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Discussion utilisateur:Samrong01

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« Monseigneur, Je vous écrivais de Perpignan, le 28 du mois dernier, au sujet de la ferme des gabelles du Roussillon et aujourd'hui, je fais la même chose de ce village, mais sur un sujet bien éloigné de cette matière-là. C'est sur celle du dessein d'un canal qui pourrait se faire dans cette province du Languedoc pour la communication des deux mers Océane et Méditerranée, vous vous étonnerez, Monseigneur, que j'entreprenne de vous parler d'une chose qu'apparemment je ne connais pas et qu'un homme de gabelle se mêle de nivelage... Mais, vous excuserez mon entreprise lorsque vous saurez que c'est sur l'ordre de Monseigneur l'archevêque de Toulouse que je vous écris. Il y a quelque temps que ledit seigneur me fit l'honneur de venir en ce lieu, soit à cause du fait que je suis son voisin et hommager ou pour savoir de moi les moyens de faire ce canal, car il avait ouï dire que j'en avais fait une étude particulière, je lui dis ce que j'en savais et lui promis d'aller le voir à Castres à mon retour de Perpignan, et de le mener sur les lieux pour lui en faire voir la possibilité. Je l'ai fait, et ledit seigneur en compagnie de monsieur l'évêque de Saint-Papoul et de plusieurs autres personnes de condition a été visité toutes choses qui furent trouvées comme je lui avais dit, ledit Seigneur Archevêque l'a chargé d'en dresser un courrier et de vous l'envoyer, elle est ici incluse mais en assez mauvais ordre, car, n'entendant ni grec, ni latin et à peine sachant parler le français, il ne m'est possible que je m'explique sans bégayer ; aussi ce que j'entreprends est par ordre et pour obéir et non pas de mon propre mouvement. Toutefois, Monseigneur, s'il vous plaît de vous donner la peine de lire mon courrier, vous jugerez qu'il est vrai que ce canal est faisable, qu'il est à la vérité difficile à cause du coût mais que regardant le bien qui doit en arriver l'on doit faire peu de considération de la dépense. Le feu roi Henri Quatre, aïeul de notre monarque, désira passionnément faire cet ouvrage, feu monsieur le cardinal de Joyeuse avait commencé d'y faire travailler et feu monsieur le cardinal de Richelieu en souhaitait l'achèvement, l'Histoire de France, le recueil des œuvres dudit cardinal de Joyeuse et plusieurs autres écrits justifient cette vérité ; mais jusqu'à ce jour, l'on n'avait pas pensé aux rivières propres à servir ni trouvé des routes aisées pour ce canal, car celles qu'on s'était alors imaginé étaient avec des obstacles insurmontables de rétrogradation de rivières et de machines pour élever les eaux. Aussi, je crois que ces difficultés ont toujours causé le dégoût et reculé l'exécution de l'ouvrage, mais, aujourd'hui, Monseigneur, qu'on trouve des routes aisées et des rivières qui peuvent être facilement détournées de leurs anciens lits et conduites dans ce nouveau canal par pente naturelle et de leur propre inclinaison, toutes difficultés cessent, exceptée celle de trouver un fonds pour servir aux frais de travail. Vous avez pour cela mille moyens, Monseigneur, et je vous en présente encore deux dans un de mes mémoires ci-joints afin de vous porter plus de considérer que la facilité et l'assurance de cette nouvelle navigation fera que les détroits de Gibraltar cesseront d'être un passage absolument nécessaire, que les revenus du roi d'Espagne à Cadix en seront diminués et que ceux de notre roi augmenteront d'autant sur les fermes des entrées et sorties des marchandises en ce royaume, outre les droits qui se prendront sur ledit canal qui monteront à des sommes immenses, et que les sujets de Sa Majesté en général profiteront de mille nouveaux commerces et tireront de grands avantages de cette navigation, que si j'apprends que ce dessein doit vous plaire, je vous l'enverrais avec le nombre d'écluses qu'il conviendra de faire et un calcul exact des toises dudit canal, soit en longueur, soit en largeur. »