Geste de Ham-Boɗeejo
Ham Bodejo fils de Hamadi Yéli Paté de Counari est né au XVIIIe siècle. À l'âge de 24 ans son père meurt et le peuple de Bogo, capitale de Counari, décida de mettre un esclave comme successeur de son père. Ne sachant plus quoi faire, il quitta Counari pour Ségou, afin d'aller demander une armée à Da Manso Diarra. Celui le donne alors des missions, par lesquelles il lui demande de redonner à Ségou tout son territoire afin de prouver sa valeur. Après 3 ans, le roi de Ségou lui donna la main de sa fille Téné. Un jour fou de rage et devenu conscient que le roi de Ségou ne voulait que le garder, Ham Bodéjo, sella son cheval et se mit à lâcher des jurons, disant qu'il n'était pas venu pour épouser qui que ce soit, qu'il avait déjà une femme peul qui était mille fois plus belle, et que si le roi de Ségou refusait de lui donner l'armée qu'il lui avait promise, il irait seul à Counari avec son cheval pour aller récupérer sa couronne et son trône.
Résumé
[modifier | modifier le code]Ham-Boɗeejo est un héros peul à la forte personnalité qui règne sur un vaste empire situé dans la boucle du Niger. Afin de conclure une alliance avec le royaume bambara de Ségou et d'œuvrer pour la paix, il a épousé la fille du roi de Ségou Da Monzon. Malgré cela, il doit faire face aux querelles persistantes entre Peuls et Bambaras. Un jour, l'épouse bambara de Ham-Boɗeejo profite d'une absence du héros pour maltraiter sa co-épouse peule, ce qui déclenche une série de conflits qui sont autant d'occasions pour Ham-Bodêdio de montrer sa valeur face au royaume bambara au cours de razzias de bestiaux et de divers coups de main[1].
Éditions et traductions
[modifier | modifier le code]En 1972, Christiane Seydou édite et traduit sept épisodes de l'épopée sous le titre La Geste de Ham-Boɗeejo ou Hama-le-Rouge chez Armand Colin, dans la collection « Classiques africains ». Seydou édite cette version à partir d'une performance donnée par le griot Hamma Diam Bouraima accompagné au luth par Ousmana Amadou Oussou, au Mali, en 1970. Le livre est accompagné de deux disques souples microsillons contenant des enregistrements d'extraits de l'épopée permettant d'avoir un aperçu de la version originale peule, de la diction du griot et de la musique qui accompagne presque constamment la narration. Ces extraits sont numérisés en 2011 par le service « Arts graphiques et multimédia » du CNRS et mis en ligne sur les archives du Centre de recherche en ethnomusicologie[2].
Analyse
[modifier | modifier le code]L'épopée de Ham-Boɗeejo fait référence à un contexte historique assez précis : celui des exploits des chefs païens aux XVIIIe et XIXe siècles dans la région de la boucle du Niger, pendant la période qui précède son islamisation, et, d'autre part, les exploits des chefs musulmans qui tentent d'y édifier un État structuré. Cependant, l'épopée est largement centrée sur le devenir des personnages[1]. Ham-Boɗeejo incarne l'idéal peul traditionnel, le pulaaku, à son paroxysme, et le pousse jusqu'à ses limites.
La parole et la musique sont en relation étroite dans l'épopée et la recherche par le héros d'une devise y tient une grande importance. Ham-Boɗeejo recherche un air musical puis une parole pendant un épisode de l'épopée, et cette devise, à la fois musicale et verbale, est en outre un procédé important de l'épopée, car elle permet d'identifier un personnage qui va être évoqué, puis de l'exalter dans le récit épique[3].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Chevrier (2005), p. 228.
- Extraits de la geste de Ham-Bodêdio en peul numérisés sur les archives du Centre de recherche en ethnomusicologie (CREM) à partir des disques souples de l'édition de Christiane Seydou de 1976 et écoutables en ligne. Page consultée le 19 juillet 2015.
- Recension de La Geste de Ham-Bodêdio dans l'édition de Christiane Seydou par Emilio Benvino dans le Journal des africanistes, vol. 47, no 47-2, 1977, p. 232-233.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacques Chevrier, L'Arbre à palabres. Essai sur les contes et récits traditionnels d'Afrique noire, Paris, Hatier, coll. « Monde noir », 2005 (1re édition : 1986).
- Christiane Seydou (traductrice et éditrice scientifique), La Geste de Ham-Bodêdio ou Hama-le-Rouge, Paris, Armand Colin, coll. Classiques africains (no 18), 1976, accompagné de deux disques souples contenant des enregistrements d'extraits. (Ouvrage désormais diffusé chez Karthala.)
- Christiane Seydou, « Réflexions sur les structures narratives du texte épique. L'exemple des épopées peule et bambara », L'Homme, 1983, tome 23, no 3, p. 41-54. [lire en ligne]
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Recension de La Geste de Ham-Bodêdio dans l'édition de Christiane Seydou par Emilio Benvino dans le Journal des africanistes, vol. 47, no 47-2, 1977, p. 232-233.
- Extraits de la geste de Ham-Bodêdio en peul numérisés sur les archives du Centre de recherche en ethnomusicologie (CREM) à partir des disques souples de l'édition de Christiane Seydou de 1976.