Claudia Sheinbaum

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Claudia Sheinbaum
Illustration.
Claudia Sheinbaum en 2024.
Fonctions
Présidente des États-Unis mexicains
(élue)
En attente d’investiture –
Élection 2 juin 2024
Gouvernement Sheinbaum
Prédécesseur Andrés Manuel López Obrador
Cheffe du gouvernement de la ville de Mexico

(4 ans, 6 mois et 11 jours)
Élection
Prédécesseur José Ramón Amieva
Successeur Martí Batres
Maire de Tlalpan

(2 ans, 2 mois et 5 jours)
Prédécesseur Héctor Hugo Hernández Rodríguez (es)
Successeur Fernando Hernández Palacios (es)
Secrétaire de l’Environnement du District fédéral

(5 ans, 5 mois et 10 jours)
Chef du gouvernement Andrés Manuel López Obrador
Alejandro Encinas Rodríguez
Gouvernement López Obrador
Rodríguez
Prédécesseur Alejandro Encinas Rodríguez
Biographie
Nom de naissance Claudia Sheinbaum Pardo
Date de naissance (61 ans)
Lieu de naissance Mexico (Mexique)
Nationalité Mexicaine
Parti politique PRD (1989-2014)
MORENA (depuis 2014)
Père Carlos Sheinbaum Yoselevitz
Mère Annie Pardo Cemo
Conjoint Carlos Imaz Gispert (es)
Diplômée de UNAM
Profession Physicienne
Distinctions 100 Women (2018)
Résidence Mexico

Signature de Claudia Sheinbaum

Claudia Sheinbaum Claudia Sheinbaum
Chefs de gouvernement du District fédéral
Présidents des États-Unis mexicains

Claudia Sheinbaum Pardo, née le à Mexico, est une scientifique et femme politique mexicaine, élue présidente de la république du Mexique en 2024.

Climatologue et spécialiste de l'efficacité énergétique, elle est membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) jusqu'en 2013. Elle a participé à l'écriture des quatrième et cinquième rapport d'évaluation du GIEC.

Membre du Mouvement de régénération nationale (MORENA), elle est cheffe du gouvernement de la ville de Mexico de 2018 à 2023. Candidate du MORENA, elle remporte l'élection présidentielle de 2024, ce qui en fait la première femme élue présidente dans l'histoire du Mexique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Claudia Sheinbaum Pardo est la fille de Carlos Sheinbaum Yoselevitz, ingénieur chimiste, et de Annie Pardo Cemo, biologiste. Ses grands-parents paternels juifs ashkénazes sont arrivés au Mexique dans les années 1920, fuyant les persécutions antisémites en Lituanie, et ses grand-parents maternels juifs séfarades ont fui la Bulgarie dans les années 1940 pour les mêmes raisons[1]. Ses parents sont athées[2] et elle-même n'est d'aucune confession[3],[4].

Elle fait des études de physique à l'université nationale autonome du Mexique (UNAM), puis passe un master en génie énergétique avant de poursuivre par un doctorat en sciences de l'environnement[5] au Laboratoire national Lawrence-Berkeley (Californie) avec une bourse de l'UNAM[6]. En 1995, elle devient la première femme mexicaine à obtenir un doctorat en ingénierie énergétique. Durant ses années d'étude elle part plusieurs fois avec des amis installer des systèmes de cuisson plus performants dans des régions particulièrement pauvres, notamment dans le Michoacán[7].

Elle se décrit comme une « fille de 1968 », en référence au massacre de Tlatelolco mouvement étudiant réprimé dans le sang par l'armée, auquel ses parents ont participé. Elle commence à militer durant ses études à l'UNAM, lorsqu'elle participe à des mouvements de solidarité avec les luttes ouvrières et paysannes, ainsi qu'au mouvement de 1987 pour le maintien d'un enseignement universitaire gratuit. Elle milite aussi pour la campagne de Rosario Ibarra en 1982, alors première femme candidate à une élection présidentielle au Mexique, et figure de la défense des droits de l'homme dans le pays[8].

En 1986, Sheinbaum rencontre Carlos Imaz Gispert (es), un universitaire et membre fondateur du Parti de la révolution démocratique, qu'elle épouse en 1987. Ils se séparent en 2016. Elle se remarie en 2023 avec Jesús Tarriba, un amour de jeunesse retrouvé en 2016. Elle a deux enfants, dont un fils issu d'une relation antérieure de son premier époux qu'elle a élevé comme son propre enfant[1].

