Voir la source de Plan Jaune

{{Infobox Conflit militaire
 | conflit      ='''''{{Lang|de|Fall Gelb}}'''''
 | guerre       =[[Seconde Guerre mondiale]]
 | image        =Ww2 map10.jpg
 | légende      =Dernière version de ''{{Lang|de|Fall Gelb}}'' et le [[plan Dyle|plan Dyle-Bréda]].
 | date         ={{date||mai|1940}}
 | lieu         =[[Belgique]], [[France]], [[Luxembourg]] et [[Pays-Bas]]
 | issue        =Victoire allemande décisive
 | combattants1 = {{France}}<br />{{Royaume-Uni}}<br />{{Belgique}}<br />{{Pays-Bas}}<br />{{Luxembourg}}
 | combattants2 = {{Allemagne (1933)}}
 | commandant1 = {{drapeau|France}} [[Maurice Gamelin]]<br />{{drapeau|Royaume-Uni}} [[John Vereker|Lord Gort]]<br />{{drapeau|Belgique}} [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold {{III}}]]<br />{{drapeau|Pays-Bas}} [[Henri Winkelman]]
 | commandant2 = {{drapeau|Allemagne|Nazi}} [[Adolf Hitler]]
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 | pertes2      =
 | batailles    = {{Campagne de France (1940)|Campagne de France}}
 | notes        =
}}
Le '''cas Jaune''' ({{Lang-de|'''''Fall Gelb'''''}}), lors de la [[Seconde Guerre mondiale]], est une hypothèse stratégique des Allemands où ils prendraient l'initiative de l'offensive contre les [[France|Franco]]-[[Royaume-Uni|Britanniques]] avec lesquels ils sont en guerre, qui implique également, en dépit de leur [[Neutralité (relations internationales)|neutralité]], l'invasion de la [[Belgique]], du [[Luxembourg]] et des [[Pays-Bas]]<ref group="n">Les Allemands prévoient aussi la possibilité que les Franco-Britanniques prennent l'initiative d'entrer les premiers en Belgique sans attendre une offensive, cette hypothèse envisagée sous le nom de '''cas immédiat''' ({{Lang-de|'''''Sofort Fall'''''}}).</ref>. Le plan de déploiement et de manœuvre correspondant est appelé par commodité en français '''plan Jaune''' ; il est appliqué le [[Mai 1940|10 mai 1940]] entamant la [[Bataille de France|campagne de l'Ouest]].

Ce plan est parfois surnommé « '''plan coup de faucille''' »{{#tag:ref|L'expression « coup de faucille » ou « plan coup de faucille », souvent employée sous sa traduction allemande (''{{Lang|de|Sichelschnitt}}'', plan ''{{Lang|de|Sichelschnitt}}'' ou ''{{Lang|de|texte=Sichelschnittplan}}''), est à l'origine de [[Winston Churchill]], donc postérieure ; celui-ci parlait de « ''{{Lang|en|texte=armored scythe stroke}}'' » ou « ''{{Lang|en|texte=sickle cut}}'' »{{sfn|Frieser|2003|p=77}}.|name=faucille|group=n}}, ou encore, par abus, « '''plan Manstein''' ». Bien que rédigé en définitive par l'état-major de la [[Heer (Wehrmacht)|Heer]] (notamment [[Franz Halder|Halder]]), il est souvent considéré qu'il a été conçu sur une partie des propositions de [[Erich von Manstein|Manstein]] que [[Adolf Hitler|Hitler]] aurait imposée à l'[[Oberkommando des Heeres|OKH]]<ref name="KHF 81 95">{{Harvsp|Frieser|2003|p=81 à 95}}.</ref>{{,}}<ref name="AH 135 136">{{Harvsp|Horne|2010|p=135-136}}.</ref>{{,}}<ref name="BL 188 190"/>.

Au cours de la [[drôle de guerre]], le plan Jaune change dans ses grandes lignes jusqu'en {{Date|février 1940}} où il prend la forme qui est appliquée le {{date|10 mai 1940}}. En attaquant dans la plaine belge et aux Pays-Bas avec des moyens ostentatoires, les Allemands leurrent les alliés qui y envoient leurs meilleures unités en appliquant le [[plan Dyle|plan Dyle-Bréda]]. Celles-ci s'éloignent ainsi du négligé centre du front ([[Ardennes (département)|Ardennes]]), où s'exerce en réalité le principal effort de la [[Wehrmacht]], qui, tout en évitant les principales fortifications de la [[ligne Maginot]], donne un « coup de faucille » en réalisant une [[Percée de Sedan|percée décisive à Sedan]] avec ses divisions blindées : celles-ci atteignent la mer à [[Abbeville]] dès le {{Nobr|[[20 mai]]}}, isolant les forces alliées au nord, où elles sont battues ou [[Bataille de Dunkerque|contraintes à évacuer par mer]] en abandonnant leur matériel, ce qui met fin à la première phase de la [[bataille de France]] le {{Date|4 juin 1940}}.

Cette première phase a été décisive : malgré leur situation stratégique défavorable, ''{{Lang|de|Fall Gelb}}'' a permis aux Allemands de vaincre des ennemis d'importance comparable sur le plan numérique et matériel et conduit à la capitulation des Pays-Bas et de la Belgique (respectivement [[15 mai|15]] et {{Nobr|[[28 mai]]}}) et la conquête du Nord de la France, qui fournissent des bases pour une attaque ultérieure contre la Grande-Bretagne. La seconde phase de la bataille de France, planifiée sous le nom de ''{{Lang|de|Fall Rot}}'', n'est plus qu'un épilogue, puisque sur le continent, l'armée française combat désormais pratiquement seule en infériorité numérique et matérielle. L'essentiel du [[corps expéditionnaire britannique]] a dû en effet rembarquer, mais le fait qu'il ait pu s'échapper a rendu incomplet le succès de {{Lang|de|texte=''Fall Gelb''}} du point de vue stratégique.

== Contexte ==
{{article connexe|Drôle de guerre}}
Le {{date|3 septembre 1939}}, le [[Royaume-Uni]] et la France déclarent la guerre à l'Allemagne qui vient d'[[Campagne de Pologne (1939)|attaquer la Pologne]] (''{{Lang|de|Fall Weiss}}'') deux jours plus tôt. Contrairement au déclenchement de la [[Première Guerre mondiale]] où les Allemands prennent immédiatement l'offensive à l'ouest suivant le [[plan Schlieffen]] préparé en temps de paix, l'état-major n'a planifié qu'une attitude défensive face aux Franco-Britanniques, comme avec la dernière directive de l’{{Abréviation|[[Oberkommando des Heeres|OKH]]|Haut commandement de l'armée de terre}} ({{Lang|de|''Aufmarschanweisung '''Fall West'''''}}, directive de déploiement pour le cas Ouest) datant du {{Nobr|18 janvier 1939}}{{sfn|Koeltz|1957|p=19}}.

Le danger d'une guerre sur deux fronts pour l'Allemagne s'écarte rapidement avec l'élimination de la Pologne et, assurée dans une certaine mesure à l'est par le [[pacte germano-soviétique]], l'armée allemande concentre alors ses forces sur le front ouest où les Franco-Britanniques reprennent une attitude défensive derrière la [[ligne Maginot]] après leur timide [[offensive de la Sarre]].

== Stratégie initiale ==
=== La volonté d'Hitler d'attaquer à l'ouest sans tarder ===
Le [[12 septembre]], alors que l'invasion de la Pologne se déroule rapidement, Hitler confie à l’[[Oberst (Allemagne)|''{{Lang|de|Oberst}}'']] [[Rudolf Schmundt]], chef du bureau de ses aides de camp, son intention d'attaquer la France dès que possible après la fin des opérations en Pologne, une victoire contre la France devrait pousser les Britanniques à la négociation{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=26}}. Le {{Nobr|[[27 septembre]]}}, ses armées étant sur le point d'achever l'invasion de la Pologne, Hitler fait part à leur tour aux chefs de son armée{{#tag:ref|Le 25 il avait également annoncé son projet à l’{{Abréviation|[[Oberkommando des Heeres|OKH]]|Haut commandement de l'armée de terre}}<ref name="KHF 72">{{Harvsp|Frieser|2003|p=72}}.</ref>{{,}}<ref name="BL 136">{{Harvsp|Lemay|2010|p=136}}.</ref>.|name=sans|group=n}} de son intention d'attaquer au plus tôt à l'ouest, partant du principe que le temps joue contre l'Allemagne sur le plan économique ({{Citation|Moyens économiques plus forts dans l'autre camp}}) et militaire ({{Citation|Les mois qui viennent n'apporteront aucune augmentation substantielle du côté de notre propre capacité d'attaque, mais bien plutôt du côté de la capacité de défense de nos ennemis}}){{sfn|Frieser|2003|p=34 et 72}}, jugeant l'Allemagne supérieure sur terre et dans les airs, il veut également profiter du très bon moral des forces après la victoire contre la Pologne<ref name="JV 27">{{Harvsp|Vanwelkenhuyzen|1982|p=27}}.</ref>, a contrario de celui des Français tandis que les Britanniques n'ont pour le moment que peu de forces terrestres disponibles{{sfn|Koeltz|1957|p=15}}. Pour cela, il spécifie que l'offensive doit être menée par l'aile droite vers la [[Manche (mer)|Manche]] à travers la Belgique en couvrant le flanc sud, ce qui implique un passage par le [[Province de Limbourg (Pays-Bas)|Limbourg hollandais]] mais Hitler qui voudrait écarter une guerre avec les [[Pays-Bas]] escompte négocier avec le gouvernement néerlandais<ref name="JV 27"/>.

Le {{Nobr|10 octobre}}, conscient des réticences de [[Walther von Brauchitsch]] commandant en chef de l’{{Abréviation|[[Oberkommando des Heeres|OKH]]|Haut commandement de l'armée de terre}} et [[Franz Halder]] son chef d'état-major, Hitler leur expose un long mémoire. Il s'y justifie de la nécessité d'une victoire sur les Alliés pour l'affermissement du Reich et son expansion vers l'est, répétant que le temps joue contre l'Allemagne, la neutralité de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] ne sera pas toujours assurée, tout comme celle des États-Unis{{sfn|Lemay|2010|p=136-137}}. Hitler exprime ensuite que même si l'opération n'est pas décisive, il est décidé malgré tout à attaquer sur ces pays neutres pour y devancer une intervention des Alliés qu'il estime très probable et qui menacerait la [[Ruhr (région)|Ruhr]]<ref name="KL 29 30">{{Harvsp|Kœltz|1957|p=29 et 30}}.</ref>. Les Allemands croient en effet savoir {{Incise|à tort}} que les Belges entretiennent malgré leur neutralité des relations d'État-major avec les Alliés et que ces derniers concentrent d'importantes forces, notamment motorisées, face à la Belgique<ref name="JV 27"/>. Plutôt que de risquer que l'ennemi s'approche de la Ruhr, Hitler veut gagner un maximum de terrain ce qui ouvrira aussi la perspective à d'autres opérations. Pour cela, il a l'intention d'attaquer sur un front le plus large possible pour éviter que ses adversaires établissent une défense continue, les pousser à une bataille en rase campagne où l'armée allemande serait supérieure, utiliser les blindés par masse et par surprise et l'aviation contre les mouvements de l'ennemi. Rompre les voies de communications du corps expéditionnaire britannique avec Anvers est une de ses priorités<ref name="KL 29 30"/>. La veille, Hitler avait déjà rédigé la directive {{n°|6}} de l'[[Oberkommando der Wehrmacht|OKW]] où il s'expliquait à nouveau sur le besoin d'{{Citation|agir de façon active et offensive}}, et donnait ses instructions sur les objectifs d'une telle action :

{{Citation bloc|Il est nécessaire de battre le plus grand nombre possible d'unités de l'armée d'opération française ainsi que les alliés combattant à ses côtés, et, simultanément, de conquérir la plus grande superficie possible de territoire en Hollande, en Belgique et dans le Nord de la France pour en faire une base destinée à une guerre aérienne et maritime à longue portée contre l'Angleterre et un large glacis protecteur du territoire de la Ruhr qui est d'importance vitale|Adolf Hitler, directive {{n°|6}}, {{date|9 octobre 1939}}<ref name="HRTR 40 42"/>.}}

La stratégie présentée alors ne cherche pas de bataille décisive et ne poursuit que des objectifs partiels, sans doute en vue d'une guerre d'usure dans l'esprit issu de la [[Première Guerre mondiale]], où les ports et aérodromes avaient manqué pour la lutte contre le Royaume-Uni<ref name="KHF 78">{{Harvsp|Frieser|2003|p=78}}.</ref>{{,}}{{sfn|Lemay|2010|p=144-145 et 149}}. Cette directive envisage aussi que les Franco-Britanniques mènent une offensive à travers la Belgique et les Pays-Bas, auquel cas il faudra immédiatement rentrer de force ou non dans ces pays, le plus loin possible pour y arrêter l'ennemi, ce que l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} traduit en envoyant l'{{Citation|Instruction pour le commandant en chef du [[groupe d'armées B]]}} (seul face à la Belgique, le [[groupe d'armées A]] n'est pas encore formé) mais en se gardant la décision des objectifs initiaux et opérations ultérieures en fonction de la situation{{sfn|Kœltz|1957|p=32 à 35}}.

