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Discussion utilisateur:Yves LUBRANIECKI

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LA FILIÈRE HUILE VÉGÉTALE PURE (HVP)

Malgré la progression d'une certaine prise de conscience depuis une quarantaine d'années, la menace environnementale n'a pas cessé de se préciser et de s'amplifier notamment sous trois formes :

1e MENACE : L'EFFET DE SERRE : Aujourd'hui, et depuis seulement quelques années, la population a commencé à prendre conscience d'une menace qui est spécifique par son caractère global. Elle s'étend à la planète entière et menace l'ensemble des espèces en faisant varier leur milieu par une modification globale (déjà engagée) du climat terrien. Il s'agit de l'effet de serre. La cause est d'une simplicité biblique, depuis la révolution agricole de 1750 et surtout, depuis la révolution industrielle de 1850, l'homme rejette sans compter dans l'atmosphère et sous la forme de gaz carbonique (CO2) une part de plus en plus importante du carbone que les plantes ont fixé pendant 300 millions d'années pour fabriquer ce que l'on appelle "les combustibles fossiles" : le charbon, le gaz naturel et le pétrole. Or le CO2 est l'un des plus volumineux gaz à effet de serre. Un chiffre, juste pour illustrer : 6 milliards de tonnes de rejets de CO2 d'origine humaine en 1950, 22 milliards en 1989, 24 milliards en 2000 (source : Département américain de l'énergie). Avec, entre autres, les 8 % et plus de taux de croissance annuelle de la Chine et de l'Inde, le phénomène n'est pas près de s'inverser sachant que, grosso modo, un point de croissance économique a pour conséquence un accroissement d'un point de la demande d'énergie…

2e MENACE : LE MANQUE DE PÉTROLE : Les experts commencent à exprimer des craintes très fortes sur le moment où le pétrole va commencer à manquer. Ainsi, nous sommes en passe de franchir un premier cap important : celui où, pour la première fois dans l'histoire, le volume de la demande dépasse le volume des découvertes de nouvelles réserves (lire par exemple : http://www.oilcrisis.com/news/article.asp?id=8228 ). Le cap suivant, connu sous le nom de "peak oil" est celui où la demande de pétrole va dépasser l'offre. Cette date fatidique ne cesse de se déplacer en fonction des expertises, mais de plus en plus clairement, elle semble s'approcher de façon menaçante pour l'économie du monde (voir par exemple : http://www.oleocene.org/ ).

3e MENACE : L'EXTRÊME PAUVRETÉ : Parallèlement, la différence entre les pays riches et les pays pauvres s'améliore sensiblement entre le Nord et l'Asie ou entre le Nord et l'Amérique du Sud, mais demeure obstinément insupportable entre le Nord et l'Afrique. Elle ne "demeure" pas insupportable, elle s'aggrave d'heure en heure avec, notamment, des pays d'Afrique de l'Ouest, d'Afrique Centrale ou d'Afrique de l'Est bloqués dans une situation sanitaire, administrative et politique incompatible avec le moindre espoir de développement à court ou même à moyen terme. Avec 25,4 millions de séropositifs (derniers chiffres publiés par l'ONUSIDA). Par ailleurs, l'agence officielle "Faire reculer le paludisme" fait observer que "les économistes imputent au paludisme un déficit de croissance annuelle pouvant atteindre 1,3% dans certains pays d'Afrique" in <http://www.rbm.who.int/>. Il n'y a aucune charge pessimiste abusive dans ce triple constat qui n'est malheureusement plus contesté par les experts dignes de ce nom. Il reste à attendre des décisions politiques propres à rendre un peu de sécurité à l'avenir de nos enfants et des leurs. Bien entendu, compte tenu des enjeux économiques en cause, nombreux sont ceux qui proposent la solution qui correspond le mieux, non à la situation, mais à leurs intérêts. Faisant ainsi totalement l'impasse sur les dangers que leur attitude irresponsable fait courir "pour de vrai" à l'humanité.

