olympiade. Cette coutume fut observée par les Romains jusqu’à ma génération et pas un seul dictateur nommé jusqu’ici ne passa sa magistrature sans maître de cavalerie. Après cela, désirant montrer comment était grande l’ampleur de son pouvoir, il commanda aux licteurs, plus pour inspirer la terreur que pour tout réel usage, de porter les haches flanqués de baguettes dans la ville, rétablissant de cette façon une fois de plus une coutume qui fut observée par les rois, mais abandonnée par les consuls après que Valerius Publicola, dans son premier consulat, a diminué la haine ressentie pour cette magistrature. Ayant par ceci et d’autres symboles de la puissance royale terrifié le turbulent et le séditieux, il commanda pour la première fois tous les Romains, conformément aux meilleurs de toutes les pratiques établies par Servius Tullius, le plus démocratique des rois, de retourner évaluer leurs propriétés, chacun dans leurs tribus respectives, ajoutant les noms de leurs épouses et enfants aussi bien que les âges d’eux-mêmes et de leurs enfants. Et tout cela étant enregistré en peu de temps en raison de la sévérité de la pénalité (le désobéissant perdait sa propriété et sa citoyenneté), les Romains qui étaient arrivés à l’âge de la virilité se virent attribuer un nombre. Ensuite il sépara ceux qui étaient d’âge militaire des hommes plus âgés, et partageant ces premiers dans les centuries, il forma quatre corps d’infanterie et de cavalerie, dont il en garda un, le meilleur, autour de sa personne, tandis que les trois corps restants, il ordonna à Cloelius, qui fut son collègue au consulat, de choisir celui qu’il souhaitait, à Spurius Cassius, le maître de cavalerie, de prendre le troisième, et à Spurius Larcius, son frère, le restant ; il ordonna à ce dernier corps, ainsi qu’aux hommes plus âgés, de garder la ville, restant à l’intérieur des murs.

76. Quand il eut terminé de préparer tout qui était nécessaire pour la guerre, il prit la campagne avec ses forces et établit trois camps dans des endroits où il suspectait que les Latins seraient les plus susceptibles de faire leur invasion. Il considéra que c’est le fait d’un général prudent, de renforcer non seulement sa propre position, mais également d’affaiblir celle de l’ennemi, et, surtout, de mettre un terme à des guerres sans une bataille ou difficulté, ou, si cela ne peut être fait, avec le moins de pertes humaines ; et considérant comme la pire de toutes les guerres celle où l’on afflige des hommes qui sont forcé de lutter contre des parents et des amis, il pensait qu’ils devaient établir un arrangement dans lequel la clémence était supérieure aux demandes de la justice. En conséquence, non seulement il envoya secrètement aux hommes les plus importants parmi les Latins quelques personnes qui étaient libres de tout soupçon et essayèrent de les persuader d’établir une amitié entre les deux états, mais il envoya également ouvertement des ambassadeurs tant aux multiples villes qu’à leur ligue, et provoquer par ce moyen facilement qu’ils n’aient plus la même ardeur pour la guerre. Mais en particulier il les convainquit de les opposa à leurs chefs dans la mobilisation. Les hommes qui avaient reçu le commandement suprême des latins, à savoir, Mamilius et Sextus, gardèrent leurs forces unies dans la ville de Tusculum, se préparant à marcher sur Rome, mais perdirent beaucoup de temps en délai, l’un ou l’autre attendant les villes qui étaient lentes à les rejoindre ou parce que les victimes sacrificatoires n’étaient pas favorables. Pendant ce temps certains de leurs hommes, se dispersant hors de leur camp, pillèrent le territoire des Romains. Larcius, étant au courant de cela, envoya Cloelius contre eux avec les plus vaillants, tant en cavalerie qu’en troupes d’infanterie légère ; et celui-ci, leur tombant dessus inopinément, en tua quelques uns dans l’action et fit des prisonniers du reste. De ces derniers, Larcius leurs fit soigner leurs blessures, et ayant gagné leur affection par nombre d’autres exemples de la bonté, il les renvoya à Tusculum sain et sauf sans rançon, et avec eux les plus distingués des Romains comme ambassadeurs. Par leurs efforts, l’armée des Latins fut congédiée et une rêve d’une année fut conclue entre les deux états.

77. Après que Larcius a effectué ces choses, il ramena l’armée de la campagne à la ville, et ayant nommé les consuls, abdiqua de sa magistrature avant que la limite maximale de son pouvoir expire, sans avoir mis à mort un seul des Romains, banni quiconque, ou infligé la moindre sévérité au moindre d’entre eux. Cet exemple montré par Larcius fut continué par tous ceux qui reçurent ensuite ce même pouvoir jusqu’à troisième génération avant le nôtre. En effet, nous ne trouvons aucun exemple d’un d’entre eux dans l’histoire qui ne l’a pas employée avec modération et qui n’est pas redevenu citoyen, bien que la République souvent trouva nécessaire de supprimer les magistratures légales et de mettre l’administration entière aux ordres d’un seul homme. Si, maintenant, dans les seules guerres étrangères ceux qui eurent la dictature se montrèrent comme de braves champions de la patrie, tout à fait incorruptible par la grandeur de leur pouvoir, ce ne serait pas si remarquable ; mais comme ce fut, tous ceux qui obtinrent ce grand pouvoir, soit en période des troubles civils, qui étaient nombreux et sérieux, soit afin de renverser ceux qui furent suspectés d’aspirer à la monarchie ou à la tyrannie, soit d’empêcher d’innombrables autres calamités, s’en acquittèrent exempts de tout reproche, comme le premier homme qui reçu la dictature ; de sorte que tous les hommes eurent la même opinion, et le dernier espoir de la sûreté quand tous les autres furent saisis par une certaine crise, était la dictature. Mais dans la période de nos pères, quatre cents années complètes après Titus Larcius, l’institution devint un objet de reproche et de haine pour tous les hommes sous L. Cornelius Sylla, le premier et seul dictateur qui exerça sa puissance avec rudesse et cruauté ; ainsi les Romains perçurent alors pour la première fois ce dont ils furent longtemps ignorants, que la dictature est une tyrannie. Sylla composa le sénat d’hommes médiocres, réduisit le pouvoir des tribuns au minimum, dépeupla des villes entières, supprima quelques royaumes et en établit d’autres lui-même, et fut coupable de nombre d’autres actes arbitraires, qui serait une grande tâche d’énumérer. Quant aux citoyens, sans compter ceux massacrés lors des batailles, il n’en mis pas moins de quarante mille à mort après qu’ils se sont rendus à lui, et certains d’entre eux après qu’ils les aient fait torturés, pour la première fois. Si tous ses actes étaient nécessaires ou avantageux à la République, ce n’est pas le moment de s’en enquérir ; tout ce je veux montrer est que le nom de dictateur fut rendu odieux et terrible en raison de cela. Ce n’est pas le cas, non seulement avec des positions de pouvoir, mais également avec d’autres avantages pour lesquels ils sont ardemment contestés et admirés dans la vie quotidienne. Ils semblent que tout est noble et profitable à ceux qui les tinrent quand ils s’employèrent noblement, mais vil et inutile quand ils trouvent des champions peu scrupuleux. De ce résultat la nature est responsable, qui à toutes les bonnes choses attacha quelques maux congénitaux. Mais une autre occasion est peut être plus appropriée pour discuter de ce sujet.