Utilisateur:Leonard Fibonacci/Florilège de textes antiques (Th. Reinach)

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Suetone[modifier | modifier le code]

Vie de Claude[modifier | modifier le code]

XXV. Suite des règlements divers

(11) Il chassa de la ville les Juifs qui se soulevaient sans cesse à l'instigation d'un certain Chrestus[1].

XXVIII. Ses affranchis

(1) Parmi ses affranchis, ceux qu'il (Claude) estima le plus furent l'eunuque Posidès, auquel il décerna une pique sans fer, dans son triomphe sur la Bretagne; Félix, qu'il mit successivement à la tête de cohortes, d'escadrons et de la province de Judée, et qui épousa trois reines; Harpocras, auquel il accorda le droit de parcourir la ville en litière et de donner des spectacles; Polybe surtout, son archiviste, qui marchait souvent entre les deux consuls; (2) mais, de préférence à tous les autres, Narcisse son secrétaire, et Pallas son intendant, que, par un sénatus-consulte, il se plut à combler des plus grandes récompenses, et à revêtir des ornements de la questure et de la préture. En outre, il les laissa tellement entasser de gains et de rapines que, se plaignant un jour de n'avoir rien dans son trésor, on lui répondit fort à propos qu'il serait dans l'abondance, si ses deux affranchis voulaient le mettre de moitié avec eux. 

Vie de Vespasien[modifier | modifier le code]

1. De temps immémorial il régnait dans tout l'Orient une vieille tradition: les Destins avaient prédit que ceux qui viendraient de la Judée, à cette époque, seraient les maîtres du monde. Cet oracle, qui concernait un empereur romain, comme l'événement le prouva dans la suite, les Juifs se l'appliquèrent à eux-mêmes. Ils se révoltèrent, mirent à mort leur gouverneur, chassèrent le légat consulaire de Syrie qui venait à son secours, et lui enlevèrent son aigle. Pour apaiser ce soulèvement, il fallait une armée considérable et un chef intrépide qui, pût garantir le succès d'une expédition aussi importante. Vespasien fut choisi de préférence à tout autre, comme joignant à un talent éprouvé une naissance obscure et un nom dont on n'avait rien à redouter. Il renforça ses troupes de deux légions, de huit escadrons et de dix cohortes, prit son fils aîné au nombre de ses lieutenants, et, dès son arrivée, s'attira l'affection des provinces voisines, en rétablissant la discipline militaire. Il déploya tant d'énergie dans un ou deux combats, qu'au siège d'un fort, il fut blessé au genou d'un coup de pierre, et reçut plusieurs traits sur son bouclier. [...]

2. [...] Dans la Judée, il consulta l'oracle du dieu Carmel, et le sort lui répondit que ce qu'il pensait en ce moment, quelque grands que fussent ses desseins, il lui en assurait le succès. Josèphe, un des plus nobles prisonniers, au moment où on le jetait dans les fers, ne cessa d'affirmer que bientôt il serait délivré par Vespasien, et par Vespasien empereur. [...]

[...] Cependant cette élection n'eut pas de suite, parce que les soldats rentrèrent peu à peu dans le devoir. Mais le fait s'étant ébruité, Tiberius Alexander, préfet d'Égypte, fut le premier qui engagea les légions à prêter serment à Vespasien, le jour des calendes de juillet. Ce jour, qui signalait son avènement au trône, fut dans la suite fêté religieusement. L'armée de Judée lui jura fidélité le cinquième jour avant les ides de juillet. Plusieurs circonstances contribuèrent puissamment au succès de l'entreprise: d'abord la copie répandue d'une lettre, vraie ou supposée, d'Othon à Vespasien, où, avant de mourir, il le chargeait de le venger, et le priait de secourir l'empire; ensuite le bruit qui courut que Vitellius voulait changer les quartiers d'hiver des légions, et transporter en Orient celles de Germanie pour leur assurer un service plus doux et plus tranquille; enfin Licinius Mucianus, l'un des gouverneurs des provinces, et Vologèse, roi des Parthes: le premier renonça à la haine ouverte que la jalousie lui avait inspirée jusqu'alors, et lui assura l'aide de ses troupes de Syrie; le second lui promit quarante mille archers.

