Voir la source de Traité de Paris (1229)

{{à sourcer|date=novembre 2008}}
{{Voir homonymes|traité de Paris}}
Le '''traité de [[Paris]] de [[1229]]''' (appelé aussi '''traité de [[Meaux]]-Paris''' ou simplement '''traité de Meaux''') met fin au [[Croisade des Albigeois|conflit albigeois]] opposant le [[roi de France]] au [[comté de Toulouse|comte de Toulouse]]. Il prépare le rattachement définitif des pays [[Occitanie (région historique)|occitans]] au [[domaine royal]] [[Capétiens|capétien]].

== Signature ==
[[Fichier:Ratification par Raymond VII de Toulouse du traité de Meaux-Paris. - Archives Nationales - AE-II-230.jpg|vignette|upright|Ratification du traité par Raymond VII. Paris, Archives nationales, AE-II-230.]]
[[Blanche de Castille]], alors régente au nom de son fils [[Louis IX de France|Louis IX]], convoque une conférence à [[Meaux]] en mars 1229. [[Raymond VII de Toulouse]] s'y rend accompagné par ses principaux vassaux, notamment Bernard, [[comte de Comminges]]. Le haut clergé méridional et les seigneurs possessionnés par [[Simon IV de Montfort]] sont également présents.

Les conditions sont durcies par rapport au projet, mais Raymond VII n'a d'autre choix que d'accepter le traité. Il se rend donc à Paris en pèlerin et cherche l'absolution en pénitent sur les marches de [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]], où il est flagellé après sa déclaration publique de repentir. Il signe enfin le traité<ref>Les clauses du traité sont connues par une charte scellée par lui à Paris ce jour-là et conservée aux [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] sous la cote J 305/60. Voir la photo dans la
[http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/caran_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_1=TOUT&VALUE_1=&FIELD_2=COTE&VALUE_2=&FIELD_3=PERSONNE&VALUE_3=%27RAYMOND%20VII%20%281197-1249%29%20%28COMTE%20DE%20TOULOUSE%29%27&FIELD_4=LIEUX&VALUE_4=&FIELD_5=MOTS-MAT&VALUE_5=&FIELD_6=TYPEDOC&VALUE_6=&FIELD_7=DATDEB&VALUE_7=&FIELD_8=Date%20fin%20document&VALUE_8=&FIELD_9=NOMDOS&VALUE_9=&NUMBER=2&GRP=0&REQ=%28%28%27RAYMOND%20VII%20%281197-1249%29%20%28COMTE%20DE%20TOULOUSE%29%27%29%20%3aPERSONNE%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All base Archim].</ref> le {{date|12 avril 1229}}. Cela lui permet de voir sa situation régularisée auprès de l'[[Église catholique|Église]] et du [[royaume de France]] au prix d'un traité dont les conditions sont très dures.

== Description ==
Raymond VII, comte de Toulouse, se voit contraint de prêter allégeance au roi de France [[Louis IX de France|Louis IX]].

{{noble-|Raymond VII de Toulouse|-}} conserve l'essentiel des anciennes possessions de sa famille relevant du [[royaume de France]]{{sfn|Bruguière|1985|p=264-265}} : le [[Archidiocèse de Toulouse|diocèse de Toulouse]], sauf la [[seigneurie]] de Mirepoix{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}} ; le [[diocèse d'Agen]]{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}} ([[Agenais]]) et [[Diocèse de Rodez et Vabres|celui de Rodez]]{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}} ([[Rouergue]]) ; le [[Archidiocèse d'Albi, Castres et Lavaur|diocèse d'Albi]] au sud du [[Tarn (rivière)|Tarn]]{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}} ; et le [[diocèse de Cahors]], sauf [[Cahors]] et les fiefs possédés par {{noble|Philippe II Auguste|''Auguste''}} en {{date|1223|en France}}{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}}. {{noble-|Raymond VII de Toulouse|-}} cède Verfeil et Lasbordes à l'[[Liste des évêques et archevêques de Toulouse|évêque de Toulouse]] et au fils d'Olivier de Lyliers{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}}. Il cède au roi de France le diocèse d'Albi au nord du Tarn{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}} ainsi que le reste de ses possessions à l'ouest du [[Rhône]]{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}}. Il cède à l'Église ses possessions à l'est du fleuve{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|142}}}} : le [[marquisat de Provence]], terre d'[[Saint-Empire romain germanique|Empire]]{{sfn|Bruguière|1985|p=265, {{n.|143}}}}{{,}}<ref>En résumé, {{noble-|Raymond VII de Toulouse|-}} doit céder près de la moitié de son territoire, principalement les anciennes vicomtés de [[Raimond II Trencavel]]. Les sénéchaussées de [[Beaucaire (Gard)|Beaucaire]] et de [[Carcassonne]] sont rattachées au domaine royal et le marquisat de [[Provence]], connu plus tard sous le nom de [[Comtat Venaissin]], est cédé au [[Saint-Siège]]. Le comté de Toulouse perd ainsi les territoires actuels du [[Gard]], de l'[[Hérault (département)|Hérault]], de la [[Drôme (département)|Drôme]], du [[Vaucluse (département)|Vaucluse]] et de l'[[Aude (département)|Aude]]. Il conserve l'[[Agenais]], le [[Rouergue]], le Nord de l'[[Albigeois (pays)|Albigeois]] et le bas [[Quercy]] (ce qui représente actuellement la [[Haute-Garonne]], l'[[Aveyron (département)|Aveyron]], le [[Tarn (département)|Tarn]] et le [[Tarn-et-Garonne]]).</ref>.

