Utilisateur:PercevalBxl/Pièces

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Retour à l'accueil


Chapitre quatrième: les pièces[modifier | modifier le code]

Les pièces héraldiques sont des constructions de forme purement géométriques qui "chargent" l'écu comme si elles étaient "cousues" ou "clouées" sur le bouclier.

Certaines pièces (principalement le pal, la fasce, la bande ou la barre), peuvent être confondues (surtout quand elles sont en nombre), avec les partitions qui leur sont proches et avec les rebattements de ces partitions. Il existe cependant trois différences notables qui permettent de distinguer à coup sûr les pièces des partitions:

    • les pièces sont des "reliefs" de l'écu et, en ce sens, doivent théoriquement présenter, au dessin, une légère ombre portée comme si le soleil se trouvait à l'angle dextre du chef de l'écu;
    • les partitions divisent toujours l'écu en un nombre pair de partitions ; les pièces ne divisent pas l'écu mais font toujours apparaître un nombre impair de "zones";
    • si les partitions divisent toujours l'écu en parties égales, les pièces, quand elles sont correctement dessinées, déterminent des zones inégales : elles sont "normalement" plus larges que les zones de l'écu qu'elles laissent entrevoir.


Contrairement aux partitions, les pièces sont "mobiles", dans une certaine mesure. Concrètement, elles peuvent être déplacées de leur position native vers une autre position de l'écu, moyennant le respect de certaines règles et, bien sûr, d'un vocabulaire précis. Ce déplacement des pièces sera étudié dans un chapitre particulier, en même temps que leurs déformations.

La figure 1 ci-dessous ne doit pas être confondue avec un "tiercé en fasce", mais, dans ce cas particulier, seule l'ombre portée permet de faire la différence.
La figure 2 sera blasonnée "d'or à deux fasces de gueules", non seulement à cause de l'ombre portée, mais aussi parce qu'on distingue un nombre impair de zones (5) et que les fasces on nettement une largeur plus importante que les "zones" du champ qu'elles laissent entrevoir.
La figure 3 sera également blasonnée "d'or à deux fasces de gueules", même si l'ombre portée n'est pas représentée et si les fasces ont la même largeur que les zones visibles du champ: le nombre impair de zones suffit à identifier le blasonnement correct sans conteste.
La figure 4, en revanche, est clairement une partition, puisqu'elle divise l'écu en un nombre pair de parties...



Les pièces honorables[modifier | modifier le code]

Appelées aussi "pièces du premier ordre, les pièces honorables occupent généralement, par leur largeur, lorsqu'elles sont seules, le tiers de l'écu (à l'exception du franc quartier, du canton et du giron qui n'en occupent que le quart.

Selon les auteurs, leur nombre varie considérablement, passant de 9 à 30... Le plus grand nombre s'accorde généralement à les classifier de la sorte:

  • les 9 pièces honorables "principales":
    • la fasce;
    • le pal;
    • la bande;
    • la barre;
      • la jumelle et la tierce;
    • le chef;
    • le chevron;
    • la bordure;
    • l'orle;
    • l'écusson;
  • les "autres" pièces honorables:
    • la croix;
    • le sautoir;
    • la champagne;
    • le franc-quartier;
    • le canton;
    • le lambel;
    • la pointe ou la pile;
    • le giron;
    • le pairle;
    • le trescheur;
    • le gousset;
    • la frette;
  • les pièces plus rares:
    • la chappe;
    • la chausse;
    • le mantel;
    • l'emmanche;



La fasce[modifier | modifier le code]

La fasce est une pièce honorable horizontale qui symbolise la ceinture du chevalier (son nom vient de l'italien fascia, qui désigne une bande de toile).

