Voir la source de Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg

{{Voir homonymes|Cathédrale Notre-Dame}}
{{Infobox Édifice religieux
| nom                   = Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
| photo                 = Strasbourg Cathedral Exterior - Diliff.jpg
| légende               = La façade de la cathédrale Notre-Dame située à Strasbourg, vue depuis la [[Place de la Cathédrale (Strasbourg)|place de la Cathédrale]].
| nomlocal              = 
| culte                 = [[Liturgie catholique|Culte catholique]]
| dédicataire           = [[Marie (mère de Jésus)|Notre-Dame]]
| type                  = [[Cathédrale]]
| rattachement          = [[Archidiocèse de Strasbourg]]
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| style                 = reliquats : [[Architecture romane|romans]]
tour et [[Chaire (église)|chaire]] : [[Architecture gothique|Gothique]] {{Lien|fr=Flamboyant|trad=Flamboyant|texte=Flamboyant}}
| classement            = {{classé MH|1862||cathédrale}}<ref>{{base Mérimée|PA00085015|Cathédrale Notre-Dame|source=oui}}.</ref><br>{{Patrimoine mondial|1988}}
| siteweb               = [https://www.cathedrale-strasbourg.fr/ Paroisse de la cathédrale de Strasbourg]
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}}

La '''cathédrale Notre-Dame de Strasbourg''' (en [[alsacien]] de Strasbourg : ''Liebfrauimünschter z'Stroosburi'' ou ''Stroosburjer Münschter'' ; en [[allemand]]: ''Liebfrauenmünster zu Straßburg'' ou ''Straßburger Münster'') est une [[cathédrale]] [[Art gothique|gothique]] située à [[Strasbourg]], en [[Alsace]].

Siège, [[Guerre des évêques (Alsace)|disputé]] durant la [[Réforme protestante|Réforme]], [[Liste des évêques et archevêques de Strasbourg|d’évêques]] qui ont été [[suffragant]]s de la [[Diocèse de Mayence|province de Mayence]] jusqu’au [[Régime concordataire français|concordat de 1801]], elle est ensuite exclusivement affectée au culte [[Catholicisme|catholique romain]]. Elle est depuis 1988 le siège d’[[Archidiocèse de Strasbourg|un archidiocèse propre]]. Dans les années 2010, c’est la deuxième [[Liste des cathédrales de France|cathédrale]] la plus visitée de [[France]] derrière [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]]<ref>{{lien web|url=http://www.jds.fr/strasbourg/patrimoine-historique-alsace/cathedrale-strasbourg-visites-4668_L|titre=Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg|site=Journal des spectacles|date=2020|consulté le=3 mars 2021}}.</ref>.

Fondée en [[1015]] sur les vestiges d’une précédente [[cathédrale]], elle est élevée à partir de [[1220]] par la [[ville impériale libre de Strasbourg]], riche [[république]] marchande et financière, dans le style [[Architecture gothique|gothique]]<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Les 10 plus hautes cathédrales et églises de France {{!}} Un Français en Angleterre|url=http://www.frenchmomentsblog.com/les-10-plus-hautes-cathedrales-et-eglises-de-france/|consulté le=2021-03-03}}</ref>, et est pratiquement achevée en [[1365]]. Elle a la particularité d’avoir vu l’espace entre ses deux tours comblé en [[1388]] et se reconnaît à son [[clocher]] unique, surmonté d’une [[flèche (architecture)|flèche]] qui lui a été ajoutée en [[1439]]. Entre 1647 et 1874, pendant plus de deux siècles, elle fut [[Chronologie des plus hautes structures du monde|le plus haut édifice du monde]] avec ses {{Unité|cent quarante-deux|mètres}} de hauteur. Elle demeure la deuxième cathédrale la plus élevée de [[France]] après [[Cathédrale Notre-Dame de Rouen|Rouen]] et la cinquième du monde<ref name=haut>{{Lien web|titre=Les cathédrales les plus hautes du monde|url=https://www.tuxboard.com/les-cathedrales-les-plus-hautes-du-monde/|site=Tuxboard|date=2011-07-29|consulté le=2021-03-03}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|nom1=Lesaffre|prénom1=Clément|titre=La France des records : la plus grande église, la cathédrale de Rouen|url=http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/la-france-des-records-la-plus-grande-eglise-la-cathedrale-de-rouen-13-07-2016-5962717.php|périodique=Le Parisien|date=2016-07-13|consulté le=2021-03-03}}.</ref>.

Ce {{citation|prodige du gigantesque et du délicat}} admiré de [[Victor Hugo]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Victor Hugo]]|titre=Le Rhin, lettres à un ami|année première édition=1839|éditeur=François Bourin|passage=Lettre trentième|année=24 février 2011|isbn=284941204X}}.</ref> et célébré par [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]]<ref>{{lien|langue=de|trad=Von Deutscher Baukunst|fr=De l'Architecture allemande}}, 1772.</ref>, qui a connu là [[Les Souffrances du jeune Werther|ses premières amours]], est visible de très loin dans la [[plaine d'Alsace|plaine d’Alsace]], jusque depuis les [[Massif des Vosges|Vosges]] ou la [[Forêt-Noire]]. Côtoyée par le [[Musée de l'Œuvre Notre-Dame|bâtiment]] de la [[Fondation de l'Œuvre Notre-Dame|Fondation de l’Œuvre Notre-Dame]] et le [[Palais Rohan (Strasbourg)|palais Rohan]], elle se dresse sur la [[Place de la Cathédrale (Strasbourg)|place de la cathédrale]], au cœur de la [[Grande Île de Strasbourg|Grande Île]], le centre historique de Strasbourg.

== Situation ==
La cathédrale est située dans la partie sud de la [[Grande Île de Strasbourg]], en France. Elle se trouve à l’ouest dans le prolongement de la rue Mercière, qui donne sur la [[Place de la Cathédrale (Strasbourg)|place de la cathédrale]], cette dernière s’étendant également sur tout le côté nord de l’édifice. À l’est, elle est prolongée par le bâtiment du [[Grand séminaire de Strasbourg|Grand séminaire]], jumelé au sud avec le [[Lycée Fustel-de-Coulanges (Strasbourg)|lycée Fustel-de-Coulanges]]. Ce dernier ouvre sur la [[Place du Château (Strasbourg)|place du Château]], qui s’étend au sud de la cathédrale et autour de laquelle s’ordonnent également le [[Palais Rohan (Strasbourg)|Palais Rohan]], la [[Maison de l'Œuvre Notre-Dame|Maison de l’Œuvre Notre-Dame]] et le bâtiment de l’ancienne [[École impériale du Service de santé militaire de Strasbourg|école impériale de santé militaire]]{{sfn|Jordan|Lehni|2010|p=129}}.

À l’inverse de beaucoup d’autres cathédrales, peu de démolitions ont été effectuées afin de dégager la perspective sur l’édifice. La cathédrale de Strasbourg a ainsi la particularité de rester enchâssée dans le bâti environnant, avec un [[parvis]] de faible superficie n’offrant qu’un faible recul par rapport à la monumentalité de la façade{{sfn|Jordan|Lehni|2010|p=129}}.

Au [[Moyen Âge]], l’édifice se trouve au cœur d’un [[quartier cathédral]] de fait, c’est-à-dire qui n’est pas matérialisé par des fortifications comme à [[Cathédrale Saint-Nazaire-et-Saint-Celse de Béziers|Béziers]] ou un alignement de bâtiments comme le [[cloître Notre-Dame de Chartres]], mais par le regroupement des bâtiments communautaires dans le périmètre proche de la cathédrale{{sfn|Xibaut|2020|p=32}}. À l’emplacement du [[grand séminaire]] se trouve ainsi à cette époque le ''[[Bruderhof]]'', siège du grand [[Chapitre de religieux|chapitre]], tandis que du côté sud se situent le ''Bischofshof'', le château de l’[[évêque]], et le ''Fronhof'', la cour des corvées, toujours matérialisés par la place du Château, le Palais Rohan et la Maison de l’Œuvre Notre-Dame{{sfn|Xibaut|2020|p=32-33}}. Enfin du côté nord, dans la [[Rue du Dôme (Strasbourg)|rue du Dôme]], se trouvent le ''Gürtlerhof'', siège du grand chœur, une sorte de chapitre parallèle et les résidences d’un grand nombre de prêtres{{sfn|Xibaut|2020|p=33-34}}. Bien que sa trace reste visible dans le bâti, le quartier cathédral s’est progressivement désagrégé à partir de la fin du Moyen Âge avec l’éloignement progressif des résidences des [[Chanoine|chanoines]] et de l’évêque{{sfn|Xibaut|2020|p=34, 37}}

== Histoire ==
=== Antiquité tardive et haut Moyen Âge ===
[[Fichier:MAS - Merkur Epona.jpg|gauche|vignette|Relief du {{s-|II}} représentant [[Mercure (mythologie)|Mercure]] et [[Épona]], découvert sous la tour nord de la cathédrale.]]
[[Fichier:Strasbourg Cathedral (cropped).jpg|vignette|280px|La cathédrale vue depuis le sud en 2008.]]
À la fin de l’[[Antiquité tardive|Antiquité]], [[Strasbourg]], alors appelée ''[[Argentoratum]]'', est un important camp fortifié de l’[[armée romaine]]. L'emplacement de la cathédrale actuelle est situé au centre de ce camp, là où se trouvaient probablement les maisons des [[Tribun militaire|tribuns]] et différents lieux de culte païen : [[Robert Forrer]] y localise un temple de [[Mercure (mythologie)|Mercure]], tandis que [[Jean-Jacques Hatt]] et François Pétry supposent plutôt l’existence d’une multitude de petits sanctuaires, organisés ou non autour d’une place. Le quartier est détruit et reconstruit à plusieurs reprises entre le {{s-|I}} et le {{s-|IV}} ; à partir de cette date il ne semble avoir été occupé que par des cabanes, au moins jusqu’au {{s-|V}}{{sfn|Meyer|1998|p=23-24}}.

Le chroniqueur du {{s-|XIV}} [[Jacques Twinger de Koenigshoffen]] attribue la construction de la première cathédrale en bois à [[Clovis Ier|Clovis]], en 510. Parallèlement, il est établi qu’il y avait déjà un évêque, nommé [[Amand de Strasbourg|Amandus]], installé à Strasbourg au milieu du {{s-|IV}}, et donc peut-être également une cathédrale{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=12}}{{,}}{{sfn|Meyer|2010|p=29}}. Aucune preuve solide de l’existence d’une cathédrale n’existe cependant pour cette période. Des fragments de tuiles portant la marque de l’évêque [[Arbogast de Strasbourg|Arbogast]], ayant vécu entre la fin du {{s-|V}} et le début du {{s-|VII}}, ont bien été retrouvés sur le site, mais s’ils permettent de savoir que cet évêque possédait une [[tuilerie]] dont la production a été utilisée pour construire ou [[Rénovation|rénover]] un bâtiment à proximité, ils sont insuffisants pour prouver la présence d’une cathédrale{{sfn|Meyer|1998|p=23, 25}}.

Des preuves plus concrètes de l’existence d’une cathédrale apparaissent à partir du {{s-|VIII}}. En 728, l’évêque [[Remi de Strasbourg|Remi]] en consacre le [[maître autel]] à [[Marie (mère de Jésus)|Marie]], et son testament de 778 mentionne également la construction d’une [[crypte]], bien qu’il ne soit pas certain que cet édifice soit en lien avec la cathédrale, que l’archéologie n’a pu localiser{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=12-13}}{{,}}{{sfn|Meyer|1998|p=14}}. Par ailleurs, [[Ermold le Noir]] décrit en 826 une vision ayant eu lieu quelques décennies plus tôt, en 755, et ayant pour cadre la cathédrale. Le texte, qui évoque une [[Procession religieuse|procession]] passant par plusieurs autels, ainsi qu’une [[cuve baptismale]] située dans l’église, a donné lieu à plusieurs interprétations sur la forme de l’édifice : Hans Reinhardt et [[Roland Recht]] y voient la description d’une église à deux [[Chœur (architecture)|chœurs]] opposés, similaire à l’[[Plan de Saint-Gall|église abbatiale de Saint-Gall]], tandis que pour [[Edmond Faral]], Robert Will et François-Jacques Himly il n’y aurait qu’un seul chœur, auquel seraient accolées deux [[absidiole]]s{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=12}}{{,}}{{sfn|Meyer|1998|p=15}}. Si les textes ne précisent pas les dommages subis par la cathédrale lors du siège de Strasbourg par Charles le Simple en 913, ils sont en revanche plus disserts sur celui de 1002 : cette année-là, pour se venger de l’évêque [[Werner de Habsbourg|Werner]] qui n’a pas soutenu sa candidature au trône de [[Royaume de Germanie|Germanie]], le duc d’Alsace [[Hermann II de Souabe|Hermann II]] s’empare de la ville, ses troupes pillant et incendiant alors la cathédrale{{sfn|Meyer|1998|p=16}}. Il est possible que Werner se soit contenté dans un premier temps de réparer l’édifice existant, Jacques Twinger mentionnant un nouvel incendie en 1007. Ce dernier a pour conséquence la destruction totale de la cathédrale, et la construction d’une nouvelle église ''ex nihilo''{{sfn|Meyer|1998|p=17}}.

=== La cathédrale de Werner (1015-1180) ===
{{article détaillé|Cathédrale de Werner}}
[[Fichier:Millénaire des fondations de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg 19 septembre 2014.jpg|vignette|redresse|gauche|Présentation de la maquette de la cathédrale ottonienne (1015) à [[Jean-Pierre Grallet]] et [[Roland Ries]].]]
La date du début du chantier de cette nouvelle cathédrale n’est pas connue avec précision, mais un passage des ''Annales de Marbach'', rédigé vers 1190, indique qu’en 1015 « le monastère de Sainte-Marie s’éleva pour la première fois au-dessus de ses fondations ». De la même manière, aucun texte n’indique la date de la fin de la construction, mais celle-ci était probablement terminée au plus tard en 1140{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=15}}{{,}}{{sfn|Meyer|1998|p=17-18}}. Cependant, le jour de Noël 1074, une partie de l’édifice s’effondre pendant une tempête : bien que les textes ne précisent pas quelle partie a été touchée, il pourrait s’agir d’une tour surmontant le chevet, la crypte, et donc probablement l’ensemble de l’abside, étant reconstruite à la fin du {{s-|XI}}{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=21}}. Le {{s-|XII}} est ensuite marqué par de nombreux incendies, en 1136, 1140, 1150 et 1176 ; une source tardive évoque un autre incendie en 1142, mais cela semble être une erreur{{sfn|Meyer|1998|p=19-20}}. Certains de ces sinistres, dont il est souvent difficile de mesurer l’ampleur, ont pu entraîner des modifications importantes de l’édifice. Ainsi, celui de 1136 semble avoir entraîné la reconstruction complète des parties occidentales et celui de 1150 des transformations de grande ampleur dans la crypte et le [[transept]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=21-22}}. C’est toutefois l’incendie de 1176 qui va avoir le plus de conséquences, puisque dès son accession au trône épiscopal en 1180, Henri de Hasenbourg décide de reconstruire totalement l’édifice, en commençant par le [[Chevet (architecture)|chevet]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=23}}.

L’emprise au sol de la cathédrale de Werner est bien connue, l’édifice gothique ayant réutilisé ses fondations, et montre qu’il s’agit d’un édifice d’une ampleur considérable, l’un des plus vastes de la [[chrétienté]] au moment de sa construction. Son plan est identique à celui de la cathédrale actuelle : un chevet rectangulaire massif auquel était accolé un large transept, suivi d’une [[nef]] à trois [[Vaisseau (architecture)|vaisseaux]] se terminant à l’ouest par un massif de façade rectangulaire ouvrant sur l’extérieur par un [[Porche (architecture)|porche]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=15}}. L’aspect en élévation de cette cathédrale est en revanche presque totalement inconnu et ne peut faire l’objet que d’hypothèses de restitution basées sur des édifices similaires. Parmi ceux-ci, l’[[Abbaye de Limbourg|église abbatiale de Limbourg]] est probablement une copie à échelle réduite de la cathédrale strasbourgeoise et permet de se faire une idée de son apparence{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=19}}.

