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Télécollaboration interculturelle

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La télécollaboration interculturelle (TC), également connue sous le nom d'échange virtuel ou d'échange international en ligne (EIO), est un outil d'apprentissage expérientiel utilisé dans le développement des compétences culturelles, notamment la communication interculturelle, la sensibilité culturelle et l'agilité culturelle.  Elle est "généralement considérée comme un échange interculturel basé sur l'internet entre des personnes de milieux culturels/nationaux différents, mis en place dans un contexte institutionnel dans le but de développer à la fois les compétences linguistiques et la compétence de communication interculturelle (telle que définie par Byram, 1997) par le biais de tâches structurées”[1],[2],[3],[4].

Modèles types[modifier | modifier le code]

Deux modèles sont les plus largement utilisés[5] :

  • E-Tandem : des locuteurs de deux langues différentes sont associés pour engager une conversation de manière synchrone ou asynchrone, le temps étant réparti de manière égale entre les deux langues.
  • Modèle interculturel mixte souvent basé sur le "modèle de la culture", il utilise la juxtaposition de documents provenant de deux cultures différentes pour promouvoir l'exploration des différences culturelles par le biais de la comparaison[2].

Origines[modifier | modifier le code]

Les origines de la Coopération Interculturelle remontent aux efforts pionniers de Célestin Freinet dans les années 1920 en France et de Mario Lodi dans les années 1960 en Italie [6].

Grâce à l'exploitation de la technologie de l'époque, notamment la presse à imprimer et le service postal, les élèves de Freinet ont pu communiquer avec des élèves d'autres régions de France en créant des journaux de classe et des "paquets culturels" comprenant "des fleurs, des fossiles et des photos de leur région".  Les élèves de Lodi se sont engagés dans la création de "journaux d'élèves en collaboration avec des classes partenaires éloignées".  L'influence de ces premières expériences et initiatives est visible dans les activités en ligne telles que l'activité "E-Twinning Culture in a Box"[2].

Types de tâches[modifier | modifier le code]

O'Dowd et Waire [2],[7]ont identifié 3 catégories principales de types de tâches émergeant de la littérature :

  • Tâches d'échange d'informations : Les apprenants fournissent des informations sur eux-mêmes et sur leur propre culture.  Ces exercices sont généralement utilisés comme activités d'introduction et sont de nature "monologique", nécessitant peu de négociation de la signification culturelle ou linguistique.
  • Tâches de comparaison et d'analyse : Les apprenants comparent et analysent des documents liés à la culture ou à la langue.  Ces tâches sont généralement plus exigeantes car les participants doivent "engager un dialogue afin d'établir des similitudes ou des différences entre les deux cultures".
  • Tâches de collaboration : Outre l'échange lié à la comparaison culturelle et linguistique, les apprenants doivent produire un travail commun tel qu'" un blog, une entrée wiki, une page web, un site web, une histoire numérique ou une présentation "[2].Ces tâches requièrent " beaucoup de coordination et de planification ", mais donnent lieu à " des quantités substantielles de négociation et de signification aux niveaux linguistique et culturel ".[2]

Avantages[modifier | modifier le code]

Lorsque l'échange est de nature réflexive et comparative, il a été démontré qu'il conduisait à une plus grande "conscience culturelle critique", non seulement par la discussion, mais aussi par l'obtention de la signification du comportement culturel tel qu'il est perçu par le partenaire de collaboration, "à partir d'informateurs "réels" de la culture cible”[2]. Elle peut également fournir aux apprenants des connaissances qu'ils ne trouveraient pas dans les manuels ou dans d'autres sources typiques d'apprentissage culturel et linguistique[2]. Il a également été considéré comme un outil permettant de préparer efficacement les apprenants à travailler sur le marché du travail mondialisé actuel[2].

Critiques[modifier | modifier le code]

La télécollaboration inteculturelle ne produit pas toujours le résultat souhaité, à savoir la compréhension interculturelle.  Il a été observé que "l'exposition et la sensibilisation à la différence semblent renforcer les sentiments de différence plutôt que de les atténuer "[8],[2].

La télécollaboration interculturelle peut également provoquer des attitudes négatives à l'égard de la culture cible <ref>O’Dowd, R. (2012). Intercultural communicative competence through telecollaboration [9] et on a également constaté qu'elle favorisait les stéréotypes culturels trop généralisés en interprétant le comportement d'un individu particulier comme étant représentatif de toute une culture[2].

Perspectives d'avenir[modifier | modifier le code]

Grâce à l'essor des outils en ligne tels que les blogs, les wikis et les sites de réseaux sociaux, on assiste également à une augmentation des échanges interculturels qui sont " indépendants de la salle de classe " et " permettent un éventail beaucoup plus large de partenaires, de configurations linguistiques et de formes d'interaction " par le biais de la collaboration " dans des communautés d'intérêt spécialisées ou des environnements qui se concentrent sur des hobbies ou des intérêts spécifiques " [2] et qui permettent une " communication interculturelle dans la nature "[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Michael Byram, « Teaching and Assessing Intercultural Communicative Competence: Revisited », dans Teaching and Assessing Intercultural Communicative Competence, Multilingual Matters, (ISBN 978-1-80041-025-1, DOI 10.21832/9781800410251, lire en ligne)
  2. a b c d e f g h i j k et l Robert O’Dowd, « Intercultural Communicative Competence Through Telecollaboration », dans The Routledge Handbook of Language and Intercultural Communication, Routledge (ISBN 978-0-203-80564-0, lire en ligne)
  3. a et b Carles Anguera Cerarols, « Telecollaboration 2.0. Language, literacies and intercultural learning in the 21st Century, edited by Sarah Guth & Francesca Helm », Bellaterra Journal of Teaching & Learning Language & Literature, vol. 6, no 1,‎ , p. 81–85 (ISSN 2013-6196, DOI 10.5565/rev/jtl3.498, lire en ligne, consulté le )
  4. Dorothy M. Chun, « Language and culture learning in higher education via telecollaboration », dans Interdisciplinary and Intercultural Programmes in Higher Education, Routledge, , 5–21 p. (ISBN 978-1-315-20423-9, lire en ligne)
  5. (en) Dorothy M. Chun, « Language and culture learning in higher education via telecollaboration », Pedagogies: An International Journal, vol. 10, no 1,‎ , p. 5–21 (ISSN 1554-480X et 1554-4818, DOI 10.1080/1554480X.2014.999775, lire en ligne, consulté le )
  6. Mark Warschauer, Jim Cummins et Dennis Sayers, « Brave New Schools: Challenging Cultural Illiteracy through Global Learning Networks », TESOL Quarterly, vol. 30, no 2,‎ , p. 363 (ISSN 0039-8322, DOI 10.2307/3588153, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) R. O'Dowd et P. Waire, « Critical issues in telecollaborative task design », Computer Assisted Language Learning, vol. 22, no 2,‎ , p. 173–188 (ISSN 0958-8221 et 1744-3210, DOI 10.1080/09588220902778369, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Richard Kern, Paige Ware et Mark Warschauer, « 11. CROSSING FRONTIERS: NEW DIRECTIONS IN ONLINE PEDAGOGY AND RESEARCH », Annual Review of Applied Linguistics, vol. 24,‎ , p. 243–260 (ISSN 1471-6356 et 0267-1905, DOI 10.1017/S0267190504000091, lire en ligne, consulté le )
  9. Dwight Atkinson, « Intercultural Rhetoric and Intercultural Communication », dans The Routledge Handbook of Language and Intercultural Communication, Routledge (ISBN 978-0-203-80564-0, lire en ligne)