    • lorsqu'elle est seule, la fasce occupe en largeur deux parties des sept de la largeur de l'écu (ou un tiers de la hauteur, selon certains auteurs);
    • on peut trouver jusqu'à trois fasces (certains auteurs disent quatre) sur l'écu ; dans ce cas, la hauteur des fasces diminue progressivement;
    • au-delà de trois fasces, on dit burèles si elles sont en nombre pair et trangles si elles sont en nombre impair;
    • le nombre de burèles et de trangles n'est pas limité, mais lorsqu'il n'y en a qu'une (fasce réduite), on dira qu'il s'agit d'une divise.
      • La divise est une fasce dont la largeur est réduite à une demi partie des 7 de la largeur de l'écu.
      • Elle est souvent placée sous un chef pour le "soutenir" et rend alors inutile la précision "cousu" si ce chef est d'un émail de la même catégorie que l'émail du champ.
      • Quand elle est utilisée sans chef, la divise est placée à 2½ parties du bord supérieur de l'écu. Si elle est placée au centre de l'écu, il faut blasonner cette précision.




Le pal[modifier | modifier le code]

Le pal est une pièce honorable posée verticalement sur l'écu, du chef à la pointe et qui représente la lance du chevalier. Selon d'autres auteurs, le pal provient du latin palus qui désigne un pieu ou un poteau dressé (comme dans "empaler"). Un ou deux auteurs, enfin, font remonter le mot aux pallea latins, étoffes dont on recouvrait les murailles (et qu'on trouve encore au balcon du palais pontifical, à Rome, lors des bénédictions apostoliques...)

    • Lorsqu'il est seul, le pal occupe 2 des 7 parties de la largeur de l'écu.
    • Lorsque les pals sont en nombre, leur largeur diminue progressivement, de façon que les espaces qu'ils laissent entre eux soient égaux à leur largeur.
    • Quand l'écu contient plus de trois pals, on les appelle vergettes.
Toujours très vivace de nos jours, l'héraldique canadienne (l'une des rares héraldiques institutionnelles modernes) ne manque ni de créativité ni d'audace. C'est ainsi que les hérauts d'armes canadiens ont "inventé" une variation particulière du pal qu'ils ont fort à propos nommé "pal canadien". Celui-ci, au lieu de n'occuper que le tiers de la largeur de l'écu en occupe la moitié, comme sur le drapeau du Canada. Il va de soi que ce pal n'est jamais rebattu...



La bande[modifier | modifier le code]



La barre[modifier | modifier le code]



La jumelle et la tierce[modifier | modifier le code]

La jumelle est une pièce formée de deux bandes parallèles distantes de leur propre largeur.

    • la jumelle peut être posée en fasce, en pal, en bande, en barre, en croix ou en sautoir;
    • la largeur de l'une des bandes de la jumelle est égale au tiers de la largeur de la pièce correspondante (fasce pour la jumelle posée en fasce, pal pour la jumelle posée en pal et ainsi de suite);
    • on ne blasonne pas la position de la jumelle lorsqu'elle est posée en fasce, mais on le fait pour toutes les autres positions;
    • on peut trouver jusqu'à trois jumelles sur l'écu.



Le chef[modifier | modifier le code]

Le chef est une pièce honorable horizontale qui occupe le haut de l'écu.

    • sa largeur est égale à deux des sept parties de la largeur de l'écu, mais de nombreux auteurs la définissent comme le tiers de la hauteur de l'écu, surtout lorsque le chef est "chargé";
    • le chef est dit retrait lorsque sa largeur est réduite à la moitié de sa largeur habituelle;
certains auteurs préfèrent le blasonner étréci, réservant le blasonnement de chef retrait à un chef qui n'occuperait que la moitié de la largeur de l'écu.
    • quand sa largeur est réduite à la moitié de l'une des sept parties de la largeur de l'écu, on le comme comble;
    • le chef est dit soutenu lorsqu'il est "souligné" par une divise;
    • lorsque la divise est placée au-dessus du chef, on le blasonne chef surmonté;
    • on rencontre parfois, bien qu'assez rarement, des combinaisons du chef avec le pal, la bande, la barre et le chevron, agencés de telle manière qu'ils semblent ne former qu'une seule pièce. On les nomme respectivement chef-pal, chef-bande, chef-barre et chef-chevron.
    • on appelle chef à dextre et chef à senestre des chefs coupés en diagonale depuis l'un des angles supérieurs de l'écu;
    • le chef triangulaire est formé de deux diagonales qui partent des angles supérieurs de l'écu et se rejoignent au point d'honneur.
Ces trois dernières formes sont extrêmement rares.



