Voir la source de Sanctuaire fédéral des Trois Gaules

{{Infobox Site archéologique
 | nom             = Sanctuaire fédéral des Trois Gaules
 | image           = Sesterce Auguste autel de Lyon.jpg
 | légende image   = Autel de Rome et d'Auguste, représenté sur un [[sesterce]] frappé à Lyon sous le règne d'[[Auguste]]<br />Légende : ROMETAUG, c'est-à-dire ''ROMae ET AUGusto'' (« à Rome et à Auguste »)
 | pays            = {{France}}
 | nom région1     = Lieu
 | région1         = [[Lyon]]
 | époque1         = [[Empire romain]]<br/>(période [[Auguste|augustéenne]])
 | type            = Sanctuaire
 | latitude        = 45.770519
 | longitude       = 4.830572
 | géolocalisation = Empire romain/France/Lyon
}}

Le '''sanctuaire fédéral des Trois Gaules''' est le nom donné à un ensemble architectural [[Empire romain|romain]] disparu, érigé en 12 {{av JC}} à [[Lyon pendant l'Antiquité|Lugdunum (Lyon)]] à la demande de [[Nero Claudius Drusus]]<ref>Turcan Robert, « Un bimillénaire méconnu : l'assemblée des trois Gaules », ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', {{135e|année}}, n° 4, 1991, {{p.|733-742}}.[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1991_num_135_4_15042 Lire en ligne].</ref>, beau-frère de l'empereur et père du futur [[Claude (empereur romain)|Claude]]. Dans cet espace, les nations gauloises fédérées ont célébrées le [[Culte impérial dans la Rome antique|culte impérial]].

Il est admis que « l'assemblée gauloise du Confluent » était réuni le {{Date|1 août}} ; le choix et les raisons de cette date font débats. Elles sont de deux ordres : soit cultuel (continuité d'un culte celtique dédié à [[Lug (dieu)|Lug]], transposition d'une assemblée druidique et/ou transposition d'un [[Culte impérial dans la Rome antique|culte impérial]] dédié à Auguste<ref group="Notes">l'hypothèse d'un culte impérial reprenant des éléments cultuels celtes est privilégiée</ref>), soit politique (date anniversaire de [[Claude (empereur romain)|Claude]], anniversaire de la bataille d'[[Bataille d'Actium|Actium]], [[assemblée provinciale]] transposée aux Gaules)<ref name=":1">{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Emmanuel|nom1=Arbabe|titre chapitre=Chapitre III : La Gaule romaine|titre ouvrage=La politique des Gaulois : Vie politique et institutions en Gaule chevelue (IIe siècle avant notre ère-70)|éditeur=Éditions de la Sorbonne|collection=Histoire ancienne et médiévale|date=2017|pages totales=103–169|isbn=979-10-351-0132-9|lire en ligne=https://books.openedition.org/psorbonne/57272#anchor-toc-1-4|consulté le=2024-10-22}}</ref>.

Plusieurs autres raisons confèrent à cette [[colonie romaine]] un statut particulier qu'elle conservera dans le temps : le [[second atelier monétaire impérial]], la présence d'une [[cohorte urbaine]], la collecte de l'impôt des nations gauloises fédérées (ex: des [[Parisii]], des [[Arvernes]], des [[Namnètes]], des [[Rèmes]], etc.),  etc.

== Localisation ==
La localisation du site est rendue possible grâce à des auteurs antiques ([[Tite-Live|Tite-LIve]], [[Suétone]], [[Strabon]])<ref name=":1" />, mais aussi avec la mise au jour de vestiges, dont un fragment de la [[Table Claudienne|table claudienne]], sur le versant méridional des pentes de [[la Croix-Rousse]] ([[rue des Tables-Claudiennes]]).