=== Du style roman au gothique (1180-1250) ===
Le chantier débute par le chœur et l’abside, que le maître anonyme chargé du chantier construit sur le modèle de la [[cathédrale de Worms]], alors sur le point d'être achevée, en préservant toutefois l’ancienne [[crypte]]. Si la [[nef]] et les parties occidentales de l’ancienne cathédrale sont encore conservées pour un temps, le [[Maîtrise d'œuvre|maître d’œuvre]] prépare déjà la construction de la nef [[Architecture romane|romane]] en aménageant les fondations et en prévoyant les liaisonnements au niveau des [[Pilier|piliers]] de la [[Croisée (fenêtre)|croisée]]. Ces travaux, qui comprennent également la réfection de la chapelle Saint-André, semblent avoir été en grande partie achevés avant 1188, le [[Chœur (architecture)|chœur]] étant déjà opérationnel à cette date{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=23}}{{,}}{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=39}}.

S’ensuit à partir de 1196 la construction du bras nord du transept, probablement par une nouvelle équipe de bâtisseurs. Le nouveau maître d’œuvre semble avoir eu connaissance du nouveau [[style gothique]], développé depuis un demi-siècle en [[Île-de-France]], bien qu’il n’en ait eu qu’une maîtrise imparfaite. Ainsi, bien qu’il ait essentiellement pris pour modèle la [[Cathédrale de Spire|cathédrale romane de Spire]], il tente d’y ajouter une [[Voûte d'ogive|voûte d’ogive]], dont la réalisation présente toutefois des défauts{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=23}}. Le bras nord du transept est achevé vers 1200-1210 et le chantier se poursuit alors sur le bras sud. Le maître du bras nord a le temps d’y ériger la majeure partie du mur ouest de la [[travée]] nord, ainsi que le [[portail]], mais semble avoir quitté le chantier entre 1210 et 1220{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=26-27}}.

Un important changement stylistique se produit à cette date sur le chantier, signe d’un remplacement complet de l’équipe de construction. Ce changement est probablement en lien avec l’arrivée d’un nouvel évêque, [[Henri II de Veringen]] : consacré à [[Sens (Yonne)|Sens]] en 1207, il a vu les réalisations gothiques d’[[Île-de-France]] et s’est probablement attaché peu de temps après les services d’un maître d’œuvre francilien et de ses ouvriers. Le nouveau maître d’œuvre conserve le travail de son prédécesseur, mais modifie totalement le programme des nouvelles parties construites. Il introduit notamment le premier grand ensemble sculpté de la cathédrale, le pilier des Anges. Celui-ci n’est pas seulement une innovation stylistique, mais également technique, avec un usage abondant de fer pour renforcer la structure{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=27}}. Cette même équipe réalise également la chapelle Saint-Jean, puis construit entre 1230 et 1235 le mur extérieur du bas-côté des deux premières travées de la nef{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=29}}.

Parallèlement à l’arrivée de cette nouvelle équipe, le mode d’organisation du chantier semble changer, passant d’un fonctionnement saisonnier à une installation permanente fonctionnant été comme hiver, avec un atelier couvert et des locaux dédiés. Ce changement coïncide avec la première mention en 1224 de l’[[Fondation de l'Œuvre Notre-Dame|Œuvre Notre-Dame]], [[Conseil de fabrique|fabrique]] de la cathédrale chargée du financement et de la conduite du chantier{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=29}}.

Le maître du transept sud est remplacé en 1235 par un nouveau maître d’œuvre, qui conçoit probablement un nouveau plan pour la nef et pourrait également être l’auteur du [[dessin A]], premier projet connu du [[massif occidental]]. Outre le [[jubé de la cathédrale de Strasbourg|jubé]], il érige aussi les deux premières [[Travée|travées]] de la nef, ainsi que la troisième jusqu’à hauteur du [[triforium]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=30}}. Cependant, le chantier s’arrête brutalement vers 1255, sans doute en raison de l’animosité grandissante entre l’évêque et les bourgeois de Strasbourg. Le conflit dégénère en guerre ouverte en 1260 et s’achève en 1262 par une victoire totale des Strasbourgeois à [[Bataille de Hausbergen|Hausbergen]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=37}}. Cet évènement aura d’importantes conséquences sur le chantier cathédral, car non seulement la Ville gagne son indépendance, mais elle en profite également pour mettre la main dans la décennie suivante sur l’Œuvre Notre-Dame, et donc sur le financement et l’organisation du chantier, ce qui permettra aux bourgeois d’orienter ce dernier selon leur propre agenda{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=115-116}}.

=== Le massif occidental et la dynastie des Steinbach (1250-1319) ===
Lorsque le chantier reprend quelques années plus tard, un nouveau maître d’œuvre est en fonction. Celui-ci modifie le projet de son prédécesseur en raccourcissant la nef, afin de pouvoir réutiliser les fondations romanes pour le massif occidental. Le projet pour ce dernier est également modifié par l’architecte, comme le montre le [[dessin B]], dont il est très probablement l’auteur. Après l’achèvement de la nef en 1275, la façade romane est démolie et l’érection du massif occidental commence, la première pierre en étant posée le {{date-|25|mai|1277}}{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=37, 40}}. Le chantier commence par le [[portail]] nord, puis se poursuit avec le portail central. Lorsque le maître du dessin B cesse son activité vers 1280, les premiers niveaux des travées nord et centrale sont presque achevés, tandis que celui de la travée sud est à moitié construit{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=40-41}}.

En 1284, arrive sur le chantier le premier architecte de la cathédrale dont le nom soit connu : [[Erwin de Steinbach|maître Erwin]], dit « de Steinbach ». Celui-ci effectue d’importants changements dans le projet de la façade par rapport au dessin B, ce qui implique de modifier les éléments déjà construits. Une fois le premier niveau complètement achevé, il pose le grand [[Gable (architecture)|gâble]] et érige le premier étage de la tour sud, qui est terminé au plus tard en 1316, en même temps que la chapelle de la Vierge à l’intérieur de la cathédrale, ainsi que probablement la tour de croisée. Avant de mourir en 1318, il a encore le temps de lancer la construction du premier étage de la tour nord{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=42-43, 45}}.

La maîtrise d’œuvre passe alors au fils d’Erwin, Johannes, qui achève le premier étage de la tour nord, puis assemble vers 1330 la grande [[Rosace (architecture)|rose]] occidentale, ainsi que la galerie la surplombant{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=47}}. Il est probablement aussi celui qui achève la tour sud, bien qu’il puisse également s’agir de son neveu, Gerlach. Ce dernier prend en effet la succession de Johannes à la mort de celui-ci en 1339, même si les deux hommes ont probablement travaillé ensemble depuis longtemps, ce qui rend difficile l’attribution tranchée à l’un ou à l’autre de certaines parties{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=49}}. Entre 1340 et 1347, Gerlach construit la chapelle Sainte-Catherine, puis se consacre à l'achèvement du deuxième étage de la tour nord, donnant à la façade un aspect similaire à celle de [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=50}}

=== La plus haute tour de la chrétienté (vers 1360-1439) ===
Cependant, entre 1340 et 1360, alors que la construction de la tour nord est presque achevée, un changement de plan majeur se produit : il est décidé de construire entre les deux tours un ouvrage qui viendra remplir l’espace vide. Gerlach réalise alors le [[dessin nº5]], montrant cette structure et l’adaptation du programme iconographique de la partie supérieure de la façade réalisée en conséquence{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=50, 52}}. Le chantier prend toutefois du retard et si Gerlach parvient à terminer la tour nord en 1365, c’est à son successeur, [[Michel de Fribourg]], que reviendra la tâche de combler l’espace entre les deux tours, non sans avoir quelque peu modifié le plan de Gerlach{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=52, 55}}. La raison d’être de cette construction, dont l’exécution est assez peu soignée et qui n’a alors aucune fonction, demeure cependant obscure, bien qu’il ait pu s’agir de préparer visuellement la façade à l’érection de [[Flèche (architecture)|flèches]] de grande hauteur{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=55}}.

C’est en effet dans ce but que la ville embauche en 1399 l’architecte le plus réputé de l’époque : [[Ulrich d'Ensingen|Ulrich d’Ensingen]]. Celui-ci conçoit une grande tour octogonale entouré de quatre [[Poivrière (architecture)|tourelles]] d’escalier indépendantes et coiffée d’une haute flèche à escalier central{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=57}}. À sa mort en 1419, l’[[octogone]] est construit aux trois-quarts, mais son successeur, [[Jean Hültz]], modifie le projet : au lieu d’un escalier central, la flèche octogonale aura huit escaliers rampants sur ses arêtes extérieures. L’ouvrage, achevé en 1439, culmine à {{unité|142|m}} et devient de ce fait la plus haute tour de la chrétienté{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=60-61}}.

=== La fin des grandes constructions (1439-1527) ===
L’achèvement de la flèche ne marque pas la fin de la cathédrale, ne serait-ce que parce que les tours n’ont alors pas encore été [[Voûte|voûtées]], une disposition permettant de hisser plus facilement les matériaux{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=61}}. Mais c’est surtout parce qu’il ne fait aucun doute en cette deuxième moitié du {{s-|XV}} qu’une deuxième flèche va être construite. Néanmoins, ce chantier piétine : les architectes qui se succèdent dans les décennies suivantes, comme [[Mathieu Ensinger]] ou [[Hans Hammer]], proposent bien des projets, mais ils ne sont pas mis en œuvre. Finalement, seule une tourelle d’escalier de la tour est construite sur une dizaine de mètres avant d’être abandonnée : même si l’idée de construire une deuxième flèche reviendra périodiquement dans les siècles à venir, la cathédrale restera toujours dissymétrique{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=65}}.

Les maîtres d’œuvre ne restent pour autant pas oisifs, outre les nécessaires réparations et les finitions des tours, ils améliorent aussi les circulations, dotent la cathédrale de mobilier monumental ou construisent des structures supplémentaires, comme le bâtiment du petit trésor en 1488, le portail Saint-Laurent en 1505 ou la chapelle Saint-Laurent en 1521{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=66, 69, 71}}.

=== Réforme et Contre-Réforme (1527-1698) ===
[[Fichier:Cathedralis Argentorati A.Hogenberg.png|vignette|redresse|La cathédrale sur le [[:Commons:Fichier:ARGENTORATVM A.Hogenberg.png|plan de la ville de 1617]] d’[[Abraham Hogenberg|A. Hogenberg]].]]
Dans les années 1520, le [[protestantisme]] entre peu à peu dans la cathédrale : à partir de 1521, le curé de la paroisse Saint-Laurent fait la promotion des idées [[Luthérienne|luthériennes]] lors de ses [[Prêche|prêches]], puis, en janvier 1524, la paroisse organise la première [[messe]] en [[allemand]]. Cette même année, le [[Magistrat de la ville de Strasbourg|Magistrat]] commence à faire progressivement enlever les éléments servant au [[culte des saints]], notamment les [[Retable|retables]] et autres images. En 1527, la cathédrale est officiellement dévolue au culte protestant, à l’exception du chœur qui reste attribué aux [[Chanoine|chanoines]] catholiques. Après l’interdiction de la messe en 1529, les [[Autel (religion)|autels]] et les retables subsistants hors du chœur sont détruits, tandis que les murs sont recouverts d’un [[badigeon]] pour masquer les peintures qui s’y trouvent ; en 1531, c’est au tour du [[Dallage (construction)|dallage]] de faire les frais de l’[[iconoclasme]], les pierres tombales étant remplacées par un dallage uniforme{{sfn|Rapp|2010|p=73-74}}.

En dépit des attaques contre le mobilier lié au [[culte des saints]], le Magistrat continue de prendre soin du bâtiment dans l’ensemble, en faisant réparer les dégâts causés par les intempéries, par exemple la reconstruction de la [[voûte]] de la chapelle Sainte-Catherine endommagée par un orage en 1542, et en finançant l’[[Horloge astronomique de Strasbourg|horloge astronomique]], achevée en 1574. Ce soin ne s’étend toutefois pas aux parties encore occupées par les catholiques, comme le chœur ou le [[cloître]], qui tombent peu à peu en ruines. Du fait de son état de dégradation avancé, le cloître doit d’ailleurs être démoli vers 1550{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=71, 73}}{{,}}{{sfn|Rapp|2010|p=75-76}}.

Le {{date-|30|septembre|1681}}, Strasbourg est [[Annexion|annexée]] de fait au [[royaume de France]] par [[Louis XIV]]. Parmi les premières décisions prises par le nouveau souverain, figure en bonne place la restitution de la cathédrale au culte catholique. Des travaux sont immédiatement entrepris pour adapter l’édifice à la doctrine de la [[Contre-Réforme]] : le [[jubé]] et la chapelle de la Vierge qui s’y appuie sont détruits pour ouvrir le chœur sur la nef, cette dernière dotée d’un décor et d’un mobilier [[baroque|baroques]], dont un imposant [[baldaquin]] surmonté de la [[couronne de France]]. Afin d’améliorer l’éclairage, une partie des [[Vitraux de la cathédrale de Strasbourg|vitraux]] sont remplacés par des fenêtres blanches et l’intérieur de l’édifice entièrement repeint en blanc{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=78}}.

=== La cathédrale au {{s-|XVIII}} (1698-1800) ===
Le {{s-|XVIII}} voit reprendre les constructions au sein du groupe cathédral, avec d’abord l’érection en 1744 par l’architecte de l’évêché [[Joseph Massol]] d’une nouvelle [[sacristie]] accolée au [[transept]] nord et de l’école des [[Enfant De Chœur|enfants de chœur]], accolée au transept sud{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=79}}. À la fin du siècle, l’architecte [[Jean-Laurent Goetz]] réaménage également les alentours de la cathédrale. Depuis le Moyen Âge, un grand nombre d’[[Échoppe|échoppes]] et autres cabanes en bois s’accumulaient au pied de la cathédrale, pour le plus grand déplaisir des autorités religieuses. Une démolition complète se révélant trop coûteuse, du fait de la nécessité d’indemniser leurs propriétaires, Goetz propose en 1772 de les dissimuler derrière une galerie [[Style néogothique|néo-gothique]], achevée en 1778{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=82}}.

Une catastrophe marque cependant le milieu du {{s-|XVIII}} : le {{date-|17 juillet 1759}}, la [[foudre]] s’abat sur la flèche puis, de là, sur la toiture de la nef où un incendie se déclenche. Embrasant rapidement l’ensemble de la toiture de la nef, il se propage ensuite à la tour de croisée, qui s’écroule en partie dans les heures qui suivent, emportant dans sa chute les [[Voûte|voûtes]] de la salle du trésor et de la première [[travée]] de la nef. L’intérieur de la cathédrale, en particulier le chœur, est également fortement endommagé par le [[plomb]] en fusion qui s’écoule des toitures, ainsi que par les grandes quantités d’eau utilisées pour tenter d’éteindre l’incendie. À la suite de longs débats, la tour de croisée n’est pas reconstruite, une simple toiture en forme de [[Cône (géométrie)|cône]] tronqué venant couvrir la [[coupole]] en 1763{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=80-82}}.

Pendant la [[Révolution française|Révolution]], en octobre-novembre 1789, sur proposition de [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]], l’[[Assemblée constituante]] vote la [[nationalisation|réquisition]] (« mise à disposition de la nation ») des [[Bien national|biens du clergé catholique]], y compris les cathédrales. [[Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau|Mirabeau]] appuie cette proposition en invoquant la simplicité du [[christianisme primitif]]. On dit que le [[Louis-René de Rohan|cardinal de Rohan]], [[Liste des évêques et archevêques de Strasbourg|évêque de Strasbourg]], a tenté de faire échouer cette proposition en offrant un copieux [[pot-de-vin]] à Mirabeau qui le rejette<ref>Jean-Paul Desprat, ''Mirabeau'', Perrin, 2008, {{p.|559-562}}.</ref>. En juin 1790, Rohan refuse la [[Constitution civile du clergé]] et se retire à [[Ettenheim]], dans la partie [[électorat de Bade|badoise]] de son [[diocèse]]. L'Assemblée déclare son siège vacant{{sfn|Rapp|1997|p=174}}. Le [[Rhénanie|Rhénan]] [[François-Antoine Brendel]] occupe son poste par intérim. Le {{date-|6 mai 1791}}, le corps des électeurs se réunit dans la cathédrale pour élire l'évêque conformément à la nouvelle loi : Brendel est élu par {{nobr|317 voix}} sur {{nobr|654 présents}}. Les opposants jugent ce vote invalide car une centaine de protestants ont voté pour Brendel. Jaeglé, [[curé]] de la cathédrale, refuse d'assister à son [[intronisation]]{{sfn|Rapp|1997|p=179}}.

