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Discussion:Le débarquement allié en Sicile et la Campagne d'Italie. 1943-1945

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Les Canadiens et la Libération de l'Europe.

La Sicile et la Campagne d'Italie. Juillet 1943 - Février 1945

Auteur: Jacques Teyssier Documentariste Texte rédigé sous la supervision de M. Serge Bernier - Dr. Histoire - Directeur Histoire et patrimoine - Ministère de la Défense nationale - Ottawa


La situation militaire après le Raid sur Dieppe.

Au cours des mois suivants la désastreuse opération anglo-canadienne sur Dieppe, la situation militaire de l'Allemagne va se dégrader. Sa formidable puissance militaire sera mise en échec par celle plus formidable encore, en hommes et en matériel, des armées alliés. Soumise aux terribles bombardements aériens de son territoire, sur tous les fronts, l'Allemagne sera désormais contrainte à la défensive.

3 novembre 1942 - El Alamein. La victoire de la 8ème Armée britannique de Montgomery stoppe la marche de l'Afrika Korps du général Rommel vers le Canal de Suez. De semaine en semaine, les forces germano-italiennes sont repoussées toujours plus loin à travers la Cyrénaïque, l'actuelle Libye, jusqu'en Tunisie.

8 novembre 1942 - Débarquements anglo-américains au Maroc et en Algérie.

2 février 1943 - Stalingrad. La 6ème Armée allemande du général Von Paulus, forte de 400 000 hommes, est anéantie. L'opinion publique européenne et mondiale pressent que désormais l'Allemagne et ses alliés n'échapperont pas à la défaite.

7 mai 1943 - Tunisie. Les armées de l'Axe - Allemands et Italiens - sous la pression conjuguée des forces britanniques à l'est et américaines à l'ouest, sont vaincues et jetées hors d'Afrique du Nord.

Lors de la conférence de Casablanca en janvier 1943 et de celle de Washington en mai 1943, Roosevelt et Churchill ont pris la décision d'effectuer des débarquements en Sicile, puis en Italie, afin de porter un coup fatal au régime fasciste, allié de l'Allemagne, "maillon faible" de l'Axe et d'assurer la liberté de leurs communications maritimes en Méditerranée.

La conjoncture militaire est favorable: l'armée italienne n'a pas compensé les énormes pertes qu'elle a subies en Afrique du Nord contre la 8ème Armée de Montgomery et en Russie contre l'Armée Rouge. En outre, elle est engagée dans les Balkans où les partisans yougoslaves lui infligent de sérieux revers.

En Sicile, elle n'aligne que 10 divisions dont la valeur combative est médiocre. Son aviation est faible. Sa marine, sérieusement malmenée par la flotte et l'aviation alliée, s'est réfugiée dans le port de La Spezia dans le nord de l'Italie.



Les opérations militaires en Sicile. "Opération Husky". 10 juillet 1943 - 17 août 1943.

10 juillet 1943 - L'opération "Husky", nom de code pour le débarquement anglo-américain et canadien en Sicile, est déclenchée. L'ouverture d'un "Second front", si souvent réclamée par Staline à ses alliés occidentaux, est devenue réalité.

L'opération "Husky", a été précédée par une manœuvre d'intoxication conduite par les services secrets alliés. Au large des côtes espagnoles, le corps d'un homme vêtu d'un uniforme d'officier des services spéciaux britanniques est découvert porteur d'une mallette renfermant des documents indiquant que le prochain débarquement allié pourrait avoir lieu en mer Égée au large de la Grèce et qu'un éventuel débarquement en Sicile, suite pourtant logique des débarquements en Afrique du Nord, ne serait qu'un leurre. Cette information est transmise par la police espagnole aux services d'espionnage nazis qui mordent à l'appât. Les Allemands envoient une division blindée en Grèce et négligent la défense de la Sicile.

La logistique du débarquement allié en Sicile est d'une complexité inouie: les troupes américaines ont leurs bases de départ en Afrique du Nord et même aux États-Unis, les troupes anglaises, en Tunisie et en Égypte, et la 1ère Division canadienne, en Angleterre.