(ceci renforce l'idée que Jérusalem a été prise en 69, car Flavius Josèphe place clairement cette promesse du roi Parthe à l'automne qui suit la prise de Jérusalem et Suetone comme Josèphe situe cela AVANT que Vespasien soit reconnu empereur par le Sénat (fin décembre 69))

Vie de Titus[modifier | modifier le code]

IV 3

(3) Au sortir de la questure, placé à la tête d'une légion, il se rendit maître de Tarichées et de Gamala, les plus fortes places de Judée. Il eut un cheval tué sous lui dans un combat, et monta celui d'un ennemi qu'il venait de renverser.

V

Lorsque Galba parvint à l'empire, Titus fut envoyé pour le féliciter, et, sur son passage, il attira tous les regards, comme si l'on croyait que l'empereur le faisait venir pour l'adopter. Mais, dès qu'il eut appris que de nouvelles séditions venaient d'éclater, il retourna sur ses pas, et consulta l'oracle de Vénus à Paphos (à Chypre) sur le succès de sa traversée. L'oracle lui promit le commandement. En effet, il ne tarda pas à en être investi, et il resta en Judée pour achever de la soumettre. Au dernier assaut de Jérusalem, il tua de douze coups de flèches douze défenseurs de la place, et la prit le jour de la naissance de sa fille (29 ou 30 août). La joie et l'enthousiasme des soldats furent tels, que, dans leurs félicitations, ils le saluèrent "imperator". Bientôt après, quand il quitta la province, ils employèrent tour à tour les prières et les menaces pour le retenir, le conjurant de rester ou de les emmener. Ces démonstrations firent soupçonner qu'il voulait abandonner son père, et se créer un empire en Orient. Il confirma ces soupçons lorsqu'il vint à Alexandrie, et qu'en consacrant à Memphis le bœuf Apis, il mit le diadème sur sa tête. C'était une antique cérémonie de la religion égyptienne; mais on l'accompagna d'interprétations malveillantes. Titus se hâta donc de revenir en Italie. Il aborda à Régium, puis à Pouzzoles sur un bâtiment de transport; ensuite il accourut rapidement à Rome, et, voyant son père surpris de son arrivée, il lui dit, comme pour confondre les bruits qu'on avait hasardés sur son compte: "Me voici, mon père, me voici."

Vie de Domitien[modifier | modifier le code]

II

[...] Toutes les fois qu'il paraissait en public avec Titus, Domitien suivait leur chaise en litière. Il accompagna leur triomphe de Judée, monté sur un cheval blanc.

XII

[...] La taxe sur les Juifs fut exigée plus rigoureusement que toutes les autres. On y soumettait également ceux qui vivaient dans la religion juive sans en avoir fait profession, et ceux qui dissimulaient leur origine pour s'exempter des tributs imposés à cette nation. Je me souviens d'avoir vu dans ma jeunesse un receveur visiter, devant une assemblée nombreuse, un vieillard de quatre-vingt-dix ans pour savoir s'il était circoncis.

Tacite[modifier | modifier le code]

Histoires[modifier | modifier le code]

II, 4

Vespasien avait amené à son terme la guerre de Judée ; il ne restait plus qu'à forcer Jérusalem, rude et pénible entreprise, à cause de sa situation escarpée et de son fanatisme opiniâtre ; car d'ailleurs les assiégés n'avaient plus contre le fer et la faim que de faibles ressources. J'ai déjà dit que Vespasien avait trois légions, aguerries par les combats. Mucien en commandait quatre et ne faisait pas la guerre

II, 5

Vespasien et Mucien
[...]
Gouverneurs l'un de Syrie, l'autre de Judée, et divisés par la jalousie, effet de ce voisinage politique, ils se rapprochèrent à la mort de Néron et concertèrent leurs démarches. Ce fut d'abord par l'entremise de quelques amis ; ensuite Titus, le principal lien de leur foi mutuelle, fit céder à l'intérêt commun de fâcheuses rivalités : esprit conciliateur que la nature et l'art avaient doué de séductions irrésistibles pour Mucien lui-même ;

II, 79

LXXIX. Les deux chefs se séparèrent, bien sûrs de leurs desseins, et Mucien se rendit à Antioche, Vespasien à Césarée : ce sont les capitales, celle-ci de Judée, et l'autre de Syrie. Le mouvement qui mit l'empire aux mains de Vespasien partit d'Alexandrie. Tibérius Alexander en hâta le signal en faisant reconnaître ce prince par ses légions dès les kalendes de juillet. L'usage a consacré ce jour comme le premier de son règne, quoique ce soit le cinq des nones que les troupes de Judée firent serment entre ses mains. Ce fut du reste avec tant d'ardeur qu'elles n'attendirent pas même son fils Titus revenant de Syrie et organe des intelligences de Mucien et de son père. L'enthousiasme des soldats fit tout sans qu'on les eût harangués, sans qu'on eût réuni les légions.