Ce traité prévoit également le mariage de [[Jeanne de Toulouse]], fille et seule héritière de Raymond VII, avec l'un des frères du roi, [[Alphonse de Poitiers]], ce qui permet à plus ou moins brève échéance de rattacher les territoires restants du comté de Toulouse au domaine royal. Puisque le couple meurt sans enfants en 1271, c'est [[Philippe III le Hardi]] qui en hérite.

Pour couper court à toute révolte, il est également imposé à Raymond VII de démanteler les fortifications de plusieurs villes, dont celle de Toulouse et d'une trentaine de châteaux. Vingt-cinq sont nommés dans le traité : [[Fanjeaux]], [[Castelnaudary]], [[Labécède-Lauragais|Labécède]], Avignonet, [[Puylaurens]], [[Saint-Paul-Cap-de-Joux]], [[Lavaur (Tarn)|Lavaur]], [[Rabastens]], Gaillac, Montégut, [[Puycelsi]], Verdun, [[Castelsarrasin]], [[Moissac]], [[Montauban]], [[Montcuq]], [[Agen]], Condom, [[Saverdun]], Auterive, [[Casseneuil]], [[Pujols (Lot-et-Garonne)|Pujols]], [[Auvillar]], Peyrusse et [[Laurac]]{{sfn|Barber|2000|p=142-143}}. Le [[Château narbonnais|Château-Narbonnais]] est livré au roi en garantie pour dix ans.

Raymond doit s'engager à poursuivre les [[hérétiques]], à [[Croisade|prendre la croix]], combattre pendant cinq ans en [[Terre sainte]] et rendre à l'Église ce qui lui a été pris ou à l'indemniser pour les dommages subis.

Enfin, le comte s'engage à fonder une [[Université de Toulouse|université à Toulouse]] : {{noble-|Raymond VII de Toulouse|-}} s'engage à réserver une somme de {{unité|4000|[[Marc (unité)|marcs]] d'argent}} pour entretenir, pendant dix ans, quatorze maîtres : quatre en [[théologie]], deux en [[droit canonique]], six en [[arts libéraux]] et deux en [[grammaire]]{{sfn|Verger|2010|p=14}}.

== Conséquences ==
=== La fin de l'autonomie occitane ===
Le [[Languedoc]] a été vassal du roi de France, vassal du [[Liste des souverains d'Aragon|roi d'Aragon]], et en pratique quasiment indépendant.

Le comté de Toulouse cède la moitié de ses territoires, mais Jeanne de Toulouse et son époux, Alphonse de Poitiers, héritent de ceux qui restent. Le couple n'a pas d'enfants, et en [[1271]], à la mort d'Alphonse, ces territoires sont donc rattachés au domaine royal. De plus, la cession des territoires dépossède certains chevaliers de leurs terres au profit de vassaux du roi de France. Ils sont appelés les ''[[Faydit (croisade)|faydit]]'' (deux ans plus tard).

Le [[marquisat de Provence]] est conservé par Alphonse de Poitiers jusqu'à sa mort, le roi de France rechignant à céder ce territoire pourtant dû à l'Église selon les termes du traité. Cette dernière n'en prend possession qu'en [[1274]].

=== Renforcement du dispositif de lutte anti-cathare ===
En avril [[1229]], [[Louis IX de France|Louis IX]] oblige les vassaux occitans qui lui ont prêté allégeance à s'impliquer dans la lutte contre les hérétiques [[cathares]]. Raymond VII n'a donc plus d'autre choix que de mettre ses forces au service du roi pour le seconder dans cette tâche. Désormais, les refuges pour les hérétiques se font rares. Ils sont contraints de se replier sur les premiers contreforts des [[Pyrénées]].

