Voir la source de Tourelle Galopin de 155 mm L modèle 1890

[[fichier:Tourelle Galopin de 155 mm L modèle 1890 june 2024.jpg|thumb|Tourelle de lar Batterie d'Éperon]]
La '''tourelle Galopin de 155 mm L modèle 1890''' est l'un des types de [[Tourelle (fortification)#Usage dans les fortifications contemporaines|tourelle]] qui équipent les forts du [[système Séré de Rivières]] à la fin du {{s-|XIX}}. Il s'agit d'un modèle de tourelle à éclipse, installé en saillie sur une [[Dalle (architecture)|dalle]] de [[béton]] et armé de deux canons longs de {{unité|155|mm}} (d'où l'abréviation « L »).

== Conception ==
La [[Tourelle (armement)|tourelle]] d'[[artillerie]] est d'abord une invention britannique, par le [[Commander (Royal Navy)|commandeur]] [[Cowper Phipps Coles]] en 1855 pendant la [[guerre de Crimée]] : c'est un [[Artillerie navale|canon de marine]] monté sur un [[Affût (artillerie)|affût]] pivotant et protégé par un bouclier hémisphérique. Coles, devenu [[Captain (Royal Navy)|capitaine]], poursuivit la promotion de son idée ; après un test sur la [[batterie flottante]] HMS ''Trusty'' en 1861, la [[Royal Navy]] fit lancer des navires à tourelles, tels que les HMS ''Prince Albert'' en 1864 et {{HMS|Captain|1869|2}} en 1869. Aux États-Unis, [[John Ericsson]] lança l'{{USS|Monitor}} en 1862.

Quelques tourelles (ou coupoles) de Coles furent installées à terre comme [[Artillerie côtière|batterie de côte]], notamment à [[Gibraltar]]. En 1863, le Belge [[Henri Alexis Brialmont]] fit installer une tourelle de Coles dans le fort {{n°|3}} de la [[Ligne de défense d'Anvers|place forte d'Anvers]]. Trois autres coupoles sont placées en 1867 au fort Saint-Philippe<ref>{{lien web |url=http://www.lignemaginot.com/ligne/armes/tourelle/debut.htm |titre=Les tourelles cuirassées : 1861 - 1863 - 1867 - 1870 |site=lignemaginot.com }}.</ref>. Ces exemplaires sont ensuite imités par les Russes (après la visite du général [[Édouard Totleben]] à Anvers) pour protéger la base de [[Kronstadt]], puis par les Prussiens, dont le capitaine du [[Génie militaire|génie]] {{lien |lang=de |trad=Maximilian Schumann |fr=Maximilian Schumann}} développe un affût blindé (''{{lang|de|Panzerlafette}}'') et une coupole cuirassé (''{{lang|de|Panzerdrehturm}}''). Schumann rejoint la société de [[Hermann Gruson]] à [[Magdebourg]], qui produit dans les années 1870 un modèle de coupole modèle 1873 en [[Fonte (métallurgie)|fonte]] armé de deux canons de {{unité|15|cm}}, dont les exemplaires défendent désormais [[Bremerhaven]], [[La Spezia]] et [[Metz]] (dans les forts [[fort Déroulède|Kameke]] et [[Groupe fortifié du Saint-Quentin|Manstein]])<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Hohnadel|prénom2=Philippe|nom2=Bestetti|titre=La Bataille des forts|sous-titre=Metz et Verdun de 1865 à 1918|lieu=Bayeux|éditeur=[[éditions Heimdal]]|année=1995|pages totales=80|passage=42|isbn=2-84048-087-5}}.</ref>. En France, la Commission des cuirassements mène des essais sur le polygone de Gâvres de 1874 à 1878, finissant par accepter en 1876 un modèle de tourelle en fonte qui prend le nom du secrétaire de commission, le capitaine [[Henri-Louis-Philippe Mougin]], armée avec deux [[Canon de 155 mm L modèle 1877|canons de {{unité|155|mm}}]]. Dans le cadre du [[système Séré de Rivières]], 25 exemplaires sont construits de 1879 à 1887 par la [[Compagnie des forges de Châtillon-Commentry et Neuves-Maisons|société Châtillon et Commentry]], à [[Saint-Chamond]].
{{article détaillé|Tourelle Mougin de 155 mm modèle 1876}}

