Voir la source de RP-1

[[Fichier:Apollo 11 Launch - GPN-2000-000630.jpg|vignette|Décollage de la mission [[Apollo 11]], à bord d'un lanceur [[Saturn V]], dont le premier étage fonctionne grâce à du kérosène de grade RP-1]]
Le '''RP-1''' ({{Langue avec nom|en|texte=Rocket {{nobr|Propellant 1}}}} ou {{lang|en|Refined {{nobr|Petroleum 1}}}}) est une forme de [[kérosène]] spécialement raffiné en vue d'une utilisation comme [[carburant]] liquide stockable pour [[lanceur (astronautique)|lanceurs]] spatiaux. Utilisé avec l'[[oxygène liquide]] comme [[comburant]], il forme un [[propergol liquide]] moins puissant que l'[[hydrogène liquide]], mais bien plus simple à manipuler, avec une bien meilleure densité énergétique<ref>{{Chapitre|langue=en|prénom1=Douglas|nom1=Rapp|titre chapitre=High energy-density liquid rocket fuel performance|titre ouvrage=26th Joint Propulsion Conference|éditeur=American Institute of Aeronautics and Astronautics|doi=10.2514/6.1990-1968|lire en ligne=https://arc.aiaa.org/doi/abs/10.2514/6.1990-1968|consulté le=2020-06-10}}.</ref> et sans nécessiter de technologies cryogéniques pointues comme avec le [[Hydrogène liquide|LH2]]. Il est enfin bien moins dangereux que les carburants de type [[peroxyde d'azote]]/{{lnobr|aérozine 50}}, qui sont plus toxiques et [[cancérogène]]s que le kérosène.

Le développement du RP-1 résulte de la recherche, par les [[États-Unis]], de propergols stockables puissants pour propulser leurs [[Missile balistique intercontinental|missiles balistiques intercontinentaux]] dans le cadre de la [[guerre froide]]. Les études sont parties de la technologie développée par le {{lnobr|Troisième Reich|{{IIIe}} Reich}}, souvent au mépris de la vie de ses prisonniers de guerre, pour propulser ses avions-fusées {{lnobr|Messerschmitt Me 163|Messerschmitt Me 163B}} (au propergol ''[[T-Stoff]]''/''[[C-Stoff]]'') et ses {{lnobr|V2 (missile)|fusées V2}} (au propergol ''[[A-Stoff]]''/''[[B-Stoff]]''). Ce ''[[B-Stoff]]'' désignait un mélange d'[[éthanol]] dans une fraction d'[[eau]], qui permettait de refroidir le [[moteur-fusée]] du V2 en faisant circuler une partie de l'[[ergol]] dans le corps du moteur et dans la [[tuyère]] avant de l'injecter dans la [[chambre de combustion]].

Cette technique de refroidissement est aujourd'hui généralisée, et a conditionné le développement du RP-1 dans les {{nobr|années 1950}} pour remplacer avantageusement l'éthanol des premiers missiles (à l'image du {{lang|en|[[PGM-11 Redstone]]}} américain). Les [[hydrocarbure]]s présentent en effet des difficultés d'application par rapport aux [[alcool (chimie)|alcools]] :

* les hydrocarbures naturels contiennent une fraction [[Thiol|sulfurée]], qui a tendance à former des dépôts de [[soufre]] dans les circuits de refroidissement surchauffés du moteur et agit à la fois comme [[Catalyse|catalyseur]] de [[polymérisation]] et comme agent de [[réticulation]], risquant d'obstruer les conduits ;
* ils contiennent aussi une fraction [[Composé insaturé|insaturé]]e qui risque de polymériser sous l'effet de la chaleur dans les circuits de refroidissement et d'y former des dépôts ;
* ils ont enfin tendance à se fractionner en molécules plus petites sous l'effet de la chaleur, ce qui donne des bulles d'hydrocarbures légers dans le liquide circulant dans les circuits, susceptibles de les obstruer lorsqu'elles s'accumulent sur les dépôts de polymères et/ou de soufre.

Le procédé de fabrication du RP-1 commence donc par un raffinage classique en vue de produire du [[kérosène]], qu'on traitera ensuite par [[désulfuration]] avant d'en retirer les fractions [[Composé insaturé|insaturé]]es (ce qui résout les problèmes de dépôts solides) puis les fractions trop linéaires (ce qui résout les problèmes de fractionnement des molécules en sous-produits légers). Les espèces moléculaires privilégiées sont donc les hydrocarbures saturés en {{fchim|C|12}} très ramifiés ou polycycliques, ressemblant plus ou moins à des [[ladderane]]s.

Le résultat est une substance ayant un [[point d'éclair]] élevé (supérieur à {{tmp|40|°C}}), ce qui le rend stable et peu dangereux à manipuler, avec une [[masse volumique]] d'environ {{nb|810 kg/m3}} et une [[impulsion spécifique]] nominale comprise entre {{nb|270 et 360 s}} avec l'oxygène liquide. Étant peu volatil, le RP-1 doit être pressurisé dans son réservoir par un système dédié, généralement à base d'[[Diazote|azote]] ou d'[[hélium]], ce qui accroît la complexité du dispositif.

Des grades à usage équivalent au RP-1 avaient été développés en [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et sont toujours en usage en [[Russie]] sous le nom de [[T-1 (kérosène)|T-1]] et de [[RG-1]], avec une densité un peu plus élevée, entre {{nb|830 et 850 kg/m3}}, et même davantage en le réfrigérant suffisamment ; les réservoirs de kérosène du lanceur [[Soyouz (fusée)|Soyouz]] sont d'ailleurs situés entre les réservoirs d'oxygène liquide et d'azote liquide pour le garder au frais.

<!-- Pour mémoire :

Beaucoup de fusées américaines utilisèrent le couple RP-1/oxygène, en général pour le premier étage : 
* les missiles [[PGM-19 Jupiter]] et [[PGM-17 Thor]], et à leur suite toute la famille [[Delta (fusée)|Delta]] jusqu'à Delta III, qui en dérivent ;
* le [[SM-65 Atlas|missile Atlas]] et à sa suite les lanceurs spatiaux du même nom ;
* [[Titan I]] ;
* [[Saturn I]] et [[Saturn IB]] ;
* [[Saturn V]].

D'ailleurs, les fusées Thor, Atlas (I et II), Titan I et Saturn I utilisaient des [[moteur-fusée|moteurs]] de la même famille.
-->
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[T-1 (kérosène)|Kérosène T-1]], autre grade utilisé en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union Soviétique]], puis en [[Russie]]
* [[RG-1|Kérosène RG-1]], autre grade utilisé en Union Soviétique, puis en Russie
* [[Hydrogène liquide]]
* [[Oxygène liquide]]
* [[Propergol liquide]]

== Notes et références ==
{{Références}}

{{Palette|Ergols}}
{{Portail|chimie|énergie|astronautique}}

[[Catégorie:Produit pétrolier]]
[[Catégorie:Ergol]]
[[Catégorie:Propulsion des aéronefs]]
[[Catégorie:Carburant]]