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=== Description ===
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La méthode kangourou est reconnue comme une intervention qui sauve des vies.
La méthode kangourou est reconnue comme une intervention qui sauve des vies. Elle regroupe 4 composantes : 1) un contact peau à peau précoce, continu et prolongé, 2) un allaitement exclusif, 3) une sortie d’hôpital précoce et 4) un soutien adéquat pour les parents et le bébé une fois à domicile (OMS (G. Chan, Bergelson, Smith, Skotnes, & Wall, 2017; Smith, Bergelson, Constantian, Valsangkar, & Chan, 2017).  La composante la plus reconnue de cette pratique et la plus explorée est le contact peau à peau qui consiste à placer le bébé peau contre peau au niveau du thorax et de l’abdomen du parent (Jefferies, Society, Fetus, & Committee, 2012)( perspective infirmière). Cette méthode fait partie des soins centrés sur la famille puisqu’elle repose sur les compétences parentales, de plus c’est une composante clé des soins du développement (Milette, Martel, & Ribeiro da Silva, 2019). La méthode kangourou a été soumise à de nombreuses recherches et est maintenant pratiquée partout dans le monde.  Ses bienfaits sont nombreux, c’est pourquoi sa pratique doit être encouragée sur les unités de soins obstétricaux et néonataux. Elle doit toutefois être encadrée par des protocoles.

Elle regroupe 4 composantes<ref>{{Ouvrage|nom1=Organisation mondiale de la santé. Département Santé et recherche génésiques.|titre=La méthode "mère kangourou" : guide pratique.|éditeur=Département santé et recherche génésiques, Organisation mondiale de la santé|date=2005|isbn=92-4-259035-5|isbn2=978-92-4-259035-7|oclc=77036915|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/77036915|consulté le=2020-10-29}}</ref> <ref>{{Article |langue=en |prénom1=Grace |nom1=Chan |prénom2=Ilana |nom2=Bergelson |prénom3=Emily R |nom3=Smith |prénom4=Tobi |nom4=Skotnes |titre=Barriers and enablers of kangaroo mother care implementation from a health systems perspective: a systematic review |périodique=Health Policy and Planning |volume=32 |numéro=10 |date=2017-12-01 |issn=0268-1080 |issn2=1460-2237 |pmid=28973515 |pmcid=PMC5886293 |doi=10.1093/heapol/czx098 |lire en ligne=https://academic.oup.com/heapol/article/32/10/1466/4093363 |consulté le=2020-10-29 |pages=1466–1475 }}</ref><ref>{{Article |langue=en |prénom1=Emily R. |nom1=Smith |prénom2=Ilana |nom2=Bergelson |prénom3=Stacie |nom3=Constantian |prénom4=Bina |nom4=Valsangkar |titre=Barriers and enablers of health system adoption of kangaroo mother care: a systematic review of caregiver perspectives |périodique=BMC Pediatrics |volume=17 |numéro=1 |date=2017-12 |issn=1471-2431 |pmid=28122592 |pmcid=PMC5267363 |doi=10.1186/s12887-016-0769-5 |lire en ligne=http://bmcpediatr.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12887-016-0769-5 |consulté le=2020-10-29 |pages=35 }}</ref>:

1) un contact peau à peau précoce, continu et prolongé,

2) un allaitement exclusif,

3) une sortie d’hôpital précoce et

4) un soutien adéquat pour les parents et le bébé une fois à domicile Smith, Bergelson, Constantian, Valsangkar, & Chan, 2017). 

La composante la plus reconnue de cette pratique et la plus explorée est le contact peau à peau qui consiste à placer le bébé peau contre peau au niveau du thorax et de l’abdomen du parent (Jefferies, Society, Fetus, & Committee, 2012)( perspective infirmière). Cette méthode fait partie des soins centrés sur la famille puisqu’elle repose sur les compétences parentales, de plus c’est une composante clé des soins du développement (Milette, Martel, & Ribeiro da Silva, 2019). La méthode kangourou a été soumise à de nombreuses recherches et est maintenant pratiquée partout dans le monde.  Ses bienfaits sont nombreux, c’est pourquoi sa pratique doit être encouragée sur les unités de soins obstétricaux et néonataux. Elle doit toutefois être encadrée par des protocoles.


