Liste des Ogiso

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Ogisos sont des rois semi-mythologiques du royaume du Bénin. La tradition orale fait remonter ces rois à des datations qui relèvent de la légende. Ogiso signifie roi du ciel en édo et la tradition orale suggère que trente et un de ces rois se succèdent pour gouverner sur la ville d'Edo. Cependant, la chronologie et l'existence des Ogisos suscitent des débats, leur histoire étant entrelacée de légendes et de révisions chronologiques. Ainsi, la datation légendaire s'étend jusqu'au Ier siècle tandis que les historiens estiment qu'ils gouvernent probablement entre le Xe siècle et le XIIIe siècle.

Aspects mythologiques[modifier | modifier le code]

Ils sont désignés comme roi du ciel[1] par contraction des termes ogie (roi) et iso (ciel) en édo. La tradition attribue aux Ogisos des pouvoirs mythiques. Ils apparaissent dans plusieurs contes et récits traditionnels édos avec la capacité de dialoguer avec des animaux, des plantes ou des objets. Selon cette tradition, trente et un ogisis règnent successivement, Jacob Engharevba en dénombre quinze tandis que Daryl Peavy nomme les trente et un en s'appuyant sur les différentes traditions orales[2].

Le mode de succession des Ogisos est inconnu, mais la primogéniture pourrait être le principal motif de par les coutumes populaires[2]. Toujours selon la tradition orale, le premier Ogiso, Obagodo ou Igodo, aurait gouverné et fondé le royaume d'Igodomigodo après avoir rencontré un peuple parlant l'édo[3].

Historique[modifier | modifier le code]

Au départ, selon la tradition orale, le Benin porte le nom d'Igodomigodo et est dirigé par les Ogiso[2]. Pendant le règne des Ogisos, les terres d'Edo ont des centres administratifs ou des capitales à Ugbeku puis à Ore Edo, aujourd'hui Benin City. L'autonomie communautaire est accordée à chaque communauté par les Ogiso pendant leur règne[4].

Durant le règne des Ogiso, l'Igodomigodo est un petit État dont le système gouvernemental s'appuie sur deux entités : le premier se charge de la nomination du roi, le second (l'Uzama) se compose de chefs et nobles qui exercent le contrôle sur les différents quartiers du royaume. Le conseil des Uzama survit durant l'ère des Obas et se composent de plusieurs titres créés par les Ogisos[2].

L'ère des Ogisos vient à son terme lorsqu'Ogiso Owodo est banni du Bénin à cause de l'hostilité du peuple à l'égard de sa gouvernance cruelle. Son unique héritier est à son tour exilé et un gouvernement républicain se met en place durant près d'un siècle. L'un des chefs, Evian, nomme son fils Ogiamwen à sa succession et les autres chefs s'y opposent. Ils réclament l'aide de la ville d'Ife afin de leur envoyer un descendant royal. Ọranyan se rend à Edo mais ne parvient pas à gouverner efficacement, il nomme alors son fils Eweka Ier qui devient le premier Oba du Bénin et crée une nouvelle dynastie[5].

Problèmes de la tradition orale[modifier | modifier le code]

Les études concernant la chronologie des Ogisos est en lien direct avec la formation du Royaume du Bénin et ne permettent pas de donner de date aussi précises que celles proposées par Daryl Peavy et exploitée dans le tableau ci-dessus. Selon la tradition orale, le dernier Ogiso, Owodo, est banni de la gouvernance d'Edo et mène à une période d'interrègne avant l'avènement des Obas. Selon Talbot, l'influence des Ogiso sur les Edos remonte aux raids Yoruba qui prennent le contrôle de la ville. Celle-ci est alors dirigée par des nobles et le conseil Uzama[6].

Les rois ogisos sont considérés comme des rois semi-mythologiques dont l'existence reste discutée[6]. Selon Eisenhofer, le début du règne des Ogisos remonterait en réalité au IXe siècle par Ogiso Ere qui introduit l'ekete (trône royal), les différents sièges des autres titres, les épées Ada et Eben (épées rituelles de l'autorité) ainsi que différents regalia[7].

Dans une étude ultérieure, Uyilawa Usuanlele et Toyin Falola soulignent les problématiques entre les différentes versions du texte d'Egharevba qui, initialement, confondait les Ogiso avec le nom d'un seul roi, puis par la suite leur donne plus d'importance en les associant à une migration provenant du Soudan et la région des Nupe. Ces changements sont perçus par Bradbury comme une tentative de rendre plus réaliste l'ère des Ogiso en réaction aux doutes sur l'existence de cette période[3].

Une confusion chronologique s'opère également entre l'ère des Ogisos et l'ancienneté de la fondation de la ville d'Edo, mêlant l'ensemble aux croyances locales telles qu'envers Osanobua, le dieu suprême. Les Ogisos auraient installé leur palais à l'est de la ville car il est prétendu que le dieu créateur réside là où se lève le soleil[8].