II, 81

LXXXI. Avant les ides de juillet, toute la Syrie avait passé sous le même serment. Vinrent ensuite des rois avec leurs États : Sohémus[2] (Sohaemos d'Émèse, roi de Sophène) dont les forces n'étaient pas méprisables ; Antiochus (Antiochos IV de Commagène) (à noter l'absence d'Aristobule de Chalcis), fier d'une antique opulence et le plus riche des monarques sujets. Bientôt averti secrètement par les siens, et sorti de Rome avant que Vitellius eût encore rien appris, Agrippa (II) se joignit à eux après une rapide navigation. Le parti trouvait une auxiliaire non moins zélée dans la reine Bérénice, parée des fleurs de l'âge et de la beauté, agréable même aux vieux ans de Vespasien par la magnificence des présents qu'elle offrait...

On tint un grand conseil à Béryte (Beyrouth). Mucien s'y rendit avec ses lieutenants, ses tribuns et les plus distingués des centurions et des soldats. L'armée de Judée fournit aussi l'élite et l'honneur de ses rangs. Tant de fantassins et de cavaliers rassemblés, la pompe que tous ces rois déployaient à l'envi, formaient un spectacle digne de la grandeur impériale.

II, 82

LXXXII. Parmi les soins de la guerre, le premier fut de faire des levées et de rappeler les vétérans. On désigne des villes fortifiées pour y fabriquer des armes ; on frappe à Antioche des monnaies d'or et d'argent...
[...]
Des ambassadeurs furent envoyés chez le Parthe et l’Arménien, et l'on pourvut à ce que les légions employées à la guerre civile ne laissassent point derrière elles les frontières découvertes. Il fut réglé que Titus pousserait les succès en Judée, et que Vespasien garderait les barrières de l'Égypte. [...]

II, 83

LXXXIII. A la tête d'une troupe légère, Mucien s'avançait en homme associé à l'empire, plutôt qu'en ministre d'un empereur ; ne marchant ni trop lentement, de peur de sembler timide, ni trop vite, afin de laisser de l'espace aux progrès de la renommée : car il savait que ses forces étaient médiocres, et que l'opinion grossit ce que les yeux ne voient pas. Du reste, la sixième légion et treize mille vexillaires suivaient en un formidable appareil. Il avait ordonné que la flotte du Pont fût amenée à Byzance...

II, 85

LXXXV. Les succès de Vespasien furent accélérés par l'empressement des légions illyriques à se ranger sous ses drapeaux. La troisième donna l'exemple aux autres légions de Mésie. C'étaient la huitième et la septième Claudienne,
[...]
Les trois légions (une d'Illyrie (la 3e ?) + 2 de Mésie (la 8e et la 7e Claudienne)) écrivirent à l'armée de Pannonie pour l'engager dans leurs desseins, et, en cas de refus, elles se préparaient à employer la force. Dans ce mouvement, Aponius Saturninus, gouverneur de Mésie, tenta un audacieux forfait : il envoya un centurion assassiner Tertius Julianus, lieutenant de la septième légion ; vengeance particulière qu'il couvrait d'un motif politique. Julianus, instruit du danger, prit des guides sûrs, et s'enfuit par les déserts de la Mésie jusqu'au delà du mont Hémus. Depuis il ne fut plus mêlé à la guerre civile, reculant sous différents prétextes son arrivée au camp de Vespasien, pour lequel il s'était mis en route, et, selon la diversité des nouvelles, ralentissant ou hâtant sa marche. [En (automne ?) 69, Vespasien a donc un camp en Illyrie => prise de Jérusalem en 69 (ce qui correspond au contenu des lettres reçu par Titus après la prise de Jérusalem))

II, 86

LXXXVI. En Pannonie, la treizième légion et la septième Galbienne, nourrissant un profond ressentiment de l'affront de Bédriac, embrassèrent sans balancer la cause de Vespasien.
[...]
et l'espace d'un moment a vu s'allumer une guerre formidable où déjà les armées illyriques ont levé l'étendard, et les autres sont prêtes à suivre la fortune.