POURTANT, UNE SOLUTION EXISTE : Pourtant, une solution existe, une solution susceptible d'apporter une bonne réponse aux trois menaces évoquées plus haut : la filière huile végétale pure (on parle aussi de l'huile végétale "brute"). Celle-ci consiste à utiliser de l'huile végétale non modifiée, simplement décantée et filtrée à 5 microns, à la place du fioul ou du gazole dans les usages de carburant diesel ou de combustible utilisé avec un brûleur fioul pour le chauffage. Dans toutes ces applications, l'huile végétale remplace parfaitement le pétrole. Simplement, aujourd'hui, ce n'est pas possible directement de façon massive, il faudrait apporter quelques modifications techniques fort simples aux appareils utilisés. Par exemple, dans certaines voitures un peu anciennes avec pompe à injection Bosch et injection indirecte, on peut utiliser 100% d'huile de tournesol ou de colza sans modification (peut-être juste installer un petit système de réchauffage de l'huile pour l'hiver). La plupart des véhicules diesel classiques peuvent utiliser jusqu'à 50 % d'huile de tournesol ou de colza sans modification majeure. Les moteurs les plus modernes nécessitent les aménagements les plus importants. Il faudrait qu'ils soient conçus dès le départ pour fonctionner avec de l'huile végétale. Cela n'est ni plus ni moins compliqué que ce qui est fait aujourd'hui pour un fonctionnement avec le pétrole. Notamment depuis les travaux de Ludwig Elsbett qui, dans les années 80, avait mis au point un excellent moteur diesel parfaitement polycarburant au pétrole et à toutes les huiles existantes (il en avait recensé 2000 autour de la planète). C'est essentiellement pour des raisons politiques que cette merveille, dont le rendement moteur était comparable aux plus récents diesels haute pression à rampe commune, n'a jamais été fabriquée industriellement et est tombée dans l'oubli. Les fils de Ludwig Elsbett sont installés en Allemagne où ils modifient les véhicules à la demande pour leur permettre d'utiliser l'huile végétale brute comme carburant. Cela est autorisé en Allemagne mais pas encore en France. Pourtant, depuis mai 2003, une directive européenne impose aux États membres de donner cette autorisation. Mais, à ce jour, ce n'est toujours pas fait en France. Quelle différence peut donc bien justifier cette attitude française ?

MAIS POURQUOI DÉFENDRE AINSI L'UTILISATION DE L'HUILE VÉGÉTALE À LA PLACE DU PÉTROLE ? Tout d'abord, il faut rappeler et garder à l'esprit que le gisement d'énergie le plus utile et le plus intelligent est celui des économies d'énergie, mais cela trouve vite une limite quand on lit les chiffres des taux de croissance des pays asiatiques ou des consommations nord américaines. Même si les économies sont extrêmement efficaces partout, elles ne changeront pas grand-chose au problème ; tout juste permettront-elles de "gagner" quelques années, voire quelques décennies… Aussi, sous réserve du respect des trois conditions sine qua non énoncées plus loin, on peut recommander très fortement l'utilisation massive de l'huile végétale brute car elle apporte une réponse simple et efficace aux trois menaces évoquées ci-dessus. 1 - En ce qui concerne l'effet de serre, le fait d'utiliser un combustible d'origine végétale non modifié permet d'assurer un équilibre entre le carbone fixé par la plante pendant sa maturation et les rejets de carbone dans l'atmosphère liés à sa combustion. On passe à un cycle annuel du carbone et, au total, il n'y a plus d'augmentation du taux de gaz carbonique dans l'atmosphère. 2 - En ce qui concerne le manque de pétrole, le fait d'avoir recours à une filière végétale non modifiée permet d'envisager l'utilisation de ce combustible pour la totalité de la filière, du démarrage de la culture au déversement du carburant dans le réservoir du véhicule ou du brûleur. Pas besoin de pétrole d'un bout à l'autre de la chaîne. Aujourd'hui, il n'en est rien, quand on nous parle de "biocarburants diesel", on parle d'ester méthylique d'huile végétale. Or celui-ci, d'abord, est cultivé avec utilisation de pétrole dans les engins de culture, de collecte et de transport puis de distribution. Ensuite, il fait l'objet de forçage par des engrais très gourmands en énergie fossile et dégageant eux-mêmes à l'usage de l'oxyde nitreux qui est un puissant gaz à effet de serre. Enfin, il est obtenu en chauffant (beaucoup d'énergie) l'huile sous pression (beaucoup d'énergie) en présence d'un alcool (beaucoup d'énergie pour le produire). Si bien que, si l'on fait l'écobilan total de l'utilisation de cette filière "huile modifiée", on constate qu'il est extrêmement décevant. Il serait incommensurablement plus facile de modifier à l'origine les moteurs ou les brûleurs pour qu'ils puissent consommer directement l'huile pure. On comprend bien que cela ne poserait aucun problème technique (sauf à s'obstiner à ne pas vouloir les régler), mais seulement un problème politique. Oui ou non, accepterons-nous de laisser à nos petits-enfants une planète sans pétrole avec un climat gravement et durablement détraqué ou bien utiliserons-nous cette technologie simple d'accès et d'emploi ? 3 - En ce qui concerne la lutte contre l'extrême pauvreté, la culture des oléagineux est possible à peu près sous tous les climats, c'est-à-dire sous toutes les latitudes. C'est une différence capitale avec le pétrole qui n'est pas, tant s'en faut, uniformément réparti autour de la planète. C'est cette parcimonie dans la distribution des sites pétrolifères qui est à l'origine de toutes les complications géopolitiques que vit l'humanité depuis que le pétrole est roi. Combien de millions d'hommes et de femmes de cette planète ont-ils vu leur vie, leur liberté ou leur dignité sacrifiées au nom de l'accès des plus riches au Dieu pétrole ? Et s'il existait une autre voie ? Une voie qui permette de rendre de nombreux pays dont certains très pauvres, les plus pauvres, producteurs de richesse énergétique. Une voie qui permettrait de réduire considérablement la notion de dépendance énergétique puisque beaucoup de pays deviendrait producteurs et marchands d'énergie, plus de "choc" à craindre. L'idée ici est de développer le plus possible la culture de plantes oléagineuses dont certaines sont très productives sur des terres aujourd'hui inutilisées. Ces cultures pourraient donner du travail et des revenus à des populations souffrant actuellement de grande pauvreté sans remettre en cause le niveau de vie et l'emploi des pays riches. Pour une fois, il n'y aurait pas contradiction mais complémentarité d'intérêts.

