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Utilisateur:Akadians/Actes

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Actes fantômes initiatiques[modifier | modifier le code]

L'Or du Rhin[modifier | modifier le code]

Le Ring démarre en réalité avec le commencement de l'univers tel que le suggère le prélude de L'Or du Rhin dans son développement[N 1]. L'univers est représenté par un arbre, le Frêne Monde prenant ses racines dans la terre et s'élevant vers le ciel[1]. On dans cette création les quatre éléments nécessaires pour la construction du monde : l'air, la terre, l'eau et le feu[2]. Wotan représente l'air, c'est un dieu suprême, sa demeure est établie sur les sommets, il est associé à la pensée abstraite. La terre (« Erde » en allemand) est représenté par le personnage d'Erda, c'est le symbole du savoir intuitif en perpétuel sommeil[2]. L'eau est figuré par le Rhin, une fleuve associé à l'idée d'évolution et de nature[N 2]. Loge représente le feu, il est à la fois une destruction et une énergie vitale[1].

Wotan, en quête de pouvoir se rend à la source du frêne monde et boit à sa source sacrée. Il acquiert le savoir rationnel mais il doit en échange y laisser son œil gauche, symbole de l'intuition et du sentiment. Guidé par la raison, il prend Fricka pour épouse au détriment de sa sœur Freia qui symbolise la jeunesse et l'amour[3]. Fricka au contraire est calculatrice, manipulatrice, conventionnelle et coquette (attirée par les bijoux). Toujours insatisfait, Wotan arrache une branche au frêne, il la transforme en lance. Par des runes il y grave ses tables de lois, mais si la loi accroît son pouvoir elle l'entrave également car il sera tenu des respecter les lois qu'il édifie[3].

Ces deux déséquilibres originels ne tardent pas à se faire sentir. L'arbre monde dépérit. Le temps n'est plus cyclique, la nature est dégradée. Ceci va déboucher sur un mon ouvert à l'inconnu[3]. Wotan devenu tout puissant chez les éléments (les dieux) introduit Loge (le feu) parmi eux après l'avoir asservi, cependant il est mal vu par les autres dieux et Freia le prive de ses pommes d'or conférant la jeunesse éternelle. Loge n'est donc qu'un dieu à demi « Je ne suis pas aussi divin que vous » et n'aspire qu'à retrouver sa forme originelle[N 3],[4]. Il pousse tout d'abord Wotan à édifier une forteresse divine afin d'accroître toujours plus sa puissance en promettant de trouver un prix plus tard pour la financer, ce travail est donné aux deux géants Fasolt et Fafner. Wotan leur promet Freia (et ses pommes d'or) en gage. Fricka, soucieuse d'une belle demeure où enfermer un mari trop volage, acquiesce. Loge quant à lui part explorer le monde pour trouver comment substituer Freia[4].

La Walkyrie[modifier | modifier le code]

La malédiction de l'anneau pose un défi à Wotan, s'il laisse faire la malédiction s'acharnera, mais s'il récupère l'anneau de force à Fafner il viole ses propres pactes et donc la source de son pouvoir « tout par les pactes, rien par la violence »[5]. Pour rendre l'anneau aux Filles du Rhin il doit donc user de subterfuges[6].

Alberich n'est pas lié à la malédiction car il a payé l'anneau de son prix : le renoncement à l'amour. La puissance procurée par l'anneau est plus forte que les lois de Wotan, ce dernier ne peut compter sur les convictions des humains aliénés par ses règlements. Pour parer à cette menace, il décide de lever une armée au Walhalla dont les héros la composant répondront à des critères particuliers qu'ils doivent prouver par leur mort au combat. Wotan fanatise donc les hommes et provoque des guerres afin de stimuler l'apparition de véritables héros. Pour leur sélection il crée les Walkyries au nombre de neuf, des vierges guerrières arpentant les champs de bataille et dont le rôle est d'exciter la fureur au combat. Il s'accouple à Erda pour donner naissance à neuf walkyries dont Brünnhilde, sa favorite[7].

Cependant ces actions ne rassurent pas le dieu qui doute d'une efficacité à long terme, ce courage provoqué par artifices risquerait de faillir si Alberich remettait la main sur l'anneau. Il s'accouple donc avec une mortelle en se dissimulant sous le nom de Wälse (Loup) qui lui donne un couple de jumeaux Siegmund et Sieglinde (qui n'était pas prévu). Très tôt il entraîne son fils à rejeter toutes les conventions, à critiquer toutes les lois et donc fatalement à vivre en reclus ; il l'abandonne à son destin après cette formation. Il lui promet cependant qu'en cas de difficultés extrêmes il trouvera une épée Notung pour le secourir.

L'idée de Wotan est de créer un homme affranchi de toutes les lois et donc de son pouvoir, ce fils pourrait récupérer l'anneau sans lier Wotan à ce rapt. En opposition à sa nature Loup, Sieglinde se voit contrainte d'épouser Hunding (Chien) après son enlèvement par des Brigands et le meurtre de sa mère ; Fricka bénit ce mariage sans amour.

