Orange (couleur)

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Des rondelles d'orange (le fruit).

L'orange est un champ chromatique de couleurs vives qui, sur le cercle chromatique, prennent place entre le rouge et le jaune.

Les couleurs orangées sont des couleurs chaudes ; les couleurs chaudes se définissent par leur proximité avec l'orange. Elles sont considérées comme stimulantes et provocantes.

Colorimétrie et perception des couleurs[modifier | modifier le code]

Définition[modifier | modifier le code]

La norme AFNOR X 08-010 Classification méthodique des couleurs (annulée le 30 août 2014) définissait l'orange comme une couleur dont la longueur d'onde dominante se situe entre 584 nm à 605 nm, de saturation et de luminosité moyennes à élevées.

Les champs voisins sont les rouges et les jaunes, parmi les teintes lumineuses et saturées. Les teintes de même longueur d'onde dominante, mais de saturation et de luminosité moindre sont des marrons, celles de forte luminosité, mais peu saturées, sont des beiges.

Le terme orange peut être précisé par des adjectifs comme clair ou intense, que la norme définit également, et servir pour modifier une couleur proche, jaune, rouge ou rose, selon les caractéristiques de teinte, de luminosité et de saturation de la teinte décrite[1].

La couleur complémentaire d'un orange est un bleu. Avec l'illuminant D65 (lumière du jour), les complémentaires des orange de longueur d'onde dominante entre 584 nm et 605 nm sont des bleus tirant vers le vert et des bleus-verts dont la longueur d'onde dominante se trouve entre 482 nm et 490 nm.

Synthèse de l'orange[modifier | modifier le code]

En synthèse soustractive, l'orange s'obtient par une combinaison de filtres jaunes et magenta.

Avec les colorants de la peinture, du crayon, du stylo-feutre, l'orange s'obtient en mélangeant beaucoup de jaune et un peu de rouge. La proportion est généralement de 3 à 4 parts de jaune pour une part de rouge[2]. Les pigments rouges tirant vers l'orange et les pigments orange sont toutefois d'emploi fréquent.

On peut obtenir des pigments orangés très lumineux donnant des couleurs presque optimales ; mais on ne peut reproduire ces couleurs par la synthèse additive sur écran de télévision ou d'ordinateur. On doit sacrifier soit la luminosité, soit la pureté.

L'orange obtenu en imprimerie par la quadrichromie est encore plus limité. L'orange quadri, comparé à un orange pur, passe pour un beige ou un marron orangé. L'imprimerie ne peut obtenir les couleurs orange vif qu'avec des pigments spécifiques.

Orange du Web[modifier | modifier le code]

Dans les navigateurs Web et les applications dérivées, plusieurs mots-clés contenant orange appellent des couleurs conventionnelles.

Noms de couleur X11 et HTML/CSS/SVG
Mot-clé Échantillon Traduction Code
DarkOrange   orange foncé #FF8C00
Orange   orange #FFA500
OrangeRed   rouge-orange #FF4500

Colorants[modifier | modifier le code]

Le Colour Index répertorie environ 80 pigments orangés (P0), dont certains sont plus rouge-orangé qu'orangé, et auxquels il faut ajouter quelques pigments classés rouge (PR)[3].

Pigments et teintures[modifier | modifier le code]

Nuancier des oranges teints et utilisés pour la manufacture de tapisserie des Gobelins et de Beauvais, 2018

Aucun colorant ancien ne produit une couleur orangée. Il est toujours possible de faire un orange en mélangeant des pigments rouges avec des pigments jaunes ; mais ce mélange est toujours plus terne que ses composants, d'autant plus que la nuance de ceux-ci s'éloigne de celle recherchée[4] :

