Mouvement national congolais-Kalonji

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Le Mouvement national congolais-Kalonji est un parti politique présidé par Albert Kalonji en République démocratique du Congo, né en 1959 d'une division du Mouvement national congolais de Léopoldville[1].

Naissance[modifier | modifier le code]

À l'origine, le Mouvement national congolais-Kalonji nait d'une scission en deux tendances du Mouvement national congolais crée par Patrice Lumumba pour l'indépendance du Congo belge. Une tendance manifeste l'indépendance totale du Congo belge (les "radicaux") tandis que l'autre aspire à une indépendance en préservant les fondements politiques en place et un soutien belge (les "modérés"). Albert Kalonji, dirigeant du MNC à l'échelle provinciale au Kasaï et fondateur du parti du Mouvement national congolais-Kalonji en devenir, fait partie de la tendance des "modérés"[2].

En 1959, à l'aube de la conférence de la Table ronde et de la déclaration de l'indépendance, des critiques adressées à l'égard de Lumumba (exprimées notamment par Joseph Iléo et Joseph Ngalula) mène à une scission dans l'aile dite "modérée" du mouvement en deux tendances : d'une part celle de Lumumba (unitariste) et d'autre part celle de Kalonji (fédéraliste)[3].

Lorsque Kalonji se sépare du MNC en juillet 1959, il souligne notamment dans une interview: "Nous étions devenus des adversaires politiques : lui était unitariste, moi fédéraliste allié à Kasa-Vubu (…). Dès que Lumumba a mis pied à Bruxelles, on n’a plus parlé de moi ! Il y en avait que pour lui. Toutes les déclarations de la Table Ronde devenaient siennes …"[4].

Le MNC-Kalonji est créé sur base de l'ethnie Luba[5].

La présidence du MNC-Kalonji est assumée dès l'indépendance en 1960 par Albert Kalonji[5].

Positions politiques[modifier | modifier le code]

Le MNC-Kalonji s'organise en Cartel avec l'Abako et le P.S.A dès le 22 novembre 1959.

Lors du Congrès de Kisantu du 24 au 27 décembre 1959 ayant eu lieu à l'initiative de l'Abako, du MNC-Kalonji, le PSA et le Parti du peuple (les partis du Cartel), des résolutions sont adoptées et font ressortir la volonté du Cartel d'une indépendance immédiate et totale du Congo. De ces résolutions ressort également l'intention d'organiser des élections législatives afin de former un gouvernement[6].

En octobre et novembre 1959, le MNC-Kalonji se prononce en faveur du fédéralisme[7].

Le MNC-Kalonji à la Table ronde[modifier | modifier le code]

Le 20 janvier 1960, le MNC-Kalonji participe à la Conférence de la Table ronde à Bruxelles, dans laquelle il est représenté parmi les délégations congolaises à travers le Cartel[8]. Cette rencontre, lors de laquelle des résolutions sur la future indépendance du Congo belge ont été adoptées et sa date fixée au 30 juin de la même année, a ouvert la voie aux révoltes de diverses sécessions de 1959, dont la scission du MNC[9]. Le MNC-Kalonji compte parmi les partis ayant posé comme exigence au ministre August de Schryver en décembre 1959 que des conseillers soient présents dans les délégations congolaises participant à la Table ronde[10].

Jules Gérard Libois est le conseiller du MNC-Kalonji à la Table ronde[8].

Le MNC-Kalonji défend le fédéralisme à la Table ronde, mais ce sont des structures unitaires qui sont mises en place avec une décentralisation vers les provinces[8].

Elections[modifier | modifier le code]

En raison de négocations n'ayant pas abouti, le MNC-Kalonji s'oppose à la participations aux élections locales de décembre en 1959 et demande à son parti de s'en abstenir[11]. Kalonji précise la position de son parti en déclarant le 15 décembre que "les candidats M.N.C. se sont inscrits au Kasaï, en prévision d’un résultat heureux des conversations avec le Ministre. La situation étant ce qu’elle est, le M.N.C. s’abstiendra de participer aux élections"[12].

