Solange d'Ayen
Duchesse Duché d'Ayen | |
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Naissance | |
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Décès |
(à 78 ans) Paris 13e |
Nom de naissance |
Solange Marie Christine Louise de Labriffe |
Nationalité | |
Activités |
Duchesse, rédactrice de mode |
Famille | |
Conjoint |
Solange d'Ayen, née le à Amiens et morte le dans le 13e arrondissement de Paris[2],[3], est une journaliste et aristocrate française[1], rédactrice mode de l'édition française du magazine Vogue[1],[4]. Elle épouse en Jean Maurice Paul Jules de Noailles, duc d'Ayen, avec qui elle a deux enfants[3]. Elle était une survivante d'un camp de concentration nazi après avoir été arrêtée par les nazis en .
Biographie[modifier | modifier le code]
Naissance et famille[modifier | modifier le code]
Fille de Camille de Labriffe, comte de Labriffe, (1859–1930), et de la comtesse, née Anne-Marie de Vassart d'Hozier, (1867–1949)[3],[5]. Elle avait une sœur aînée, Marie de Labriffe (1893–1985)[6].
Mariage avec Jean de Noailles, le duc d'Ayen[modifier | modifier le code]
Solange d'Ayen épouse à Paris, le , Jean Maurice Paul Jules de Noailles, duc d'Ayen (1893–1945)[3]. Ils habitaient au Château de Maintenon[7] et ont deux enfants : Geneviève Hélène Anne Marie Yolande de Noailles (1921–1998), qui épouse en 1947 Jean Gaston Amaury Raindre (1924)[3], et Adrien Maurice Edmond Marie Camille de Noailles (1925–), engagé volontaire, mort pour la France dans les Vosges[3],[8].
Carrière[modifier | modifier le code]
À la fin des années 1920[n 1] époque vers laquelle elle divorce[10], elle commence à travailler pour l'édition française du magazine Vogue comme consultante en mode[11],[12]. Cliente de haute couture, elle amène au sein de la publication une « caution aristocratique [et] intellectuelle »[9]. Elle devient plus tard la rédactrice de mode du magazine[13],[14],[15]. En octobre 1928, elle signe ses articles sous le nom de Solange d'Ayen[16]. Elle a collabore également pour le Vogue américain[16],[4],[17],[18]. La journaliste irlandaise Carmel Snow, qui travaille pour Vogue à cette époque, dit de Solange d'Ayen : « elle était la personne sur laquelle je voulais le plus à cette époque me façonner »[12]. Solange d'Ayen avait de bonnes relations dans le cercle social parisien connu sous le nom de « le tout Paris » et a présenté Carmel Snow à plusieurs membres de l'élite parisienne[12].
En 1935, Solange d'Ayen aide la rédactrice en chef de Vogue, Edna Woolman Chase, à persuader le peintre français Christian Bérard de travailler pour le magazine en tant qu'illustrateur de mode[19].
Solange d'Ayen travaille comme rédactrice de mode pour le Vogue française jusqu'aux années 1940[4] : au milieu de cette année, elle quitte Paris face à l'avancée des Allemands, le magazine étant alors mis en sommeil par Michel de Brunhoff[20]. En 1949, elle dirige la maison de couture de Robert Piguet[21].
En 1951, elle devient rédactrice du magazine Maison & Jardin[22].
Vie privée[modifier | modifier le code]
Solange d'Ayen était une amie proche de plusieurs artistes comme la couturière française Coco Chanel[23], le couturier suisse Robert Piguet[24], le peintre français Christian Bérard[19], et aussi de la photographe américaine Lee Miller[25],[26].
Prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]
Le mari de Solange d'Ayen, Jean de Noailles, était membre de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale et fut arrêté par la Gestapo le , à la suite d'une dénonciation anonyme[27],[28]. Il meurt au camp de concentration de Bergen-Belsen le [5], la veille de la libération du camp par l'Armée britannique[28],[27]. Solange a également été arrêtée par les nazis en 1942 et envoyée à la prison de Fresnes, alors que sa famille et ses amis comme Lee Miller ne savaient pas ce qui lui était arrivé[29]. On disait que Solange d'Ayen « n'était plus que l'ombre d'elle-même » lorsque Lee Miller la retrouva après la guerre[29],[30]. En 1952, le tribunal militaire de Paris condamne Suzanne Provost, collaboratrice de la Gestapo accusée d'avoir dénoncé Jean de Noailles, à vingt ans de réclusion[27]. En 1954, Solange d'Ayen accuse formellement Helmut Knochen, le chef de la Gestapo pour la France occupée, d'avoir séquestré son mari[31].
