Agathe Pembellot

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Agathe Pembellot
Agathe Pembellot à Brazzaville en 2002
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Agathe Pembellot de son nom complet Agathe Félicie Lélo Pembellot, née le à Pointe-Noire, et morte le dans la même ville, est la première femme magistrate de la République du Congo. Elle a occupé plusieurs postes à responsabilité dans la haute magistrature congolaise.

Biographie[modifier | modifier le code]

Agathe Pembellot est née le à Pointe-Noire. Elle est la deuxième d'une fratrie de neuf enfants, fondée par Anaclet Pembellot (1908, Tandou Mboulou - 2003, Pointe-Noire), préposé aux P.T.T.; du clan de la maison princière des Boulolo de Vista[1] (Loango) et de Anna Bouiti (1920, Brazzaville - 2004, Pointe-Noire), cultivatrice du clan Tchiali[2], élevée à Lândana (Cabinda) par la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny et fille aînée des six enfants Bouiti.

Les grands-parents maternels d'Agathe Pembellot sont Jacques Bouiti I (1895, Diosso - 1958, Pointe-Noire), du clan Youbi, maître-tailleur[note 1] et habilleur attitré du personnel du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), père du docteur Jacques Bouiti (chirurgien et homme politique congolais), et Eugénie Soungou Makaya (1901, Diosso - 1985, Diosso). Tandis que ses grands-parents paternels sont Thomas Pembellot (1883 - ?), lui aussi maître-tailleur puis traducteur et Lélo Koutana (? - ?) dont elle a hérité du prénom.

Les clans de Boulolo et de Tchiali, faisaient partie des vingt-sept clans primordiaux Kongo de l'ancien Royaume de Loango[3]. De nos jours, un des très populeux bourgs de l'arrondissement no 4 Loandjili de Pointe-Noire, la capitale économique de la République du Congo, porte encore ce nom de Tchiali, car ils en étaient les anciens propriétaires terriens.

Agathe Pembellot a été mariée à Auguste Mambou (1941, Pointe-Noire - 2015, Pointe-Noire), avec lequel elle a eu cinq enfants. Auguste Mambou a été entre autres, ancien vice-directeur national et ancien directeur régional des douanes et des droits indirects[note 2][4], directeur de l'Inspection générale d'État, directeur de cabinet de Mgr Ernest Kombo, président du Conseil supérieur de la République entre 1991 et 1992.

Formation[modifier | modifier le code]

Agathe Pembellot fréquente l’École urbaine des jeunes filles de Pointe-Noire (gérée par la congrégation religieuse des Sœurs missionnaires du Saint-Esprit, SMSP[5],[6]), qu'elle quitte en 1956. Elle entreprend des études secondaires au Lycée Victor Augagneur de Pointe-Noire, en lettres classiques, où elle sera en 1965 la première Congolaise bachelière de cet établissement. Cela lui ouvre naturellement les portes du Centre d'enseignement supérieur de Brazzaville (C.E.S.B.)[7], où elle rencontre son futur mari, également étudiant en droit.

Titulaire en 1967, du diplôme d'Études juridiques générales du C.E.S.B[7] - qui deviendra par la suite Université de Brazzaville, puis Université Marien Ngouabi -, Agathe Pembellot se marie en et accompagne son époux en France, à l'issue de sa troisième année de licence. Elle s'inscrit pour la quatrième année à la Faculté de droit et des sciences économiques de l'université Paris (Panthéon-Sorbonne). Licenciée en droit (ancien régime) en 1969, elle reçoit sa formation professionnelle au Centre national d’études judiciaires de Paris (École nationale de la magistrature) jusqu'en . Entretemps, en , elle prête serment comme magistrat au Palais de Justice de Paris. Entre et , en qualité d'auditrice[note 3] de justice, elle accomplit un stage au Tribunal de grande instance de Melun où elle s'intéresse plus particulièrement aux problèmes de la délinquance juvénile[8].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Ses études supérieures terminées, Agathe Pembellot rentre dans son pays le Congo, au début de l'année 1972, afin de pallier le nombre encore insuffisant de cadres de l'époque[note 4][9].