Dans les années 1880, la [[Système Séré de Rivières#Crise de l'obus-torpille|crise de l'obus-torpille]] remet en cause toutes les fortifications précédentes. Les solutions proposées sont de recouvrir les forts avec une carapace de [[béton]] et d'y installer des tourelles à éclipse. En 1882, Schumann développe chez Gruson un modèle armé d'un canon de {{unité|57|mm}} à tir rapide (pour la défense rapprochée), capable de se mettre rapidement en batterie puis de s'éclipser grâce à un [[balancier]] et un [[contrepoids]]. Huit exemplaires sont installés dans la [[Fort de Mutzig|Feste Kaiser Wilhelm II]], huit autres autour de [[Neuf-Brisach]] et 77 autour [[Position fortifiée de Liège|de Liège]] et [[Position fortifiée de Namur|de Namur]]<ref>{{lien web |url=http://www.lignemaginot.com/ligne/armes/tourelle/f1876.htm |titre=Les tourelles cuirassées : 1876 |site=lignemaginot.com }}.</ref>. En 1884, le [[royaume de Roumanie]] décide de fortifier [[Bucarest]] et il lui faut choisir un modèle de tourelle, avec le choix entre deux modèles de tourelle tournante, une Schumann/Gruson et une Mougin/Saint-Chamond : un concours a lieu en {{date-|janvier 1885}} au polygone de tir de [[Cotroceni]], finalement remporté par la française, avec la commande de 60 exemplaires. En France, une autre expérience de tirs fut menée en {{date-|avril 1888}} au [[camp de Châlons]] entre trois tourelles différentes :
* la [[Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt]] (à [[Saint-Chamond]]) proposa une Mougin modifiée, en fer [[Laminage|laminé]], armée de deux canons longs de {{unité|155|mm}}, pour un prix estimé de {{unité|230000|francs}} ;
* la [[Compagnie des forges de Châtillon-Commentry et Neuves-Maisons|société Châtillon-Commentry]] (à [[Montluçon]]) apporta une coupole cuirassée tournante, avec un canon court ([[obusier]]) de {{unité|155|mm}} modèle 1891 ;
* la firme [[Fives-Lille]] propose, elle, une tourelle à éclipse du colonel Bussière, en [[acier]], avec deux canons longs de {{unité|155|mm}}, au prix d'un million de francs.
Côté fonctionnement, le problème mis en lumière est celui de la ventilation ; côté résistance au pilonnage, l'acier est préféré à la fonte (qui se fissure sous le choc), la tourelle à éclipse est plus résistante (la Saint-Chamond fut percée au {{29e|obus}}), mais la Bussière s'avère fragile (comprenant un [[Piston (mécanique)|piston]] hydraulique, un contrepoids et une [[machine à vapeur]]) et lente (14 secondes). Finalement, aucune commande n'est passée ; les tourelles sont réparées, la Saint-Chamond est installée au [[fort du Saint-Michel]], la Montluçon au [[fort de Lucey]] et la Bussière au [[fort de Souville]].

En 1889, le capitaine [[Alfred Galopin]], de la Section technique du génie, propose un nouveau modèle de tourelle, tenant compte des conclusions de Châlons : le système est plus robuste et surtout plus rapide (4 secondes et demi). Cette tourelle est adoptée le {{date-|15 juillet 1890}} et sa construction confiée à la [[Schneider et Cie|firme Schneider]] (au [[Le Creusot|Creusot]]). Étant donné son prix de {{unité|850000|francs}} (quatre fois plus cher que la Mougin), il n'est commandé en {{date-|août 1891}} qu'à cinq exemplaires pour des forts d'arrêt.

== Description ==
La tourelle est armée avec deux [[Canon de 155 mm L modèle 1877|canons de {{unité|155|mm}} L modèle 1877]], dont le tube fait {{unité|4.2|mètres}} de long, d'où une tourelle de {{unité|5.55|m}} de diamètre. Les affûts sont en berceau, les pièces équilibrées par des contrepoids, avec un pointage possible de -2°30' à 22°. Chaque tube peut ainsi envoyer un obus de {{unité|40|kg}} à un maximum de {{unité|7,5|km}}<ref>{{lien web |url=http://www.passioncompassion1418.com/Canons/AfficheCanonGET.php?IdCanonAffiche=1334 |titre=Canon de 155mm L Mle 1877 de tourelle |site=passioncompassion1418.com }}.</ref>.