Les Alliés ont réuni des forces et des moyens considérables: 160 000 hommes, une couverture aérienne de 4 000 avions, 3 200 navires, des barges de débarquement d'un type nouveau permettent d'amener hommes et matériel directement sur les plages - ce qui présente l'avantage de ne pas avoir à s'emparer initialement de ports toujours puissamment défendus.

Les hommes qui débarquent le premier jour sont pour moitié américains, sous le commandement du général Patton, pour l'autre moitié, britanniques et canadiens, sous le commandement du général Montgomery. L'opération est dirigée par le général anglais Alexander, adjoint d'Eisenhower. Les forces canadiennes, composées de la 1ère Division canadienne et de la 1ère Brigade canadienne de chars sont rattachées à la 8ème Armée britannique. Elles sont commandées par le major-général Crerar.

Les Américains de Patton débarquent sur la côte sud-ouest de la Sicile, les Britanniques sur la côte sud-est, près de Syracuse. Les Canadiens, au centre du dispositif, débarquent dans la presqu'île de Pachino sur huit kilomètres de plage avec pour mission de s'emparer de l'aérodrome voisin. Malgré la présence de bunkers, de nids de mitrailleuses et d'une batterie de défense côtière, ils ne rencontrent tout d'abord que peu de résistance. Les soldats italiens s'enfuient à leur approche ou sont fait prisonniers.

Les Américains, par contre, doivent réagir à une sérieuse contre-offensive allemande de la puissante division blindée Hermann Goering contre leur tête-de-pont de Gela. Les Britanniques progressent rapidement le long de la côte, vers Syracuse et Catane, en direction de Messine. Les 90 000 Allemands qui occupent la partie ouest de l'île, menacés d'encerclement, se replient méthodiquement vers le carrefour stratégique routier d'Enna. Leur tactique consiste à établir une série de points d'appui de retardement afin d'évacuer vers la péninsule italienne le maximum de leurs hommes et de leur matériel, avant que le piège ne se referme sur eux. Montgomery lance les 1ère et 2ème Brigades canadiennes vers le centre de l'île dans une opération coup-de-poing pour les prendre de vitesse et leur couper la route.

Le terrain très accidenté de la Sicile qu'ils savent parfaitement utiliser, donne aux Allemands un avantage certain sur leurs attaquants qui devront s'emparer, au prix d'efforts inouis et de lourdes pertes, de villes et de villages escarpés puissamment fortifiés. Les ponts sont détruits, les routes minées, truffées de pièges, maintenues sous le feu des mitrailleuses, des mortiers et des canons allemands. Dans ces conditions, les unités mécanisées voient leurs moyens d'intervention fortement réduits et l'infanterie canadienne doit livrer l'assaut à travers ravins, rochers et montagnes. Les Canadiens progressent grâce à une succession de coups-de-main que les Allemands qualifieront "d'Indianer Krieg" , une guerre à l'indienne, dans laquelle l'infanterie canadienne va se révéler particulièrement efficace.

Les 1ère et 2ème Brigades avancent vers leur objectif commun: la ville d'Agira. La 1ère Brigade, à gauche, nettoie le secteur de Leonforte, pendant que la 2ème Brigade, à droite, s'empare d'Assoro en avant d'Agira, au prix de lourdes pertes. Le 24 juillet, le Royal Regiment of Canada et le régiment de chars de Trois-Rivières se lancent à l'assaut du village escarpé de Nissoria qui défend l'entrée d'Agira. Ils sont repoussés durement et ce n'est qu'à la suite d'un barrage d'artillerie intense que les positions allemandes sont neutralisées par l'infanterie des régiments Princess Patricia, Seaforth Highlanders et d'Edmonton, qui entreront dans la ville le 28 septembre, après trois jours de violents combats au cours desquels ils ont dû conquérir une à une les hauteurs qui dominent la ville.