=== Historique/ origine ===
=== Historique/ origine ===
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=== Barrières ===
=== Barrières ===
               Bien que les recherches aient démontré un grand nombre de bénéfices à la méthode kangourou, celle-ci n’est pas encore appliquée et encouragée dans toutes les unités de soins néonataux. Effectivement, il existe un certain nombre d’obstacles à la mise en pratique ou la mise en application de la méthode kangourou. (Cattaneo et al., 2018; G. Chan et al., 2017; G. J. Chan, Labar, Wall, & Atun, 2016; Milette et al., 2019; Smith et al., 2017)
Bien que les recherches aient démontré un grand nombre de bénéfices à la méthode kangourou, celle-ci n’est pas encore appliquée et encouragée dans toutes les unités de soins néonataux. Effectivement, il existe un certain nombre d’obstacles à la mise en pratique ou la mise en application de la méthode kangourou. (Cattaneo et al., 2018; G. Chan et al., 2017; G. J. Chan, Labar, Wall, & Atun, 2016; Milette et al., 2019; Smith et al., 2017)


- Certains milieux ne font pas une grande promotion de la méthode kangourou due à un manque de connaissance des professionnels sur ces bienfaits.
- Certains milieux ne font pas une grande promotion de la méthode kangourou due à un manque de connaissance des professionnels sur ces bienfaits.

Version du 29 octobre 2020 à 23:34


Méthode kangourou en néonatalogie

Contexte/Description du sujet

Description

La méthode kangourou est reconnue comme une intervention qui sauve des vies.

Elle regroupe 4 composantes[1] [2][3]:

1) un contact peau à peau précoce, continu et prolongé,

2) un allaitement exclusif,

3) une sortie d’hôpital précoce et

4) un soutien adéquat pour les parents et le bébé une fois à domicile Smith, Bergelson, Constantian, Valsangkar, & Chan, 2017). 

La composante la plus reconnue de cette pratique et la plus explorée est le contact peau à peau qui consiste à placer le bébé peau contre peau au niveau du thorax et de l’abdomen du parent (Jefferies, Society, Fetus, & Committee, 2012)( perspective infirmière). Cette méthode fait partie des soins centrés sur la famille puisqu’elle repose sur les compétences parentales, de plus c’est une composante clé des soins du développement (Milette, Martel, & Ribeiro da Silva, 2019). La méthode kangourou a été soumise à de nombreuses recherches et est maintenant pratiquée partout dans le monde.  Ses bienfaits sont nombreux, c’est pourquoi sa pratique doit être encouragée sur les unités de soins obstétricaux et néonataux. Elle doit toutefois être encadrée par des protocoles.

Historique/ origine

C’est les Dr Edgar Rey Sanabria et Dr Martinez qui, en 1978, ont introduit la méthode kangourou à Bogotá en Colombie. Ils développèrent cette pratique comme une alternative aux incubateurs pour les nouveau-nés prématurés ou de faibles poids à la naissance, au début, cette méthode était pratiquée par les mères (R. J. Bear & D. J. Mellor, 2017; Boundy et al., 2016). À l’époque, la méthode kangourou avait comme objectif de remédier au manque de ressources tel que les incubateurs et d’essayer de diminuer les taux élevés d’infections et de mortalité néonatales (Milette et al., 2019)(OMS). Les parents surtout les mères devaient porter leur bébé 24h sur 24 dans une poche ventrale tel un incubateur naturel afin de permettre un maintien de la température du nouveau-né (perspective infirmière,(Boundy et al., 2016). À la suite de plusieurs travaux de recherche, la méthode kangourou a démontré une multitude de bienfaits et fut reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2004, l’OMS produit même un guide pratique qui recommande l’adoption de la méthode kangourou dans les soins aux nourrissons qu’il soit prématuré ou à terme, malade ou en santé (OMS, (Jafari, Farajzadeh, Asgharlu, Derakhshani, & Asl, 2019; Smith et al., 2017). Les recherches démontrent aussi que cette pratique à des bienfaits que ce soit appliqué par la mère ou par le père ( OMS, (Deng, Li, Wang, Sun, & Xu, 2018).