Le chevron[modifier | modifier le code]

Le chevron, fort courant en héraldique, est une pièce honorable formée (schématiquement) d'une barre et d'une bande réunies en angle aigu vers le milieu du chef de l'écu sans toutefois en toucher le bord. Il affecte ainsi la forme d'un compas ouvert dont les bras rejoignent les flancs inférieurs de l'écu.

    • les dimensions (et donc la forme) du chevron sont très "libres" mais, le plus souvent, quand le chevron est seul,la largeur de ses branches équivaut plus ou moins au quart de la largeur de l'écu (parfois à deux de ses sept parties) et la pointe du chevron est située à une distance de trois quarts de partie du bord de l'écu...
    • au-delà de trois chevrons sur le champ, on parle d'étais;
    • l'étai (d'une demi partie de largeur) constitue toutefois en lui même une pièce honorable (du second ordre), c'est à dire que l'on peut trouver des blasons à 1, 2 ou 3 étais ou davantage;
    • on rencontre parfois des chevrons en équerre, à savoir des chevrons dont l'angle de la pointe est de 90 degrés.



La bordure[modifier | modifier le code]

La bordure est une pièce honorable qui entoure l'écu (littéralement, qui le borde...) qui, pour certains auteurs, est une marque de faveur, une récompense et, pour d'autres auteurs, constitue une brisure, c'est à dire, une altération de l'honorabilité des armes (pour les branches cadettes d'une famille, par exemple).

    • La bordure occupe environ la sixième partie de l'écu ; son "épaisseur" est donc, approximativement des deux tiers d'une de sept parties de la largeur.
    • au-delà de ces proportions, il s'agit d'un écusson...

La filière est une bordure réduite.

    • l'épaisseur de la filière est approximativement de la moitié de l'épaisseur habituelle de la bordure, soit un tiers de l'une des sept parties de la largeur de l'écu.




L'orle[modifier | modifier le code]



Le trescheur[modifier | modifier le code]



L'escarre[modifier | modifier le code]



L'écusson[modifier | modifier le code]

L'écusson est un petit écu qui meuble l'écu des armes.

    • Lorsqu'il est seul, l'écusson est posé en abîme et sa largeur est à peu près du tiers ou du quart de la largeur de l'écu.
    • Lorsque les écussons sont en nombre, il faut en blasonner le nombre et la disposition ; dans ce cas leur taille diminue proportionnellement à leur nombre.
Lorsqu'ils sont en nombre et qu'ils sont interprétés comme des petits meubles), les écussons sont souvent représentés sous leur forme ogivale "antique". C'est de peu d'importance, puisque l'artiste héraldiste possède une relative liberté dans la représentation des blasons. Cependant, quand l'écusson est seul et placé en abîme, il est d'usage qu'il adopte la forme de l'écu.



La croix[modifier | modifier le code]

Il existe tant de croix, différentes par leur forme aussi bien que par leur taille, que beaucoup d'auteurs oublient qu'elle est d'abord une pièce honorable et la considèrent comme un meuble, au même titre que le lion, l'aigle, le lys, etc. Cette profusion de croix en héraldique est due, sans le moindre doute, à sa symbolique forte aux yeux des hommes du Moyen-âge et à l'usage immodéré qui en fut fait au temps des croisades.

Lorsqu'on la blasonne simplement "à la croix de...", il s'agit de la "croix de base", c'est à dire de la superposition de la fasce et du pal:

  • la largeur de ses branches est alors environ du tiers de la largeur de l'écu ; certains auteurs disent deux des sept parties de la largeur de l'écu;
  • elle détermine sur le champ 4 cantons, parfois blasonnés cantons de la croix quand ils sont chargés de divers éléments héraldiques;
  • la (ou les) branche(s) horizontales de la croix est (sont) appelées traverse(s), la branche verticale est appelée montant, la partie inférieure du montant est appelée pied;
Lorsque les croix (quelles qu'elles soient) sont accompagnées de meubles, on blasonne en précisant qu'elle est "cantonnée de...". Si les meubles sont différents pour chacun des cantons ou si tous les cantons ne sont pas meublés, on procède par canton dans l'ordre héraldique (de chef en pointe et de dextre à senestre).* elle s'étend obligatoirement jusqu'aux bords de l'écu.