  • deux sulfures d'arsenic naturels, le réalgar (rouge orangé ou rouge vermillion) et l'orpiment (du jaune citron au jaune d'or) sont connus depuis l'Antiquité. Le réalgar se décompose, à la lumière, en un mélange d'orpiment et d'arsénolite. Ces deux pigments sont tous deux très toxiques, et présentent de plus l'inconvénient de réagir chimiquement, du fait du soufre qu'ils libèrent, avec les autres pigments auxquels ils seraient mélangés. Pour la même raison, ils sont anti-siccatifs dans l'huile. Ces pigments ont servi pour des écritures en lettres d'or sans or, dans des détrempes à l'œuf, où leur toxicité était mise à profit comme conservateur. Ils ont été abandonnés[5] ;
  • au Moyen Âge, on se sert du minium de plomb (rouge) qui permet de fabriquer l'orange minéral. Mais selon Cennino Cennini, « il est bon seulement sur panneau, car si tu l'utilises sur mur, dès qu'il est exposé à la lumière, il devient noir et perd sa couleur[6] ». En effet, il noircit lorsqu'on l'expose à de l'hydrogène sulfuré ou à des sulfures[7]. Il est donc tout à fait exclu de le mélanger à de l'orpiment pour le rendre plus orangé ;
  • la découverte du chrome en 1797 par Louis-Nicolas Vauquelin est significative : avec ces orange de chrome, les artistes disposent de pigments orangés[8]. Turner, les Impressionnistes, Van Gogh apprécièrent l'orangé de chrome, quoiqu'il était plus cher et moins vif que l'orange de cadmium inventé peu après, et que leur stabilité soit mise en doute, et le mélange avec d'autres couleurs soumis à restrictions. Leur pouvoir colorant est cependant élevé[9] ;
  • en 1820, le chimiste Friedrich Stromeyer produit un sulfure de cadmium jaune qui donne une teinte orangée dans certaines conditions de synthèse influant sur la taille des grains. Il entre au catalogue des marchands de couleurs à partir de 1850[10]. C'est le premier vrai orange vif et lumineux. Soixante ans plus tard, un orange encore plus profond est élaboré en précipitant le sulfure de cadmium avec du sulfure de sodium et du sélénium. Les orange de cadmium, classés PY37 et PO20 au Colour Index, atteignent d'excellentes caractéristique de luminosité et de saturation, qui les ont fait comparer à des couleurs optimales ; ils sont opaques[11] ;
  • les orange développés au XXe siècle (azoïques, périnones, quinacridones, isoindoline et pyrroles) offrent des alternatives moins chères que les cadmiums, et transparentes, ce qui est nécessaire pour une partie des applications.

La suspicion de toxicité concernant les pigments de cadmium se joint à leur prix élevé pour restreindre leur emploi. Les marchands de couleur proposent la plupart du temps des pigments « teinte orangé de cadmium » qui sont des imitations basées sur des pigments organiques.

Colorants alimentaires[modifier | modifier le code]

Dans l'alimentation, la couleur orange est associée à des agrumes comme évidemment l'orange, à d'autres fruits comme le potiron, à des racines comme la carotte...

La couleur orange est souvent utilisée pour présenter des produits contenant de la vitamine A (bêta-carotène) et de la vitamine C, dont les fruits orange sont riches. Les cachets de vitamine C sont ainsi souvent artificiellement colorés en orange et aromatisés à l'orange[réf. souhaitée].

Le jaune orangé S (E110) est utilisé pour colorer des produits alimentaires : confiseries, bonbons, glaces, crèmes glacées, sirops, boissons sans alcools, liqueurs, caviar, œufs de lump, crevettes, poissons séchés et salés, enveloppes de charcuteries, croûtes de fromages, pâtisseries, desserts, biscuits.

Les caroténoïdes (E160) sont utilisés pour colorer l'alimentation des saumons d'élevage, ce qui donne à leur chair cette couleur orange. Ils servent aussi pour colorer le beurre, la mimolette et les croûtes de fromages.

