Discussion:Ultra gauche/reflexion

Le contenu de la page n’est pas pris en charge dans d’autres langues.
Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Autres discussions [liste]
  • Admissibilité
  • Neutralité
  • Droit d'auteur
  • Article de qualité
  • Bon article
  • Lumière sur
  • À faire
  • Archives
  • Commons

Sous les idées, peur et flicage.[modifier le code]

Les RG : ce qu’ils font à l’intérieur se voit à l’extérieur[modifier le code]

En juin 2007 (08/07/07), le Figaro rapporte, de sources policières, que les autorités s’inquiètent de la « résurgence de groupes extrémistes », « casseurs », et « ultras », auxquelles on attribuerait diverses « actions criminelles ». Les Renseignements généraux ainsi que la police judiciaire s’intéresseraient de manière prioritaire à cette « mouvance anarcho-autonome ». Le 26 janvier 2008, les flics anti-terroristes de la PJ pondaient une note sur la mouvance de l’ultra gauche. Le 1er février 2008, Michèle Alliot-Marie, lors d’un entretien au Figaro, réitère l’annonce de la menace que représente ladite « mouvance », qu’elle assimile au spectre « d’Action Directe, des Brigades Rouges ou de la Fraction Armée Rouge ». Le 2 février 2008, les RG répètent en chœur, au Monde, cette fois-ci, « l’apparition d’une génération de militants déterminés à passer à l’action violente ». Le 13 juin 2008, la Direction des affaires criminelles et des grâces du Ministère de la Justice édite une circulaire à destination des Parquets afin de faire face à la « la multiplication d’actions violentes commises sur différents points du territoire national susceptibles d’être attribuées à la mouvance anarcho-autonome », les enjoignant de faire part de toutes les informations dont ils disposeraient à ce sujet auprès de la section anti-terroriste nationale. Plus récemment, lors des actions menées sur le réseau SNCF, le Procureur de la République Jean-Claude Marin accuse « une structure à vocation terroriste » ainsi qu’une « association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste » .

Dans les faits, trois personnes ont été arrêtées en novembre 2007 à Toulouse et deux à Paris en janvier 2008. Par ailleurs, lors de nombreuses manifestations, , les citoyens, les médias parlent fréquemment de la présence de « casseurs » en fin de cortège, après les militants, les étudiants, les syndicalistes. Certains d’entre eux se voient poursuivis, parfois par des procédures de comparution immédiate, et écopent de sanctions pénales. Enfin, les actions SNCF ont entraîné l’inculpation de 9 personnes.


Sous les pavés, les vieux adages[modifier le code]

L’iceberg de cette « mouvance » – terme flou aux contours imprécis – anarcho-autonome comprendrait donc 14 personnes identifiées comme telles, qui, ajoutées aux quelques « casseurs », ne semblent toujours pas susceptibles, numériquement et à bien y regarder, de faire trembler la France. Et pourtant, force est de constater la phraséologie particulière du discours policier, politique et médiatique définissant la contestation politique en question : vocable de la menace, rhétorique de la peur, mobilisation de termes tels que « extrémistes », « ultra », « violence », et, enfin, d’une part la réduction de militants et de citoyens à de simples et vulgaires « casseurs » coupables de « violence gratuite », atrophiés de leur dimension politique, et d’autre part l’association de la protestation collective au terrorisme.

Historiquement, la pratique du sabotage date du 19ème siècle, lorsque les ouvriers bloquaient leurs outils de travail avec leurs chaussures - leurs sabots - afin de revendiquer la journée de 8 heures ou de dénoncer les cadences infernales du travail à la chaîne. Par la suite, les techniques de sabotages seront fortement utilisées, par exemple, par les Résistants lors de la seconde guerre mondiale.

Le sabotage est donc une technique, une tactique politique et non une idéologie ou une entreprise éthique. Dans ce cadre, que l’on soit ou non d’accord avec ces méthodes, que l’on les trouve pertinentes ou non, la question de la violence qu’elles représentent gagnerait peut-être à être pensée en termes stratégiques plutôt que sous forme de panique morale. Par ailleurs, nous ignorons tout, à l’heure actuelle de la prétendue implication des activistes dans les faits poursuivis.

Quoi qu’il en soit, force est de constater les efforts éloquents visant à réifier l’existence d’une « mouvance anarcho-autonome » et de l’amalgamer d’une part avec les jeunes-casseurs (sous-entendu, pourquoi pas issus des banlieues ?, faisant le lien avec « la violence urbaine », autre notion floue et très en vogue ces temps-ci) et d’autre part, avec les terroristes. Cette prouesse rhétorique pourrait prêter à sourire, tant elle est ridicule : identifier une mouvance, c’est-à-dire « quelque chose de mouvant », « qui a peu de consistance » , comme « structure à vocation terroriste » semble à tout le moins léger et contradictoire. Pour rappel, la résurgence de la menace du terrorisme date du 11 septembre 2001 et concerne une attaque en territoire étranger (les Etats-Unis) par un réseau solide et organisé, lui-même extérieur aux pays occidentaux. Utiliser les lois liberticides mises en place pour contrer le terrorisme à l’encontre de militants politiques revient à intimider les mouvements sociaux, à décrédibiliser la contestation et à dissuader les formes de solidarité entre citoyens.

Malheureusement, les conséquences de ces vocables anxiogènes et largement démesurés ne portent pas à rire : extension de garde à vue durant 96 heures, légitimation d’un fichage de plus en plus extensif des militants (y compris enregistrement des données ADN), dissémination, au sein de la population, de la peur de contester publiquement les politiques gouvernementales, et réduction de citoyens développant certaines techniques d’action à de barbares casseurs ou à de dangereux ennemis intérieurs de la Nation.

Le terrorisme, et l’attribution de ce sobriquet à l’un ou l’autre groupe, nébuleuse ou mouvance, n’est pas le fruit d’un processus objectif reposant sur des critères clairs mais bien une construction historico-politique élaborée par les institutions et/ou pouvoirs en place. Pour citer quelques exemples, seront taxés de terroristes, entre autres, les résistants durant la seconde guerre mondiale, les révolutionnaires d’Amérique Latine sous les pays dictatoriaux, ou encore les ouvriers grévistes sous l’Angleterre de Tatcher dans les années ’80.

Ce qui est véritablement inquiétant, ce n’est peut-être pas la quinzaine de « mouvants militants » mais bien la politique de la peur telle que construite par la police judiciaire et les renseignements généraux, reprises par les politiques et répercutées par les médias, qui risqueraient de faire hésiter toute personne à montrer sa solidarité et pourraient annihiler ou neutraliser de nombreuses formes de contestation sociale par rapport à des politiques actuelles de relégation sociale et de privatisation des services publics, menace par ailleurs susceptible d’encourager l’individualisme, le repli sur soi et la méfiance généralisée. La peur propagée par la Nation, c’est un pas de trop vers la terreur et la violence étatiques.


Une bande – urbaine – de jeunes – casseurs – à moi tout seule.