Lors des premières élections officielles organisées de mai à juin 1960, le MNC-Kalonji est l'un des quarante partis politiques y participant[13].

Aux élections de mai 1960, le MNC Kalonji remporte dans la région du Kasai vingt et un sièges au niveau provincial (sur 420) et huit sièges au niveau national (sur 137). En dehors du Kasai, le MNC Kalonji recense un élu à Elisabethville[14].

Le MNC-Kalonji après l'indépendance du Congo[modifier | modifier le code]

Le MNC Kalonji obtient huit sièges au parlement. Il ne fait pas partie du gouvernement constitué par Lumumba[15].

Après le 4 juillet 1960 et les élections législatives, lors du premier conseil des ministres, des partisans du MNC-Kalonji se réunissent devant le parlement et réclament la démission de Lumumba et la montée au pouvoir de Kalonji. Ils veulent renverser le gouvernement[16].

Membres du MNC-Kalonji[modifier | modifier le code]

Le MNC-Kalonji compte notamment les membres suivants:

Albert Kalonji est le fondateur du MNC-Kalonji[1].

Joseph Iléo est le co-fondateur du MNC-Kalonji[17].

Frédéric Mwamba occupe la fonction de secrétaire du MNC-Kalonji[18].

Jules Gérard-Libois est le conseiller du MNC-Kalonji à la Table ronde[10].

Joseph N'galula[19].

La question du fédéralisme post MNC-Kalonji[modifier | modifier le code]

Cette question a notamment été soulevée en 2001: « Les politiciens des années 60 demandaient à la table Ronde de Bruxelles un statut fédéral (…). Quant à nous, nous ne cessons de répéter : la centralisation nuit à la production des forces. (…) la constitution de Luluabourg de 1964 est un outil de travail. La nouvelle constitution doit offrir au monde les lois organiques qui doivent régir jusqu´à la nuit des temps l´Union du peuple congolais. Toutes les provinces, la démocratie communale… Nous pensons que le partage du pouvoir permettrait aux provinces qui forme l´Union, de se gouverner elles-mêmes dans tout ce qui ne regarde que leur prospérité intérieure, sans que la nation entière, représentée par l´Union, cesse de faire corps et de pouvoir à tous ses besoins généraux. »[20].