Les premiers [[Vandalisme|vandalismes]] commencent en 1792 avec le retrait des [[blasons]], couronnes et [[Sceptre|sceptres]] des statues. C’est toutefois surtout les représentants [[Saint-Just]] et [[Philippe-François-Joseph Le Bas|Le Bas]] qui lancent les destructions de masse en ordonnant le {{date-|25 novembre 1793}} la destruction de l’ensemble de la statuaire{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=95}}. Entre les 7 et {{date-|9 décembre 1793}}, {{nobr|235 statues}} sont détruites, puis les ornements de [[bronze]] des portails et autres éléments métalliques sont confisqués pour être fondus, les [[Boiserie|boiseries]] du chœur arrachées et brûlées, les [[Épitaphe|épitaphes]] martelées. La cathédrale est transformée en 1793 en [[temple de la Raison]], ce qui n’empêche pas le conseiller municipal Antoine Téterel d’exiger en 1794 la démolition de la haute tour, car, selon lui, celle-ci « blesse le sentiment d’égalité de la république ». Son collègue Jean-Michel Sulzer fait échouer ce projet en proposant d’en faire à la place un [[Symbole de la République Française|symbole de la république]] en coiffant la flèche d’un [[bonnet phrygien]] géant en [[tôle]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=84-85}}{{,}}{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=96}}.

Après la [[chute de Robespierre ]], le [[clergé réfractaire]] fidèle au [[Louis-René de Rohan|cardinal de Rohan]] reprend possession de ses paroisses : il célèbre un office dans la cathédrale le {{date-|30 août 1795}}. Mais, dès {{date-|décembre 1795}}, le culte est de nouveau interrompu car les prêtres refusent de prêter serment à la [[République]]{{sfn|Rapp|1997|p=184-185}}.

=== Destructions et réparations (1800-1945) ===
[[Fichier:Strasbourg, cathédrale Notre-Dame, statue de Louis XIV sculptée par Jean-Baptiste Vallastre.jpg|vignette|redresse|Sculpture de [[Louis XIV]] à cheval par [[Jean Vallastre]] (1823) sur la façade principale.]]
La cathédrale est rendue au culte catholique en 1801 et la réparation des dégâts commence en 1806. Tout au long du {{s-|XIX}}, les sculpteurs [[Jean-Étienne Malade]], [[Jean Vallastre]], [[Philippe Grass]] et [[Louis Stienne]] se succèdent pour remplacer les statues n’ayant pu être sauvées lors de la Révolution{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=85}}. Outre la statuaire, l’architecte [[Gustave Klotz]] entreprend à partir de 1839 un important travail de réorganisation et de restauration des vitraux ; il fait également retirer en 1848 le [[badigeon]] qui couvrait les murs intérieurs et remettre l’[[Horloge astronomique de Strasbourg|horloge astronomique]] en état de marche par [[Schwilgué]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=86}}.

Cependant, moins de dix ans après son classement en tant que [[Monument historique (France)|Monument historique]] en 1861, la cathédrale est prise pour cible lors du [[Siège de Strasbourg (1870)|siège de Strasbourg]] de 1870. Outre la destruction de nombreuses [[Balustrade|balustrades]], sculptures et [[Vitrail|vitraux]], les tirs provoquent également un incendie qui détruit la majeure partie des toitures. Ces destructions fournissent néanmoins à Klotz un argument supplémentaire pour mettre en œuvre son projet de reconstruction de la tour de croisée en style [[néoroman]], qu’il achève en 1879{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=87-88}}.

Un autre problème émerge quelques décennies plus tard : les [[Fondation (construction)|fondations]] de la tour nord et le pilier nord du [[narthex]], qui n’ont pas été conçus pour supporter l’énorme poids de la haute tour, montrent des signes d’affaissement, et les investigations complémentaires montrent qu’elles sont proches de la rupture. L’architecte [[Johann Knauth]] entame donc à partir de 1911 un important chantier de reprise en sous-œuvre de ces fondations, avec pour objectif de remplacer celles-ci par une plateforme en [[béton]]. Ce chantier colossal n’est achevé qu’en 1926 par les architectes Charles Pierre et Clément Dauchy, Knauth ayant été chassé par les Français en 1921{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=94}}.

En {{date-|août 1939}}, en prévision de la [[Seconde Guerre mondiale|guerre imminente]] avec l’Allemagne, des murs de sacs de sable sont érigés devant les portails et autour du pilier des anges et de la chaire. Les vitraux sont déposés et mis à l’abri dans un premier temps en [[Dordogne (département)|Dordogne]], avant d’être récupérés par les Allemands après la [[Armistice du 22 juin 1940|capitulation française]] et envoyés dans les [[Mine de sel gemme de Heilbronn|mines de sel de Heilbronn]]. À la fin du mois de {{date-|juin 1940}}, [[Adolf Hitler]] visite la cathédrale et évoque sa transformation en [[mémorial]] pour les soldats allemands. Toutefois, afin de ne pas générer de troubles immédiats, le projet est repoussé à la fin de la guerre et, à l’exception d’un office [[Œcuménisme|œcuménique]] pour la [[Wehrmacht]] le {{date-|7 juillet}}, la cathédrale reste fermée pendant toute la durée du conflit{{sfn|Bischoff|2020|p=79}}

Des mesures de protection supplémentaires sont prises à mesure que la situation militaire de l’Allemagne se détériore et que la probabilité d’une attaque aérienne augmente. Le bombardement attendu survient le {{date-|11 août 1944}}, lorsque l’aviation américaine vise le [[centre-ville de Strasbourg]] : les bombes qui touchent la cathédrale entraînent notamment la destruction d’une partie de la [[coupole]] et de la [[voûte]] du bas-côté nord. Trois mois plus tard, le {{date-|23 novembre 1944}} les [[spahis]] du général [[Philippe Leclerc de Hauteclocque|Leclerc]], qui viennent de libérer la ville, hissent [[le drapeau tricolore]] au sommet de la flèche, accomplissant ainsi le [[serment de Koufra]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=100-101}}.

=== La cathédrale depuis 1945 ===
Après la guerre, se pose à plusieurs reprises la question sur la philosophie à adopter en matière de [[Restauration (art)|restauration]] et notamment si celle-ci doit rétablir l’édifice dans un état médiéval supposé, en éliminant les ajouts ultérieurs, ou au contraire traiter de la même manière tous les éléments, quelle que soit leur période de construction. Les galeries de Goetz échappent de peu à la destruction, de même que la tour de croisée de Klotz. Il est en effet décidé en 1968 de remplacer celle-ci par une restitution de l’ancienne tour gothique disparue en 1759, projet qui n’aboutira finalement pas. Parallèlement, un chantier de restauration de grande ampleur débute en 1960 sur le massif occidental et la haute tour, qui ne s’achève qu’en 2004. Au cours de ce chantier, les préceptes de la [[Charte de Venise]], spécifiant que les restaurations doivent être minimales et réversibles, sont souvent loin d’être respectés et de nombreuses parties du monument sont profondément altérées{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=103, 105}}.

L’organisation du chantier est modifiée en 1999 par une convention signée entre l’[[État en France|État]] et la [[Fondation de l'Œuvre Notre-Dame|Fondation de l’Œuvre Notre-Dame]], qui spécifie les rôles et le périmètre d’intervention de chacun et fusionne la fonction d’architecte de la cathédrale avec le poste d’[[architecte en chef des monuments historiques]]. Cette réorganisation entraîne la nomination en 2000 de [[Christiane Schmuckle-Mollard]], qui devient ainsi la première femme à occuper la fonction d’architecte de la cathédrale de Strasbourg{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=106}}.

Entre 2016 et 2019, une série de restaurations du bras Sud du transept de la cathédrale est entreprise à l'initiative de la [[Direction régionale des Affaires culturelles|DRAC]] du Grand Est et de l’Œuvre Notre-Dame<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Restauration du bras Sud du transept de la cathédrale de Strasbourg (2016-2019) |url=https://www.culture.gouv.fr/regions/drac-grand-est/actu/MH-Etat/Cathedrale_Strasbourg/Restauration-du-bras-Sud-du-transept-de-la-cathedrale-de-Strasbourg-2016-2019 |site=www.culture.gouv.fr |date=2018-03-21 |consulté le=2024-07-15}}</ref>. 

Le début des années&nbsp;2000 voit également la mise en œuvre architecturale des principes du [[concile Vatican II]], qui s’est tenu quelque quarante ans plus tôt. Le chœur est notamment modifié afin que les célébrations soient mieux visibles des fidèles placés dans la nef. Les [[Balustrade|balustrades]] le clôturant sont ainsi supprimées, tandis que le [[mobilier liturgique]], en particulier l’autel, est renouvelé et placé directement à l’entrée du chœur{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=120}}.

La cathédrale se retrouve dans une polémique en octobre 2024 suite à la décision de la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EELV) d'éteindre les lumières de la cathédrale dès 23h pour ''"''être exemplaire au moment où des efforts de sobriété énergétique sont demandés à l’ensemble des citoyennes et citoyens"<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=À Strasbourg, l'extinction complète de l'éclairage de la cathédrale à 23h fait polémique - France Bleu |url=https://www.francebleu.fr/infos/societe/a-strasbourg-l-extinction-complete-de-l-eclairage-de-la-cathedrale-a-23h-fait-polemique-6907359 |site=ici par France Bleu et France 3 |date=2024-10-18 |consulté le=2024-10-20}}</ref>. Finalement, après plusieurs critiques, notamment au sein même su conseil municipal de la ville, Jeanne Barseghian  rétropédale en annonçant le 20 octobre 2024 que la mairie allait "''remédier au plus vite à cet incident technique pour rétablir l'illumination habituelle de la cathédrale"''<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La cathédrale de Strasbourg va retrouver des lumières - France Bleu |url=https://www.francebleu.fr/infos/societe/la-cathedrale-de-strasbourg-va-retrouver-des-lumieres-1807362# |site=ici par France Bleu et France 3 |date=2024-10-20 |consulté le=2024-10-20}}</ref>''.''

== Architecture ==
=== Matériaux et techniques de construction ===
==== Matériaux ====
La cathédrale est construite essentiellement en [[Grès (géologie)|grès]] rose provenant de différentes [[Carrière (géologie)|carrières]] selon les périodes et le type de grès utilisé. Les parties les plus anciennes sont ainsi construites en grès [[Vosges (département)|vosgien]], un grès résistant mais difficile à travailler en raison de son ciment [[Silice|silicieux]] et dont le grain assez grossier se prête mal à la sculpture. Dans la deuxième moitié du {{s-|XII}}, il laisse la place au [[Grès bigarré|grès dit bigarré]] ou à meules, extrait des carrières de [[Wasselonne]] et [[Dinsheim-sur-Bruche]] et transporté par [[charroi]] jusqu’à la cathédrale. Ce grès se caractérise par ses variations de couleurs allant du jaune au violet, en passant par le rose et le gris, ainsi que par son grain fin idéal pour représenter en finesse des détails{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=176, 179}}{{,}}<ref>{{Article|auteur=Daniel Jeannette|titre=Les grès de la cathédrale: origines, évolutions et altérations|périodique=Bulletin de la Cathédrale de Strasbourg|date=2004|volume=26|pages=157-172}}</ref>. Le [[Mortier (matériau)|mortier]] est principalement constitué de [[sable]] et de [[chaux vive]], avec divers compléments selon les endroits : végétaux, charbon, os, etc. Le sable est extrait des bords du [[Rhin]], tandis que la [[Chaux (matière)|chaux]] est produite dans des [[Four à chaux|fours à chaux]], soit directement sur le chantier jusqu’à la fin du {{s-|XII}}, soit à l’extérieur de la ville par la suite{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=201}}.

L’[[argile]] est également utilisé en grandes quantités, sous forme de [[Brique (matériau)|briques]] dans les fondations, les voûtes et certains murs, ou de [[tuile]]s, qui ont longtemps été la principale forme de [[Couverture (construction)|couverture]] des toitures. À la différence des pierres, la production est locale, issue de [[Tuilerie|tuileries]] situées autour de la ville{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=200}}. Les métaux sont également employés de manière intensive. Le [[fer]] tout d’abord qui, utilisé sous la forme de [[chaînage]], est indispensable pour maintenir la cohésion structurelle du bâtiment, mais sert aussi, sous forme de [[Goujon (mécanique)|goujons]] et d’[[Agrafe (architecture)|agrafes]], à renforcer et ancrer les éléments fragiles comme les [[Meneau|meneaux]] ou les [[Pinacle (architecture)|pinacles]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=225-226}}. Des dizaines de tonnes de [[plomb]] ont également été nécessaires pour les scellements, les vitraux et la toiture de la nef, rôle dans lequel il a été remplacé par le [[cuivre]] au {{s-|XVIII}}{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=229}}.

Un autre matériau peu visible, bien que très utilisé, est le bois, qui sert pour les [[Charpente|charpentes]], mais surtout pour les [[échafaudage]]s, les [[Cintre (architecture)|cintres]], les machines, etc. Au Moyen Âge, ce bois semble provenir essentiellement de la vallée de la [[Kinzig (Bade-Wurtemberg)|Kinzig]], en [[Forêt-Noire]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=200}}. Enfin, les grandes [[Baie (architecture)|baies]] requièrent de grande quantité de verre pour réaliser les vitraux. Les quantités importantes de bois nécessaires à sa production impliquent que celle-ci ne peut se faire que dans des zones boisées, le matériau devant ensuite être apporté sur le chantier où l’assemblage des vitraux a lieu{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=236}}.

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Strasbourg Cathedral - Columns (7684372162).jpg|Colonnes montrant l'alternance des grès.
Straßburg Münster 2009-041.jpg|[[Patine (aspect)|Patine]] et [[ravinement]] du grès de la cathédrale.
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==== Techniques ====
Depuis au moins le {{s-|XIII}}, la construction est précédée d’une phase de conception par l’architecte, qui s’aide de plans, dont [[Collection des plans et dessins du Moyen Âge de l’Œuvre Notre-Dame|plusieurs exemplaires]] sont encore conservés, et probablement aussi de [[Maquette|maquettes]], bien qu’il n’existe pas dans ce cas de preuve matérielle de leur existence{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=172}}. Pour être utilisables par les ouvriers, le plan est ensuite retranscrit sous différentes formes : le plan au sol est matérialisé par des piquets et des cordes noués à intervalles réguliers et les éléments architecturaux (baies, portails, etc.) sont tracés sous forme d’[[épure]]s dans la salle de trait située dans les [[Comble (architecture)|combles]] du bras sud du [[transept]]. À partir des épures, l’[[appareilleur]] peut réaliser les [[Gabarit (fabrication)|gabarits]] à partir desquels le [[Tailleur de pierre|tailleurs de pierre]] peut réaliser sa pièce. Une fois toutes les pierres d’un élément taillées, elles sont assemblées au sol afin de vérifier qu’il n’y a pas d’erreur puis marquées par ordre de pose{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=174, 191-192}}.

De nombreux [[Engin de levage|engins de levage]] appartenant aux familles de la [[Chèvre (outil)|chèvre]], du [[trépied]] et de la [[Cage d'écureuil|roue d’écureuil]], sont utilisés sur le chantier et connus par le carnet du maître d’œuvre [[Hans Hammer]]. Une grue du {{s-|XVI}} et des [[Cabestan (accastillage)|cabestans]] du {{s-|XIX}} sont également encore conservés respectivement au sommet de la tour sud et dans les combles de la nef. Selon les périodes, ces engins utilisent soit la [[Pince|griffe]], soit la [[Louve (outil)|louve]] pour agripper les pierres{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=212}}. Les murs ne sont pas entièrement construits en [[pierre de taille]] mais sont pour la plupart des maçonneries fourrées : seuls les [[Parement (construction)|parements]] sont [[Appareil (architecture)|appareillés]], tandis que le cœur du mur est simplement constitué d’un blocage de [[Moellon|moellons]], de déchets de taille et de [[Mortier (matériau)|mortier]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=201}}.

