Usine Tréfimétaux
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L'usine Tréfimétaux est une partie subsistante d'une ancienne usine métallurgique située à Dives-sur-Mer, dans le département français du Calvados[1].
L'usine, installée en 1891, s'est maintenue jusqu'en 1986. Les bâtiments sont détruits, sauf l'édifice de bureaux et le beffroi, inscrits comme monument historique en 2007 et considérés désormais comme « historique et emblématique de l’histoire ouvrière de la ville ».
L'ensemble a fait l'objet d'une vaste restauration au début des années 2020, abritant désormais l'école de musique intercommunale ainsi que le Centre national des arts de la marionnette.
Localisation[modifier | modifier le code]
Le monument est situé dans le département français du Calvados, à Dives-sur-Mer à l'entrée du complexe désormais dénommé Port-Guillaume. À l'époque de l'usine, l'édifice est situé à l'entrée du complexe industriel[A 1].
Historique[modifier | modifier le code]
Un site emblématique de l'histoire de la métallurgie dans le Calvados[modifier | modifier le code]
L'usine est créée en 1891 par Pierre-Eugène Secrétan[A 1], qui s'associe avec des partenaires anglais, dont Leeds Elmore[B 1], pour produire des éléments de cuivre selon un procédé nouveau[C 1], par électrolyse[B 1]. Pierre Secrétan achète 25 hectares au sud de l'estuaire de la Dives, le prix modique, la proximité d'un port et d'une voie ferrée ayant emporté sa décision[C 2]. La production est de qualité du fait des méthodes utilisées[C 3]. Sortent de l'usine des feuilles de cuivre, des barres et des tubes[B 1].
Outre les ateliers et les bureaux, dont le beffroi[B 1], le complexe comprend des bâtiments d'habitation destinés au personnel (ouvriers, contremaîtres) et au propriétaire[1]. L'entreprise comporte une centrale thermique fonctionnant à la houille parvenant sur place par le port de Trouville puis le rail, la ligne Lisieux-Mézidon[C 3]. L'installation de l'entreprise dénote dans un contexte voué au tourisme balnéaire depuis le Second Empire[C 4], en particulier Cabourg et Houlgate[B 1].
La production industrielle débute en 1892, mais la première société est liquidée dès 1893 et remplacée par une autre société dirigée par le même Secrétan[C 5].
La construction du complexe industriel entraîne une croissance démographique très rapide de la commune. De 1 097 habitants en 1886, la population passe en une vingtaine d'années à environ 4 000 habitants[A 1]. L'usine construit de nombreux logements pour le personnel[C 6].
L'effectif des ouvriers atteint 1 500, logés dans des cités ouvrières bâties à proximité[A 1].
Histoire des entreprises, histoire de la population[modifier | modifier le code]
Plusieurs sociétés se succèdent à partir de 1891[C 4]. En 1893 est fondée la société française d'électro-métallurgie (SFEM)[C 2], remplacée par la société d'électro-métallurgie de Dives en 1901[C 7].
Un grave incendie a lieu dans l'entreprise en 1903[C 8], puis un nouveau sinistre touche 10 000 m2 en 1913[C 9]. En 1910 un quai sur la Dives permet de recevoir des livraisons par voie maritime[B 1]. En 1912 l'entreprise est pionnière en France pour la production de duralumin, alliage d'aluminium et de cuivre[B 1].
De 1912 à 1930 ce sont des « années d'euphorie »[C 9]. Avant 1910, l'entreprise produit du laiton et de l'étain, puis plomb, aluminium et fer[C 9]. Le cuivre brut et le charbon proviennent de Grande-Bretagne[C 10].
Les bénéfices nets quadruplent entre 1912 et 1917 et restent « corrects » après la Première Guerre mondiale[C 11]. En 1926 des fours électriques sont installés et en 1929 les ateliers sont agrandis ainsi que la centrale thermique, consommant mensuellement 800 tonnes de charbon[C 10]. Avant la crise de 1929 l'usine est « une affaire prospère et prudemment gérée »[C 10].
La crise des années 1930 touche la France avec un peu de retard et se matérialise par un effondrement des cours du cuivre[C 12].
En 1933 une fusion entraîne la création de la Compagnie générale d'électro-métallurgie. La société d'électro-métallurgie de Dives est dissoute le [C 13].
L'usine accroît sa production à la suite des menaces de guerre des années 1930[C 13]. Avec la guerre, les membres du personnel sont en majorité licenciés et les machines sont démontées et envoyées en Allemagne[B 1]. En 1944 l'usine est bombardée par l'aviation alliée du fait de la présence de casemates allemandes[B 1].
En 1943 la Compagnie générale d'électro-métallurgie fusionne avec l'Aluminium français et la Société du Duralumin et prend le nom de CEGEDUR, complexe gérant 8 usines, 5 000 ouvriers dont 1 400 à Dives en 1952[C 13]. L'effectif employé à Dives était passé de 1 566 en 1930 et 1 242 en 1934[C 14].
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Production (1894-1911).
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Bénéfices nets (1894-1925)
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Entrées et sorties des marchandises du port de Dives (1872 -1939).
Le temps du déclin et la réhabilitation d'un marqueur du territoire[modifier | modifier le code]
L'entreprise ne compte que 900 ouvriers dans les années 1950 et 1960[A 1]. L'usine est reprise par le groupe Péchiney-Ugine-Kuhlmann sous le nom de Tréfimétaux[C 14]. L'entreprise tente de se diversifier dans les années 1950 avec une production plastique[B 1].
