Suzanne Lacascade

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Suzanne Lacascade
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Renée Lacascade (d) (cousine)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Prix Montyon ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Rose Joséphine Suzanne Lacascade, née le à Fort-de-France (Martinique) et morte à Paris le , est une des premières romancières non-blanches à avoir publié en France. Elle prend ainsi place en tant que pionnière du mouvement littéraire de la négritude, encouragée par un Paris d’entre-deux guerres propice au bouillonnement culturel et aux échanges entre artistes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Théodore Lacascade le père de Suzanne Lascarade.

Suzanne Lacascade est née le 31 mars 1884 à Fort-de-France en Martinique, issue d’une famille de mulâtres antillais. Son père est Théodore Lacascade (1841–1906), un médecin devenu par la suite Député puis gouverneur de Tahiti et de Mayotte. Sa mère est Marie Rose Elisabeth Deproge dite Alice (1848-1918), restée en Martinique pour élever ses huit enfants (Elise, Jules, Laurence, Lucie, Valentine, Suzanne, Marcel et Pierre) [1].

Suzanne est reçue au baccalauréat en 1904. Lorsque son père décède, elle devient répétitrice puis, au lendemain de la Grande Guerre, elle dirige un cours privé dans le 16e arrondissement de Paris dans l'hôtel Mezzara : le cours Lacascade[2].

Elle meurt le 28 janvier 1966 dans un total anonymat dans le 15e arrondissement de Paris et repose aujourd’hui au cimetière du Père-Lachaise[3].

Œuvre[modifier | modifier le code]

En 1924, elle publie sa seule œuvre : Claire-Solange, âme africaine , qui lui vaut, la même année, le prix Montyon de l'Académie française, avant de retomber dans l’oubli[2].

Il s’agit d’une fiction, en partie autobiographique, racontant l’histoire d’une héroïne originaire de la Martinique, fille d’un fonctionnaire colonial. L'auteure y expose une critique de la mission civilisatrice que s’est attribuée la France, elle y valorise le sang versé par les peuples colonisés pour la « grandeur » de la France et dresse un sombre tableau de la présence française aux Antilles, ainsi que de l’accueil réservé aux colonisés qui s’installent en métropole. Lacascade s’y interroge notamment sur la créolité et l’identité féminine dans un texte anti-impérialiste et féministe[3].

Suzanne Lacascade, à travers son œuvre, dénonce la représentation caricaturale des noirs, le racisme omniprésent et revendique passionnément son ascendance africaine et antillaise[2].

À travers son livre, Suzanne Lacascade apparaît comme une pionnière, et ce, à différentes échelles. Elle est d’abord une des premières femmes non-blanches à publier en France, 15 ans avant le mouvement de la négritude. Mais son roman se démarque aussi par l’utilisation de la langue créole, que ce soit sous forme de courtes phrases ou de dialogues, de maximes ou d’extraits de chansons [4].

Claire-Solange, âme africaine apparaît aussi comme un réel plaidoyer féministe, se dressant contre les dominations masculines et leur volonté d’infériorisation de la femme. Elle représente la double identité féminine et noire[4].

À sa sortie, ce roman fait l’objet de nombreuses critiques condescendantes, misogynes et racistes, notamment par le biais d’analyses dans la presse[2].

Impact[modifier | modifier le code]

Maryse Condé l’inclut dans ses enseignements au cours des années 1970, la percevant comme précurseur de la négritude et de l’intersectionnalité[5].

Le professeur Albert James Arnold[6], de l'université de Virginie, consacre deux chapitres à Suzanne Lacascade dans son livre La littérature antillaise entre histoire et mémoire : 1935 – 1995[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Généalogie de (Rose) Suzanne LACASCADE », sur Geneanet (consulté le )
  2. a b c et d Olivier Favier, « Suzanne Lacascade, aux origines féminines de la négritude », sur RFI, (consulté le ).
  3. a et b appl, « Cimetière du Père Lachaise - APPL - LACASCADE Suzanne (1884-1966) », sur Cimetière du Père Lachaise - APPL, (consulté le )
  4. a et b Philippe Triay, « Réédition de "Claire-Solange, âme africaine", premier roman publié par une femme antillaise, Suzanne Lacascade, en 1924 », sur Outre-mer la 1ère, (consulté le )
  5. Maryse Condé, La parole des femmes: essai sur des romancières des Antilles et de la langue française, .
  6. Alice Desquilbet, « ARNOLD (Albert James), La Littérature antillaise entre histoire et mémoire : 1935-1995. Paris : Classiques Garnier, coll. Bibliothèques francophones, n°9, 2020, 354 p. – (ISBN 978-2-406-09150-9) », Études littéraires africaines, no 51,‎ , p. 251–252 (ISSN 0769-4563 et 2270-0374, DOI 10.7202/1079611ar, lire en ligne, consulté le )
  7. Albert James Arnold, La littérature antillaise entre histoire et mémoire: 1935-1995, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèques francophones », (ISBN 978-2-406-09150-9)

Liens externes[modifier | modifier le code]