Parcours scientifique et débuts en politique[modifier | modifier le code]

Après ses études, Claudia Sheinbaum commence une carrière d'enseignante et d'universitaire.

Membre du Parti de la révolution démocratique (PRD) à partir de 1989, elle entre le dans le cabinet du chef du gouvernement de la ville de Mexico, Andrés Manuel López Obrador, et devient secrétaire à l'Environnement[9], succédant à Alejandro Encinas Rodríguez. C'est sous sa gestion que se construit le deuxième étage du périphérique et que s'ouvre la première ligne de métrobus. Elle se retire en 2006 pour participer à la campagne présidentielle d'Andrés Manuel López Obrador[10].

En 2007, Sheinbaum entre dans le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en tant que spécialiste de l'efficacité énergétique et fait partie des rédacteurs des quatrième[11] et cinquième rapport d'évaluation du GIEC[12]. En 2014, elle quitte le PRD et rejoint le nouveau parti fondé par Obrador, le Mouvement de régénération nationale (MORENA).

Du au , elle est cheffe de la délégation (es) de Tlalpan, une des seize divisions territoriales de Mexico.

De 2015 à 2017, elle est membre du Comité des politiques de développement de l'Organisation des Nations unies (ONU)[13].

Cheffe du gouvernement de la ville de Mexico[modifier | modifier le code]

Claudia Sheinbaum, lors de l'investiture de son gouvernement, en 2018.

Le , Claudia Sheinbaum est élue cheffe du gouvernement de la ville de Mexico, succédant à Andrés Manuel López Obrador et devenant la première femme élue à ce poste mais la seconde à l'occuper[14], et entre en fonction le suivant. La même année, elle apparaît sur la liste des 100 Women établie par la BBC[15].

Sa gestion est caractérisée par les questions écologiques et une forte politique sociale, créant des infrastructures (transports pour désenclaver la banlieue, universités, etc.) et distribuant des aides sociales dans les quartiers les plus démunis[5]. En matière de sécurité, le taux d'homicides est réduit de près de moitié au cours de son mandat de maire[16]. Son mandat a été terni par l'accident de métro du 3 mai 2021 à Mexico qui lui a valu des accusations de mauvaise gestion et de nombreux appels à la démission dans les médias[8].

Sur un plan plus symbolique, sa première mesure a été de dissoudre le régiment militaire responsable du massacre de Tlatelolco qui avait fait au moins trois cents morts en 1968, une revendication de longue date du mouvement étudiant[1]. Elle revendique par ailleurs une politique féministe comme la mise en place de parquets spécialisés dans les féminicides et de structures d’aides aux femmes qui incluent des garderies, des cantines et des laveries. En novembre 2019, elle lance une « alerte sur la violence contre les femmes » à Mexico. La maire crée également un secrétariat aux droits des femmes et met en place un système de lutte contre les violences conjugales incluant une allocation pour les femmes battues et une loi permettant à la justice d'ordonner l'expulsion de l'agresseur du domicile conjugal[1].

Le , elle annonce sa démission, effective le , afin de se consacrer à la primaire qui doit désigner le candidat de son parti, Morena, pour l'élection présidentielle de 2024[17]. Elle démissionne avec une popularité record de 68 %[18].

Élection présidentielle de 2024[modifier | modifier le code]

Le 6 septembre 2023, Claudia Sheinbaum est nommée candidate à l'élection présidentielle de 2024 de la coalition Continuons de faire l'histoire, qui regroupe le Mouvement de régénération nationale (Morena), le Parti du travail et le Parti vert écologiste du Mexique, après en avoir remporté la primaire, qui l'opposait à cinq autres candidats[19]. D'après le politologue Jorge Zepeda Patterson, « elle représente une gauche plus moderne et progressiste que celle d'Andrés Manuel López Obrador. Mais, dans un Mexique conservateur, catholique et machiste, ce n’est pas toujours perçu comme un atout[1]. » Elle affronte notamment Xóchitl Gálvez, candidate de la coalition des partis d’opposition de droite (Parti révolutionnaire institutionnel, Parti action nationale et Parti de la révolution démocratique).

Claudia Sheinbaum en campagne à Guadalajara, 2024.

