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Sujet sur Discussion utilisateur:D Cat laz

Wagner ne dit pas que Couturat a introduit une confusion

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Dominic Mayers (discutercontributions)

La phrase

« Selon Pierre Wagner[1], Couturat introduit une première confusion entre théorie de la connaissance et philosophie des sciences[2], cette évolution n'étant pas sans conséquence[3]. »

n'est pas du tout vérifiable. Elle dit quasiment l'opposé de la source. Wagner explique très clairement que c'est nous, rétrospectivement, qui sommes confus en lisant Couturat. À la page 39 avant de citer Coururat, il écrit

« Or les explications données par Couturat nous semblent, rétrospectivement, introduire plus de confusion que de clarté ... »

La dernière phrase de la citation de Couturat est:

« En résumé, l'Épistémologie est la théorie de la connaissance appuyée sur l'étude critique des Sciences, ou d'un mot, la Critique telle que Kant l’a définie et fondée. »

Après la citation, à la page 40, il explique de nouveau:

« La dernière phrase explique l'impression de confusion qui se dégage de ce texte pour nous qui le lisons après plus de cent ans: dans le contexte néo-kantien, la théorie de la connaissance se constitue dans une étude critique des sciences, c’est-à-dire une étude qui recherche les conditions de possibilité des connaissances scientifiques. »

Wagner explique ci-dessus que Couturat n'est pas du tout confus. C'est vraiment la situation qui prévalait dans le déclin de la période néo-kantienne marquée par la philosophie analytique de Russell. Ce n'était pas le début d'une confusion.. Ce n'est que beaucoup plus tard que l'épistémologie anglaise s'est tourné vers la connaissance ordinaire. Il faut attendre la fin du positivisme logique avec les critiques de Malcolm, Woozley, etc. pour cela. C'est ce qu'explique l'historien Verhaegh dans la référence que je t'ai donnée.

Il y a un autre problème dans cette phrase: l'extrait « cette évolution n'est pas sans conséquence » fait référence à « Ces circonstances seraient purement anecdotiques si elles n'avaient des conséquences philosophiques d'importance » à la page 41, mais il est question d'un texte de l'Encyclopedia Britannica qui, selon Wagner, fait référence à l'opposition entre le sens français et le sens anglais. Voici le texte au complet

« On sait que Bachelard ... un usage typiquement français du mot « épistémologie », qui rompt alors avec le sens d'epistemology en anglais, pour se confondre avec la philosophie des sciences. D'où l'avertissement que l'on trouve dans l'Encyclopaedia Britannica, à l'entrée epistemology. Après avoir défini ce terme comme « l'étude de la nature et de la validité de la connaissance », l’auteur de l’article juge utile d'ajouter:

« le but de cet article n’est pas de considérer ce que l’on appelle habituellement la philosophie des sciences (bien que ce soit ce que connote parfois «épistémologie» dans la philosophie continentale). »

Ces circonstances seraient purement anecdotiques si elles n'avaient des conséquences philosophiques d'importance. »

Bref, lorsque Wagner parle de "cette évolution", il ne parle pas du texte de Couturat, mais de ce qui a suivit par après. Avant tout cela, à la page 38, il écrit

« Nous allons voir que cette suite de traductions n’a pas manqué d'entraîner, ultérieurement, toute une série de confusions. »

Le mot « ultérieurement » n'est pas inutile ici. Il ne l'a pas ajouté seulement pour alourdir la phrase. Je me répète, mais Verhaegh explique que c'est après le déclin du positivisme logique que l'epistemology a fait l'analyse de la connaissance à l'aide de cas ordinaires. Wagner ne le dit pas explicitement, mais Verhaegh est très clair. De même, la traduction en français par Couturat n'a pas immédiatement amené un changement de la signification. Il faut attendre Bachelard, si j'ai bien compris Wagner, avant que le sens français se sépare encore plus de son côté du sens anglophone.