{{citation bloc|Ma décision est irrévocable. J'attaquerai la France et l'Angleterre au moment le plus favorable et le plus tôt possible. Violer la neutralité de la Belgique et la Hollande est sans importance. Personne ne se posera de question si nous sommes vainqueurs.|Déclaration d'Adolf Hitler à la [[chancellerie du Reich]], {{date|23 novembre 1939}}<ref>Cité par {{Harvsp|Frieser|2003|p=72}}.</ref>.}}

=== L'opposition des généraux à une telle offensive ===

La quasi-totalité des généraux allemands considèrent comme inopportun d'attaquer aussi rapidement après la campagne de Pologne<ref name="KHF 72"/>{{,}}{{sfn|Lemay|2010|p=137 à 139}}, en particulier [[Hermann Göring]], commandant de la [[Luftwaffe]], [[Walther von Brauchitsch]] commandant en chef de l’{{Abréviation|[[Oberkommando des Heeres|OKH]]|Haut commandement de l'armée de terre}} et [[Franz Halder]] son chef d'état-major<ref name="KL 18 20">{{Harvsp|Kœltz|1957|p=18 et 20}}.</ref>. Celle-ci a montré de sérieux manquements dans l'entraînement des troupes, dans le matériel et son utilisation et dans la cohésion entre unités blindées et d'infanterie non motorisées<ref name="BL 137 138">{{Harvsp|Lemay|2010|p=137-138}}.</ref>{{,}}<ref name="KL 18 20"/>. Les divisions de réservistes ont besoin d'être mieux encadrées et il faut plus de réserves, au début de l'automne seules {{Nobr|75 divisions}} seraient disponibles à l'ouest contre une centaine chez les Alliés, et celles qui sont en posture défensive ne sont pas en mesure de passer à l'offensive immédiatement<ref name="KL 18 20"/>. Les généraux estiment aussi qu'une offensive à l'ouest, face aux défenses franco-belges, ne peut être menée de la manière qui a rencontré tant de succès en Pologne, où l'armée était de moindre valeur et dans une position géostratégique défavorable{{sfn|Frieser|2003|p=33}}{{,}}<ref name="BL 137 138"/>. L'offensive a néanmoins vidé les stocks de munitions qui sont donc insuffisant début octobre pour mener un combat soutenu{{sfn|Frieser|2003|p=35-36}}. Il n'y a pas non plus de fournitures d'avance, et il faut aussi recompléter les unités en véhicules{{sfn|Kœltz|1957|p=21}}. Par ailleurs, une attaque à cette période de l'année réduit les possibilités de la Luftwaffe (conditions météorologiques, durée du jour) Gœring ne croirait pas ainsi au succès d'une offensive dans ces conditions{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=33-34}}, et il souhaiterait aussi du temps pour accroître les forces aériennes<ref name="KL 18 20"/>{{,}}<ref name="BL 137 138"/>. Pareillement, [[Walter von Reichenau|Walther von Reichenau]] le chef de la [[6e armée (Allemagne)|{{6e|armée}}]] (alors un des fers de lance contre la Belgique) et les généraux des blindés comme [[Heinz Guderian]] ou [[Erich Hoepner]] craignent pour la progression d'une offensive qui risque de se dérouler dans la boue<ref name="BL 137 138"/>.

Chez beaucoup de généraux, c'est l'idée même de l'offensive qui est contestée, pour plusieurs raisons. Elle ne ferait, en envahissant trois pays neutres, qu'éloigner l'éventualité d'un arrangement pacifique du conflit<ref name="BL 138 139">{{Harvsp|Lemay|2010|p=138-139}}.</ref>. [[Wilhelm von Leeb]], commandant du [[groupe d'armées C|groupe {{Nobr|d'armées C}}]] affirme qu'attaquer serait une faute politique, militaire et économique. Il craint pour l'unité du peuple allemand dans ce cas. Halder et Brauchitsch pensent aussi que les Allemands n'ont pas envie d'une guerre où ils seraient les agresseurs<ref name="LK 33 34">{{Harvsp|Kœltz|1957|p=33-34}}.</ref>. Mais surtout, d'après l'expérience de la [[Première Guerre mondiale]], une offensive victorieuse semble impossible à plusieurs généraux<ref name="BL 138 139"/>{{,}}{{sfn|Frieser|2003|p=73}}, au moins pas avant [[1942]] contre le front fortifié français selon un mémoire du {{Nobr|[[25 septembre]]}} de [[Carl-Heinrich von Stülpnagel]], chef de la section opérations de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}<ref>{{Harvsp|Vanwelkenhuyzen|1982|loc={{p.|366}}, {{Nobr|note 39}}}}.</ref>. La perspective d'une guerre d'usure fait également craindre à certains (tel Leeb<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|39}}}}.</ref>) une attaque opportuniste de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]].

{{citation bloc|La surprise n'est pas possible. Nous allons avoir un nombre infini de victimes sans pouvoir venir à bout des Français. Une attaque contre la France ne pourra pas être menée comme l'attaque contre la Pologne, mais sera longue et provoquera des pertes énormes.|[[Wilhelm von Leeb]], chef du [[groupe d'armées C]]<ref>[[Wilhelm von Leeb]], ''Tagebuchaufzeichnungen'', {{p.|184}} et suivantes, cité par {{Harvsp|Frieser|2003|p=33}}.</ref>.}}

Aussi c'est une attitude défensive qui est principalement prônée, notamment par Brauchitsch, Halder, Bock ou Leeb<ref name="LK 33 34"/>. Halder préfère que les Alliés passent à l'attaque {{Incise|bien qu'il ne croit pas que cette éventualité se produise cet automne–hiver, ne l'ayant pas fait en septembre<ref name="LK 33 34"/>}}, et pouvoir alors mener une contre-offensive victorieuse capable d'obtenir la décision{{sfn|Lemay|2010|p=143}} ; et si personne n'attaque, la guerre s'arrêtera peut-être d'elle-même comme certains officiers l'espèrent. Brauchitsch lui-même, écartant la solution jugée trop négative de renverser Hitler, dit à Halder le {{Nobr|14 octobre}} que {{Citation|notre devoir est de faire progresser lentement nos projets militaires et de favoriser toute possibilité de faire la paix}}<ref name="LK 33 34"/>. Pendant l'automne Brauchitsch essaye en vain à chaque occasion de convaincre Hitler des dangers de prendre l'offensive<ref name="JV 33">{{Harvsp|Vanwelkenhuyzen|1982|p=33}}.</ref>. Les relations entre Hitler et l'{{Abréviation discrète|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} se dégradent{{#tag:ref|Halder, approché via [[Carl-Heinrich von Stülpnagel]] par des [[Résistance intérieure au nazisme|opposants militaires au nazisme]], envisage même de tuer Hitler et de tenter de renverser le régime{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=37-38}}. Un propos ambigu de Hitler le {{Nobr|5 novembre}} lui fait penser que celui-ci a eu vent du complot, Halder met fin aux préparatifs de putsch{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=45}}. Il finit aussi par penser qu'Hitler est trop populaire, en l'absence de revers significatif, pour espérer le renverser ; aussi les militaires s'efforcent de préparer au mieux l'armée allemande à l'offensive même s'ils ne croient pas au succès de celle-ci{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=60}}.|name=Complot|group=n}}, mais Hitler peut compter sur le soutien de l'{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}} : [[Wilhelm Keitel|Keitel]], son chef d'état-major, peu enclin à le contredire, mais surtout d'[[Alfred Jodl]]<ref name="JV 33"/> :

{{Citation bloc|Même si cela doit cent fois contredire la doctrine de l'état-major [de l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}], nous gagnerons cette guerre parce que nous avons les meilleures troupes, le meilleur équipement, les meilleurs nerfs et un commandement unifié et résolu|Alfred Jodl, chef de la section opérations à l'{{Abréviation discrète|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}}<ref name="JV 33"/>.}}

Autre tenant d'une offensive, le commandant de la [[Kriegsmarine]], [[Erich Raeder]], qui réclame pour elle la conquête de ports sur les littoraux [[Normandie|normands]] et [[Bretagne|bretons]]{{sfn|Koeltz|1957|p=17}}. Ainsi soutenu un minimum, Hitler maintient malgré les objections qui lui sont faites sa décision d'attaquer dès que possible en assurant à Brauchitsch que la réaction française sera lente, que l'infanterie allemande est supérieure à son homologue française, que l'aviation paralysera l'artillerie française{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=34-35}}. Le {{Nobr|[[9 octobre]]}}, Hitler fixe la date de l'offensive au {{Nobr|25 novembre}}, sous l'unique réserve de bonnes conditions météorologiques{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=34}} (elle sera ainsi reportée {{Nobr|29 fois}} jusqu'au {{Nobr|10 mai}}{{sfn|Frieser|2003|p=35}}{{,}}{{#tag:ref|Pour certains historiens, comme [[Karl-Heinz Frieser]], tous les reports de la date de l'offensive ne s'expliquent pas par une météo défavorable, et traduiraient donc les hésitations de Hitler<ref name="KHF 78"/>.|name=sans2|group=n}}), et conformément à ses exigences, Halder expose un premier plan (''{{lang|de|Aufmarschanweisung Gelb}}'', directive pour le déploiement Jaune) le {{Nobr|[[19 octobre]]}}<ref name="AH 121 123">{{Harvsp|Horne|2010|p=121-123}}.</ref>.

== Évolution des plans opérationnels ==

[[Fichier:1939-1940-battle of france-plan-evolution.png|thumb|Le premier et le deuxième (ce dernier dans deux de ses versions) ordre de déploiement « Jaune », et la proposition de [[Erich von Manstein|Manstein]].]]
Après la campagne de Pologne, l'armée allemande à l'ouest se répartie en trois [[Groupe d'armées|groupes d'armées]] ainsi qu'un détachement d'armée :
* le [[groupe d'armées C]] (Heeresgruppe C, ''{{Lang|de|[[Generaloberst]]}}'' [[Wilhelm von Leeb]]) de la [[Suisse]] au Luxembourg, face à la [[ligne Maginot]] ;
* le [[groupe d'armées A]] (Heeresgruppe A, ''{{Lang|de|Generaloberst}}'' [[Gerd von Rundstedt]]), face au Luxembourg (activé à partir du {{Nobr|26 octobre 1939}});
* le [[groupe d'armées B]] (Heeresgruppe B, ''{{Lang|de|Generaloberst}}'' [[Fedor von Bock]]), face à la Belgique ;
* le [[Détachement d'armée A (Wehrmacht)|détachement d'armée N]] (Armee-Abteilung N) face aux Pays-Bas.

Les {{Citation|directives pour le déploiement Jaune}} ('''''{{lang|de|Aufmarschanweisungen Gelb}}'''''), diffusées par l’[[Oberkommando des Heeres|OKH]], sont conçues par le ''{{Lang|de|[[General der Artillerie]]}}'' [[Franz Halder]], chef d'état-major de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}, de ses adjoints le ''{{Lang|de|[[Generalleutnant]]}}'' [[Carl-Heinrich von Stülpnagel]] (chef de la section logistique) et l’''[[Oberst (Allemagne)|{{Lang|de|Oberst}}]]'' {{lien |trad=Hans von Greiffenberg |lang=en |fr=Hans von Greiffenberg}}, sous la direction du ''{{Lang|de|Generaloberst}}'' [[Walther von Brauchitsch]], commandant en chef de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}<ref name="BL 145 147">{{Harvsp|Lemay|2010|p=145-147}}.</ref>, en tenant compte des souhaits de l'{{Abréviation|[[Oberkommando der Wehrmacht|OKW]]|Haut commandement de l'armée allemande}} et en lien avec l'{{Abréviation|[[Oberkommando der Luftwaffe|OKL]]|Haut commandement des forces aériennes}} et l'{{Abréviation|[[Oberkommando der Marine|OKM]]|Haut commandement de la marine}}{{sfn|Kœltz|1957|p=19 et 20}}. Comme c'était le cas à l'époque du [[Grand État-Major général]], ces directives de déploiements ont pour objet la concentration et les objectifs initiaux des armées{{sfn|Kœltz|1957|p=37}}.

=== Première directive de déploiement (19 octobre) ===
==== Principe ====

Reprenant en partie la directive {{n°|6}} de l'{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}} dans ses objectifs généraux, l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} diffuse le {{date|19 octobre 1939}} le premier ''{{Lang|de|Aufmarschanweisung Gelb}}''. L'effort principal doit être effectué par l'aile droite (à savoir le groupe d'armées B et le détachement d'armée N), au nord du [[sillon Sambre-et-Meuse]] où sera concentré la masse des unités motorisées<ref name="LK 35 36">{{Harvsp|Kœltz|1957|p=35-36}}.</ref>{{,}}<ref name="BL 145 147"/>.

Ce plan vise d'abord à mettre {{Citation|hors de cause les forces hollandaises}} et battre un maximum de forces belges dans la zone des fortifications frontalières, il s'agit ensuite de reconcentrer promptement des {{Citation|forces puissantes, spécialement des unités rapides}} dans la plaine belge pour {{Citation|créer les conditions permettant de poursuivre l'attaque immédiatement avec une aile nord puissante}} et à se saisir de la côte belge<ref name="LK 38 39">{{Harvsp|Kœltz|1957|p=38-39}}.</ref>.

La directive de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} insiste sur le fait que les principaux obstacles initiaux ne seront pas de puissantes forces ennemies mais des coupures d'eau ([[Meuse (fleuve)|Meuse]], [[canal Albert]]…), des fortifications, des barrages routiers… Et donc qu'il faut prévoir consciencieusement leur franchissement. Lorsque par la suite d'importants renforts ennemis interviendront, il s'agira en les attaquant énergiquement de contrecarrer leur concentration en puissants groupements de contre-offensive<ref name="LK 38 39"/>.

Afin de préserver la surprise sur le centre de gravité de l'opération, les [[grande unité|grandes unités]] sont disposées en profondeur derrière les frontières, qu'elles gagneront en cinq nuit maximum, un préavis de sept jours pour l'offensive est nécessaire<ref name="LK 35 36"/>.

==== Missions ====
[[Fichier:Vesting holland the netherlands.jpg|thumb|La {{Lang|nl|texte={{lien |trad=Grebbe line |lang=en |fr=Ligne de la Grebbe |texte=''Grebbelinie''}}}} et autres défenses néerlandaises, notamment la {{Lang|nl|texte={{Lien|trad=Festung Holland |lang=de |fr=Forteresse Hollande |texte=''Vesting Holland''}}}} (forteresse Hollande).]]