Prévalence/ Facteur de risque

Philosophie et principes

Les soins du développement sont une approche qui permet l’intégration de la famille lors de la prestation de soins au nouveau-né. Cette approche a pour objectif la réduction du stress chez les bébés prématurés ou malades et vise la poursuite du développement global de l’enfant en lui offrant des conditions de soins et de vie optimales. Les soins du développement regroupent un grand nombre de soins, techniques et manœuvres pour favoriser le développement neurologique des nourrissons et réduire les problèmes de santé et l’impact négatif de l’environnement. Une des composantes fondamentales de ces soins est la méthode kangourou. Cette méthode a elle aussi comme philosophie et comme approche d’être centrée sur la famille puisqu’elle repose entièrement sur les compétences parentales et sur la participation et l’implication des parents dans les soins prodigués à leurs nourrissons ((Martel & Milette, 2017); Milette et al., 2019).

La méthode kangourou est reconnue pour ses importants bénéfices pour les nourrissons et la famille ainsi que pour ses solides liens avec les soins du développement. Pour ces raisons, cette pratique ne devrait pas être considérée comme un privilège, mais comme une pratique essentielle. Elle ne devrait donc pas être contrôlée par les professionnels de la santé comme c’est présentement le cas dans certains milieux de soin (Milette et al., 2019). Ces derniers devraient encourager les parents à pratiquer la méthode kangourou dès que le nourrisson est apte, afin que celle-ci soit pratiquée le plus tôt, le plus souvent et le plus longtemps possible, tout en respectant l’état du nouveau-né (Jefferies et al., 2012; Milette et al., 2019)(OMS).

Type de clientèle

Au départ la méthode kangourou a été élaborée pour favoriser le taux de survie des nourrissons prématurités et de faible poids à la naissance dans des pays en voie de développement. Cette pratique permettait de réduire la mortalité, les maladies graves, les infections et la durée d’hospitalisation. Avec le temps et les recherches cette pratique c’est élargi et vise maintenant : les bébés prématurés, ceux à faible poids ou malades, mais aussi les bébés à terme et en santé autant dans les pays en voie de développement que dans les pays à revenu élevé. De plus, la méthode kangourou n’est plus seulement limitée aux mères, elle peut également être pratiquée par les pères (Deng et al., 2018; Jefferies et al., 2012). L’OMS recommande sa pratique sur le plan mondial et la société canadienne de pédiatrie suggère son implantation dans toutes les unités néonatales et obstétricales (OMS (Jefferies et al., 2012; Milette et al., 2019). Grâce à sa promotion et ses bienfaits, la méthode kangourou gagne en popularité à travers le monde.


Signes et symptômes

Bienfaits

La méthode kangourou est tout d’abord un moment intime entre le parent et son bébé. La liste de ses des bénéfices est longue, cependant la majorité d’entre eux sont liés à la durée et à la fréquence des séances de peau à peau, d’où l’importance de l’appliqué le plus tôt, le plus longtemps et le plus souvent possible.

Le contact étroit entre la mère et son petit permet la création d’un lien unique et offre une expérience positive. Ce contact permet au bébé d’entendre des bruits familiers tels que les battements du cœur et les bruits des intestins de sa mère, sons qu’il entendait lorsqu’il était dans son ventre ce qui est très réconfortant pour lui (perspectives infirmières).

