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Intervalle (mathématiques)

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En mathématiques, un intervalle (réel) (du latin intervallum) est un ensemble de réels compris entre deux bornes, éventuellement infinies. Il est noté à l'aide des deux bornes placées entre crochets. Par exemple est l’ensemble des réels compris entre et .

Cette notion existe également dans tout ensemble ordonné. Elle se développe par ailleurs en la notion de boule dans un espace métrique.

Définition et notations[modifier | modifier le code]

Définition[modifier | modifier le code]

Initialement, on appelle intervalle réel un ensemble de nombres délimité par deux nombres réels et constituant une borne inférieure et une borne supérieure. Un intervalle contient tous les nombres réels compris entre ces deux bornes.

En fonction de si les bornes sont incluses ou non dans l'intervalle, on distingue les intervalles[1] :

  • Ouvert :
  • Fermé :
  • Semi-ouvert à gauche :
  • Semi-ouvert à droite :

Si , alors ces intervalles sont vides.

À ces intervalles se sont ajoutés les ensembles des réels inférieurs à une valeur, ou supérieurs à une valeur. On ajoute donc les intervalles de ce type[1] :

  • (ouvert et non fermé)
  • (fermé et non ouvert)
  • (ouvert et non fermé)
  • (fermé et non ouvert)

Auxquels se sont ajoutés les intervalles[2] :

  • l'ensemble vide ∅ (à la fois ouvert et fermé) ;
  • les singletons (fermé et non ouvert) ;
  • l'ensemble des nombres réels (à la fois ouvert et fermé).

Un intervalle réel est dit non trivial s'il est non vide et non réduit à un point.

Plus généralement, un intervalle de est une partie convexe de , c'est-à-dire un ensemble de réels vérifiant la propriété suivante[3] :

autrement dit :

Notations[modifier | modifier le code]

Une autre notation, fréquente dans la littérature anglophone[4], utilise, pour les intervalles ouverts et semi-ouverts, une parenthèse au lieu d'un crochet, et une virgule séparatrice au lieu d'un point-virgule : les intervalles ci-dessus sont alors notés respectivement

Ces deux notations sont décrites dans la norme ISO 31 (pour les mathématiques : ISO 31-11).

Propriétés[modifier | modifier le code]

Union et intersection[modifier | modifier le code]

Une intersection d'intervalles de ℝ est toujours un intervalle. Par exemple,

Une union d'intervalles de ℝ n'est pas toujours un intervalle. Ce sera un intervalle si l'ensemble obtenu reste convexe (intuitivement s'il n'y a pas de « trou »). Dans le cas d'une union de deux intervalles, il suffit que l'intersection de ces intervalles soit non vide pour que leur réunion soit convexe. Par exemple,

  • (N.B. on note de préférence les deux bornes d’un intervalle dans l’ordre croissant).

Cette union ne forme pas un intervalle étant donné qu'il y a un trou entre 2 et 3.

Topologie[modifier | modifier le code]

Connexité et compacité[modifier | modifier le code]

Les parties connexes de ℝ (pour la topologie usuelle) sont exactement les intervalles.

Les intervalles fermés bornés, c'est-à-dire contenant leurs bornes, sont appelés segments. Ce sont les seuls intervalles réels compacts. Ce résultat est un cas particulier du théorème de Borel-Lebesgue.

Décomposition des ouverts de ℝ[modifier | modifier le code]

Tout ouvert de ℝ est réunion dénombrable d'intervalles ouverts deux à deux disjoints[5] : ses composantes connexes.

Utilisations[modifier | modifier le code]

Les intervalles jouent un rôle central en analyse réelle. En raison de leurs propriétés topologiques, de nombreux théorèmes reposent sur cette notion.

Ils sont utilisés pour définir les limites et donc la continuité et la dérivabilité. De plus, les propriétés liant les variations d'une fonction au signe de sa dérivée ne sont vraies que sur un intervalle[6]. Par exemple, définie par est dérivable sur , et sa dérivée est identiquement nulle ; mais n'est pas constante. Ceci tient au fait que n'est pas un intervalle.

Le théorème des valeurs intermédiaires, qui dit que l'image par une fonction continue d'un intervalle de est un intervalle de , vient du fait que les intervalles sont les parties connexes de .