<small>Source : sauf mention contraire, {{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|40}}}}.</small>
* Le détachement d'armée N, avec trois divisions d'infanterie<ref name="BL 145 147"/>, doit attaquer en direction d'[[Utrecht]] avec pour objectif de s'emparer de la {{lien |trad = Grebbe line |lang = en |fr = ligne de la Grebbe}}, et de tirer parti de toute occasion de progresser rapidement vers [[Amsterdam]] et [[Rotterdam]].
* Le groupe d'armées B a pour objectif de percer les fortifications belges, d'empêcher les forces belges de se réchapper d'[[Anvers]] et de [[Liège]], une part maximale de l'armée belge doit être battue sur la frontière, et ensuite, concentrant ses forces au nord et au sud de [[Bruxelles]], de poursuivre sans attendre pour se saisir du littoral belge ([[Bruges]] – [[Gand]])<ref name="LK 38 39"/>.
** La [[2e armée (Allemagne)|{{2e|armée}}]] ([[Maximilian von Weichs|Weichs]]), avec quatre divisions d'infanterie, doit franchir la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] des Pays-Bas entre [[Nimègue]] et [[Arcen]] et attaquer en direction d'[[Aarschot|Aerschot]] au sud-est d'Anvers pour protéger l'attaque de la {{6e|armée}} d'une action venant d'Anvers.
** La [[6e armée (Allemagne)|{{6e|armée}}]] ([[Walter von Reichenau|Reichenau]]), avec sept divisions d'infanterie et trois blindées, attaquant sur une ligne [[Aix-la-Chapelle]] – [[Venlo]], doit rapidement franchir la Meuse et percer les fortifications belges au nord de Liège (la [[position fortifiée de Liège]] est à investir en liaison avec la {{4e|armée}}) en direction de [[Tirlemont]] à l'est de [[Bruxelles]].
** La [[4e armée (Allemagne)|{{4e|armée}}]] ([[Günther von Kluge|Kluge]]), avec neuf divisions d'infanterie et trois blindées, doit attaquer et percer le plus rapidement possible la ligne de la Meuse entre [[Namur]] (la [[position fortifiée de Namur]] est à investir en liaison avec la {{12e|armée}}) et Liège (à investir en liaison avec la {{6e|armée}}) puis progresser vers le nord-ouest.
** Sept divisions d'infanterie, deux motorisées et deux blindées sont en réserve du groupe d'armées.
* Le groupe d'armées A a pour mission la couverture du groupe d'armées B de toute incursion ennemie venant du sud, en progressant dans les Ardennes et en franchissant la Meuse au sud de Namur. Suivant les événements, elle flanc-gardera ou soutiendra la poursuite de l'offensive du groupe d'armées B vers l'ouest.
** La [[12e armée (Allemagne)|{{12e|armée}}]] ([[Wilhelm List (officier allemand)|List]]), avec huit divisions d'infanterie, une blindée et une motorisée, doit passer la frontière autour de [[Bastogne]] et, avec une puissante aile droite, traverser la Meuse entre Namur (à investir en liaison avec la {{4e|armée}}) et [[Fumay]] tandis que l'aile gauche tiendra la [[Semois (rivière)|Semois]] depuis [[Bouillon (Belgique)|Bouillon]] jusqu'à la Meuse.
** La [[16e armée (Allemagne)|{{16e|armée}}]] ([[Ernst Busch (militaire)|Busch]]), avec 10 divisions d'infanterie, doit progresser à travers le Luxembourg pour se positionner sur une ligne faisant face au sud Semois – [[Arlon]] – [[Luxembourg (ville)|Luxembourg]], en liaison avec la {{1re|armée}} qui défend la [[Sarre (Land)|Sarre]].
** Six divisions d'infanterie sont en réserve du groupe d'armées.
* Le groupe d'armées C défend la [[ligne Siegfried]] avec les [[1re armée (Allemagne)|1{{re}}]] ([[Erwin von Witzleben|Witzleben]]) et [[7e armée (Allemagne)|{{7e|armées}}]] ([[Friedrich Dollmann|Dollmann]]) totalisant {{Nobr|25 divisions}}<ref name="BL 145 147"/>.

==== Réception ====
Présenté à Hitler, celui-ci aurait réagit négativement<ref name="AH 121 123"/>, estimant qu'il s'agirait d'une réédition du [[plan Schlieffen]], bien que l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} se soit conformé à ses instructions et que les deux plans n'aient en commun que d'avoir un effort principal initial sur l'aile droite exercée vers la Belgique et le Nord de la France. En revanche là où le plan Schlieffen cherchait une victoire stratégique, le plan Jaune présenté ne prévoit pas de faire la décision{{sfn|Lemay|2010|p=148-149}}{{,}}<ref name="KHF 78 81">{{Harvsp|Frieser|2003|p=78-81}}.</ref>. Certains historiens ([[Karl-Heinz Frieser|Frieser]]{{sfn|Frieser|2003|p=79}}, {{Lien|lang=de|Jean Vanwelkenhuyzen}}<ref name="JV 35">{{Harvsp|Vanwelkenhuyzen|1982|p=35}}.</ref>) jugeant le plan sans imagination pensent que Halder, opposant à une offensive, aurait volontairement fait le minimum pour respecter les directives d'Hitler, à la limite du {{Citation|sabotage}}. Pour [[Louis Koeltz|Koeltz]], l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}, conscient de ses moyens limités, ne cherche pas une grande opération et vise d'abord à s'assurer de pouvoir déboucher dans la région de Bruxelles, et que la concentration de forces puissantes et rapide dans cette région laisse penser que l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} veut atteindre l'objectif de Hitler {{Incise|la côte belge}} par une poussée en direction du sud-ouest<ref name="LK 38 42">{{Harvsp|Kœltz|1957|p=38 à 42}}.</ref>.

{{Citation bloc|Que l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} s'en soit tenu au premier objectif, c'était chose logique et conforme à la doctrine du grand [[Helmuth Karl Bernhard von Moltke|Moltke]] : ne pas ordonner au delà de la première rencontre|[[Louis Koeltz]], ''Comment s'est joué notre destin''<ref name="LK 38 42"/>.}}

Koeltz ajoute que rien ne laisse présager ce que fera l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} après avoir atteint la côte belge, et qu'il est donc exagéré de dire que l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} reprend le plan Schlieffen<ref name="LK 38 42"/>.

Hitler, qui a pensé l'offensive de l'ouest en termes de stratégie, prend conscience avec la directive Jaune des difficultés que l'opération va rencontrer, et s'inquiète notamment des nombreux cours d'eau à franchir, en particulier au nord de Liège avec la Meuse, le canal Albert sous les feux du [[fort d'Ében-Émael]]. Le {{Nobr|21 octobre}}, il commence à envisager avec Keitel et Jodl l'utilisation de planeurs, parachutistes et d'agents spéciaux pour s'emparer par surprise des ponts et forts, et garantir ainsi la vitesse de l'offensive générale. Le lendemain, il pense aussi envoyer la [[7. Fallschirmjäger-Division|{{7e|division}} parachutiste]] et la [[22e division d'infanterie (Allemagne)|{{22e|division}} d'infanterie]] (aéroportée) dans la région de Gand pour empêcher le repli de l'armée belge depuis Anvers vers la côte française. Il fait part de ses idées et interrogations à l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}. Halder et Brauchtisch lui précisent que les {{4e}} et {{6e|armées}} avanceront en deux échelons, le premier rapide, blindé et motorisé, le second normal, et qu'elles regrouperont ensuite leurs échelons rapides dans la région de Bruxelles sous le commandement de Reichenau, son infanterie passant à la {{2e|armée}}. L'utilisation d'[[artillerie lourde sur voie ferrée]], de fumigènes, est préparée contre Ében-Émael, la décision d'attaque aéroportée n'étant pas du ressort de l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}, cela revient à l'{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}}. Hitler trouve que le détachement {{Nobr|d'armées N}} est trop puissant car il sera de toute façon bloqué par la ligne de la Grebbe et ses inondations, ce à quoi l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} répond s'être conformé à ses intentions<ref name="LK 43 45">{{Harvsp|Kœltz|1957|p=42 à 45}}.</ref>.

Lors d'une nouvelle conférence, le {{Nobr|25 octobre}}, Hitler demande qu'on renforce les moyens de l'offensive, et prélever pour cela des unités en Pologne et au groupe {{Nobr|d'armées C}} qui a un rôle passif. Il continue à donner ses idées, comme celle de détruire des barrages et digues pour limiter les inondations devant le détachement {{Nobr|d'armées N}}. Il s'inquiète aussi qu'en faisant passer la {{4e|armée}} de l'est vers le nord-ouest de Namur, on ne pourra avoir qu'un petit enveloppement, Halder lui répond qu'une puissante aile enveloppante sera formée lorsque les divisions blindées se rejoindront dans la région de Bruxelles. Bock, Kluge et Reichenau étant présents ensuite, Hitler en profite pour insister sur l'engagement en avant des unités rapides, pousser les Franco-Britanniques à manœuvrer, domaine où ils sont inférieurs, pour ne pas retomber dans le schéma de la [[Première Guerre mondiale]]. Bock, Kluge et Reichenau ont alors l'occasion d'exprimer devant Hitler leurs réticences quant à une offensive à l'automne – hiver. Bock s'attache ainsi d'abord à expliquer que, vu le dispositif des Français et des Belges, les Alliés pourraient être en force à Anvers avant les Allemands et l'opération pourrait prendre une tournure statique sur une ligne Anvers – Namur – Meuse de [[Dinant]] ; que pour l'éviter il faudrait utiliser massivement l'aviation ce que limiterait les conditions météorologiques en cette saison<ref name="LK 46 49">{{Harvsp|Koeltz|1957|p=46 à 49}}.</ref>.

Plus tard au cours de cette conférence, Hitler explique qu'{{Citation|au début il avait souhaité et pensé n'exécuter l'attaque principale qu'au sud de la Meuse de Liège, peut-être avec une opération secondaire contre cette place […] pour couper et anéantir, en poussant en direction générale de l'ouest puis du nord-ouest, les forces ennemies stationnées en Belgique ou y pénétrant}}. Ou alors, {{Citation|s'il ne serait pas possible de continuer la percée en direction de [[Reims]] – [[Amiens]]}}, concluant finalement qu'{{Citation|évidemment le tout est de savoir si on pourrait percer ou non dans cette région}}<ref name="LK 46 49"/>. Le lendemain, il décide d'ajouter un nouveau centre de gravité à l'opération, au sud du sillon Sambre-et-Meuse, par la {{12e|armée}}, et que les {{Citation|unités blindées devront être engagées en masse là où le succès interviendra}}. Informé, Halder prend note : {{Citation|Important changement du plan initial : tenter de percer n'importe où}}. Deux groupements doivent être formés, pour agir en direction de Gand et/ou en direction de l'ouest. Confus initialement dans ses idées, Hitler se justifie plus clairement devant l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} le {{Nobr|28 octobre}} : alors qu'au nord de Liège les difficultés se présenteront immédiatement, au sud la progression sera d'abord plus aisée avant que ne se présente la Meuse de Namur – [[Charleville-Mézières|Mézières]] qui pourra avoir été renforcée, le temps de l'atteindre, par l'ennemi. Ne sachant ''a priori'' où il y a le plus de chance de percer, Hitler veut essayer les deux possibilités<ref name="LK 49 53">{{Harvsp|Koeltz|1957|p=49 à 53}}.</ref>.

Fort de ces changements, un nouveau plan est rédigé par l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}, toujours sous la pression de Hitler qui avance le {{Nobr|22 octobre}}, malgré l'opposition de Brauchitsch<ref name="LK 49 53"/>, la date de l'offensive (jour-A, {{Lang|de|''A-Tag''}}) au {{Nobr|12 novembre}} (devant être confirmée sept jours avant) après avoir appris que les unités blindées et motorisées seraient prêtes pour le [[11 novembre|11]]{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=35 et 44}}. L'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} active alors dans la précipitation le groupe {{Nobr|d'armée A}} et les {{12e}} et {{16e|armées}}, ne disposant pas de moyens de transmissions à leur affecter avant plusieurs semaines<ref name="LK 49 53"/>.

=== Deuxième directive de déploiement (29 octobre) ===
==== Principe ====
Le deuxième ordre de déploiement est envoyé par l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} à l’{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}} le {{date|29 octobre 1939}}<ref name="BL 145 147"/>. Afin de {{Citation|créer des conditions favorables à une continuation de la guerre terrestre et aérienne contre l'Angleterre et la France}}, les objectifs poursuivis par ce plan sont de faire s'engager et d'éliminer un maximum de forces alliés au nord de la [[Somme (fleuve)|Somme]] et la prise des côtes de la [[Manche (mer)|Manche]], là où le précédent plan ne concernait que la côte belge et la destruction des forces belges en repoussant celles des Alliés venues à leur secours<ref name="EB 41">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|41}}.}}.</ref>. Les Pays-Bas ne sont plus concernés par l'offensive, si ce n'est par la traversée de la [[Province de Limbourg (Pays-Bas)|province du Limbourg]] dans le but d'attaquer la Belgique sur un front plus étendu<ref name="EB 41"/>. L'essentiel de l'effort est toujours exercé par le groupe d'armées B, et s'est globalement déplacé vers le sud par rapport au premier plan, tandis que les effectifs sur la ligne Siegfried (groupe d'armées C) sont affaiblis<ref name="BL 145 147"/>{{,}}<ref name="KHF 78 81"/>. En fait, ce plan prévoit deux axes d'efforts initiaux, un troisième sera même ajouté<ref name="KHF 78 81"/> ; Hitler désire former le centre de gravité ({{Lang-de|''Schwerpunkt''}}) de l'opération seulement au cours de celle-ci sur l'axe qui progressera de manière effective, contre l'avis d'Halder et de Brauchitsch<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|44 et 45}}}}.</ref>{{,}}<ref name="BL 166">{{Harvsp|Lemay|2010|p=166}}.</ref>.