Début août, le Royal 22ème Régiment fonce sur Adrano, au pied de l'Etna, et pénètre dans ses faubourgs pour constater que les Allemands viennent d'abandonner la ville. Après quatre semaines de combats impitoyables, toujours à la pointe du combat, les Canadiens sont mis en réserve afin de préparer leur débarquement dans la péninsule italienne. Ils n'entreront donc pas en vainqueurs dans Messine, qu'Américains et Anglais libèrent le 16 août. 200 000 italiens ont été fait prisonniers, mais le gros des troupes allemandes a réussi à passer en Italie et a échapper au piège.


La situation politique en Italie.

En 1943, la situation politique et économique de l'Italie est catastrophique Le mécontentement de la population est général. Les produits de première nécessité font défaut. L'hostilité vis-à-vis des Allemands et du régime fasciste, manifeste.

De nombreux complots se trament dans l'entourage du roi Victor-Emmanuel III pour éliminer Mussolini. Le Grand conseil fasciste, refuse de lui faire confiance plus longtemps. Mussolini est contraint à la démission le 25 juillet. Le roi fait appel au maréchal Badoglio pour diriger le nouveau gouvernement qui ordonne l'arrestation du dictateur.

Badoglio se déclare tout d'abord fidèle à l'alliance allemande, tout en négociant un armistice avec les Alliés. D'où, une période d'ambiguïtés qui aura des conséquences dramatiques pour les Italiens.

L'armistice signé le 3 septembre ne devait être rendu public que lors du débarquement allié sur le continent.

Les Allemands voient avec inquiétude l'évolution de la politique italienne. Rommel reçoit l'ordre d'occuper le Nord de l'Italie. La capitulation italienne est annoncée le 8 septembre.

Les Allemands occupent Rome le 10 septembre. Le 13, ils libèrent Mussolini et le placent à la tête d'un contre-gouvernement. Badoglio ne prend aucune mesure sérieuse pour tenter de s'opposer à l'avance allemande. En quelques jours, la plus grande partie de l'Italie se trouve sous contrôle nazi. Néanmoins, quelques rares unités résistent, certaines se reconstituent clandestinement dans les zones montagneuses, des groupes de partisans se forment. La marine italienne rallie la flotte alliée.

Il faudra près de 20 mois de combats acharnés pour libérer un pays affamé, démoralisé, sinistré politiquement et économiquement.

Vingt longs mois d'une lutte impitoyable et souvent incertaine. Sous la pression des armées alliées, les 27 divisions allemandes du très habile général Kesselring vont reculer pied à pied vers le nord en s'accrochant obstinément aux lignes de défenses successives qu'elles ont étagées à travers la péninsule italienne.


Les opérations militaires en Italie - 3 septembre 1943 - février 1945.

L'Italie est parcourue du nord au sud par la chaîne montagneuse des Apennins. Les rivières et les torrents qui descendent de ses sommets vers l'Adriatique d'un côté de la botte italienne et la mer Tyrrhénienne de l'autre, ont creusé des gorges et des vallées qui sont autant d'obstacles. Son climat est rigoureux en toutes saisons: le froid et la neige de l'hiver succèdent aux pluies diluviennes de l'automne et la chaleur torride de l'été, aux brutales crues printanières des cours d'eau.

Routes, ponts, tunnels… tout est détruit ou miné, ou encore tenu sous le feu allemand. Le relief est tel qu'une seule mitrailleuse bien placée et servie par quelques hommes aguerris peut tenir en échec toute une compagnie. L'emploi des unités mécanisées et des chars y est limité, sinon impossible. Seule l'infanterie, ravitaillée parfois par des colonnes de mulets qui évacuent aussi les blessés, peut se frayer un chemin dans ce chaos minéral. Mais au prix de combien de vies! Tel est le contexte dans lequel se dérouleront les offensives alliées dans leur longue et terrible marche vers le nord.


Combats dans le Sud de l'Italie. Septembre - novembre 1943.

La 8ème Armée a franchi le détroit de Messine le 3 septembre. Anglais et Canadiens ne rencontrent, tout d'abord, qu'une résistance modérée en Calabre, où les Allemands ne leur opposent que des éléments légers dans des combats de retardement.