II, 89

Vitellius entre dans Rome
LXXXIX. Vitellius cependant était parti du pont Milvius, monté sur un superbe cheval, avec l'habit du commandement et l’épée au côté, chassant devant lui le sénat et le peuple, et tout prêt à entrer dans Rome, comme dans une ville prise, si ses amis ne l'en eussent détourné. Averti par leurs conseils, il revêtit la prétexte, rangea son armée en bon ordre et fit son entrée à pied...

Arrivée de Vitellius à Rome fin juillet/début août. Il s'est donc écoulé 3 mois et demi depuis la bataille de Bedriacum le 14 avril, le suicide d'Othon et la proclamation de Vitellius comme empereur par le Sénat, le 18 avril 69.

Dion Cassius[modifier | modifier le code]

Persécution de Domitien[modifier | modifier le code]

Traduction de Th. Reinach

« Cette même année, Domitien fit mourir, outre plusieurs autres, son oncle Flavius Clément, bien qu'ils fussent cousins et qu'il eut épousé Flavia Domitilla sa parente, les accusant tous deux de ne pas adorer les Dieux. Plusieurs encore qui avaient embrassé la religion des juifs, furent punis pour le même sujet, les uns de mort, les autres de la confiscation de leurs biens. Pour Domitilla, il se contenta de la reléguer dans l'île de Pandateria. Glabrion qui avait été consul avec Trajan, fut aussi condamné à mort, tant pour ce même crime que parce qu'il avait combattu contre les bêtes quoiqu'au fond c'était seulement à cause que Domitien lui portait envie, car comme à la fête Juvénale qu'il avait invité chez lui au Mont Alban, il lui eut commandé de combattre contre un puissant lion, non seulement il n'en fut point offensé, mais encore il le tua sur place. Depuis cette occasion, tout le monde devint suspect à Domitien jusqu'à des affranchis et des capitaines des gardes qu'ils faisaient mourir dans le temps même qu'ils étaient en charge. Il fit tuer alors Epaphroditus[3], affranchi de Néron, qu'il avait banni l'accusant de ne pas avoir secouru son maître, afin d'épouvanter les siens par avance, s'il leur tombait dans l'esprit d'en faire autant. » »

Traduction de E. Gros

« 14. Cette même année, Domitien fit mourir, plusieurs personnes entre autres le consul Flavius Clémens, bien qu'il fut son cousin et qu'il eut pour femme Flavia Domitilla sa parente. Il leur reprochait à tous deux une impiété pour laquelle furent condamnés aussi plusieurs citoyens, coupable d'avoir embrassé la religion des juifs, et dont les uns furent exécutés à mort, les autres privés de leurs biens ; quant à Domitilla, il se contenta de la reléguer dans l'île de Pandateria. Il fit aussi mourir Glabrion qui avait été consul avec Trajan, coupable aux mêmes titres que la plupart des accusés d'alors, et aussi parce qu'il avait combattu contre les bêtes. La colère de Domitien venait surtout de la jalousie ; Glabrion pendant qu'il était consul, ayant été appelé par l'empereur dans sa maison d'Albe pour les Juvénales, avait été forcé de tuer un lion énorme, et non seulement il n'avait pas été blessé, mais même il avait tué le lion, grâce à l'habileté de ses coups. Soupçonnant tout le monde à raison de ces motifs, Domitien n'eut plus d'espoir de sûreté, ni de ses affranchis, ni dans les préfets du prétoire qu'ils faisaient mettre en cause même dans le temps de leur commandement. Epaphroditus, l'affranchi de Néron, avait d'abord était banni par lui ; mais alors il le fit exécuter à mort, lui reprochant de ne pas avoir secouru Néron, afin par la vengeance accordé à cet empereur, de détourner ses propres affranchis, en les effrayant de loin à l'avance, de rien oser de semblable. »

« Mais cette précaution ne lui servit de rien ; une conspiration fut ourdie contre lui l'année suivante, sous le consulat de C. Valens (qui mourut dans l'exercice de sa charge à l'âge de 90 ans) et de C. Antistius, et il y périt. »

Complot contre Domitien et son assassinat[modifier | modifier le code]