Voici une liste non exhaustive des multiples bienfaits de la pratique du peau à peau: (OMS, (Rebecca J. Bear & David J. Mellor, 2017; R. J. Bear & D. J. Mellor, 2017; Campbell-Yeo, Disher, Benoit, & Johnston, 2015; Cho et al., 2016; Evereklian & Posmontier, 2017; Milette et al., 2019)

-  Amélioration de la stabilité des signes vitaux :

  • Stabilité du rythme cardiaque et de la respiration
  • Diminution de la fréquence des apnées pendant les séances
  • Stabilisation de la saturation en oxygène
  • Stabilisation et augmentation de la température (le peau à peau est la méthode la plus efficace pour prévenir l’hypothermie chez les nouveau-nés.)


- Amélioration et stabilisation de la digestion :

  • Amélioration de la digestion (permets une meilleure prise de poids)
  • Meilleure tolérance à l’alimentation par sonde gastrique


- Amélioration du sommeil :

  • Le sommeil est plus profond et plus calme
  • Périodes d’éveils plus calmes


-  Amélioration des interactions et des relations entre les parents et l’enfant

  • Diminution des symptômes de dépression et d’anxiété chez les mères
  • Amélioration de la mère en leurs compétences


- Prévention de l’hypoglycémie (lorsque la méthode kangourou est débutée dès la naissance)

- Diminution des risques d’infection

- Amélioration des résultats neurodéveloppementaux (meilleur développement neurologique en général)

- Diminution de la douleur et du stress

- Diminution des pleurs

- Amélioration de la production de lait maternel et de la durée de l’allaitement

- Diminution de la durée d’hospitalisation


Il est donc possible d’utiliser la méthode kangourou pour effectuer certains soins tels que des prélèvements sanguins, des injections intramusculaires ou sous-cutanées puisque cette méthode est reconnue comme étant un bon moyen de contrôle de la douleur (Milette et al., 2019)


Méthodes diagnostiques

Critères d'exclusions

Malgré les nombreux bénéfices de la méthode kangourou, certains bébés ne peuvent en profiter. Effectivement, il existe aussi certains critères d’exclusion qui doivent être analysés, évalués et appliqués selon l’état du patient et selon les ressources disponibles sur les départements. Il s’agit donc d’analyser chaque patient en cas par cas de manière à individualiser les soins (soins de confort, soins palliatifs, post- opératoire). Voici certaines caractéristiques pouvant être considérées comme des critères d’exclusion (Milette et al., 2019)(coughlin) :

-  Besoins d’un taux élevé d’humidité (le nouveau-né peut être mis dans un sac de plastique lors de la séance de peau à peau (comme lors de réanimation néonatale de grand prématuré))

-  Ventilation haute fréquence avec circuit rigide (limite les déplacements du nourrisson)

-  La présence de drains thoracique (les drains pourraient se déplacer, causer de la douleur et perdre de son efficacité)

-  La présence de voies centrales ombilicales artérielles (risque élevé de saignement si le cathéter se déplace)

-  Si le nouveau-né souffre de malformation abdominale externe (gastroschisis, omphalocèle,…)

- Les nouveau-nés souffrant d’hyperbilirubinémie (jaunisse) et nécessitant des lampes de photothérapie (le parent pourrait quand même pratiquer la méthode kangourou à condition que le nouveau-né n’ait pas de couverture et que les lampes soient orientées vers le bébé et le parent. Le parent doit porter des lunettes de soleil adapter et le nouveau-né ne doit pas être trop prématuré, car il risque une grande perte de chaleur puisqu’aucune couverture ne peut être utilisée. Certaine unité on a leur disposition le dispositif bilisoft (une couverture à photothérapie) qui pourrait être utilisé lors de la méthode kangourou.

Barrières

Bien que les recherches aient démontré un grand nombre de bénéfices à la méthode kangourou, celle-ci n’est pas encore appliquée et encouragée dans toutes les unités de soins néonataux. Effectivement, il existe un certain nombre d’obstacles à la mise en pratique ou la mise en application de la méthode kangourou. (Cattaneo et al., 2018; G. Chan et al., 2017; G. J. Chan, Labar, Wall, & Atun, 2016; Milette et al., 2019; Smith et al., 2017)

- Certains milieux ne font pas une grande promotion de la méthode kangourou due à un manque de connaissance des professionnels sur ces bienfaits.

