Utilisateur:Tayou974/determinant fredholm

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En mathématiques, et plus particulièrement en analyse fonctionnelle, le déterminant de Fredholm est une généralisation de la notion de déterminant à certains opérateurs à noyaux (continus) dans des espaces de Banach. Aux notations et langage près, l'idée a été introduite par Fredholm dans son étude de certaines équations intégrales[1]. Elle a ensuite était généralisée à d'autres opérateurs, notamment aux opérateurs nucléaires (en) [2].

Soit un segment de . Dans la suite, désigne l'espace des fonctions continues sur ou l'espace des fonctions p-intégrables sur .

Soit une fonction continue. On considère l'opérateur de noyau  :

Heuristique[modifier | modifier le code]

On se place sur et s'intéresse à l'équation fonctionnelle suivante, d'inconnue

On peut essayer de discrétiser cette équation :

  • en l'évaluant sur une famille de points équirépartis dans l'intervalle  : .
  • en approchant l'intégrale par une somme de Riemann : .

On obtient alors, pour chaque , un système linéaire d'équations

où les inconnues sont les . Heuristiquement on peut espérer comprendre en analysant le comportement de dans la limite .

Or on montre[3] que le déterminant du système linéaire homogène associé à vaut :

est la somme des mineurs principaux d'ordre de . Comme de plus

on est donc amené à considérer la série "limite des " :

C'est la définition de Fredholm du déterminant de l'opérateur . Bien que Fredholm, dans son article de 1903, ne précise pas vraiment comment lui en est venu à cette définition, on peut supposer que c'est essentiellement cette heuristique qui l'y a conduit[4].

Déterminant de Fredholm[modifier | modifier le code]

La série entière a un rayon de convergence infini. Cela peut se démontrer en utilisant l'inégalité d'Hadamard (en) pour majorer le déterminant.

Pour tout , on appelle déterminant de Fredholm de l'opérateur la quantité

La fonction est alors analytique sur . En particulier, ses zéros sont isolés et de multiplicités finies.

Cas des opérateurs de rang fini[modifier | modifier le code]

Dans cette section, on suppose que est de rang fini.

Lien avec les valeurs propres[modifier | modifier le code]

Soient les valeurs propres de comptées avec multiplicités. On a alors la formule du produit[5] :

Lien avec la trace[modifier | modifier le code]

Comme et ses puissances sont de rang fini, ce sont des opérateurs à trace.

Soit . Pour assez petit, on a[5] :

Déterminant et inversibilité[modifier | modifier le code]

Théorème (Fredholm)[1] — Soit . Les conditions suivantes sont équivalentes :

  1. L'opérateur est inversible;
  2. .

De plus, lorsque , on a :

  1. ;
  2. ;

est la multiplicité de comme zéro de .

Remarques :

  • La situation est donc tout à fait analogue à ce qui se passe en dimension finie;
  • Pour tout , l'indice de l'opérateur est donc nul.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ivar Fredholm, « Sur une classe d’équations fonctionnelles », Acta Mathematica, vol. 27,‎ , p. 365–390 (ISSN 0001-5962 et 1871-2509, DOI 10.1007/BF02421317, lire en ligne, consulté le )
  2. Alexander Grothendieck, « La théorie de Fredholm », Bulletin de la Société mathématique de France, vol. 79,‎ , p. 319–384 (ISSN 0037-9484 et 2102-622X, DOI 10.24033/bsmf.1476, lire en ligne, consulté le )
  3. Tricomi, F. G. (Francesco Giacomo), 1897-1978., Integral equations, Dover Publications, (ISBN 0486648281 et 9780486648286, OCLC 11469824, lire en ligne), p. 66-68
  4. Dieudonné, Jean, 1906-1992., History of functional analysis, North-Holland Pub. Co., (ISBN 0444861483 et 9780444861481, OCLC 7206750, lire en ligne), p. 99
  5. a et b (en) Israel Gohlberg, Nahum Krupnik et Seymour Goldberg, Traces and determinants of linear operators, Birkhäuser Verlag, (ISBN 3764361778 et 9783764361778, OCLC 43607291, lire en ligne), chap. 1, p. 7-10