Aller au contenu

Anuptaphobie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'anuptaphobie est la peur irrationnelle d'être un(e) adulte célibataire (de ne pas trouver de mari, d'être laissé seul ou de ne jamais trouver un partenaire amoureux). Cette angoisse concerne principalement des femmes mais touche aussi de nombreux hommes ; elle peut devenir source de dépendance affective ou d’addiction sexuelle.

Causes[modifier | modifier le code]

L'anuptaphobie peut être causée par des situations antérieures d'abandon, de rejet social et d’exclusion, par des séparations traumatisantes vécues durant l’enfance et/ou par un contexte de pression sociale source de fortes pressions en faveur du mariage ou de la vie en couple.

L'anuptaphobie peut apparaitre, provisoirement ou durablement, dès l'enfance[1] ou l'adolescence, sous l'effet de pressions sociales et/ou familiales poussant au mariage ou à la vie de couple[2]. Au moins dans certains contextes, elle augmente avec l'âge.

Description[modifier | modifier le code]

L'anuptaphobe est très angoissé à l'idée de rester célibataire.

Il peut souffrir de paranoïa et analyser chaque geste de son conjoint à la recherche d'éléments qui pourraient faire croire que celui-ci est sur le point de le quitter[3],[4].

Des chercheurs ont exploré (2022) au Pakistan dans un échantillon de 300 femmes célibataires de 25 à 35 ans, le degré de corrélation entre la « sensibilité au rejet » (crainte d'être rejeté(e) par un conjoint ou par la société, crainte associée à une attitude cognitivo-affective d'attente anxieuse, et à une tendance à répondre intensément aux signaux de rejet perçus dans le comportement d'autrui, et souvent à l’auto-blâme, la rumination, le névrosisme, le pessimisme, la dysrégulation émotionnelle et une faible estime de soi qui sont de facteurs de dépression et de rechute de dépression[5],[6] et de violence masculine[7], parfois jusqu'au meurtre du conjoint[8]. Ici, cette crainte de rejet social a été évaluée avec la méthode de Downey et al., de 2006)[9] et l'anuptaphobie (mesurée par une échelle de peur du célibat proposée par Spielmann et al. en 2013) chez les femmes non mariées[10]. Dans ce contexte, les auteurs n'ont pas observé de corrélation significative, mais ils ont observé une corrélation avec l'âge ; la sensibilité au rejet n’était pas un prédicteur significatif de l'anuptaphobie, mais outre l'âge, le système familial et le statut socio-économique prédisaient significativement l'anuptaphobie. Selon cette étude, dans ce contexte, le soutien social, multidimensionnelle (tel que défini par Zimet et al. en 1988) n'affectait pas la relation entre la « sensibilité au rejet » et l'anuptaphobie[10]. Les personnes ayant un niveau élevé de sensibilité au rejet tendent à percevoir plus facilement les signes potentiels de rejet et à surinterpréter les signes ambigus venant des autres comme étant négatifs (elles jugent qu'il y a rejet là où il n’y en a peut-être pas), ce qui les conduit à l’auto-blâme ou à des réactions affectives négatives (sentiment d'humiliation, source de colère ou de ressentiment, qui induit un comportement socialement inadapté (agressivité, retrait social, auto-silence) source de rejet par autrui, au détriment de la relation avec l'entourage et de la santé mentale[11]. Une vulnérabilité accrue à la dépression après avoir subi un rejet corrobore les prédictions par le modèle de sensibilité au rejet[5].

Ce groupe de chercheur, dans une autre étude, a recherché d'éventuels liens entre choix de carrière et anuptaphobie. Ils n'en ont pas trouvé mais ont constaté que l'exposition à des contenus préférentiellement romantiques et aux {citation|fantasmes romantiques}}[12] (via divers médias) étaient, dans ce contexte, des prédicteurs de l'anuptaphobie. Selon les auteurs « la recherche a souligné l’importance d’une consommation équilibrée des médias, car cela pourrait potentiellement aider à réduire les angoisses liées au célibat ».