=== Localisation habituelle ===
Audin imaginait une vaste esplanade de 296m de long et 69m de large, faisant face à une falaise de 15m, et qui reproduit les dispositions du [[Sanctuaire de la Fortuna Primigenia|sanctuaire de Fortuna Primigenia]], à [[Préneste]]. L'autel aurait été disposé sur un [[Podium (architecture)|podium]] potentiellement acolé à l'amphithéâtre. Mais cette restitution formulée par l'archéologue lyonnais est en grande partie intuitive<ref>{{Article|prénom1=Laurence|nom1=Tranoy|prénom2=Grégoire|nom2=Ayala|titre=Les pentes de la Croix-Rousse à Lyon dans l'Antiquité. État des connaissances|périodique=Gallia|volume=51|numéro=1|pages=171–189|date=1994|doi=10.3406/galia.1994.2976|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1994_num_51_1_2976|consulté le=2024-10-29}}</ref>.

Le sanctuaire devait se situer à environ 200 m au nord-est de la Saône ([[fresque des Lyonnais]]), à 500 m à l'ouest du Rhône ([[pont Morand]]) et à 400 m au nord-ouest de la place des Terreaux ([[mairie de Lyon]] et [[Musée des Beaux-Arts de Lyon|musée des Beaux-Arts]]), à une altitude d'une quinzaine de mètres et sur une pente assez marquée. L'amphithéâtre des Trois Gaules se trouvant entre la [[rue Lucien-Sportisse]], au sud, et la [[rue des Tables-Claudiennes]], au nord.

=== Localisations alternatives ===
L'hypothèse actuelle de localisation du sanctuaire fédéral n'est pas unique. En effet, l'expression latine traduite par « Confluent » a été interprété comme permettant de le localiser dans le secteur d'Ainay, le sanctuaire a donc longtemps été situé dans cette partie de la presqu'île<ref name=":3">{{Lien web |titre=Le sanctuaire fédéral des trois Gaules à Lyon |url=http://www.archeologie.lyon.fr/archeo/sections/fr/publics/dossiers/le_sanctuaire_federa/ |site=archeologie.lyon.fr |consulté le=23/10/2024}}</ref>.

Aujourd'hui réfutée<ref name=":2">{{Article|langue=fr|prénom1=Armand|nom1=Desbat|titre=Le sanctuaire des trois Gaules et la question du forum provincial|périodique=Revue archéologique de l’Est|numéro=tome 65|pages=303–323|date=2016-11-01|issn=1266-7706|lire en ligne=https://journals.openedition.org/rae/8902|consulté le=2022-10-06}}</ref>, D. Frascone (2011) a proposé une autre hypothèse de localisation, toujours dans les pentes de la Croix-Rousse<ref name="frascone">{{Article|langue=fr|auteur1=Daniel Frascone|titre=Une nouvelle hypothèse sur le sanctuaire des Trois Gaules à Lyon|périodique=Revue Archéologique de l'Est|volume=60|pages=|année=2011|lire en ligne=https://rae.revues.org/6654|consulté le=3 mars 2016}}</ref>. Il fonde son argumentation sur une analyse partielle de fouilles réalisées en 2006 et sans tenir compte des résultats antérieurs à celle-ci<ref name=":2" />. Il le situe donc entre le bas de l’actuelle [[rue Burdeau]] et le haut de la [[rue des Tables-Claudiennes]]<ref name="frascone" />. A. Desbat (2016) admet que cette démonstration est séduisante. Cependant, au regard des nombreuses autres cartes, croquis et plans scénographiques de Lyon, rien ne justifie que les percements de la [[montée Saint-Sébastien]] et [[Montée de la Grande-Côte|de la Grande-Côte]] soient antiques comme supposé par D. Frascone. La proposition d'[[Amable Audin|A. Audin]] reste donc maintenue<ref name=":2" />.

== Description ==
L'ensemble architectural se distingue de multiples éléments dont subsistent certains vestiges.

=== Le temple de Rome et d'Auguste ===
Le géographe [[Strabon]] le décrit en ces termes : {{citation|C'est là qu'on voit ce temple ou édifice sacré, hommage collectif de tous les peuples de la Gaule, érigé en l'honneur de César Auguste : il est placé en avant de la ville, au confluent même des deux cours d'eau, et se compose d'un autel considérable, où sont inscrits les noms de soixante peuples, d'un même nombre de statues, dont chacune représente un de ces peuples, enfin d'un grand naos ou sanctuaire}}<ref>[[Strabon]], Géographie, livre III, 3, 2</ref>.

