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L’'''albergement''' est un contrat féodal par lequel un paysan {{incise|tenanciers libres ou serfs albergataires<ref name="Leguay"/>}} recevait d'un seigneur une terre pour une longue période moyennant une redevance annuelle, appelée ''introge''<ref>{{ouvrage|langue=Fr|prénom1=Henri|nom1=Baud|lien auteur1=Henri Baud|prénom2=Jean-Yves|nom2=Mariotte|lien auteur2= Jean-Yves Mariotte |titre= Histoire des communes savoyardes|sous-titre= Le Chablais |éditeur= Éditions Horvath |lien éditeur=|lieu=|année=1980|pages totales=422 |passage=411|isbn= 978-2-7171-0099-0 |lire en ligne=|consulté le=}}.</ref>{{,}}<ref name="Leguay">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thérèse|nom1=Leguay|prénom2=Jean-Pierre|nom2=Leguay|lien auteur2=Jean-Pierre Leguay (historien)|titre=Histoire de la Savoie |éditeur=Éditions Jean-paul Gisserot|lieu=Paris|année=2005|pages totales=128|passage=42-43|isbn=978-2-8774-7804-5}}.</ref>. Cette forme de [[Tenure (féodalité)|tenure]] était l'équivalent d'une location ou [[bail emphytéotique]] ou ''emphytéose''<ref name="Nègre">{{Ouvrage|prénom1=Ernest|nom1=Nègre|lien auteur1=Ernest Nègre|titre=Toponymie générale de la France|éditeur=Librairie Droz|lieu= Genève|volume=3|titre volume= Formations dialectales (suite) et françaises : étymologie de 35000 noms de lieux |année=1998|pages totales= | passage = 1483|lire en ligne=|consulté le=mars 2014}}.</ref>. 

Ce terme était essentiellement utilisé au Moyen Âge dans le [[Dauphiné]] et en [[Savoie]]<ref>{{Ref-Dico-Gros|page=24}}</ref>. Les bénéficiaires d'un albergement pouvaient être appelés les « albergers ».

== Étymologie ==
L'historien [[Pierre Duparc]] note, dans son article « Les tenures en hébergement et en abergement », que les deux termes sont apparus tous deux au plus tôt vers le {{s-|XI}}, trouvant leur formation dans les verbes « heberger - esbergier » et « haberger - abergier »<ref>{{harvsp|Duparc 1964 |p=5}}.</ref>. La racine de ces mots est germanique avec un sens de « loger » ou « camper »<ref name="Duparc p.6">{{harvsp|Duparc 1964 |p=6}}.</ref>. Ces mots connaîtront un certain nombre de dérivés selon les régions et notamment dans le sud-est où il prendra la forme de « albergum » et notamment le « sens de maison, famille, [[Tenure (féodalité)|tènement]] et même de [[fief]], [[seigneurie]] »<ref name="Nègre"/>{{,}}<ref name="Duparc p.7">{{harvsp|Duparc 1964 |p=7}}.</ref>.

Les historiens et époux Leguay indiquent que le terme d'« albergement » se distingue de celui de « [[Abergement (droit féodal)|abergement]] » ou « hostice »<ref name="Leguay"/>. Il semble être l'équivalent d'''albergum'' mais avec un « sens d'exploitation ou de famille » comme en Savoie ou en Suisse<ref name="Duparc p.7"/>. Le comtois, Théophile Perrenot, publie en 1942 un livre sur ''La toponymie burgonde'' dans lequel il indique : « Hariberga (...). En Burgondie, le mot est devenu ''abergamentum'', puis ''abergement'', ''albergement'', fréquent dans le Doubs, le Jura, la Côte-d'Or, l'Ain, la Suisse romande »<ref name="Duparc p.6"/>.