Elle a encore été soulevée en 2006: "La démocratie est garantie par le fédéralisme (…) la configuration qu´on nous propose ne peut fonctionner et les pouvoirs exorbitants octroyés au Président de la République ne peuvent qu´engendrer conflits et récriminations futurs. Le fédéralisme donne à tous les groupes du pays une légitimité égale, ce qui rend les pouvoirs réellement indépendants les uns des autres"[21].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b La déclaration gouvernementale sur l'avenir du Congo, Courrier hebdomadaire du CRISP, 19/5, n°5, p. 4 à 9.
  2. NZONGOLA-NTALAJA, "The Continuing Struggle for National Liberation in Zaire", The journal of Modern African Studies: vol. 17, 1979, p. 595 à 596; "Comment s'est développé le processus à propos du Congo", Courrier hebdomadaire du CRISP, 1959/44, p. 8 à 19.
  3. ZONGOLA-NTALAJA, "The Continuing Struggle for National Liberation in Zaire", The journal of Modern African Studies: vol. 17, 1979, p. 599; "Comment s'est développé le processus à propos du Congo", Courrier hebdomadaire du CRISP, 1959/44, p. 8 à 19; BRAECKMAN, C., GASIBIREGE, S., GERARD-LOUIS, J., KESTERGAT, J., VANDERLINDEN, J., VAN DER STEEN, D., VERHAEGEN, B., WILLAME, J.-C., Congo Zaïre – la colonisation – l’indépendance – le régime Mobutu – et demain ?, Grip, 1990; NIEDERGANG, M., Tempête sur le Congo, Plon, Paris, p. 79 à 81.
  4. KIBEL’BEL OKA, N., « Cinquantenaire du Congo », Editions Sources du Nil. Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo, 2010; D. JOOS, breve histoire contemporaine de l’Afrique noir – de la colonisation à l’indépendance ; NIEDERGANG, M., Tempête sur le Congo, Plon, Paris, p. 188 à 190.
  5. a et b "Comment s'est développé le processus à propos du Congo", Courrier hebdomadaire du CRISP, 1959/44, p. 8 à 19; BRAECKMAN, C., GASIBIREGE, S., GERARD-LOUIS, J., KESTERGAT, J., VANDERLINDEN, J., VAN DER STEEN, D., VERHAEGEN, B., WILLAME, J.-C., Congo Zaïre – la colonisation – l’indépendance – le régime Mobutu – et demain ?, Grip, 1990; NIEDERGANG, M., Tempête sur le Congo, Plon, Paris.
  6. « Actualités Congolaises. (élections ; congrès de Kisantu ; table ronde) », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1960/3 (n° 49), p. 1-14.
  7. « Actualités Congolaises. (élections ; congrès de Kisantu ; table ronde) », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1960/3 (n° 49), p. 1-14; Comment s'est développé le processus à propos du Congo", Courrier hebdomadaire du CRISP, 1959/44, p. 8 à 19; NIEDERGANG, M., Tempête sur le Congo, Plon, Paris, p. 79 à 81.
  8. a b et c BRASSINNE, J., « Les conseillers à la Table ronde belgo-congolaise », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1989/38-39 (n° 1263-1264), p. 1-62.
  9. RORISON, S.,« Congo : Democratic Republic – Republic », p.68; BRASSINNE, J., « Les conseillers à la Table ronde belgo-congolaise », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1989/38-39 (n° 1263-1264), p. 1-62.
  10. a et b BRASSINNE, J., « Les conseillers à la Table ronde belgo-congolaise », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1989/38-39 (n° 1263-1264), p. 1 à 62.
  11. BRASSINNE, J., « Les conseillers à la Table ronde belgo-congolaise », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1989/38-39 (n° 1263-1264), p. 1-62: « Actualités Congolaises. (élections ; congrès de Kisantu ; table ronde) », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1960/3 (n° 49), p. 1 à 14.
  12. « Actualités Congolaises. (élections ; congrès de Kisantu ; table ronde) », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1960/3 (n° 49), p. 1-14; VERMONT, R., « L’indépendance du Congo belge », Revue des Deux Mondes (1829-1971), 1960, p. 577 à 592.
  13. MABIALA MANTUBA-NGOMA, P., « Les élections dans l’histoire politique de la République démocratique du Congo (1957-2011), publications de la Konrad Adenauer Stiftung, Kinshasa, 2013, p. 23.
  14. VANDERSTRAETEN, L.- F., De la force publique à l’Armée Nationale Congolaise – Histoire d’une mutinerie – Juillet 1960, Document Duculot, 1985, p. 51 à 52.
  15. BOISSONNADE, E., Le mal zaïrois, Hermé, Paris, 1990; NIEDERGANG, M., Tempête sur le Congo, Plon, Paris, p. 100 à 101.
  16. RIBEAUD, P., Adieu Congo, La table ronde, 1961, p. 61 à 64.
  17. NIEDERGANG, M., Tempête sur le Congo, Plon, Paris, p. 60 à 61.
  18. « Actualités Congolaises. (élections ; congrès de Kisantu ; table ronde) », Courrier hebdomadaire du CRISP, 1960/3 (n° 49), p. 1 à 14.
  19. NIEDERGANG, M., Tempête sur le Congo, Plon, Paris, p.68.
  20. Graduate Institute, « LA RDC FACE À L´HISTOIRE » disponible sur : https://grandslacs.graduateinstitute.ch/files_on_st7210/2177.pdf.
  21. Benoit-Janvier Tshibuabua-Kapy´A Kalubi, « Le fédéralisme et la gouvernance locale en République du Congo », Mondes en développement, 2006, disponible sur : https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2006-1-page-45.htm.