L'autel monumental dédié à Rome et à Auguste ainsi que son soubassement de {{unité|50|m}} de long sont en marbre ; les deux victoires ailées qui se dressent à ses côtés, en bronze doré, tiennent des couronnes.

L'archéologue lyonnais Amable Audin (1962) postule que les colonnes soutenant les deux victoires sont sciées en deux pour être réemployées dans la [[Basilique Saint-Martin d'Ainay|basilique d'Ainay]]<ref name="audin1">{{Article|langue=fr|auteur1=Amable Audin|lien auteur1=Amable Audin|auteur2=Pierre Quoniam|lien auteur2=Pierre Quoniam|titre=Victoires et colonnes de l'autel fédéral des Trois Gaules : données nouvelles|périodique=Gallia|volume=20|numéro=1|pages=103-116|année=1962|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1962_num_20_1_2350|consulté le=3 mars 2016}}</ref> et en former la [[croisée du transept]]<ref>{{Article|prénom1=Victor|nom1=Lassalle|titre=Remarques sur les chapiteaux de la nef et de la croisée du transept de l’église Saint-Martin d’Ainay|périodique=Bulletins et Cahiers des musées lyonnais|volume=1993|numéro=3|pages=12–23|date=1993|doi=10.3406/bmml.1993.1694|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bmml_0521-7032_1993_num_1993_3_1694?q=A%20propos%20des%20colonnes%20d'Ainay|consulté le=2024-10-29}}</ref>. Selon lui, le style de leurs chapitaux devait être un dorique simplifié, caractéristique des colonnes décoratives impériales Trajane et Antonine<ref name="audin1" />. Ces deux [[Fût (architecture)|fûts]] sont formés de [[syénite|granite gris jaune]]<ref name="audin1" /> dont la provenance serait soit égyptienne (analyse macro), soit plus vraisemblablement corse (analyse [[Spectrométrie de fluorescence des rayons X|XRF]])<ref>{{Article|prénom1=P|nom1=Rochette|prénom2=C|nom2=Sciuto|prénom3=S|nom3=Raneri|prénom4=A|nom4=Sutter|titre=Non-destructive magnetic and chemical characterization of granite column shafts traded in the Mediterranean area: the case of Piazza dei Miracoli in Pisa (Italy) and Basilica of Saint-Martin d’Ainay in Lyon (France).|périodique=Journal of Physics: Conference Series|volume=2204|numéro=1|pages=012037|date=2022-04-01|issn=1742-6588|issn2=1742-6596|doi=10.1088/1742-6596/2204/1/012037|lire en ligne=https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1742-6596/2204/1/012037|consulté le=2024-10-29}}</ref>.