« 15. Les conjurés furent Parthenius son Chambellan, bien qu'il l'eut avancé à de grandes dignités, et qu'il eut l'honneur de porter l'épée devant lui, Sigerius un de ses autres chambellans et Entellius, intendant des finances, avec Stephanus son affranchi. Quoique l'on tienne que sa femme Domitia et Norbanus, Grand Maître du palais, de même que Petronius Secondus son Compagnon de charge savaient l'affaire. Mais Domitia n'était plus aimée de lui, et craignait à tout moment qu'il ne la fit mourir ; et pour les autres, ils commençaient à le regarder d'un mauvais œil, à cause de quelques-uns d'entre-eux ayant été accusés de crimes, chacun en particulier appréhendait qu'il ne lui en fit autant. »  J'ai ouîe dire que Domitien ayant des soupçons sur tous à la fois voulu se défaire d'eux ; qu'il déposa sous le chevet de son lit de repos des tablettes de tilleul pliantes où il avait écrit leurs noms ; et qu'un des petits enfants nus et babillards, tandis que le prince dormait dans le jour, déroba les tablettes, sans savoir ce qu'il portait ; puis que Domitia qui le rencontra, en lut le contenu et en donna avis aux autres ; et que ce fut pour eux un motif de presser un complot auquel ils songeait d'ailleurs.Néanmoins, ils ne mirent la main à l’œuvre qu'après s'être assuré du successeur de l'Empire. Ils en conférèrent avec plusieurs, mais aucun n'ayant accepté (tous craignirent que ce ne fut pour les éprouver), ils allèrent trouver Nerva, vu qu'il était de haute naissance, d'un naturel doux, et que, de plus, il avait été compromis par les astrologues [qui avaient prétendu qu'il aurait le souverain pouvoir;] circonstance par laquelle ils le décidèrent plus aisément à se charger de l'Empire. Domitien, en effet, recherchant de toutes les façons le jour et l'heure de la naissance des principaux citoyens, en avait fait périr un grand nombre, qui ne se croyaient pas, même pour cela, destinés à l'Empire, et il aurait tué Nerva sans la bonne volonté d'un astrologue qui lui dit que Nerva mourrait sous peu de jours. [Croyant qu'il en était ainsi il ne voulu pas verser le sang d'un homme qui devait infailliblement mourir sous peu.]

[Le § 16 est tout entier consacré aux présages qui avaient annoncé la mort de Domitien, car « aucun événement de cette importance n'arrive sans avoir été prévu ».]

17. J'aurai encore à faire connaître un autre événement fort étrange quand j'aurai parlé de la mort de Domitien. À peine s'était-il levé de son tribunal et allait-il suivant sa coutume, prendre le repos du milieu du jour, que Parthénius commença par enlever le fer de l'épée qui était constamment sous son chevet de peur qu'il ne s'en servit ; puis il envoya contre lui Stephanus, le plus robuste des conjurés. Celui-ci frappa Domitien d'un coup qui n'était pas mortel, mais renversé par le prince,il se trouva sous lui. Dans cet état de chose, Parthénius qui craignait que Domitien n'en réchappât, fondit à son tour sur lui, ou suivant le récit de quelques uns, envoya comme renfort l'affranchi Maximus. C'est ainsi que Domitien fut tué et que beaucoup qui n'avait pas pris part à la conspiration étant accouru sur le champ, Stéphanus périt avec lui.
[Seul Étienne est tué par des hommes d'armes accourus, alertés par les cris de l'empereur]

Prescience d'Apolonios[modifier | modifier le code]

« 18. Mais ce que j'ai dit m'avoir frappé par dessus tout le reste le voici: un certain Apollonios de Tyane, au jour et à l'heure où Domitien était assassiné (la chose a depuis exactement été vérifiée par ceux qui vinrent des deux pays), étant monté, à Éphèse ou ailleurs, sur une grosse pierre et ayant appelé la multitude, s'écria :« Bien Stéphanus, courage ; frappe le meurtrier. Tu l'as atteint, tu l'as blessé, tu l'as tué. » La chose se passa ainsi, dut-on mille et mille fois refuser d'y croire[4]. »

Extraits (Épaphrodite)[modifier | modifier le code]

