Yves Dubé

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Yves Dubé
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Yves Dubé, né en 1935 et mort en 1991, est un pionnier de l'édition québécoise, un éditeur et un chef de file dans le milieu associatif littéraire québécois. Il est entré en littérature dans les années 60 et est resté fidèle au livre, aux auteurs et à l'édition québécoise jusqu'à son décès en 1991. Pendant plus de 20 ans, « il a travaillé sans relâche pour la promotion professionnelle de l'éditeur, la défense des valeurs culturelles de la littérature québécoise ici et à l'étranger et pour l'amélioration des conditions d'existence des éditeurs et des écrivains»[1]. Il est le frère de l'auteur et dramaturge Marcel Dubé.

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière[modifier | modifier le code]

Yves Dubé a commencé sa carrière dans les années 60, d'abord chez Leméac où il a été engagé comme directeur de la collection théâtre. Il y publiera toute une génération de nouveau auteurs québécois dont son frère Marcel Dubé qui sort Zone en 1968, mais aussi plus tard Antonine Maillet avec La Sagouine en 1972, Michel Tremblay avec Les Belles sœurs à l'automne de la même année, et également l'humoriste et chansonnier Yvon Deschamps avec ses Monologues[2].

« Lorsque l’énigmatique Yves Dubé rejoint Gérard Leméac, au début des années 60, sa passion pour le théâtre et le roman d’ici provoque un virage éditorial vers ces directions. Son frère, Marcel Dubé, sera le premier dramaturge à publier sous l’étiquette Leméac avec Zone, en 1968, une pièce réaliste, manifeste des changements culturels et politiques de la société québécoise qui levait nombre de tabous. Il est considéré comme le père de la dramaturgie québécoise contemporaine.»[3]

Yves Dubé devient rapidement directeur littéraire de Leméac, et quelques années plus tard directeur général. "En 1968, sous l’impulsion du directeur littéraire Yves Dubé, la maison met sur pied sa collection « Théâtre », qui connaît un succès immédiat. Au cours des années 1970, plusieurs autres collections sont créées, notamment en ethnologie et en histoire sociale, lesquelles font découvrir la richesse des cultures populaires et amérindiennes. Vers le milieu des années 1970, la collection « Roman » s’enrichit avec l’arrivée de nouveaux écrivains.»[4],[5].

C'est Yves Dubé qui donne sa chance à Michel Tremblay et le publie pour la première fois : « Bientôt, c’est le séisme créé par le joual de Michel Tremblay. En 1969, avec l’adaptation de la pièce Lysistrata (du Grec Aristophane), il publie son premier texte chez Leméac, maison qu’il ne quittera plus en 40 ans de publications. « Je suis fidèle, confie le père des Belles-sœurs. Yves Dubé a édité mon théâtre à l’époque et c’est à lui que j’ai proposé mon premier roman, La Grosse Femme d’à côté est enceinte. Leméac était la seule maison d’édition qui avait l’audace de proposer une vraie collection de théâtre, c’était un risque à prendre, on le sait: le théâtre vend peu. » [3]

Yves Dubé est également à l'origine de la carrière d'Antonine Maillet dont il publie La Sagouine en 1972 et qui « remportera sept ans plus tard le Prix Goncourt, en 1979, avec Pélagie-la-Charrette.» [3]

Dix ans après sa création, la maison d'édition a le vent dans les voiles, « Leméac est passée d'une vocation scolaire et axée sur la jeunesse à des collections conjuguant littérature et essais, sous la direction d'Yves Dubé, jusqu'en 1986.»[2] À ses débuts, Leméac éditait seulement « des livres scolaires et ce n’est que sous l’impulsion d’Yves Dubé, une douzaine d’années plus tard, qu’elle prendra un virage littéraire et théâtral, recrutant les dramaturges Marcel Dubé, Antonine Maillet et Michel Tremblay»[3].

Yves Dubé claque la porte de Leméac en décembre 1986 quand la maison d'édition doit changer de ligne éditoriale et de structure pour redresser sa situation économique. « Étant incapable de m'entendre avec les nouveaux administrateurs, je venais de quitter Leméac et à cinquante et un ans, je me sentais un peu comme on doit se sentir à la croisée des chemins.»[1] « Au milieu des années 80, les règles du jeu ont changé. Le monde culturel est devenu un monde des affaires impitoyable, et le moindre manque de rigueur comptable est sanctionné. Lorsqu’Yves Dubé quitte le bateau, en 1986, c’est, au niveau financier, une épave qu’il laisse en héritage.»[3].

Yves Dubé se joint alors à Marc-André Guérin, qu'il connaissait depuis des années et qui avait été son professeur, et à l'équipe de Guérin éditeur pour créer Guérin littérature. En effet, après être devenu le plus important éditeur de manuels scolaires au Canada, Marc-Aimé Guérin avait décidé alors de compléter ses activités en s'ouvrant à la littérature générale. « Reconnaissant les qualités qui avaient permis à Yves Dubé de mener Leméac au grand succès que l'on sait, il fit appel à lui en lui remettant le soin d'animer ce secteur et de le faire croître le plus rapidement possible.»[1] Dès son entrée en fonction, il soutient la carrière du romancier et homme de lettres Bertrand Vac dont il va favoriser la publication de quatre titres : Jean Lallemand raconte chez Louise Courteau éditrice (1987), ouvrage qu'il devait initialement publier chez Leméac, ce dont il a été empêché à cause de son départ, puis Bizarres en 1988, Le choix de Bertrand Vac dans son œuvre en 1989 et enfin Les Voluptueuses en 1992.