D'après [[Strabon]], les noms des peuples de Gaule étaient inscrits sur cet autel et chaque nation était représentée par une statue.<gallery caption="Vestiges du temple impérial">
Fichier:Autel des Gaules pl. I – Discours sur les médailles d'Auguste et de Tibère (1820).jpg|Représentation de l'autel des Gaules d'après des médailles romaines (François Artaud, 1820)
Fichier:Altar of Lyon on Tiberius as, in History of Rome and of the Roman people (1883) (14781716601).jpg|Autel de Rome et d'Auguste, représenté sur un [[sesterce]] frappé à Lyon sous le règne d'[[Auguste]].
Fichier:Lyon 5e - Musée Lugdunum - EnQuête de pouvoir - Couronne de laurier d'une statue 02.jpeg|Fragment de laurier, retrouvé dans les [[Arêtes de poisson|galeries de la rue des Fantasques]], attribuée aux Victoires du sanctuaire impérial (Audin & Quoniam 1962).
Fichier:Winged Victory Lugdunum inv.X654 n3.jpg|Victoire ailée portant un [[Péplos (vêtement)|péplos]] sans ceinture. Retrouvée dans la Saône, attribuée au Sanctuaire (Audin et Quoniam, 1962).
Fichier:Lyon Basilique Saint-Martin-d'Ainay Intérieure Nef Ouest 3.jpg|2 colonnes de granit gris (premier plan) soutenant la croisée du transept de l'[[abbaye d'Ainay]], attribuées au Sanctuaire (Audin & Quoniam 1962)
</gallery>
=== Les Tables Claudiennes (à partir de 48) ===
[[Fichier:Table claudienne MBA Lyon expo Claude 2018.jpg|vignette|Restitution de la table claudienne montrant la partie manquante (en gris ), musée gallo-romain de Lyon]]{{Article détaillé|Table Claudienne}}
C'est aussi dans ce sanctuaire qu'étaient exposées la [[Table Claudienne]], une plaque de bronze  dont ne subsiste plus que la partie inférieure ({{unité|2.50|m}} x {{unité|1.93|m}}), sur laquelle était gravé le discours de l'empereur [[Claude Ier|Claude]] prononcé en [[48]] devant le [[Sénat romain]], accordant aux chefs des nations gauloises l'éligibilité aux magistratures romaines et au [[Sénat de l'Empire romain|sénat romain]]. Ce discours nous est aussi connu par une version de [[Tacite]].

La partie inférieure, en deux morceaux, de ces tables de bronze a été découverte en [[1528]] par un drapier, dans sa vigne située sur l'emplacement du sanctuaire. Ces fragments sont aujourd'hui conservés au [[musée de la civilisation gallo-romaine (Lyon)|musée de la civilisation gallo-romaine]] (à [[Fourvière]]).

=== L'amphithéâtre ===
{{Article détaillé|Amphithéâtre des Trois Gaules}}
[[Image:Amphiteatre Trois Gaules Lyon.jpg|thumb|L'amphithéâtre des trois Gaules]]

Construit sous [[Tibère]] sur l'esplanade du sanctuaire des trois Gaules pour accueillir le « conseil des Gaules », l'amphithéâtre est édifié en 19 ap. J-C, puis agrandi sous le règne d'[[Hadrien]], portant sa capacité à {{formatnum:20000}} spectateurs.

La portion sud de l'amphithéâtre se situe sous la chaussée de la rue Lucien Sportisse. Durant les années 60, des fouilles avaient dégagé temporairement ces vestiges. Une partie a été détruite lors de la construction en 1860 du tunnel du funiculaire menant au plateau de la Croix-Rousse, transformé en tunnel routier en 1967.

En son centre, on peut observé un poteau en bois qui commémore le [[Martyrs de Lyon|martyr des chrétiens de Lyon]], que le pape [[Jean-Paul II]] a inauguré en [[1986]].

== Hypothèse de restitution ==

=== Une terrasse horizontale ===
A partir des années 1950, sur la base de d'observations dans des caves de la rue Burdeau, d'une épaisse maçonnerie et de lignes de murailles, l'archéologue lyonnais [[Amable Audin]] propose de restituer dans ce secteur une terrasse monumentale conduisant à l'amphithéâtre et à l'autel fédéral<ref name=":3" />. L'immédiate proximité de  rédecouverte de la table claudienne et d'un fragment de couronne en bronze recouverte de feuilles d'or (sous la rue des Fantasques) renforcent cette hypothèse<ref name=":3" />.

=== Des terrasses verticales ===
Sur la base de son argumentation<ref name="frascone" />, D. Frascone propose de situer l'entrée du sanctuaire à l'intersection des rues [[Rue Burdeau|Burdeau]] et [[Rue Pouteau|Pouteau]] et l'autel au sommet de la colline. Les deux ne seraient alors reliés plus que par un cheminement de rampes qui prendrait place entre la [[montée de la Grande-Côte]] et la [[montée Saint-Sébastien]], et dont le tracé actuel des rues garderait la trace. Il appuie son argumentation sur de nombreux exemples de sanctuaires à étages connus ([[Sanctuaire de la Fortuna Primigenia]]) ou supposés (sanctuaire de [[Zeugma (cité antique)|Zeugma]], de [[Tarragone]]) dans l'Empire<ref name="frascone" />. Néanmoins, cette hypothèse ne tenant compte que de quelques éléments de découverte d'une fouille opérée en 2006, l'hypothèse d'Amable Audin est maintenue<ref name=":2" />.

