Discussion:La Jalousie (Robbe-Grillet)

Le contenu de la page n’est pas pris en charge dans d’autres langues.
Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Autres discussions [liste]
  • Admissibilité
  • Neutralité
  • Droit d'auteur
  • Article de qualité
  • Bon article
  • Lumière sur
  • À faire
  • Archives
  • Commons

"Loin d'être un monstre, loin d'être une sorte de cas purement littéraire qui ne serait pas concevable dans la réalité, ce narrateur est réel et sa psychologie obéit à un mécanisme pathologique. Le narrateur est un malade. Il souffre probablement d'une névrose obsessionnelle et est certainement atteint d'une timidité extrême d'ou son impuissance psychologique. Il est possible aussi qu'il soit atteint d'impuissance sexuelle." Ces assertions vont beaucoup trop loin. Rien dans le roman ne permet formellement cette lecture psychologisante du narrateur-néant. Robbe-Grillet prend en permanence à contre-pied cette projection psychologique que le lecteur fait plus ou moins consciemment sur le personnage. Le mari jaloux de l'amant de sa femme est une lecture balzacienne de l'œuvre et à ce titre, sujette à caution. Affirmer que le narrateur est le mari de A..., affirmer que c'est un homme, affirmer que A... et Frank sont amants, c'est déjà une interprétation antropomorphe de ce qui est décrit par le regard du narrateur. C'est une interprétation d'un roman qui est beaucoup plus ouvert que cela, et à ce titre, beaucoup plus intéressant. Enfin dire que le narrateur est névrosé, timide voire impuissant ne repose sur rien. C'est au contraire tomber dans le panneau de la construction du roman de Robbe-Grillet : le jugement hâtif conduit à des conclusions qui en disent plus long sur le lecteur que sur les personnages/l'auteur. Impuissance sexuelle ? Y est-il seulement question de sexe ? Y a-t-il même un couple ? Ou voulons nous à tout prix en voir un ? Il s'agit de l'interprétation faite par Morrissette qui est loin de faire l'unanimité. Pourquoi la présenter comme la seule interprétation possible ? On pourrait aussi évoquer la lecture de Jacques Leenhardt qui a lu ce livre comme un roman colonial ("Lecture politique du roman la Jalousie d'A. Robbe-Grillet), interprétation d'ailleurs intéressante mais tout aussi contestable.

Réponse de l'auteur de l'article[modifier le code]

Manifestement, vous parlez d'un roman que vous n'avez pas ou mal lu. Vous plaquez sur Robbe-Grillet ce que vous avez lu et entendu sans vous fonder sur une lecture attentive et précise.

La Jalousie est un roman psychologique que vous le vouliez ou non. Tous les romans de Robbe-Grillet sont des romans psychologiques. Robbe-Grillet lui-même n'a jamais souscrit à ces interprétations terroristes qui n'ont voulu voir dans ces romans qu'une pure recherche textuelle (Il suffit de lire Préface à une vie d'écrivain pour le comprendre). Vous êtes influencé(e?) manifestement par les analyses de Barthes et vous plaquez sur le texte des idées préconcues sans vous pencher sur le texte.

L'impuissance sexuelle du narrateur est clairement sous-entendu dans le texte. Il faut juste que vous appreniez à lire.

Certes l'interprétation de Morissette n'est pas la seule possible. Mais c'est celle que Robbe-Grillet a reconnu comme étant la plus fidèle à ses intentions. C'est Robbe-Grillet lui-même qui a décidé de publier Morissette chez Minuit. D'autre part le travail remarquable de Morissette s'appuie contrairement à beaucoup d'autre analyses critiques sur une lecture précise du texte refusant toute généralisation hâtive. C'est donc dans le respect de l'oeuvre et de son auteur que nous avons privilégié ici cette interprétation.

