Mark Hunyadi

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Mark Hunyadi
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Naissance
Nationalité
Suisse
Influencé par

Mark Hunyadi né à Genève en 1960[2], est un philosophe suisse d'origine hongroise. Il est actuellement professeur de philosophie sociale, morale et politique à l'Université catholique de Louvain[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Il a mené ses études d’abord à Genève, puis à Paris et enfin à Francfort, où il a travaillé deux ans (1987-1989) auprès de Jürgen Habermas, dont il a dans la foulée traduit deux livres en français (De l’éthique de la discussion (Cerf, 1992), et Textes et contextes (Cerf, 1994)). Ayant défendu sa thèse sous la direction de Jean-Marc Ferry (publiée en partie sous le titre La Vertu du conflit (Cerf, 1995)), il a ensuite été nommé professeur à l’Université Laval de Québec (2004), puis à l’Université catholique de Louvain (2007). Il y co-dirige le centre de recherche de philosophie pratique Europè de l'Institut supérieur de philosophie.

Il est chroniqueur philosophique au journal Le Temps à Genève[4]. Il est également professeur associé à l’Institut Mines/Télécom, au sein de la Chaire VPIP, Valeurs et Politiques des Informations Personnelles, qui consacre son travail interdisciplinaire au thème « Confiance et numérique ». Il est membre du comité d’éthique d'Orange/France et du comité Ethique en Commun qui regroupe les Instituts de recherche publics français INRAE-Cirad-IFREMER-IRD.

Idées philosophiques[modifier | modifier le code]

Influencé dans sa jeunesse par la philosophie de Jürgen Habermas, Hunyadi a néanmoins toujours critiqué son approche foncièrement rationaliste des phénomènes humains[5]. Dès ses premiers livres (La Vertu du conflit en 1995 – issu de sa thèse sur Habermas -, puis Je est un clone en 2004), Hunyadi a élargi le paradigme habermassien de la communication verbale en direction de l’expérience telle qu’elle est vécue par les acteurs, en première personne. Par ce déplacement, la question centrale de la théorie morale n’était plus la question de la validité rationnelle des normes (Kant, Habermas, mais aussi, dans une autre perspective, Husserl), mais celle du vécu moral des acteurs eux-mêmes : qu’est-ce qu’une expérience morale pour celles et ceux qui sont engagés dans l’action, qu’est-ce qui fait de leur expérience une expérience morale ? Et comment, partant de cette expérience, concevoir la légitimité des normes morales ? C’est au fil de ces questions que Hunyadi a développé le concept central de contrefactualité (Morale contextuelle, 2008, L’Homme en contexte, 2012), qui pour lui représente l’essence de tout phénomène moral – c’est-à-dire cette dimension idéelle qui distingue ce qui est de ce qui n’est pas (mais qui devrait ou pourrait être, ou dont on souhaite, espère, imagine, anticipe, qu’il soit). La contrefactualité est le cœur du phénomène moral. Or, chaque individu trouve dans le contexte dans lequel il est immergé toutes les ressources de contrefactualité qui permettent à chacune et chacun de de s’opposer à, ou de critiquer la réalité telle qu’elle est – y compris, donc son contexte propre.

Ses travaux sur la confiance (Au début est la confiance, 2020) puis sur la vie de l’esprit (Le second âge de l’individu, 2023, Déclaration universelle des droits de l’esprit humain, 2024), en même temps qu’ils prolongent sa critique de l’individualisme (La Tyrannie des modes de vie, 2015), ont élargi cette notion centrale de contrefactualité, pour montrer en quoi elle était constitutive de notre relation au monde[6]. Or, l’emprise du numérique menace cette relation au monde en enfermant l’esprit dans un monde de données, dans le donné des données, érodant ainsi tendanciellement sa capacité de contrefactualité. L’individu devient malgré lui un opérateur cybernétique, gérant sans cesse des inputs et des outputs. A monde cybernétique, esprit cybernétique. C’est la raison de principe pour laquelle Hunyadi propose de déclarer l’esprit humain patrimoine commun de l’humanité, comme on l’a fait pour les fonds marins[7].

C'est en outre un opposant au transhumanisme[8].

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Mark Hunyadi », sur Mark Hunyadi (consulté le ).
  2. « Mark Hunyadi », sur Babelio (consulté le ).
  3. https://www.franceculture.fr/personne-mark-hunyadi.html
  4. « Mark Hunyadi », sur Philosophie et Management (consulté le ).
  5. Mark Hunyadi, « Les limites politiques de la philosophie sociale: », Esprit, vol. Août-septembre, no 8,‎ , p. 80–93 (ISSN 0014-0759, DOI 10.3917/espri.1508.0080, lire en ligne, consulté le )
  6. « La confiance est un pari », Hermès, La Revue, vol. 88, no 2,‎ , p. 27–32 (ISSN 0767-9513, lire en ligne, consulté le )
  7. philomag, « Mark Hunyadi : vers une “déclaration des droits de l’esprit” | Philosophie magazine », sur www.philomag.com, (consulté le )
  8. « Le Temps du posthumanisme - Mark Hunyadi » [livre], sur Les Belles Lettres (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]