Participations associatives[modifier | modifier le code]

Parallèlement à ses activités d'éditeur, Yves Dubé a œuvré pendant plus de dix ans à l'Association des éditeurs canadiens dont il a été président à plusieurs reprises. Il a joué un rôle actif à l'Union des éditeurs de langue française (U.É.L.F.), organisme international qu'il a présidé de 1981 à 1983. Il a été également le premier président de la Société de développement du livre et du périodique au moment de la disparition du Conseil supérieur du livre. « À ces différents postes, il n 'a pas hésité à mener les luttes que commandaient ses différents objectifs et, en particulier, il s'est à plusieurs reprises attaqué au rôle colonisateur de la France dans la vie culturelle québécoise.» [1]

Mort[modifier | modifier le code]

Yves Dubé décède en 1991 et laisse un grand vide derrière lui dans le milieu de l'édition. L'aumonier Ambroise Lafortune lui ferme les yeux à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu à Montréal[6]. Sa disparition sera soulignée par de nombreux hommages (notamment par André Vanasse dans Lettres Québécoises[7] et par Bertrand Vac dans son livre de souvenirs Que le diable m'emporte[6]). Par ailleurs, un recueil collectif lui est consacré en 1992 et sera publié sous le titre Les adieux du Québec à Yves Dubé[8].

« Yves Dubé fut et resta, pour une bonne part, une énigme aux yeux de ceux qui l'ont connu. Sa passion pour le livre et la littérature n'a cependant jamais fait aucun doute. Les textes réunis dans ce livre témoignent, de façon émouvante, des multiples facettes de l'homme et de son œuvre. Son apport à la littérature et à l'édition au Québec se dégage, inestimable et unique.»[8]

« Puis, il y avait eu Yves Dubé, qui avait veillé à l'édition des livres de Bertrand Vac pendant quelques années avec une dévotion dont je lui étais reconnaissant. Un jour, j'étais allé le voir à l'Hôtel-Dieu, où il avait dû être opéré d'urgence. Je croyais avoir fait une visite qu'on tâcherait d'oublier, quand on se reverrait pour prendre un verre quelque part. Il n'en était rien. On me glissa qu'il était très, très mal et que je ne le reverrais pas vivant.»[6]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adrien Thério, «Yves Dubé, hommage à l'homme et à l'éditeur, un bel adieu à un fou du livre»[9].
  • Simone Bussières (livre collectif sous la direction de), Les adieux du Québec à Yves Dubé, Montréal, Guérin littérature, collection Presse Laurentienne, 1992, 180 p. (ISBN 9782760125605)

Archives sonores[modifier | modifier le code]

  • Yves Dubé et les années Leméac, entrevue avec R. Giguère, J. Michon, S. Faure, 27 août 1990, Montréal, cassette et texte[10].
  • Yves Dubé et la collection « Théâtre» chez Leméac, entrevue avec Pierre Lavoie, 31 décembre 1984, Montréal, cassette et texte[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Adrien Thério, « Yves Dubé, éditeur », Lettres Québécoises, Montréal, no 50,‎ , p. 10, 11, 12 (lire en ligne)
  2. a et b Lisa-Marie Gervais, « Leméac fête ses 50 ans », Le Devoir, Montréal,‎ (lire en ligne)
  3. a b c d et e Adeline Corrèze, « Leméac a 50 ans : l'édition n'est pas un long fleuve tranquille », Revue Les Libraires,‎ (lire en ligne)
  4. Salon du livre de Trois-Rivières, « Leméac éditeur »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur sltr.qc.ca, 2021-2022 (consulté le ).
  5. Leméac éditeur, « La maison Leméac », sur lemeac.com, (consulté le ).
  6. a b et c Bertrand Vac, Que le diable m'emporte, Québec, Memento, , 413 p., p. 368
  7. André Vanasse, « Yves Dubé, un homme d'une extrême qualité », Lettres Québécoises, Montréal, no 64,‎ hiver 1991-1992, p. 4 (lire en ligne)
  8. a et b Simone Bussières (livre collectif sous la direction de), Les Adieux du Québec à Yves Dubé, Montréal, Guérin littérature, collection Presse Laurentienne, , 180 p. (ISBN 9782760125605 et 2760125602)
  9. Adrien Thério, « Yves Dubé, hommage à l'homme et à l'éditeur », Lettres Québécoises, Montréal, no 68,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  10. R. Giguère, J. Michon, S. Faure, « Leméac – Yves Dubé », sur Archives éditoriales, (consulté le ).
  11. Pierre Lavoie, « Yves Dubé et la collection "Théâtre" chez Leméac », sur Archives éditoriales, (consulté le ).