Par contre, le 9 septembre, la 5ème Armée américaine du général Clark, composée du 6ème Corps d'armée américain et du 10ème Corps d'armée britannique, est confrontée à une très forte opposition lors de son débarquement à Salerne au sud de Naples. Kesselring attaque la tête-de-pont anglo-américaine avec 5 Divisions blindées. Les Allemands parviennent à 5 km du rivage. Clark frôle la catastrophe. L'aviation et la marine alliée appuient les troupes au sol de toute leur puissance de feu. Pour soulager le front de Salerne, les Canadiens de la 3ème Brigade, sous les ordres du général Simonds, foncent vers la ville de Potenza en arrière de la ligne de front. Les Allemands y dépêchent des renforts qui arriveront trop tard et la ville sera prise le 20 septembre.

Après deux semaines de combats défensifs, les Anglo-américains parviennent à sortir de leur tête-de-pont. Le 1er octobre, les Allemands évacuent Naples.

La 5ème Armée américaine, à l'ouest du dispositif d'attaque et la 8ème Armée britannique, à l'est, forment un front continu. Au centre, les Canadiens de la 1ère Division, marchent sur Motta-Montecorvino où, le 1er octobre, ils affrontent victorieusement en combat de nuit une division de parachutistes allemands. En progressant vers le nord ils se heurtent à une résistance de plus en plus tenace. Les Allemands défendent âprement chacune de leurs positions pour obliger les Canadiens à se déployer et à épuiser leurs forces.

Dans la brume et sous la pluie froide des Apennins l'automne se passe à conquérir chaque village, chaque hauteur en de multiples combats éprouvants et démoralisants. Les villes de Campobasso et de Vinchiaturo tombent et le régiment d'Edmonton parvient à s'assurer de la colline d'Anchise, position-clé qui domine la région.

Le 3 octobre, un débarquement de commandos britanniques sur le port de Termoli, en arrière des lignes allemandes, subit une violente contre-attaque de chars. L'infanterie britannique recule et n'échappe au désastre que grâce à l'intervention des chars du régiment de Trois-Rivières qui contraignent les panzers à se retirer.


La ligne "Bernhard". Décembre 1943 - Avril 1944.

Les Allemands se replient sous les attaques, méthodiquement, de positions défensives en points d'appui jusqu'à la ligne "Bernhard" qui coupe transversalement la péninsule italienne, en suivant les vallées du Sangro à l'est et du Garigliano à l'ouest. Cette puissante ligne de fortifications défend Rome, objectif de l'offensive alliée. Dans sa partie ouest, la ligne "Bernhard" est doublée par la ligne "Gustav", qui s'appuie sur le mont Cassin, clef de voûte du système de défense allemand qui commande les approches de Rome par la vallée du Liri. Celle-ci est barrée par une troisième ligne de défense, la ligne "Adolf Hitler".


La bataille du Sangro.

Au début du mois de novembre, la 3ème Brigade canadienne parvient à occuper les hauteurs qui dominent le Sangro. Elle multiplie les patrouilles à longue portée à l'intérieur des terres pour convaincre les Allemands que toute la 1ère Division canadienne est présente dans ce secteur central du front et les inciter à y maintenir des troupes, pendant que Montgomery déploie son offensive principale à l'est, le long de la côte Adriatique.

Le plan de Montgomery consiste à pousser vers le nord puis à infléchir son mouvement vers l'ouest en direction de Rome et soulager ainsi la 5ème Armée américaine de Clark qui est bloquée devant Cassino .

Dans un premier temps, les hommes de la 78ème Division britannique tentent de franchir le Sangro mais ils doivent battre en retraite devant la puissance de la riposte allemande. Ce n'est qu'après huit jours de combats qu'ils parviennent à établir une tête-de-pont sur l'autre rive.


Le passage du Moro.

Les Néo-Zélandais prennent le relais et s'infiltrent jusqu'à la vallée suivante, très encaissée, qui est celle du Moro, dominée par la petite ville d'Ortona. Ils occupent la rive sud et subissent des pertes effroyables en tentant d'escalader les hauteurs qui bordent sa rive nord.