  1. Wagner 2002.
  2. Wagner 2002, p. 39.
  3. [[#Wagner2002|Wagner 2002]], p. 41.
D Cat laz (discutercontributions)

OK, je vais voir comment on peut reformuler, effectivement ça ne dit pas exactement la même chose.

Dominic Mayers (discutercontributions)

Tu es moins catégorique que je le suis. Je dis « quasiment l'opposé » alors que tu dis « pas exactement la même chose » Émoticône sourire. Je pense comprendre la raison pour cela: le texte de Couturat amène vraiment une forte impression de confusion pour certains français. L'expérience subjective pour ces français est que c'est Couturat qui créé la confusion. Wagner montre de la sympathie envers eux. Oui, c'est très bien, mais il est aussi très important qu'il soit clair que le texte de Couturat décrit très bien la situation de l'époque.

Cette impression de confusion est possiblement en partie causée par une confusion actuelle chez les wikipédiens français (et peut-être dans certaines sources) en rapport à l'expression « connaissance générale ». Bachelard, dans le chapitre La connaissance générale comme obstacle à la connaissance scientifique de son livre LA FORMATION de l’esprit scientifique, dit (sans utiliser ces termes) que la philosophie de la science anglo-saxonne n'est pas vraiment de la philosophie de la science, mais, au contraire, un obstacle à la connaissance scientifique. Il est très clair que dans ce chapitre Bachelard critique la recherche d'une "connaissance générale" du positivisme logique, mais cela était une critique de la philosophie de la science anglo-saxonne de l'époque. Il semble que la notion bachelardienne qui dit que les anglo-saxons de la philosophie analytique s'intéressaient à la connaissance générale alors qu'en France l'épistémologie a vraiment porté sur les sciences est étrangement vue comme opposé au texte de Couturat, alors que ce ne l'est pas du tout.

Je n'ai pas vu de sources qui discutent cela. Wagner le fait un peu en parlant d'impression de confusion en rétrospective, mais il n'explique pas pourquoi les français pensent, au contraire, que l'épistémologie de Russell n'était pas de la philosophie de la science. C'est moi qui fait le lien avec la critique bachelardienne. Sans sources, ça serait un TI que de donner cette explication. J'aimerais bien trouver une source qui donne cette explication ou une autre. Par contre, le fait que, du point de vue anglo-saxon, l'épistémologie analytique et le positivisme logique était de la philosophie de la science est vérifiable. Je ne sais pas trop comment gérer cette situation. Je trouverais un peu décevant l'argument que si des sources françaises écrivent que l'epistemology anglo-saxonne étudie la connaissance générale (depuis Russell étant sous-entendue) sans dire que du point de vue de Russell, Rorty et probablement d'autres, c'était de la philosophie de la science, alors on peut le faire aussi. Ça ne me semble pas ce qu'une encyclopédie qui donne tous les points de vue pertinent doit faire.

Je suis mal à l'aise devant ces situations et c'est pour cela que je prends vacances des pages de discussion. J'ai besoin d'un recul pour réfléchir à tout cela.

D Cat laz (discutercontributions)

Je pense que cette remarque rejoins celle que Fabius Lector avait et que j'ai pu remarqué aussi à savoir qu'on a pas vraiment trouvé de source qui rend compte de manière exhaustive de ces scissions de la pensée philosophique européenne qui ont engendré tant de tradition/courant/disciplines différentes se rapportant toutes à "épistémologie". On a bien des sources qui font le liens entre deux traditions mais rien d'exhaustif.

Mais je suis d'accord avec la remarque en soit. Couturat est précis dans son contexte et c'est nous qui rétrospectivement le trouvont confus.

D Cat laz (discutercontributions)

J'ai changé la phrase pour refléter la discussion. j'ai aussi effectué pas mal de regroupement atour du thème de l'évolution sémantique du terme épistémologie

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