Le , dans l'enceinte du Palais de Justice de Brazzaville, abrite une cérémonie qui la fait entrer dans le gotha de la magistrature. En effet, Agathe Pembellot, alors âgée de 30 ans, y prête serment en devenant la première congolaise magistrate[10]. Cet événement suscitera des vocations et sera le prélude d'une longue lignée de femmes de droit au Congo. On citera par exemple : Henriette Diatoulou, Pauline Yoba née Djembo[11],[12],[13],[14], Jocelyne Milandou[15],[16](vice-présidente de la Cour des comptes et de la discipline budgétaire), Yvonne Kimbembe (procureur général près la Cour des comptes et de discipline budgétaire du Congo)[17],[18], Achiata Mamah Djiman[19],[20] (10e femme inscrite au barreau de Brazzaville), Danielle Babin (avocat à la Cour d'Appel de Paris et ancienne membre du Conseil de l'ordre des avocats de Brazzaville au Congo), Nadia Josiane Laure Macosso, Sylvie Tchignoumba, Virginie N'dessabeka, Bertille Djembo Pemba, Caddy Elisabeth Ndala, Arlette Malonga, Marie Miboula Ngatséké et Dorothée Mana.

Agathe Pembellot s'engage dans la magistrature congolaise, en tant que juge pour enfants[8]. À ce titre, en collaboration avec les services sociaux, elle s'efforce de trouver des solutions aux problèmes de l'enfance.

Elle a également beaucoup œuvré dans l’insertion des détenus dans la société civile, une fois purgée leur peine; et ce, quelle que soit la gravité du crime ou de la sanction de la personne incarcérée[10].

Elle est la première femme à être admise comme membre de la Cour Suprême du Congo, la plus haute instance judiciaire

Elle a occupé les postes à responsabilité suivants dans la haute fonction publique congolaise :

  • juge des enfants et juge de l'application des peines près le Tribunal de Grande instance de Brazzaville ( - );
  • juge d'instruction ();
  • présidente du Tribunal pour enfants de Brazzaville ;
  • présidente du Tribunal de Grande Instance de Brazzaville[note 5] en remplacement d'Émmanuel Alihonou ( - 1976);
  • conseillère à la cour d'Appel;
  • présidente de la Cour d'Appel de Brazzaville en 1976 ;
  • membre du Conseil supérieur de la Magistrature ( - );
  • conseillère à la justice, à l'éducation surveillée des enfants et à la resocialisation ( - ) - auprès du ministre de la justice Dieudonné Kimbembé[21],[22],[23] (1944-2005) entre 1984 et 1989 ;
  • membre de la Cour Suprême du Congo[note 6] ( - );
  • présidente de la Chambre sociale de la Cour Suprême du Congo jusqu'en 1993[24] ;
  • inspectrice générale adjointe des Juridictions et des services judiciaires du Ministère de la Justice[note 7] ( - );
  • intervenante à l’École nationale de l'administration et de la magistrature (ENAM) de Brazzaville.

Agathe Pembellot a côtoyé dans sa carrière d'illustres confrères essentiellement masculins, comme Charles Assemekang (1926, Souanké - ?) ancien Président de la Cour suprême du Congo, Placide Lenga (1939, Louengo - 2019, Johannesbourg)[25],[26], procureur Général à la retraite et ancien Premier Président de la Cour suprême, Isaac Locko[27] (1932 - 2017), ancien Président de la chambre administrative et financière de la Cour Suprême, Emmanuel Alihonou (1942), Louis Zoubabéla (1944, Mbanza-Ndounga - 2009, Paris) [28] homme politique ancien membre de la Cour suprême, Germain Vincent Nzouala (? - 2003)[29] ancien Doyen des juges d'instruction, Jean-François Tchibinda Kouangou (1943, Mpoumbou) ancien magistrat et ancien ministre de la justice et garde des sceaux, Gaston Mabouana[30] Alexis Gabou[31],[32],[33](1936, Brazzaville - 2018, Saint-Ouen-l'Aumône) ancien magistrat et homme politique, François Bigemi, président du Tribunal de Grande instance de Pointe-Noire, Thomas Dhellot, membre de la Cour constitutionnelle et Raphaël Miyoulou, président du Tribunal de Grande instance de Dolisie puis de Pointe-Noire.

La carrière d'Agathe Pembellot, s'est entièrement déroulée dans la capitale politique, Brazzaville. Elle a pris sa retraite en 2007 avec le grade de magistrat hors échelon.


Publications[modifier | modifier le code]

Mambou-Pembellot, Agathe 1985 « La preuve des crimes de sorcellerie devant le juge pénal congolais », Revue juridique et politique, 1-2 (janvier-mars) : p. 124-128[34],[35],[36],[37],[38],[39].