Couleur Code Origine Nom chimique
jaune orangé E 107 ... jaune 2G
interdit en Europe et aux États-Unis
jaune orangé E 110 synthèse jaune orangé S
nuances
jaune à orange
E 160-a
à 160-f
Pigments naturels
d'abricot,

de carotte,
de langouste,
de poisson, etc.

caroténoïdes
Jaune Orange Rouge E 160(A) I) ... β-carotène
Jaune Orange Rouge E 160(A) II) ... Caroténoïdes mélangés (alpha-, β-, gamma-)
Jaune Orange Rouge E 160(B) ... Rocou (ou annatto), bixine, norbixine
Jaune Orange Rouge E 160(C) ... Extrait de paprika, capsanthéine, capsorubine
Jaune Orange Rouge E 160(D) ... Lycopène
Jaune Orange Rouge E 160(E) ... Apocaroténal 8' (C30)
Jaune Orange Rouge E 160(F) ... Ester éthylique de l'acide -apocaroténique-8' (C30)
Jaune Orange Rouge E 161 ... Xanthophylles
Jaune Orange Rouge E 162 ... Rouge de betterave, bétanine

Filtres[modifier | modifier le code]

Filtres orange et rouge utilisés en photographie.

Les filtres orange forment une classe assez nombreuse.

En photographie noir et blanc, ils servent pour diminuer le contraste des lèvres, veines, boutons, etc. sur la peau, tout en augmentant celui des yeux. Dans les paysages, ils assombrissent profondément le ciel bleu et augmentent le contraste des feuillages[12].

En photographie couleur, les filtres orange saumon sont les filtres compensateurs de température de couleur, permettant la prise de vue en lumière naturelle avec des surfaces sensibles prévues pour l'éclairage artificiel à incandescence[13].

Symbolique[modifier | modifier le code]

Le champ chromatique orange se distingue tardivement de ses voisins rouge, jaune, brun et beige. En français, le nom de couleur orange n'est attesté qu'à partir du XVIe siècle[14] ; les langues anciennes[Lesquelles ?] assimilent les orangés au jaune ou au rouge. L'orange, contrairement au rouge, qui existe dans toutes les langues du monde avec des racines dans les langues les plus anciennes, ne saurait avoir aucune association symbolique archaïque.

Associations en Occident[modifier | modifier le code]

Orange utilisé en revêtement architectural (Institut néerlandais de l'image et du son).

L'orange est étroitement associé à la chaleur, c'est la couleur chaude typique. Faisant, au début du XIXe siècle, l'inventaire des couleurs symboliques à partir des textes religieux et héraldiques, Portal le trouve associé comme le jaune doré à la révélation de l'amour divin[15]. Bacchus (Dionysos), mythe représentatif de l'Esprit saint du dogme chrétien, portait un vêtement couleur de safran[16]. Dans la Rome antique, « la couleur composée de rouge et de jaune fut le symbole du mariage indissoluble ». Le voile de noces était orangé, symbole de la perpétuité de l'union[17]. Par une règle d'opposition commune à tous les symboles[18], la couleur désigne aussi l'adultère, l'amour de la fausseté humaine, la dissimulation, l'hypocrisie[19].

L'artiste Vassily Kandinsky a cherché à fonder ses compositions sur les associations liées directement aux formes abstraites et aux couleurs. Il écrit de l'orangé qu'il« ressemble à un homme sûr de ses forces et donne en conséquence une impression de santé[20] ». Ces associations d'idées sont toutes personnelles ; mais en Occident il est sûr que l'orangé a une valeur positive, du fait de sa proximité avec l'or. Paul Signac attribue à Delacroix l'affirmation de Baudelaire : « Chacun sait que le jaune, l'orangé et le rouge inspirent et représentent des idées de joie, de richesse, de gloire, d'amour[21] ».

L'orangé « devient aussi la couleur symbolique de l'infidélité et de la luxure [...], selon des traditions qui remontent au culte de la Terre-Mère [et à] l'orgie rituelle [qui y est associée][22] ».

Au Moyen Âge, la rousseur de la chevelure indiquait, au moins en peinture, la proximité avec le diable. Judas Iscariote était conventionnellement représenté roux[23]. Michel Pastoureau, dans Une histoire symbolique du Moyen Age occidental[24], note qu’en Allemagne, à partir du XIIe siècle, le surnom « Iscariote » pourrait hypothétiquement se voir décomposer en « Ist gar rot » (« est tout rouge » ou « est vraiment roux »).

