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Eugène Poubelle

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Eugène Poubelle
Photo d'Eugène Poubelle par l'Atelier Nadar
Fonctions
Conseiller général
Aude
Canton de Saissac
-
Ambassadeur de France près le Saint-Siège
-
Armand Nisard (d)
Préfet de la Seine
-
Préfet des Bouches-du-Rhône
-
Préfet du Doubs
-
Préfet de Corse
Préfet de l'Isère
-
Préfet de la Charente
-
Titre de noblesse
Comte romain
Biographie
Naissance

Rue de Bayeux (d) (Caen)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Sépulture
Cimetière de Grèzes, Carcassonne
Nationalité
Activités
Famille
Conjoint
Gabrielle Lades-Gout (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions
Archives conservées par
signature d'Eugène Poubelle
Signature
Sépulture au cimetière de Grèzes-Herminis.

Eugène René Poubelle, né le à Caen et mort le à Paris 8e, est un juriste, administrateur et diplomate français.

Les décisions qu'il a prises, à partir de 1883, en tant que préfet de la Seine, afin d'améliorer l'hygiène de la ville de Paris, ont fait donner son nom aux récipients contenant les déchets ménagers, les poubelles.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d’une famille bourgeoise de Caen, il mène des études brillantes de droit dans sa ville natale et obtient l’agrégation, puis un doctorat. Attaché à l’université de Caen, il est envoyé en disgrâce à de Grenoble, comme chargé de cours, pour avoir refusé de signer une adresse de félicitations à l’empereur en 1839, lors de la signature de l’armistice de Villafranca[2].

Muté à l’université de Toulouse pour occuper la chaire de code civil, il s’engage, au commencement de la guerre de 1870, comme artilleur dans une batterie de l’École polytechnique. Sa conduite, lors des bataille du Bourget, de Champigny et de Buzenval, lui vaut d’être décoré de la médaille militaire, le 8 février 1871[2].

Au retour de la paix, Adolphe Thiers le nomme préfet de la Charente, le . Il poursuit alors une carrière préfectorale, enchaînant successivement les postes de préfet de l’Isère, de Corse, au 24 mai 1875 ; il donne sa démission de préfet et reprend sa chaire à la faculté de Toulouse[2].

Sous la présidence de Jules Grévy, il est successivement nommé préfet du Doubs, des Bouches-du-Rhône, puis enfin de la Seine, de 1883 à 1896 en remplacement de Oustry, le 19 octobre 1883, poste qu’il occupera jusqu’au 23 mai 1896. En 1889, il est chargé par le président Carnot, de se rendre à Magdebourg, lors de l'exhumation des restes de Lazare Carnot ramenés en France pour être panthéonisés[2].

Notamment chargé de l'administration courante de la Ville de Paris, le préfet de la Seine exerce alors une grande influence à une époque où la fonction de maire de Paris est abolie. Il est ainsi amené à prendre les arrêtés du et du [3] obligeant les propriétaires d'immeubles à mettre à disposition de leurs locataires des récipients communs, munis d'un couvercle et d'une capacité suffisante pour contenir les déchets ménagers. La dimension et même la contenance de ces récipients sont alors strictement contrôlées : 40 à 120 litres. L'arrêté prévoit également le tri des déchets : trois boîtes sont obligatoires, une pour les matières putrescibles, une pour les papiers et les chiffons et une dernière pour le verre, la faïence et les coquilles d'huîtres, améliorant de manière considérable l'hygiène des foyers de la capitale. En effet, le nombre d'habitants à Paris – avoisinant les deux millions – et la présence de nombreux immeubles collectifs rendent indispensable l'organisation d'un ramassage régulier.

Les Parisiens adoptent rapidement l'habitude de désigner les réceptacles à ordures du nom du préfet Poubelle. Se heurtant à l'hostilité de la population, ce nouveau règlement n'est que partiellement respecté. Les propriétaires perçoivent l'ajout de nouvelles charges, les concierges, des tâches supplémentaires à accomplir et les chiffonniers, comme une menace de perdre leur gagne-pain. Les boîtes détériorées ne sont alors pas remplacées, les anciennes pratiques perduraient par endroits. L'essentiel des décisions du préfet Poubelle a cependant été appliqué. Les ordures sont domestiquées et enfermées et l'exemple de Paris se répand dans les villes de province. Ce n'est toutefois qu'après la Seconde Guerre mondiale que les poubelles deviennent d'un usage courant. L'enlèvement des ordures est dès lors organisé avec régularité par les municipalités.