Les Canadiens du général Vokes, commandant la 1ère Division, reçoivent l'ordre d'intervenir. Leur mission: franchir la rivière et s'emparer de la ville. Mission de sacrifice qu'ils réaliseront en trois semaines de combats acharnés et au prix de pertes très lourdes.

Sur un front de 8 km, Vokes lance son offensive en trois points. À l'est, le long de la route côtière, les hommes du Hastings and Prince Edward Regiment franchissent la rivière mais ne peuvent se maintenir. Ils font une nouvelle tentative le lendemain et parviennent à établir une tête-de-pont. À l'ouest, l'infanterie légère du Princess Patricia progresse de nuit vers le village de Villa Rogatti dont il s'emparent et où ils se maintiennent malgré de violentes contre-attaques d'infanterie et de chars. Au centre, le Seaforth ne parvient pas à percer vers le village de San Leonardo et doit ramener sur la rive sud les trois compagnies qui avaient réussi à traverser.


Ortona - Décembre 1944

San Leonardo, verrou sur la route d'Ortona, doit absolument tomber pour que la progression puisse se poursuivre. L'artillerie canadienne prépare le terrain. Le 48th Highlanders franchit la rivière et établit une tête-de-pont que doit venir renforcer le RCR à partir de sa position de départ à l'est. Sa manœuvre est stoppée par une violente contre-attaque allemande. Les combats sont acharnés. Durant la nuit, sous les tirs ennemis, le génie parvient à aménager un passage destiné aux véhicules et à l'artillerie. Le Seaforth et le régiment de chars de Calgary passent, écrasent la résistance allemande et s'emparent de San Leonardo. Les pertes canadiennes et allemandes sont très lourdes mais la tête-de-pont canadienne est définitivement consolidée.

Le dernier obstacle sur la route d'Ortona est une ravine longue de 7 km creusée par un ruisseau. Un simple accident de terrain que les Allemands ont fortifié de façon formidable et qui nécessitera 10 jours de combats avant de tomber. La 2ème Brigade lance des attaques successives contre un carrefour de routes de l'autre côté de la ravine. Sans succès. La 3ème Brigade intervient, sans plus de succès. Les attaques de front ayant échoué, Vokes fait intervenir les hommes du Royal 22ème Régiment qui attaquent latéralement en direction d'une ferme fortifiée sur le versant nord de la ravine, la Casa Berardi, qu'ils prennent à la suite de combats désespérés où le capitaine Paul Triquet et les quelques hommes qui lui restent se distinguent par leur folle bravoure. Renforcés durant la nuit, ils résisteront trois jours durant à des contre-attaques et à des tirs d'artillerie continuels.

Sous la protection d'un puissant barrage d'artillerie, le 48th Highlanders et les chars du régiment de Trois-Rivières élargissent la position conquise par le R22R. Le tir de barrage s'allonge et laisse intactes deux positions de défense allemandes qui brisent l'assaut des compagnies de tête du Royal Canadian Regiment vers le carrefour de routes qui est leur objectif. Elles sont décimées. Le lendemain, le Royal Canadian Regiment repart à l'attaque avec l'appui de l'artillerie et des chars et atteint le carrefour. La route d'Ortona est dégagée.

La ville aux rues étroites est située au sommet d'un escarpement rocheux qui domine un petit port de pêche sur l'Adriatique. Pour mettre la ville en défense les Allemands ont fait sauter les maisons dont les ruines s'amoncellent dans les rues. Les parachutistes allemands s'y sont retranchés. Pour nettoyer la ville, les hommes du Régiment d'Edmonton aidés par les Highlanders du Seaforth progressent de maison en maison, de rue en rue, à l'aide de charges explosives pour s'ouvrir un chemin à travers cette masse de décombres et réduire une à une les positions allemandes. Puis, les chars du régiment de Trois-Rivières s'infiltrent dans la ville en dépit des obstacles et des canons anti-chars ennemis.

