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Bataille d'Arcis-sur-Aube

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La bataille d'Arcis-sur-aube

Le 17 mars 1814, Schwarzenberg a eu rapidement raison de la résistance des 40.000 soldats d’Oudinot et de Macdonald dans le secteur de Troyes. Par la suite, il a réussi, le 17 mars, à s’emparer du passage de la Seine à Nogent, de telle sorte que ses avant-gardes progressent maintenant à moins de cent kilomètres de Paris.

Pour éviter que l’armée de Bohême arrive sous les murs de la capitale dans les quatre jours, Napoléon décide d’assaillir cette dernière au plus vite. L’Empereur opte pour l’audacieuse solution d’accourir de Reims sur Troyes par Arcis sur Aube, de façon à tomber sur les arrières de l’ennemi une cinquantaine de kilomètres en deçà de ses têtes de colonnes. Il laisse à Fisnes et à Reims Mortier et Marmont face à Blücher, et met lui-même le cap vers le Sud. Le 19 mars, apprenant que les Autrichiens occupent Arcis, il passe l’Aube à Plancy et marche sur Méry, s’imaginant déboucher en ce point en plein dans le dos de l’adversaire. Mais son arrivée si foudroyante quelle soit, n’est pas restée inaperçue; les chefs de l’armée de Bohême, aussitôt informés, ont rétrogradé en toute hâte. L’ensemble de leurs forces se replie méthodiquement vers Troyes et, dans les aléas d’un recul aussi massif, elles ne laissent aux mains des coureurs français que quelques voitures...

Ce nouveau coup d’audace impériale a sauvé Paris une fois de plus. Quant a vaincre maintenant les Austro-Bavarois par une attaque frontale sur Troyes, la disproportion des forces rend cette éventualité impossible; aussi l’Empereur n’hésite-t-il pas à envisager une nouvelle manœuvre sur les arrières de l’armée de Bohême. Il suffira de passer au nord de cette dernière, en rejoignant Saint-Dizier par Arcis sur Aube, puis de descendre sur Joinville ou Doulevant pour se retrouver dans le dos de Schwarzenberg, avec de plus la communication directe assurée avec les garnisons des place de l’Est, voire même avec Augereau et ses divisions lyonnaises.

La bataille d’Arcis sur Aube (20-21 mars 1814)

Le 20 mars, après avoir rappelé à lui Oudinot et Macdonald, Napoléon se dirige vers Arcis sur Aube. En ce point, à 14 heures, sa cavalerie se heurte à l’avant-garde de toute l’armée de Bohême, dont le chef, le découvrant aventuré le long de l’Aube, vient de décider une offensive générale propre à en finir avec lui en le culbutant dans la rivière.

A 16 heures, la bataille fait rage. Le soutien de l’infanterie de Ney n’a pas permis aux cavaliers français de progresser plus avant. Le “brave des braves” s’accroche au hameau de Torcy-le-Grand, tenant tête aux Bavarois de De Wrede, tandis que la position même d’Arcis, âprement disputée contre les Autrichiens avec l’assistance vigoureuse de la division de la vielle garde conduite par Friant. La nuit d’hiver ne ralentit pas le combat; Torcy-le-Grand n’est plus qu’un amas de décombres dévorés par l’incendie, quand à minuit la fusillade décline pour devenir sporadique. 16.500 Français fanatisés viennent de tenir tête à 30.000 Alliés pendant plus de huit heures de corps à corps.

A l’aube du 21 mars, Schwarzenberg, trompé par l’étonnante résistance de ses adversaires, surestime l’importance de leurs effectifs et perd toute la matinée à attendre l’arrivée de ses réserves pour reformer sa ligne de bataille. Le temps perdu s’avère d’autant plus précieux que, face à lui, les renforts affluent également: le corps de Macdonald n’est plus loin et l’entrée en ligne de celui d’Oudinot porte les forces napoléoniennes à 28.000 baïonnettes et 6.000 sabres.

Si le prince autrichien a commis une faute en surestimant son adversaire, Napoléon, trompé par ce calme début de matinée du 21 mars, sous-estime le sien en s’imaginant que son inactivité correspond à une retraite! Aussi, vers 10 heures, les Français reçoivent-ils l’ordre d’attaquer; mais bientôt, force leur est de se rendre compte qu’ils donnent au cœur d’une armée de 100.000 combattants dont les différents éléments dessinent un arc de cercle autour d’Arcis, avec d’Ouest en Est, Wurtembergeois, Russes et Bavarois, les Autrichiens formant la réserve. 370 cannons appuient cet ensemble imposant. Aucune autre solution pour Bonaparte que de fuir en repliant tout son monde sur la rive droite de l’Aube, par l’unique petit pont d’Arcis.

Heureusement pour lui, Schwarzenberg ne commence son attaque qu’à 16 h 30. Oudinot lui tient tête dans le bourg sous une pluie d’obus et réussit vers 21 h à ne détruire le passage qu’après avoir retiré sa dernière brigade. Par manque d’audace et d’esprit d’initiative, l’état-major de l’armée de Bohême vient de perdre une magnifique occasion de faire de l’Aube le tombeau de la Grande Armée!