Soupçonnant tout le monde à raison de ces motifs, Domitien n'eut plus d'espoir de sûreté, ni de ses affranchis, ni dans les préfets du prétoire qu'ils faisaient mettre en cause même dans le temps de leur commandement. Quels sont donc "ces motifs" ? Les mêmes que Glabrio « coupable aux mêmes titres que la plupart des accusés d'alors. » Coupable aux mêmes titres notamment que T. Flavius Clemens et Flavia Domitilla à qui Domitien a reproché « à tous deux une impiété pour laquelle furent condamnés aussi plusieurs citoyens, coupable d'avoir embrassé la religion des juifs. » C'est pourquoi, il soupçonne Épaphrodite et le fait mettre à mort en lui reprochant « de ne pas avoir secouru Néron, afin par la vengeance accordé à cet empereur, de détourner ses propres affranchis, en les effrayant de loin à l'avance, de rien oser de semblable. »

« Mais cette précaution ne lui servit de rien ; une conspiration fut ourdie contre lui l'année suivante (en 96) et il y périt. »

Les conjurés furent Parthenius son Chambellan à qui il faisait « l'honneur de porter l'épée devant lui, Sigerius un de ses autres chambellans et Entellius, intendant des finances, avec Stephanus son affranchi. » Sa femme « Domitia et Norbanus, Grand Maître du palais, de même que Petronius Secondus son Compagnon de charge » étaient au courant du complot.

Histoire Auguste[modifier | modifier le code]

Hadrien par Spartien[modifier | modifier le code]