=== Fondations ===
[[Fichier:Fondations de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg septembre 2014.jpg|vignette|gauche|Les fondations de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, sous la chapelle Saint-Laurent.]]
L’édifice actuel repose encore pour l’essentiel sur les [[Fondation (construction)|fondations]] réalisées au début du {{s-|XI}} pour la cathédrale de Werner, avec quelques adjonctions gothiques{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=15}}. L’aspect des fondations et leur méthode de construction sont assez bien connus, ayant fait l’objet d’études depuis le {{s-|XVII}}. Le premier à effectuer des fouilles est l’architecte [[Hans Georg Heckler]] en 1666 : cherchant à déterminer s’il est possible de construire une deuxième tour, il fait dégager l’angle sud-ouest du massif occidental sur une profondeur de {{unité|7|m}}, jusqu’à atteindre la [[nappe phréatique]]{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=76}}. D’autres fouilles ont eu lieu depuis le {{s-|XIX}} et se sont concentrées essentiellement sur les murs des bas-côtés nord et, dans le cadre du chantier du pilier Knauth, dans la partie nord du [[narthex]]. Les fondations sont visibles en deux endroits de la cathédrale : sous la chapelle Saint-Laurent, la section fouillée entre 1967 et 1972 ayant été laissée accessible à la fin du chantier, et sous la [[crypte]]{{sfn|Meyer|1998|p=73}}.

Les fondations ne reposent pas sur le gravier rhénan, sept mètres sous le niveau du sol actuel, mais environ deux mètres plus haut, sur une couche composée d’[[argile]] et de [[Limon (roche)|limon]]. Cette couche étant par nature instable en raison des variations de la [[nappe phréatique]], elle a été stabilisée au moment de la construction de la cathédrale de Werner en y enfonçant des pieux en [[chêne]] et en [[aulne]] d’environ deux mètres de haut et douze centimètres de section, avec un espacement de quarante centimètres{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=15}}.

Les fondations romanes s’élèvent sur une hauteur d’environ cinq mètres et sont larges d’environ quatre mètres. Elles sont construites en petit [[Moellon|moellons]] de [[Grès (géologie)|grès]] et de [[calcaire]], auxquels sont occasionnellement adjoints des fragments sculptés d’époque romaine en réemploi{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=15}}{{,}}{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=36}}.

=== Parties orientales ===
==== La crypte ====
[[Fichier:Strasbourg crypte de la cathédrale Notre Dame messe de Requiem 2013 08.JPG|vignette|La crypte, avec au premier plan les deux dernières travées de la salle occidentale et la salle orientale à l’arrière-plan.]]
La [[crypte]] est l’un des rares vestiges subsistant en élévation de la [[cathédrale de Werner]], bien que l’immense majorité des éléments conservés ne remontent pas à l’édifice original du début du {{s-|XI}}, mais à des reconstructions plus tardives ayant eu lieu dans la première moitié du {{s-|XII}}. Elle se présente ainsi sous la forme d’un espace semi-enterré sous le [[Chœur (architecture)|chœur]], composé d’une salle orientale et d’une salle occidentale, la première datant des environs de 1120, tandis que la seconde a été bâtie vers 1150{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=132}}{{,}}{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=16-17}}.

La salle orientale est divisée en un [[Vaisseau (architecture)|vaisseau]] central [[Voûte en berceau|voûté en berceau]], encadré de deux vaisseaux latéraux [[Voûte d'arêtes|voûtés d’arêtes]]. Les [[claveau]]x de ces voûtes alternent [[Grès (géologie)|grès]] rouge et grès gris, de manière à former un motif décoratif bicolore, et elles retombent soit sur des [[Pile (architecture)|piles]] cruciformes, soit sur des [[Colonne (architecture)|colonnes]] à [[Fût (architecture)|fût]] [[monolithe]], dont les [[Chapiteau (architecture)|chapiteaux]] sont sculptés de motifs végétaux et de lions{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=131-132}}.

La salle occidentale comporte trois vaisseaux situés dans le prolongement de ceux de la salle occidentale, mais sa largeur totale plus importante, sa longueur de quatre travées et l’usage de colonnes plus fines la font paraître sensiblement plus vaste. L’accès à la [[crypte]] se fait par deux escaliers débouchant à l’extrémité ouest de cette salle, qui encadrent le [[Caveau funéraire|caveau]] des évêques, installé à cet emplacement après 1966{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=132, 259}}.

==== Chapelle Saint-André ====
La [[chapelle]] Saint-André occupe l’angle entre le bras sud du [[transept]] et l’[[abside]]. Son rez-de-chaussée est occupé par la chapelle à proprement parler, qui est de construction hétérogène : ses trois vaisseaux sont de largeur irrégulière, tandis que les [[Voûte|voûtes]] sont d’[[Voûte d'ogive|ogives]] dans certaines [[Travée|travées]] et d’arêtes dans d’autres, sans logique particulière. Il semble qu’au moins une partie de la chapelle remonte à la cathédrale de Werner : les murs sud et est pourraient dater de la campagne de 1015, tandis que le portail donnant sur le bras sud du transept a probablement été reconstruit à la suite de l’incendie de 1150. En ce qui concerne les voûtes, la pose de [[Voûtes d'ogives|voûtes d’ogives]] est rendu particulièrement complexe du fait de l’irrégularité des travées : cette particularité a probablement eu pour conséquence l’abandon du projet initial après le début de travaux en faveur de [[Voûte d'arêtes|voûtes d’arêtes]] plus simples{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=132, 144}}{{,}}{{sfn|Bengel|Nohlen|Potier|2014|p=22}}.

==== Chapelle Saint-Jean-Baptiste ====
Dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste se trouvent le [[gisant]] de [[Conrad de Lichtenberg]]<ref>{{lien web | url = http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=171&pChapitreId=37464&pSousChapitreId=37479&pArticleLib=Sculpture+%5BStrasbourg%A0%3A+la+ville+au+Moyen+Age+%28Alsace%29-%3EStrasbourg%A0%3A+la+ville+au+Moyen+Age+%28Alsace%29%5D | titre = Strasbourg : la ville au Moyen Age (Alsace) | site = encyclopedie.bseditions.fr | date =  | consulté le = 26 janvier 2015}}</ref>, évêque de Strasbourg de 1273 à 1299, le [[caveau funéraire]] des [[évêques de Strasbourg]] et le [[Tombeau de Conrad de Bussnang|monument funéraire de Conrad de Bussnang]].

Un petit cimetière, appelé ''Leichhöfflein'', s’est étendu au moins jusqu’au {{s-|XVI}} au nord de la chapelle. C’est dans cet espace que se trouvent les tombes de plusieurs architectes de la cathédrale, dont celles de [[Erwin de Steinbach|maître Erwin]] et de son fils [[Johannes Erwin|Johannes]]{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=128}}.

==== Chœur ====
[[Fichier:Strasbourg Cathédrale Notre-Dame pavoisement du chœur novembre 2012.JPG|vignette|Le chœur en 2012.]]
Le [[Chœur (architecture)|chœur]] [[architecture romane|roman]], dans lequel se trouve l’[[autel (religion)|autel]], est surélevé, car situé au-dessus de la [[crypte]]. Il est orné de [[fresque]]s, datant du {{s-|XIX}}. Tout comme la [[voûte]] du [[trône]] du [[château de Neuschwanstein]], celui du [[chœur (architecture)|chœur]] rappelle l’[[art byzantin]]. Il est orné en son centre d’un [[vitrail]] moderne, représentant la [[Marie (mère de Jésus)|Sainte Vierge]], à qui est dédiée la [[cathédrale]]. On retrouve dans ce [[vitrail]], don du [[Conseil de l'Europe|Conseil de l’Europe]], les douze [[étoile]]s du [[drapeau européen]] sur fond [[bleu]], couleur de la [[Marie (mère de Jésus)|Sainte Vierge]]. Dans le [[Croisillon (architecture)|croisillon]] nord, un très bel ensemble [[sculpture|sculpté]] et [[Polychromie|polychrome]], datant du début du {{s-|XVI}} et méritant une sérieuse [[restauration (art)|restauration]], représente le [[mont des Oliviers]].

Le [[Chœur (architecture)|chœur]] est meublé de quinze [[stalles]] en [[chêne]], datant de [[1692]]. Œuvres des [[menuiserie|menuisiers]] Claude Bourdy et Claude Bergerat, ainsi que du [[sculpture|sculpteur]] Peter Petri, elles sont classées [[monument historique (France)|monument historique]] depuis le {{date-|13 février 2004}}, à titre d’objet.

Depuis le dernier trimestre [[2004]], le [[chœur (architecture)|chœur]] est réaménagé sur décision de [[Joseph Doré]], archevêque, afin de le rendre conforme aux aspirations liturgiques du [[IIe concile œcuménique du Vatican|concile Vatican II]]. Les [[balustrade|rambardes]] de [[pierre naturelle|pierre]] du grand [[escalier]] sont supprimées, afin de permettre une meilleure [[communion]] visuelle entre le [[clergé]] et les fidèles. Pour améliorer la [[visibilité]], une [[Pente (topographie)|déclivité]] en pente douce, de trois pour cent, est réalisée depuis le fond du chœur en partant de l’autel du {{s-|XVIII}}, jusqu’au haut des [[Marche (escalier)|marches]]. Un nouveau mobilier [[liturgie catholique|liturgique]], en [[marbre]] de [[Carcassonne]], est installé, dont la [[cathèdre]] et un nouvel autel majeur. Le nouveau chœur est solennellement inauguré le {{date-|21 novembre 2004}} par Joseph Doré, entouré du [[cardinal (religion)|cardinal]] [[Jean-Marie Lustiger]], [[Liste des évêques puis archevêques de Paris|archevêque de Paris]], et du [[cardinal (religion)|cardinal]] [[Karl Lehmann]], [[Liste des évêques de Mayence|évêque de Mayence]], en présence du [[Premier ministre français|Premier ministre]] [[Jean-Pierre Raffarin]].

==== Bras nord du transept ====
Le bras nord du [[transept]], tout comme le bras sud, est divisé en quatre [[travée]]s carrées par un pilier central. Le pilier central du bras nord est [[Cylindre|cylindrique]]. Les [[voûte]]s d’[[Ogive (architecture)|ogives]], les plus anciennes de la [[cathédrale]], sont très bombées, faisant ressembler chacune des quatre travées à des [[coupole]]s. La hauteur atteint vingt-six mètres.
[[Fichier:Strasbourg cath baptistere.JPG|vignette|190px|Les fonts baptismaux, 1453.]]

On peut voir dans la partie gauche du côté est l’ancienne [[Niche (architecture)|niche]] [[architecture romane|romane]], assez majestueuse, de l’[[Autel (religion)|autel]] [[Laurent de Rome|Saint-Laurent]]. Cet ancien portail ouvrait sur un petit cimetière. Il est décoré de deux [[Frise (architecture)|frises]] romanes évoquant l’[[enfer]] (frise sud) et le [[paradis]] (frise nord) avec en tête du cortège de six [[senmurv]] d’inspiration [[Sassanides|sassanide]], l’une des cinq [[Sirène|sirènes]] allaitantes sculptées aux alentours des années 1170-1180 dans les [[Cathédrale de Bâle|cathédrales de Bâle]], de Strasbourg, de [[Fribourg-en-Brisgau|Fribourg en Brisgau]] ([[Forêt-Noire]]), [[Cathédrale Saint-Dié de Saint-Dié-des-Vosges|de Saint-Dié-des-Vosges]] ([[Vosges (département)|Vosges]]), et sur le [[portail]] roman de la [[collégiale]] de [[Saint-Ursanne]] ([[Jura (Suisse)|Jura en Suisse]]). Elles jalonnent l’espace rhénan de [[Bâle]] à Strasbourg, flanqué à l’est et à l’ouest, des deux massifs jumeaux de la Forêt-Noire et des Vosges, et au sud, du massif du Jura.

Cet espace rhénan évoque une « Petite Égypte » : le [[Rhin]] y coule du sud au nord, comme le [[Nil]], et se jette dans la mer en delta tout comme le Nil. De Bâle à Strasbourg, le Rhin est flanqué de deux massifs jumeaux, à [[ligne de crête]] quasi horizontale et rectiligne, comme de part et d’autre du Nil, d’[[Assouan]] à [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]]-[[Louxor|Luxor]]. Ces deux massifs sont composés majoritairement de [[granit]] et de [[Grès (géologie)|grès]], les principaux composants des monuments de l’[[Égypte antique|Égypte ancienne]].

==== Bras sud du transept ====
[[Fichier:Pilier des anges.jpg|vignette|redresse|150px|Le ''pilier des Anges''.]]
Deux éléments particulièrement remarquables sont situés dans le bras sud du [[transept]]. Le ''pilier des Anges'', construit vers [[1230]], est le [[pilier]] central de la [[salle]] et porte douze [[sculpture]]s de toute beauté : la première rangée représente les quatre [[évangélistes]], surmontés d’[[ange]]s jouant de la [[trompe de chasse|trompe]]. Le groupe supérieur comprend le [[Jésus de Nazareth|Christ]], assis, entouré d’anges portant les instruments de la [[Passion du Christ|Passion]].

Dans cette même salle, figure la statue d’un homme, accoudé à une [[balustrade]]. La [[légende]] raconte qu’il s’agit d’un [[architecte]] concurrent de celui ayant construit le pilier des Anges, prouesse architecturale de l’époque. Il aurait prétendu que jamais un seul pilier ne pourrait soutenir une si grande [[voûte]] et attendrait pour voir le tout s’effondrer.

===== Portail du Jour du jugement =====
[[Fichier:Strasbourg Cathédrale Notre Dame portail sud.jpg|195px|vignette|redresse|Le portail latéral sud.]]
Du côté sud, le [[porte (architecture)|portail]] le plus ancien, de [[architecture romane|conception romane]], est décoré de plusieurs [[statue]]s.
[[Fichier:סינגוגה ואקלזיה ב-אנו 02.jpg|gauche|vignette|Synagoga (détail)]]
Le groupe central du portail sud, appelé aussi portail du [[Jugement dernier]] ou du Jour du jugement met en scène différents passages [[bibliques]] et comporte quatre figures principales : [[Salomon (Bible)|Salomon]] [[Roi d'Israël|roi d’Israël]] surmonté du [[Christ en gloire]] entourés de deux statues plus anciennes (1225-1235). Celle de gauche représente l’[[Église (institution)|Église]], droite, [[Couronne (attribut)|couronnée]] et qui tient un [[Étendard (bannière)|étendard]] en forme de la [[Vraie Croix|croix]] et le [[calice (liturgie)|calice]]. Elle est complémentaire de la statue de droite qui représente la [[Synagogue]] (le [[judaïsme]]), avec les [[Œil|yeux]] bandés. Elle baisse le visage et sa lance est brisée, en signes de défaite, et son bras pendant laisse tomber les [[Tables de la Loi]]. Le sculpteur semble s’être inspiré du texte biblique : « Les lances seront brisées et l’épée tombera de la main. On en forgera des socs » ([[Livre d'Isaïe|Isaïe]] 2,4). Ses yeux sont bandés parce qu’elle serait aveugle aux vérités de la [[Nouveau Testament|Nouvelle Loi]]<ref>Dictionnaire raisonné de l’architecture française du {{sp-|XI|au|XVI}}/Église personnifiée.</ref>.
{{Article détaillé|Ecclesia et Synagoga}}
La présence de ces trois figures ainsi rapprochées s'expliquerait dans les interprétations faites au {{XIIe siècle}} du [[Cantique des cantiques|Cantique des Cantiques]], les présentant comme les trois personnages principaux des événements de la [[fin des temps]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Sculptures médiévales de la cathédrale de Strasbourg |url=https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Musees/Les-musees-en-France/Les-collections-des-musees-de-France/Decouvrir-les-collections/Sculptures-medievales-de-la-cathedrale-de-Strasbourg |site=www.culture.gouv.fr |consulté le=2024-07-15}}</ref>.