Je ne répondrai pas ici à vos attaques ad hominem ("des conclusions qui en disent plus long sur le lecteur que sur les personnages/l'auteur") qui non seulement sont irrespecteuses et contraire à l'éthique de Wikipedia mais qui surtout sont fausses dans la mesure où justement l'auteur de cet article s'est abstenu de toute interprétation pesronelle pour laisser parler le texte, rien que le texte. Ces attaques en disent long sur la vacuité de vos assertions. Négligeant le texte vous en êtes réduit à jeter l'anathème sur l'auteur de cet article qui s'est efforcé d'être le plus objectif et le plus fidèle possible à l'esprit du roman. Robbe-Grillet aujourd'hui disparu aurait entièrement souscrit à cet article et aurait récusé votre bien pâle esquisse d'analyse (qui certes peut être intellectuellement séduisante mais qui s'effondre à la lecture attentive du texte) :

"Non seulement c'est un homme qui, dans mes romans par exemple, décrit toute chose, mais c'est le moins neutre, le moins impartial des hommes : engagé au contraire toujours dans une aventure passionnelle des plus obsédantes, au point de déformer souvent sa vision et de produire chez lui des imaginations proches du délire." (et oui, le narrateur est bien victime de visions déliritantes donc d'une pathologie)

"Il [le narrateur de la Jalousie] est d'ailleurs absent du roman, il ne dit jamais ni "je" ni "il" mais parle du monde extérieur. Sa conscience est entièrement tournée vers l'extérieur et il n'observe jamais son intériorité" (et oui, il s'agit bien d'un homme que vous le vouliez ou non).

(Pour ce qui est de Jacuqes Leenhardt son analyse du roman qui a été lue par l'auteur de cet article est effectivement intéressante et pertinente bien qu'elle sorte du champ littéraire. Vous pourriez vous-même ajouter une partie à cet article qui serait consacrée à cette interprétation. Leenhardt montre brillament comment tout ce roman peut être réinteprété comme un roman colonial et son analyse est valable dans la mesure où il s'appuie lui aussi sur une lecture précise et attentive du texte.)


Précisions[modifier le code]

1. Je n'ai pas pour habitude de parler de ce que je n'ai pas lu.

2. Je n'ai eu l'intention ni de "jeter l'anathème" ni de proférer d'attaques à l'encontre de l'auteur. Croyez bien que je suis désolé si c'est ainsi que vous l'avez perçu. "En dit plus long sur le lecteur", ce n'est pas de vous en tant que personne que je parlais, puisque je ne vous connais pas, mais de la tendance de tout lecteur à projeter ses représentations dans sa lecture.

3. Je n'ai fait qu'interroger votre interprétation, que je trouve assez péremptoire dans le ton, alors que la recherche n'est pas du tout unanime sur l'interprétation à donner à 'La Jalousie'. Je trouve ces questions légitimes. Vous voulez ajouter Leenhardt, vous pouvez aussi ajouter Karl Blüher, Gerhard Butters, Lucien Dällenbach, etc. qui ont tous des lectures divergentes. Sans doute ne savent-ils pas lire non plus. Evoquer dans une encyclopédie que tout le monde n'est pas d'accord me paraît pourtant assez à propos.

4. "Bien pâle esquisse d'analyse". Il ne s'agissait en rien d'une analyse, mais de questions.

5. Je n'ai, pour ma part, ni parlé de "vacuité", ni dit que vous deviez "apprendre à lire"...

Cordialement.


Je viens de finir La Jalousie, de M.Robbe-Grillet, et j'ai bien de la peine à souscrire aux propos de l'article. Il me semble évident que le lecteur nourrisse l'intuition, d'une part que le narrateur est le mari de A..., d'autre part que A... et Franck sont amants, mais rien n'étant à ce sujet précisé dans le roman, je ne puis m'empecher de trouver cet article un peu péremptoire. On me dépeint le narrateur comme un obsessionnel pathologique, interprétation que je puis concevoir, mais que je ne trouve pas si évidente, et qui ne m'était pas venue à l'esprit - mais pourquoi pas? Elle suppose cependant d'admettre que le narrateur est le mari de A... et que A... et Franck sont amants, ce dont, je le répète, on a bien l'intuition, mais qui demeure volontairement dans le flou. Peut-on réellement parler si fort de ce que M. Robbe-Grillet a précisément voulu ne pas dire explicitement? Et de quels éléments déduire une impuissance sexuelle du narrateur? Vraiment, je tombe là des nues!--77.205.147.40 (d) 19 décembre 2010 à 22:31 (CET)[répondre]