== Sens dérivé ==
En [[Savoie]], l'albergement avait aussi un autre sens<ref name="Lazard">[[Madeleine Lazard]] dans ''Les avenues de Fémynie'', éd. Fayard, [[2001 en littérature|octobre 2001]], 419 pages</ref>, il désignait une coutume qui dans la société paysanne donnait faculté aux jeunes filles d'accueillir (''alberger'') dans leur lit un garçon de leur choix venu leur rendre visite un samedi ou jour de fête, le consentement parental étant très généralement acquis. S'en remettant à la loyauté de leurs partenaires, elles devaient garder leur chemise et (en principe) exiger la promesse que serait respectée leur vertu<ref name="Vernus">{{ouvrage|langue=Fr|prénom1=Michel|nom1=Vernus |lien auteur1=|titre= Mariages et noces d'autrefois : histoires, rites et traditions |éditeur= Éditions Cabédita |lien éditeur= Éditions Cabédita |lieu=|année=2002|pages totales=156|passage=28-30|isbn=|lire en ligne=|consulté le=mars 2014}}.</ref>.

Dans ce sens, l'« albergement » a la même racine que les termes « hébergement » et « auberge » dans le sens « maison ». 

Des usages similaires avaient cours notamment en Bresse (« taboulage »<ref name="Vernus"/>), dans le pays de [[Montbéliard]]<ref name="Vernus"/>, dans le pays de [[Vaud]], dans le [[Marais vendéen]] (« [[maraîchinage]] »), en [[Suisse]] alémanique (''[[Kiltgang]]''<ref name="Vernus"/>) et plus généralement dans les pays allemands<ref group="Note">À l'époque de la Renaissance, l'écrivain [[Noël du Fail]] rapporte que {{citation|en Allemagne [...] les garçons et les filles sont couchez ensemble sans note d'infamie, et les parens, interrogez sur les articles de telles privautez, respondent : "''Caste dormiunt,'' c'est jeu sans vilenie, et là se préparent et commencent de très bons et heureux mariages"}}, cité par [[Scarlett Beauvalet]], dans son ''Histoire de la sexualité à l'époque moderne'' (2010), <small>[https://books.google.fr/books?id=45rXq2ap3SMC&pg=PT122 Lire en ligne]</small>.</ref> et [[Scandinavie|scandinaves]]<ref>[[Scarlett Beauvalet]], ''Histoire de la sexualité à l'époque moderne'', éd. Armand Colin, [[2010 en littérature|2010]], 320 pages.</ref>. 

Pour ce qui est de l'« albergement » savoyard, l'Église catholique en fit un motif d'[[excommunication]]<ref name="Lazard"/> en [[1609]], mais il fallut encore deux siècles avant qu'il soit définitivement éradiqué, au début du {{s-|XIX}}<ref>Robert Wheaton et Tamara K. Hareven, ''Family and Sexuality in French History'', University of Pennsylvania Press (1998), {{ISBN|978-0-8122-1669-1}}</ref>.

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* {{article|langue=|prénom1=Pierre|nom1=Duparc|lien auteur1=Pierre Duparc|titre= Les tenures en hébergement et en abergement |périodique= Bibliothèque de l'École des chartes |lien périodique=Bibliothèque de l'École des chartes|volume=122|numéro=122|jour=|mois=|année=1964|pages=(-88|issn=|url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1964_num_122_1_449668|consulté le=mars 2014|id=Duparc 1964}}
* ''Abergement de Guillaume de la Sarraz en faveur de Jean Secrestain, d'Orny, du {{date-|15 février 1454}}'' (transcrit de l'original latin par Louis Junod et trad. en français par Roger Grand), [Lausanne] : [s. n.], [1951].

=== Articles connexes ===
* [[Amodiation]]
* [[Amodiateur]]

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|taille=|groupe=Note}}

=== Références ===
{{Références}}

{{Portail|Moyen Âge|droit|Histoire de Savoie|Dauphiné}}
[[Catégorie:Droit seigneurial]]
[[Catégorie:Histoire de la Savoie]]