Elle fait campagne sous le slogan : « Pour le bien de tous, les pauvres d’abord ». Elle promet de poursuivre les réformes économiques de Andrés Manuel López Obrador afin de renforcer l’État social et de mener une politique « sur les énergies renouvelables, l’eau qui va manquer au Mexique et la question de la violence, en particulier la violence contre les femmes »[5]. Elle affirme qu'elle continuera d'augmenter les aides sociales et le salaire minimum, de renforcer les entreprises publiques énergétiques (pétrole et électricité) et de poursuivre les constructions d’infrastructures, notamment ferroviaires, lancées par le président sortant. Elle a consacré une large part de son programme à l’environnement : restauration des ressources aquatiques et forestières, interdiction de la fracturation hydraulique et des OGM, fin des concessions minières à ciel ouvert[18],[16]. Elle soutient la légalisation de l'avortement[20]. En avril 2024, le coût de sa campagne électorale a dépassé les 100 millions de pesos (environ 5 millions d'euros)[21].

Elle est visée par une campagne massive de dénigrement sur les réseaux sociaux alimentée par des millions de bots. Le coût de cette campagne, à l'origine inconnue, est estimé à plusieurs millions d'euros[22]. Elle est aussi critiquée pour ses origines étrangères, l'ancien président Vicente Fox la qualifiant d’« étrangère juive »[1].

Le , Claudia Sheinbaum est largement élue présidente du Mexique, devenant ainsi la première femme élue à cette fonction. Selon les résultats officiels annoncés par l'Institut national électoral (INE), elle remporte 59,36 % des suffrages exprimés et plus de 33 millions de voix[23].

Présidente de la République[modifier | modifier le code]

Claudia Sheinbaum doit être investie présidente des États-Unis mexicains le , succédant à Andrés Manuel López Obrador et devenant la première femme à occuper cette fonction.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « Claudia Sheinbaum, la féministe en cheffe du Mexique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  2. « Au Mexique, le triomphe de Claudia Sheinbaum, une scientifique à la fibre sociale », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (es)¿Cuál es la religión de Claudia Sheinbaum?, El Informador, 2 juin 2024
  4. (en) Simon Romero and Nathalie Kitroeff. "Mexico Hits Another Milestone: Its First Jewish President". The New York Times, June 4, 2024, p. A11.
  5. a b et c « Deux femmes en première ligne pour les primaires au Mexique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  6. (en) « Claudia Sheinbaum Pardo », sur UNAM
  7. « Claudia Sheinbaum, future première présidente du Mexique ? », sur France 24,
  8. a et b (es) Cecilia González (NUSO), « La “hija del 68” que quiere gobernar México », sur ctxt.es | Contexto y Acción
  9. (es) José Luis Flores, « Presenta AMLO su gabinete », sur El Universal
  10. (es) « Estos son los candidatos de coalición 'Juntos Haremos Historia' en CDMX », sur Excélsior
  11. (en) Industry, GIEC/IPCC, (lire en ligne)
  12. « Liste des auteurs du 5eme rapport du GIEC »
  13. (en) « Elections, nominations, confirmations and appointments to subsidiary and related bodies of the Economic and Social Council », sur ONU
  14. « Claudia Sheinbaum, première femme gouverneure de Mexico », sur Libération,
  15. (en-GB) « BBC 100 Women 2018: Who is on the list? », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b « Claudia Sheinbaum envisage une présidence historique en tant que gardienne de l'héritage de Lopez Obrador », sur www.zonebourse.com,
  17. « Au Mexique, Claudia Sheinbaum veut devenir la première présidente », sur France 24,
  18. a et b « Au Mexique, Claudia Sheinbaum mise sur l’héritage d’« AMLO », l’écologie et le féminisme pour lancer sa campagne présidentielle », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Claudia Sheinbaum, future première présidente du Mexique ? », sur France 24,
  20. (en-US) Emiliano Rodríguez Mega et Simon Romero, « A Historic First for Mexico as Two Women Vie for the Presidency », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne)
  21. (es) « Sheinbaum rebasa los 100 millones de pesos en gastos de campaña », sur www.proceso.com.mx
  22. « Au Mexique, la candidate de gauche Claudia Sheinbaum visée par une campagne massive de dénigrement sur le réseau X », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  23. « Présidentielle au Mexique: victoire écrasante de la candidate de gauche Claudia Sheinbaum », sur Le Figaro, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]