Le Dit d'Aka

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Dit d'Aka
Auteur Ursula K. Le Guin
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Roman
Science-fiction
Version originale
Langue Anglais américain
Titre The Telling
Éditeur Harcourt
Lieu de parution San Diego
Date de parution
ISBN 0-15-100567-2
Version française
Traducteur Pierre-Paul Durastanti
Éditeur Robert Laffont
Collection Ailleurs et Demain
Lieu de parution Paris
Date de parution
Type de média Livre papier
Nombre de pages 384
ISBN 2-221-09135-3
Chronologie
Série Cycle de l'Ékumen

Le Dit d'Aka (titre original : The Telling) est un roman de science-fiction, publié en 2000, écrit par Ursula K. Le Guin. Il a remporté le prix Locus du meilleur roman de science-fiction en 2001.

Il fait partie du Cycle de l'Ékumen.

C'est un récit principalement centré sur l'anthropologie, les traditions de narration (notamment orales, mais aussi écrites), la religion (en particulier le taoïsme, comme dans l'ensemble de l'œuvre de Le Guin) et la politique : il décrit la résistance à un gouvernement totalitaire semblable à la Chine sous contrôle communiste parce qu'il impose une croissance à marche forcée, comme le Grand Bond en avant, et mène une répression culturelle et religieuse, comme lors de la révolution culturelle.

Résumé[modifier | modifier le code]

Ce roman raconte l'histoire de Sutty, une historienne terrienne envoyée en tant qu'observatrice de l'Ékumen sur la planète Aka, chargée d'un rapport sur la langue et la littérature autochtones, et son implication dans la résistance populaire d'une minorité rurale qui maintient l'ancienne tradition du récit (« le Dit ») contre l'oppression et la tentative d'oblitération culturelle et religieuse totale perpétrées par un gouvernement corporatiste, athée et techno-scientiste.

Analyse critique[modifier | modifier le code]

Thèmes[modifier | modifier le code]

Le Dit d'Aka est un récit centré sur la religion, la politique, l'art et les traditions du récit[1], ainsi que la valeur de la mémoire collective historique pour l'utopie et la réconciliation[2].

L'écriture est typique de l'approche anthropologique de l'œuvre de Le Guin : la protagoniste est une observatrice extérieure en immersion au sein de civilisations fortement contrastées[3].

Analogie historique[modifier | modifier le code]

Ursula Le Guin a construit son récit comme un parallèle avec l'histoire chinoise au cours du Grand Bond en avant et en rapport avec sa révolution culturelle et la répression du taoïsme[4],[5]. La pratique du récit et les croyances observées par la protagoniste sur Aka sont explicitement comparées au bouddhisme et au taoïsme[6], et la répression de ce système de spiritualité (et non de religion d'après la protagoniste,contrairement à ce qu'affirme le gouvernement local) fait écho aux actions du gouvernement chinois à l'encontre des pratiques religieuses ; par le biais de la protagoniste, Le Guin critique explicitement cette violence gouvernementale en la qualifiant de « terrorisme séculier »[7].

Selon Marek Oziewicz, Le Dit d'Aka peut également être lu comme « la réponse pleine d'espoir de Le Guin à la situation critique du Tibet sous l'occupation chinoise »[8].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Le Dit d'Aka a obtenu le prix Locus du meilleur roman de science-fiction 2001.

Éditions[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. David Seed, A Companion to Science Fiction, Blackwell Publishing, 2005, page 417.
  2. Baccolini 2003.
  3. Harry Turtledove, The Best Time Travel Stories of the 20th Century, Del Rey Books, 2005, page 388.
  4. Lawson 2002, p. R18. « In her comments on the origins of the novel, Le Guin points out a connection with Maoist China and its suppression of Taoism ».
  5. « elle définit le Système akien comme une religion de type bouddhique ou taoïste [...] Pas de créateur, juste la création. Pas de père éternel pour récompenser et châtier, justifier l’injustice, ordonner la cruauté, offrir le salut. L’éternité n’est pas un point final, mais bien une continuité. La division primale de l’être en principes matériel et spirituel ? Deux-en-un, l’un sous deux aspects. La Nature et la Surnature à égalité. Pas de paire Ténèbres/ Lumière, Mal/Bien, ou Corps/Âme. Pas de vie après la mort, ni de renaissance, ni d’âme immortelle désincarnée. Pas de paradis, pas d’enfer. Le Système akien est une discipline spirituelle, aux objectifs spirituels, mais les objectifs qu’elle cherche à atteindre dans le domaine du bien-être corporel et éthique sont les mêmes. L’action juste est sa propre fin » (Le Dit d'Aka, chapitre 4).
  6. « elle avait du mal à se faire à l’idée qu’ici, ironie du sort, tout se passait à l’inverse de ce qu’elle avait connu jadis, en une sorte de négatif : c’étaient les croyants les persécutés. Mais chacun avait foi en sa propre croisade : terroristes séculiers, terroristes religieux, où était la différence ? » (Le Dit d'Aka, chapitre 4).
  7. (en) Marek Oziewicz, « Dancing the Tao: Le Guin and Moral Development by Sandra J. Lindow », Hungarian Journal of English and American Studies, vol. 19, no 2,‎ (lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Matt Buscemi, « The Telling by Ursula K. Le Guin », SF Book Reviews,‎ (lire en ligne).
  • (en) Raffaella Baccolini, « “A useful knowledge of the present is rooted in the past” : Memory and Historical Reconciliation in Ursula K. Le Guin’s The Telling », dans Dark Horizons, , p. 113-134.
  • (en) Tom Moylan, « “The moment is here… and it's important” : state, agency, and dystopia in Kim Stanley Robinson's Antarctica and Ursula K. Le Guin's The Telling », dans Dark Horizons, , p. 135-153.
  • (en) Jessie Lawson, « The Telling », Cultural Analysis, vol. 3,‎ , R17-R23 (lire en ligne).
  • (en) Christopher Cobb, « Ursula K. Le Guin’s The Telling: A Celebration of Daily Life », Strange Horizons,‎ (lire en ligne).
  • (en) Gregory Feeley, « Watcher from Another World », The Washington Post,‎ (lire en ligne).
  • (en) Gerald Jonas, « Science Fiction », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  • (en) Morrie Ruvinsky, « To Tell the Truth », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne).
  • (en) Christopher Saunders, « The Telling by Ursula K. Le Guin », sur BookReporter.com, .
  • (en) Alan DeNiro, « The Telling », Rain Taxi,‎ (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]