Au centre, la [[statue]] sculptée par [[Jean Vallastre]] en [[1828]] représente le [[Salomon (Bible)|roi Salomon]], surmontant deux petites statues rappelant son fameux jugement préfigurant le [[Jour du jugement]]. Cette sculpture du roi Salomon remplace la figure gothique détruite pendant la [[Révolution française]]. Au-dessus du roi Salomon, règne la figure du [[Christ en gloire]] de l’[[Apocalypse]] ou du Jugement dernier, tenant dans sa main gauche le globe terrestre et surmonté d’un [[dais]] figurant la future [[Jérusalem céleste]], le seul « Juste » étant le Seigneur ([[Livre de l'Ecclésiastique|Ecclésiastique]] : 18,2) qui apparaît au somment du portail en tant que juge. Le portail représente la [[Parousie]] de [[Yahweh]] par l’[[Apocalypse]] et la gloire de Dieu est sculptée sous la forme symbolique d’un dais (la Jérusalem céleste) qui sera le refuge du Juste (Isaïe : 4,5-6). « Le Juste est le fondement du monde » ([[Livre des Proverbes|Proverbes]] : 10,25). Les deux [[tympan (architecture)|tympans]] [[architecture romane|romans]], représentent les deux phases finales de la vie de la [[vierge Marie]] : la [[Dormition]] et le [[Couronnement de la Vierge|Couronnement]] de la [[Marie (mère de Jésus)|Sainte Vierge]].
[[Fichier:Statues 'L'Église' et 'La Synagogue' de la Cathédrale de Strasbourg, original gothique conservé au Musée de l'Oeuvre Notre-Dame.JPG|vignette|Originaux gothiques d'Ecclesia et Synagoga de Strasbourg conservés au [[Musée de l'Œuvre Notre-Dame]]]]
Selon les études, des sculpteurs partis de [[Sens (Yonne)|Sens]] auraient gagné [[Chartres]], puis la [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]] avant de rejoindre Strasbourg, alors que d’autres études concluent plutôt à la simultanéité de ces chantiers. On a également souligné l’expressivité dramatique des deux sculptures représentant l’Église et la Synagogue, véritables chefs-d’œuvre qui relèveraient à la fois des grands courants français et germaniques. Ces deux statues ont été déposées au musée au début du {{s-|XX}} pour les protéger de la pollution et des intempéries et ont été remplacées de part et d’autre du portail par des copies. Le {{date-|20 mars 2007}}, la copie de la statue de la Synagogue a été vandalisée, une partie de sa lance brisée et sa main arrachée<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Une statue vandalisée à la cathédrale de Strasbourg|périodique=La Croix|date=2007-03-20|issn=0242-6056|lire en ligne=https://www.la-croix.com/Semaine-en-images/Une-statue-vandalisee-a-la-cathedrale-de-Strasbourg-_NG_-2007-03-20-520832|consulté le=2024-07-15}}</ref>. Elle a été depuis restaurée.

Deux autres [[porte (architecture)|portails]] sont sur les côtés de l’édifice, au niveau des [[transept]]s. Par ailleurs, deux statues ont été ajoutées au {{s-|XIX}} : à droite, la figure d’un des architectes de la cathédrale maître [[Erwin von Steinbach|Erwin de Steinbach]] et à gauche, une [[statue]] de jeune femme dotée des attributs classiques du [[sculpture|sculpteur]] sur [[pierre naturelle|pierre]]. La [[légende]] raconte que cette jeune femme serait Sabina, l’une des filles d’[[Erwin von Steinbach|Erwin de Steinbach]], jeune sœur de Jean, et [[Tailleur de pierre|tailleuse de pierre]] mais aucun document officiel ne permet d’attester cette histoire.
On nomme ce portail le ''portail du Jugement'', non seulement en souvenir de Salomon, mais aussi parce que c’est à cet endroit que l’[[Liste des évêques et archevêques de Strasbourg|évêque de Strasbourg]] tenait son [[tribunal]]. En [[hiver]], avait également lieu à cet endroit et durant tout le [[Moyen Âge]] une [[foire (économie)|foire]], prémisse de l’actuel [[Christkindelsmärik|marché de Noël]].[[Fichier:Strasbourg Cathédrale Notre Dame portail nord Saint-Laurent.jpg|vignette|155px|Le portail Saint-Laurent au nord.]]
==== Portail de Saint-Laurent ====

Du côté nord, le [[porte (architecture)|portail]] [[Laurent de Rome|Saint-Laurent]], de [[Gothique flamboyant|style gothique tardif]], œuvre de l’architecte Jacques de [[Landshut]] en [[1495]], est orné d’un groupe de [[statues]] du [[martyr]]e du [[saint]], mort sur un gril et de différentes statues représentant l’[[Adoration des mages]] remontées de part et d’autre du portail. Ce [[porte (architecture)|portail]] est plus récent que la construction principale, datant de l’époque française. Il a été restauré au {{s-|XIX}} par le sculpteur statuaire [[Jean Vallastre]] qui est à l’origine du groupe statuaire figurant le martyre de [[Laurent de Rome|saint Laurent]].

=== Nef ===
=== Vaisseau central et collatéraux ===
Contrairement à une idée communément répandue, la [[nef]] de la cathédrale compte avec ses {{nobr|63 mètres}} de longueur parmi les plus longues nefs de France, mais les dimensions très réduites du [[Chœur (architecture)|chœur]] conduisent à un manque de [[proportionnalité]] de l’ensemble<ref group="°" name="a">La longueur de la cathédrale est de {{unité|111|m}} ; or ; [[Cathédrale Notre-Dame d'Amiens|celle d'Amiens]], 145 ; [[Cathédrale Notre-Dame de Reims|Reims]], 138 ; [[Cathédrale Notre-Dame de Rouen|Rouen]], 137 ; [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Paris]] et [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|Chartres]], 130 ; [[Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons|Soissons]], 116.</ref>.

La nef s’élève sur trois étages et contient une riche collection de [[vitrail|vitraux]]. Dans le [[Collatéral (architecture)|collatéral]] nord, ils représentent les différents [[empereur]]s du [[Saint-Empire romain germanique|Saint-Empire]] et sont datés du {{s-|XIII}}. Dans celui côté sud, les vitraux du {{s-|XIV}} permettent d’admirer des scènes de la vie de la [[Marie (mère de Jésus)|Sainte Vierge]] et du [[Jésus de Nazareth|Christ]]. Les vitraux du [[triforium]] représentent les [[Arbre de Jessé|ancêtres du Christ]] suivant la généalogie que donne [[Luc (évangéliste)|Luc]] dans [[Évangile selon Luc|son évangile]]. Au sud, le deuxième personnage de la première fenêtre de la quatrième travée est [[Juda (patriarche)|Juda]]. La grande [[rosace (architecture)|rosace]] est quant à elle purement [[Ornement (architecture)|ornementale]] !

==== Chapelle Sainte-Catherine ====
La chapelle Sainte-[[Catherine d'Alexandrie|Catherine]] (1332-1349) a été créée par l’évêque [[Berthold II de Bucheck]] pour lui servir de sépulture.

La chapelle Sainte-Catherine<ref>{{Ouvrage
 | auteur1=Madeleine Klein-Ehrminger
 | titre=Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
 | éditeur=Fabriques de la cathédrale
 | nature ouvrage=Brochure touristique vendue dans la cathédrale
 | année=2013
 | mois=1er trimestre
 | pages totales=80
 | passage=p. 50
 | isbn=
 | titre chapitre=Chapelle Sainte-Catherine
}}.</ref> est située dans le bas-côté sud à proximité immédiate du [[transept]]. Les vitraux extérieurs (1348) sont l’œuvre de Johannes de Kirchheim. Ils représentent les [[Douze Apôtres|douze apôtres]], sainte [[Marie Madeleine|Madeleine]] et sainte [[Marthe de Béthanie|Marthe]].

Le mur séparant la chapelle de la nef a été abattu, mais les cinq [[Pilier|piliers]] de soutènement ont été conservés. Des statues ont été placées contre chaque pilier, certaines d’entre elles étant attribuées à [[Woelflin de Rouffach]]. De l’est vers l’ouest (du chœur vers la [[façade]]) on trouve<ref>{{Lien web|url=http://www.oeuvre-notre-dame.org/cathedrale-de-strasbourg/histoire-cathedrale/grandes-etapes/1340-1360-construction-chapelle-sainte-catherine |titre=1340 à 1371 : Construction de la chapelle Sainte-Catherine et de la tour nord |consulté le=10 avril 2017}}.</ref> :
* [[Florent de Strasbourg|Saint Florent]], statue récente du {{s-|XIX}} ;
* [[Jean le Baptiste|Saint Jean-Baptiste]] ({{s-|XIV}}), portant un médaillon avec l’[[agneau pascal]] ;
* [[Catherine d'Alexandrie|Sainte Catherine]] ({{s-|XIV}}), portant une petite [[Roue (supplice)|roue]], symbole de son supplice ;
* [[André (apôtre)|Saint André]] ({{s-|XIV}}), portant une [[Croix (christianisme)|croix]] de forme classique ;
* [[Élisabeth (mère de Jean le Baptiste)|Sainte Élisabeth]] ({{s-|XIV}}).

La [[voûte]] en [[Arête (géométrie)|arêtes]] [[Perspective curviligne|curvilignes]] (1542-1547) est due à [[Bernhard Nonnenmacher|Bernard Nonnenmacher]]. Elle remplace une voûte en étoile du {{s-|XIV}}.

<gallery mode="packed">
Cathedrale-de-Strasbourg-IMG 1254.jpg|Les piliers entre la chapelle et la nef.
Strasbourg cathedral, chapelle Ste Catherine, Saint Catherine statue.jpg|Statue de sainte Catherine.
Vitraux et dormition de la Vierge de la chapelle sainte-Catherine de la Cathédrale de Strasbourg.jpg|Vitraux extérieurs.
</gallery>

==== Chapelle Saint-Laurent ====
{{vide}}
[[Fichier:Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg chapelle Saint-Laurent avril 2014 01.jpg|vignette|Le maître-autel de la chapelle Saint-Laurent.]]
La [[chapelle]] [[Laurent de Rome|Saint-Laurent]] n’est pas le premier édifice ayant été bâti à cet emplacement : elle remplace en effet un bâtiment qui faisait partie du cimetière s’étant étendu jusqu’au {{s-|XVI}} le long du flanc nord de la cathédrale. Ce bâtiment était constitué d’un [[ossuaire]] surmonté d’une chapelle dédiée à [[Michel (archange)|saint Michel]]{{sfn|Doré|Rapp|Jordan|2010|p=128}}.

La chapelle Saint-Laurent (1495-1505) est due à Jacques de Landshut. Elle donne sur le portail nord. Elle est réservée à la prière et à l’[[adoration du Saint-Sacrement]]. On y célèbre aussi les mariages et les messes de funérailles des paroissiens de la cathédrale.

=== Massif occidental ===
==== Frontispice ====
Le [[frontispice (architecture)|frontispice]] de la [[cathédrale]] est richement orné. Les [[tympan (architecture)|tympans]] de ses trois [[porte (architecture)|portails]], surmontés d’un double [[gable (architecture)|gable]], sont consacrés à la [[hagiographie|vie]] du [[Jésus de Nazareth|Christ]].

Puis, au-dessus, la [[rosace (architecture)|rosace]], œuvre d’[[Erwin von Steinbach|Erwin de Steinbach]] en constitue le point central. La particularité de cette rosace, unique en son genre, est d’être composée d’épis de [[blé]], et non de [[saint]]s, comme c’est la coutume. Ils sont le symbole de la puissance [[commerce|commerciale]] de la ville.

La [[façade]] se caractérise par son grand nombre de [[sculpture]]s. La plus belle manifestation de cet ensemble [[architecture|architectural]] est la ''galerie des [[apôtre]]s'', située au-dessus de la rosace.
==== Portail principal ====
Le [[tympan (architecture)|tympan]] du [[porte (architecture)|portail]] principal, à l’Ouest, est entouré de [[statue]]s de [[Prophète (judaïsme)|prophètes]] et de [[martyr]]s, et a pour thème la [[Passion du Christ]]. Des scènes de l’[[Ancien Testament|Ancien]] et du [[Nouveau Testament]] sont représentées sur les [[voussure]]s.

Au milieu du tympan, une statue de la [[Vierge à l'Enfant|Vierge à l’Enfant]] rappelle la dédicace de la [[cathédrale]] à [[Marie (mère de Jésus)|Notre-Dame]]. Une autre statue de la [[Marie (mère de Jésus)|Vierge]] est située au-dessus du tympan. Elle est surmontée d’une statue du [[Jésus de Nazareth|Christ]], [[Roi]] et [[Juge]], dont le [[trône]] est entouré de [[lion]]s [[musique|musiciens]].

<gallery mode="nolines">
Notre-Dame de Strasbourg double portail central vierge et prophètes 1.jpg|Les prophètes et la Vierge à l’Enfant.
Notre-Dame de Strasbourg tympan central vie du Christ.jpg|Scènes de la vie du Christ.
Notre-Dame de Strasbourg double portail central vierge et prophètes 2.jpg|Les prophètes et la Vierge à l’Enfant.
</gallery>

==== Portail latéral nord ====
Le [[porte (architecture)|portail]] latéral nord est décoré de [[statue]]s représentant les [[vertu]]s, terrassant les [[vice]]s. Le [[tympan (architecture)|tympan]] a pour sujet l’[[enfance]] du [[Jésus de Nazareth|Christ]] et les [[voussure]]s sont décorées d’[[ange]]s et de personnages.

<gallery mode="nolines">
Notre-Dame de Strasbourg les vertus portail occidental nord piédroit gauche.jpg|Les vertus sur le piédroit gauche.
Notre-Dame de Strasbourg tympan portail occidental nord Rois mages.jpg|Le tympan des Rois mages.
Notre-Dame de Strasbourg les vertus portail occidental nord piédroit droite.jpg|Les vertus sur le piédroit droit.
</gallery>

==== Portail latéral sud ====
Le [[porte (architecture)|portail]] latéral sud, de la fin du {{s-|XIII}}, illustre la [[parabole des dix vierges]]. À droite, les vierges sages tiennent une [[lampe]] et les [[tables de la Loi]] ouvertes. Elles accueillent le mari idéal. À gauche, les vierges folles tiennent les lampes retournées et serrent fermées les tables de la Loi. À leur côté, le [[Diable|Tentateur]] leur tend un aimable visage et la [[pomme]] de la [[tentation (pomme)|tentation]]. Son dos s’ouvre et montre les [[serpent]]s et [[crapaud]]s qui l’habitent. Sur les socles des [[statue]]s, on peut observer d’un côté les [[Signe du Zodiaque|signes du Zodiaque]], et de l’autre les principaux travaux des [[Champ (agriculture)|champs]] — notamment le passage au [[fouloir]].

Le [[tympan (architecture)|tympan]], quant à lui, représente le [[Jour du jugement|Jugement dernier]].

<gallery mode="nolines">
Notre-Dame Strasbourg vierges folles portail latéral sud façade ouest.jpg|Le [[Diable|Tentateur]] et les vierges folles.
Notre-Dame de Strasbourg tympan portail occidental sud jugement dernier.jpg|Le tympan du Jugement dernier.
Notre-Dame Strasbourg vierges sages portail latéral sud façade ouest.jpg|Les [[vierges sages]].
</gallery>

==== Le beffroi ====
[[Fichier:Strasbourg beffroi de la cathédrale Notre-Dame février 2015.jpg|vignette|Le beffroi, ajouté en 1388, comble l’espace, jusqu’alors vide, entre les deux tours.]]
Le [[beffroi]] qui abrite dix [[Cloche|cloches]] sur seize, est situé au-dessus de la galerie des apôtres, entre les deux tours de la façade. Il ne figurait pas sur le plan original. Il a été conçu par les maîtres d’œuvre [[Michel de Fribourg]] et Claus de Lohr entre 1365 (date de l’achèvement des deux tours jusqu’à la hauteur de la plate-forme) et 1383. Sa réalisation n’est entreprise qu’entre 1384 et 1388, car le grave incendie survenu le {{date-|16 mars 1384}} n’a laissé de traces visibles que sur les clochers<ref>{{Ouvrage|auteur1=Hans Haug|titre=La Cathédrale de Strasbourg|éditeur=Éditions des Dernières Nouvelles|année=1957|passage=61}}.</ref>.

