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Utilisateur:Baur Monica/Brouillon

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W. James Potter met en avant le fait qu’il n’existe pas de consensus théorique dans le domaine. La littératie médiatique peut ainsi faire l’objet de définitions diverses selon les auteurs. Trois problématiques touchent la notion de littératie médiatique[1]  :  

  • La définition d’un média, variable selon l’émetteur du message médiatique ;
  • La définition de littératie. Selon Potter, la littératie nécessite le développement de sept compétences (analyse, évaluation, regroupement, induction, déduction, synthèse, abstraction) ainsi que de cinq sphères de connaissances (sur les effets des médias, le contenu des médias, l’industrie des médias, le monde réel et le soi) ; 
  • La définition de l’objectif de la littératie médiatique : amélioration de la vie des individus, l’éducation scolaire ou l’activisme social. 

Potter dégage cependant quatre thèmes communs dans la diversité des définitions : 

  • Une insistance sur les effets des médias sur les individus, qu’ils soient positifs ou négatifs ; 
  • Une vision de la littératie médiatique comme outil de protection contre les effets négatifs des médias ; 
  • La nécessité du développement du champ de la littératie médiatique ; 
  • L’aspect multidimensionnel de la littératie médiatique, dont il faudrait analyser les composantes cognitives, émotionnelles, esthétiques et morales.

Malgré l’absence de consensus théorique, il est à noter la prédominance de la définition de Renee Hobbs : la capacité d'accéder à des messages médiatiques, de les analyser, de les évaluer et de les communiquer dans une variété de contextes. 

Sans nier les aspects négatifs des médias tels que l’hypersexualisation ou la banalisation de la violence, Hobbs refuse toutefois de limiter le champ à une vision protectionniste[2]. Cette vision conçoit dès lors la littératie médiatique comme un fournisseur d’outils de protection contre les messages médiatiques nocifs à un public passif. Au contraire, Hobbs considère la littératie médiatique comme une forme de pensée critique et comme un outil d’autonomisation. Cette définition tient compte du contexte du Web 2.0 où chacun est à la fois consommateur et créateur de messages médiatiques. La littératie médiatique englobe ainsi les compétences nécessaires pour le codage et le décodage d’un média. 

La vision de Hobbs se rapproche de la définition de littératie médiatique critique proposée par Len Masterman. Dans ce cas, la littératie médiatique vise le développement de l’esprit critique de l’individu. Celui-ci devient ainsi capable de déconstruire les représentations véhiculées par les médias et d’exprimer des avis critiques dans l’espace public. 

Len Masterman développe cinq concepts clés de la littératie médiatique[3] : 

  • Principe de non-transparence : les messages médiatiques sont construits ;  
  • Codes et conventions : les messages médiatiques sont construits grâce à un langage créatif avec ses propres règles ; 
  • Décodage de l’audience : un même message peut susciter des interprétations différentes ;
  • Contenu et message, incorporation de valeurs, de points de vue et d’idéologies sous-jacentes dans les messages médiatiques ;
  • L’intervention de motivations d’ordre économique et politique sur le marché médiatique : un média n’a pas pour vocation unique d’informer ou de divertir, il est engagé dans des jeux de pouvoir et de profit. 
  1. (en) James Potter, The State of media literacy (invited essay)
  2. (en) Renee Hobbs, The State of Media Literacy : a response to Potter
  3. (en) Douglas Kellner & Jeff Share, Toward critical media literacy: core concepts, debates, organizations and policy