Associations en Asie[modifier | modifier le code]

  • Dans la symbolique hindouiste, la couleur orange désigne le second chakra du corps humain, il est en rapport avec la créativité et le dynamisme. C'est la couleur des vêtements des sannyasin de l'ascétisme hindou, symbole du renoncement. Les membres de la secte d'Osho Rajneesh la portent aussi, si bien que dans les années 1970 on les appelait "orange people". Les moines bouddhistes se drapent également dans des vêtements de couleur orange. Ce serait la couleur du vêtement que le Bouddha Gautama aurait revêtu en renonçant à la vie mondaine. Il aurait pris le linceul d'un mort dans un cimetière pour le confectionner. Il symbolise donc également le renoncement. L'orange safran rappelle aussi pour les bouddhistes la couleur de l'or, symbole de pureté[25].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Codes de couleur[modifier | modifier le code]

  • Dans le code de couleurs des résistances électriques et des condensateurs, la couleur orange correspond au chiffre 3, au multiplicateur x1000 et à un coefficient de température de 15ppm. Dans la norme CEI 60757, on le note OG (abréviation de orange).
  • Dans la signalisation routière, un signal lumineux orange marque une alarme, un danger proche, soit dans le temps, entre le vert (voie libre) et le rouge (interdiction de passer), soit dans l'espace (signalisation de chantier, clignotants de voiture, feux de détresse).
  • Dans la norme de la signalisation colorée (ISO 7100), l'orange indique un niveau de danger intermédiaire entre le vert et le rouge. L'alerte orange est le troisième niveau d'alerte, après le vert (pas d'alerte) et le jaune et avant l'alerte rouge, dans la communication des prévisions d'intempérie par Météo France et des alertes sécuritaires dans le Plan Vigipirate.

Signalisation[modifier | modifier le code]

Signal routier mobile.
  • Comme il est prouvé[réf. souhaitée] que la couleur orange est celle qui se distingue le mieux dans de très nombreux environnements, cette couleur est utilisée pour la signalisation des dangers dans de nombreux domaines et particulièrement la circulation automobile et ferroviaire.
  • Dans de nombreux pays les avertisseurs lumineux de changement de direction (clignotant) des véhicules émettent une lumière orange.
  • Le deuxième feu (position centrale) des feux tricolores qui règlent la circulation des carrefours est orange. Leur utilisation n'est pas universelle : la plupart du temps lorsqu'il s'allume, il avertit que le feu va passer au rouge, mais au Royaume-Uni ou en Allemagne, par exemple, le feu passe par une phase rouge et orange avant le vert.
  • Le feu orange clignotant revêt une signalisation différente du feu orange fixe. Généralement il signale un danger avec passage libre avec éventuellement le respect de la priorité à droite.
  • Répondant à une étude qui prouve qu'une signalisation orangée du gabarit d'un véhicule rend ce dernier nettement plus visible aux autres usagers de la route, de plus en plus de véhicules sont équipés de feux de gabarit orangés, qui entrent en fonction dès que le moteur du véhicule est en marche[réf. souhaitée].

Utilisations diverses[modifier | modifier le code]

Le Golden Gate Bridge à San Francisco.
  • Le Golden Gate Bridge, célèbre pont de San Francisco, est peint en orange international, une nuance conçue par l'architecte, alors que les structures étaient encore couvertes de la couche antirouille au minium, pour s'harmoniser avec les verts et les bleus du paysage, après la décision de faire du pont une attraction visuelle[26].
  • Les enregistreurs de vol, dits boîtes noires parce que l'équipage n'a pas accès à leur contenu, sont peintes en orange pour en faciliter la recherche si l'avion est détruit.
  • L'agent orange est un défoliant chimique, notamment utilisé par l'armée américaine pendant la guerre du Viêt nam.
  • La vigilance orange est un niveau d'alerte des services français de sécurité publique.
  • Les prisonniers du système pénitentiaire américain et ceux de Guantánamo portent une tenue orange.

Utilisations commerciales[modifier | modifier le code]

Utilisations politiques[modifier | modifier le code]

L'utilisation de la couleur orange comme symbole politique s'est accrue au début du XXIe siècle, probablement parce qu'il n'était, auparavant, associé à aucune des divisions idéologiques des sociétés[27].