Sous cette forme, la croix présente trois variations principales (qui doivent bien sûr être blasonnées):

  • la croix est dite alaisée quand ses branches sont en retrait des bords de l'écu d'environ une demie des sept parties de la largeur de l'écu;
La croix simple alaisée est peu utilisée en héraldique parce qu'elle est souvent considérée comme "inesthétique", sa branche verticale étant plus longue que sa branche verticale, à l'inverse de la croix du Christ. On lui préfère généralement la croix grecque (par définition alaisée) dont les deux branches ont la même dimension. Certains auteurs considèrent même que la croix alaisée est d'office une croix grecque. C'est toutefois une opinion dangereuse en ce sens qu'elle ne permet pas de distinguer la simple croix alaisée qui, si elle est rare, n'en existe pas moins.
  • la croix est dite en filet lorsque la largeur de ses branches est plus ou moins égale à la moitié d'une de sept parties de la largeur de l'écu;
  • la croix peut-être à la fois alaisée et en filet.





Les croix[modifier | modifier le code]

Par la grande diversité des formes qu'elles peuvent prendre, et par l'extrême importance symbolique qu'elles revêtent, les croix méritent assûrément un chapitre particulier. Quelques remarques préalables sont cependant nécessaires:

  • toutes les croix (quand elles sont seules) touchent à priori aux bords de l'écu et, en théorie au moins, si on les blasonne sans autre précision, c'est ainsi qu'il faut le concevoir;
  • certaines croix sont alaisées dans leur forme originelle (la croix de Jérusalem, par exemple) et dans ce cas, il est inutile de le préciser en les blasonnant;
  • beaucoup d'héraldistes, anciens comme modernes, ont perdu l'habitude de préciser que certaines croix sont alaisées parce qu'on les rencontre le plus souvent sous cette forme (la croix potencée, par exemple, ou la croix de malte); il existe donc une ambiguïté que seule peut lever la connaissance de la composition du blason particulier...


Bien que ce ne soit utile que pour la compréhension, il est possible de classifier ces croix de la manière suivante:

  • les croix simples;
  • les croix "pattées";
  • les croix formées par la modification des traits de la croix;
  • les croix formées par la modification des extrémités de la croix;
  • les croix formées par la disposition "en croix" de petites pièces ou de meubles;
  • les croix emblématiques et les croix des ordres militaires et religieux;



Les croix simples[modifier | modifier le code]