== Historique ==
{{...}}
=== Lieu de réunion annuelle du conseil des Gaules ===
L'origine du sanctuaire doit être cherchée dans la décision de [[Drusus Iulius Caesar|Drusus]], beau-fils d'Auguste, de réunir, en 12 avant notre ère, les notables gaulois au confluent de la [[Saône]] et du [[Rhône]]. En efftet, cette année-là, Drusus terminait les opérations de recensement des Gaulois, ainsi que nous l'apprend son fils, l'empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]] dans ce célèbre discours retransmis sur la [[Table Claudienne|Table claudienne]] et « ''bien que l'enquête n'ait d'autre objet que de dresser officiellement l'état de nos ressources'' » (lignes 79-81)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=François Richard, André Pelletier|titre=Lyon et les origines du christianisme en Occident|lieu=Barcelone|éditeur=éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire|année=2011|pages totales=126|passage=38|isbn=978-2-84147-227-7}}</ref>.

Ce rassemblement réunissait {{pas clair|60 ou 64}} délégués qui formaient une assemblée de notables appelée « le conseil des Gaules » (''concilium Galliarum''). Chaque délégué était choisi par l'assemblée des [[décurion|décurions]] de sa cité.

Le conseil des Gaules avait une fonction religieuse : rendre un culte aux divinités de l'Empire, à Rome et à Auguste et renouveler chaque année l'allégeance à la puissance protectrice. Les solennités religieuses consistaient en sacrifices, processions, jeux, concours d'éloquence et de poésie.

Elle exerçait également un rôle administratif et politique. Le conseil des Gaules communiquait avec l'empereur directement : il lui transmettait les vœux et les plaintes des populations gauloises. C'est ce conseil qui tente quelquefois de négocier une solution à l'amiable avec l'empereur<ref name="Dumézil 2013">Bruno Dumézil, ''Des Gaulois aux Carolingiens'', Paris, Presses Universitaires de France, {{pas clair|« Une histoire personnelle de ... »}}, 2013, p. 38. URL : https://www.cairn.info/des-gaulois-aux-carolingiens--9782130592259-page-27.htm </ref>.

=== Lieu du culte impérial des Trois Gaules ===
==== Le culte ====
Le sanctuaire comprenait d'autres monuments que l'amphithéatre : l'autel fédéral, un temple, ainsi que grand bois sacré (''lucus'') et s'y élevaient soixante statues, représentant les cités, et d'autres honorant les prêtres du sanctuaire sortis de charge, ou des divinités, comme ''Bonus Eventus'' et ''Fortuna Favens'', protectrices du Conseil des Trois Gaules, ou encore de grands personnages. L'organisation du culte du Confluent avait aussi pour but de préserver la personnalité gauloise et, de la part du vainqueur, c'était faire preuve de tolérance et de confiance vis-à-vis des peuples vaincus.

Les principales cérémonies se déroulaient à partir du 1<sup>er</sup> août de chaque année. L'objet du culte a varié au cours des siècles. À l'origine, il s'agissait de rendre un culte à Rome et à Auguste (vivant), expression de l'empereur de ne pas être honoré seul.

Le titre porté par les prêtres était celui de ''sacerdos'' assorti d'une mention indiquant le monument (''ara'' ou ''templum'') et le lieu (''ad confluentem Araris et Rhodani''), au confluent de la Saône et du Rhône<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=François Richard, André Pelletier|titre=Lyon et les origines du christianisme en Occident|lieu=Barcelone|éditeur=éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire|année=2011|pages totales=128|passage=38|isbn=978-2-84147-227-7}}</ref>.{{...}}
Chaque année, était nommé un prêtre dévolu à ce culte.