DES SURFACES NÉCESSAIRES : Dans notre raisonnement, un litre d'huile pèse environ 920 grammes. L'oléagineux le plus productif au monde est le palmier guinéen (elæis guineensis). Par an, il produit au moins 3 500 litres d'huile de palme à l'hectare et, autre avantage, il fixe plusieurs tonnes de CO2 à l'hectare. Il pousse évidemment dans les pays chauds et nécessite de l'eau pour bien produire. Si on l'utilise comme référence un peu théorique, pour se fixer les idées, pour remplacer les 3,5 milliards de tonnes de pétrole que l'homme consomme actuellement par an, il faudrait mettre en culture 11 millions de Km2 soit environ 20 fois la surface de la France. En Europe, le colza ou le tournesol donnent environ 900 litres par an à l'hectare et l'arrivée de nos dix nouveaux partenaires européens va considérablement changer la donne en la matière car certains disposent de larges surfaces agricoles et ils vont devoir revoir leurs pratiques à la lumière de la Politique agricole commune à venir. Ces changements, alliés à une politique énergétique faisant la part belle à l'huile végétale pure, permettront la mise en culture de centaines de milliers d'hectares d'oléagineux. Dans les pays pauvres, d'ores et déjà de telles surfaces - voire des hectares se comptant par millions - sont, soit laissées en jachères faute de marchés pour telle ou telle culture, soit ravagées par la déforestation ou par le brûlage et vouée à l'abandon à cause de la disparition de l'humus nécessaire à la mise en culture. Toutes ces terres pourraient être affectées à la culture de certains oléagineux bien productifs comme la pourghère (jatropha curcas L.) qui présenteront en outre l'avantage de (re)constituer un humus et de valoriser ainsi ces sols abandonnés ou en voie de l'être. Ici comme là-bas, toute cette huile produite là-bas fera l'objet d'un commerce, soit localement, le village ou la ville produit son énergie propre (dans les deux sens du terme), soit nationalement ou internationalement, les paysans organisés en coopérative approvisionnant un vaste marché de l'huile énergétique qui fait fonctionner soit des véhicules, soit des centrales thermiques ici et là-bas. N'oublions pas que cette filière peut fonctionner à l'huile d'un bout à l'autre avec, pour conséquence : zéro-rejet de gaz à effet de serre…

TROIS CONDITIONS SINE QUA NON : Ces idées paraissent d'emblée séduisantes, mais elles ne le sont qu'à trois conditions cumulatives et impératives. Qu'une seule de ces conditions ne soit pas remplie et le changement n'est pas possible, il n'est même pas souhaitable car le remède serait pire que le mal.