-  Manque de formation du personnel pour bien appliquer les protocoles entourant le peau à peau.

-  Le manque d’explication offert aux parents sur les avantages de la méthode kangourou.

-  Le manque de matériel (chaise confortable) et d’espace sur l’unité.

-  Le manque de disponibilité des parents (pour que la méthode kangourou soit efficace, il est recommandé de prendre l’enfant en peau à peau pour un minimum de 60 minutes consécutives) (parents habitant loin de l’hôpital)

-  Le manque de personnel disponible pour effectuer le transfert et positionner le nourrisson de manière sécuritaire

-  L’état de santé du bébé (certains nouveau-nés sont trop instables pour être manipulés)

-  Les fausses croyances du personnel soignant (que la méthode kangourou nécessite plus de temps, de surveillance; que les nouveau-nés plus vieux ou plus gros n’en ont pas besoin; …)

- Le manque de soutien de la famille élargie et de la société sur la pratique du peau à peau.


Interventions/ Traitements

Durée des séances

Pour optimiser les bienfaits du peau à peau, il est recommandé que celui-ci dure un minimum de 60 minutes sans interruption afin que le nourrisson puisse atteindre la phase de sommeil profond. C’est au courant de cette phase que le bébé grandit, récupère et assimile ce qu’il a vécu au cours de sa journée(Campbell-Yeo et al., 2015) (perspective). C’est donc au court de cette phase que les bienfaits de la méthode sont le plus marqués. De plus des séances de moins de 60 minutes consécutives engendrent de multiples changements de position et beaucoup de manipulation qui peuvent être pénibles pour le nouveau-né. (OMS)

Accessibilité

               Le peau à peau est une pratique relativement simple ce qui la rend accessible au niveau mondial. Cependant certains principes doivent être respectés pour la rende sécuritaire, optimiser les bienfaits et faciliter sa pratique, c’est pourquoi certaines recommandations sont proposées par différentes associations telles que la société canadienne de pédiatrie et l’OMS pour faciliter son implantation dans les unités de soins et ainsi rendre la pratique encore plus accessible. Voici quelques-unes des recommandations faites (OMS,(Jefferies et al., 2012; Milette et al., 2019):

-  La méthode kangourou doit être pratiquée le plus tôt, le plus souvent, et le plus longtemps possibles

-  Avoir à la disposition des parents des chaises confortables et un environnement favorable c’est-à-dire calme et intime.

- Une procédure doit être mise sur pieds et respecter lors du transfert du nouveau-né et pendant les séances de peau à peau.

Mise en application – méthodologie

Des lignes de conduite peuvent être mises en place sur les unités de soins afin que la pratique encadrant la méthode kangourou soit constante et adaptée à la réalité du département. (OMS)

Avant l'installation

Avant d’installer un parent en peau à peau avec son nourrisson certaines préparations doivent être faites pour favoriser l’expérience et le confort.(Milette et al., 2019)(OMS)

-  Une préparation de l’environnement peut être nécessaire tel qu’une diminution de l’intensité de la lumière et l’exposition au bruit

-  Une préparation du matériel pouvant être utilisé pour la pratique de la méthode kangourou doit être à porter de main telle qu’une couverture et un bonnet au préalablement chauffer pour éviter un choc de température.

-  Il est fortement conseillé aux parents de se laver les mains, d’avoir la poitrine propre et non parfumée et de retirer leurs bijoux pour protéger la peau du bébé.

-   Il est recommandé aux parents de se dénuder la poitrine ou de mettre une blouse d’hôpital (les mères devraient retirer leur soutien-gorge).

-   Le bébé doit être mis en couche afin de favoriser la surface de contact de peau à peau (si le bébé vient de naître, il peut être nu). Une petite tuque est tout de même permise, ainsi qu’une suce d’amusement pour l’aider à se sécuriser.