  • la croix grecque ou crux quadrata est carrée : ses branches ont la même longueur;
  • la croix latine possède un montant plus long que sa traverse, et cette traverse est haussée;
  • la croix patriarcale, ainsi nommée parce qu'elle est l'attribut des archevêques et des patriarches de l'Eglise catholique romaine, est, comme la croix latine, plus haute que large et elle possède deux traverses superposées et haussée dont la plus haute est plus courte que la plus basse;
Cette croix est, de nos jours, improprement appelée "croix de Lorraine", surtout depuis que le Général De Gaulle en a fait l'emblème de la France Libre. A l'origine, cependant, la croix de Lorraine possédait deux traverses de mêmes dimensions. Nous conservons ici cette distinction parce que c'est celle que l'on trouve dans les armoriaux les plus anciens: considérer la définition moderne nous amènerait à commettre d'importantes erreurs de blasonnement pour un grand nombre d'armoiries... On ne commet toutefois pas d'erreur à blasonner "de Lorraine" une croix patriarcale.
  • la croix orthodoxe, parfois nommée croix russe, possède trois traverses: la traverse du milieu est plus longue que les deux autres et la traverse du bas est inclinée vers la senestre de la pointe de l'écu;
  • la croix de Lorraine (dans sa forme ancienne) ou croix double, possède deux traverses haussées de même longueur;
  • la croix papale (dont l'usage est strictement réservé au Pape) possède trois traverses;
On rencontre habituellement deux versions de la croix papale: la première présente une traverse centrale plus longue que les deux autres, la deuxième présente une longueur différente pour chaque traverse, la plus courte en haut et la plus longue en bas... Du point de vue du blasonnement, c'est sans importance...
  • la croix de calvaire est une croix latine posée sur un "perron" de trois marches;
le nombre de marches du perron peut varier, mais dans ce cas, il faut le blasonner et, surtout, on parle alors de croix peronnée;
  • la croix de Saint Pierre (qui fut crucifié la tête en bas) est une croix latine renversée et l'on peut la blasonner de cette manière;
  • la croix de Saint André est une croix grecque (donc forcément alaisée) renversée à 45 degrés;
Cette croix est souvent assimilée au sautoir ou à la croix de Bourgogne. Elle en diffère cependant par deux détails: elle est toujours alaisée et elle est "carrée", tandis que le sautoir, s'il arrive qu'on le rencontre alaisé, occupe généralement tout l'écu et suit les angles de ses diagonales. Pour la précision du blasonnement, il n'est pas inutile de conserver cette distinction.
  • la croix de Saint Antoine ou tau est une croix latine dont la traverse est située au sommet du montant (elle adopte donc la forme d'un T majuscule);
  • le chrisme ou croix chrismée est formé par la superposition des lettres grecques Χ et Ρ (les deux premières lettres du mot "Christ");
  • la croix baptismale est formée d'une croix grecque (plus rarement latine) frappée du X grec;
  • la croix celtique est formée d'une croix latine et d'un anneau de diamètre inférieur à la longueur de la traverse,centré sur le croisement de la traverse et du montant;
Il s'agit parfois d'une croix grecque et, parfois aussi, la croix est inscrite dans l'anneau.
  • la croix ansée ou croix égyptienne est formée d'une croix latine dont la partie haute du montant est remplacée par une sorte de "poignée" ou anse;
Bien que cette croix ne soit pas d'inspiration chrétienne, elle est comptée parmi les croix d'inspiration religieuse, au même titre que la croix gammée qui suit...
  • le svastika ou, plus exactement, la croix en forme de svastika, ou encore, croix gammée est formé par la disposition en croix de quatre lettres Γ grecques (selon l'orientation des branches extérieures, on distingue deux formes de svastika);
Si, en Occident, le svastika évoque surtout le nazisme, il appartient à de nombreuses cultures depuis le Vème millénaire A.C. et, surtout, il est un symbole religieux important de l'hindouisme et du bouddhisme. Il apparaît aussi en héraldique. C'est pourquoi il a sa place au chapitre de croix, malgré ses connotations contemporaines particulières.



Remarque: Les proportions des illustrations ci-dessous sont arbitraires, de même que la position des divers éléments des croix sur l'écu.



Les croix "pattées"[modifier | modifier le code]

Les croix pattées ne se distinguent des croix de base que par la présence à leurs extrémités d'un empattement, exactement comme en imprimerie l'empattement vient achever le fut d'un caractère.

A vrai dire, si elles s'accordent à dire que la croix pattée est la première tentative historique d'ornementation de la croix du Christ, les nombreuses monographies consacrées à la croix et les essais de typologie s'entendent mal sur la définition qu'il convient de fournir de la croix pattée.

Même s'il semble en exister un grand nombre, les croix de ce type sont, en réalité, fort peu nombreuses: ce sont les proportions de leur dessin, très variables d'un artiste héraldiste à l'autre, qui créent leur apparente variété. En réalité, elles ne se distinguent que par la forme et les dimensions de l'empattement (qui peut être droit ou incurvé, large ou court), ainsi que par la forme du sommet des branches (droit, incurvé, en pointe)... Pas plus que leurs proportions, on ne blasonne les particularités de leurs empattements ou la forme de leurs sommets: ce sont toutes des croix pattées, à moins qu'elles ne portent un nom bien précis qui corresponde à une forme définie.

Nous verrons ainsi que la croix ancrée ou la croix cléchée sont des dérivations de la croix pattée...


En l'absence de précision dans le blasonnement, donc, nous aurons affaire à des croix pattées et l'artiste héraldiste disposera d'une certaine liberté dans le dessin...