Le couturier français Hubert de Givenchy, qui rencontre Solange d'Ayen alors qu'il était apprenti chez Robert Piguet, la décrit comme une « grande beauté », qui avait « un goût classique », et a également déclaré qu'elle s'est toujours habillée en noir parce qu'elle avait perdu son mari et son fils à la guerre[24].
Mort[modifier | modifier le code]
Solange d'Ayen décède à l'âge de 78 ans le dans le 13e arrondissement de Paris. Elle est enterrée au château de Maintenon[32].
Dans les arts[modifier | modifier le code]
Musique[modifier | modifier le code]
En 1939, le compositeur et pianiste français Francis Poulenc dédie sa chanson Fleurs à Solange d'Ayen[33],[34].
Cinéma[modifier | modifier le code]
En 2023, Marion Cotillard interprète Solange d'Ayen dans le film biographique Lee Miller d'Ellen Kuras, qui retrace la vie de la photographe américaine Lee Miller pendant la Seconde Guerre mondiale[35].
Notes[modifier | modifier le code]
- Si elle est effectivement embauchée en octobre 1929 de façon officielle, elle est déjà chez Vogue depuis 1928[9].
Références[modifier | modifier le code]
- « Solange d'Ayen (1898-1976) », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le )
- Relevé des fichiers de l'Insee
- « Solange de LABRIFFE », sur geneanet.org (consulté le )
- (en) Solange d'Ayen, « Letter from France », Vogue, , p. 114-115 (lire en ligne )
- « Maison de Labriffe » [archive], sur Racines & Histoire, , p. 11
- « Famille de Labriffe » [archive du ] (consulté le )
- « Maintenon Après les Cottereau Noailles », sur Racines & Histoire (consulté le ), p. 9
- (en) Justine Picardie, Miss Dior : A Story of Courage and Couture, Faber & Faber, , 352 p. (ISBN 9780374210359, lire en ligne), p. 199
- Sylvie Lécallier (dir.) et Marlène Van de Casteele (catalogue d'exposition), Vogue Paris : 1920-2020, Paris Musées, , 324 p. (ISBN 978-2-7596-0493-7), « 1920-1938 », p. 17-20
- (en) Nina-Sophia Miralles, Glossy: The Inside Story of Vogue, Quercus, (ISBN 9781529402773, lire en ligne), p. 80
- (en) Snow Carmel et Mary Louise Aswell, The World of Carmel Snow, McGraw-Hill, (OCLC 547124), p. 55
- (en) Penelope Rowlands, A Dash of Daring: Carmel Snow and Her Life In Fashion, Art, and Letters, Atria Books, (ISBN 9780743480451, lire en ligne), p. 109
- Emmanuelle Paccaud, « La presse magazine comme espace médiatique transatlantique | Pratiques éditoriales et représentations des rédacteurs en chef de Vogue et Vanity Fair (1914-1942) », sur OpenEdition Journals, : « Solange d’Ayen, rédactrice de mode pour Vogue français depuis la fin des années 1920 »
- (en) Nina-Sophia Miralles, Glossy: The Inside Story of Vogue, Quercus, (ISBN 9781529402773, lire en ligne), p. 80
- (en) Solange d'Ayen, « Scotland, the Happy Shooting Ground », Vogue, , p. 44-45 (lire en ligne )
- (en) Solange d'Ayen, « Scotland, the Happy Shooting Ground » , sur Vogue, , p. 44–45
- (en) Solange d'Ayen, « Paris in Its New Clothes », Vogue, , p. 64-65 (lire en ligne )
- (en) Solange d'Ayen, « Just How They Do It », Vogue, , p. 28-29 (lire en ligne )
- Penelope Rowlands, A Dash of Daring: Carmel Snow and Her Life In Fashion, Art, and Letters, Atria Books, (ISBN 9780743480451, lire en ligne), p. 203 :
« Chase snatched up Bérard, luring him away from Bazaar in 1935 with the help of his great friend Solange d'Ayen. »
- Sylvie Lécallier (dir.) et Sophie Kurkdjian (catalogue d'exposition), Vogue Paris : 1920-2020, Paris Musées, , 324 p. (ISBN 978-2-7596-0493-7), « 1939-1954 », p. 67
- (es) Simone Deambrosis-Martins, « La Elegancia », La Opinión, , p. 12 (lire en ligne)
- Jean-Michel Bouhours et Patrick de Haas, Man Ray : directeur du mauvais films, Centre Georges Pompidou, (ISBN 9782858509430), p. 109–113 :
« Solange de Labriffe mariée au duc Jean d'Ayen. Rédactrice de mode à Vogue de 1929 à 1939. Elle sera à partir de 1951 rédactrice à Maison et jardin »