==== Liste des prêtres du sanctuaire fédéral ====
On connaît les noms d'environ dix-sept prêtres (''[[Sacerdos|sacerdotes]]'') du sanctuaire, notamment le premier, l'[[Éduens|Éduen]] Caius Julius Vercondaridubnus, nommé le {{1er}} août [[12 av. J.-C.]]<ref>''Periochae de [[Tite-Live]]'', 139</ref>, le seul à être connu par des {{refnec|sources littéraires}}.

Les autres sont connus par l'[[épigraphie]], c'est-à-dire les inscriptions gravées, pratique très courante dans la civilisation romaine, qui a laissé des vestiges par milliers, mais ne fournit pas de détails biographiques sur les intéressés.

{| class="wikitable"
|+Liste des prêtres 
!Noms des prêtres
!Origine
!Date
!Sources
|-
|Caius Iulius Vercondaribudnus
|Eduen
| -12
|<ref name=":0">{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Emmanuel|nom1=Arbabe|titre chapitre=Chapitre III : La Gaule romaine|titre ouvrage=La politique des Gaulois : Vie politique et institutions en Gaule chevelue (IIe siècle avant notre ère-70)|éditeur=Éditions de la Sorbonne|collection=Histoire ancienne et médiévale|date=2020-10-15|isbn=979-10-351-0132-9|lire en ligne=http://books.openedition.org/psorbonne/57272|consulté le=2023-03-22|passage=103–169}}</ref>
|-
|Caius Iulius Rufus<ref>[[Christian Goudineau]], « La Gaule de la mort de César à celle de Néron », ''Regard sur la Gaule'', Paris, Babel, 2007, {{p.|377-378}}.</ref>
|Santon
|Vers 18/19<ref>Selon la dédicace de l'[[amphithéâtre des Trois Gaules]], c'est lui qui est à l'origine de la construction de l'amphithéâtre en 19 de notre ère.</ref>
|<ref name=":0" />
|-
|[[Julius Sacrovir|(Caius) Iulius Sacrovir]]
|Eduen
|Peut être en 21?
|<ref>{{Article|prénom1=Emmanuel|nom1=Arbabe|titre=Iulius Sacrovir et la révolte gauloise de 21|périodique=L'Antiquité Classique|volume=84|date=2015|issn=0770-2817|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/90005011|consulté le=2023-03-22|pages=151–171}}</ref>
|-
|Caius Iulius Victor
|Santon
|Vers 25
|<ref name=":0" />
|-
|Quintus Adginnius Martinus
|Sequane
|73/74
|<ref name=":0" />
|-
|Marcus Lucterius Leo
|Cadurque
|Vers 80/130
|CIL, [https://db.edcs.eu/epigr/dessau/de-b0708.pdf XIII, 1541]
|-
|Caius Pompeius Sanctus
|Pétrucore
|Vers 100/120
|''CIL'' XIII, 1704
|-
|Marcus Pompeius Libo (fils du précédent)
|Pétrucore
|Vers 130/140
|''CIL'' XIII, 1704
|-
|Caius Iulius Ma(...)
|Carnute
|Vers 120/200
|''CIL'', XIII, 1694
|-
|Quintus Licinius Tauricus
|Lémovice
|Vers 195/7?
|CIL, XIII, 1698
|-
|Quintus Licinius Vltor (à l'age de 22 ans)
|Lémovice
|Vers 197/200
|CIL, XIII, 1698-1700
|-
|peut être Marcus Bucc(ius?) Galer(...)?
|citoyen de Lyon
|Sous les Sévères
|''AE'', 1979, 403
|-
|Caius Servilius Martianus
|Arverne
|Vers 177/180 ou vers 195/209
|''CIL'' XIII, 1706
|-
|Caius Catullius Deciminus
|Tricasse
|Sous les Sévères
|CIL XIII 1691
|-
|Caius Ulatt(ius)
|Segusiave
|
|CIL XIII 1712
|-
|Titus Sennius Sollemnis
|Viducasses
|220
|''CIL'' XIII, 3162<ref>{{Article|prénom1=Michel|nom1=Christol|titre=Doubles lyonnais d'inscriptions romaines de Narbonne (CIL, XIII, 1994 = CIL, XII, 4486 ; CIL, XIII, 1982 a = CIL, XII, 4497)|périodique=Revue archéologique de Narbonnaise|volume=14|numéro=1|date=1981|issn=0557-7705|doi=10.3406/ran.1981.1068|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3406/ran.1981.1068|consulté le=2023-08-13|pages=221–224}}</ref>
|-
|...
|Senon
|Entre 218 et 222
|CIL XIII 1684
|-
|Tiberius Iulius ...
|Carnute
|
|CIL XIII 1672
|}