Sous la pluie, dans la boue, sur un terrain bourré de mines, la 1ère brigade entreprend un mouvement d'encerclement de la ville par l'ouest et le nord afin de couper les voies d'approvisionnement et de retraite allemandes. Devant cette menace les parachutistes sont contraints d'abandonner Ortona le 28 décembre. Ils se replient vers le nord, le long de la route côtière.

En cette fin d'année 1943, les Alliés piétinent toujours devant la ligne "Bernhard", seuls les Canadiens ont réussi à percer et occupent un saillant au nord de la ligne qu'ils tiendront tout l'hiver. Des tentatives sont faites afin d'élargir le secteur. En pure perte. L'offensive alliée est stoppée. La ligne "Bernhard" tient toujours. Elle tiendra tout l'hiver.

Pour tenter de prendre les Allemands à revers, les Américains débarquent à Anzio, le 22 janvier 1944, en arrière des lignes allemandes, à 50 km au sud de Rome. La surprise est totale, mais les Allemands se ressaisissent rapidement et parviennent à contenir la tête-de-pont. Pendant tout l'hiver les Alliés tenteront d'effectuer la jonction entre les deux fronts sans y parvenir.


La ligne "Gustav".

Au printemps, il prend la décision de concentrer ses forces et d'attaquer la ligne "Gustav" à l'ouest, vers la vallée du Liri. Le 11 mai, la 8ème Armée britannique attaque. Le 15 mai, une manœuvre audacieuse du Corps expéditionnaire français permet la prise du mont Maio qui commande la position de Cassino, verrou de la défense allemande et prend les Allemands à revers. Une brigade anglo-polonaise s'empare de la ville et de l'abbaye qui la surplombe. En quatre jours de combats les hommes de la 8ème Armée, Britanniques, Indiens, Canadiens, percent et obligent les Allemands à se replier le long du Liri sur leur dernière ligne de défense avant Rome: la ligne "Adolf Hitler".


La ligne "Adolf Hitler" - Mai - juin 1944

L'attaque de la ligne "Adolf Hitler" va se dérouler sur trois axes. Au nord, une tentative de débordement par le 13ème Corps britannique est stoppée. Au sud, le Corps expéditionnaire français progresse en arrière des positions allemandes, mais il doit ralentir son avance car il s'expose dangereusement à une contre-attaque. Au centre, les Canadiens de la 2ème et de la 3ème Brigade constituent le fer de lance de l'attaque. Ils progressent derrière un barrage d'artillerie jusqu'aux réseaux de barbelés ennemis. La 2ème Brigade subit un feu si violent qu'elle ne peut recevoir aucun appui de la part des chars et reste bloquée devant la ligne où elle perd beaucoup d'hommes. La 3ème Brigade réussit à passer et ouvre la voie aux chars qui consolident l'objectif en dépit de pertes terribles. Le général Vokes fait alors intervenir sa réserve pour exploiter la percée. Cette nouvelle attaque déstabilise l'ennemi. L'opération est un succés. La résistance allemande est écrasée et les chars de la 5éme Division blindée canadienne foncent à travers la brêche à la poursuite des Allemands en déroute.

Pendant ce temps, la 1ère Brigade canadienne s'est frayé un chemin le long de la rive nord du Liri et s'est emparée de la ville de Pontecorvo.

Les Canadiens franchissent la vallée de la Melfa, affluent du Liri et marchent sur Rome qui tombera la 4 juin 1944, deux jours avant le débarquement en Normandie. Les Allemands refluent vers le nord cédant peu à peu le terrain sous la pression alliée lors de combats très coûteux en pertes humaines. Le Régiment de Trois-Rivières perd ainsi la moitié de ses officiers avant que le front ne se stabilise près de Florence. Les unités canadiennes qui ont progressé durant l'été de 400 km sont mises en réserve afin de se réorganiser en vue de leur offensive contre la ligne "Gothique", derniere ligne de défense allemande avant les Alpes.


La ligne "Gothique" - 25 août 1944 - 25 février 1945.

Kesselring est perplexe quant à l'endroit où les Alliés porteront leur prochain coup. Il cherche, en particulier, à situer les positions occupées par le 1er Corps canadien car il soupçonne que celui-ci sera en tête de l'attaque. De plus, il s'inquiète d'une éventuelle opération amphibie en arrière de ses lignes.

