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Jean Alexandre Georges Beaujean, né à Luçay-le-Mâle (36) le 25 avril 1918 et mort le 14 août 2009 à l'âge de 91 ans, est un pionnier du judo français.
M. Beaujean a non seulement été un technicien réputé dans l’art du judo (Thibault 2011), mais aussi un auteur et philosophe percevant le judo comme un art de vivre transcendant la simple discipline sportive. Il a été un protagoniste central du renouveau du judo français dans les années 1950.
Il est l'auteur et l'illustrateur d'ouvrages pionniers sur le judo en France.
Biographie[modifier | modifier le code]
Formation et développement[modifier | modifier le code]
Jean Beaujean commence l'étude de cette discipline en 1937, avec Moshe Feldenkrais, seulement un an après la création du Jiu-Jitsu Club de France, sous la direction de M. Kawaishi. (Thibault, 2011)
"Nommé ceinture noire en 1942 (8ème ceinture noire de France), il se révèle un remarquable technicien" (Thibault, 2011).
Jean Beaujean était un homme de petite stature qui dominait à une époque où les catégories de poids n'existaient pas dans le judo.
Il se distingua comme finaliste du premier championnat de France de judo qui se déroula dans la salle Wagram de Paris le 30 mai 1943 (Thibault, 1966) Il fallut vingt minutes de prolongation pour départager les deux finalistes, Jean de Herdt et Jean Beaujean.
Il a assumé divers rôles au sein de la Fédération de Judo, dont celui de Directeur Technique du collège des ceintures noires, conseiller à la propagande, Vice-président de la Fédération et professeur fédéral. En juillet 1944, Mr Kawaishi lui confie, avec M. de Herdt, la direction du Judo français jusqu’à son retour en 1948.
Voyage au Japon[modifier | modifier le code]
En 1949, désirant approfondir ses connaissances, Jean Beaujean partit pour le Japon pour étudier le judo à la source. Pendant trois ans, il s’initia aux derniers perfectionnements des meilleurs judokas du monde.
Il réalisa alors le décalage entre le judo originel et celui enseigné en France.
Il étudia les plus anciennes techniques japonaises, la langue japonaise, et rencontra chaque jour les plus célèbres judokas, tels Nagaoka, le plus ancien pratiquant, et les champions Ishikawa, Kimura, Yoshimatsu.
Il s’imposa un entraînement rigoureux, se mettant, par exemple à l’école d’Oda (9° dan), le meilleur spécialiste du combat au sol.
Jean Beaujean fut le seul Français admis au Kodokan de Tokyo à cette époque.
"C'est au Japon, au Kodokan en particulier, qu'il remarqua que les plus grands experts pratiquaient tous avec habileté au moins 4 projections typiques, et cela même si leur projection favorite n'était pas l'une d'elles." H.-D. Plée. Cette observation fut l'objet du deuxième ouvrage de Jean Beaujean sur les quatre projections clefs du judo (Beaujean, 1953). Le manuscrit de cet ouvrage a été et supervisé par le Maître Kawaishi Shi-Han, par la fédération française de Judo et par le collège des ceintures noires de France en date du 29/06/1953.
Retour en France[modifier | modifier le code]
Enrichi de toutes ses connaissances nouvelles, Jean Beaujean rentra en France en qualité de délégué du Kodokan. Il ramena avec lui une collection de films afin de permettre de mieux comprendre la technique des grands maîtres nippons. Il introduisit les méthodes d'entraînement du Kodokan, provoquant un conflit avec M. Kawaishi, le principal promoteur du judo en France à cette époque qui était réfractaire aux apports extérieurs.
Le 19 janvier 1952, un conflit significatif surgit lorsque M. Kawaishi tenta de retirer le grade de ceinture noire à Jean Beaujean et Roger Duchêne et de les expulser du Collège, en raison de leur soutien à la méthode Kodokan en France (Brousse 2005). Les membres du collège rejetèrent majoritairement ses propositions. Se sentant désavoué, Kawaishi décida alors de se retirer des instances du CNN.
"Jean Beaujean est le premier à avoir montré en France la technique du Kodokan, ouvrant ainsi la voie à un judo conforme aux aspirations de beaucoup." (Thibault, 2011)
Philosophie et Enseignement[modifier | modifier le code]
La philosophie de Jean Beaujean était basée sur la découverte et le développement de la « touche personnelle » de chaque judoka. Il croyait fermement à l'apprentissage par la pratique, en disant : « En judo, on fait d'abord, on parle ensuite. Car l'essentiel c'est de découvrir, ce qu'il y a en soi, que les autres n'ont pas. »
Jean Beaujean envisageait le judo non seulement comme un sport, mais comme un mode de vie, une quête de vérité et un moyen de transcender les peurs et les limites mentales et émotionnelles. Il avait un sens aigu de la perception et une curiosité naturelle pour la véritable essence de la philosophie zen, cherchant à rencontrer des maîtres qui vivaient vraiment le moment présent.
Il forma de nombreux élèves qui devinrent par la suite des figures importantes dans le monde du judo français et du groupe Kodokan, tel que Luc Levannier Jacques Belaud…
Publications[modifier | modifier le code]
Beaujean Jean, Judo Kawaishi, Editions privée, Paris, 1945
Beaujean, Jean. Les 4 projections clefs du judo - judo ko-do-kan, numéro spécial de la revue Judo Kodokan. Éditeur Judo Kodokan, 1953.
Feldenkrais, Moshi; Beaujean, Jean (Illustrateur). A.B.C. du judo jiu-jitsu. Paris: É. Chiron, 1938.
Le corps pense, Interview de Jean Beaujean sur Yves Klein
Bibliographie & références[modifier | modifier le code]
Thibault, C. (1966). Un million de judokas: histoire du judo français. FeniXX.
Thibault, Claude. Les Pionniers du Judo Français. Éditions Budo, 2011. ISBN 978-2-84617-281-3.
Brousse, M. (2005). Les racines du judo français: histoire d'une culture sportive. Presses Univ de Bordeaux.
Brousse, M. Filecode moral du judo français ou la «re-japonisation» occidentale du judo moderne.
Brousse, Michel. L'implantation du judo dans le grand sud-ouest.
Valin, Alain; Beaujean, Jean (Préface). Judo, méthode pratique de travail au sol. Vol. I. Paris: Impr. Sapho, 1953.
Data BnF - Jean Beaujean : https://data.bnf.fr/fr/10299700/jean_beaujean
Catalogue BnF - Jean Beaujean : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb10299700
Leroy, Sylvain. Histoire du judo et ses origines.
BAUCHE, D., & de Normandie, L. PRESTATION ÉCRITE POUR L’EXAMEN NATIONAL DU GRADE 7 ème DAN JUDO.
Article de Debard : http://debard.over-blog.com/article-2293161.html
Article de Henry Plee : http://www.henryplee.com/pionnierBis.htm
Tableau des premières ceintures noires décernées par Maitre Kwaishi avant 1943 en France.