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Utilisateur:Benoit Soubeyran/Jacques Bonaud de Sauzet

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Jacques Bonnaud a toutes les qualités, mais aussi tous les défauts des érudits du seizième siècle[1]. L'ouvrage de Jean de Terre-Vermeille se distinguait par la précision, la netteté et la vigueur de la pensée et de l'expression ; son commentateur, peu frappé de ces mérites qu'il regarde plutôt comme des défauts, s'efforce de les faire oublier par un luxe assez ridicule d'érudition[1]. Il ne touche pas au texte ; mais il croit du moins devoir changer le titre de ce traité, et à la place de ces mots simples et énergiques : Jean de Terre-Vermeille contre les rebelles à leurs rois, il substitue un titre emphatique et prétentieux qui n'a pas moins de vingt-sept lignes et qui est trop curieux et trop propre à faire connaître et celui qui l'a conçu et l'esprit de cette époque, pour que nous ne le rapportons pas ici en entier [1]:

« Aureum singulareque opus Joannis de Terra-rubea jurius utriusque doctoris celeberrimi, regii quondam apud Nemausum advocati meritissimi, accuratissime castigatum, nuperrimeque prelo commissum, in se tres continens tractatus ; quorum quidem unus, que jura quasve preeminentias gloriosissimus delphinus Francie primogenitus, ac etiam alii primogeniti aliorum regnorum ubi succedunt, pre ceteris in regno principibus habeant, amplectitur ; secundus vero tractatus ad quem, rege agente humanitus per amentiam, aut alias regere impedito, regni regimen attineat, continet ; tertius denique tractatus, an eo casu, alteri obedientes quam dicto domino delphino regi, ac ipsi rebelles dicantur ; quibus et penis dein jure sic devii plectendi veniant, eleganti stylo concludit ; cum postillis Jacobi Bonaudi de Sauseto, in utroque jure licenciati inter omnes minimi, ad opus suis locis opportune additis : item panegyricus ejusdem Jacobi ad Franciam Francieque regem : addita est tabula rerum scitu dignarum in hoc opere contentarum. »

— Jacques Bonaud de Sauset, Tractatus contra rebelles suorum regum

[2]

Tout ce qu'ajoute Bonnaud à l'ouvrage de Jean de Terre-Vermeille est dans le même goût[3]. Il le fait précéder d'une préface qui dut passer dans ce temps pour une pièce d'éloquence et qui n'exciterait pas aujourd'hui une bien vive admiration[3]. Elle est consacrée presque tout entière à faire l'éloge de l'auteur dont il publie l'écrit[3]. Bonnaud fait ressortir la beauté de son nom et en applique chacune des merveilleuses qualités à celui qui le portait[3]. Il rappelle d'abord combien le nom de Jean est remarquable et quel grand nombre d'hommes éminents il a servi à désigner ; il fait voir ensuite quelles sont les innombrables propriétés et les admirables vertus que possède la terre ; enfin il fait remarquer que la couleur rouge ou vermeille est la plus éclatante de toutes les couleurs[4]. Il termine en félicitant la ville de Nimes d'avoir donné naissance à cet illustre magistrat, et ses concitoyens de l'avoir possédé parmi eux[5]. Cette singulière préface est suivie de l'écrit de Jean de Terre-Vermeille ; vient ensuite un traité de Bonnaud, espèce de panégyrique de la France et de ses rois, et destiné, comme il nous l'apprend lui-même, à donner plus de développement à ce que Jean de Terre-Vermeille avait dit sur ce sujet en divers passages de son ouvrage[3].

  1. a b et c Nicolas 1854, p. 185.
  2. Nicolas 1854, p. 185-186.
  3. a b c d et e Nicolas 1854, p. 186.
  4. Nicolas 1854, p. 186-187.
  5. Nicolas 1854, p. 187.