Plusieurs pays ont la couleur orange sur leur drapeaux et pavillons : Drapeau de l'Arménie Arménie, Drapeau du Bhoutan Bhoutan, Drapeau de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire, Drapeau de l'Inde Inde, Drapeau de l'Irlande Irlande, Drapeau du Niger Niger, Drapeau du Sri Lanka Sri Lanka ; Préfecture de Nagano (Japon). L'orange est également une des couleurs présentes sur le drapeau arc-en-ciel LGBT.

Dans le drapeau irlandais, la couleur orange symbolise la religion protestante, par opposition à la religion catholique en vert. Le blanc symbolise la paix entre ces deux religions[28].

Pays-Bas[modifier | modifier le code]

Parce que le stathouder des Pays-Bas fut longtemps un membre de la maison d'Orange-Nassau (seigneurs d'Orange, en France), de nombreuses entités ont un lien avec la couleur orange. Néanmoins, l'étymologie de la ville d'Orange n'est pas liée à celle de la couleur, mais dérive de la divinité Arausio[29]. Le nom de la couleur et le nom de la ville est une simple coïncidence[30].

Le drapeau du Prince, drapeau de la République des Provinces Unies utilisé de 1572 à 1795, est orange-blanc-bleu[31]. Pendant cette période, les soutiens de la maison d'Orange sont appelés les orangistes et s'opposent aux républicains. Au XIXe siècle, l'orangisme est également une force politique en Belgique et au Luxembourg.

L'ordre d'Orange-Nassau est l'ordre honorifique civil des Pays-Bas. De même, la plupart des équipes sportives du pays jouent dans sa couleur historique.

En raison de l'association étroite entre les Pays-Bas et la couleur orange, d'autres lieux ou entités portent ce nom :

Orange est le nom d'un comté de Californie et c'est aussi une municipalité de ce comté : Orange. Il existe aussi un comté éponyme en Floride, où se situe la ville d'Orlando. Une ville du New Jersey est également appelée Orange[30].

Autres utilisations politiques[modifier | modifier le code]

Usages sportifs[modifier | modifier le code]

  • Ceinture orange : Grade d'apprentissage dans certains arts martiaux et sports de combat, comme dans le judo ou le karaté.
  • L'orange est la couleur des supporteurs de l'équipe nationale néerlandaise.

Galerie[modifier | modifier le code]

Dans la nature[modifier | modifier le code]

Objets fabriqués[modifier | modifier le code]

Marques et logos[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Terme « orange »[modifier | modifier le code]

L'étymologie du nom de la couleur orange est intimement liée à l'expansion du fruit de l'oranger, dont la culture a débuté en Chine puis s'est répandue en Asie et en Europe, avant d'arriver dans le reste du monde[32].

Le nom « orange » de la couleur vient de celui du fruit, d'après le mot sanscrit नारङ्ग (nāraṅga)[29]. Le mot passe ensuite en persan (nāraṅg)[33] puis en arabe ; de là, il est introduit dans les différentes langues européennes autour du XVIIe siècle : narancs en hongrois, naranja en espagnol, narancia en italien, narange en français[29]. En raison de la proximité du n initial avec la fin de l'article défini (une, an, una), le mot perd peu à peu sa consonne initiale pour devenir arancia ou orange[29]. On retrouve une origine similaire en polonais avec pomarańczowy, issu de l'italien pomo d'arancia[33].

Français[modifier | modifier le code]

En français, le terme « orange » pour désigner un fruit est attesté au XIIIe siècle, pour une couleur au XVIe siècle (Trésor de la langue française). Il s'écrit alors souvent orenge[34].

L'adjectif associé est invariable en français, étant l'abréviation de « de la couleur de l'orange (le fruit) ». On dira donc « des fleurs orange », sous-entendu « des fleurs de la couleur de l'orange » ; la marque du pluriel ne s'applique qu'au nom du fruit[35]. L'adjectif orangé s'accorde normalement en genre et en nombre.