==== Missions ====
<small>Source : sauf mention contraire, {{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|41}}}}.</small>
* Le groupe d'armées B doit attaquer de part et d'autre de Liège en direction de l'ouest, et doit poursuivre sans perdre de temps vers la Manche en direction de, selon la situation, soit [[Ostende]] (nord-ouest), soit [[Boulogne-sur-Mer]] (ouest) ou soit [[Abbeville]] (sud-ouest). Les unités rapides doivent être engagées dès que la percée des fortifications de la zone frontalière par l'infanterie aura été effectuée et doivent empêcher, en attaquant résolument, la formation d'un front par l'ennemi. Selon les besoins, ces unités pourront être réunies, ou recevoir un commandement séparée de l'infanterie en cas d'intervention en avant (''{{Lang|de|Panzergruppe}}''). Toutes les divisions blindées sont affectées à ce groupe d'armées<ref name="BL 145 147"/>.
** La {{6e|armée}}, avec huit divisions d'infanterie, cinq blindées et deux d'infanterie motorisées, doit attaquer au nord de Liège, à travers le [[Limbourg]], se flanc-garder d'une action néerlandaise et attaquer en direction de Bruxelles et d'Anvers, investir Liège en liaison avec la {{4e|armée}} et Anvers.
** La {{18e|armée}} ([[Georg von Küchler|Küchler]]), nouvellement formée à partir du détachement d'armée N<ref name="BL 145 147"/>, est échelonnée derrière la {{6e|armée}}.
** La {{4e|armée}}, avec 12 divisions d'infanterie, quatre blindées et deux d'infanterie motorisée, doit attaquer entre Liège et [[Houffalize]], traverser l'[[Ardenne]] puis la Meuse de part et d'autre de Namur (qui doit être investie), poursuivre en direction d'une ligne [[Nivelles]] - [[Chimay]].
** La {{2e|armée}} est échelonnée derrière la {{4e|armée}}.
** 10 divisions d'infanterie sont en réserve du groupe d'armées.
* Le groupe d'armées A doit flanc-garder la B en traversant le Luxembourg et l'Ardenne. Son aile droite doit franchir la Meuse au sud de [[Fumay]], percer les fortifications frontalières françaises, poursuivre en direction de [[Laon]]. Ce groupe d'armées ne dispose d'aucune division rapide<ref name="BL 145 147"/>.
** La {{12e|armée}}, avec huit divisions d'infanterie, doit traverser le Luxembourg et l'Ardenne et réaliser avec une puissante aile droite la traversée de la Meuse et l'attaque en direction de Laon, protégeant ainsi le flanc sud du groupe d'armées B<ref name="EB 41"/>{{,}}<ref name="BL 145 147"/>. Son aile gauche s'établit défensivement face à [[Sedan]], en liaison à [[Carignan (Ardennes)|Carignan]] avec la {{16e|armée}}.
** La {{16e|armée}}, avec 10 divisions d'infanterie, doit traverser le Luxembourg et l'Ardenne et s'établir face à la ligne Maginot entre Carignan et la Sarre.[[Fichier:France 1940-Plan de bataille.svg|thumb|''{{Lang|de|Fall Gelb II}}'', janvier 1940.]]
** Quatre divisions d'infanterie sont en réserve du groupe d'armées.
* Le groupe d'armées C défend toujours la ligne Siegfried avec les {{1re}} et {{7e|armées}} (désormais {{Nobr|18 divisions}} d'infanterie)<ref name="BL 145 147"/>.
* 17 divisions d'infanterie et deux d'infanterie motorisées sont en réserve de l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}<ref name="BL 145 147"/>.

==== Réception et modifications ====
===== Un troisième axe d'effort : Sedan =====
Le {{Nobr|5 novembre}}, Brauchitsch qui a fait les jours précédents le tour des commandements de groupes d'armées et d'armées impliqués dans l'offensive rapporte à Hitler que d'après ce qu'il a constaté l'armée n'est toujours pas prête et il s'oppose à nouveau à l'offensive immédiate, provoquant la colère de Hitler qui l'éconduit. La concentration commence le jour même, la date du 12 étant maintenue pour l'offensive, mais les conditions atmosphériques sont si dégradées qu'elle est arrêtée le 7<ref name="LK 73 77">{{Harvsp|Koeltz|1957|p=73 à 77}}.</ref>. L'offensive est désormais fixée au 15{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=46 et 50}} ou 16<ref name="LK 73 77"/>. Mais Hitler veut apporter des changements au plan, et Halder obtient un report de l'offensive pour le 19 pour les effectuer<ref name="LK 79 82">{{Harvsp|Koeltz|1957|p=79 à 82}}.</ref>.

En effet le {{Nobr|30 octobre}}, toujours soucieux de savoir si ses armées pourront passer la Meuse au nord de Liège ou au sud de Namur vers Dinant, Hitler remarque auprès de Jodl que des forces pourraient progresser rapidement d'est en ouest en direction cette fois de la Meuse de [[Sedan]] à travers le [[Luxembourg]] dépourvu d'armée puis la trouée d'[[Arlon]] - [[Tintigny]] - [[Florenville]], ce n'est qu'après que des difficultés se présenteront avec la traversée de la [[Semois (rivière)|Semois]] à [[Bouillon (Belgique)|Bouillon]]{{sfn|Koeltz|1957|p=60-61}}. Après avoir été averti le {{Nobr|5 novembre}}, l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} après discussion avec l’{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}} émet un ordre le {{Nobr|11 novembre}} où une troisième force rapide ([[19e corps d'armée (Allemagne)|XIX. Armee-Korps (mot.)]] de [[Heinz Guderian|Guderian]] avec deux divisions blindées, une motorisée et le [[Panzergrenadier-Division Großdeutschland|régiment Großdeutschland]]) doit être constituée, avec pour objectif Sedan via la trouée d'Arlon. Le but est d'abord de favoriser la progression des {{12e}} et {{16e|armées}} en repoussant les forces motorisées que l'ennemi enverrait en Ardenne, et ensuite de s'emparer {{Citation|par surprise}} d'une tête de pont à Sedan {{Citation|et créer ainsi les conditions favorables pour la continuation des opérations, spécialement pour le cas où les forces blindées des {{6e}} et {{4e|armées}} ne parviendraient pas à une exploitation stratégique}}<ref name="LK 79 82"/>. Le transport des blindés doit être soigneusement camouflé<ref name="LK 73 77"/>.

{{Citation bloc|Il y a plus de chance sur l’aile sud. L’ennemi attend notre attaque en Hollande. Il faut exploiter les possibilités de succès du XIX. Armeekorps.|[[Alfred Jodl|Jodl]], chef du bureau des opérations de l'{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}}, 17 novembre 1939<ref>Cité par [[Franz Halder]] dans son journal de guerre (''{{Lang|de|Kriegstagebuch}}''). {{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|44}}}}.</ref>.}}

Le 19, [[Wilhelm Keitel|Keitel]] signe la directive {{n°|8}} de l’{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}}, où il est ainsi question de faire passer rapidement du groupe d'armées B (à droite) au groupe d'armées A (au centre) le centre de gravité au {{Citation|cas où la répartition momentanée des forces ennemies permettrait de laisser supposer que l'on pourrait y obtenir des succès plus grands}}<ref name="HRTR 44 46">{{Harvsp|Trevor-Roper|1965|p=44 à 46}}.</ref>. Le [[14e corps d'armée (Allemagne)|XIV. Armee-Korps (mot.)]], réserve de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}, est ainsi placé en arrière du groupe d'armées A{{sfn|Lemay|2010|p=169-170}}. Cette directive confirme également celle de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} datée du 15 et qui rétablit l'attaque contre les Pays-Bas jusqu'à la ligne de la Grebbe, par la {{18e|armée}}<ref name="EB 44">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|44}}}}.</ref>{{,}}<ref name="HRTR 44 46"/>{{,}}<ref name="BL 145 147"/>.

Dans le même temps, Rundstedt, qui a pris ses fonctions de commandant du groupe {{Nobr|d'armées A}} le {{Nobr|26 octobre}}, envoie avec l'aide d'[[Erich von Manstein]] son chef d'état-major, deux mémoires à l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} le 31. Dans le premier, ils s'opposent essentiellement à l'idée d'une offensive immédiate, préconisant eux aussi la défensive et de laisser les Alliés attaquer, notant que List (commandant la {{12e|armée}}) est aussi du même avis. Le second critique les instructions de la directive Jaune et propose en retour un plan d'offensive avec un unique centre gravité au sud de la Meuse de Liège, pour agir en direction [[Arras]] - [[Boulogne-sur-Mer]]  et prendre à revers les armées Alliés qui s'avancerait ou non en Belgique{{sfn|Koeltz|1957|p=62 à 69}}.
{{Article détaillé|amorce=Voir ci-dessous|Plan Jaune#Le « plan Manstein »{{!}}plan Manstein}}
Manstein qui a rencontré Brauchitsch pendant sa tournée début novembre obtient des divisions blindées (provenant de l'aile gauche du groupe {{Nobr|d'armées B}}) pour la {{12e|armée}} en direction de [[Bastogne]], mais elles servent finalement à constituer le XIX. Armee-Korps (mot.) qui doit agir vers Sedan{{sfn|Koeltz|1957|p=72 et 81}}.

Les conditions atmosphériques continuent à provoquer le report de l'offensive : la décision de fixer le jour-A est d'abord remise au {{Nobr|[[27 novembre]]}} pour une offensive au plus tôt le {{Nobr|[[3 décembre]]}}, puis cette décision est reportée au [[4 décembre|4]], puis au [[6 décembre|6]], puis au {{Nobr|[[12 décembre]]}}. Des changements sont apportés pour réduire les délais préliminaires à l'offensive : cinq jours seront désormais nécessaires à la concentration, le jour-A pourra donc être au plus tôt le {{Nobr|17 novembre}}, avec une annulation de l'offensive possible au plus tard la veille de celle-ci{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=56 et 58-59}}. La décision du jour-A est encore reportée pour le {{Nobr|[[27 décembre]]}}. Ce jour-là après avoir consulté ses météorologues comme à chaque fois, Hitler repousse tout choix au [[9 janvier|9]] puis {{Nobr|[[10 janvier]]}}{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=61-62 et 84}}

En décembre, il réaffirme sa volonté de ne former le centre de gravité qu'au cours de l'opération, et se garde la décision du choix de l'engagement de la [[7e division aérienne|7. Flieger-Division]] (parachutistes)<ref name="EB 44"/>.

===== Événements et remaniements de janvier =====
Le {{date-|10 janvier 1940}}, Hitler voit ses météorologues qui lui annoncent qu'au plus tard à partir du [[14 janvier|14]] il y aura douze à quatorze jours de temps sec et froid. Hitler décide de déclencher le 14 une offensive aérienne suivi le [[17 janvier|17]] (le jour-A) à {{Heure|8|16}} (heure-X, {{Lang-de|''X-Zeit''}}) d'une offensive terrestre{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=84-85}}.

Ce même {{date-|10 janvier}}, un avion allemand s'écrase en Belgique ([[incident de Mechelen]]) avec des documents concernant {{Lang|de|texte=''Fall Gelb''}}. Ceux-ci tombent ainsi aux mains des autorités belges, qui transmettent aux Alliés les informations essentielles<ref name="CHAIX 152 156">{{Harvsp|Chaix|2005|p=152-156}}.</ref>. Hitler décide le [[11 janvier|11]] de maintenir les offensives prévues en espérant devancer les éventuelles contre-mesures des pays adverses{{#tag:ref|Certains, comme l'auteur [[Basil Henry Liddell Hart]]<ref name="BHLH 186 188"/>, ou encore l'ancien chef du bureau des opérations de l’{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}}, [[Walter Warlimont]], présentent cet incident comme étant la cause principale de l'abandon du plan d'alors en faveur d'un nouveau radicalement différent. Dans les publications plus récentes, de Benoît Lemay (biographe de [[Erich von Manstein|Manstein]]) par exemple, il est considéré que ce n'est à priori pas le cas, en remarquant que le plan fut initialement conservé{{sfn|Lemay|2010|p=174}}. En tous cas les Allemands en ont sans doute tenus compte lors de la conception d'un nouveau plan, notamment du fait que les Alliés auront été confortés dans l'idée que l'offensive aura pour but le littoral belge et néerlandais{{sfn|Chaix|2005|p=157 et 159}}{{,}}<ref name="KOELTZ 142"/>.|name=Mechelen|group="n"}}{{,}}<ref name="EB 45">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|45}}}}.</ref>{{,}}<ref name="CHAIX 152 156"/>.

Le [[13 janvier]], le temps s'annonce finalement mauvais et l'offensive est annulée, la décision d'un nouveau jour-A est reportée au [[15 janvier|15]] puis au [[16 janvier|16]]<ref name="JV 86 87">{{Harvsp|Vanwelkenhuyzen|1982|p=86 et 87}}.</ref>.

Quant aux pays concernés par l'offensive, l'[[incident de Mechelen]] et les renseignements (voir [[#Renseignements alliés sur les plans allemands|ci-dessous]]) qu'ils ont des intentions allemandes, conduisent le {{Nobr|13 janvier}} les Franco-Britanniques, Belges et Néerlandais à prendre différentes mesures de renforcement, les Alliés se mettent en position pour entrer en Belgique en attendant de cette dernière une autorisation qui ne viendra pas<ref name="CHAIX 152 156"/>. Cette réaction alliée ne fait que confirmer{{#tag:ref|Outre par l'observation aérienne des mouvements franco-britanniques à la frontière franco-belge, les Allemands décryptaient depuis octobre le chiffre français, permettant une bonne étude des mouvements des unités françaises et de situer leurs forces mais aussi leurs faiblesses, comme la [[9e armée (France)|{{9e|armée}} française]] sur la Meuse au sud de Namur{{sfn|Horne|2010|p=134}}{{,}}<ref name="KHF 99 102">{{Harvsp|Frieser|2003|p=99-102}}.</ref>.|name=zero|group=n}} aux Allemands ce qu'ils savent déjà sur leurs plans d'interventions en Belgique ([[Plan Dyle|plan Escaut, plan Dyle]])<ref name="CHAIX 156 157"/>. Notamment en apprenant les mesures prises par les Belges et Néerlandais, lesquelles ont impressionné Hitler par leur rapidité, les Allemands prennent conscience des indiscrétions (voir [[#Renseignements alliés sur les plans allemands|ci-dessous]]) sur leurs plans et dispositifs. Ainsi le [[15 janvier|15]] puis {{Nobr|[[16 janvier]]}}, les conditions météorologiques étant toujours défavorables, Hitler repousse le déclenchement de l'offensive sans préciser cette fois de nouvelle date{{#tag:ref|Selon l'historien {{Lien|lang=de|Jean Vanwelkenhuyzen}} ({{Harvsp|Vanwelkenhuyzen|1982|p=86 et 87}}), Hitler est conscient des difficultés de l'armée à l'{{Nobr|automne 1939}} ; en maintenant la perspective d'une offensive à brève échéance il contraint les états-majors {{Citation|soumis à un régime infernal […] à se surpasser}}. En {{Nobr|janvier 1940}}, l'armée étant prête pour mener une grande opération, Hitler peut relâcher sa pression et attendre le printemps ; il avait ainsi exprimé à Jodl le {{Nobr|28 décembre}} que si une offensive n'était pas possible en janvier il repousserait l'opération au printemps.|name=Sine die|group="n"}} et il ordonne des mesures pour préserver l'effet de surprise et de repenser l'opération, ce que permet alors le report indéterminé de l'offensive {{Incise|les dates trop rapprochées entre les différents reports ne permettaient pas d'effectuer d'importants changements|stop}}<ref name="CHAIX 156 157">{{Harvsp|Chaix|2005|p=156-157}}.</ref>{{,}}<ref name="JV 86 87"/>.

