Evelyn Chrystalla Pielou

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Evelyn Chrystalla Pielou, née le à Bognor Regis et morte le à Comox, dite Chris Pielou, est une écologue canadienne spécialiste des statistiques. Elle est fondatrice de l'écologie mathématique et connue pour avoir créé l'indice d'équitabilité de Pielou.

Biographie[modifier | modifier le code]

Alors qu'elle n'a que 18 ans, Chris Pielou obtient un certificat en radio-physique à l'université de Londres. Elle fait un service militaire de trois ans comme assistante technique de la marine. Elle obtient ensuite un baccalauréat en botanique, toujours à l'université de Londres. Deux ans plus tard, elle sort son premier article sur la végétation de la vallée du rift de Rukwa, au Tanganyika, dans le Journal of Ecology[1].

Tout en élevant ses enfants, Chris Pielou commence ses recherches en tant qu'autodidacte. Elle obtient son doctorat de l'université de Londres en 1962, en synthétisant ses articles publiés sans aucune supervision académique[2].

Alors que les femmes sont à l'époque rares, elle note qu'« en tant qu'amateure, je n'étais redevable à personne et je pouvais suivre mes propres inclinations et prendre mes propres décisions sans avoir à les justifier auprès des organismes qui donnent les subventions »[2].

Elle commence sa carrière en tant que chercheuse pour le Département canadien des Forêts (1963-1964) et pour le Ministère canadien de l'Agriculture (1964-1967)[3]. Elle indique plus tard : « commencer au sommet présente des avantages évidents. J'ai été mon propre patron pendant toute ma vie professionnelle »[2].

Elle obtient ensuite un poste de professeure de biologie à l'Université Queen's de Kingston, en Ontario (1968-1971), puis à l'Université Dalhousie à Halifax, en Nouvelle-Écosse (1974-1981). Enfin, elle est professeure de recherche environnementale sur les sables bitumineux à l'université de Lethbridge, en Alberta (1981-1986) jusqu'à sa retraite[3].

Travaux[modifier | modifier le code]

Chris Pielou contribue de manière significative au développement de l'écologie mathématique, la modélisation mathématique des systèmes naturels[4]. Six livres universitaires sont publiés sur le sujet.

L'équitabilité de Pielou[modifier | modifier le code]

L'équitabilité de Pielou[5] est un indice publié en 1966 qui mesure la diversité en même temps que la richesse des espèces[6]. Alors que la richesse spécifique est le nombre d'espèces différentes dans une zone donnée, l'équitabilité prend en compte le nombre d'individus de chaque espèce dans une zone. Une valeur calculée de l'équitabilité de Pielou varie de 0 (une seule espèce comprend la totalité des individus) à 1 (toutes les espèces ont le même nombre d'individus)[7]. L'équitabilité et la richesse sont les deux composantes de la diversité[8].

Écologie mathématique[modifier | modifier le code]

L'approche de Pielou concilie la modélisation mathématique et l'écologie[9] au point de « littéralement changer la direction de la recherche en écologie »[4]. Son ouvrage fondateur[10] publié en 1969 puis complété en 1977 traite de la dynamique des populations, de la distribution spatiale des populations et des mathématiques régissant les distributions d'abondances des espèces[11]. Dans un article ultérieur en 1981, elle présente cependant les limites de la modélisation des écosystèmes pour expliquer leur fonctionnement (« la tâche qu'ils accomplissent le moins bien ») et argumente en faveur de la recherche de réponse à des questions simples par tous les moyens appropriés, ce qu'elle appelle « investiguer »[12].

Son ouvrage de 1975 sur la diversité écologique[13] traite de la question de la co-occurrence des espèces et de leurs abondances relatives. Il fait la revue des diverses mesures de diversité, traite en profondeur les distributions d'abondances d'espèces modélisées dans la littérature et étudie les relations entre les distributions spatiales et la biodiversité. Il traite les facteurs locaux de la biodiversité (notamment par des modèles de compétition) et de ses facteurs globaux (notamment les relations entre stabilité et complexité). Il se termine par une discussion sur l'évolution de la biodiversité à l'échelle des temps géologiques[14].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Elle rencontre durant son service militaire son mari, Patrick, biologiste. Le couple a trois enfants que Pielou élève pendant 12 ans, tout en faisant ses recherches de manière indépendantes et en publiant sur l'écologie statistique.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

A sa retraite, elle vit à Comox, en Colombie-Britannique, au Canada tout en participant à plusieurs expéditions dans l’Arctique en tant que conférencière[15]. Elle écrit plusieurs livres grand-public sur l'histoire naturelle jusqu'à sa mort en juillet 2016[16],[17].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Pielou est la deuxième femme à remporter le Prix de l'écologiste éminent en 1986 de la Societé americaine d'Ecologie[1].