Anglais[modifier | modifier le code]

William Shakespeare utilise le mot orange, pour désigner une nuance de marron (orange tawny). Au XVIe siècle, l'utilisation du mot est encore rare en anglais. La situation change au XVIIe siècle : avec la présence grandissante des fruits de l'oranger sur le continent européen, le mot devient de plus en plus usité pour désigner la couleur[29]. Dans les années 1660, Isaac Newton l'assimile à l'une des couleurs[29]. Mark Morton estime que le besoin d'un mot spécifique pour désigner cette couleur ne s'est pas fait ressentir dans la langue anglaise avant l'arrivée des citrouilles et des carottes venues d'Amérique au XVIe siècle[36].

Autres mots pour désigner la couleur orange[modifier | modifier le code]

En latin, plusieurs mots sont utilisés pour nommer la couleur orange : luteus (même si ce dernier peut aussi désigner le jaune), croceus (allant du jaune au rouge orangé), crocinus ou crocatus[32]. Le terme flammeus, « à la manière d'une flamme », est également rencontré pour décrire la couleur du feu[32].

En vieil anglais, un mot composé est utilisé pour décrire la couleur (ġeolurēad, « jaune-rouge »)[29]. De même, dans Le Conte de l'aumônier des nonnes, l'écrivain anglais Geoffrey Chaucer décrit la couleur d'un renard comme « betwixe yelow and reed » (« entre le jaune et le rouge »)[32].

En catalan, la couleur est appelée taronja, un mot provenant de l'arabe tųrųnǧa (lui-même emprunté au sanskrit) mais distinct du mot nāraṅga ayant donné orange[37].

Bien que la Chine soit le lieu d'origine de plusieurs espèces d'orangers, il n'existe pas en mandarin de terme pour désigner spécifiquement la couleur orange[38].