Les unités reçoivent ainsi l'ordre d'être désormais prêtes à attaquer en {{Heure|24|durée=oui}} au lieu de cinq jours après leur mise en alerte<ref name="KHF 78 81"/>. Le {{Nobr|[[20 janvier]]}} Hitler ne parle désormais plus de former au cours de l'offensive le centre de gravité, et alors le cantonnement des unités motorisées doit être de telle sorte que la constitution de ce centre de gravité ne soit pas décelée, l'accent est mis sur le camouflage, en particulier en ce qui concerne les unités ayant Sedan pour objectif<ref name="EB 45"/>.

{{citation bloc|On peut attendre plus de succès de forces moindres attaquant par surprise que de forces plus puissantes luttant contre un ennemi préparé.|Journal d'Halder, 20 janvier 1940, à la suite d'une réunion<ref>Cité par {{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|45}}}}.</ref>.}}

Les décisions prises fin janvier marquent également à nouveau un déplacement de l'effort vers le sud, avec l'abandon d'une attaque en direction de [[Gand]] – [[Ostende]], la mise en réserve de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} de la {{2e|armée}} derrière le groupe d'armées A, la cession par le groupe d'armées C de trois divisions d'infanterie au profit de la réserve du groupe d'armées A et des dispositions pour la réussite d'une traversée de la Meuse à Sedan par le XIX. Armee-Korps (mot.) sont prises en misant sur la rapidité et la surprise<ref name="EB 45"/>. Par ailleurs, les Pays-Bas doivent désormais être conquis entièrement (y compris la {{lien |trad = Festung Holland |lang = de |fr = Forteresse hollande|texte= forteresse Hollande}}), ce qui ne devrait nécessiter que peu de forces<ref name="EB 45"/>. Pour cela, l'opération aéroportée contre [[Dinant]] prévue pour faciliter la traversée de la Meuse par la {{4e|armée}} et dont les documents relatifs font partie de ceux perdus à Mechelen, est annulée en faveur d'une contre la Hollande<ref name="CHAIX 156 157"/>.

=== Troisième directive de déploiement (30 janvier) ===
Ces décisions se traduisent par un nouvel ordre de déploiement, daté du {{date|30 janvier 1940}}, qui reprend en grande partie le précédent avec les modifications qui lui ont été apportées<ref name="EB 46">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|46}}}}.</ref>. L'objectif reste la destruction des armées alliées au nord de la Somme, l'occupation des Pays-Bas et de la Belgique, mais le but affiché est désormais de {{Citation|créer la condition pour une victoire rapide et décisive sur l’armée franco-anglaise}} tandis que la Manche n'est plus évoquée<ref name="EB 46"/>. N'est également plus envisagée la formation d'un centre de gravité au cours de l'opération, tandis que le groupe d'armées A, au centre, est encore renforcé<ref name="EB 46"/>.

Parmi les changements, la {{6e|armée}} est portée de 8 à {{Nobr|14 divisions}} d'infanterie, elle est destinée à affronter le gros des forces belges et alliées. La {{4e|armée}} ne doit plus passer la Meuse qu'au sud de Namur et perd une division blindée, ses trois autres sont renforcées en chars plus modernes [[Panzerkampfwagen III|''{{Lang|de|Panzer}} III'']] et [[Panzerkampfwagen IV|''IV'']]. La {{12e|armée}} gagne en forces blindées et son infanterie est améliorée (divisions de la [[Vague de mobilisation (Wehrmacht)|''{{Lang|de|1. Welle}}'']]). Le 13, Hitler se plaindra, en estimant que la Meuse ne pourra être franchie sur ce front, que ces chars ne se trouvent pas à l'endroit décisif<ref name="EB 46"/>.

Le temps en février ne se prête toujours pas à l'offensive, et les prévisions en vont de même pour mars et avril<ref name="EB 46"/>.

Le [[7 février]] a lieu un [[Kriegsspiel|''{{Lang|de|Kriegsspiel}}'']] au groupe d'armées A simulant une attaque par le massif ardennais. Le corps de [[Heinz Guderian|Guderian]] atteint la Meuse en trois jours, Guderian veut la franchir le cinquième jour, mais la direction de l'exercice ([[Günther Blumentritt|Blumentritt]], chef du bureau des opérations du groupe d'armées A) veut attaquer plus tard, le neuvième jour, avec des renforts en artillerie lourde. Pour Halder, l'exercice, qui simulait également une contre-offensive française de {{Nobr|40 divisions}} sur l'axe [[Malmedy]] – [[Liège]], montre que le flanc sud de l'offensive devrait résister, et concernant la question de traverser la Meuse dans la foulée ou par un assaut méthodique, pour lui il faudra en décider le jour de l'arrivée sur le fleuve. Le [[11 février|11]], un autre ''{{Lang|de|Kriegsspiel}}'' montre à nouveau la faiblesse du secteur de Sedan et Carignan, alors que la tête de pont de [[Charleville-Mézières]] reste aux mains des Français<ref name="EB 46"/>.

Le [[13 février]], Hitler demande de réaliser un nouveau plan : il s'est décidé à porter l'effort principal par Sedan{{sfn|Frieser|2003|p=83}}{{,}}<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|48}}}}.</ref>.

=== Dernière directive de déploiement (24 février) — plan final ===
==== Principe ====
L'{{Lang|de|texte=''Aufmarschanweisung Gelb''}} (directive de déploiement Jaune) du {{date|24 février 1940}} {{Incise|ce sera la dernière}}, fixe pour objectif de défaire un maximum d'unités franco-britanniques en vue de permettre l'anéantissement de leurs capacités militaires et une invasion rapide des Pays-Bas pour y éviter une intervention britannique<ref name="EB 52">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|52}}}}.</ref>.

Les Allemands savent que l'armée [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|alliée]] face à eux sera divisée entre une aile marchante qui entrera en Belgique avec les meilleures unités pour s'opposer à une offensive allemande qui y serait menée<ref name="KHF 99 102"/>, tandis que l'autre aile tiendra la [[ligne Maginot]] ; ils savent aussi que le centre du front, au débouché du [[massif ardennais]], et en particulier [[Sedan]], en constitue un point faible puisque ce massif est considéré comme impénétrable à une attaque de grande ampleur par le [[grand Quartier général français|grand quartier général français]]{{sfn|Frieser|2003|p=105 et 161 à 163}}{{,}}<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|44, 45 et 47}}}}.</ref> , lequel ne croit pas non plus possible de tenter le passage de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] dans la foulée<ref name="CHAIX 157">{{Harvsp|Chaix|2005|p=157}}.</ref>.

''A contrario'', le commandement allemand estime être capable de traverser le massif ardennais rapidement avec des unités blindées en trois jours<ref name="EB 47">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|47}}}}.</ref>{{,}}<ref name="EB 53">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|53}}}}.</ref>, qui seront suivies par le gros de l'armée allemande, et espèrent ainsi mener une attaque surprise en tentant de traverser la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] immédiatement, fleuve sur lequel doit reposer ici le front allié<ref name="EB 52"/>{{,}}<ref name="CHAIX 157"/>. Une attaque menée bien plus tôt que ne s'y attendent les Alliés doit les surprendre et empêcher ceux-ci de renforcer ce point faible de leur dispositif, et ainsi favoriser les chances d'une percée rapide de leur front ici<ref name="EB 53"/>. Celle-ci réalisée, les unités blindées doivent l'exploiter immédiatement en poursuivant l'offensive en direction de l'embouchure de la [[Somme (fleuve)|Somme]] pour y atteindre la [[Manche (mer)|Manche]], enveloppant ainsi les troupes alliées qui se sont engagées en Belgique et aux Pays-Bas<ref name="EB 52"/>{{,}}<ref name="EB 53"/>. Ces unités alliés se seront avancées dans ces pays à la suite de l'offensive allemande de diversion qui sera menée dans la plaine belge et aux Pays-Bas et qui doit persuader le haut commandement allié que c'est bien là que se situe l'effort principal allemand, et se trouveront fixés par cette attaque<ref name="KHF 85">{{Harvsp|Frieser|2003|p=85}}.</ref>{{,}}<ref name="EB 52"/>. Face à la ligne Maginot, les Allemands chargés de la défense de la [[ligne Siegfried]] feindront d'attaquer pour y fixer un maximum de troupes alliées<ref name="KHF 85"/>.

==== Missions ====
[[Fichier:Ww2 map10.jpg|thumb|''Fall Gelb IV'' et [[plan Dyle|plan Dyle-Bréda]].]]

<small>Source : sauf mention contraire, {{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|51}}}}.</small>

Les forces allemandes à l'ouest (135 divisions dont 42 en réserve{{sfn|Frieser|2003|p=52}}) sont globalement réparties en trois [[Groupe d'armées|groupes d'armées]] totalisant huit armées : 
* le [[groupe d'armées B]] (Heeresgruppe B, [[Fedor von Bock|Bock]]), comprenant 24 divisions d'infanterie, {{Nobr|3 blindées}} et {{Nobr|2 motorisées}}<ref name="BL 189 190">{{Harvsp|Lemay|2010|p=189-190}}.</ref>, doit s'emparer des Pays-Bas et faire diversion pour attirer en Belgique un maximum de forces franco-britanniques<ref name="KHF 85"/>.
** La [[18e armée (Allemagne)|{{18e|armée}}]] (18. Armee, [[Georg von Küchler|Küchler]]), avec sept divisions d'infanterie et une blindée<ref name="CHAIX 202 206"/>, est chargée de l'invasion des Pays-Bas pour y éviter une intervention alliée. avec des troupes rapides elle doit avancer au sud du [[Waal]] vers l'embouchure de l'[[Escaut]] et les îles [[Zélande]] pour empêcher une liaison entre les forces néerlandaises et celles des {{Citation|anglo-belge}}<ref group="n">En réalité c'est la [[7e armée (France)|{{7e|armée}} française]] qui, dans le [[plan Dyle#Hypothèse Bréda|plan Dyle-Bréda]], doit se porter aux Pays-Bas et faire la liaison avec l'armée néerlandaise.</ref>, au nord de la Waal elle attaquera la {{lien |trad = Festung Holland |lang = de |fr = Forteresse hollande|texte= forteresse Hollande}}. Des forces seront aéroportés près de [[La Haye]] pour impressionner le gouvernement néerlandais, Hitler croit pouvoir ainsi obtenir une capitulation rapide des Pays-Bas comme avec [[Opération Weserübung|le Danemark en avril]]<ref name="CHAIX 202 206"/>. Plus au nord, de faibles forces doivent s'emparer de la [[Groningue (province)|province de Groningue]] et s'emparer de l'[[Afsluitdijk]] qui ferme le [[IJsselmeer|lac d'IJssel]], et une occupation rapide des [[îles de la Frise-Occidentale]] est jugée importante pour leur utilisation par la [[Luftwaffe]].
** La [[6e armée (Allemagne)|{{6e|armée}}]] (6. Armee, [[Walter von Reichenau|Reichenau]]), avec {{Nobr|14 divisions}} d'infanterie, deux blindées et une motorisée<ref name="CHAIX 202 206"/>, depuis une ligne [[Venlo]] – [[Aix-la-Chapelle]], doit franchir rapidement la Meuse et percer les fortifications frontalières belges, investir la [[ligne de défense d'Anvers]] et la [[position fortifiée de Liège]]. Elle doit attaquer en direction générale de l'ouest.
* le [[groupe d'armées A]] (Heeresgruppe A, [[Gerd von Rundstedt|Rundstedt]]), le plus important avec 35 divisions d'infanterie, {{Nobr|7 blindées}} et {{Nobr|3 motorisées}}<ref name="BL 189 190"/>, devra réaliser l'attaque enveloppante à travers le [[massif ardennais]] (entre [[Liège]] et la frontière franco-luxembourgeoise) jusqu'à la Manche. Il doit franchir pour cela avec ses unités blindées la Meuse entre [[Dinant]] et Sedan par une attaque surprise et poursuivre en direction de la basse-Somme<ref name="KHF 85"/>. Parallèlement, il doit couvrir l'ensemble de l'offensive d'une action alliée provenant de la région de [[Metz]] – [[Verdun]].
** la [[4e armée (Allemagne)|{{4e|armée}}]] (4. Armee, [[Günther von Kluge|Kluge]]), avec neuf divisions d'infanterie et {{Nobr|2 blindées}}<ref name="CHAIX 202 206"/>, doit percer la frontière belge entre Liège et [[Houffalize]] et traverser la Meuse entre [[Yvoir]] et [[Fumay]], avec des forces rapides à Dinant et [[Givet]], et poursuivre en direction de [[Beaumont (Hainaut)|Beaumont]] – [[Chimay]]. Liège est à investir en liaison avec la {{6e|armée}}.
** la [[12e armée (Allemagne)|{{12e|armée}}]] (12. Armee, [[Wilhelm List (officier allemand)|List]]), avec 11 divisions d'infanterie<ref name="CHAIX 202 206"/>, doit traverser le Luxembourg et percer la frontière belge autour de [[Bastogne]], suivre les forces rapides (''[[Panzergruppe von Kleist]]'' ([[Ewald von Kleist (Generalfeldmarschall)|Kleist]]), 5 divisions blindées et 3 motorisées{{sfn|Mary|2009|p=14}}) en avant de son front et franchir la Meuse entre Fumay et Sedan. Elle doit ensuite, avec la {{4e|armée}}, poursuivre en direction de l'ouest.
** la [[16e armée (Allemagne)|16. Armee]] ([[Ernst Busch (militaire)|Busch]]), avec 12 divisions d'infanterie<ref name="CHAIX 202 206"/>, avance à travers le Luxembourg et le sud de la Belgique pour se positionner défensivement face à la ligne Maginot entre [[Mouzon (Ardennes)|Mouzon]] et la frontière germano-luxembourgeoise, en liaison avec la {{1re|armée}}. Une fois en place, elle doit normalement passer sous contrôle du groupe d'armées C.
** la [[2e armée (Allemagne)|{{2e|armée}}]] (2. Armee, [[Maximilian von Weichs|Weichs]]) suit le groupe d'armées A dans la profondeur, pour s'insérer dans l'espace du front qui devrait se libérer entre les {{16e}} et {{12e|armées}} par la progression vers l'ouest de cette dernière après le franchissement de la Meuse.
* le [[groupe d'armées C]] (Heeresgruppe C, [[Wilhelm von Leeb|Leeb]]), tient la [[ligne Siegfried]] et simule des attaques contre la [[ligne Maginot]] pour y fixer un maximum de troupes ennemies. Elle dispose de [[1re armée (Allemagne)|{{1re|armée}}]] (1. Armee, [[Erwin von Witzleben|Witzleben]]) et de la [[7e armée (Allemagne)|{{7e|armée}}]] (''{{Lang|de|7. Armee}}'', [[Friedrich Dollmann|Dollmann]]) totalisant {{Nobr|19 divisions}} d'infanterie<ref name="BL 189 190"/>.
* les forces aériennes sont reparties sous le commandement des [[Luftflotte 2]] ([[Albert Kesselring|Kesselring]]) et [[Luftflotte 3|3]] ([[Hugo Sperrle|Sperrle]]), appuyant respectivement les groupes d'armées B et A, et doivent en premier lieu s'en prendre aux capacités aériennes de l'ennemi, s'attaquer aux moyens de commandement et aux axes de communications, et assurer le soutien aux forces terrestres<ref name="CHAIX 202 206">{{Harvsp|Chaix|2005|p=202-206}}.</ref>. En particulier, l'offensive aérienne initiale visera essentiellement les forces aériennes ennemies, la deuxième devra appuyer les forces terrestres en s'attaquant aux renforts adverses qui se déplacent vers le front. L'appui aérien au sol sera également prioritaire lors de l'assaut contre le front français de la Meuse<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|67}}.}}.</ref>.

