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Wikipédia:Lumière sur/Léon Walras

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Ce « Lumière sur » a été ou sera publié sur la page d'accueil de l'encyclopédie le samedi 10 juillet 2021.


Portrait de Léon Walras.
Portrait de Léon Walras.

Léon Walras, né à Évreux le et mort à Clarens le , est un économiste français dont la carrière universitaire s’est toute entière déroulée à l'Université de Lausanne en Suisse. S'il a profondément marqué l'histoire de la science économique, sa pensée a eu du mal à s’imposer en France. Ayant pour seuls diplômes deux baccalauréats, Walras a malgré tout toujours été soutenu par son père Auguste Walras, un inspecteur d'académie passionné d'économie, dont il a repris dans une large mesure la doctrine économique. C'est grâce à Louis Ruchonnet, un homme politique radical du canton de Vaud ayant également occupé des fonctions nationales en Suisse, qu'il est nommé professeur dans cette institution. C'est encore lui qui l’aide à diffuser son œuvre. Pour l’homme politique suisse, il s’agit aussi d’asseoir la réputation de l’université de Lausanne.

Pour comprendre l’œuvre complète de Walras, pas seulement la partie la plus connue centrée sur la notion d’équilibre général, il est important de se souvenir qu’il distingue trois types d'économies : l'économie pure, l'économie sociale et l'économie appliquée. L'économie pure est l'objet d'une science pure qui étudie des faits naturels dépendant de forces aveugles et fatales. L'économie sociale, objet d'une science pure morale et d'une science pure appliquée, vise à définir un idéal de justice. L'économie politique appliquée, quant-à-elle, a pour but de donner des lignes directrices pour l'action.

Walras est surtout connu pour son livre Économie politique pure, un ouvrage où les échanges n'ont lieu qu'après qu'un tâtonnement walrasien guidé par le commissaire-priseur ait permis d'atteindre l'équilibre de marché. Sur cette base, il démontre de façon mathématique à partir d'une seule hypothèse, la rareté, l’existence d’un équilibre général. C’est ce concept d’équilibre général qui conduit Joseph Schumpeter à considérer Walras comme « le plus grand de tous les économistes ». La notion d'équilibre général est très rapidement adoptée par des économistes majeurs tels que Vilfredo Pareto, Knut Wicksell ou Gustav Cassel. Se plaçant surtout du côté de l'analyse économique, John Hicks et Paul Samuelson utilisent l'apport walrasien dans l'élaboration de la synthèse néoclassique. De leurs côtés, Kenneth Arrow et Gérard Debreu, se plaçant dans une perspective de logicien et de mathématicien, tenteront de déterminer les conditions nécessaires pour qu'il y ait équilibre.

Les écrits de Walras sur l'économie sociale et l'économie appliquée sont beaucoup moins appréciés par Schumpeter et par Vilfredo Pareto, le successeur de Walras à Lausanne, qui tient l'économie sociale de Walras pour une œuvre de métaphysique. Cette facette de l'œuvre de Walras, a été abordée de façon systématique assez tardivement, notamment grâce aux recherches menées à partir des années 1980 par le centre Auguste-et-Léon-Walras de l'université Lyon-II. Cette partie de son œuvre, très marquée par l’économie politique par différence avec la science économique pure fournit à l'économiste de Lausanne la possibilité de se situer par rapport à ses contemporains. Il critique Proudhon, les saint-simoniens, les fourièristes et les marxistes, mais est influencé par l'école démocratique d'Étienne Vacherot. Cette partie de son œuvre a conduit les spécialistes de Walras à s'interroger pour savoir s’il fallait le considérer comme libéral ou socialiste.

Pour Pierre Dockès, Walras est un socialiste singulier tandis que pour Pierre Herland il serait surtout libéral et que pour Jean-Pierre Potier c’est un socialiste libéral. Son libéralisme n'est toutefois pas celui de l’école autrichienne, qui en général a peu d'empathie avec l'équilibre général. Pour donner quelques grands traits de la pensée de Walras en ce domaine, il convient de rappeler que, pour lui, l'État a une rationalité supérieure aux individus dans le domaine qui est le sien. Son rôle consiste principalement à réguler l'économie de marché en luttant contre les monopoles et en gérant directement les monopoles naturels. D’un point de vue social, Walras a une vision méritocratique du monde. Aussi, selon lui, l'État n'a pas à corriger les inégalités naturelles, il doit juste veiller à ce que les règles du jeu soient égales pour tous. Enfin, il estime qu'à travers le crédit il est possible de démocratiser à la fois le capital et la société.