En grec (πορτοκαλί, portokali), en turc (portakal), la couleur tient son nom du Portugal, l'orange douce (citrus sinensis) ayant été introduit par des marchands portugais[30]. Dans plusieurs pays du pourtour méditerranéen, l'orange amère ou bigarade était déjà populaire et le pays apportant ce nouveau fruit a servi à le désigner[39]. Cette influence portugaise est ensuite entrée en roumain (portocaliu) ou en napolitain (purtuallo)[40].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philip Ball (trad. Jacques Bonnet), Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments [« Bright Earth: The Invention of Colour »], Paris, Hazan,
  • Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 1, Puteaux, EREC,
  • Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 2, Puteaux, EREC,
  • Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 3, Puteaux, EREC,
  • Robert Sève, Science de la couleur : Aspects physiques et perceptifs, Marseille, Chalagam,
  • J. Grévy, C. Manigand et D. Turrel (dir.), Vert et orange: deux couleurs à travers l'histoire, Pulim, coll. « Collection Histoire. Trajectoires », (ISBN 978-2-84287-594-7, OCLC 871242826, lire en ligne)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sève 2009, p. 248-250; PRV2, p. 159 PRV3, p. 122.
  2. Cantin, C., Richard, D. et Trudel, T. 1990. RUDIMENTS D'ARTS PLASTIQUES. Centre Éducatif et Culturel,inc., Québec.
  3. PRV3, p. 122.
  4. Field, Chromatography (1869), cité par Ball 2010, p. 65-66.
  5. PRV3, p. 130-132.
  6. Cennino Cennini, Le livre de l'art, chap. XLI.
  7. PRV3, p. 90
  8. Ball 2010, p. 230.
  9. PRV2, p. 88-89, Ball 2010, p. 231.
  10. Ball 2010, p. 226.
  11. PRV2, p. 11-15.
  12. Filtres Kodak pour usage scientifiques et techniques, Kodak-Pathé, 1981, p.61-62.
  13. Kodak-Pathé, Filtres Kodak : pour usages scientifiques et techniques, , p. 23 « Wratten 85X ».
  14. 1553, Trésor de la langue française. Exemple de 1571.
  15. Frédéric Portal, Des couleurs symboliques dans l'Antiquité, le Moyen Âge et les temps modernes, Paris, (lire en ligne), p. 239sq.
  16. Portal 1837, p. 239-240.
  17. Portal 1837, p. 241-242
  18. Portal 1837, p. 32
  19. Portal 1837, p. 242-243
  20. Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l'art, Paris, Denoël, coll. « Folio essais » (no 72), , p. 162
  21. Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, , à propos de Delacroix ; on la retrouve dans Ernest Chesneau, L'œuvre complet de Eugène Delacroix : peintures, dessins, gravures, lithographies : catalogué et reproduit par Alfred Robaut ; commenté par Ernest Chesneau, Paris, (lire en ligne), p. 277. Citation dans Paul Signac, D'Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, Paris, (lire en ligne), p. 18 qu'invoque Kandinsky 1989, p. 113.
  22. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles : Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1060 p. (ISBN 2-221-08716-X), p. 708 « Orangé (couleur) ».
  23. Par exemple dans Le Baiser de Judas (1304-1306), fresque de Giotto, chapelle des Scrovegni, Padoue, ou L’Arrestation de Jésus, fresque attribuée à Cimabue (1280-1283), basilique Saint-François, Assise
  24. Seuil, collection « Librairie du XXIe siècle », 2004, (ISBN 2-02-013611-2), page 13
  25. « Pourquoi les robes des bonzes sont-elles orange safran ? »[source insuffisante]
  26. (en) « Why the International Orange Color? », sur goldengatebridge.org (consulté le )
  27. [PDF](en) Manuela Schmöger, « Orange as a political colour », dans Marcel van Westerhoven, Proceedings of the 25th International Congress of Vexillology, Rotterdam, Nederlandse Vereniging voor Vlaggenkunde and Stichting Vlaggenparade Rotterdam, (lire en ligne), p. 1-29, paper 31.
  28. Sylvie Bednar, Drapeaux : un drapeau, un pays, une histoire, Paris, La Martinière, , 406 p. (ISBN 978-2-7324-3555-8), p. 46
  29. a b c d e f et g (en-US) David Scott Kastan with Stephen Farthing, « Color or Fruit? On the Unlikely Etymology of “Orange” », (consulté le )
  30. a b c et d (en) Clarissa Hyman, Oranges: A Global History, Reaktion Books, (ISBN 978-1-78023-135-8, lire en ligne), p. 17
  31. Jos Poels, « The Orange Pennant: The Dutch Response to a Flag Dilemma », Proceedings of the 24th International Congress of Vexillology, Washington, D.C., USA,‎ , p. 888 (lire en ligne)
  32. a b c et d Thomas Klein, « Words for the Colour Orange in Italian », Quaderni d'italianistica, vol. 15, nos 1-2,‎ , p. 137–149 (ISSN 2293-7382 et 0226-8043, DOI 10.33137/q.i..v15i1-2.10245, lire en ligne, consulté le )
  33. a et b (en) João Paulo Silvestre, Esperança Cardeira et Alina Villalva, Colour and colour naming: crosslinguistic approaches, Centro de Linguística da Universidade de Lisboa / Universidade de Aveiro, (ISBN 978-989-98666-2-1, lire en ligne), p. 55
  34. Jusqu'à Antoine Furetière, Dictionnaire universel, t. 2, (lire en ligne), s.n. « Orenge » au moins.
  35. Trésor de la Langue Française
  36. (en) Clarissa Hyman, Oranges: A Global History, Reaktion Books, (ISBN 978-1-78023-135-8, lire en ligne), p. 19
  37. (ca) Acadèmia Valenciana de la Llengua, « Paraula del dia - taronja – AVL » (consulté le )
  38. (en) Victoria Bogushevskaya, « Modern standard Mandarin Lacks a Basic Colour Term for Orange: Formal and Experimental Evidence, », 29th North American Conference on Chinese Linguistics (NACCL-29), vol. 1,‎ , p. 255-267
  39. José da Silva, « Le Portugal est une orange ⋆ Portugal en français », (consulté le )
  40. (it) « L'arancia, frutto succoso: perché in napoletano si chiama "Purtuallo" » (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]