En de nombreux endroits du front d'attaque, des opérations aéroportées sont prévues (par des forces régulières aéroportées ou de l'[[Abwehr]]), principalement contre les Pays-Bas<ref name="CHAIX 202 206"/>. Il s'agit d'obtenir une capitulation rapide de ce pays mais aussi de s'emparer des ponts (grandes rivières, Meuse de [[Maastricht]]…) pour favoriser la progression des forces motorisées. Toujours selon ce principe, une opération spéciale doit neutraliser le [[fort d'Ében-Émael]]<ref name="CHAIX 202 206"/>. En Ardenne, l'opération {{Citation|Niwi}}, utilisant des avions de reconnaissance comme transport, doit favoriser le franchissement de la [[Frontière entre la Belgique et le Luxembourg|frontière belgo-luxembourgeoise]], tandis qu'au sud du Luxembourg sera menée une autre opération semblable pour contrôler les carrefours sur le flanc de la progression allemande<ref name="CHAIX 202 206"/>{{,}}{{sfn|Mary|2009|p=52-53}}.

==== Réception et ultimes reports ====
Plusieurs généraux s'opposent à ce plan, notamment les commandants de groupe d'armées Bock et Rundstedt, le chef d'état-major de ce dernier [[Georg von Sodenstern|Sodenstern]] (remplaçant [[Erich von Manstein|Manstein]]), etc<ref name="KHF 110 114">{{Harvsp|Frieser|2003|p=110 à 114}}.</ref>. Bock craint une contre-offensive française à Sedan par les troupes de la ligne Maginot ; Rundstedt et Sodenstern s'interrogent sur l'opportunité d'engager les blindés en première ligne en Ardennes et sur leur possibilités de franchir la Meuse, ils ne voudraient les engager qu'une fois la percée effectuée<ref name="KHF 110 114"/>. Face à ces critiques, Halder et Brauchitsch défendent le plan, il ne sera pas changé{{sfn|Lemay|2010|p=192-193}}.

{{Citation bloc|Même si l'opération n'avait que dix pour cent de chances de réussir, j'y tiens. Car elle seule conduira à l'anéantissement de l'adversaire|Halder s'adressant à Bock<ref>[[Adolf Heusinger]], ''Befehl'', {{p.|86}}, cité par {{Harvsp|Frieser|2003|p=115}}.</ref>.}}

Fin mars, Hitler qui prépare avec l'{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}} l'invasion du [[Danemark]] et de la [[Norvège]] {{Incise|l'[[Opération Weserübung|opération ''{{Lang|de|Weserübung}}'']]}} dit à Halder vouloir déclencher cette invasion le [[9 avril|9]] ou {{Nobr|[[10 avril]]}}, puis l'offensive à l'ouest quatre ou cinq jours après{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=142}}. Si le Danemark et la Norvège sont bien attaqués le 9, l'offensive à l'ouest est repoussée, les opérations en Norvège rencontrant d'importantes difficultés les jours suivants. Hitler relâche temporairement la pression, ''{{Lang|de|Fall Gelb}}'' ne doit pas démarrer avant la fin avril, mais le [[24 avril|24]] aucune date n'est encore fixée ni même envisagée{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=224 à 228 et 230 à 234}}. Les derniers jours d'avril voient [[Berlin]] se détendre peu à peu sur la situation en Norvège et dès le [[27 mai|27]] Hitler annonce à Jodl vouloir attaquer entre le [[1er mai|1<sup>er</sup>]] et le {{Nobr|[[7 mai]]}}. Le préavis est alors de trois jours (notamment pour l'aviation) mais le {{1er|mai}} Hitler ordonne de pousser les préparatifs tel que pour le [[4 mai|4]] l'opération puisse démarrer du jour au lendemain, donc au plus tôt le [[5 mai|5]]. Cependant les prévisions météorologiques du 3, du 4 puis du {{Nobr|5 mai}} repoussent la date potentielle au [[6 mai|6]] puis au [[7 mai|7]] puis au {{Nobr|[[8 mai]]}}{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=236-237, 242 et 256}}. Le 6, l'{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}} diffuse les ordres conventionnels d'exécution ; un signal {{Citation|[[Gdańsk|Dantzig]]}} devant être envoyé seulement {{Heure|12|durée=oui}} avant l'heure-X par Hitler pour confirmer que l'offensive doit se déclencher comme prévu, ou {{Citation|[[Augsbourg|Augsburg]]}} en cas de report, et c'est ce dernier qui est finalement envoyé par Hitler dans l'après-midi du 7, toujours à cause des conditions atmosphériques incertaines. La décision est remise au 8 et l'offensive peut alors avoir lieu au plus tôt le [[9 mai|9]], c'est le souhait initial de Hitler, mais [[Hermann Göring]] insiste et obtient que le déclenchement ait lieu le vendredi {{Nobr|[[10 mai]]}} pour s'assurer que la [[Luftwaffe (Wehrmacht)|Luftwaffe]] bénéficiera de conditions optimales à l'aube. Le lendemain midi Keitel signe l'ordre fixant le jour-A (''{{Lang|de|A-Tag}}'') au {{Nobr|10 mai}} et l'heure-X (''{{Lang|de|X-Zeit}}'') à {{Heure|5|35}} ; enfin à {{Heure|21}} Hitler déjà en route pour son quartier général de campagne (''{{Lang|de|[[Felsennest]]}}'') est informé que les prévisions météorologiques sont maintenues, il envoie alors l'irréversible confirmation : {{Citation|Dantzig}}{{sfn|Vanwelkenhuyzen|1982|p=256, 258, 260, 282-283, 287 et 309-310}}.

==== Revendication du « plan coup de faucille » ====
{{Citation bloc|Un plan heureux ne manque jamais de parrains<ref name="CHAIX 157" />.}}
Pour l'historien [[Karl-Heinz Frieser]], la {{Citation|discussion de [la question de qui a été l'initateur de l'idée du « coup de faucille »] est d'une importance primordiale}}. La conception de {{Lang|de|texte=''Fall Gelb IV''}} {{Incise|surnommé {{Citation|plan coup de faucille}}<ref group="n" name="faucille"/>}} a principalement été revendiquée par Adolf Hitler, par le chef d'état-major de l’[[Oberkommando des Heeres|OKH]], [[Franz Halder]], et enfin par [[Erich von Manstein]] qui occupait le poste de chef d'état-major du [[groupe d'armées A]] de [[Gerd von Rundstedt]] jusqu'en {{Nobr|janvier 1940}}.

À partir de {{date-|mai 1940}}, alors que la campagne de l'ouest se déroule favorablement, la propagande et les responsables nazis attribuent son succès à Hitler, qui affirme être le concepteur du plan de campagne<ref name="KHF 92 95">{{Harvsp|Frieser|2003|p=92-95}}.</ref>{{,}}<ref name="KHF 355 356">{{Harvsp|Frieser|2003|p=355-356}}.</ref>. Par la suite, Halder se réclame comme étant bien à l'origine de l'idée du « coup de faucille »<ref name="KHF 86 92"/>. Dans son {{Lang|en|''The other side of the hill''}} (1948), l'auteur [[Basil Henry Liddell Hart]] est le premier à publier l'affirmation que Manstein est le véritable auteur du plan<ref name="BHLH 190 194">{{Harvsp|Liddell Hart|2011|p=190 à 194}}.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|42}}}}.</ref>, et celui-ci défendra cette thèse dans ses mémoires publiés ultérieurement<ref name="EVM 63">{{harvsp|von Manstein|1958|p=63}}.</ref>.

De nombreux auteurs sur le sujet considèrent que c'est l'{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} {{Incise|notamment Halder}} qui conçut le plan tel qu'il a été appliqué, mais en se fondant sur une partie des propositions de Manstein qu'Hitler aurait imposées<ref name="KHF 81 95"/>{{,}}<ref name="AH 135 136"/>{{,}}<ref name="BL 188 190"/> .

[[Louis Koeltz]] y voit là une des {{Citation|légendes [qui] continuent à courir […] La question de la genèse du plan allemand est infiniment plus complexe}}<!-- <ref>{{Havrsp|Kœltz|1957|loc=Avant-propos}}.</ref> -->. Ainsi d'autres historiens comme {{Lien|Robert A. Doughty|lang=de}} estiment que le plan a suivi une évolution longue et prudente vers sa forme finale, combinaison du travail de Brauchitsch, Halder, Manstein, Rundstedt et Hitler, non comme brusquement imposé par Hitler à la suite de sa rencontre avec Manstein<ref name="RAD 59 60"/>.

===== Par Hitler =====
Lors d'une conférence le {{date|25 octobre 1939}} avec Brauchitsch et Halder, Hitler surprend ses interlocuteurs en les interrogeant sur la possibilité d'une offensive principale sur la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] au sud de [[Liège]] – [[Namur]] (au lieu d'une attaque au nord de [[Liège]]) en direction de l'ouest puis nord-ouest pour piéger les forces ennemies avancées en Belgique et de les y détruire<ref name="KHF 92 95"/>. Pour l'historien Frieser (''Le mythe de la guerre éclair'', 2003), {{Citation|ce serait une erreur de mettre sur le même plan ce fragment d'idée et les réflexions mûrement réfléchies et rigoureusement fondées de Manstein […] Il s'agissait bien plus d'une de ces impulsions subites du dictateur}}<ref name="KHF 92 95"/>. Selon le général Halder, les {{Citation|interventions [de Hitler] au cours de l'opération, par la suite, montrent à quel point il était peu en mesure de penser cette idée sur le plan militaire}}<ref>[[Franz Halder]], ''Hitler'', {{p.|29}}, cité par {{Harvsp|Frieser|2003|p=93}}.</ref>.

À partir du [[5 novembre]], Hitler parle d'affecter des unités blindées à la 12. Armee sur la proposition du colonel {{Lien|langue=de|trad=|fr=Adolf von Schell|texte=Schell}}<ref group="n">Chef du département des troupes blindées, de cavalerie et motorisées à l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} depuis 1938.</ref> afin de mener une attaque contre [[Sedan]]<ref name="EB 44"/>. Ainsi, le [[11 novembre|11]], à la suite d'un de ses ordres, le [[19e corps d'armée (Allemagne)|XIX. Armee-Korps (mot.)]] de [[Heinz Guderian]] est assigné à une attaque contre Sedan {{Incise|qui apparaît ainsi pour la première fois dans le plan allemand}} via la trouée d'[[Arlon]] pour faciliter la mission des 12. Armee et 16. Armee<ref name="BL 165 166">{{Harvsp|Lemay|2010|p=165-166}}.</ref>. Frieser reprend les remarques d'après guerre émises par des généraux allemands comme Manstein, Halder ou [[Hermann Hoth|Hoth]], selon lesquels Hitler ne pensait à propos de Sedan que sur le plan [[tactique]], ayant compris que la Meuse y serait plus facile à traverser, mais pas sur le plan opérationnel et stratégique<ref name="KHF 92 95"/>. Hitler ne renonce initialement pas d'ailleurs aux deux axes d'efforts originaux de l'[[#Deuxième directive de déploiement (29 octobre)|ordre de déploiement du {{Nobr|29 octobre}}]] auxquels celui sur Sedan vient s'ajouter, il espère alors former le centre de gravité au cours de l'opération sur l'axe qui obtiendrait le plus de succès<ref name="BL 165 166"/>.

Frieser cite [[Gerhard Engel]], selon qui le {{Nobr|[[2 février]]}} le chef du bureau des aides de camp d'Hitler, [[Rudolf Schmundt|Schmundt]], revint {{Citation|très excité}} de l'état-major du groupe d'armées A car il y aurait discuté avec Manstein et remarqué que celui-ci avait « les mêmes conceptions quant à l'effort principal des forces armées, que celles que le Führer exprimait sans arrêt, mais sous une forme nettement plus précise »<ref>Citation de [[Gerhard Engel]], {{Lang|de|texte=''Heeresadjutant''}} de Hitler, avec lequel Schmundt aurait fait part de ses constatations. Gerhard Engel, ''Heeresadjutant'', {{p.|73-74}}, cité par {{Harvsp|Frieser|2003|p=84}}.</ref>. Il en aurait ainsi parlé à Hitler ; pour Frieser c'est ainsi qu'à partir de cette date Hitler se serait résolu à faire modifier de manière importante par l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} le plan d'opérations à partir des idées de Manstein<ref name="KHF 92 95"/>.