La définition de la « poubelle » est insérée en 1890 dans le supplément du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle. Sous son administration, s’élèveront l’hôtel des postes, la bourse du commerce, la nouvelle Sorbonne, et de nombreuses rues seront percées ou élargies[2].

Poubelle a apporté les plus utiles améliorations dans le service des eaux, en mettant en œuvre le tout-à-l'égout, concept qui, à la suite de la dernière résurgence du choléra en 1892, gagne la faveur du public. Cela lui permet, en 1894, de faire passer un arrêté imposant aux propriétaires de raccorder leurs immeubles au réseau d'égout et de payer les frais d'exploitation afférents à la collecte de leurs eaux usées.

Contre l'avis des commissions médicales, il signe l'arrêté préfectoral qui autorise les femmes à s'inscrire au concours de l'internat. Daté du , cet arrêté met fin à l'interdiction faite aux femmes d'exercer la médecine et la chirurgie en France[4].

En 1896, il est nommé ambassadeur au Vatican et fait comte romain en 1898[5]. Après avoir résigné ses fonctions d’ambassadeur auprès du Vatican, il tente, depuis 1898, à plusieurs reprises, mais sans succès, de rentrer dans la vie politique nationale, échouant notamment aux élections législatives de 1902, et à nouveau à celles de 1906[6].

Conseiller général de l'Aude pour le canton de Saissac entre 1898 et 1904, à la suite de son beau-père le sénateur Émile Lades-Gout, il est président de la « Société centrale d'agriculture de l'Aude » et, à ce titre, un ardent défenseur des vins du midi.

Il meurt le à son domicile dans le 8e arrondissement de Paris. La Ville de Paris et le département de la Seine ont tenu à honneur de faire les frais des obsèques de l’homme qui les avait si remarquablement administrés[6].

Il repose au cimetière de Grèzes-Herminis, sur le territoire de la commune de Carcassonne. Son buste est visible au musée des Beaux-Arts de cette ville[7].

Hommages[modifier | modifier le code]

Plaque de la rue qui porte son nom à Paris 16e.

La rue Eugène-Poubelle, une petite rue du 16e arrondissement de Paris, située entre l'avenue de Versailles et le quai Louis-Blériot, a été nommée d'après lui en 1933. Elle présente la particularité de n'avoir qu'un seul numéro, le no 2. Une autre rue porte son nom, à Mauregard, en Seine-et-Marne, dans une zone d'activités de l'aéroport Charles-de-Gaulle ainsi qu'à Carcassonne, au hameau de Grèzes-Herminis, à l'endroit où il possédait une propriété.

Le , un Google Doodle lui est consacré à l'occasion du 190e anniversaire de sa naissance[8],[9].

Honneurs et décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_1587 »
  2. a b c d et e Louis d’Haucour, « Poubelle (Eugène-René) préfet de la Seine (du 19 octobre 1883 au 23 mai 1896) », dans L’Hôtel de ville de Paris à travers les siècles, Paris, Giard et Brière, , 802 p. (lire en ligne), p. 782.
  3. « Histoire des déchets de Lutèce à Paris, le préfet Eugène Poubelle, l'inventeur de la poubelle », sur planete-echo.net (consulté le )
  4. Caroline Schultze, La Femme médecin au 19e siècle, Thèse de médecine soutenue le 12.12.1888.
  5. Cazals et Fabre 1990.
  6. a et b « Poubelle (Eugène-René) », dans Claude Augé, Paul Augé, Larousse mensuel illustré, t. 1, Paris, Larousse, (lire en ligne), p. 106.
  7. Jean-Louis H. Bonnet, Carcassonne d'hier à aujourd'hui, éditions de La Tour Gile, coll. « Villes et terroirs d'hier à aujourd'hui », .
  8. « Eugène Poubelle : histoire d'un nom propre », sur Le Point, (consulté le ).
  9. « Il y a 190 ans naissait Eugène Poubelle », sur Google (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]