<gallery>
CIL XIII 1691.jpg|CIL XIII 1691 mentionnant Caius Catullius Deciminus.
CIL XIII 1712.jpg|CIL XIII 1712 mentionnant Caius Ulatt[ius]
CIL XIII 1684.jpg|CIL 1684
</gallery>

== Le sanctuaire des Trois Gaules dans la littérature ==
* [[Christian Goudineau]], ''Le Voyage de Marcus : les tribulations d'un jeune garçon en Gaule romaine'', Arles, Actes Sud, 2005.

== Notes et références ==
=== Notes ===
<references group="Notes"/>
=== Références ===
<references/>

== Voir aussi ==
{{Autres projets
| commons = Category:Altar of Lugdunum
}}

=== Bibliographie ===

* {{Article|prénom1=Amable|nom1=Audin|prénom2=Pierre|nom2=Quoniam|titre=Victoires et colonnes de l'autel fédéral des Trois Gaules : données nouvelles|périodique=Gallia|volume=20|numéro=1|date=1962|doi=10.3406/galia.1962.2350|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1962_num_20_1_2350|consulté le=2024-10-23|pages=103–116}}

* {{Ref-Le Mer-CAG-69-2}}
* {{Article|prénom1=Klaus-Peter|nom1=Goethert|titre=Un autel pour Rome et Auguste à Trèves. Une copie de l'autel de Lyon|périodique=Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot|volume=88|numéro=1|pages=83–92|date=2009|doi=10.3406/piot.2009.1721|accès doi=libre|lire en ligne=}}.
* {{Article|langue=fr|prénom1=Daniel|nom1=Frascone|titre=Une nouvelle hypothèse sur le sanctuaire des Trois Gaules à Lyon|périodique=Revue archéologique de l’Est|volume=60|numéro=183|pages=189–216|date=2011-12|issn=1266-7706|lire en ligne=https://journals.openedition.org/rae/6654|consulté le=2024-01-05|accès url=libre}}.
* {{Article|langue=français|auteur1=Djamila Fellague|titre=La difficulté de datation des monuments|sous-titre=à propos des monuments de Lugudunum, en particulier ceux considérés comme hadrianiques|périodique=Revue archéologique de l’Est|volume=65|date=novembre 2016|lire en ligne=http://journals.openedition.org/rae/8792|consulté le=13 février 2018|accès url=libre|pages=187-214}}.
* {{Chapitre|langue=fr|prénom1=Emmanuel|nom1=Arbabe|titre chapitre=Chapitre III : La Gaule romaine|titre ouvrage=La politique des Gaulois : Vie politique et institutions en Gaule chevelue (IIe siècle avant notre ère-70)|éditeur=Éditions de la Sorbonne|collection=Histoire ancienne et médiévale|date=2017|pages totales=103–169|isbn=979-10-351-0132-9|lire en ligne=https://books.openedition.org/psorbonne/57272#anchor-toc-1-24|consulté le=2024-10-22}}

=== Articles connexes ===
* [[Amphithéâtre des Trois Gaules]]
* [[Concilium provinciae]]
*[[Victoire de l'autel des Trois Gaules]]

{{Palette|Lugdunum}}
{{Portail|Grand Lyon|Rome antique|Monde celtique}}

[[Catégorie:Monument romain à Lyon]]
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