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Constantin Meunier

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Constantin Meunier
Constantin Meunier vers 1860.
Naissance
Décès
(à 73 ans)
Ixelles
Sépulture
Nom de naissance
Constantin Émile Meunier
Pseudonymes
Meunier, C, Meunier, Constantin Emile, Mene, KonstantinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Mouvement
Influencé par
Fratrie
Jean-Baptiste Meunier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Karl Meunier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Site web
Œuvres principales
Le Puddleur au repos, Le Grisou, Monument au Travail

Constantin Meunier, né à Etterbeek (Bruxelles) le et mort à Ixelles (Bruxelles) le , est un peintre et sculpteur réaliste belge, réputé pour sa vision du monde ouvrier.

Il est le père du peintre et graveur Charles Meunier (1864–1894), le frère du graveur et dessinateur Jean-Baptiste Meunier (1821-1900), ainsi que l'oncle de l'affichiste Henri Meunier (1873–1922). Il est le beau-frère d'Auguste Danse, graveur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Constantin Émile Meunier, né à Etterbeek le , est le second fils et le cinquième des six enfants de Simon Louis Meunier (1789-1835), percepteur des contributions et de Marie Catherine - dite Charlotte - Tilmont (1789-1868). Tandis que Constantin n'a que quatre ans, son père se donne la mort. Sa veuve, sans ressources, s'installe avec les siens au Petit Sablon, où dans un immeuble qu'elle possède, elle ouvre un magasin de modes et loue des chambres à des artistes, dont le peintre Théodore Fourmois et surtout le graveur italien Luigi Calamatta qui conseille artistiquement Constantin, attiré par de dessin[1].

En 1862, Constantin Meunier épouse Léocadie Gorneaux, pianiste originaire de Perpignan (1832-1906). Le couple a cinq enfants, dont l'aîné Paul, né en 1863, meurt peu après sa naissance. Ensuite, naissent Charles (1864-1894), artiste peintre, Charlotte (1866-1942), Georges (1868-1894) et Jeanne (1871-1929).

Formation[modifier | modifier le code]

Après son entrée à l'athénée, il s'avère que Constantin Meunier préfère les arts aux études générales. Il suit de bonne heure des cours de dessin dispensés par son frère Jean-Baptiste Meunier, de dix ans son aîné. En , à l'instar de son frère Jean-Baptiste qui y avait suivi des cours de gravure, il commence ses études à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, où, à partir de 1848, il suit les cours du sculpteur néo-classique Louis Jehotte[2]. Il expose pour la première fois au Salon de Bruxelles de 1851 une esquisse en plâtre intitulée La Guirlande[3]. Il fréquente également, dès 1852, l'atelier privé de Charles-Auguste Fraikin. En dernière année d'études, il découvre la peinture et devient l'élève de François-Joseph Navez[2]. En outre, il visite souvent l'atelier libre de Saint-Luc, où il rencontre un certain nombre de jeunes artistes rejetant l'éducation académique très développée et son enrégimentement et recherchant une voie artistique indépendante, comme Charles de Groux, pionnier de la peinture réaliste, avec qui Constant Meunier devient ami[4]. En 1854, après neuf années passées à l'Académie, Constant Meunier quitte l'institution et poursuit son parcours en s'investissant, sur les conseils de Charles de Groux, dans la peinture[5].

Carrière[modifier | modifier le code]

Entre peinture religieuse, scènes de genre et portraits[modifier | modifier le code]

Au Salon de Bruxelles de 1857, Constantin Meunier expose Les Sœurs de charité[6]. En 1859, lors d'un séjour dans un monastère trappiste de Westmalle, il bénéficie de commandes d'œuvres qui lui permettent de gagner sa vie[4]. Il est donc d’abord peintre de scènes historiques et religieuses, telles que Salle de l'hôpital Saint-Roch (1857), ou Funérailles d'un Trappiste qu'il expose au Salon de Bruxelles de 1860, et où ses figures de moines sont jugées d'un bon caractère, peintes avec sentiment, mais d'un ton un peu lourd[7]. Au Salon de Bruxelles de 1863, en collaboration avec Alfred Verwée, il présente des Trappistes laboureurs[8].

En 1868, Constantin Meunier rejoint, dès sa fondation, la Société libre des beaux-arts créée par des artistes en réaction à l'académisme et favorable l'avancée réaliste dans la peinture[4]. En 1869, il devient membre de la Société internationale des aquafortistes fondée à Bruxelles par Félicien Rops. Après la mort de Charles de Groux, advenue en 1870, Constantin Meunier se consacre de nouveau à la peinture d'histoire, aux portraits et même à quelques scènes de genre[9].

Peinture et sculpture du monde industriel[modifier | modifier le code]

La Coulée à Ougrée (vers 1885-1890), Liège, musée des Beaux-Arts.