L'historien [[François Delpla]] estime quant à lui qu'Hitler est bien à l'origine du {{Citation|coup de faucille}} par les Ardennes et Sedan, et que les propositions de Manstein n'ont fait que l'affermir dans cette idée<ref name="FD in HG"/>. Selon Delpla, Hitler avait un plan de guerre qui allait au-delà d'une victoire contre les Alliés dans le Nord, puisqu'il aurait prévu, en menant parallèlement une diplomatie active, d'obtenir de ce succès militaire une paix avec la France et la Grande-Bretagne, pour ensuite se retourner contre l'Union soviétique et conquérir le [[Lebensraum]]<ref name="FD in HG"/>{{,}}<ref name="FD"/>.

===== Le « plan Manstein » =====
====== Les objections de Manstein aux premiers plans ======
Le ''{{Lang|de|texte=[[Generalleutnant]]}}'' [[Erich von Manstein]], en tant que chef d'état-major du groupe d'armées A, prit connaissance du [[#Première directive de déploiement (19 octobre)|premier ordre de déploiement Jaune]] le {{Nobr|[[21 octobre]]}}<ref name="KHF 81 83">{{Harvsp|Frieser|2003|p=81-83}}.</ref>. Il est rapidement très critique à l'égard du plan de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}<ref name="KHF 81 83"/>. Le {{Nobr|[[31 octobre]]}}, avec le concours de l'{{Lang|de|texte=[[Oberst (Allemagne)|''Oberst'']]}} [[Günther Blumentritt|Blumentritt]] et de l'{{Lang|de|texte=''[[Oberstleutnant]]''}} [[Henning von Tresckow|Tresckow]] respectivement chef de la section logistique et chef du bureau des opérations du groupe d'armées A et enfin de son chef le {{Lang|de|''[[Generaloberst]]''}} [[Gerd von Rundstedt|von Rundstedt]], il envoie deux lettres à l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} où il reproche qu'une attaque par l'aile droite ([[groupe d'armées B]]) en Belgique à laquelle les Alliés s'attendent sûrement ne peut pas espérer une surprise stratégique comme le [[plan Schlieffen]] en [[1914]], et conduirait par conséquent à un choc frontal ne pouvant donner lieu au mieux qu'à un succès opérationnel limité<ref name="KHF 81 83"/>{{,}}<ref name="BL 148 156">{{Harvsp|Lemay|2010|p=148 à 156}}.</ref>. Manstein juge qu'il faut mener une opération visant dès le départ la décision sur le plan stratégique, considérant qu'a contrario l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} cherche un succès partiel pour voir ensuite<ref name="KHF 81 83"/>{{,}}<ref name="BL 148 156"/>. Manstein craint également une contre-offensive française de grand style dans le flanc sud de l'attaque allemande pour laquelle ce serait d'autant plus dangereux qu'elle se serait avancée le long de la Manche<ref name="KHF 81 83"/>{{,}}<ref name="BL 148 156"/>. En estimant que les Français pourraient réunir {{Nobr|50 divisions}} dans cette opération, Manstein signale que le groupe d'armées A n'aurait pas les moyens (avec ses {{Nobr|22 divisions}}) d'y faire face<ref name="KHF 81 83"/>{{,}}<ref name="BL 148 156"/>.

En revanche, à l'opposé de la plupart des généraux, Manstein est bien partisan d'une offensive à l'ouest, mais contrairement à Hitler, il préfère attendre en raison des lacunes de l'armée et de la saison ([[#L'opposition des généraux à une telle offensive|voir plus haut]])<ref name="KHF 72"/>{{,}}{{sfn|Lemay|2010|p=141 à 145}}. Avec ses collaborateurs et son chef, il soumet donc ses propositions à l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}.

====== Propositions de Manstein ======
Dans ses lettres et celles qui suivront, Manstein suggère ainsi d'effectuer l'effort principal au sud de Liège et non plus au nord, à travers le massif ardennais en direction de la basse-Somme avec des unités motorisées afin d'envelopper les forces alliées avancées en Belgique<ref name="EB 43">{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|43}}.}}.</ref> {{Incise|c'est le {{Citation|coup de faucille}}}}, et réclame pour cela trois armées au centre : une qui doit réaliser l'enveloppement en attaquant vers l'ouest, une autre doit défendre offensivement le flanc sud de la manœuvre en attaquant direction sud-ouest ([[Rethel]]<ref name="EB 44"/>), enfin la troisième armée doit se positionner à l'est de Sedan défensivement face au sud<ref name="BL 154 157">{{Harvsp|Lemay|2010|p=154 à 157}}.</ref>. L'armée qui doit défendre de manière offensive le flanc sud doit ainsi prévenir la contre-offensive française qu'il juge certaine, mais aussi, en empêchant la constitution d'un nouveau front allié cohérent sur le flanc sud, préparer la seconde phase de la campagne, à savoir l'enveloppement des forces le long de la ligne Maginot<ref name="BL 154 157"/>{{,}}<ref name="KHF 86 92">{{Harvsp|Frieser|2003|p=86 à 92}}.</ref>. Manstein est conforté par l'avis positif du spécialiste des blindés [[Heinz Guderian|Guderian]], de la possibilité de lancer une offensive avec des unités mécanisées à travers les Ardennes, réputées comme un terrain difficile<ref name="EVM 76">{{Harvsp|von Manstein|1958|p=76}}.</ref>{{,}}<ref name="KHF 85"/>.

L’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} ne réagit pas aux lettres du {{Nobr|[[31 octobre]]}}, Halder jugeant qu'elles ne contiennent {{Citation|aucun élément positif}}, ni aux deux autres notes qui suivent<ref name="BL 164 171">{{Harvsp|Lemay|2010|p=164 à 171}}.</ref>. Enfin, Halder répond à celle du {{Nobr|[[30 novembre]]}} que les idées du groupe d'armées A correspondent à celles de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} mais qu'Hitler veut maintenir l'effort plus au nord<ref name="BL 164 171"/>. Les notes qui suivent ne reçoivent pas de réponse, par ailleurs l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} refuse de les transmettre à l’{{Abréviation|OKW|Haut commandement de l'armée allemande}}. C'est ainsi que selon Frieser, Hitler n'aurait pris connaissances des idées de Manstein qu'en février et aurait fait changer le plan Jaune à partir d'elles (voir [[#La volonté d'Hitler d'attaquer à l'ouest sans tarder|ci-dessus]]), une rencontre personnelle entre Hitler et Manstein aurait également eu lieu le {{Nobr|[[17 février]]}}{{sfn|Frieser|2003|p=89 et 92}}. Néanmoins, l'idée d'une défense offensive du flanc sud n'apparaît pas dans {{Lang|de|texte=''Fall Gelb IV''}}<ref name="KHF 86 92"/>, Halder la considérant comme « une tout autre opération »<ref name="EB 44"/>. De nombreux généraux allemands (Guderian<ref name="HG 74 76"/>, [[Hermann Hoth|Hoth]]<ref name="KHF 86 92"/>, [[Walter Warlimont|Warlimont]]<ref name="BHLH 190 194"/>, etc.) et historiens ([[Basil Henry Liddell Hart|Liddell Hart]]<ref name="BHLH 190 194"/>, [[Alistair Horne|Horne]]<ref name="AH 135 136"/>, etc.) attribuent de la même manière la conception originelle du {{Citation|coup de faucille}} à Manstein.

L'historien Eric van den Bergh (''Victoire éclair'', 2009<ref name="EB"/>) soutient au contraire que la conception de ''{{Lang|de|texte=Fall Gelb IV}}'' n'est pas de Manstein, que ses idées n'auraient rien apporté. D'abord sur la question du franchissement de l'[[Ardenne]] : le haut-commandement n'aurait jamais considéré l'Ardenne comme impénétrable à une offensive de forces motorisées, ainsi l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}} prévoyait déjà dans le premier ordre de déploiement ({{Nobr|[[19 octobre]]}}) d'engager quatre divisions blindées et deux motorisées en Ardenne<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|40, 41, 42 et 44}}.}}.</ref> ; et que l'idée d'une percée à Sedan ne vient pas de Manstein qui l'a seulement intégré à son plan après que Hitler l'a imposée<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|44}}}}.</ref>. Ensuite sur l'intention de percer vers la basse-Somme, Van den Bergh écrit qu'elle va de soi, les Allemands l'ayant d'ailleurs tenté en [[1918]]<ref name="EB 52"/> ([[Bataille de la Marne (1918)|offensive Michael]]), jugeant par ailleurs que ''{{Lang|de|texte=Fall Gelb IV}}'' n'a rien de révolutionnaire, puisqu'il consiste en une attaque principale enveloppante misant sur la surprise et une attaque de diversion, déjà décrie chez [[Sun Tzu]]<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|54}}}}.</ref>, et citant [[Carl von Clausewitz]] : {{Citation|Une chose aussi naturelle que le contournement de l’ennemi, qui s’est vue mille fois, ainsi que des dizaines d’affaires semblables, n’apparaissent plus comme des exploits nécessitant un grand effort intellectuel}}<ref>[[Carl von Clausewitz]], ''Vom Kriege'', partie 1, livre 2, {{chap.|2}}, cité par {{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|40 et 44}}}}.</ref>. Et que justement, il manque l'idée de diversion-fixation de l'aile marchante chez Manstein<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|50 et 52}}}}.</ref> et que sa proposition de défendre par une offensive le flanc sud est une chose formellement déconseillée par Clausewitz<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|43 et 50}}}}.</ref>, Halder ayant d'ailleurs considéré cette idée comme {{Citation|une tout autre opération}}<ref>Halder, ''Kriegstagebuch'', entrée du {{Nobr|22 novembre}}, cité par {{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|44}}.}}.</ref>. Van den Bergh juge aussi négativement la pertinence des suggestions de Manstein et des critiques qu'il formule contre les plans de l’{{Abréviation|OKH|Haut commandement de l'armée de terre}}<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|43, 44, 49, 50 et 52}}}}.</ref>.

===== Par Halder — OKH =====
Après guerre, Halder se défendit d'avoir bien été l'auteur du plan{{sfn|Frieser|2003|p=88}}. Plusieurs auteurs (Frieser{{sfn|Frieser|2003|p=82-83 et 86 à 92}}, Horne{{sfn|Horne|2010|p=131 et 135 à 137}}, Lemay<ref name="BL 166"/>, etc.) considèrent au contraire qu'Halder s'est d'abord opposé aux idées de Manstein, avant d'y adhérer à partir de {{Nobr|février 1940}} et de défendre le {{Citation|plan coup de faucille}}. S'il s'y est d'abord opposé, ce serait pour deux raisons selon Frieser : d'abord il aurait trouvé les propositions de Manstein trop audacieuses en voulant engager des forces blindées dans l'Ardenne, idées téméraires qui risquaient de plaire à Hitler s'il venait à les connaître ; ensuite parce que Halder aurait refusé une logique reposant sur l'opérationnel et non la stratégie, comme le [[plan Schlieffen|plan Schlieffen-Moltke]] qui avait échoué en 1914<ref name="KHF 86 92"/>. L'hostilité de Halder vis-à-vis de Manstein l'aurait alors poussé à le nommer en {{Nobr|janvier 1940}} à la tête d'un corps d'armée ([[38e corps d'armée (Allemagne)|''XXXVIII.'']]) en [[Poméranie]], loin du front ouest, pour se défaire de lui et de ses propositions{{sfn|Frieser|2003|p=82-83}}.

Pour van den Bergh, les généraux Halder et Brauchitsch avaient leurs possibilités liées par les exigences de Hitler, notamment celle de former le centre de gravité de l'opération au cours de celle-ci ; ce ne serait qu'en février, quand il a levé cette exigence et que l'infanterie fut suffisamment nombreuse (pour assurer la défense du flanc sud de la manœuvre enveloppante), qu'Halder et Brauchitsch ont pu rédiger ''{{Lang|de|texte=Fall Gelb}}'' sous cette forme, gardant l'effort au sud déjà prévu depuis novembre, un enveloppement par une percée vers la basse Somme aurait alors été évident (voir [[#Propositions de Manstein|ci-dessus]])<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{chap.|45 et 52}}}}.</ref>. Et si Manstein a été nommé à la tête d'un corps, d'après van den Bergh rien ne prouve qu'Halder l'ait fait pour l'éloigner car celui-ci l'avait envisagé avant même {{Lang|de|texte=''Fall Gelb I''}}<ref>{{Harvsp|van den Bergh|2009|loc={{Chap.|50}}}}.</ref>.

