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« Strophe sapphique » : différence entre les versions

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#REDIRECT[[Strophe sapphique]]
[[Catégorie: Versification]]
La '''strophe sapphique''' (ou plus simplement '''strophe saphique''') est une forme de versification dont la création est attribuée à la poétesse grecque [[Sappho]] (VI siècle av. JC). Reprise par des poètes latins comme [[Catulle]] et [[Horace]] (I siècle av. JC), elle a été ensuite utilisée pour des [[hymne]]s chrétiennes médiévales, par exemple le célèbre ''Ut queant laxis'' dont se sert [[Guido d'Arezzo]] pour dénommer les notes de l'[[solmisation|hexacorde]] (''ut, ré, mi, fa, sol, la''). Elle a jouï d'une immense faveur à la Renaissance, où elle a connu des avatars dans les principales langues européennes. En français, c'est [[Jean Antoine de Baïf]] qui l'a illustrée le plus brillamment.


Elle se compose de 3 [[vers]] hendécasyllabes saphiques (ou ''grands saphiques'') et d'un vers [[adonique]] de 5 syllabes.

;Schéma du ''grand saphique'' :

– U – <u>U</U> – // U U – U – <u>U</u>

La quatrième syllabe est indifférente. La césure la plus fréquemment rencontrée (notamment chez Horace) est à la cinquième syllabe. L'analyse en pieds de ce vers est problématique.

;Schéma de l'''adonique'' :

– U U – <u>U</u>

Dans la strophe grecque originelle, on considère souvent que le troisième grand saphique et l'adonique ne constituent qu'un seul grand vers de seize syllabes.

==Exemples de strophe saphique==
===En grec===
:φάινεταί μοι κῆνοσ ἴσοσ τηέοισιν
:ἔμμεν ὤνερ ὄστισ ἐναντίοσ τοι
:ἰζάνει καὶ πλασίον ἀδυ
::φωνεύσασ ὐπακούει

(Sappho)


===En latin===
Le même poème, traduit par Catulle :

:''Ille me par esse deo videtur''
:''Ille si fas est superare divos''
:''Qui sedens adversus identitem te''
::''Spectat et audit''

(Catulle, poème 51, première strophe)

===En français===
Toujours le même poème, mis en strophe saphique française à la Renaissance par [[Jean Antoine de Baïf|Baïf]], donne :
[[Image:baif_chanson_II_23.png |300px|left|thumb|[[Jean Antoine de Baïf]] : Chansonnette II-23, str. 1]]
Il s'agit de la première strophe d'une [http://virga.org/baif/index.php?item=267 chansonnette], ci contre dans la graphie originale de Baïf, qu'on peut translittérer par :

:''Comparer l'on peut, ce me semble, à un Dieu,''
:''Un qui peut, assis, se placer davant toi,''
:''Pour, de près, goûter de ta voix la douceur,''
::''L'aise de ton ris.''


Aujourd'hui, le français standard a largement perdu les oppositions de [[quantité]] sur lesquelles Baïf fonde sa métrique. Il n'empêche que certains traducteurs modernes tentent encore d'évoquer la strophe utilisée par Sappho en s'appuyant sur le rythme accentuel, ainsi Philippe Brunet :

:''Aphrodite au trône diapré, déesse''
:''née de Zeus, j'implore, immortelle fourbe,''
:''fais que ni tourments ni dégoûts ne dompte,''
::''Reine, mon âme...''

(Sappho, Hymne à Aphrodite)

==Liens externes==
* ''Les poèmes de Sappho''. http://www.sacred-texts.com/cla/usappho/
* Jean Antoine de Baïf, ''Edition électronique des vers mesurés''. http://virga.org/baif/
[[Catégorie:Versification]]

Version du 2 septembre 2007 à 11:31

La strophe sapphique (ou plus simplement strophe saphique) est une forme de versification dont la création est attribuée à la poétesse grecque Sappho (VI siècle av. JC). Reprise par des poètes latins comme Catulle et Horace (I siècle av. JC), elle a été ensuite utilisée pour des hymnes chrétiennes médiévales, par exemple le célèbre Ut queant laxis dont se sert Guido d'Arezzo pour dénommer les notes de l'hexacorde (ut, ré, mi, fa, sol, la). Elle a jouï d'une immense faveur à la Renaissance, où elle a connu des avatars dans les principales langues européennes. En français, c'est Jean Antoine de Baïf qui l'a illustrée le plus brillamment.


Elle se compose de 3 vers hendécasyllabes saphiques (ou grands saphiques) et d'un vers adonique de 5 syllabes.

Schéma du grand saphique

– U – U – // U U – U – U

La quatrième syllabe est indifférente. La césure la plus fréquemment rencontrée (notamment chez Horace) est à la cinquième syllabe. L'analyse en pieds de ce vers est problématique.

Schéma de l'adonique

– U U – U

Dans la strophe grecque originelle, on considère souvent que le troisième grand saphique et l'adonique ne constituent qu'un seul grand vers de seize syllabes.

Exemples de strophe saphique

En grec

φάινεταί μοι κῆνοσ ἴσοσ τηέοισιν
ἔμμεν ὤνερ ὄστισ ἐναντίοσ τοι
ἰζάνει καὶ πλασίον ἀδυ
φωνεύσασ ὐπακούει

(Sappho)


En latin

Le même poème, traduit par Catulle :

Ille me par esse deo videtur
Ille si fas est superare divos
Qui sedens adversus identitem te
Spectat et audit

(Catulle, poème 51, première strophe)

En français

Toujours le même poème, mis en strophe saphique française à la Renaissance par Baïf, donne :

Jean Antoine de Baïf : Chansonnette II-23, str. 1

Il s'agit de la première strophe d'une chansonnette, ci contre dans la graphie originale de Baïf, qu'on peut translittérer par :

Comparer l'on peut, ce me semble, à un Dieu,
Un qui peut, assis, se placer davant toi,
Pour, de près, goûter de ta voix la douceur,
L'aise de ton ris.


Aujourd'hui, le français standard a largement perdu les oppositions de quantité sur lesquelles Baïf fonde sa métrique. Il n'empêche que certains traducteurs modernes tentent encore d'évoquer la strophe utilisée par Sappho en s'appuyant sur le rythme accentuel, ainsi Philippe Brunet :

Aphrodite au trône diapré, déesse
née de Zeus, j'implore, immortelle fourbe,
fais que ni tourments ni dégoûts ne dompte,
Reine, mon âme...

(Sappho, Hymne à Aphrodite)

Liens externes