De son côté, Alexander doit faire face à la perte de trois divisions américaines et des quatre divisions de montagne du Corps expéditionnaire français, qui ont quitté l'Italie pour débarquer dans le sud de la France.

Le plan d'Alexander consiste à attaquer le long de la côte Adriatique avec la 8ème Armée britannique pour forcer Kesselring à engager ses réserves dans ce secteur, puis pousser au centre en direction de Bologne avec la 5ème Armée américaine. Les deux armées débouchant ensemble dans la plaine du Pô.

La traversée des Apennins par le 1er Corps canadien est une véritable épopée. En quelques jours, le Génie a aménagé 200 kilomètres de chemins pour permettre à ses 11 000 véhicules, 650 chars et 300 chenillettes de rejoindre, dans le plus grand secret, ses positions de départ dans la vallée du Metauro, à l'est de la ligne "Gothique".

Le 25 août, les Canadiens de la 1ère Division franchissent le Metauro, sans opposition notable car les Allemands se replient à l'intérieur de leur ligne de défense. Ils se ressaisissent très vite, mais sont délogés de deux villages après de furieux combats. Le 30 août, la 1ère Division d'infanterie et la 5ème Division blindée exploitent aussitôt la situation et foncent vers le nord. C'est le succès, en dépit d'une puissante contre-attaque au cours de laquelle le British Columbia Dragoons perd une douzaine de chars… 24 autres sont mis hors de combat… des hommes tombent… mais la ligne "Gothique" est percée.

Kesselring va tenter de s'opposer à la poursuite de l'offensive en concentrant des troupes sur la crête de Coriano, puis sur les hauteurs de San Fortunato qui défendent les abords de Rimini. Leur résistance opiniâtre finit par cèder sous les coups de l'artillerie et les assauts répétés de l'infanterie canadienne.

Le secteur occupé par les Canadiens affecte la forme d'un triangle dont la pointe est constituée par la ville de Rimini, au sud, et la base, par la vallée du Senio. C'est une plaine basse qui s'étend sur une longueur de 60 km, entrecoupée par les vallées d'une douzaine de rivières.

Les pluies d'automne ont transformé le moindre ruisseau en torrent et les routes en fondrières où la progression des véhicules devient impossible. Les vignobles inondés sont impénétrables, même aux chars. Du mois de septembre 44 au mois de février 45, il faudra cinq mois de luttes implacables pour que les Canadiens parviennent à s'établir sur la vallée du Senio, au nord de Ravenne, qui marquera le point ultime de leurs combats en Italie.


Opération "GoldFlake" - Février 1945.

En effet, à la fin du mois de février 1945, le 1er Corps canadien est transféré dans le plus grand secret vers le front du nord-ouest européen. Lors de cette opération logistique de grande envergure, nom de code "GoldFlake", les unités canadiennes traversent avec leurs véhicules la péninsule italienne pour se rendre à Livourne, leur port d'embarquement vers Marseille, en France. Elles remontent la vallée du Rhône et atteignent la Hollande.

Les hommes du 1er Corps se joignent à leurs camarades de la 1ère Armée canadienne dans la région de Nimègue et, le 3 avril, ils engagent la bataille décisive contre le IIIème Reich, libérent la Hollande et occupent l'Allemagne du Nord.

Sous les ordres du général Crerar, la 1ère Armée canadienne a acquis désormais sa pleine autonomie de commandement et d'action au sein des forces alliées.

En Italie, Mussolini qui tentait de s'enfuir camouflé sous un uniforme allemand est arrêté par les partisans italiens et exécuté.

Gênes, Turin, Milan et de nombreuses villes du Nord de l'Italie sont libérées sous la pression des armées alliées par des soulèvements populaires encadrés par la Résistance italienne. Les cols des Alpes sont bloqués par l'avance alliée en Autriche privant les Allemands de toute voie de retraite, Démoralisés, ils se rendent en masse et capitulent sans condition le 2 mai 1945.