c. 14

En ce temps là (à l'époque du voyage d'Hadrien en Asie (c. 132)) les Juifs aussi prirent les armes parce qu'on leur défendait de pratiquer la circoncision[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les Juifs chassés de Rome en 19 semblent être rentrés après la chute de Séjan (en 31). Dion Cassius dit qu'il fut seulement interdit aux Juifs de se réunir en assemblés.
  2. Il avait été nommé par Néron roi de Sophène.
  3. Epaphrodite, comme les autres est donc soupçonné « à raison de ces motifs », c'est-à-dire d'avoir « embrassé la religion des Juifs. » Ce qui correspond clairement à l'Épaphrodite auquel Flavius Josèphe dédie ses ouvrages en 93-96. Lorsque le Contre Apion est publié (vers 94-95), il est encore le « très puissant Épaphrodite » et n'a donc pas encore été banni. Ce qui suggère que la sortie du livre de Juste de Tibériade n'est pas étrangère à son bannissement, puis à son exécution. Les critiques donnent en effet 93/94 pour la sortie de sa première version des Antiquités judaïques (sans la Vita), 94/95 pour la publication de Contre Apion. Juste de Tibériade dont le livre était prêt depuis 20 ans et qui attendait la mort d'Agrippa (probablement 92/96) pour le publier, le fait donc immédiatement . Un clan très puissant à Rome décide d'y répondre en publiant une nouvelle version des Antiquités judaïques amputés de 5 passages qui concernaient la famille royale d'Adiabène et à laquelle on ajoute une très curieuse "Autobiographie" de Flavius Josèphe, dont 85% du texte concerne les 6 ou 7 mois où il a été gouverneur de Galilée 30 ans auparavant. Lorsque Josèphe publie cette nouvelle version des Antiquités avec sa Vita en appendice, Épaphrodite est peut-être déjà banni, mais pas encore exécuté. Il n'est plus qualifié de "très puissant" et la citation de Josèphe est là peut-être pour soutenir son ami à qui il doit beaucoup et qui traverse une période difficile. La raison du bannissement d'Épaphrodite pourrait-être qu'il n'a pas informé Domitien de la manipulation de l'Histoire faites sur ordre de Vespasien et de Titus et que l'empereur n'a donc pas pu donner les directives qui auraient pu permettre d'empêcher la publication du livre de Juste de Tibériade. Selon Dion Cassius, Épaphrodite est tué après l'exécution de Titus Flavius Clemens1, qui a terminé son consulat le er mai 953. Sa femme Flavia Domitilla est alors exilée sur l'île de Pandateria, ensuite Acilius Glabrio est aussi exécuté pour des motifs semblables. L'exécution d'Épaphrodite a donc eu lieu à la fin de l'année 95 ou au début de l'année 96. Puisque Épaphrodite est soupçonné et condamné pour les mêmes motifs que Titus Flavius Clemens, que sa femme Flavia Domitilla et que Acilius Glabrio, il était donc membre du mouvement créé par Jésus. Il est donc très probable qu'il soit aussi l'Épaphrodite mentionné dans l'Épître aux Philippiens en 67. Un membre de la« maison de César » qui était suffisamment haut placé et influent pour accéder à un prisonnier enfermé dans la prison Mamertine (Tullianum) avec un chef d'accusation passible de la peine de mort.
  4. Philostrate d'Athènes raconte à peu prés la même histoire, mais dans cette biographie de Philostrate, ce dernier se serait contenté de crier « frappes, frappes le tyran ». Il est intéressant de noter que selon cette biographie Apollonios aurait fait partie de ceux qui ont été poursuivis lors de cette vague de répression, mais comme l'apôtre Jean de Zébédée, il aurait survécu à la condamnation de Domitien. Philostrate dit qu'Apollonios a été emmené à Rome et qu'il a comparu au moins une fois devant Domitien, puis qu'il s'est évadé miraculeusement et s'est retrouvé à Éphèse. Comme pour l'apôtre Pierre et d'autres, les évasions "miraculeuses" sont invoqués quand on ne peut pas révéler les noms de ceux qui ont ont organisé l'évasion, des personnages probablement très hauts placés dans la hiérarchie de l'Empire, dont il faut préserver l'anonymat pour ne pas les mettre en danger. Pour l'évasion de l'apôtre Pierre, on apprendra deux siècles plus tard, de façon à peine codée, que l'ange organisatrice de l'évasion était la femme de Lucceius Albinus. Chez Philostrate, le meurtre de Domitien intervient après l'exécution de Clemens « à qui Domitien avait donné sa soeur en mariage. » Ce Clemens, qui est probablement le « consul Clemens », marié à une soeur de Titus et de Domitien et qui est le père d'Onkelos selon le Talmud, était un grand ami d'Appolonios. Si notre identification est exacte, le fait qu'un de ses fils se marie avec la fille de Sergius Paulus qui a été converti à Chypre par Paul de Tarse et Joseph Barnabas prouve que lui aussi appartenait à "la Voie du Seigneur Jésus". Lors de la Persécution de Domitien, l'apôtre Jean de Zébédée est donné comme ayant été condamné à mourir jeté dans un bassin d'eau bouillante. Il aurait "miraculeusement" ressuscité après ce supplice. Pour ceux qui ne croient pas aux miracles, cela veut dire qu'il a probablement lui-aussi bénéficié de complicités qui l'ont soustrait à ce supplice au dernier moment. On le retrouve lui aussi vivant toujours à Éphèse, la même ville que là où s'est réfugié Apollonios de Tyane au même moment. Cela indique que de nombreux adeptes de "la Voie du Seigneur Jésus" ont participé au complot qui ne s'est pas limité au meurtre de Domitien, mais qui s'est aussi traduit par l'organisation de l'évasion de plusieurs condamnés. Ce que Stephanus/Étienne dit à Domitien pour capter son attention est notable à ce sujet: – « Votre mortel ennemi, Clément, lui dit alors Étienne, n'est pas mort comme vous le pensez. Il est en un endroit que je sais, et là il s'arme contre vous13. » « Cette nouvelle fit pousser à l'empereur un grand cri : profitant de son trouble, Étienne se jeta sur lui, et tirant l'épée de son bras qu'il avait arrangé à cette intention, il lui porta à la cuisse un coup qui ne fit pas mourir sur-le-champ Domitien, mais qui était mortel. » Si Domitien prend si facilement cette nouvelle au sérieux, c'est peut-être que plusieurs autres des condamnés membres du mouvement s'étaient ainsi évadés, tout comme Apollonios de Tyane et l'apôtre Jean. Par ailleurs Apollonios de Tyane ressemble furieusement à celui qui est appelé Appolos, mais qui figure sous le nom d'Apollonios dans plusieurs manuscrits antiques des Actes des Apôtres. Selon la biographie de Philostrate, il se trouve à Éphèse au même moment que l'Appolos des Actes des Apôtres où il rencontre justement Aquila (!). Après Éphése, il se rend aussi à Corinthe. Ses pratiques végétariennes pourraient venir des Thérapeutes d'Alexandrie. D'autres éléments correspondent. Il est curieux qu'aucun critique ne semble s'être penché sur ce sujet.
  5. Le motif invoqué par Spartien n'apparaît nulle-part ailleurs et semble suspect. Les motifs plus vraisemblables sont la décision d'Hadrien de transformer Jérusalem en une cité grecque (AElia Capitolina) et le refus d'autoriser la reconstruction du Temple malgré les promesses antérieures.