L’installation

Le transfert

Il existe 2 techniques pour transférer le nouveau-né en méthode kangourou. Le transfert assis et le transfert debout. Le transfert assis, c’est un membre du personnel soignant qui prend le bébé de son lit pour l’installer sur la poitrine du parent qui est déjà assis dans un fauteuil. Certaines situations exigent que le transfert assis soit fait par exemple quand le parent est en fauteuil roulant ou lorsque la mère a subi une césarienne ou une épisiotomie et que le transfert debout est plus douloureux. Le transfert debout est lorsque le parent vient lui-même prendre son bébé et le placer contre sa poitrine avant de s’asseoir dans un fauteuil. Cette technique permet de renforcer l’autonomie des parents et limite les manipulations ce qui permet de réduire la surstimulation du nouveau-né et augmente les chances qu’il tolère mieux le transfert. Effectivement le parent se penche au-dessus du lit de son enfant pour le coller directement sur sa poitrine, ce qui permet de limiter le temps que le nouveau-né passe en suspend dans les airs. Le parent doit maintenir l’enfant en position fœtal en positionnant une main sous ses fesses et l’autre derrière la tête afin de le soulever et transférer le poids de l’enfant sur lui. Les gestes doivent être effectués avec douceur et lenteur pour ne pas perturber le nouveau-né. Pendant ce type de transfert un membre du personnel soignant guide le parent dans son processus et aide au déplacement du matériel tel que les tubes et les fils. (Milette et al., 2019)

Certains bébés semblent ne pas bien tolérer la méthode kangourou, en fait ce n’est pas la méthode comme telle qui n’est pas bien tolérée, mais le transfert. Le transfert implique souvent beaucoup de manipulation et une position de suspension dans les airs, ce qui peut occasionner une surstimulation du nouveau-né. Parfois les transferts sont faits de manière rapide ce qui est déstabilisant. Comme le bébé prématuré est encore immature, sa réponse à ses surstimulations est parfois retardée. Il est donc très important de positionner l’enfant avec soins, douceur et d’effectuer des gestes lents. Lors du transfert il est important de parler au nourrisson pour l’informer des manipulations qu’il va subir et pour le préparer au changement de position. (Boundy et al., 2016; Milette et al., 2019)

Positionnement

Il existe 2 types de position sur le thorax du parent. La première position développée pour la méthode kangourou est celle du nouveau-né dont le thorax et l’abdomen sont positionnés entre les seins du parent en peau à peau. Le nouveau-né est donc à la verticale sur son parent et sa tête est tournée sur le côté (Milette et al., 2019)OMS. Une 2e position a maintenant vu le jour il s’agit de positionner le nouveau-né en flexion diagonale c’est- à-dire d’installer le bébé en diagonale ventre à ventre avec la tête près d’un sein et de soutenir l’enfant avec l’aide d’un outil de portage tel qu’un cousin, une écharpe ou un tube de positionnement. Cette position diminuerait l’agitation chez les prématurés et favoriserait le sommeil profond en plus de permettre de libérer les mains des parents (Buil et al., 2016; Buil et al., 2017)

Fauteuil

Les chaises berçantes et les chaises droites que l’on retrouve généralement sur les départements de soins néonataux sont peu confortables pour la pratique de la méthode kangourou. Elles sont souvent lourdes à déplacer pour le personnel soignant et peu adaptées à la pratique du peau à peau. Les parents se retrouvent souvent avec des douleurs au niveau du coccyx et des faiblesses au niveau des muscles des bras et des épaules, ce qui les décourage souvent et entraîne une diminution de la pratique de la méthode kangourou. Pour pallier à ces désagréments, il est recommandé d’utiliser les chaises zéro-gravité (Lacroix, Larone-Juneau, Martel, & Milette, 2015). Ces chaises créées par la NASA diminuent les tensions au niveau de la colonne vertébrale et favorisent la circulation sanguine surtout au niveau des jambes (NASA). L’utilisation de ces chaises permet aux parents d’adopter une position semi-verticale/horizontale qui permet de placer le bébé presque à l’horizontale ce qui libère sa cage thoracique et améliore la ventilation et le développement neuromoteur. De plus, ces chaises rendent la pratique de la méthode kangourou suffisamment sécuritaire pour permettre aux parents qui pratiquent le peau à peau de dormir avec son enfant sur soi (Milette et al., 2019).

