Anticyclone mobile polaire

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L'anticyclone mobile polaire (AMP) est une hypothèse controversée, que le facteur premier du temps, sous les latitudes tempérées dépend essentiellement des descentes d'air froid et sec polaire, et que c'est le mouvement de ces masses d'air, appelées AMP, qui produit ensuite les mouvements des dépressions. Il a été inventé par le géographe et climatologue Marcel Leroux.

Cette théorie n'a pas reçu l'adhésion de toute la communauté scientifique, et a suscité de nombreuses controverses. Elle n'a jamais été mise en pratique dans la prévision du temps, même par ses adeptes.

Définition

L'anticyclone mobile polaire (AMP) a été inventé et défendu par le géographe et climatologue, Marcel Leroux. Ce chercheur a constaté une distorsion entre les hypothèses et modèles descriptifs de l'atmosphère développés avant l'arrivée des satellites d'observation météorologique et leur réalité connue d'aujourd'hui. Les nuages sur ces images satellitales s'éloignent de la position des fronts classiques. Selon la « théorie norvégienne » le phénomène qui déferle en produisant l’évolution du temps serait la dépression à laquelle sont associés ces fronts.

Ce chercheur pose alors comme hypothèse que le facteur premier du temps qu'il fait sous les latitudes tempérées dépend essentiellement des descentes d'air froid et sec polaire, et que c'est le mouvement de ces masses d'air, appelées de l'acronyme AMP, qui induit ensuite les mouvements aérologiques des dépressions. Pour sa théorie, ce n’est pas la dépression qui est motrice mais « l’anticyclone » au sens de lieu de forte pression (relative et non par rapport à une valeur standard). En effet, un air plutôt froid, car venant des régions polaires, se dirigeant vers les latitudes intertropicales, est plus dense, plus "massif"; ce qui lui confère une relative prédominance au contact avec des masses d’air plus "réchauffées", moins denses, plus instables, de surcroît chargées d’humidité, ce qui accroît leurs instabilités.

Selon cette théorie, l'AMP est un « météore » au sens de phénomène observable dans l'atmosphère : nuages, orage, halo, arc-en-ciel, trombe, aurore boréale, faux-soleil, cumulo-nimbus, etc. L'AMP est ainsi formé d’une masse d'air d'une taille de l’ordre d’une fraction d’hémisphère terrestre, pouvant s'étendre sur plusieurs milliers de kilomètres, avec une forme qui a souvent été qualifiée de lenticulaire, mais qui se rapproche plutôt de la forme que prend une masse de fluide (gaz ou liquide) lors d'une turbulence avec une figure caractéristique.

Un AMP est donc une masse d'air froid dense éjectée du pôle, sa grande masse serait expliqué par la Force de coriolis[évasif]. Les AMP seraient selon cette théorie la source d'alimentation principale des anticyclones sub-tropicaux, tel que l'anticyclone des Açores, par une accumulation de flux venant du pôle. Ainsi les AMP seraient le facteur explicatif premier du temps et du climat des zones tempérées.

Utilisation

Selon M. Leroux, l'étude détaillée des événements climatiques permettrait de reconnaître au travers des paramètres météorologiques (température, pression, humidité, vitesse et direction du vent) les preuves statistiques et synoptiques de la réalité de ces masses d'air et de leur importance pour expliquer l'évolution du temps et du climat. Le modèle des AMP permettrait de mieux comprendre comment s'établissent les grands équilibres énergétiques à l'échelle globale, comme l'équateur météorologique, les moussons, les alizés, la force des tempêtes ou des cyclones. Cependant, cette analyse n'a pas été faite.

Une théorie générant des controverses

Ce modèle remettrait selon son auteur en cause le réchauffement climatique et même les fondements de la climatologie moderne. Il mettrait, selon son auteur, en évidence les lacunes des modèles explicatifs classiques reconduits sur plusieurs générations et utilisées par les plus grandes institutions météorologiques cautionnant uniquement leur approche par les méthodes dites de l'analyse numérique sans en renouveler ou même discuter les prémisses[1].

