Il se peut que ces informations soient de nature spéculative et que leur teneur change considérablement alors que le scrutin approche puis passe. La dernière modification de cette page a été faite le 4 juin 2024 à 05:27.
Les élections générales sud-africaines de 2024 ont lieu le 29 mai 2024 afin d'élire les membres de l'Assemblée nationale d'Afrique du Sud, ainsi que ceux des assemblées provinciales des neuf provinces du pays.
L'Assemblée nationale procède peu après son élection à celle du président de la République, élu au scrutin indirect pour cinq ans.
Outre le recul historique de l'ANC, les élections de 2024 aboutissent pour la première fois depuis 1924 à un parlement sans majorité, contraignant les formations politiques à s'entendre sur un gouvernement de coalition. L'élection présidentielle organisée au scrutin indirect dans le mois suivant le scrutin doit ainsi constituer un test majeur pour les forces en présences.
L'ANC fait face depuis plusieurs scrutins à une baisse de ses résultats électoraux face à la principale formation d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), ainsi que de la poussée sur sa gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF), qui enregistrent en 2019 une nette progression, la DA conservant cependant la deuxième place au niveau national ainsi que la majorité à l'assemblée du Cap-Occidental. Ce recul amène Ramaphosa à déclarer vouloir « tirer les leçons » des législatives lors de son discours d'investiture[1].
Plusieurs partis de l'opposition annoncent, le 17 août 2023, la création de la Charte multipartite (Multi-Party Charter), réunissant la DA, le Parti Inkatha de la liberté (IFP), le Front de la liberté (VF+), le nouveau parti ActionSA, et d'autres partis mineurs. L'accord vise à permettre aux partis de s'entraider dans le but d'empêcher la réélection de l'ANC, mais également d'éviter que cette dernière ne finisse pas par s'allier aux EFF. Les partis de l'opposition traditionnelle sont en effet échaudés par la conclusion d'une telle alliance lors des élections locales à Johannesburg[2]. Le Parti chrétien-démocrate africain (ACDP) se joint à l'alliance le 7 octobre suivant[3], tandis que le Parti chrétien-démocrate unifié (UCDP) — extraparlementaire, mais ayant obtenu des élus lors des précédentes élections — en fait de même le 14 décembre[4].
L'ANC se retrouve par la suite concurrencé par la scission provoquée par Jacob Zuma, qui soutient puis prend la tête du parti Umkhonto we Sizwe (MK), du nom de la branche militaire éponyme de l'ANC sous l'apartheid[5], fondé en décembre 2023. Le 21 mai 2024, soit à peine plus d'une semaine avant le scrutin, la Cour constitutionnelle juge illégale la candidature de Jacob Zuma à un siège de député. Son nom est par conséquent retiré de la liste du parti, bien que sa photo demeure sur les bulletins de vote en tête de liste[6],[7],[8].
L'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement d'Afrique du Sud, est composée de 400 sièges pourvus tous les cinq ans au scrutin proportionnel plurinominal avec listes bloquées, à raison de 200 sièges répartis dans neuf circonscriptions électorales de 4 à 43 sièges correspondant aux neuf provinces du pays en fonction de leur population, et de 200 sièges restants à pourvoir dans une circonscription nationale unique. Les résultats en pourcentages de voix donnent lieu à une répartition des sièges à la proportionnelle sans seuil électoral, selon la méthode du plus fort reste et quotient de Droop, puis selon la méthode de la plus forte moyenne pour les éventuels sièges restants[9].
Les électeurs, âgés de plus de dix huit ans, votent sur un bulletin unique pour le parti de leur choix. Les partis ont la possibilité de présenter une liste nationale ainsi que des listes pour les provinces, dites listes régionales, ou bien uniquement ces dernières. Dans ce cas, le total des sièges obtenus par un parti au niveau national peut être supérieur à celui obtenu par ses seules listes régionales. Des sièges sont alors pris dans le total des sièges nationaux pour être attribués à des candidats des listes régionales, de sorte que la répartition finale peut être différente du ratio 200/200[9].
Les assemblées des neuf provinces sont composées de 30 à 80 sièges pourvus selon le même mode de scrutin proportionnel à listes bloquées. Leurs membres élisent à leur tour pour cinq ans les exécutifs des provinces[10], ainsi que les membres de la Chambre haute du pays, le Conseil national des Provinces à raison de dix conseillers par province, dont obligatoirement le président provincial[11].
Pour la première fois depuis la fin de l'apartheid et la première élection démocratique en 1994, l'ANC ne remporte pas la majorité absolue avec seulement 40 % des voix. Ce résultat, qui constitue un revers historique pour l'ANC, reflèterait le souhait de changement de la population face aux scandales de corruption qui entachent l'ANC, aux mauvais résultats économiques du pays, ainsi qu'à la criminalité en forte hausse[13]. Principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique de John Steenhuisen conserve la seconde place, mais le recul de l'ANC profite principalement au Umkhonto we Sizwe (MK) de l'ancien président Jacob Zuma, qui arrive troisième pour sa première participation à un scrutin national[14].
Outre le recul historique de l'ANC, les élections de 2024 aboutissent pour la première fois depuis 1924 à un parlement sans majorité, contraignant les formations politiques à s'entendre sur un gouvernement de coalition[15]. En position de force pour diriger une coalition, l'ANC se retrouve à devoir choisir entre une alliance avec la DA, l'EFF ou le MK. À la tête de l'opposition historique la première réclame des réformes économique incluant des privatisations, à l'opposé de la politique économique de l'ANC. À la gauche de l'ANC, l'EFF voit son dirigeant Julius Malema réitérer son intention de ne pas renoncer à une redistribution aux noirs des terres des blancs sur la base d'expropriations sans compensations. Principalement issu en terme de dirigeants comme d'électorat d'une scission de l'ANC, le MK est la formation la plus proche politiquement du gouvernement sortant, mais l'éventualité d'une alliance entre les deux partis souffre de l'inimitié personnelle entre leur dirigeants, Cyril Ramaphosa et Jacob Zuma[16].
L'élection présidentielle organisée au scrutin indirect dans le mois suivant le scrutin doit ainsi constituer un test majeur pour les différentes formations politiques de la nouvelle législature.