=== Défaite ou victoire ? ===
Les termes du traité, qui sont très durs et lient les mains du dernier des comtes de Toulouse issu de la maison de Saint-Gilles, peuvent apparaître comme une défaite cuisante pour ce dernier. Pourtant, ce traité reconnaît aussi la position officielle de comte de Toulouse, qu'il avait perdue au profit de [[Simon IV de Montfort]] en [[1216]]. Par ailleurs, Raymond VII n'a jamais appliqué à la lettre toutes les clauses du traité, ce qui lui vaudra plusieurs excommunications de la part de l'Église. Enfin, il a conservé une position ambiguë face à l'hérésie cathare et au royaume de France.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==

=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
* {{Ouvrage | langue=en | prénom=Malcolm | nom=Barber | lien auteur=Malcolm Barber | titre=The Cathars | sous-titre=dualist heretics in Languedoc in the High Middle Ages | lieu=Harlow | éditeur=Longman | collection=The Medieval world | date=2000 | numéro d'édition=1 | pages totales={{XVI}}-282 | format livre={{unité|24|cm}} | isbn1=0-582-25662-3 | isbn2=0-582-25661-5 | ean=9780582256613 | bnf=37567242m | doi=10.4324/9781315842943 | sudoc=056476396 | lire en ligne={{Google Livres|id=cnHXAwAAQBAJ}} | consulté le=21 janvier 2023 | libellé=Barber 2000 | plume=oui}}
* {{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Pierre | nom1=Bonnassie | lien auteur1=Pierre Bonnassie | prénom2=Gérard | nom2=Pradalié | responsabilité2=éd. | titre=La capitulation de {{noble-|Raymond VII de Toulouse|-}} et la fondation de l'université de Toulouse | sous-titre={{date-|1229}}-{{date-|1979}}, un anniversaire en question | lieu=Toulouse | éditeur=[[Université Toulouse-Jean-Jaurès|université de Toulouse-Le Mirail]] | collection=Travaux | date=1979 | numéro d'édition=1 | pages totales=70 | format livre={{unité|24|cm}} | oclc=465359350 | bnf=36598505z | sudoc=000322822 | lire en ligne={{Google Livres|id=DZcPAQAAIAAJ}} | consulté le=21 janvier 2023 | libellé=Bonnassie et Pradalié 1979}}. 
* {{Article | langue=fr | prénom=Marie-Bernadette | nom=Bruguière | lien auteur=Marie-Bernadette Bruguière | titre=Un mythe historique | sous-titre={{citation|l'impérialisme capétien}} dans le Midi aux {{s2-|XII|XIII}} | périodique=[[Annales du Midi]] : revue de la France méridionale | tome=97 | numéro=171 | mois=juillet-septembre | date=1985 | pages=245-267 | oclc=743059786 | doi=10.3406/anami.1985.2088 | lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1985_num_97_171_2088 | accès url=libre | format=pdf | libellé=Bruguière 1985 | plume=oui}}
* {{Chapitre|prénom=Jacques |nom=Paul |titre=Le traité de Meaux-Paris ({{date-|avril 1229}}) |auteurs ouvrage=[[Claude Carozzi]] et Huguette Taviani-Carozzi (dir.) |titre ouvrage=Faire l'événement au Moyen Âge |nature ouvrage=actes des séminaires ''Sociétés, idéologies et croyances au Moyen Âge'', tenus à l'[[Université de Provence Aix-Marseille I|université Aix-Marseille-{{I}}]] de {{date-|2004}} à {{date-|2006}} |lieu=Aix-en-Provence |éditeur=[[Université de Provence Aix-Marseille I|Presses universitaires de Provence]] |collection=Le temps de l'histoire |année=2007 |réimpression={{date-|juillet 2017}} |numéro d'édition=1 |pages totales= 362 |isbn=978-2-85399-672-3 |lire en ligne=http://books.openedition.org/pup/5712 |consulté le=14 juillet 2018}}
* {{Chapitre | langue=fr | prénom=Jacques | nom=Verger | lien auteur=Jacques Verger | titre=Le Moyen Âge | auteur ouvrage=Marielle Mouranche (dir.) | titre ouvrage=Et Toulouse pour apprendre | sous-titre ouvrage=sept siècles d'histoire de l'université de Toulouse, {{date-|1229}}-{{date-|1969}} | lieu=Toulouse | éditeur=Presses universitaires du Mirail | collection=Tempus | série=contemporaine | date=2010 | numéro d'édition=1 | pages totales=199 | format livre={{dunité|16|24|cm}} | isbn10=2-8107-0134-2 | isbn=978-2-8107-0134-6 | ean=9782810701346 | oclc=758876170 | bnf=42330484v | doi=10.4000/books.pumi.20792 | sudoc=148168353 | présentation en ligne=https://pum.univ-tlse2.fr/~Et-Toulouse-pour-apprendre~.html | lire en ligne=https://books.openedition.org/pumi/20792 | accès url=libre | consulté le=21 janvier 2023 | libellé=Verger 2010 | plume=oui}}

=== Articles connexes ===
* [[Croisade des albigeois]]

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