Seule la face ouest du beffroi est décorée ; le thème de l’iconographie est ''le [[Jugement dernier]]''. Entre les [[Gable (architecture)|gâbles]] des ouvertures, le [[Jésus-Christ|Christ]] est représenté assis, une épée pointant vers sa bouche. En dessous de lui, deux personnages (peut-être les prophètes [[Ézéchiel]] et [[Isaïe]]). Encadrant les ouvertures, quatre statues avec une tête d’homme, d’aigle, de taureau et de lion (les [[Zoomorphisme|Zoomorphes]]) représentent selon les uns, les [[évangélistes]], selon d’autres, les ''Vivants'' décrits par Ézéchiel et Isaïe dans l’[[Ancien Testament]] et par [[Jean (évangéliste)|saint Jean]] dans ''[[Apocalypse|L’Apocalypse]]''.

Dans les gâbles, la [[Vierge Marie]] et saint Jean intercèdent pour les [[Résurrection|ressuscités]] que l’on voit sortir des cercueils le long des gâbles. À la droite du Christ, les élus, à sa gauche, les réprouvés. Deux [[Ange|anges]] portent les symboles de la Passion ; la croix, la couronne d’épines, la lance et les trois clous. Quatre anges réveillent les morts en soufflant dans des trompettes. Au sommet du gâble, à la gauche du Christ, un [[Démon (esprit)|démon]] emporte en [[Enfer]] un réprouvé, à sa droite, un personnage emmène un élu au [[Paradis]].

==== Tours de façade ====
Le plan original de la façade, dessiné par [[Erwin von Steinbach|Erwin de Steinbach]], comportait deux étages seulement et deux [[Tour (édifice)|tours]]. C’est à sa mort, en 1318, que les plans furent changés.

À l’origine, les deux tours avaient la même taille ({{Unité|66|m}}) et dépassaient la façade comprise entre elles, comme celles de la [[cathédrale Notre-Dame de Paris]]<ref>{{lien web | url = http://pagesperso-orange.fr/esprit.escalier/images/medium_cathedrale_strasbourg_sans_fleche_sans_beffroi.jpg | titre = image retouchée de la cathédrale | site = pagesperso-orange.fr | date =  | consulté le = 26 janvier 2015}}</ref> (à ce moment, la façade de la cathédrale de Strasbourg avait une silhouette identique à celle de Paris et était même plus petite de trois mètres), avant que l’espace compris entre ces tours ne soit comblé par la mise en place du [[beffroi]]<ref>{{lien web | url = http://pagesperso-orange.fr/esprit.escalier/images/medium_cathedrale_strasbourg_sans_fleche.jpg | titre = image retouchée de la cathédrale | site = pagesperso-orange.fr | date =  | consulté le = 26 janvier 2015}}</ref>. Ce n’est qu’après ce comblement que l’on construisit le clocher sur la tour nord (''{{Unité|34|m}}'' + {{Unité|66|m}} = {{Unité|100|m}}), et la [[Flèche (architecture)|flèche]] sur ce dernier (''{{Unité|42|m}}'' + {{Unité|34|m}} + {{Unité|66|m}} = {{Unité|142|m}}<ref>{{lien web | url = http://pagesperso-orange.fr/esprit.escalier/images/medium_cathedrale_strasbourg.jpg | titre = cathédrale | site = pagesperso-orange.fr | date =  | consulté le = 26 janvier 2015}}</ref>).

Le projet de la seconde tour à flèche revint plusieurs fois. Vers 1490, l’architecte de l’[[Œuvre Notre-Dame]], [[Hans Hammer]], dessine le plan d’une deuxième flèche. Ce projet sera abandonné. Diverses thèses sont avancées pour expliquer l’absence d’une seconde flèche à la cathédrale de Strasbourg. Le manque de moyens financiers est souvent évoqué. L’explication la plus plausible réside dans le fait que le [[style gothique]], mais aussi les hautes tours et flèches étaient passés de mode au {{s-|XV}}. La thèse affirmant que le sol n’aurait pas résisté à un tel poids est également avancée, sans qu’il existe de preuves que cette hypothèse aurait mené à l’abandon des divers projets. La rénovation culturelle fit place au [[style Renaissance]]. L’architecture gothique sera redécouverte à la fin du {{s-|XVIII}} et célébrée au {{s-|XIX}} par les artistes [[romantiques]]. Des projets d’une deuxième flèche, conçus par les architectes allemands Karl Schinkel (première moitié du {{s-|XIX}}) et [[Charles Winkler (architecte)|Karl Winkler]] (1880), sont restés sans suite.

==== Flèche ====
[[Fichier:StrasbourgCath Flèche 01.jpg|vignette|gauche|145px|La [[flèche (architecture)|flèche]] construite par [[Jean Hültz]].]]
Terminée en [[1439]], la [[Flèche (architecture)|flèche]] de la tour nord culmine à {{nobr|142,11 mètres}} au-dessus du sol, et c’est la plus haute flèche construite au [[Moyen Âge]] qui ait subsisté jusqu’à nos jours. [[Jacques Wimpfeling]] qualifie cette tour de style gothique tardif de « huitième merveille du monde »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Guillaume|titre=L'invention de la Renaissance|éditeur=Editions Picard|année=2003|passage=14|isbn=}}.</ref>. La cathédrale de Strasbourg est une des seules grandes cathédrales de [[France]] dont la [[Tour (édifice)|tour]] est dotée d’une flèche, typique de l’[[architecture]] [[Saint-Empire romain germanique|germanique]].

Pour préserver la flèche de la [[foudre]], [[Théodose Le Barbier de Tinan]] étudie et préconise en [[1780]] l’établissement d’un [[paratonnerre]] sur la flèche de la cathédrale<ref>[[Théodose Le Barbier de Tinan]], ''Mémoire sur la manière d'armer d'un conducteur la cathédrale de Strasbourg'', Strasbourg, 1780, in-8°.</ref> ; [[Benjamin Franklin]] appuie cette étude dans son rapport à l’[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] sur le sujet, mais ce paratonnerre ne sera installé qu’en 1835.

Grâce à sa flèche, la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg est resté l’édifice le plus haut du monde jusqu’en [[1874]], date de l’achèvement de la [[flèche (architecture)|flèche]] de l’[[église Saint-Nicolas de Hambourg]], mesurant {{nobr|147 mètres}}<ref>{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Pierre Deslais | titre=L'Alsace, géographie curieuse et insolite | éditeur=Éditions Ouest France | lieu=Rennes | année=2014 | pages totales=116 | passage=29 | isbn=978-2-7373-6364-1}}.</ref>. Depuis le {{s-|XIX}}, les flèches des cathédrales allemandes d’[[Cathédrale d'Ulm|Ulm]] et [[Cathédrale de Cologne|de Cologne]] la dépassent, avec les hauteurs respectives de {{nobr|161,53 mètres}} et {{nobr|157,38 mètres}}. La flèche de la [[cathédrale Notre-Dame de Rouen]], terminée en [[1876]], atteignit les {{nobr|151 mètres}}.

La tour [[octogone|octogonale]] est conçue par le maître d’œuvre [[Ulrich d'Ensingen|Ulrich d’Ensingen]], qui conçut également celle de la [[cathédrale d'Ulm|cathédrale d’Ulm]], si bien que ces deux édifices se ressemblent énormément. [[Jean Hültz]] de [[Cologne]] prend la direction du [[Chantier (bâtiment)|chantier]] en [[1419]]. Il change complètement le projet de la flèche. Il rehausse l’[[octogone]] d’un petit étage supplémentaire au-dessus des premiers ponts reliant les quatre escaliers séparés et l’octogone. Cet étage supplémentaire de l’octogone est légèrement réduit pour laisser passer la lumière entre l’octogone et les quatre escaliers. Et, au lieu de construire la flèche assez simple munie d’un escalier central prévue par [[Ulrich d'Ensingen|Ulrich d’Ensingen]], Jean Hültz construit une [[flèche (architecture)|flèche]] très complexe, où chacun des huit [[Arêtier|arêtiers]] porte une succession de six petits [[Escalier en colimaçon|escaliers à vis]] [[hexagone|hexagonaux]] imbriqués les uns dans les autres. Ils sont suivis, là où les arêtiers se rejoignent, par quatre autres [[escalier]]s, et enfin par la [[Astragale (architecture)|corbeille]] et la [[croix]]. Cette flèche est subdivisée en plusieurs étages qui font chacun communiquer tous les escaliers. Les derniers étages, notamment celui de la [[Corbeille (architecture)|corbeille]], ne sont plus desservis par aucun escalier et ne peuvent être atteints qu’au prix d’acrobaties avec l’aide d’échelles.

Rappelons qu’en [[1262]], la [[ville]] de [[Strasbourg]] se révolte contre son [[prince-évêque]] et s’érige en [[république]]. La direction des travaux passe donc de l’[[Liste des évêques et archevêques de Strasbourg|évêque]] à la [[Commune (Moyen Âge)|municipalité]]. C’est elle qui ordonne la construction du massif occidental. Et ainsi, contrairement à d’autres flèches ou tours d’églises qui manifestent la puissance de l’Église locale, la flèche de [[Strasbourg]] a toujours manifesté la puissance de la [[Ville impériale libre de Strasbourg|république de Strasbourg]].

Entre 1794 et 1802 la flèche de la cathédrale, alors [[temple de la Raison]], fut ornée d’un [[bonnet phrygien]] qui symbolisait la liberté<ref>{{lien web | url = http://www.cathedrale-strasbourg.fr/bonnet_phrygien.aspx | titre = Un bonnet phrygien pour la cathédrale | auteur = Hervé Schuler | site = cathedrale-strasbourg.fr | date =  | consulté le = 26 janvier 2015}}.</ref>. Ce bonnet phrygien de tôle fut ensuite démonté et conservé à la bibliothèque de la ville où un incendie le détruisit en [[1870]].

== Mobilier ==
[[Fichier:Rosace cathedrale strasbourg.jpg|vignette|[[Rosace (architecture)|Rosace]] en seize pétales, œuvre d’[[Erwin von Steinbach]].]]
=== Vitraux ===
{{article détaillé|Vitraux de la cathédrale de Strasbourg}}

L’intérieur de la [[cathédrale]], typiquement [[Architecture gothique|gothique]], possède un décor riche et varié mais est sombre comparé à la majorité des [[cathédrale]]s [[France|françaises]], telles que [[Cathédrale Notre-Dame de Reims|Reims]] ou [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|Chartres]]. Une seule [[Rosace (architecture)|rose]], en effet, l’éclaire depuis le [[mur]] intérieur de la [[façade]] du [[parvis]]. Celle-ci a été dessinée par [[Erwin von Steinbach|Erwin de Steinbach]] en seize pétales. La lisibilité de son dessin en fait un chef-d’œuvre du genre.

=== Fonts baptismaux ===
Cette niche abrite aujourd’hui les [[fonts baptismaux]], exécutés en [[1453]] par le maître d’œuvre de la cathédrale de l’époque, Jodoque Dotzinger. Ils sont sculptés d’une manière très fouillée et constituent un chef-d’œuvre de l’[[Gothique flamboyant|art flamboyant]]. Pour une raison inconnue, ils ne sont pas [[octogone|octogonaux]] comme partout ailleurs, mais [[heptagone|heptagonaux]].

=== Chaire de Hans Hammer ===
[[Fichier:Pulpit of Notre-Dame de Strasbourg.jpg|vignette|200px|gauche|Vue d’ensemble de la chaire.]]
La [[Chaire (église)|chaire]] est un exemple de [[architecture gothique|gothique flamboyant]] poussé à l’extrême. Une cinquantaine de [[statue]]s la décorent, abordant de nombreux thèmes tels que les [[évangélistes]], un cortège de huit figures d’apôtres, la [[crucifixion]] de Jésus-Christ entouré de sa mère [[Marie (mère de Jésus)|Marie]] et de l’apôtre [[Jean (apôtre)|Jean]] ou encore [[Barbe la grande martyre|sainte Barbe]], [[Laurent de Rome|saint Laurent]] et les anges portant les instruments de la Passion.

Cette chaire a été réalisée entre 1485 et 1487 pour [[Jean Geiler de Kaysersberg]] par le sculpteur et maître d’œuvre Hans Hammer et porte la date de [[1485]]. Il signe son œuvre par un « H » qui se retrouve sur la rampe et sur la clef sous la corbeille. Des statuettes du {{s-|XVIII}} remplacent certaines qui ont été subtilisées. Le grand doyen de la cathédrale exigea à la même époque, la destruction de la frise jugée indécente qui courait à la base de la rampe. La chaire était recouverte jusqu’au début du {{s-|XX}} par un grand rabat-voix qui fut déposé.

La petite [[sculpture]] d’un [[chien]] est à remarquer sur la rampe des [[escalier]]s, qui rappellerait selon une légende, l’habitude du [[prêche]]ur [[Jean Geiler de Kaysersberg]] de venir accompagné de son [[chien]]. La réalité est que la sculpture du « petit chien de Geiler » est un clin d’œil au prédicateur dominicain (domini canis = le chien du Seigneur) venu de [[Bâle]] puis de [[Wurtzbourg|Wurzbourg]], Jean Geiler de Kaysersberg, institué prédicateur de la cathédrale de Strasbourg en 1478 et qui se distingua par une truculence quasi-rabelaisienne. Le petit chien triste est également l’emblème de Saint Alexis car il était le seul à avoir reconnu son maître<ref>{{Ouvrage|auteur1=Robert Walter|titre=Histoire anecdotique de la cathédrale de Strasbourg|éditeur=ERCE|année=1992|passage=91|isbn=}}.</ref>.

=== Mont des Oliviers ===
[[Fichier:Strasbourg sculpture mont oliviers.jpg|vignette|[[Le Mont des Oliviers (cathédrale de Strasbourg)|Le mont des Oliviers]], 1498.]]
{{article détaillé|Le Mont des Oliviers (cathédrale de Strasbourg)}}
En face, du côté ouest, c’est-à-dire contre le mur de l’[[abside]] de l’actuelle [[chapelle]] [[Laurent de Rome|Saint-Laurent]], se trouve une monumentale [[sculpture]] du [[Le Mont des Oliviers (cathédrale de Strasbourg)|mont des Oliviers]]. Celle-ci est commandée en [[1498]] par [[Nicolas Roeder]] pour le [[cimetière]] de l’[[Église Saint-Thomas de Strasbourg|église Saint-Thomas]], avant d’être transférée dans la cathédrale en [[1667]].

=== Orgues ===
Le premier orgue est installé à la cathédrale en 1260. De cet instrument n’est connu que son auteur, un moine dominicain nommé Ulrich Engelbrecht. Détruit par l’incendie de 1298, il est remplacé dans les années&nbsp;1320 par un autre instrument réalisé par Claus Carlé, un manufacteur d’orgue de [[Lahr/Schwarzwald|Lahr]]. Si les détails sur la tonalité de cet orgue manquent, il est en revanche établi qu’il est installé en nid d’hirondelle sur le mur nord de la sixième travée de la nef, qu’il est prolongé sur la septième travée par une tribune pour les musiciens et qu’il possède des figures articulées<ref>{{Chapitre |nom1=Reber|prénom1=Pascal|titre chapitre=Les grandes orgues |auteurs ouvrage=Joseph Doré (dir.), Francis Rapp (dir.), Benoît Jordan (dir.)|titre ouvrage=La Grâce d’une cathédrale : Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010|isbn=9782716507165 |passage=285-289}}.</ref>.

Les organistes actuels de la cathédrale de Strasbourg sont Pascal Reber, Damien Simon, Guillaume Nussbaum, Arthur Skoric et Benoît Clavier<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |nom=cftc-snape |titre=Organistes de chœur à Strasbourg |url=https://www.snape.fr/organistes-de-choeur/ |site=CFTC SNAPE |date=2019-11-23 |consulté le=2024-05-29}}</ref>.