== Renseignements alliés sur les plans allemands ==
Au mois d'octobre [[1939]], le [[Deuxième Bureau (France)|deuxième bureau]] du [[Grand Quartier général français]] étudie les concentrations allemandes et estime les possibilités de l'offensive allemande, et en déduit un résultat sensiblement proche du [[#Première directive de déploiement (19 octobre)|plan allemand du 19 octobre]] ({{lang|de|texte=''Fall Gelb I''}}){{sfn|Chaix|2005|p=97-98}}. À la fin de ce mois, les Franco-Britanniques croient savoir que les Allemands vont d'abord s'attaquer uniquement aux Pays-Bas, ce qui les conduit à préparer un plan prévoyant cette éventualité, sous le nom d'[[Plan Dyle#Hypothèse Hollande|hypothèse Hollande]]{{sfn|Chaix|2005|p=106 à 113}}. Belges et Néerlandais sont renseignés sur les plans allemands par le biais de leurs [[Attaché militaire|attachés militaire]] à [[Berlin]] et savent ainsi dès octobre que leurs pays sont concernés par l'offensive allemande, et connaissent les dates successivement prévues pour son déclenchement{{#tag:ref|Opposant au nazisme, le colonel [[Hans Oster|Oster]] chef de la section centrale (administrative) de l’[[Abwehr]] communique des informations sensibles à son ami le major [[Bert Sas|Sas]], attaché militaire néerlandais à Berlin. Outre à son pays, Sas fait suivre ces données à son homologue belge à Berlin, le colonel Goethals{{sfn|Chaix|2005|p=113 à 118}}{{,}}<ref name="H 136 et V"/>.|name=|group="n"}}, les informations les plus essentielles sont ensuite communiquées aux Franco-Britanniques, sans en préciser la provenance<ref name="CHAIX 113 152">{{Harvsp|Chaix|2005|p=113 à 118 et 152}}.</ref>. Les différents reports de l'offensive ont néanmoins pour conséquence de faire considérer avec suspicion par les différents concernés les renseignements transmis<ref name="CHAIX 113 152"/>. Les évaluations des concentrations allemandes données en novembre et en janvier par le {{2e|bureau}} du {{abréviation|GQG|Grand quartier général français}} parviennent à un total de grandes unités assez juste, mais la répartition estimée de celles-ci est en revanche trop importante au sud par rapport à la réalité, la possibilité d'une offensive en [[Lorraine]] est donc envisagée à tort par les Français ; mais une offensive principale en Belgique, contre le [[canal Albert]] au niveau d'[[Hasselt]] via les Pays-Bas, puis en direction de la trouée de [[Gembloux]], et avec une action secondaire concernant le massif ardennais, est considérée comme le scénario le plus probable{{sfn|Chaix|2005|p=118-119 et 152}}. L'[[incident de Mechelen]] en janvier n'apporte rien de fondamental comme renseignement aux Alliés, les confortant notamment dans leur pensée qu'il n'y aura à travers le massif ardennais qu'une pression secondaire de la part des Allemands<ref name="CHAIX 159">{{Harvsp|Chaix|2005|p=159}}.</ref>. Néanmoins cet incident, corroboré avec d'autres renseignements, font apparaître l'offensive allemande comme très proche, « imminente » pour [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]], mais le temps se dégrade et l'alerte retombe<ref name="CHAIX 159"/>.

Fin janvier, conscient des fuites, Hitler a alors fait prendre des mesures pour mieux garder le secret (voir [[#Événements et remaniements de janvier|ci-dessus]]), ainsi par exemple les informations venant de Berlin ont désormais plus de mal à filtrer<ref name="CHAIX 156 157"/>. Au printemps, une nouvelle estimation du {{2e|bureau}} du {{abréviation|GQG|Grand quartier général français}} sur les concentrations ennemies arrive au même résultat que précédemment ; la mise en place du centre de gravité vers le centre du front n'est pas perçue{{sfn|Chaix|2005|p=173}}. Enfin, sa dernière estimation peu avant l'offensive place la masse des divisions d'infanterie, comprenant celles de meilleure valeur, ainsi que l'essentiel des divisions blindées et motorisées, entre [[Wesel]] et la [[Moselle (rivière)|Moselle]], et qu'aucune attaque via la Suisse n'est à attendre, montrant que trop d'unités françaises défendent la [[ligne Maginot]]{{sfn|Chaix|2005|p=192-193}}. Mais en contradiction avec les précédentes estimations et comme d'autres informations erronées sont inévitablement reçues, il n'est que peu considéré et les mesures prises par les Français pour rééquilibrer leur dispositif sont trop tardives et insuffisantes{{sfn|Chaix|2005|p=192-193 et 305-306}}. L'avertissement de l'attaché militaire français à [[Berne]] indiquant que le centre de gravité serait à Sedan fut pareillement ignoré{{sfn|Frieser|2003|p=155}}.

Début mai, à côté de quelques sources contradictoires, de nombreuses estimations, informations et avertissements de provenance diverses ([[Vatican]], attaché militaire néerlandais à Berlin…) indiquent que l'offensive allemande est désormais imminente{{sfn|Chaix|2005|p=198-199 et 211}}.

== Le déroulement ==

L'opération connut un démarrage assez mitigé. Les actions spéciales au nord {{Incise|la prise du [[fort d'Ében-Émael]] et des ponts du [[canal Albert]]}} ont été couronnées de succès, ainsi que la pénétration aux [[Pays-Bas]] ; mais le groupe d'armées A a connu un début d'opération chaotique (le [[12 mai]] à {{heure|6|30}}, d'importantes formations se trouvaient encore en Allemagne à cause d'embouteillages monstres des troupes allemandes dans les Ardennes).

Néanmoins, alors que la traversée de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] devait avoir lieu au plus tôt le [[14 mai]], [[Erwin Rommel|Rommel]] avait déjà fait traverser le fleuve au sud de [[Houx]] (région de [[Dinant]]) par un petit détachement le {{date-|12 mai}} au soir, et [[Heinz Guderian|Guderian]] franchissait la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] à [[Sedan]] au cours de la journée du [[13 mai]].

L'exécution survécut également aux deux ''{{Lang|de|Haltbefehl}}'' (ordre de stopper) ordonnés par Hitler et aux contre-offensives (souvent avortées ou amputées) des troupes britanniques et françaises ([[Montcornet (Aisne)|Montcornet]], [[Arras]]). La continuité et la réussite de l'opération durent beaucoup à l'audace et à la vivacité de commandants sur le terrain, dont [[Erwin Rommel|Rommel]] et [[Heinz Guderian|Guderian]].

L'opération prit fin le [[15 mai]] aux Pays-Bas et le [[28 mai]] en Belgique après la reddition décidée par le [[Léopold III (roi des Belges)|roi Léopold III]]. Des dates de début et de fin, cette campagne porte le nom de « [[Campagne des 18 jours|campagne des dix-huit jours]] ».

Après la [[bataille de Dunkerque]] (opération ''Dynamo'') et une brève réorganisation, les troupes allemandes devaient entreprendre l'invasion de la France suivant le [[Bataille de France#Fall Rot .28.C2.AB.C2.A0Cas rouge.C2.A0.C2.BB.29 : l.27invasion de la France|plan rouge]] (''{{Lang|de|Fall Rot}}'').

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{références|groupe="n"}}

=== Références ===
{{références|colonnes=4|références=

<ref name="BL 188 190">{{Ouvrage|auteur1=Benoît Lemay|titre=Erich von Manstein|sous-titre=Le stratège de Hitler|éditeur=[[Éditions Perrin]]|collection=tempus|numéro dans collection=330|année=2010|année première édition=2006|pages totales=764|passage=188 à 190|isbn=978-2-262-03262-3}}.</ref>

<ref name="HRTR 40 42">{{Ouvrage|prénom1=Hugh Redwald|nom1=Trevor-Roper|lien auteur1=Hugh Trevor-Roper|traducteur=François Ponthier|titre=Hitler|sous-titre=Directives de guerre|titre original=Hitler's War Directives|lieu=Paris|éditeur=[[Arthaud (maison d'édition)|Arthaud]]|collection=L'histoire de notre temps|année=1965|pages totales=249|passage=40 à 42}}.</ref>

<ref name="KOELTZ 142">Voir aussi {{Ouvrage|auteur1=[[Louis Koeltz]]|titre=Comment s'est joué notre destin|sous-titre=Hitler et l'offensive du 10 mai 1940|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1957|pages totales=253|passage=142|bnf=323163479}}, cité par {{Harvsp|Chaix|2005|p=157}}.</ref>

<!-- Merci de conserver la référence suivante à fin d'archive, le livre n'ayant pas été publié sur support papier, et il sert de référence à de nombreuses reprises dans l'article -->
<ref name="EB">{{harvsp|van den Bergh|2009}}.</ref>

<ref name="FD in HG">{{article|auteur1=[[François Delpla]]|titre=Une énigme sexagénaire|sous-titre=l'ordre d'arrêt devant Dunkerque 24-26 mai 1940|périodique=Histoire de Guerre|éditeur=Les éditions du Polygone |numéro=8|titre numéro=24 mai 1940 : Hitler arrête ses ''panzer'' devant Dunkerque|mois=septembre|année=2000|pages=20 à 43|consulté le=21 octobre 2013}}.</ref>

<ref name="FD">Voir aussi : {{Ouvrage|prénom1=François|nom1=Delpla|titre=La ruse nazie|sous-titre=Dunkerque - 24 mai 1940|éditeur=[[Éditions France-Empire|France-Empire]]|année=1997|pages totales=310|isbn=2-7048-0814-7}}.</ref>

<ref name="BHLH 186 188">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Basil Henry|nom1=Liddell Hart|lien auteur1=Basil Henry Liddell Hart|traducteur=Antoine Bourguilleau|titre=Les généraux allemands parlent|titre original=The other side of the hill|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|collection=tempus|numéro dans collection=379|année=2011|année première édition=1948|pages totales=560|passage=186 à 188|isbn=978-2-262-03539-6|consulté le=18 octobre 2013}}.</ref>

<ref name="RAD 59 60">{{Chapitre|langue=en|prénom1=Robert A.|nom1=Dougthy|titre chapitre=Myth of the Blitzkireg|auteurs ouvrage=Robert A. Doughty ''et al.''|titre ouvrage=Challenging the United States Symmetrically and Asymmetrically : Can America Be Defeated?|présentation en ligne=http://www.isn.ethz.ch/Digital-Library/Publications/Detail/?ots591=eb06339b-2726-928e-0216-1b3f15392dd8&lng=en&id=104707 |lieu=Carlisle|éditeur=Strategic Studies Institute of the US Army War College|année=1998|mois=juillet|lire en ligne=http://mercury.ethz.ch/serviceengine/Files/ISN/104761/ichaptersection_singledocument/3fabd06c-5312-42a8-9829-0a25212d1ac2/en/Ch_4.pdf|consulté le=29 mai 2014|passage=59-60}}.</ref>

<ref name="HG 74 76">{{Ouvrage|auteur1=[[Heinz Guderian]]|traducteur=François Courtet|préface=Cossé-Brissac|titre=À la tête des panzers|sous-titre=souvenirs d'un soldat|titre original=Erinnerungen eines soldaten|éditeur=[[Plon]]|année=1954|pages totales=446|passage=74 à 76|consulté le=18 octobre 2013}}.</ref>

<ref name="H 136 et V">Voir aussi :
* {{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Vanwelkenhuyzen|titre=Les avertissements qui venaient de Berlin|sous-titre=9 octobre 1939 - 10 mai 1940|lieu=Paris-Gembloux|éditeur=Éditions Duculot|année=1982|pages totales=399|isbn=2-8011-0389-6}}
* {{Ouvrage|auteur1=Peter Hoffmann|traducteur=Michel Brottier|titre=La résistance allemande contre Hitler|titre original=Widerstand, Staatsstreich, Attentat - Der Kampf der Opposition gegen Hitler|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Balland]]|année=1984|pages totales=804|isbn=978-2-7158-0463-0}}.</ref>
}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Art opératif]]
* [[Plan Dyle]] (plan allié en 1940)
* [[Bataille de France]]
* [[Drôle de guerre]]
* [[Incident de Mechelen]]
* [[Plan Schlieffen]] (plan allemand en 1914)
* [[Liste des opérations lors de la Seconde Guerre mondiale]]

=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|auteur1=[[Karl-Heinz Frieser]]|traducteur=Nicole Thiers|titre=Le Mythe de la guerre-éclair|sous-titre=la campagne de l'Ouest de 1940|titre original=Blitzkrieg-Legende : der Westfeldzug 1940|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=2003|numéro d'édition=2|pages totales=479|isbn=978-2-7011-2689-0|plume=oui}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Alistair Horne]]|traducteur=René Jouan et Françoise Arnaud-Demir|titre=Comment perdre une bataille|sous-titre=France, mai-juin 1940|titre original=To lose a battle : France 1940|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallendier]]|collection=Texto|année=2010|année première édition=1969|pages totales=477|isbn=978-2-84734-657-2|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Eric|nom1=van den Bergh|titre=Mai 1940|sous-titre=une victoire éclair|éditeur=|année=2009|mois=mai|isbn=|lire en ligne=http://www.victoire-eclair.com/victoire_eclair.html|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Yves|nom1=Mary|titre=Le corridor des Panzers|sous-titre=Par delà la Meuse 10 - 15 mai 1940|tome=I|lieu=Bayeux|éditeur=[[Éditions Heimdal|Heimdal]]|année=2009|pages totales=462|isbn=978-2-84048-270-3|isbn2=2-84048-270-3}}
* {{Ouvrage|prénom1=Louis|nom1=Kœltz|titre=Comment s'est joué notre destin|sous-titre=Hitler et l'offensive du 10 mai 1940|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1957|pages totales=246|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Bruno|nom1=Chaix|titre=En mai 1940, fallait-il entrer en Belgique ?|sous-titre=décisions stratégiques et plans opérationnels de la campagne de France|lieu=Paris|éditeur=[[Economica]]|collection=Campagnes & stratégies|numéro dans collection=35|année=2005|numéro d'édition=2|année première édition=2000|pages totales=349|isbn=2-7178-4149-0|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Hans-Adolf|nom1=Jacobsen|titre=Dokumente zum Westfeldzug|sous-titre=1940|lieu=Gœttingue|éditeur=Musterschmidt|année=1960|bnf=32984555g}}.
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Hans-Adolf|nom1=Jacobsen|titre=Fall Gelb|sous-titre=Der Kampf um den Deutschen Operationsplan zur Westoffensive 1940|lieu=Wiesbaden|éditeur=Franz Steiner|année=1957|bnf=32275107b}}.
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Hans-Adolf|nom1=Jacobsen|titre=Dokumente zur Vorgeschichte des Westfeldzuges|sous-titre=1939-1940|lieu=Gœttingue|éditeur=Musterschmidt|année=1956|bnf=32984579g}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Erich von Manstein]]|traducteur=René Jouan|titre=Victoires perdues|titre original=Verlorene Siege|lieu=Paris|éditeur=[[Plon]]|année=1958|pages totales=433|plume=oui}}

{{Palette|Seconde Guerre mondiale en Belgique}}

{{Portail|Seconde Guerre mondiale|Histoire militaire|années 1940}}

[[Catégorie:Plan de guerre]]
[[Catégorie:Histoire militaire de l'Allemagne]]
[[Catégorie:Glossaire militaire]]
[[Catégorie:Mai 1940]]