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Grégoire de Chypre (moine nestorien)

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Grégoire de Chypre
Biographie
Naissance
Activités

Grégoire de Chypre est un moine de l'Église d'Orient, écrivain religieux de langue syriaque, actif dans la première moitié du VIIe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Sa vie est racontée sommairement dans la Chronique de Séert[1] et dans le Livre de la chasteté d'Ichodenah de Bassora[2]. Il était anciennement situé au IVe siècle (comme contemporain d'Épiphane de Salamine)[3], mais l'étude interne des textes conservés (par Irénée Hausherr) a montré que c'était impossible[4].

Selon la Chronique de Séert, il était natif de la ville de Nastir, en Susiane, donc Persan. Ichodenah affirme qu'il fut d'abord marchand, et qu'il embrassa la vie monastique à la suite de visions. Il se rendit à Édesse où il se mit à l'école d'un certain Moïse. Puis il rejoignit les solitaires du mont Izla, qu'il servit d'abord, avant d'entrer lui-même en religion. Selon Ichodenah, il retourna à un certain moment dans son pays pour ramener sa sœur et la placer dans un couvent à Nisibe. Il partit ensuite pour Chypre et s'y joignit à une communauté monastique, mais comme il ne savait pas le grec il y commença comme jardinier. Très vite, cependant, il acquit une parfaite maîtrise de la langue, et il finit par être élu supérieur de la communauté. L'archevêque chypriote dont parle la Chronique de Séert (« Larqadis » ?) ne serait pas Épiphane, mais Arcadios (archevêque de Constantia de 625 à 641/42[5]).

Ensuite il retourna au mont Izla, dans son ermitage précédent, mais Moïse, « chef des clercs », lui écrivit une lettre pour le blâmer de s'être rendu chez les Grecs. Grégoire répondit qu'il y était allé sur l'ordre de Dieu et que l'archevêque l'attendait. Il mourut peu de temps après son retour au mont Izla et fut enseveli auprès de Mar Awgin.

Grégoire de Chypre est un contemporain de Babaï le Grand. Il s'opposa à Hénana d'Adiabène, le maître de l'École de Nisibe qui provoqua un schisme dans l'Église d'Orient. Il combat dans ses écrits l'origénisme et le messalianisme.

On lui attribue sept traités consacrés à la vie monastique, et trois lettres. Le seul texte qui ait été publié est le De theoria sancta, mais d'autres subsistent dans des manuscrits. Il s'appuie notamment sur la doctrine d'Évagre le Pontique (Les huit vices capitaux, la division de la vie spirituelle, la distinction entre science et sagesse, la place des sens spirituels...).

Édition[modifier | modifier le code]

  • Irénée Hausherr (éd.), Gregorii Monachi Cyprii De Theoria Sancta quæ syriace interpretata dicitur Visio Divina, Orientalia Christiana Analecta 110, Rome, Pontificium Institutum Orientalium Studiorum, 1937.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Irénée Hausherr, « Aux origines de la mystique syrienne : Grégoire de Chypre ou Jean de Lycopolis ? », Orientalia Christiana Periodica 4, 1938, p. 497-520.
  • Irénée Hausherr, Hésychasme et prière, Orientalia Christiana Analecta 176, Rome, Pontificium Institutum Orientalium Studiorum, 1966.
  • Jean Kirchmeyer, article « Grégoire de Chypre, moine nestorien, VIe – VIIe siècle », Dictionnaire de spiritualité ascétique et mystique : doctrine et histoire, Paris, Beauchesne, 1967 (t. VI, col. 920-922).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Éd. Addaï Scher, Patrologia Orientalis, t. V, p. 273-275 (§ 48, consacré aux Pères appelés Grégoire, notamment Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze, Grégoire l'Illuminateur, et celui-ci).
  2. Éd. Paul Bedjan, Leipzig, 1901, p. 445 (Vie n° 12).
  3. Joseph-Simonius Assemani, Bibliotheca Orientalis, t. I, Rome, 1719, p. 170-174.
  4. Grégoire connaît des auteurs bien postérieurs, entre autres Philoxène de Mabboug, et les problématiques théologiques de ses textes sont également bien plus tardives.
  5. Voir Jean-Pierre Sodini, « Les inscriptions de l'aqueduc de Kythréa à Salamine de Chypre », in Eupsychia : Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000, vol. I, p. 619-633.