Membre d'organismes suivants[modifier | modifier le code]

Agathe Pembellot a été affiliée aux organismes suivantes :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Jacques Bouiti I a été formé et employé par Louis Portella Mbouyou - grand-père maternel de Jean Félix-Tchicaya. ».
  2. « Journal officiel de la République Populaire du Congo du 1er au 15 septembre 1981 - Decret N°81-576/SGG du 1er septembre 1981, portant nomination de M. Mambou (Auguste), Inspecteur des Douanes, en qualité de Directeur Régional des Douanes de Brazzaville ».
  3. « Journal officiel de la République Populaire du Congo du 16 au 30 avril 1981 - Decret N°81-264 du 23 avril 1981 ».
  4. « Journal officiel de la République Populaire du Congo du 15 mars 1972 - Decret N°72-85 du 6 mars 1972, portant intégration dans la magistrature congolaise de Mme Pembellot épouse Mambou (Agathe) et M. N'Zoala (Germain) ».
  5. « Decret N°75-504 du 27 novembre 1975 ».
  6. « Decret N°87-348 du 1er juillet 1987 ».
  7. « Présidence de la république - Secrétariat Général du Gouvernement - Decret N°99-188 du 23 août 1999 ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gnali, Mapako-Hervé et Portella, André, « Maison princière de Boulolo - Branche collatérale de la dynastie de Bouvandji originaire du Cabinda », Document ronéotypé,‎ , p. 10
  2. Alexis Bouiti, « Le clan Tchiali », Document ronéotypé,‎
  3. Hagenbucher-Sacripanti Frank, Les fondements spirituels du pouvoir au Royaume de Loango : République populaire du Congo, Kouilou (Congo), Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer, , 208 p. (lire en ligne), P. 89- 90
  4. « JO », Journal Officiel de la république populaire du Congo,‎ , p. 1226 (lire en ligne)
  5. Pannier, Guy, L'Eglise de Pointe-Noire (Congo-Brazzaville): Evolution des communautés chrétiennes de 1947 à 1975, Mémoires d'églises, Congo Brazzaville,, Ed. Karthala, , 308 p.
  6. « Notre Histoire », sur Spiritaines : Les Soeurs Missionnaires du Saint-Esprit (consulté le )
  7. a et b Renoux, Jacques (photogr. Renoux, Jacques), Centre d'enseignement supérieur - Brazzaville - Rentrée universitaire octobre 1966 - juin 1967 (Livret d'accueil), Brazzaville, Imprimerie Jobard - Dijon, , 16 p., p. 4-5
  8. a et b Massamba, Jean-Claude, « Agathe Mambou, Première congolaise magistrat », Mwasi, Le magazine de la femme, no 1,‎ , p. 8
  9. « JO », Journal Officiel de la république populaire du Congo,‎ , p. 142 (lire en ligne)
  10. a et b Massamba, Jean-Claude, « Agathe Mambou, Première congolaise magistrat », Mwasi, le magazine de la femme, no 1,‎ , p. 6 - 8
  11. « Ecole Supérieure de Technologie du Littoral », sur www.web-africa.org (consulté le )
  12. « Mabio Mavoungou Zinga élu à la tête du RDPS + Allocutions », sur www.congopage.com (consulté le )
  13. « VIII. Forces et comportements politiques à l'étranger », Revue française de science politique, vol. 28, no 3,‎ , p. 636-639 (lire en ligne, consulté le )
  14. Djembo (Mme Yoba), Le rôle politique de la femme en Afrique francophone (Mem. DEA: Etudes Politiques: Paris II (Université de droit, d'économie et de sciences sociales de Paris) - Dir.: G. Burdeau), , 63 + 7 (lire en ligne)
  15. « Association des Femmes Juristes du Congo (AFJC) - Irénées », sur irenees.net, (consulté le )
  16. « Vie associative: Jocelyne Milandou reconduite pour un nouveau mandat », sur fr.africatime.com/, (consulté le )
  17. « Yvonne Kimbembe Cercle K2 », sur Cercle K2 (consulté le )
  18. Pierrick Hamon, « FERAM - Yvonne KIMBEMBE, Déléguée à la Francophonie », sur www.feram.org (consulté le )
  19. « [MEMOIRE] Hommage rendu ce 18 juin 2021 aux 27 tirailleurs africains en juin 1940 fusillés par les nazis à Balmont lyon9 (photos et vidéo) », sur Collectif Africa 50, (consulté le )