Pour la protection, la muraille est composée de quatre pièces d'acier de {{unité|45|cm}} d'épaisseur, avec dessus une calotte en fer laminé de {{unité|38|cm}} d'épaisseur, avec doublure de {{unité|1.5|cm}} en acier doux contre les [[ménisque]]s. L'avant-cuirasse est composée de [[voussoir]]s d'acier moulé de {{unité|40|cm}} d'épaisseur, noyés dans la dalle de [[béton]]. La partie mobile a une masse de {{unité|150|tonnes}}, reposant sur deux balanciers en face-à-face. Un contrepoids moteur sert à la mise en batterie, actionné par un treuil (au fonctionnement manuel : il faut six hommes).

L'intérieur de la tourelle est composé de trois étages, avec en haut la chambre de tir, occupée par les deux canons, leurs affûts et le châssis ; dans l'étage intermédiaire se trouvent deux norias pour faire monter les obus et leur gargousses, ainsi qu'une circulaire de pointage en hauteur ; tout en bas sont placés les contrepoids et balanciers, avec un magasin à munitions à côté. Il fallait une équipe de 17 hommes pour faire fonctionner cette tourelle<ref>{{lien web |url=http://www.pompey-c-nous.com/html/batterie_eperon.html |titre=La tourelle Galopin : Batterie de l'Éperon de Frouard |site=pompey-c-nous.com }}.</ref>.

<gallery mode=packed caption="La tourelle de la batterie de l'Éperon">
Fichier:Tourelle Galopin de 155 mm L modèle 1890.jpg|L'extérieur.
Fichier:2013-08-16 14-33-31-batterie-eperon.jpg|L'étage inférieur.
Fichier:2013-08-16 14-34-48-batterie-eperon.jpg|Les deux balanciers.
Fichier:2013-08-16 14-28-22-batterie-eperon.jpg|Un des contrepoids.
</gallery>

== Liste des tourelles ==
[[Fichier:2011-09-18 16-25-04-fort-arches.jpg|vignette|L'emplacement de la tourelle du [[fort d'Arches]].]]
Seulement cinq exemplaires furent installés de 1891 à 1897, uniquement dans des forts de l'Est de la France ; 12 autres avaient été projetées<ref>{{Lien web |url=http://www.fortiffsere.fr/cuirassements/index_fichiers/Page2539.htm |auteur=Cédric et Julie Vaubourg |titre=La tourelle Galopin de 155L modèle 1890 |site=fortiffsere.fr }}.</ref>.

{| class="wikitable centre" style="text-align:center;"
! scope=col | Forts !! scope=col | Numéros de tourelle !! scope=col | État
|-
| [[Fort de Manonviller]] || A || détruite en 1914 puis mise à la ferraille
|-
| Fort de Manonviller || B || détruite en 1914 puis mise à la ferraille
|-
| [[Fort de Frouard|Batterie de l'Éperon]] || C || en place
|-
| [[Fort Aventure|Fort de Pont-Saint-Vincent]] || D || mise à la ferraille en 1942
|-
| [[Fort d'Arches]] || E || mise à la ferraille en 1942
|}

== Références ==
{{références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
| commons = Category:Tourelle Galopin modèle 1890
}}
=== Articles connexes ===
* [[Tourelle Mougin de 155 mm modèle 1876]]
* [[Tourelle Bussière de 57 mm modèle 1890]]
* [[Casemate de Bourges]]
* [[Tourelle de mitrailleuses modèle 1899]]
* [[Tourelle pour projecteur modèle 1904]]
* [[Tourelle de 75 mm R modèle 1905]]
* [[Tourelle Galopin de 155 mm R modèle 1907]]

{{Palette|Artillerie de l'Armée française durant la Première Guerre mondiale}}
{{Portail|Armée française}}

[[Catégorie:Fortification Séré de Rivières]]
[[Catégorie:Tourelle]]