==== Grand orgue ====
[[Fichier:Strasbourg Cathedral Organ - Diliff.jpg|vignette|redresse|Le grand orgue en nid d’hirondelle.]]
Le grand [[orgue]] de la cathédrale<ref>{{lien web|url=http://decouverte.orgue.free.fr/orgues/stcathed.htm|titre=Strasbourg, Cathédrale Notre-Dame, Nef|site = decouverte.orgue.free.fr|consulté le=3 mars 2021}}.</ref>, bien que très orné, est de taille modeste. Contrairement à la majorité des orgues en tribune, au fond des [[cathédrale]]s<ref group="°">La très grande majorité des orgues se situent en tribune, de l'autre côté de la façade du parvis.</ref>, il se situe dans la nef, en nid d’hirondelle, accroché à un mur intérieur, tout comme dans les cathédrales de [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|Chartres]] et de [[cathédrale Saint-Étienne de Metz|Metz]].

En [[1716]], [[famille Silbermann|André Silbermann]], alors au sommet de son art{{référence nécessaire}}, place l’un de ses plus beaux instruments dans la [[cathédrale]], possédant trois [[clavier (orgue)|claviers]], trente-neuf [[registre (clavier)|registres]] et environ {{unité|2200|[[tuyau]]x}}. Après quelques modifications au cours du {{s-|XIX}} et à la suite des dommages de [[guerre franco-allemande de 1870|guerre]] subis par la cathédrale en [[1870]], l’orgue est reconstruit par l’Allemand [[Heinrich Koulen]], en [[1897]]. Cette [[restauration (art)|restauration]] est qualifiée de « massacre » par les experts de l’époque{{référence nécessaire}}. L’orgue [[famille Silbermann|Silbermann]] est totalement perdu à cette occasion et la réputation de Koulen totalement ruinée{{référence nécessaire}}. En [[1935]], le [[facteur d'orgue|facteur]] [[strasbourg]]eois [[Edmond Alexandre Roethinger]] reconstruit l’orgue dans un style plus [[France|français]]{{référence nécessaire}}.

[[Fichier:La nef de la cathédrale de Strasbourg.jpg|vignette|gauche|redresse|L’orgue de profil.]]
Cet orgue reste jusqu’en [[1981]], date où il est reconstruit par [[Kern (facteur d'orgues)|Alfred Kern]], à partir de travaux de [[Michel Chapuis]]. Il s’agit de son dernier travail et également d’un de ses plus grands chefs-d’œuvre. L’orgue actuel compte trois claviers pour quarante-sept [[Liste des jeux d'orgue|jeux]] et est reconnu comme un très bon instrument. Le [[pendentif (architecture)|pendentif]] du [[orgue#Buffet|buffet]] de [[1385]] est remployé, ainsi que près de 250 tuyaux de l’orgue Silbermann de [[1716]] et le buffet de [[Friedrich Krebs|Frédéric Krebs]], datant de [[1491]].

Au bas de l’orgue, [[Samson]] est accompagné d’un [[lion]]. Non loin, un personnage articulé, curiosité de l’orgue Silbermann, les ''Rohraff'', étaient manipulés par l’[[organiste]], afin de maintenir la foule éveillée lors des longs [[sermon]]s, et notamment en injuriant le [[prêche]]ur{{référence nécessaire}}. On raconte que le prestigieux prêcheur de la [[cathédrale]], [[Jean Geiler de Kaysersberg]] — dont les [[os]] reposèrent un temps sous la [[Chaire (église)|chaire]] — en perdit son sang-froid, jaloux de l’attention que recevaient les grossiers pantins{{référence nécessaire}}.

La composition actuelle de l’orgue est la suivante :

{| border="0" cellspacing="0" cellpadding="10" style="border-collapse:collapse;"
| style="vertical-align:top" |
{| border="0"
| colspan=2 | '''I Positif de dos''' C–g{{exp|3}}
----
|-
|Montre || 8’
|-
|Bourdon || 8′
|-
|Prestant || 4′
|-
|Flûte || 4′
|-
|Nazard || 2{{exp|2}}/<sub>3</sub>′
|-
|Doublette || 2′
|-
|Tierce || 1{{exp|3}}/<sub>5</sub>′
|-
|Larigot || 1{{exp|1}}/<sub>3</sub>′
|-
|Cymbales || III rangs
|-
|Fournitures || III rangs
|-
|Trompette || 8′
|-
|Cromorne || 8′
|-
|Clairon || 4′
|-
|Tremblant
|-
| style="vertical-align:top" |
{| border="0"
| colspan=2 | '''II Grand Orgue''' C–g{{exp|3}}
----
|-
|Bourdon || 16′
|-
|Montre || 8′
|-
|Bourdon || 8′
|-
|Prestant || 4′
|-
|Nazard || 2’{{exp|2}}/<sub>3</sub>′
|-
|Doublette || 2′
|-
|Tierce || 1’{{exp|3}}/<sub>5</sub>′
|-
|Cornets || V rangs
|-
|Cymbales || III rangs
|-
|Grande Fourniture || II
|-
|Petite Fourniture || IV
|-
|{{1re}} Trompette || 8′
|-
|{{2e}} Trompette || 8′
|-
|Clairon || 4′
|-
|Voix Humaine || 8′
|-
|
|}
| style="vertical-align:top" |
{| border="0"
| colspan=2 | '''III Récit''' C–g{{exp|3}}
----
|-
|Bourdon || 8′
|-
|Salicional || 8′
|-
|Prestant || 4′
|-
|Doublette || 2′
|-
|Sifflet || 1′
|-
|Cornets || III rangs
|-
|Cymbales || III rangs
|-
|Trompette || 8′
|-
|Voix Humaine || 8′
|-
|Hautbois || 8′
|-
|
|}
| style="vertical-align:top" |
{| border="0"
| colspan=2 | '''Pédale''' C–f{{exp|1}}
----
|-
|Montre || 16′
|-
|Soubasse || 16′
|-
|Quinte || 10{{exp|2}}/<sub>3</sub>′
|-
|Flûte || 8′
|-
|Flûte || 4′
|-
| || 
|-
|Bombarde || 16′
|-
|Trompette || 8′
|-
|Clairon || 4′
|}
|}
|}L’instrument possède les accessoires suivants : [[Tirasse]] Grand Orgue, Tirasse Positif, Tirasse Récit, [[Accouplement (orgue)|Accouplement]] Récit/Grand Orgue et Positif/Grand Orgue. Il est muni d’une [[Traction mécanique (orgue)|traction mécanique]] suspendue. [[Diapason]] La {{Unité|440|Hz}}, tempérament égal.

==== Orgue de chœur ====
L’[[orgue]] de [[chœur (architecture)|chœur]] date quant à lui de [[1878]] et est l’œuvre de Joseph Merklin, [[facteur d'orgue|facteur d’orgue]] à [[Paris]], alors concurrent de [[Famille Cavaillé-Coll|Cavaillé-Coll]]. Il s’agit d’un instrument à trois [[clavier (orgue)|claviers]]<ref group="°">Après les modifications de [[Koenig (facteurs d'orgues)|Jean-Georges Kœnig]] en [[1976]] et de Daniel Kern en [[1989]].</ref>, construit pour suppléer le grand orgue Silbermann, alors mourant. Il est logé dans un [[buffet d'orgue|buffet]] de la maison Klem, à deux [[façade]]s.

==== Orgue de la crypte ====
[[Fichier:Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg orgue chapelle Saint-Laurent nov 2014.jpg|redresse|vignette|L’orgue de la chapelle Saint-Laurent.]]
L’orgue de la [[crypte]], œuvre de Gaston Kern, est inauguré le {{date-|5 avril 1998}}. Le buffet, en [[chêne]], présente trois [[Lexique de l'orgue#P|plates-faces]] en [[arc (architecture)|arc en plein-cintre]], afin de s’accorder avec le [[architecture romane|style roman]] de la [[crypte]]. Il n’y a pas de [[Claire-voie (architecture)|claire-voie]] et le sommet des tuyaux de [[Montre (orgue)|montre]] est apparent, présentant à chaque fois un [[dessin]] [[pyramide|pyramidal]].

==== Orgue de la chapelle Saint-Laurent ====
{{vide}}

=== Horloge astronomique ===
{{Article détaillé|Horloge astronomique de Strasbourg}}
[[Fichier:Strasbourg - 2016 (29898224361).jpg|vignette|redresse|L’[[Horloge astronomique de Strasbourg|horloge]] en 2016.]]
Construite durant le {{XVIe siècle}}, l’[[horloge astronomique]], [[chef-d'œuvre|chef-d’œuvre]] de la [[Art de la Renaissance|Renaissance]], est considérée à l’époque comme faisant partie des ''sept merveilles de l’[[Allemagne]]''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Astrid Gidoni|titre=Strasbourg naguère|sous-titre=1855-1945|éditeur=Payot|année=1979|passage=199|isbn=}}.</ref>. La [[légende]] prétend que le [[Magistrat de la ville de Strasbourg|Magistrat]]<ref group="°">Sous l'[[Ancien Régime]], la ville de [[Strasbourg]] est gouvernée par trois conseils et un [[ammestre]]. L'ensemble est appelé le ''[[Magistrat de la ville de Strasbourg|Magistrat]]'', avec une majuscule, pour le différencier d'un magistrat.</ref>, inquiet que le constructeur puisse construire ailleurs un ouvrage semblable, lui aurait crevé les [[œil|yeux]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Henri Bach|auteur2=Jean-Pierre Rieb|auteur3=Robert Wilhelm|titre=Les trois horloges astronomiques de la Cathédrale de Strasbourg|éditeur=Ronald Hirlé|année=1992|passage=13|isbn=}}.</ref>. Des [[automate mécanique|automates]] s’activent tous les jours à {{heure|12|30}}. Tous les quarts d’heures, il y a quatre âges de vie : le premier quart d’heure, c’est l’enfant qui fait le tour de l’horloge ; le deuxième quart d’heure, c’est l’homme jeune qui fait le tour ; le troisième quart d’heure, c’est l’homme mûr qui fait son tour et, au dernier quart d’heure, c’est le vieillard qui annonce sa mort et l’arrivée de l’enfant.

=== Cloches ===
{{article détaillé|Sonnerie de la cathédrale de Strasbourg}}
[[Fichier:Cloches (cathédrale de Strasbourg) 2.jpg|vignette|Cloches du beffroi.]]
La plupart des [[cloche]]s anciennes ont disparu à la [[Révolution française|Révolution]] et il n’en subsiste que le grand bourdon de 1427, la ''Zehnerglocke'' (« cloche de dix-heures ») de 1786 et les quatre cloches des heures coulées entre 1595 et 1787. Cette disparition a néanmoins été l’occasion de reconstruire une sonnerie de qualité, les cloches anciennes étant souvent difficile à accorder ensemble. Après un peu moins de deux siècles avec une sonnerie amoindrie, le projet de reconstruction de celle-ci est lancé en 1970. Il aboutit à la fonte de sept nouvelles cloches et au retrait de deux cloches mal accordées avec le reste, données à l’[[Église Saint-Pierre de Molsheim|église du Dompeter]]. Trois cloches s’y ajoutent encore en 1987, 1993 et 2004, puis quatre en 2015<ref name="Tar2010">{{Chapitre |nom1=Tarozzi|prénom1=Olivier |titre chapitre=Les cloches : la voix de la cathédrale |auteurs ouvrage=Joseph Doré, Francis Rapp, Benoît Jordan|titre ouvrage=Strasbourg : La grâce d’une cathédrale |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010 |isbn=9782716507165 |passage=311-322 }}.</ref>{{,}}<ref name="Tar2020">{{Chapitre |nom1=Tarozzi|prénom1=Olivier |titre chapitre=Le rythme des jours à travers les cloches de la cathédrale : le patrimoine campanaire de la cathédrale de Strasbourg |auteurs ouvrage=Christian Grappe (dir.)|titre ouvrage=La cathédrale de Strasbourg en sa ville : le spirituel et le temporel |lieu=Strasbourg |éditeur=Presses universitaires de Strasbourg |année=2020 |isbn=9782868207609|passage=52-66 }}.</ref>.

En 2020, la sonnerie de la cathédrale compte vingt cloches : dix dans le beffroi et six dans la tour de croisée, qui servent pour les sonneries liturgiques, ainsi que quatre cloches des heures dans la haute-tour. En dehors de la sonnerie des heures, la seule sonnerie civile est celle de la ''Zehnerglocke'' à 22h05, qui n’est conservée que pour des raisons traditionelles, son sens originel – signaler la fermeture des portes de la ville – n’ayant plus d’objet. Les sonneries liturgiques sont nombreuses et varient en fonction des fêtes et du [[temps liturgique]] : plus le jour et la période liturgiques sont importants et plus la sonnerie est riche en accords. Par exemple l’appel à la messe de 8h45 est joué par deux cloches les jours ordinaires de [[temps ordinaire]], trois les jours ordinaires de l’[[Avent]], cinq les jours ordinaires en période de [[solennité]] et six aux solennités de l’Avent. Il existe également de nombreuses sonneries particulières liées à des moments spécifiques ; par exemple la [[Prière pour la République française|messe pour la France]] est annoncé par une sonnerie Westminster, les grandes joies par le [[plénum]] et ainsi de suite<ref name="Tar2020"/>.

=== Tapisseries ===
{{Article détaillé|Scènes de la vie de la Vierge}}
La cathédrale abrite un ensemble de quatorze [[tapisserie]]s sur le thème de la vie de la Vierge réalisées entre 1640 et 1657 sur des cartons de [[Philippe de Champaigne]] et de [[Charles Poerson]] pour la [[cathédrale Notre-Dame de Paris]]. N’étant plus utilisées dans l’édifice parisien à partir du début du {{s-|XVIII}}, elles sont mises en vente en 1730 et achetées en 1739 par [[Armand de Rohan-Soubise]] pour la cathédrale de Strasbourg. S’y ajoutent seize [[Tapisserie d'Aubusson|verdures d’Aubusson]] datant du {{s-|XVIII}}, dont la provenance est incertaine, mais qui pourraient avoir à l’origine été destinées au Palais Rohan. Toutes ces tapisseries sont classées monuments historiques au titre des objets. L’ampleur de la collection et la fragilité des pièces ne permet toutefois pas leur exposition permanente dans la cathédrale, dans laquelle elles ne sont accrochées que ponctuellement, notamment au moment de Noël<ref>{{Chapitre |nom1=Toursel-Harster|prénom1=Dominique |titre chapitre=Les tapisseries |auteurs ouvrage=Joseph Doré (dir.), Francis Rapp (dir.), Benoît Jordan (dir.)|titre ouvrage=La Grâce d’une cathédrale : Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010|isbn=9782716507165 |passage=299-310}}.</ref>.

=== Trésor ===
[[Ermold le Noir]] décrit au {{s-|IX}} la richesse du trésor de la cathédrale de Strasbourg, qui disparaît cependant dans le pillage de la cathédrale réalisé par les soldats d’[[Hermann II de Souabe|Hermann II]] en 1002. Un nouveau trésor est constitué dans les siècles suivants, mais celui-ci est une nouvelle fois dispersé lors de l’introduction de la [[Réforme protestante|Réforme]] dans les années 1520. Du fait du peu de moyens dont dispose l’évêque de Strasbourg par la suite, le trésor n’est pas reconstitué avant l’annexion de Strasbourg par [[Louis XIV]] et le retour de la cathédrale au culte catholique, le roi y contribuant lui-même. L’essentiel de ce trésor est pillé à la [[Révolution française|Révolution]] et ce n’est qu’avec difficultés que le conseil de fabrique parvient à le repeupler par des acquisitions et des dons au cours des {{s2-|XIX|XX}}. Il en résulte que le trésor est essentiellement composé de pièces contemporaines, les quelques pièces antérieures à la Révolution ne provenant pas de la cathédrale mais ayant été acquises auprès d’autres églises<ref>{{Chapitre |nom1=Fritsch|prénom1=Emmanuel|nom2=Jordan|prénom2=Benoît |titre chapitre=Le trésor |auteurs ouvrage=Joseph Doré (dir.), Francis Rapp (dir.), Benoît Jordan (dir.)|titre ouvrage=La Grâce d’une cathédrale : Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010|isbn=9782716507165 |passage=326 }}.</ref>.