1e condition : une condition technique, financière et politique : À première vue, ce dossier paraît comme porteur d'intérêts opposés à ceux des pétroliers, mais en fait il n'en est rien pour deux raisons : la première est que, tôt ou tard, ils seront contraints à de déchirantes reconversions et la filière huile végétale pure est le moyen, de très loin, le moins différent et le moins traumatisant pour eux de passer l'obstacle. L'huile végétale est le produit qui ressemble le plus au pétrole. La seconde est que le métier de vendre du pétrole est le plus proche d'un métier qui n'existe pas encore : vendre de l'huile végétale énergétique. (C'est parce que la filière n'existe pas que l'on ne peut pas parler de prix aujourd'hui : il n'y a pas de demande, donc il n'y a pas d'offre, donc il n'y a pas de prix. Les huiles commercialisées aujourd'hui ne sont pas purement énergétiques, de ce fait, elles présentent des spécifications – donc des coûts de production et de mise sur le marché - qui ne concernent pas les huiles énergétiques à venir). Les pétroliers ont le matériel et le savoir-faire et les mettre dans le circuit est la meilleure façon d'obtenir leur coopération au lieu de leur opposition. On peut d'ailleurs faire la même remarque pour les huiliers. Si l'on veut que le système fonctionne, il faut un suivi dans la qualité identique à celle que l'on connaît pour le pétrole ou pour l'huile alimentaire. Seuls ces professionnels sont en mesure de travailler la question jusqu'au succès dans des délais acceptables. Il y a peut-être lieu de réfléchir avec les motoristes à un produit composé d'un mélange de différentes huiles non modifiées avec un potentiel énergétique et une fluidité suivis qui serait comparable partout dans le monde. Un peu comme avec le pétrole aujourd'hui, on pourrait optimiser des produits pour les différents types d'utilisations : véhicules routiers et petits bateaux ou navires, trains et moyens bateaux, gros navires et centrales électriques diesel, centrales thermiques, avions à réaction. C'est peut-être ça l'avenir de l'huile… Pour que ce système se mette en place, il nécessite aussi impérativement la collaboration des responsables politiques car ils ont la légitimité d'imposer des solutions internationales et il leur revient de fixer la taxation locale qui déterminera le prix à la consommation et il nécessite enfin la collaboration des financiers car ils ont les moyens de financer les investissements nécessaires.

2e condition : une condition agricole : Pour la raison précitée que l'usage de produits chimiques dans l'agriculture est générateur d'énormes quantités de gaz à effet de serre, il est absolument impératif que les méthodes culturales utilisées pour la production des oléagineux fassent appel à un concept d'agriculture durable (c’est-à-dire qui préserve les ressources et évite les produits chimiques). Ou, au minimum, d’agriculture raisonnée (on utilise des produits chimiques, mais seulement quand c’est nécessaire et seulement la quantité nécessaire), sinon, le remède sera pire que le mal. On pourrait citer également l’agriculture « intégrée » qui est un concept où l’approche de l’exploitation est globale. Elle prend en compte les interactions entre les différentes espèces cultivées les unes près des autres pour minimiser l’usage des intrants chimiques et majorer l’effet bénéfique de la complémentarité des processus naturels entre eux (Chercher sur Internet : strategy\agriculture\conference\docs\agri27f.01).

Les éléments à protéger au maximum au plus haut niveau politique mondial sont : l’eau, l’air, le sol, la biodiversité et les paysages car ils sont les biens communs naturels les plus précieux pour l’humanité.

3e condition : une condition commerciale : Ces propositions manqueraient la moitié de leur objectif si elles n'aboutissaient pas à une amélioration importante du sort des populations les plus démunies de la planète. Un humain digne de ce nom ne doit plus accepter de vivre confortablement sur la même planète que des milliards d'hommes et de femmes qui n'ont même pas le minimum vital et qui meurent chaque année par millions de l'extrême pauvreté. Cela est d'autant plus insupportable qu'il existe désormais la présente idée qui permet de garantir à la fois l'essentiel du niveau de vie des plus riches et l'accès à une "vrai vie" pour les plus pauvres sachant que la "vraie vie" n'est pas forcément l'accès au rock'n roll et au soda brunâtre… Pour parvenir à ce résultat, il est indispensable que la collecte et le commerce des graines d'oléagineux et des huiles soient organisés selon les règles du commerce équitable, sinon le but affiché de développement des pays pauvres ne sera pas atteint et les différences ne feront que s’amplifier.

Pour orienter durablement la planète vers cette solution, il faut lancer dès aujourd’hui un mouvement d’opinion qui génère une pression suffisamment forte sur les politiques pour qu’ils comprennent que nous ne pouvons plus attendre.

Nancy, le 13 mai 2005 Yves LUBRANIÉCKI



NB : un document plus détaillé est disponible en français, anglais et allemand sur simple demande à ylubra@yahoo.fr. Par ailleurs, un blog existe : http://blog.france2.fr/LUBRANIECKI/.