  • la figure 1 ci-dessous montre une croix pattée construite sur le modèle de la croix de base avec des empattements relativement courts et incurvés;
  • la figure 2 est également une croix pattée qui ne diffère de la précédente que par le fait que ses empattements sont "droits";
  • les figures 3 et 4 sont encore des croix pattées dont les empattements, cette fois, rejoignent l'intersection des branches de la croix (empattement incurvés pour la figure 3 et droits pour le figure 4);
  • la figure 4 (ainsi que les figures 8, 12 et 16 ci-dessous qui en sont les formes alaisées) est en outre souvent considérée comme une croix de Malte ou, du moins, comme la forme de base de la croix de Malte contemporaine.




Ces croix existent, bien sûr, sous leur forme alaisée, sachant que la croix fondamentale peut être alaisée de trois manières différentes:

  • la croix est dite simplement alaisée lorsqu'elle s'écarte des bords de l'écu d'une distance égale dans la hauteur et dans la largeur (elle conserve donc les proportions de l'écu, quel qu'il soit... ici 7/8): figures 5 à 8;
  • la croix grecque est forcément alaisée puisqu'elle est carrée par définition; la distance entre les bords de l'écu et les extrémités de la croix n'est pas la même en hauteur et en largeur (sauf pour lécu en bannière): figures 9 à 12;
  • la croix latine n'est pas forcément alaisée, mais elle l'est très souvent en héraldique: figures 13 à 16.



Toutes ces croix sont donc des croix pattées. Et il n'est jamais incorrect de les blasonner sans autre précision puisque, dans l'esprit des héraldistes médiévaux, le symbole et les attributs du symbole suffisent: sa forme (on dirait aujourd'hui son "graphisme" ou — pire ! — son "design") importent peu.



Les croix formées par la modification des traits de la croix[modifier | modifier le code]

Comme toutes les pièces héraldiques, les traits de la croix peuvent être modifiés de nombreuses manières. Toutes les croix de base et les croix "simples" sont donc susceptibles d'être modifiées de cette manière.

Les croix formées par la modification des extrémités de la croix[modifier | modifier le code]







Attention: Une croix anillée est une croix ancrée dont les extrémités sont carrées, tandis qu'une croix quelconque et anillée est une croix percée d'un carré en son centre (par exemple, une croix potencée et anillée, une croix ancrée et anillée). On ne dira pas, bien sûr, une croix anillée et anillée (bien que ce fusse légitime), mais une croix anillée et percée en carré...





Les croix formées par la disposition "en croix" de petites pièces ou de meubles[modifier | modifier le code]

Il est toujours possible de disposer de petites pièces ou de petits meubles en croix sur l'écu. A priori, il suffit de les blasonner posés en croix et de préciser leur nombre, ainsi que leur orientation:

  • si leur nombre est un multiple de 4, c'est qu'ils sont disposés pour constituer chacune des branches de la croix;
  • si leur nombre est un multiple de 4 plus 1, c'est que l'un des meubles ou pièces est posé en abîme pour constituer le "coeur" de la croix, tandis que les autres en forment les branches;
  • on peut aussi blasonner ces figures "à la croix de..." pourvu qu'il n'existe aucune ambiguité.




Les croix emblématiques et les croix des ordres militaires et religieux[modifier | modifier le code]

L'importance des ordres militaires et religieux en héraldique est au moins aussi grande que leur impact dans l'histoire médiévale.



Le sautoir[modifier | modifier le code]

La champagne[modifier | modifier le code]

La champagne est une pièce honorable horizontale qui occupe la pointe de l'écu:

  • sa largeur est de deux parties (des sept de la largeur de l'écu), mais peut aller jusqu'au tiers de la hateur de l'écu;
  • lorsqu'elle est réduite à la moitié de sa hauteur, elle est appelée plaine.
Ne pas confondre la champagne et la plaine, qui ont un bord supérieur tout à fait droit, avec la terrasse ou la rivière, qui ont un bord sinueux.