  20. « [JIDF 2021] « La ville a-t-elle un genre : la place des femmes dans la ville et l’espace public » vision-Conférence Lundi 8 mars 2021 à 20h », sur Ekodafrik.net, (consulté le )
  21. Rémy Bazenguissa-Ganga, Les voies du politique au Congo: essai de sociologie historique, Paris, KARTHALA Editions, , 465 p. (ISBN 2-86537-739-3), p. 433
  22. Keila Samuel, « Affaire des Disparus du Beach : deuxième audience », Congopage,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. (en) John Frank Clark et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Republic of the Congo, Scarecrow Press, , 4e éd., 524 p., p. 231
  24. « JO : Avis émis par la Cour Suprême », Journal Officiel de la république populaire du Congo, no Hors-texte,‎ , p. 14 (lire en ligne)
  25. Cyr Armel Yabat-Ngo, « lasemaineafricaine - Disparition : L’hommage de la République à Placide Lenga », sur www.lasemaineafricaine.net, (consulté le )
  26. Parfait Wilfried Douniama, « Disparition : la République a rendu un dernier hommage à Placide Lenga | adiac-congo.com : toute l'actualité du Bassin du Congo », sur www.adiac-congo.com, (consulté le )
  27. Moutéké, Robert (dir.) et Locko, Isaac (dir.), « Protection des droits et des magistrats au Congo. Pathologie d'une justice exhangue », Colloque de Yaoundé, UCAC - Karthala « Droits de l'Homme en Afrique Centrale »,‎ , p. 169 - 176
  28. Zoubabela Louis, « Droit pénal et sorcellerie au Congo », Revue juridique africaine, Presses Universitaires Africaines,‎ , p. 189 (OCLC 717167417)
  29. « Décès de Patrice Nzouala, le juge qui instruisait l’affaire des disparus du Beach », sur www.congopage.com/, (consulté le )
  30. Mabouana, Gaston, La personnalité des peines : Mémoire de D.E.S; Études pénales, criminologiques et adaptation sociale, Paris 2, , 159 p., Dactylographié
  31. « Gabou Alexis, Magistrat et Homme politique (Congo-Brazzaville) - Personnalités du Monde », sur www.personnalitesdumonde.com (consulté le )
  32. admin, « Disparition: Alexis Gabou a tiré sa révérence | Congo Actuel » (consulté le )
  33. Ouabari Mariotti, ancien garde des sceaux, ministre de la justice., « Décès du Docteur Alexis Gabou : lecture de son testament politique par Me Massengo-Tiassé suivie de », sur Congopage, (consulté le )
  34. Agathe Pembellot, « La preuve des crimes de sorcellerie devant le juge pénal congolais », sur africabib.org, Revue juridique et politique: Indépendance et coopération, (consulté le ), p. 124-128
  35. Mambou Pembellot, Agathe Felicie, « La preuve des crimes de sorcellerie devant le juge penal congolais », Revue juridique et politique: Indépendance et coopération, vol. 39, nos 1-2,‎ , p. 124 - 128
  36. Bernault Florence, « De la modernité comme impuissance Fétichisme et crise du politique en Afrique équatoriale et ailleurs », Cahiers d’Études africaines, no XLIX (3), 195,‎ , pp. 747-774 (lire en ligne)
  37. Bernault Florence, De la modernité comme impuissance. Fétichisme et crise du politique en Afrique équatoriale et ailleurs [*], vol. Cahiers d'études africaines, Éditions de l'EHESS, , 747e 774 (ISBN 9782713222085)
  38. E.A.B. van Rouveroy van Nieuwaal, « Sorcellerie et justice coutumière dans une société togolaise une quantité négligeable? », Journal of Legal Pluralism, no 29,‎ , p. 137 - 162
  39. (en) Fisiy F. Cyprian et Geschiere Peter, « Judges and witches, or how is the state to deal with wicthcraft? Examples from Southeast Cameroon », Cahiers d'études africaines, vol. 30, no 118,‎ , p. 135 - 156 (lire en ligne)
  40. « Institut international de Droit d’Expression et d’inspiration Françaises : Section CONGOLAISE (Brazzaville) », sur institut-idef.org : « Trésorier : Mme Agathe-Félicie PEMBELLOT, Magistrat, ancien président de la Chambre sociale de la Cour suprême »