L'usine ferme en 1986, fermeture annoncée en 1983[B 1], et est détruite en 1990[B 2]. Le bâtiment du beffroi est abandonné[B 3]. Un port de plaisance est construit, Port-Guillaume[A 1], inauguré le [B 4] ainsi qu'un secteur résidentiel comportant 1 100 logements. La fermeture de l'usine entraîne une diversification des activités dans la ville[B 2].
Seul le bâtiment possédant le beffroi est conservé, avec un projet de réhabilitation longtemps discuté[2]. Les grands bureaux deviennent la médiathèque de la ville en 2003[B 4].
L'usine est inscrite comme monument historique depuis le [1], en particulier ses façades et ses toitures[B 3].
Le projet de réhabilitation devait être bouclé en 2016, avec une mise en œuvre des marchés publics en 2017 et un début des travaux sur 2017-2018[2]. Le lieu devient un lieu culturel accueillant le Centre régional des arts de la marionnette et une école de musique[2],[B 3]. Le beffroi est finalement inauguré le . Un aménagement de l'espace longeant la voie ferrée est prévu[B 3].
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Profit brut avant impôts (1971-1981).
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Effectifs (1971-1982).
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Restructuration de juillet 1983.
Architecture[modifier | modifier le code]
L'édifice du beffroi est bâti en moellons, en briques et pierres[A 1] et silex. La toiture est en ardoise. Il accueille les bureaux et le logement du directeur[B 1]. Un dispensaire s'installe dans le secteur dévolu au directeur en 1927[B 5]. Les bureaux sont déplacés par la suite et le secteur transformé en « hôtel de l'usine »[B 3].
Les horloges sont en céramique[B 4] et ont fait l'objet d'une restauration soignée réalisée par une entreprise de Lisieux[B 3]. Les murs intérieurs étaient recouverts de palissandre[B 4].
Il appartient au style éclectique[B 4]. Le beffroi mesure environ 16 m de haut, « lieu de pouvoir », il domine l'usine et l'habitat ouvrier situé à proximité, tout en signalant son autonomie par rapport à l'église et au siège de la municipalité[B 4].
L'édifice comporte trois niveaux de 250 m2 et un sous-sol. Si les murs sont en bon état, l'intérieur de l'édifice est à refaire en 2016[2].
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Autre vue générale en 2011
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Le beffroi en 2011
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Détail du beffroi en 2011
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Monument devant l'usine
Image externe | |
Vue générale |
Notes et références[modifier | modifier le code]
- « Usine Tréfimétaux », notice no PA14000076, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « La réhabilitation du Beffroi de Dives-sur-Mer enfin sur les rails », sur lepaysdauge.fr, (consulté le ).
- Le patrimoine des communes du Calvados
- Collectif 2001, p. 718.
- Dives-sur-Mer - la réhabilitation du beffroi
- Hurel 2024, p. 8.
- Hurel 2024, p. 8-9.
- Hurel 2024, p. 10.
- Hurel 2024, p. 9.
- Hurel 2024, p. 9-10.
- L'usine de Dives-sur-Mer. Les Sociétés
- Dupré 1992, p. 309-310.
- Dupré 1992, p. 310.
- Dupré 1992, p. 312.
- Dupré 1992, p. 309.
- Dupré 1992, p. 310-312.
- Dupré 1992, p. 313.
- Dupré 1992, p. 316.
- Dupré 1992, p. 317.
- Dupré 1992, p. 318.
- Dupré 1992, p. 320.
- Dupré 1992, p. 319.
- Dupré 1992, p. 321.
- Dupré 1992, p. 322.
- Dupré 1992, p. 323.
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Pascal Buléon, « Tréfimétaux, la stratégie de P.U.K. et les nationalisations », Norois, t. 31, no 123, , p. 427-447 (ISSN 1760-8546, lire en ligne, consulté le ).
- Pierre Coftier, « Parcours d'interprétation des cités ouvrières de Dives-sur-Mer », Le Pays d'Auge, no 1, , p. 11-13.
- Henri Elhai, « L'usine de Dives (Calvados) », Norois, no 5, , p. 67-80 (ISSN 1760-8546, lire en ligne, consulté le ).
- Gilles Hurel, « Dives-sur-Mer - la réhabilitation du beffroi », Le Pays d'Auge, no 1, , p. 8-10. .
- Philippe Dupré, « L'usine de Dives-sur-Mer. Les Sociétés », Annales de Normandie, no 3, , p. 309-323 (lire en ligne). .
- Collectif, Le patrimoine des communes du Calvados, Paris, Flohic, (ISBN 2842341112), p. 718.
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Ressource relative à l'architecture :
- « Mémoire ouvrière de Dives-sur-Mer » (consulté le ).
- « Dives-sur-Mer : l'inauguration du beffroi marque « la fin de la reconversion réussie de Tréfimétaux » », sur actu.fr (consulté le ).
- « Inauguré, le Beffroi de Dives-sur-Mer marque la fin de la reconversion de Tréfimétaux », sur ouest-france.fr (consulté le ).
- « Beffroi Dives-sur-Mer », sur normandiecabourgpaysdauge.fr/ (consulté le ).
- « Inauguration du beffroi de Dives-sur-Mer », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
- « Beffroi Dives-sur-Mer », sur acau-architectes.fr (consulté le ).
- « Dives-sur-Mer : une grande esplanade sera réalisée au pied du beffroi », sur actu.fr (consulté le ).