Après la méthode kangourou

Une fois la séance de peau à peau terminée le nouveau- né doit retourner dans son lit ou son incubateur. Les méthodes de transfert sont les mêmes que lors de l’installation. Il est important d’informer le bébé des étapes qui vont suivre pour lui permettre de se préparer au changement et pour le rassurer. Lorsque l’enfant est de retour dans son environnement, il faut prévoir d’appliquer une méthode de retour au calme pour lui laisser le temps de se réorganiser et de s’endormir (Milette et al., 2019).

Suivi

La méthode kangourou est une pratique qui a, à multiples reprises, démontré ces bienfaits pour le développement de tous les types de nouveau-nés. De plus, elle favorise la création d’un lien d’attachement entre les parents et leur enfant. Malgré tout, le personnel soignant se doit de respecter les choix des parents. Il est essentiel que le personnel encourage et offre la méthode kangourou aux parents, mais il ne doive pas l’imposer. Si le parent est intéressé à pratiquer la méthode kangourou, les infirmières doivent enseigner les techniques de transfert afin de rendre le parent autonome. Elles doivent fournir aux parents des informations nécessaires afin de maximiser leurs apprentissages. Elles doivent également offrir des soins et du soutien aux parents selon leurs besoins. Les infirmières sont encouragées à valoriser le rôle du parent de leur démontrer leurs forces et les effets positifs de leur présence sur le bien-être de l’enfant (Milette et al., 2019). Lors des séances de peau à peau, il est de la responsabilité de l’infirmière de chevet de s’assurer que le positionnement du nourrisson est sécuritaire et adapté à sa condition de santé. Elle doit également suivre les signes vitaux de l’enfant et contrôler sa température afin de prévenir les hypothermies. L’infirmière doit aussi s’assurer du confort du nouveau-né et évaluer sa tolérance à la séance de peau à peau. Un nouveau-né qui augmente es besoins en oxygène, qui fait des bradycardies ou des périodes d’apnée plus fréquentes ou plus profondes pourrait nécessiter une évaluation et une surveillance supplémentaire de la part de l’infirmière. Pour assurer le succès de la méthode kangourou, le soutien, la collaboration et la participation du personnel soignant sont essentiels. Il est donc important que le personnel soit flexible dans les soins à prodiguer au bébé afin de maximiser la fréquence et la durée des périodes de peau à peau (Milette et al., 2019).

  1. Organisation mondiale de la santé. Département Santé et recherche génésiques., La méthode "mère kangourou" : guide pratique., Département santé et recherche génésiques, Organisation mondiale de la santé, (ISBN 92-4-259035-5 et 978-92-4-259035-7, OCLC 77036915, lire en ligne)
  2. (en) Grace Chan, Ilana Bergelson, Emily R Smith et Tobi Skotnes, « Barriers and enablers of kangaroo mother care implementation from a health systems perspective: a systematic review », Health Policy and Planning, vol. 32, no 10,‎ , p. 1466–1475 (ISSN 0268-1080 et 1460-2237, PMID 28973515, PMCID PMC5886293, DOI 10.1093/heapol/czx098, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Emily R. Smith, Ilana Bergelson, Stacie Constantian et Bina Valsangkar, « Barriers and enablers of health system adoption of kangaroo mother care: a systematic review of caregiver perspectives », BMC Pediatrics, vol. 17, no 1,‎ , p. 35 (ISSN 1471-2431, PMID 28122592, PMCID PMC5267363, DOI 10.1186/s12887-016-0769-5, lire en ligne, consulté le )