Une révision chronologique établit le règne moyen de chaque Ogiso à environ 8,5 ans, soit des règnes relativement courts qui témoignent d'une certaine fragilité de leur autorité[9]. Cette estimation coïncide avec le fait qu'entre 1000 et 1300, la région fait office d'exception et est habitée par plusieurs ethnies différentes, soit la durée éventuelle de 31 règnes de 8,5 ans[10].

Liste traditionnelle[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'une liste des Ogisos (rois) indépendants d'Igodomigodo, avant de devenir le royaume du Bénin sous la dynastie des Oba du Bénin, d'environ 100 avant notre ère jusqu'à 1 200 de notre ère. La datation est basée sur le récolement de la tradition orale des Edos effectué par Daryl Peavy[11],[12]. Ces dates ne sont cependant pas corroborées par la tradition récoltée par Egharevba de 1936 à 1968[7].

Nom Mentionné par Egharevba Règne
Ogiso Igodo Oui 40 BCE - 16 CE
Ogiso Ere Oui 16-66
Ogiso Orire "Le Jeune" Oui 66-100
Interrègne 100-385
Ogiso Odia 385-400
Ogiso Ighido 400-414
Ogiso Evbobo 414-432
Ogiso Ogbeide "L'aigle fier" 432-447
Ogiso Emehen "L'oracle" 447-466
Ogiso Ekpigho Oui 466-482
Ogiso Akhuankhuan Oui 482-494
Ogiso Efeseke 494-508
Ogiso Irudia 508-522
Ogiso Orria Oui 522-537
Ogiso Imarhan 537-548
Ogiso Etebowe 548-567
Ogiso Odion 567-584
Ogiso Emose (Peut être une femme) Oui 584-600
Ogiso Ororo (Peut être une femme) Oui 600-618
Ogiso Erebo 618-632
Ogiso Ogbomo 632-647
Ogiso Agbonzeke 647-665
Ogiso Ediae 665-685
Ogiso Orriagba Oui 685-712
Ogiso Odoligie Oui 712-767
Ogiso Uwa Oui 767-821
Ogiso Eheneden Oui 821-871
Ogiso Ohuede 871-917
Ogiso Oduwa 917-967
Ogiso Obioye Oui 967-1012
Ogiso Arigho Oui 1012–1059
Ogiso Owodo Oui 1059–1100

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. vanguard, « Benin, kingdom of the sky-kings », Vanguard News, (consulté le )
  2. a b c et d (en-CA) Benin History, « The Ogiso Era » (consulté le )
  3. a et b Uyilawa Usuanlele, Toyin Falola et Jacob Egharevba, « A Comparison of Jacob Egharevba's "Ekhere Vb Itan Edo" and the Four Editions of Its English Translation, "A Short History of Benin" », History in Africa, vol. 25,‎ , p. 361–386 (ISSN 0361-5413, DOI 10.2307/3172194, lire en ligne, consulté le )
  4. Team, « The Kingdom of Benin | African History | ThinkAfrica », Think Africa, (consulté le )
  5. G. A. Akinola, « The Origin of the Eweka Dynasty of Benin: A Study in the Use and Abuse of Oral Traditions », Journal of the Historical Society of Nigeria, vol. 8, no 3,‎ , p. 21–36 (ISSN 0018-2540, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Dmitri M. Bondarenko et Peter M. Roese, « Between the Ogiso and Oba Dynasties: An Interpretation of Interregnum in the Benin Kingdom », History in Africa, vol. 31,‎ , p. 103–115 (ISSN 0361-5413, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b Stefan Eisenhofer et Jacob Egharevba, « The Origins of the Benin Kingship in the Works of Jacob Egharevba », History in Africa, vol. 22,‎ , p. 141–163 (ISSN 0361-5413, DOI 10.2307/3171912, lire en ligne, consulté le )
  8. Dmitri M. Bondarenko et Peter M. Roese, « Benin Prehistory: The Origin and Settling down of the Edo », Anthropos, vol. 94, nos 4/6,‎ , p. 542–552 (ISSN 0257-9774, lire en ligne, consulté le )
  9. Dmitri M. Bondarenko, « Advent of the Second (Oba) Dynasty: Another Assessment of a Benin History Key Point », History in Africa, vol. 30,‎ , p. 63–85 (ISSN 0361-5413, lire en ligne, consulté le )
  10. Chike C. Aniakor, « "Do All Cultural Roads Lead to Benin?" The Missing Factor in Benin and Related Art Studies. A Conceptual View », Paideuma, vol. 43,‎ , p. 301–311 (ISSN 0078-7809, lire en ligne, consulté le )
  11. Daryl Peavy, Kings, Magic, and Medicine, (ISBN 978-0557183708, lire en ligne)
  12. « A nation in self-deceit », www.edoworld.net (consulté le )