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Utilisateur:Bel Adone/Hasard

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http://www.exxplore.fr/pages/Charbonnages-Hasard.php http://derelicta.pagesperso-orange.fr/cher.htm


http://www.postindustriel.be/chera1.html http://www.postindustriel.be/chera2.html

Le charbonnage du Hasard à Cheratte

Voilà encore un grand classique de l’exploration. Et pourtant, c’est un passage obligé tant ce site est intéressant et atypique dans l’archéologie minière belge. Lorsque je l’ai visité pour la première fois en 2005, je pensais naïvement encore y trouver les machines et l’équipement que j’avais vus sur des photos prises en 1985. Hélas, il m’a fallu déchanter : le barbare - doux euphémisme - qui est propriétaire du site a ferraillé tout l’équipement facilement accessible, notamment la machine d’extraction du puits 3, les compresseurs, le ventilateur et la recette de ce même puits 3 qui contenait encore bon nombre de wagonnets. Tant qu’il y était, il a démoli la tour d’extraction du puits 2, tout cela alors que le site avait été classé - à son insu, il faut le dire - en 1982. Néanmoins, le charbonnage contient encore beaucoup de choses intéressantes, telle la machine d’extraction électrique du puits 1, toujours équipée de ses câbles et des deux cages : il s’agit de la première machine d’extraction électrique placée au sommet d’une tour d’extraction en Belgique. C’était en 1907. Le bâtiment qui la renferme, une tour de 30 mètres de haut est remarquable et forme avec le bâtiment des bureaux et des bains douches un magnifique ensemble de style médiéval.

En 2005, les installations n’avaient pas encore trop souffert des vandales et des voleurs de métaux. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où à chaque visite on remarque des dégradations et des disparitions supplémentaires. La cerise sur le gâteau est un projet de démolition de la partie la plus récente, à savoir la tour d’extraction en béton du puits 3, le bâtiment de sa machine d’extraction et les ateliers annexes. Il ne s’agit là que d’une demande du propriétaire et il parait qu’elle aurait été refusée. Gageons que ce soit le cas, faute de quoi le site verrait disparaître une partie importante et significative de ses édifices qui ont une valeur patrimoniale indéniable, en présentant aux générations futures une évolution architecturale et technique dans la construction des installations d’un charbonnage.

Les origines de ce charbonnage liégeois remontent aux alentours de 1850, date à laquelle un premier puits descendait déjà à 230 mètres. Par manque de moyens techniques et financiers pour combattre les venues d’eau importantes, l’exploitation fut abandonnée en 1877. Comme elle possédait un gisement intéressant, elle fut reprise par la Compagnie de Micheroux en 1907. C’est cette compagnie qui réaménagea le puits n°1 et fit construire les très beaux bâtiments de style médiéval que l’on connaît aujourd’hui, avec cette célèbre tour d’extraction en briques d’une hauteur de 30 mètres, au sommet de laquelle fut installée une des premières machines d’extraction électrique en Belgique. Au départ, il n’y avait qu’un seul puits, le retour d’air s’effectuant par des galeries débouchant à la surface.

Par la suite, Micheroux fusionna avec d’autres compagnies pour former la Société des Charbonnages du Hasard qui à la belle époque de l’industrie charbonnière possédait trois sièges : Micheroux, Belle-Vue à Herstal et bien entendu, le siège de Cheratte. Ce dernier deviendra par la suite le siège le plus important du Hasard. Pour augmenter sa capacité extractive, le puits n°2 fut foncé en 1923 jusqu’à 313 mètres. L’exiguïté des lieux obligea la société à l’équiper d’un chevalement tour avec machine d’extraction au sommet, plutôt qu’un chevalement classique avec machine au sol. Cette tour fut construite en poutrelles d’acier avec remplissage de briques.

Les travaux de fonçage du puits n°3 débutèrent avant la seconde guerre mondiale et se terminèrent en 1947, au terme de l’exploitation, sa profondeur atteindra 480 mètres. Ce puits fut équipé d’une tour d’extraction en béton prévue pour être dotée d’une machine au sommet. Pour des raisons obscures, cette nouvelle tour fut convertie en chevalement «classique» par adjonction de poussards, de molettes au sommet et d’une machine d’extraction Alsthom de 2600 W implantée au sol. La mise en service de cette nouvelle installation en 1953 ou 1956 entraîna l’abandon de l’extraction par les puits n°1 et 2, ces derniers étant convertis en puits de service pour la descente et la remontée du personnel et du matériel. Le nouveau puits n°3 fut équipé également d’une recette de surface moderne avec encagements et décagements automatisés.

Selon un almanach de l’industrie charbonnière datant de 1964, la production de Cheratte, à cette époque, était de 250 000 tonnes nettes par an, soit 1000 tonnes par jour, niveau très honorable, car plutôt rares étaient les charbonnages wallons dont la production annuelle dépassait les 200 000 tonnes. Ces performances et la bonne qualité du charbon maigre, dont la demande restait très forte, valurent à Cheratte d’être désigné pour être l’avant dernier siège du bassin liégeois à devoir fermer. L’arrêt interviendra le 31 octobre 1977, soit deux ans et demie avant Blégny.