Traitement[modifier | modifier le code]

Ce type de phobie est habituellement la conséquence d'un traumatisme de l'enfance ou une rupture brutale.

Une psychothérapie avec l'aide d'un psychiatre ou un psychologue est la meilleure façon de trouver d'où provient cette peur[13].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bonica, C, (1999). Rejection sensitivity, loneliness, social anxiety, and social withdrawal in children. Masters Theses (Unpublished). https://scholarworks.umass.edu/theses/2337
  2. (en) Katarzyna Adamczyk, « An Investigation of Loneliness and Perceived Social Support Among Single and Partnered Young Adults », Current Psychology, vol. 35, no 4,‎ , p. 674–689 (ISSN 1046-1310 et 1936-4733, PMID 27891044, PMCID PMC5104760, DOI 10.1007/s12144-015-9337-7, lire en ligne, consulté le ).
  3. « Qu’est-ce que l’anuptaphobie, cette peur panique d’être célibataire ? », sur femmeactuelle.fr, (consulté le ).
  4. (en) Sufna John et Lisabeth DiLalla, « Explaining Differential Reporting of Victimization between Parents and Children: A Consideration of Social Biases », Behavioral Sciences, vol. 3, no 3,‎ , p. 473–491 (ISSN 2076-328X, DOI 10.3390/bs3030473, lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b (en) Jannika De Rubeis, Ricardo G. Lugo, Michael Witthöft et Stefan Sütterlin, « Rejection sensitivity as a vulnerability marker for depressive symptom deterioration in men », PLOS ONE, vol. 12, no 10,‎ , e0185802 (ISSN 1932-6203, PMID 29049292, PMCID PMC5648166, DOI 10.1371/journal.pone.0185802, lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) Ozlem Ayduk, Geraldine Downey, Alessandra Testa et Ying Yen, « Does Rejection Elicit Hostility in Rejection Sensitive Women? », Social Cognition, vol. 17, no 2,‎ , p. 245–271 (ISSN 0278-016X, DOI 10.1521/soco.1999.17.2.245, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) GERALDINE DOWNEY, SCOTT FELDMAN et OZLEM AYDUK, « Rejection sensitivity and male violence in romantic relationships », Personal Relationships, vol. 7, no 1,‎ , p. 45–61 (ISSN 1350-4126 et 1475-6811, DOI 10.1111/j.1475-6811.2000.tb00003.x, lire en ligne, consulté le ).
  8. Mario De Vincenzo et Gina Troisi, « Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Silence et aliénation dans les violences conjugales », Topique, vol. n° 143, no 2,‎ , p. 111–124 (ISSN 0040-9375, DOI 10.3917/top.143.0111, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) G. Downey, K. R. Berenson et J. Kang, « Adult Rejection Sensitivity Questionnaire », APA PsycNet (questionnaire), American Psychological Association,‎ (DOI 10.1037/t20086-000, lire en ligne, consulté le ).
  10. a et b (en) Sajjal Ammara et Rabia Jameel, « Rejection Sensitivity and Anuptaphobia in Unmarried Women: The Moderating Role of Social Support », Journal of Professional & Applied Psychology, vol. 3, no 2,‎ , p. 195–207 (ISSN 2710-2793 et 2710-2785, DOI 10.52053/jpap.v3i2.85, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Ozlem Ayduk, Geraldine Downey et Minji Kim, « Rejection Sensitivity and Depressive Symptoms in Women », Personality and Social Psychology Bulletin, vol. 27, no 7,‎ , p. 868–877 (ISSN 0146-1672 et 1552-7433, DOI 10.1177/0146167201277009, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Melissa Wood Alemán, « Embracing and Resisting Romantic Fantasies as the Rhetorical Vision on a SeniorNet Discussion Board », Journal of Communication, vol. 55, no 1,‎ , p. 5–21 (ISSN 0021-9916 et 1460-2466, DOI 10.1111/j.1460-2466.2005.tb02655.x, lire en ligne, consulté le ).
  13. « Peur de rester célibataire, êtes-vous anuptaphobe ? », sur francebleu.fr, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]