Le franc-quartier[modifier | modifier le code]

Le franc-quartier est une pièce honorable rectangulaire qui occupe plus ou moins le premier (donc à la dextre du chef) quartier déterminé par l'écartelé. Il est aussi bien utilisé comme brisure que comme la marque d'une faveur ou d'une dignité (Premier empire). On le conçoit, le plus souvent, comme l'un des quatre quartiers du champ laissés libres par la croix de base:

  • ses dimensions "originelles" sont de deux parties et demie (des sept de la largeur de l'écu) en largeur et de trois parties et demie en hauteur (c'est à dire les mimensions de l'écu retranchées de deux parties pour lépaisseur d'une croix et ensuite divisées par deux);
  • tardivement (XIXème siècle), le franc-quartier a été dessiné comme le quart de l'écu;
  • on le dit "franc" parce qu'il est seul de son espèce sur l'écu;
  • bien qu'extrêmement rare, on peut concevoir le franc-quartier ailleurs qu'à la dextre du chef: il faut, dans ce cas, blasonner sa position.



Le franc-canton[modifier | modifier le code]

Le plus souvent employé comme brisure, le franc-canton est le premier (donc à la dextre du chef) des quatre espaces laissés libres par la croix "de base" lorsque les branches de cette croix ont en largeur le tiers de la largeur de l'écu (le franc-quartier, pour sa part) occupe l'espace laissé libre par une croix dont l'épaisseur est de deux parties):

    • sa largeur est donc d'un tiers de la largeur de l'écu, sa hauteur étant un peu supérieure à un tiers de la hauteur de l'écu.
Pour bien le différencier du franc-quartier, de nombreux artistes héraldistes n'hésitent pas à représenter le franc-canton plus petit qu'il ne devrait être ou, souvent, aux dimensions de l'un des neuf points de l'écu.



Le lambel[modifier | modifier le code]

En héraldique française, le lambel est tenu pour la plus noble des brisures, servant le plus souvent à distinguer les branches cadettes des familles. Ailleurs, il est parfois considéré comme un meuble.

  • le lambel est une sorte de traverse alaisée posée en chef à laquelle sont suspendues des pendants triangulaires que l'on appelle aussi gouttes ou denticules;
  • la traverse du lambel est large de la moitié d'une des sept parties de la largeur de l'écu;
  • les pendants sont le plus souvent au nombre de trois, mais l'on rencontre des lambels qui en possèdent jusqu'à neuf et, parfois, seulement deux;
  • dans sa forme originelle, le lambel occupe toute la largeur de l'écu, ses pendants sont de forme rectangulaire et ont la largeur de la traverse, sa largeur totale est celle de la fasce;
  • quand les pendants du lambel sont chargé de meubles, c'est cette forme que l'on adopte;
  • on ne précise le nombre de pendants que lorsqu'il diffère de trois.



La pointe et la pile[modifier | modifier le code]

La pointe est une pièce honorable de forme triangulaire mouvant de l'un des bords ou des angles de l'écu et dirigée vers le bord ou l'angle opposé.

    • la largeur de la base de la pointe varie, selon les auteurs, de deux parties de la largeur de l'écu à la moitié;
    • de la même manière, les auteurs sont divisés sur sa hauteur: pour certains la pointe rejoint le bord ou l'angle opposé, pour d'autres, elle s'arrête à une partie de distance;
    • on trouve des pointes en pal (par définition), en fasce, mouvant de l'un ou l'autre flanc, en bande ou en barre, positions et directions qu'il faut blasonner précisément;
    • quand les pointes sont en nombre, la largeur de leur base diminue progressivement;
    • lorsque la pointe est en pal mouvant de la pointe, on ne la blasonne que "pointe";
    • lorsque la pointe est en pal mouvant du chef, on la blasonne pile ou, plus rarement, pointe renversée;
L'émanche ou emmanche est une pointe dont la longueur n'occupe que les deux tiers d'une dimension de l'écu...



Le giron[modifier | modifier le code]



Le pairle et le gousset[modifier | modifier le code]

La chappe[modifier | modifier le code]

La chausse[modifier | modifier le code]

Le mantel[modifier | modifier le code]

L'emmanche[modifier | modifier le code]

Les pièces moins honorables[modifier | modifier le code]

Les autres pièces[modifier | modifier le code]