Publications[modifier | modifier le code]

Pielou écrit de nombreux livres techniques et plusieurs livres grand public qu'elle illustre de ses propres dessins[15].

Livres scientifiques[modifier | modifier le code]

Livres grand public[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Barbara Bentley, « Award eminent ecologist », ESA journal,‎ (lire en ligne)
  2. a b et c (en) Jean H. Langenheim, « EARLY HISTORY AND PROGRESS OF WOMEN ECOLOGISTS: Emphasis Upon Research Contributions », Annual Review of Ecology and Systematics, vol. 27, no 1,‎ , p. 1–53 (ISSN 0066-4162, DOI 10.1146/annurev.ecolsys.27.1.1, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b (en) « A Homage to EC Pielou: One of the 20th Century’s Most Accomplished Scientists », sur Methods Blog, (consulté le )
  4. a et b Barbara Bentley, « Eminent Ecologist, E. C. Pielou », The Bulletin of the Ecological Society of America, vol. 68, no 1,‎ , p. 30-31 (JSTOR 20166558)
  5. (en) « How to Calculate Species Evenness », sur Sciencing (consulté le )
  6. (en) E.C. Pielou, « The measurement of diversity in different types of biological collections », Journal of Theoretical Biology, vol. 13,‎ , p. 131–144 (DOI 10.1016/0022-5193(66)90013-0, lire en ligne, consulté le )
  7. Carlo Heip et Peter Herman, « Indices of diversity and evenness », Océanis, vol. 24,‎ , p. 61–87 (ISSN 0182-0745)
  8. (en) Lou Jost, « The Relation between Evenness and Diversity », Diversity, vol. 2, no 2,‎ , p. 207–232 (ISSN 1424-2818, DOI 10.3390/d2020207, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Marcus W. Feldman, « Into the Ecology Breach: An Introduction to Mathematical Ecology . E. C. Pielou. Wiley-Interscience, New York, 1969. x + 294 pp., illus. $14.95. », Science, vol. 169, no 3940,‎ , p. 43–44 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.169.3940.43.b, lire en ligne, consulté le )
  10. E. C. Pielou, An introduction to mathematical ecology, Wiley-Interscience, , 296 p. (ISBN 0-471-68918-1 et 978-0-471-68918-8, OCLC 32562, lire en ligne)
  11. E. C. Pielou, Mathematical ecology, Wiley, , 408 p. (ISBN 0-471-01993-3 et 978-0-471-01993-0, OCLC 2598181, lire en ligne)
  12. EC Pielou, « The Usefulness of Ecological Models : A Stock-Taking », The Quarterly Review of Biology, vol. 56,‎ , p. 17-31 (DOI 10.1086/412081)
  13. E. C. Pielou, Ecological diversity, Wiley, , 188 p. (ISBN 0-471-68925-4 et 978-0-471-68925-6, OCLC 1273602, lire en ligne)
  14. (en) Robert M. May, « Species Abundance Patterns: Ecological Diversity . E. C. Pielou. Wiley-Interscience, New York, 1975. x, 166 pp., illus. $14.95. », Science, vol. 190, no 4219,‎ , p. 1086–1086 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.190.4219.1086.a, lire en ligne, consulté le )
  15. a et b (en) Jacquelyn Gill, « Happy Ada Lovelace Day! Honoring Dr. Evelyn Chrystalla Pielou », sur The Contemplative Mammoth, (consulté le )
  16. (en) « Chris Pielou (Saturday, 16 Jul 2016) », sur Campbell River Mirror, (consulté le )
  17. « Evelyn Pielou avis de décès - Courtenay, BC », sur Dignity Memorial (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]