Généralisation[modifier | modifier le code]

Dans un ensemble ordonné[modifier | modifier le code]

Dans tout ensemble totalement ordonné (S, ≤), on peut[7] définir les intervalles, de la même façon que dans ℝ, comme les ensembles convexes (au sens de la définition générale énoncée plus haut). On retrouve parmi eux les types suivants (mais ce ne sont plus les seuls) :

  • , , ,
  • , , ,
  • ,

Les quatre premières notations généralisent respectivement l'intervalle ouvert, l'intervalle fermé, l'intervalle semi-ouvert à gauche et l'intervalle semi-ouvert à droite. La cinquième notation est un cas particulier de section commençante ouverte[8] ; les trois suivantes sont la section commençante fermée, la section finissante ouverte[9] et la section finissante fermée déterminées par a, respectivement.

Il est donc tout à fait possible de définir dans ℤ l'intervalle des entiers relatifs compris entre –5 et 3 mais il serait dangereux de le noter [–5, 3] sans avertissement préalable à cause du risque de confusion avec la notation des intervalles de ℝ. On utilise parfois la notation avec des crochets blancs[10] ⟦–5, 3⟧ et parfois la notation avec des crochets doubles (usage très répandu en probabilités)[réf. nécessaire].

Une intersection d'intervalles est encore un intervalle.

Boule[modifier | modifier le code]

On considère les intervalles (fermés ou ouverts) bornés de ℝ de la forme ou et sont des réels vérifiant . On note

Pour ℝ , muni de la distance usuelle , l'intervalle est l'ensemble des réels dont la distance à est inférieure ou égale à et l'intervalle est l'ensemble des réels dont la distance à est strictement inférieure à .

Cette notion se généralise à tout espace métrique. L'ensemble des élément de l'espace métrique dont la distance à l'élément est inférieure ou égale (resp. strictement inférieure) à est la boule fermée (resp. ouverte) de centre et de rayon .

Tout comme les intervalles ouverts bornés de ℝ forment une base des ouverts de ℝ, les boules ouvertes forment une base pour la topologie d'un espace métrique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ramis et Warusfel 2022, Définition 8, p. 520.
  2. Ramis et Warusfel 2022, Remarque, p. 520.
  3. Ramis et Warusfel 2022, Proposition 15, p. 521.
  4. « ISO 80000-2:2009(E) », p. 6
  5. Voir par exemple Nawfal El Hage Hassan, Topologie générale et espaces normés : Cours et exercices corrigés, Dunod, , 2e éd. (1re éd. 2011) (lire en ligne), p. 10 et 246, ou cet exercice corrigé de la leçon « Topologie générale » sur Wikiversité.
  6. Une fonction dérivable et à dérivée identiquement nulle sur un intervalle est constante sur cet intervalle. Et une fonction dérivable est croissante (au sens large) sur un intervalle non trivial si et seulement si sa dérivée reste positive (au sens large) sur cet intervalle. Pour plus de détails, voir le § Monotonie et signe de la dérivée de l'article sur les fonctions monotones.
  7. D. Guinin et B. Joppin, Algèbre et géométrie MPSI, Bréal, (ISBN 978-2-749-50218-2), Définition 27, p. 176
  8. Ce n'est qu'un cas particulier, car il peut exister des sections commençantes ouvertes dont a n'est pas la borne supérieure — c'est notamment le cas des coupures de Dedekind qui définissent un nombre réel et n'ont pas nécessairement de borne supérieure dans .
  9. Remarque analogue : une section finissante n'a pas nécessairement une borne inférieure.
  10. J.-M. Arnaudiès et H. Fraysse, Cours de mathématiques-1 Algèbre, Dunod, 1987 (ISBN 2040164502), p. 52.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Pierre Ramis (dir.), André Warusfel (dir.), Xavier Buff, Josselin Garnier, Emmanuel Halberstadt, François Moulin, Monique Ramis et Jacques Sauloy (préf. Alain Connes), Mathématiques Tout-en-un pour la Licence 1, Paris, Dunod, coll. « Sciences Sup », , 4e éd. (1re éd. 2006), 1040 p. (ISBN 978-2-10-084670-2, lire en ligne Accès payant), chap. 1.3 (« Intervalles de ℝ »)

Article connexe[modifier | modifier le code]