== Gestion et culte ==
[[Fichier:Mgr Pascal Delannoy par Claude Truong-Ngoc avril 2024.jpg|vignette|redresse|[[Pascal Delannoy]], archevêque de Strasbourg.]]
La [[Fondation de l'Œuvre Notre-Dame|Fondation de l’Œuvre Notre-Dame]], Œuvre à sainte Marie en 1224, Loge suprême du [[Saint-Empire romain germanique|Saint-Empire]] en 1459, continue sa vocation initiale de collecter des fonds pour la cathédrale mais a perdu celle de [[maître d'ouvrage|maître d’ouvrage]]. Ses collections sont exposées dans le [[musée de l'Œuvre Notre-Dame|musée de l’Œuvre Notre-Dame]], qui a été aménagé en 1931 dans le bâtiment qui lui sert de siège.

Depuis 1862, et son classement parmi les [[Monument historique (France)|monuments historiques]], toute intervention sur le bâtiment, [[Biens nationaux|propriété de l’état]] depuis [[Décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation|le 2 novembre 1789]] à travers le [[traité de Francfort]] du 10 mai 1871 transférant l’administration du [[Alsace-Lorraine|territoire d’Alsace Lorraine]] aux vingt cinq [[État fédéré|États fédérés]] de l’[[Empire allemand]], est sujette à l’approbation de l’[[architecte des bâtiments de France]].

Les [[Conseil de fabrique|fabriques d’Église]], institutions remontant au [[Bas Moyen Âge]], sont régies par le décret du {{date-|30 décembre 1809}}, complété et modifié à diverses reprises et, en dernier lieu, par le décret du 18 mars 1992<ref name="Accueil">{{lien web | url = http://www.archeveche-strasbourg.fr | titre = Église catholique en Alsace | site = archeveche-strasbourg.fr | date =  | consulté le = 26 janvier 2015}}.</ref>.

Elles sont des [[établissements publics du culte]], c’est-à-dire des [[établissement public (France)|établissements publics]], dotés de la [[personnalité juridique]] de [[droit public]], chargés de veiller à l’entretien des [[Lieu de culte|édifices cultuels]] et d’administrer les biens et revenus affectés à l’exercice du culte, en réglant les dépenses et en assurant les moyens d’y pourvoir<ref name="Accueil" />.

La fabrique est gérée par un [[Conseil de fabrique]] dont la composition est publique, celui de la cathédrale de Strasbourg étant le suivant (octobre 2012) :
* [[Pascal Delannoy]], [[archevêque]] de Strasbourg, président du conseil de fabrique ;
* chanoine Didier Muntzinger [[archiprêtre]]<ref name=":0">{{Lien web |langue=FR-fr |titre=Didier Muntzinger nouvel archiprêtre de la cathédrale de Strasbourg |url=https://www.dna.fr/societe/2021/08/16/didier-muntzinger-nouvel-archipretre-de-la-cathedrale-de-strasbourg |site=www.dna.fr |date=16 août 2021 |consulté le=2021-08-16}}.</ref> ;
* chanoine Aloyse Kieffer ;
* chanoine Édouard Vogelweith, [[trésorier]] ;
* chanoine Bernard Xibaut, secrétaire ;
* Georges Schlosser, {{page h'|Intendant|intendant}} du Munsterhof ;
* Patrice Schieber, ancien président du [[Directoire (entreprise)|directoire]] de Vedette Industries ;
* Francis Spitzer, ancien [[Préfet (France)|préfet]] de [[Saint-Pierre-et-Miquelon]] ;
* Jean Haeringer, délégué régional du patrimoine à la [[Fondation du patrimoine]] ;
* Albert Rosenstiehl, avocat, consul honoraire de [[Grèce]], président de l’association du [[Souvenir napoléonien]] ;
* [[Roland Ries]], ancien maire de Strasbourg.

Les ressources de la fabrique sont le produit des quêtes, celui des lumignons, la location des salles du Munsterhof et la taxe sur l’accès à l’[[horloge astronomique de Strasbourg|horloge astronomique]] à midi.

Les dépenses de la fabrique sont notamment les salaires de l’intendant, des gardiens, etc., le chauffage en hiver, l’éclairage, le dispositif de sécurité sous alarme, l’entretien des cloches, des orgues et de l’horloge astronomique.

=== Culte ===
En tant qu’église diocésaine, la cathédrale accueille en particulier les cérémonies dont l’importance et la portée dépassent le cadre paroissial, par exemple les [[Ordre (sacrement)|ordinations]] des prêtres. Y sont également célébrées, avec une ampleur particulière, les temps forts de l’[[Calendrier liturgique romain|année liturgique]], comme la [[messe de minuit]] et celle de [[Messes de Noël|Noël]], la [[Semaine sainte]], [[Pâques]], etc. Elle sert par ailleurs de cadre chaque dimanche précédant le {{date-|14 juillet}} à la messe pour la France, pendant laquelle est dite la [[prière pour la République française]], liée au maintien en [[Alsace-Moselle]] du [[concordat de 1801]], ainsi que, en novembre, à une messe pour le [[Maréchal Leclerc]] célébrant la [[libération de Strasbourg]] en 1944{{sfn|Musser|2010|p=345}}.

Cependant, la cathédrale de Strasbourg n’est pas seulement le siège de l’archevêque, il s’agit également de l’église de la paroisse Saint-Laurent, qui recouvre approximativement le centre-ville de Strasbourg. La paroisse est placée sous la responsabilité d’un [[archiprêtre]], le chanoine Didier Muntzinger (depuis août 2021)<ref name=":0" />, assisté d’un [[conseil pastoral]] d’environ quinze membres.

En 2006, le culte paroissial prend la forme de trois eucharisties par jour en semaine et cinq le dimanche, ces dernières rassemblant en tout environ trois mille fidèles. S’y ajoutent la célébration des différents [[sacrement]]s et [[Sacramental|sacramentaux]], notamment [[Baptême catholique|baptêmes]], [[Mariage catholique|mariages]], [[enterrement]]s, [[Communion solennelle|communion]] et [[confirmation]]. La paroisse est également le siège de différents groupes d’étude et de pratique: groupe biblique, [[Mouvement eucharistique des jeunes]], [[Congrégation mariale]] des hommes, etc.{{sfn|Musser|2010|p=346}}

== Enjeux politiques ==
La cathédrale est érigée dès le {{s-|XIII}} en symbole de la municipalité, sur le sceau de laquelle elle apparaît{{sfn|Bischoff|2020|p=71-72}}. À ce titre son programme iconographique n’est pas seulement religieux, il est également politique, au service du récit municipal, avec par exemple le programme de la façade honorant [[Rodolphe de Habsbourg]], qui a élevée la ville à l’indépendance contre son évêque{{sfn|Bischoff|2020|p=72}}. Après l’annexion française elle devient un symbole royal : [[Louis XIV]] se fait représenter à la suite de Rodolphe {{Ier}} et y introduit le baroque français par l’intermédiaire notamment d’un baldaquin monumental en forme de couronne royale{{sfn|Bischoff|2020|p=72-73}}. Contrepoint de cette affirmation royale, au moment de la Révolution française, elle sert à exalter les nouvelles valeurs où prêche [[Euloge Schneider]] avant sa conversion en [[Temple de la Raison]] décoré de symboles libertaires et exhibant le bonnet phrygien au sommet de sa flèche{{sfn|Bischoff|2020|p=74-75}}.

L’escalade de la rivalité franco-allemande fait de la cathédrale un enjeu pour les deux pays et elle apparaît largement dans les supports de communication à partir de 1870. La propagande française l’érige en martyr victime de la « barbarie prussienne » après le bombardement de 1870, puis en symbole des provinces perdues à libérer de « l’occupant », à la fois après 1870 et après 1940. C’est ainsi la cathédrale que [[Philippe Leclerc de Hauteclocque|Philippe Leclerc]] fixe à ses soldats comme objectif ultime à la [[bataille de Koufra]] et sur celle-ci que le drapeau français est hissé dès l’entrée des Français dans la ville le {{date-|23 novembre 1944}}.{{sfn|Bischoff|2020|p=77-78, 80}}. De son côté, la propagande allemande en fait un symbole du « génie allemand » et de la « germanité de l’Alsace », qui légitime par son existence la possession de la région par l’Allemagne. C’est dans cet esprit que d’autres statues d’empereurs allemands sont ajoutées à la façade après 1870, {{refsou|puis l’aigle du Reich après 1940, tandis que la représentation de Louis XIV est retirée}} ; sur les affiches, elle est à débarrasser du « fatras français »{{sfn|Bischoff|2020|p=72, 79-80}}.

== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Sabine |nom1=Bengel |prénom2=Marie-José |nom2=Nohlen |prénom3=Stéphane |nom3=Potier |titre=Bâtisseurs de cathédrales |sous-titre=Strasbourg, mille ans de chantier |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |collection=La grâce d’une cathédrale |année=2014  |pages totales=275 |isbn=978-2-8099-1251-7}}.
* {{ouvrage |nom1=Beyer|prénom1=Victor |nom2=Wild-Block|prénom2=Christiane |nom3=Zschokke|prénom3=Fridtjof |nom4=Lautier |prénom4=Claudine | responsabilité4=collaboration| titre=Les vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg | éditeur=Éditions du CNRS | lieu=Paris | année=1986 | pages=599 | isbn=2-222-03173-7 | collection=Corpus vitrearum - France IX-1}}
* {{ouvrage | auteur=Victor Beyer | titre=Les vitraux de l'ancienne église des Dominicains de Strasbourg | éditeur=Presses universitaires de Strasbourg | lieu=Strasbourg | année=2007 | pages=191 | isbn=978-2-86820-357-1 | collection=Corpus vitrearum - France IX-2}}
* {{Chapitre |nom1=Bischoff|prénom1=Georges |titre chapitre=La liberté d’une cathédrale : les enjeux politiques d’un lieu de mémoire |auteurs ouvrage=Christian Grappe (dir.)|titre ouvrage=La cathédrale de Strasbourg en sa ville : le spirituel et le temporel |lieu=Strasbourg |éditeur=Presses universitaires de Strasbourg |année=2020 |isbn=9782868207609|passage=69-85 }}. 
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Joseph |nom1=Doré |prénom2=Francis |nom2=Rapp |lien auteur2=Francis Rapp|prénom3=Benoît |nom3=Jordan |titre=Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |collection=La grâce d’une cathédrale |année=2010  |pages totales=511 |isbn=9782716507165 }}
* {{article | auteur=Cécile Dupeux | titre=Strasbourg. Acquisition d'un dessin d'architecture de la haute-tour de la cathédrale | périodique=Bulletin monumental | tome=181 | numéro=3 | date=2023 | passage=250-252 }}
* {{Chapitre |nom1=Jordan|prénom1=Benoît|nom2=Lehni|prénom2=Roger |titre chapitre=Un monument en constante évolution |auteurs ouvrage=Joseph Doré (dir.), Francis Rapp (dir.), Benoît Jordan (dir.)|titre ouvrage=La Grâce d’une cathédrale : Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010|isbn=9782716507165 |passage=127-130 }}. 
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Philippe |nom1=Meyer |titre=La cathédrale de Strasbourg|sous-titre=La cathédrale romane 1015-vers 1180|lieu=Strasbourg |éditeur=Société des amis de la cathédrale de Strasbourg |année=1998 |lire en ligne=https://www.numistral.fr/ark:/12148/bpt6k97499846 }}
* {{Chapitre |nom1=Meyer|prénom1=Jean-Philippe |titre chapitre=Un chantier de mille ans : de l’ère pré-romane à la reconstruction du transept |auteurs ouvrage=Joseph Doré (dir.), Francis Rapp (dir.), Benoît Jordan (dir.)|titre ouvrage=La Grâce d’une cathédrale : Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010|isbn=9782716507165 |passage=29-41 }}. 
* {{Chapitre |nom1=Musser|prénom1=Joseph |titre chapitre=Une année à la cathédrale |auteurs ouvrage=Joseph Doré (dir.), Francis Rapp (dir.), Benoît Jordan (dir.)|titre ouvrage=La Grâce d’une cathédrale : Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010|isbn=9782716507165 |passage=345-348 }}. 
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Francis |nom1=Rapp |titre=Histoire des diocèses de France : Strasbourg|lieu=Paris |éditeur=Beauchesne |année=1997 |lire en ligne=|isbn=978-2701001944|id=Rapp1997}}.
* {{Chapitre |nom1=Rapp|prénom1=Francis |titre chapitre=Le chantier à l’heure de la Réforme |auteurs ouvrage=Joseph Doré (dir.), Francis Rapp (dir.), Benoît Jordan (dir.)|titre ouvrage=La Grâce d’une cathédrale : Strasbourg |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2010|isbn=9782716507165 |passage=73-84 }}.
* {{Chapitre |nom1=Tarozzi|prénom1=Olivier |titre chapitre=Le rythme des jours à travers les cloches de la cathédrale : le patrimoine campanaire de la cathédrale de Strasbourg |auteurs ouvrage=Christian Grappe (dir.)|titre ouvrage=La cathédrale de Strasbourg en sa ville : le spirituel et le temporel |lieu=Strasbourg |éditeur=Presses universitaires de Strasbourg |année=2020 |isbn=9782868207609|passage=52-66 }}. 
* {{Chapitre |langue=fr |nom1=Xibaut |prénom1=Bernard |titre chapitre=A-t-il existé un quartier cathédral à Strasbourg et sous quelle forme ? |auteurs ouvrage=Christian Grappe (dir.) |titre ouvrage=La cathédrale de Strasbourg en sa ville : le spirituel et le temporel |lieu=Strasbourg |éditeur=Presses universitaires de Strasbourg |année=2020 |isbn=978-2-86820-760-9 |passage=31-37 }}.

=== Articles connexes ===
{{Autres projets
| commons = Category:Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
}}
* [[Fondation de l'Œuvre Notre-Dame|Fondation de l’Œuvre Notre-Dame]]
* [[Société des amis de la cathédrale de Strasbourg]]
* [[Liste des architectes de la cathédrale de Strasbourg]]
* [[Collection des plans et dessins du Moyen Âge de l’Œuvre Notre-Dame]]
* [[Liste des cathédrales catholiques romaines de France]]
* [[Liste des monuments historiques de Strasbourg]]
* [[Liste des églises les plus hautes]]
* [[Liste des plus hautes voûtes d'église]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{vidéo}} [[Bruno Aguila]] et Denis Becker, [https://www.youtube.com/watch?v=qdMqKMMSPu0 ''La Leçon de cathédrale''], France Télévisions, sur [[YouTube]], 2011, {{heure||52|durée=oui}}.
* {{vidéo}} [https://www.lejourduseigneur.com/videos/le-defi-des-batisseurs-de-marc-jampolsky-extrait-395 ''Le défi des bâtisseurs : La cathédrale de Strasbourg''] (extrait), Marc Jampolsky, Le Jour du Seigneur

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe="°"}}

=== Références ===
{{Références nombreuses}}

{{Succession/Début|titre=Les plus hautes structures du monde toutes catégories confondues ([[gratte-ciel]], …)|étatboîte=collapsed}}
{{Succession/Ligne|couleur1=#FF6455|couleur3=#FF6455|icone=
  |nom=Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
  |avant=[[Église Sainte-Marie de Stralsund]], [[Stralsund]], [[Allemagne]]
  |après=[[Église Saint-Nicolas de Hambourg]], [[Hambourg]], [[Allemagne]]
  |période=[[1647]]-[[1874]]}}
{{Succession/Fin}}

{{Palette|Cathédrale de Strasbourg|Églises de Strasbourg|Cathédrales en France}}
{{Portail|architecture chrétienne|catholicisme|orgue|monuments historiques|Strasbourg}}

{{CLEDETRI:StrasbourgCathédraleNotreDame}}
[[Catégorie:Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg| ]]
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[[Catégorie:Monument historique classé en 1862|CathédraleStrasbourg]]
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[[Catégorie:Cathédrale dans le Bas-Rhin]]
[[Catégorie:Immeuble de grande hauteur de Strasbourg|CathédraleStrasbourg]]
[[Catégorie:Grande Île de Strasbourg|CathédraleStrasbourg]]
[[Catégorie:Bâtiment restauré par Eugène Viollet-le-Duc|CathédraleStrasbourg]]
[[Catégorie:Édifice représenté sur une pièce de monnaie|CathédraleStrasbourg]]