Constantin Meunier est profondément marqué par deux visites au sein de régions industrielles belges. En 1878, à Herstal dans le bassin houiller liégeois, puis en 1880, en compagnie de son ami l’écrivain Camille Lemonnier, dans le Borinage, bassin minier en province de Hainaut.

Constantin Meunier exprime son ressenti :

« Puis le hasard me mène dans le pays noir, le pays industriel. Je suis frappé par cette beauté tragique et farouche. Je sens en moi comme une révélation d’une œuvre de vie à créer. Une immense pitié me prend[10]. »

.

En cette époque où la Belgique est profondément transformée par l'industrialisation sidérurgique et par l’essor des organisations syndicales, politiques et coopératives ouvrières, Constantin Meunier s’attache à représenter le monde du travail. Camille Lemonnier lui demande, ainsi qu'à d'autres artistes, comme Xavier Mellery ou Fernand Khnopff, d'illustrer un ouvrage intitulé La Belgique édité en 1888, où Constantin Meunier publie dix dessins. représentant les régions qu'il connaît : Plate-forme d'un charbonnage, Coin de village borain, Un atelier de femmes à la verrerie du Val-Saint-Lambert, La coulée d'acier aux établissements Cockerill à Seraing, ou encore L'intérieur de l'église Notre-Dame de Pamele[11].

Constantin Meunier devient l'un des maîtres d’un art réaliste et social. Il contribue à donner un visage à l’ouvrier et participe à la description des nouvelles réalités engendrées par l'essor industriel. Il s'en fait l’interprète au travers de sa peinture sombre et dramatique, puis — à partir du milieu des années 1880 — de ses bronzes aux traits anguleux.

C'est au retour d'un séjour de six mois en Espagne, d' à en compagnie de son fils Charles, Théo van Rysselberghe et Darío de Regoyos[12], que la sculpture occupe une place de plus en plus grande dans son œuvre. Envoyé à Séville par le gouvernement belge pour y réaliser une copie d'une Descente de croix de Pedro de Campaña (1503–1580), il en ramène aussi quelques toiles plus personnelles dont La Fabrique de tabacs à Séville (musées royaux des Beaux-Arts de Belgique). Mais paradoxalement, l'Andalousie brûlée de soleil semble l'avoir plus que tout confirmé dans son profond désir de consacrer son art au travail ouvrier et à son emprise sur la matière — ce que la sculpture exprime parfaitement.

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

Une lettre de Vincent van Gogh à son frère Théo écrite en 1889 à Saint-Rémy-de-Provence parle de lui d'une manière extrêmement flatteuse : « Cher Théo, Dans toutes ses œuvres, Meunier est de loin supérieur à moi. À Bruxelles, j'ai vu ses peintures à une exposition. En fait, il est le seul de tous les artistes belges à m'avoir fortement touché. Il a peint les métallos du Borinage et leur cortège en route pour la mine ou les usines. Ses œuvres se distinguent nettement, tant par la couleur que par le traitement. Il a peint toutes ces choses que j'ai toujours rêvé de pouvoir réaliser… »[13].

Pour Constantin Meunier, 1894 est une année éprouvante : il perd successivement ses deux fils. Au début de l'année, Georges, aspirant de marine à bord d'un steamer anglais meurt de la fièvre jaune en rade de Rio de Janeiro à l'âge de 25 ans. Le , Charles, peintre et aquafortiste, meurt à Louvain des suites d'une phtisie pulmonaire, s'étant volontairement mis à l'eau pour sauver les dessins de son père pris dans une inondation[N 1].

En 1899, il est élu membre de la Classe des beaux-arts de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Il est également membre correspondant de l'Institut de France et des Académie de Berlin, de Dresde, de Munich, de Suède et de Norvège[14].

Durant les dernières années de sa vie, il exécute les sculptures destinées au Monument au Travail. Projet qui ne sera érigé à Laeken qu'après sa mort.

Auguste Rodin dit de lui : « Constantin Meunier est un homme admirable. Il a la grandeur de Millet. C'est un des plus grands artistes du siècle[15]. » Meunier est d'ailleurs membre de l'International Society of Sculptors, Painters and Gravers que dirige Rodin[16].

Un fonds de ses œuvres est conservé à Ixelles au musée Constantin-Meunier aménagé dans l’atelier de l’artiste. Ses bronzes ornent des places et les parcs de Belgique et d'Europe.

Franc-maçon, il est membre de la loge Les Amis philanthropes du Grand Orient de Belgique.

Constantin Meunier meurt chez lui, rue de l'Abbaye no 59 à Ixelles le , à l'âge de 74 ans. Trois jours plus tard, après une cérémonie religieuse à l'église Sainte-Croix d'Ixelles, il est inhumé solennellement au cimetière d'Ixelles en présence de nombreuses personnalités issues des sphères artistiques et politiques[17].