- (en) Linda Simon, Coco Chanel, Reaktion Books, , 207 p. (ISBN 9781861899651, lire en ligne), p. 86-88
- (en) Sarah Colton, « Robert Piguet: As Remembered by An Eighteen Year Old Apprentice Designer, Hubert de Givenchy », Beauty Fashion Magazine, , p. 3 (lire en ligne)
- (en) Carolyn Burke, Lee Miller: A Life, Knopf Doubleday Publishing Group, 6 octobre 2010., 448 p. (ISBN 9780307766632, lire en ligne), p. 231
- Maggie Boccella, « 'Lee': Jude Law, Marion Cotillard, and More Join Female WWII Photographer Biopic Starring Kate Winslet », sur Collider,
- « Le tribunal militaire de Paris condamne à vingt ans de réclusion une collaboratrice de la Gestapo accusée d'avoir dénoncé le duc d'Ayen », Le Monde, (lire en ligne )
- Georges Martin, Histoire et généalogie de la maison de Noailles, Imprimerie Mathias,
- (en) Mike Fleming Jr., « Kate Winslet Joined By Marion Cotillard, Jude Law, Andrea Riseborough & Josh O'Connor For Film On Model-Turned-WWII Photographer Lee Miller », sur Deadline Hollywood
- (en) Elsa Maxwel, « Innocents Abroad », Pittsburgh Post-Gazette, , p. 17 (lire en ligne) :
« In what category would Mr. Crawford place the Duc d'Ayen, a prisoner in Germany, and his beautiful young wife, Solange, who emerged almost unrecognizable from a Nazi concentration camp? »
- Jean-Marc Théolleyre, « M. Paul Reyanud a relaté les circonstances de sa déportation et la duchesse d'Ayen a formellement accusé Knochen d'avoir séquestré son mari », Le Monde, (lire en ligne)
- « Solange de Labriffe »,
- « [Fleurs. FP 101, no 6] Francis Poulenc (1899-1963) », sur Bibliothèque nationale de France,
- (en) Caroline Seebohm, The Man who was Vogue: The Life and Times of Condé Nast, Viking Press, (ISBN 9780670453665), p. 349 :
« Solange d'Ayen, the aristocratic and beautiful fashion editor (to whom Poulenc once dedicated a song) »
- (en) PJ Cresswell, « Marion Cotillard shoots first scenes of Lee biopic in Dubrovnik », sur Time Out,
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Carmel Snow et Mary Louise Aswell, « The World of Carmel Snow ». McGraw-Hill. 1962. p.55, 108, 148.
- Antony Penrose, The Lives of Lee Miller, Thames & Hudson, (ISBN 978-0-03-005833-2)
- Valentine Lawford, « Horst: His Work and His World ». Knopf. 1984. p.54, 152, 193.
- Marie France Pochna, « Christian Dior : The Man who Made the World Look New ». Arcade Pub. 1996. p.107.
- Penelope Rowlands, « A Dash of Daring : Carmel Snow and Her Life In Fashion, Art, and Letters ». Atria Books. 12 novembre 2008.
- Carolyn Burke, « Lee Miller: A Life ». 6 octobre 2010. p.100, 231.
- Linda Simon, « Coco Chanel ». Reaktion Books. octobre 2011.
- Lynn Hilditch, « Lee Miller, Photography, Surrealism and the Second World War: From Vogue to Dachau ». Cambridge Scholars Publishing. 2018.
- Susan Ronald, « Condé Nast : The Man and His Empire ». St. Martin's Publishing Group. 3 septembre 2019.
- Lou Taylor et Marie McLoughlin, « Paris Fashion and World War Two : Global Diffusion and Nazi Control ». Bloomsbury Publishing. 9 janvier 2020.
- Nina-Sophia Miralles, « Glossy: The Inside Story of Vogue ». Quercus. 18 mars 2021.
- Justine Picardie, « Miss Dior : A Story of Courage and Couture ». Faber & Faber. 7 septembre 2021. p.199.
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Journaliste française du XXe siècle
- Journaliste de mode
- Duchesse française du XXe siècle
- Collaborateur de Vogue Paris
- Personnalité liée à la mode
- Naissance en avril 1898
- Naissance à Amiens
- Décès en novembre 1976
- Décès dans le 13e arrondissement de Paris
- Décès à 78 ans
- Famille de Noailles
- Famille de La Briffe
- Prisonnier de guerre français de la Seconde Guerre mondiale
- Survivant des camps de concentration nazis