Siegfried[modifier | modifier le code]

Dans la forêt où Fafner couve son or et l'anneau sous la forme d'un dragon (grâce au Tarnhelm), le nain Mime a installé sa forge. Il a recueilli dans la forêt Sieglinde qui meurt en mettant au monde Siegfried. Le forgeron profite de l'aubaine pour préparer un plan afin de dérober l'anneau à son profit et ainsi se venger des vexations de son frère Alberich en exerçant un pouvoir tout aussi despotique. Mais il n'a pas la carrure de son frère ; en voulant devenir le père de Siegfried, il devient aussi martyre du jeune homme qui ne se reconnaît pas en lui. Mime prépare tant bien que mal Siegfried à tuer Fafner, mais le jeune garçon a pris l'habitude de briser toutes les épées forgées par le nain ; seule Notung pourrait lui convenir mais le forgeron, pourtant habile, ne parvient pas à la forger à nouveau et garde les fragments cachés de Siegfried.

Ayant compris ses erreurs avec Siegmund, Wotan fonde désormais ses espoirs sur Siegfried et se garde bien cette fois de toute intervention. Le dieu n'aspire désormais plus à son pouvoir mais songe à le léguer au futur couple formé par Siegfried et Brünnhilde. S'étant démarqué de cette dernière, il ne peut plus être compromis. Wotan abandonne peu à peu ses charges de maître des dieux pour voyager sous le costume de Wanderer (voyageur errant et lucide) ; il n'intervient plus dans le monde, sentant que ses anciennes lois sont dépassées. Son attitude ressemble à un début de folie. Bien que distant, il surveille attentivement l'évolution de Siegfried ; réduit à un rôle de spectateur qu'il ne supportera qu'en apparence, sa nature le poussera à tenter des interventions se voulant neutres, risquant ainsi de réitérer l'erreur faite vis-à-vis de Siegmund. Il continue à garder farouchement Brünnhilde endormie sur son rocher, réservant celle-ci à Siegfried. Loge sous sa forme de flammes prête son concours à Wotan qu'il s'empressera par ailleurs de trahir pour laisser passer Siegfried au début de l'acte III.

Le Crépuscule des dieux[modifier | modifier le code]

L'action scénique reprend la continuité de celle de Siegfried, on ne sait combien de temps sépare les deux journées, une seule nuit peut-être. Siegfried s'est uni à Brünnhilde et aspire désormais à de nouvelles aventures. Brünnhilde acquiesce, mais auparavant elle prend soin d'enduire le corps de Siegfried d'une protection magique à l'exception de son dos, car elle sait qu'il ne tournera jamais le dos à l'ennemi.

Parallèlement à ces événements, les Gibichungen règnent sur le Rhin. Alberich a corrompu la reine par de l'or dans des circonstances non précisées afin de lui faire porter son fils : Hagen. Ce dernier, demi-frère du roi du Rhin Gunther, est son premier conseiller ; il exerce sur lui une véritable emprise. Gunther ne rêve que de restaurer la gloire de sa dynastie salie par sa mère. Alberich compte sur Hagen pour accomplir sa vengeance en récupérant l'anneau de Siegfried.

Wotan, quant à lui, s'est réfugié dans un mutisme révélant une névrose poussée à son comble. Il siège impassible et sans mouvements ni regards sur le trône des dieux et semble attendre la fin annoncée. Son esprit malade ne semble s'inquiéter que de ce qui la retarde et aimerait pouvoir influencer Brünnhilde en ce sens[8] ; il est informé des événements du monde par ses corbeaux. Les Walkyries ne vont plus au combat et sont terrifiées par l'attitude du maître des combats tout comme les dieux désemparés par la vacance manifeste du pouvoir. On peut supposer, à l'analyse de la construction musicale de cette dernière journée, que Loge a déserté l'assemblée des dieux pour occuper les événements de cette révolution dans le monde.

Références
  1. a et b Bruno Lusato : Encyclopédie 2005, p. 70.
  2. a et b Bruno Lusato : Encyclopédie 2005, p. 69.
  3. a b et c Bruno Lusato : Encyclopédie 2005, p. 71.
  4. a et b Bruno Lusato : Encyclopédie 2005, p. 72.
  5. Guide des opéras de Wagner, p. 477-491.Pacte conclut par Wotan, Das Rheingold, Scène 2.
  6. Bruno Lusato : Encyclopédie 2005, p. 77.
  7. Bruno Lusato : Encyclopédie 2005, p. 78.
  8. Waltraute, Le Crépuscule des dieux, acte I.
Notes
  1. Cela est très bien montré visuellement dans la production 2004-2005 du Royal Opera House.
  2. Ceci est illustré musicalement par le leitmotiv de l'« évolution » (« werden ») qui lui est attaché.
  3. « Les voilà rués à leur perte, eux qui se targuent d'être éternels et j'éprouve quelque hontes à me commettre avec eux. Oh métamorphoser mon être, comme jadis, en langues de flammes, quelle tentation ! Consumer leur ramas d'aveugles, qui me domptèrent, au lieu de disparaître avec eux dans l'ignominie du néant ! Fussent-ils les plus divins des Dieux, l'idée n'est pas si bête, en somme. J'y veux penser qui sait ce que je fais ? » Loge, Fin de Das Rheingold, traduction de Louis Pilate, 1894.