Ce concept a été critiqué pour plusieurs raisons :

  • le fait que ce concept soit censé remplacer ceux autour du front polaire, plutôt que de le compléter ;
  • le peu d'utilité des concepts descriptifs dans la prévision du temps, comme l'auteur le reconnaît lui-même ;
  • corollaire, l'absence de mise en pratique du concept dans une prévision météorologique même amateur (que l'auteur annoncerait pourtant meilleure que celle des modèles).
  • d'un point de vue plus pratique, l'impossibilité d'intégrer les images satellitaires utilisées par Leroux (données de réflectance dans diverses longueurs d'onde, sans indication d'altitude) dans les modèles (dont les conditions aux limites sont des grandeurs physiques telles que température, pression et humidité en fonction de l'altitude, qui peuvent être issues d'observations instrumentales satellitaires, mais pas extraites des images).
  • Le deuxième point majeur est que la théorie des AMP ne constitue pas une alternative à la compréhension moderne des instabilités météorologiques ayant fait l'objet de centaines de travaux publiés depuis les articles fondateurs de Charney et Eady en 1949-1950. Ces travaux démontrent que la descente d'air polaire observée est une conséquence et pas la cause du développement de la perturbation. Voir par exemple l'étude de Davies, Schär et Wernli où ceci est clairement visualisé[3]. La force centrifuge qui selon Leroux explique l'éjection de l'air froid est simplement ineffective : elle est compensée par l'aplatissement de la Terre aux pôles et incorporée dans la gravité apparente locale à laquelle est perpendiculaire la surface du géoïde de référence (la surface moyenne des océans). Elle ne peut donc mouvoir l'air selon l'horizontale et en latitude.

Réfutation des critiques

  • Le fait que le concept AMP remplace avantageusement le Front Polaire provient de l'observation de la continuité de circulation dans les basses couches des pôles jusqu'à l'équateur météorologique[4].
  • Le concept AMP fondé sur l'observation et les données satellitaires et non sur les modèles, par définition explique parfaitement[Comment ?] la succession des événements météorologiques qui marquent le passage des anticyclones mobiles polaires et devrait donc être un outil utilisable en prévision[5] (ce qui n'a cependant jamais été mis en pratique).
  • Leroux sait que les modèles sont fondés sur les équations fondamentales (mouvement, gaz parfaits, etc.) contrairement à ce qu’annonce la première critique "majeure"[6].
  • Le concept AMP a fait l'objet d'une publication en 1993 dans une revue à comité de lecture[7].
  • L’expérience FASTEX “Fronts and Atlantic Storms Track Experiment” a démontré l’existence d’un précurseur dans les basses couches[8], une conclusion d’ailleurs opposée à la suprématie des phénomènes d’altitude que les auteurs favorisaient et espéraient démontrer par l’expérience comme l’atteste leur manifeste[9]. Un historique de cet épisode peut être lu ici.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. a et b (fr) Marcel Leroux, « D - Le plagiat par Météo-France du modèle AMP de circulation générale », L'AMP et la Météo, Université Jean-Moulin (consulté le )
  2. (fr) Service météorologique du Canada, « Prévisions numériques opérationnelles », Bureau météo, Environnement Canada, (consulté le )
  3. Davies, Schär et Wernli, The palette of fronts and cyclones within a baroclinic wave development, Journal of the Atmospheric Science, 1991, 48, 1666-1689
  4. Marcel Leroux, The Mobile Polar High: a new concept explaining present mechanisms of meridional air-mass and energy exchanges and global propagation of palaeoclimatic changes, Global and Planetary Change, 7, pp. 69-93, Elsevier Science Publishers B V, Amsterdam, 1993
  5. Marcel Leroux, La Dynamique du Temps et du Climat, Dunod 2e édition, 2000, page 121, Figure 31
  6. Marcel Leroux, La Dynamique du Temps et du Climat, Dunod 2e édition, 2000, page 5
  7. Marcel Leroux, The Mobile Polar High: a new concept explaining present mechanisms of meridional air-mass and energy exchanges and global propagation of palaeoclimatic changes, Global and Planetary Change, 7, 69-93 Elsevier Science Publishers B V, Amsterdam, 1993
  8. Arbogast et Joly (1997) Identification des précurseurs d’une cyclogenèse, C.R. Acad. Sciences, Paris. 1998, 326, p. 227-230
  9. Chalon et Joly (1996). FASTEX : un programme d’étude des tempêtes atlantiques et des systèmes nuageux associés. La Météorologie, No. 16, p. 41-47