Œuvres dans les collections publiques[modifier | modifier le code]

L'Automne ou Le Semeur, au Jardin botanique de Bruxelles.
En Belgique
En France
  • Paris :
    • musée d'Orsay :
      • La Glèbe, 1892, bronze ;
      • Puddleurs au four, 1893, bronze ;
      • L'Homme qui boit, 1890, bronze ;
      • Débardeur du port d'Anvers, 1885, bronze ;
      • Débardeur, 1905, bronze ;
      • L'Industrie, 1892-1896, relief en bronze ;
      • La Moisson, 1895, relief en bronze.
    • musée Rodin : Mineur devant la mine, huile sur toile.

Galerie[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Edmond de Valériola, Monument à Constantin Meunier (1931), Etterbeek, place des Acacias.

Distinctions[modifier | modifier le code]


Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Son acte de décès no 259 précise qu'il se prénomme « Charles Louis Constantin Marie » et qu'il est mort célibataire, à la rue de la Station no 67.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Fondation de l'Hermitage, Chefs-d'œuvre des musées de Liège, Liège, Fondation de l'Hermitage, , 169 p..
  2. a et b Caspers et Baudson 1998, p. 9.
  3. Catalogue, Exposition nationale des Beaux-Arts de 1851, catalogue explicatif, Bruxelles, G. Stapleaux, , 145 p. (lire en ligne), p. 96.
  4. a b et c Caspers et Baudson 1998, p. 44.
  5. Chisholm 1911, p. 315.
  6. Catalogue, Exposition générale des Beaux-Arts de 1857, catalogue explicatif, Bruxelles, Charles Lelong, , 141 p. (lire en ligne), p. 89.
  7. XX, « Exposition nationale des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 245,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Catalogue, Exposition générale des Beaux-Arts de 1860, catalogue explicatif, Bruxelles, Charles Lelong, , 150 p. (lire en ligne), p. 95.
  9. Fernand Khnopff, « Constantin Meunier », Le Studio, no 147,‎ , p. 2.
  10. Constantin Meunier, Sura Levine et Françoise Urban, Hommage a Constantin Meunier, 1831-1905, Exhibitions International, , 199 p., page 9.|
  11. Camille Lemonnier, La Belgique : Ouvrage contenant des gravures sur bois et une carte, Paris, Librairie Hachette, , 756 p. (lire en ligne).
  12. Micheline Jérôme-Schotsmans, Constantin Meunier, sa vie, son œuvre, Waterloo, Olivier Bertrand Éditions et Belgian Art Research Institute, 2012.
  13. | Art-info - Biographie Constantin Meunier
  14. Alfred Louis Edmond Vallette, Mercure de France - Série nouvelle - volume 54, Paris, (lire en ligne), p. 637
  15. M. Jérôme-Schotsmans.
  16. (en) « The International Society of Sculptors, Painters and Gravers », sur université de Glasgow (consulté le ).
  17. Rédaction, « Les funérailles de Constantin Meunier », Le Petit bleu du matin, no 98,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  18. | Le Semeur - Musée Middelheim
  19. Bulletine Trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, 2009 N° 3-4, Arlon, p 224
  20. Moniteur, « Nominations », Moniteur belge, no 302,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  21. Moniteur, « Nominations », Moniteur belge, no 20,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • P. Baudson, Les trois vies de Constantin Meunier, Bruxelles, 1979.
  • (de) Eva Caspers et Pierre Baudson, Constantin Meunier (1831-1905), Hambourg, Ernst Barlach Haus, , 127 p..
  • A. Behets, Constantin Meunier. L’homme, l’artiste et l’œuvre, Bruxelles, 1942.
  • Eugène Demolder, Constantin Meunier, Bruxelles, Deman, 1901.
  • A. Fontaine, Constantin Meunier, Paris, 1923. lire en ligne sur Gallica
  • Camille Lemonnier, Constantin Meunier, sculpteur et peintre, Paris, 1904.
  • G. Simmel, « Rodin. Avec une remarque préliminaire sur Meunier », in Michel-Ange et Rodin, Paris, Rivages, 1990, p. 69–106.
  • Armand Thiéry et Émile van Dievoet, Exposition de l’œuvre de Constantin Meunier, Louvain, 1909.
  • G. Treu, Constantin Meunier, Dresde, 1898.
  • F. Vandepitte, Musée Constantin Meunier, Bruxelles, 2004.
  • F. Vandepitte et al., « Constantin Meunier à Séville. L’ouverture andalouse », Cahiers des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, no 3, Bruxelles, 2008.
  • Micheline Jérôme-Schotsmans, Constantin Meunier, sa vie, son œuvre, Waterloo, Olivier Bertrand Éditions et Belgian Art Research Institute, 2012.
  • Constantin Meunier, Lettres d'Espagne 1882, présentées et annotées par Richard Kerremans, C.I.D.E.P., Bruxelles, 2014.

Articles[modifier | modifier le code]

  • Fernand Khnopff, « Constantin Meunier », Le Studio, no 147,‎ , p. 2.
  • (en) Hugh Chisholm, « Constantin Meunier », Encyclopædia Britannica, vol. 18,‎ , p. 315.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]